"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

30 septembre 2006

PATRIARCHE OU PAPE: CE N'EST PAS LA MÊME CHOSE

par Dom James Deschene, OSB
http://www.christminster.org/Patriarch.htm

The Editor
Providence Journal
29 Janvier 2002

Monsieur,

Le récent article de votre Journal (25/1/2002) à propos de la réunion oecuménique à Assise des dirigeants religieux du monde avec le pape Jean-Paul sert, regrettablement, à perpétuer la notion répandue mais erronée que le patriarche Bartholoméos serait au monde du Christianisme Orthodoxe ce que le pape de Rome serait au Catholicisme-romain. Appeler le patriarche le guide spirituel de tous les Chrétiens Orthodoxes est aussi exact – et significatif – que d'appeler guide moral du monde libre le président des Etats-Unis d'Amérique. Le titre a une signification symbolique, et la position a même quelqu'influence. Mais dans aucun de ces cas, l'homme n'a le moindre pouvoir légal ou la moindre autorité en dehors de sa propre juridiction. Une autre nation peut librement affirmer soutenir une partie de la politique du président américain. Mais en aucun cas cela n'autorise le président américain à parler au nom des autres nations ou à déterminer leur politique en dehors du cas où elles lui donneraient leur accord, pour lequel elles seraient toujours et fort justement libres de le refuser.

Cette situation est presqu'exactement parallèle à la situation du patriarche oecuménique. Il peut exprimer sa propre opinion et politique, mais cela n'a aucune autorité légale ou effet sur quelqu'Église Orthodoxe en dehors de la sienne propre (à savoir, de Constantinople) à moins que et tant que ces Églises Orthodoxes librement affirment cette politique et la soutiennent. Dès lors, dans quelque sens légaliste ou officiel du terme que ce soit, il ne parle pas au nom du monde Orthodoxe, pas plus que George Bush ne parle légalement au nom du monde libre. Le président Bush, bien qu'à même de mener une guerre (ou négocier une paix) pour ce pays, n'aurait aucune autorité pour déclarer la guerre, mettons, entre l'Angleterre et la France. Et on peut être certain que tant l'Angleterre que la France seraient prompt – et tout à fait dans leur droit – à réfuter une telle usurpation de leur souveraineté.

Les Occidentaux, influencés par la souveraineté et la nature monarchique de la papauté romaine, sont bien trop rapides à supposer qu'une telle autorité et puissance équivalente revêtirait un personnage de l'Orthodoxie – par exemple, le patriarche oecuménique. Mais l'Orthodoxie, au contraire du Catholicisme-romain, croit dans la souveraineté et l'autorité de chaque Église Orthodoxe indépendante (telle que celle de Grèce, de Russie, de Serbie, d'Antioche, etc) et son collège ou synode d'évêques.

Dès lors, alors que le pape romain est, par la loi et la constitution de sa propre église, revêtu du pouvoir d'agir d'une manière souveraine et absolue dans tout le Catholicisme-romain, nul dans le monde Orthodoxe ne possède une telle autorité ou puissance. Donc, alors que le pape, s'il le souhaitait, pourrait décréter unilatéralement qu'il considère le Schisme avec le monde Orthodoxe comme étant terminé, il n'y a personne du côté Orthodoxe qui pourrait faire la même chose unilatéralement, ou même accepter au nom de toute l'Orthodoxie la décision du pape.

Il est vrai que ceci rend certaines décisions et règles difficiles à obtenir, puisque l'Orthodoxe doit obtenir un consensus de tout le corps Orthodoxe. Mais cela a aussi protégé le trésor de la Foi Orthodoxe et de son culte liturgique contre l'espèce de décrépitude et dilution que l'on a vu dans les églises occidentales depuis quelques générations. Selon les paroles du Psalmiste, l'Orthodoxie ne place pas sa confiance dans les princes – même spirituels – mais dans le Seigneur Qui, étant Lui-même la Vérité ("Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie"), garde Son peuple de l'erreur et du mensonge.

Peut-être que le Journal pourrait apporter une modeste contribution à ce processus en corrigeant, ou au moins en ne perpétuant pas les perceptions erronées au sujet du monde du Christianisme Orthodoxe.

