"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

19 avril 2006

Manuscrits de Sankt-Gallen en ligne!


Magnifique, inespéré!
Mise en ligne de plus de 60 manuscrits, pour la plupart d'avant l'An Mil, provenant de l'abbaye de Sankt-Gallen, l'abbaye "Irlandaise" de Suisse. Des merveilles vous dis-je!

http://www.cesg.unifr.ch/fr/index.htm


16 avril 2006

"Le Grand Carême, notre Exil"


"Le Grand Carême, notre Exil"
Hiéromoine Seraphim (Rose)

"Sur les bords des fleuves de Babylone,
nous étions assis tout en larmes au souvenir de Sion."

Dans ces paroles du Psaume de Carême, nous Chrétiens Orthodoxes, le Nouvel Israël, nous nous souvenons que nous sommes en exil. Pour les Chrétiens Orthodoxes bannis de la sainte Russie, le Psaume a une signification particulière; mais aussi pour tous les Chrétiens Orthodoxes, qui vivent en exil dans ce monde, et aspirent à rentrer dans la vraie patrie, le Ciel. Pour nous, le Grand Jeûne est une saison d'exil ordonnée pour nous par notre Mère, l'Eglise, pour garder bien présente en notre mémoire la Sion dont nous nous sommes si fortement éloignés. Nous avons mérité notre exil et nous en avons grand besoin à cause de notre grand état de pécheur. Il n'y a que via le châtiment de l'exil, que nous nous souvenons dans le jeûne, les prières et la repentance de cette saison, que nous nous soucions de notre Sion.

"Si je t'oublie, O Jérusalem"

Faibles et oublieux, même au milieu du Grand Jeûne, nous vivons comme si Jérusalem n'existait pas pour nous. Nous tombons amoureux du monde, notre Babylone; nous sommes séduits par les passe-temps frivoles de cet "étrange pays" et négligeons les Offices et la discipline de l'Eglise qui nous rappellent notre véritable patrie. Pire encore, nous aimons nos véritables ravisseurs – car nos péchés nous tiennent captifs bien plus sûrement que n'importe quel maître humain – et à leur service, nous passons dans la paresse les précieux jours du Carême, alors que nous devrions nous préparer à rencontrer le soleil levant de la Nouvelle Jérusalem – la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

Mais il est encore temps; nous devons nous souvenir de notre véritable patrie, et pleurer sur nos péchés, cause de notre exil loin d'elle. Prenons à coeur les paroles de saint Jean Climaque : "L'exil est la séparation de tout afin de garder l'esprit inséparable de Dieu. L'exil aime et produit les larmes continuelles." Exilés du Paradis, nous devons devenir des exilés à ce monde si nous voulons espérer repartir. Nous pouvons faire cela en passant ces jours dans le jeûne, la prière, en nous séparant du monde, en participant aux Offices de l'Eglise, dans les larmes de la repentance, en préparation de la joyeuse Fête qui mettra un terme à ce temps d'exil; et en portant témoignage à tous en cet "étrange monde", de notre souvenir de cette Fête encore plus grande qui aura lieu lorsque notre Seigneur reviendra pour emmener Son peuple dans la Nouvelle Jérusalem, d'où il n'y aura plus d'exil, car elle est éternelle.

père Seraphim Rose

Rejet Orthodoxe Russe des "doubles normes" en matière de droits de l'homme

Varsovie (ENI) – Rejet Orthodoxe Russe des "doubles normes" en matière de droits de l'homme.
Une réunion patronnée par l'Eglise Orthodoxe de Russie a élaboré une déclaration des droits de l'homme qui récuse les notions occidentles de liberté sans "normes morales", et qui déclare qu'il est inacceptable de "mettre la patrie en péril" pour des droits humains. "Nous rejettons la politique des doubles normes au sujet des droits de l'homme, de même que les tentative de les utiliser pour des buts politiques, idéologiques, militaire et économiques, pour imposer un système sociopolitique particulier", dit la "Déclaration sur les Droits de l'Homme et la Dignité", adoptée par le 10ème Conseil Mondial du Peuple Russe. [339 words, ENI-06-0316]
ENI Online - www.eni.ch
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http://www.orthodoxeurope.org/page/14/94.aspx#4
L'Eglise orthodoxe russe discute la conception occidentale des droits de l'homme

Par Vladimir Simonov, RIA Novosti

Les valeurs libérales que l'Occident impose au monde entier comme modèle universel sont erronées, car elles ignorent la notion de morale; les libertés et droits séparés de leur contexte moral banalisent la xénophobie, poussent l'homme à offenser les sentiments religieux d'autrui et à commettre d'autres péchés; la conception occidentale confond droits de l'homme et laxisme. Telle est la conclusion des participants au Concile mondial du peuple russe, un forum de référence regroupant dignitaires de l'Eglise orthodoxe russe, hauts fonctionnaires, parlementaires et militants des droits de l'homme qui a tenu ses assises à Moscou. Le Concile a adopté une "Déclaration des droits et de la dignité de l'Homme" qui remet en cause les valeurs libérales occidentales importées par la Russie et propose son interprétation des droits de l'homme dans la société russe.