Bien à vous,
Dom James M. Deschene
Abbé

*-*-*-*-*-*-*

Dom James est abbé du monastère Bénédictin Orthodoxe "Christminster", au sein de l'Église Orthodoxe Russe Hors Frontières.
http://www.christminster.org/

STAR chAtCADEMY

Mais où est ma camériiiiiste? Et les journalistes qui sont là et je ne suis pas encore coiffée, c'est une catastroooophe!


Ouf, voilà, je suis prête, voilà, oui, c'est mon plus beau profil, photographiez seulement, mais l'autre est aussi bien, pour les autopatographes, c'est un filet de saumon, merci



aaaahhh, après tant d'émotions, un peu de saine lecture et une petite sieste.
Mraaawww, quelle vie pénible dans cette famille!

Belgrade 09/2006, ou Florence-Ferrare revisité

Avertissement : article à caractère hautement polémique... si on n'accepte pas que l'Église ne saurait être divisée et ne saurait contenir en son sein des doctrines et dogmes radicalement contraires. Sinon simple opinion d'un pécheur. Pax tecum, ami lecteur!

J-M


Apparemment, mgr Hilarion de Vienne a reçu un fameux
"coup de téléphone spirituel" de saint Marc d'Éphèse!
Deo gratias!




<<- mgr Hilarion de Vienne
mgr Jean de Pergame ->>








Le représentant de l'Église Orthodoxe de Russie adresse une protestation au cardinal Kasper contre la procédure dans le dialogue entre Orthodoxes et Catholiques-romains

http://www.interfax-religion.com/?act=news&div=2053

Belgrade, 25 Septembre 2006, 16:03, Interfax – Le représentant de l'Église Orthodoxe de Russie auprès des Institutions Internationales Européennes, l'évêque Hilarion de Vienne et d'Autriche, a déposé une protestation officielle auprès du président du conseil pontifical pour la promotion de l'unité chrétienne, le cardinal Walter Kasper, contre la procédure dans le dialogue entre Orthodoxes et Catholiques-romains.

L'évêque Hilarion considère inadmissible de chercher des solutions à des problèmes dogmatiques et ecclésiologiques par le biais du vote [1]. Il estime que ces problèmes ne peuvent qu'être résolus par consensus, a déclaré ce lundi à Interfax le service de presse de l'évêque Hilarion.

La protestation a été émise lors de la 9ème session de la Commission Mixte pour le Dialogue théologique entre l'Église Orthodoxe et l'église Catholique-romaine qui a achevé ses travaux à Belgrade ce dimanche. Une semaine durant, les participants ont discuté du document "Conséquences ecclésiologiques et canoniques de la nature sacramentelle de l'Église." Le document avait été compilé en 1990 mais jamais discuté du fait de graves détériorations des relations inter-confessionnelles dans certains pays d'Europe Orientale [2].

"Dans l'ensemble, la 9ème session de la Commission Mixte s'est déroulée dans une atmosphère de dialogue constructif," a déclaré l'évêque. Cependant, lors de la session finale, une forte controverse est apparue sur une partie du document concernant l'autorité des Conciles Oecuméniques, qui déclarait entre autres qu'après la rupture de communion entre l'Orient et l'Occident au 9ème siècle, la convocation d'un "Concile Oecuménique" dans le sens fort du terme devint impossible, mais "les 2 Églises ont continué à convoquer des conciles 'généraux' rassemblant les évêques des Églises locales en communion avec le Siège de Rome ou le Siège de Constantinople." [3]

L'évêque Hilarion a émis quelques objections de principe sur ce problème. Il a dit que dans la tradition Orthodoxe, "la communion avec le Siège de Constantinople" n'avait jamais été perçue comme étant un terme liant de conciliarité tel que "communion avec le Siège de Rome" était perçu par les Églises Occidentales [4]. Le modèle de structuration de l'Église Orthodoxe diffère dans le principe de celui de l'Église Catholique-romaine, et le patriarche de Constantinople n'a jamais joué le rôle que l'évêque de Rome joue dans l'Église Catholique-romaine, a fait remarquer l'évêque Hilarion.

Il a souligné qu'après le 7ème Concile Oecuménique et jusqu'à nos jour, aucun concile "général" ou pan-Orthodoxe n'a été tenu dans l'Église Orthodoxe [5]. Les préparatifs pour un tel Concile sont en cours depuis les années 1960, mais sont actuellement suspendus. Dès lors, une affirmation contenue dans le document, comme quoi les Églises en communion avec Constantinople auraient continué à tenir des Conciles "généraux" (c-à-d pan-Orthodoxes) au cours du 2ème millénaire n'est pas en accord avec les faits.

"Pour finir, l'idée que dans les conditions de la continuité de la division entre l'Orient et l'Occident, la convocation d'un Concile Oecuménique est impossible, provoque l'objection de certains théologiens Orthodoxes, qui basent leur opinion sur le fait que l'Église Orthodoxe est l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique qui a été fondée par le Christ, et n'a donc pas perdu sa conciliarité après le "grand schisme" (entre l'Orthodoxie et le Catholicisme-romain – note Interfax) au 11ème siècle, a noté le représentant du patriarcat de Moscou.

Le métropolite Jean de Pergame (patriarcat de Constantinople) s'est fortement opposé aux remarques de l'évêque Hilarion, insistant sur la nécessité de mentionner le Siège de Constantinople au côté de celui de Rome dans le document. A titre de compromis, le métropolite Jean proposa l'amendement suivant : "en communion avec le Siège de Rome ou, bien que cela soit compris différemment, avec le Siège de Constantinople." Du point de vue du représentant du patriarcat de Moscou, l'amendement ne changeait rien au noeud du problème. Malgré cela, le co-président de la Commission Mixte, le cardinal Walter Kasper, a soumis la motion au vote. La majorité des participants Orthodoxes a voté affirmativement, les délégués du patriarcat de Moscou votant contre.

Au cours de la discussion, l'évêque Hilarion a rappelé qu'aucun vote ne pourrait forcer les participants du dialogue bi-latéral entre Orthodoxes et Catholiques-romains à un compromis théologique ou à adopter un point de vue contraire à leur compréhension ecclésiologique. Les participants Orthodoxes ne sont pas autorisés à "inventer" un modèle ecclésiologique pour l'Église Orthodoxe qui serait similaire à celui existant pour l'Église Catholique-romaine afin que le patriarche de Constantinople puisse occuper une place équivalente à celle que le pape occupe dans l'Église de Rome.

Le cardinal Kasper a prit la protestation du représentant de l'Église Orthodoxe de Russie en considération et a a promis de réexaminer la question controversée lors de la prochaine réunion de la Commission Mixte en octobre 2007.

*-*-*-*-*-*-*

En parle aussi avec de plus larges extraits du texte de mgr Hilarion:
http://www.orthodoxie.com/2006/09/une_protestatio.html

Et sur le site de mgr Innocent (diocèse de Chersonèse) :
http://egliseorthodoxerusse.blogspirit.com/archive/2006/09/26/reunion

Étant l'auteur de ce blogue sur lequel je travaille plusieurs heures par nuit blanche, je m'y permet parfois des commentaires qui me semblent convenir sur les articles que j'ai la joie de traduire – quitte à me corriger lorsque je me trompe, ce qui arrive parfois puisque je ne suis pas infaillible. Si vous connaissez quelqu'un sur terre qui est "objectivement infaillible dans des conditions objectivables données", faites-moi signe...
Voici, sous forme de notes au texte ci-avant, les réflexions et remarques que m'inspire ce texte – ce sont mes opinions et je les partage.

[1] C'est une des raisons objectives du retrait du Conseil Oecuménique des Églises par plusieurs Églises Locales (donc Orthodoxes), puisque dans cette assemblée, on y procède de la sorte aussi en matière "dogmatique". Dieu merci, l'évêque Hilarion n'a pas cédé. Il comprendra sûrement mieux maintenant ce que son homologue et aîné dans l'épiscopat, mgr Hilarion de Sidney, a dit (entre autres), en arrière-plan de sa déclaration de ce dimanche 24/9.