Dans son discours, le métropolite Cyrille de Smolensk et de Kaliningrad a vivement critiqué le libéralisme occidental qu'il a accusé de "diluer la frontière entre le Bien et le Mal". "L'individu peut donc se réaliser n'importe comment à la seule condition qu'il ne touche pas à la liberté d'autrui", s'insurgeait le premier théoricien du patriarcat de Moscou en faisant allusion à l'interprétation traditionnelle de la démocratie occidentale. "En d'autres termes, s'il faut nécessairement respecter les lois juridiques, il n'en va de même des impératifs moraux".

Selon le métropolite, les frappes aériennes lancées contre les églises chrétiennes du Kosovo qui n'ont pas indigné les Occidentaux, le scandale des caricatures du prophète Mahomet ou encore l'histoire de ce pasteur suédois emprisonné pour avoir fustigé l'homosexualité sont autant d'exemples du mépris des normes morales dissimulé derrière les discours sur la protection des droits de l'homme.

La déclaration adoptée par le forum qui s'ajoute à une série d'événements témoignant de l'influence croissante de l'Eglise orthodoxe russe pourrait passer inaperçue, n'était la circonstance suivante: la révision de la conception libérale occidentale des droits et libertés de l'individu se déroule en Russie à l'époque même où le monde orthodoxe s'intègre activement dans l'espace européen. Beaucoup de pays orthodoxes ont adhéré ou s'apprêtent à adhérer à l'Union européenne.

Quant à la Russie, cette perspective n'est pas pour demain. Mais il est évident aujourd'hui que le pays est en train de s'intégrer dans l'espace juridique européen et que la législation russe est de plus en plus orientée sur les normes ouest-européennes. De surcroît, que cela plaise ou non, la Russie fait partie intégrante de l'Europe géographique, historique et culturelle. Cependant, l'Eglise orthodoxe et les élites de la société russe refusent de suivre aveuglément les stéréotypes idéologiques occidentaux et de tomber dans la passivité, mais souhaitent que la notion de droits de l'homme sorte du cadre juridique abstrait et s'inscrive dans un cadre moral. Concept qui semble acquérir un sérieux retentissement international, d'autant plus que nombre de responsables politiques influents souscrivent aux idées avancées par l'Eglise orthodoxe.

Les tentatives musclées pour imposer les valeurs de la société occidentale en tant que modèle universel et créer une communauté supranationale centralisée ont des effets destructeurs, a notamment estimé Lioubov Sliska, première vice-présidente de la Douma (chambre basse du parlement russe), en pointant du doigt, sans les nommer, les événements alarmants des dernières années comme la guerre en Irak, la radicalisation du Proche-Orient et l'aggravation de ce qu'on appelle aujourd'hui le "conflit des civilisations".

Vus de Moscou, les idéologues du libéralisme cherchent non seulement à persuader l'opinion publique qu'un affrontement entre l'Occident chrétien et l'Orient islamique est inévitable, mais aussi à impliquer la Russie dans cette confrontation. "On tente de pousser notre pays à se ranger du côté de la civilisation occidentale en prévision d'un conflit - inéluctable, comme ils disent, - avec la civilisation islamique, a mis en garde dans son discours le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. J'y vois une menace non seulement aux intérêts vitaux de la Russie sur le plan international, mais aussi à son développement interne en tant que pays multiethnique et multiconfessionnel".

Les participants au Concile de Moscou ont essayé de remettre en cause les raisons de phénomènes largement cohérents comme la violence dans les banlieues européennes peuplées par des immigrés, la vague de protestations musulmanes contre les caricatures du prophète publiées dans la presse occidentale ou encore la montée du terrorisme international. L'Occident semble vouloir inscrire toute la diversité du monde dans sa formule de démocratie, conçue artificiellement dans le contexte philosophique ouest-européen, sans la participation réelle de musulmans, de juifs, d'hindous, de chrétiens orthodoxes et même de catholiques.

La majorité absolue de la population mondiale, porteuse de vieilles cultures, fut à l'écart de l'élaboration de ce système de valeurs qu'on impose aujourd'hui par la force en tant que norme universelle. Faut-il donc s'indigner qu'un individu religieux et élevé dans la négation du péché sacrifie sa vie et celles de ses proches pour résister à cette offensive agressive du libéralisme occidental?

Ces idées inspirées par les débats et les textes du Concile mondial du peuple russe de Moscou sont, bien entendu, controversées. Mais elles méritent d'être largement rendues publiques. Le monde est entré dans l'ère de la mondialisation, et nous devons nous mettre d'accord sur les valeurs fondamentales communes. Sinon il est impossible de vivre dans un même espace civilisationnel.



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Il y a 2 ans, dans une conférence inter-religieuse à laquelle je participais avec la paroisse Grecque-Orthodoxe de Charleroi, un rabbin avait donné son point-de-vue sur le sujet, et on s'y retrouvait bien. Il a pris la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la Bible. Et a montré que d'un côté, on ne parlait que de droits, tandis que dans la Bible, tout droit était conditionné par un devoir. Il s'étonnait d'ailleurs de cette différence, faisant remarquer que la plupart des rédacteurs de la-dite Déclaration étaient des "croyants". Certes oui, mais "les nôtres" de co-rédacteurs Occidentaux étaient des "Chrétiens progressistes", donc qui gardent un "nom" pour camoufler ce qu'ils font en réalité contre les lois de Dieu. Donc rien d'étonnant à cela. Pour le plus grand malheur de ceux qui ont rédigé ces textes. Et le nôtre aussi.
Enfin, la déclaration Russe arrive à point nommé, vu que nos pays s'effondrent sans cesse plus dans la fange et le désastre.