[2] Encore et toujours l'uniatisme.. Autre preuve que ce pseudo-dialogue est illusoire : l'Etat du Vatican avait tout d'abord reconnu que ce n'était pas admissible, en 1993 à Ballamand. Pour ensuite ignorer sa propre parole et amplifier son effort séditieux par le biais du fric déversé en Russie via les organismes de soi-disante charité. Et le nouveau président de cet Etat du Vatican s'est résolument engagé dans la voie de l'aggravation de la situation. A Ratisbone, il a aussi parlé de la Russie comme d'un grand champs manquant d'ouvriers. S'il était dans l'Église, ce ne serait pas non plus son territoire canonique, donc il ne le mentionnerait pas. Preuve supplémentaire que dans sa tête, les intentions et actions belliqueuses de son prédécesseur sont bien vivantes. Hélas.

[3] Il n'y a pas eu réellement de "rupture de communion", c'est une façon de parler. Depuis 1014 et le sacre d'Henri II de Germanie, officiellement, Rome ne professait plus la Foi de l'Église. En 1054, Rome a aggravé son cas en rentrant en Schisme. Bien clairement : c'est Humbert qui est venu à Constantinople déposer son acte de schisme sur le saint Autel, et pas l'inverse. On ne doit pas confondre. Ce n'est pas le patriarche Michel Cérulaire qui a commis l'acte de schisme, mais le légat du dirigeant d'une Rome qui ne professait d'ores et déjà plus la Foi apostolique. Ce sont les faits, bon sang, qu'on cesse de les oublier!
A partir de cet acte-là, il n'y a plus d'Église à Rome, ter-mi-né, c'est remplacé par une institution séculière qu'on appellera ici "christianisme occidental". Mais c'est abusif et cela leurre les gens, et attire sur le Christ l'opprobre et le rejet causés par les actions militaires que cette institution n'aura de cesse de commettre tout au long des siècles.
Et progressivement, par le jeu pervers des alliances politico-militaires, tout l'Occident se trouvera fort vite privé d'Église. Parce que quand on quitte l'Église et qu'on professe des croyances contraires à l'enseignement pluri-séculaire de l'Église, on ne peut pas prétendre encore en faire partie. L'eau ne se mélange pas avec le feu. D'où la question de comment dialoguer quand en face, on a une institution séculière. Institution dont certains membres "malgré cette appartenance" sont très bons, peuvent même être Chrétiens – j'en ai connu qui professaient la Foi de l'Église bien que vivant en dehors, un peu comme saint Paul demandant à être damné pourvu que tous ses frères du Judaïsme puissent en être sauvé.. Mais ça reste toujours "hors de l'Église".

[4] D'après le Schisme, uniquement, puisqu'avant ce n'était pas le cas, loin s'en faut.

[5] Il me semble que voilà un petit raccourci historique qui passe au-dessus d'un importantissime Concile, mais je comprend que l'évêque Hilarion n'a pas surchargé : c'est déjà difficile à faire comprendre à des gens hors de l'Église ce que veut dire "Église" ou "Foi", et tant d'années ont montré leur obstination à faire exprès de comprendre de travers. Comme l'a fort bien fait remarquer feu mgr Basil (Krivochéine), ancien archevêque de Bruxelles pour le patriarcat de Moscou, dans son ouvrage "les textes symboliques dans l'Église Orthodoxe", le Concile de 869-870, où l'Église du Christ qui était à Rome avait condamné sans la moindre ambiguïté, ensemble avec les autres Églises locales du monde Chrétien, l'affreuse hérésie du "filioque" qui s'était répandue dans la Germanie et menaçait tout l'Occident, ce Concile est bel et bien Oecuménique. Mais le principe même de la réception a posteriori n'a pas pu avoir pour ce 8ème Concile général puisque justement, par la suite, l'Occident a intégralement succombé à l'hérésie que l'évêque de Rome de 870 et ses confrères en épiscopats avaient tous unanimement rejetée et condamnée. Le nestorianisme que l'on retrouve dans certaines hérésies ultérieurement inventées dans cette institution fait comprendre pourquoi il faut à tout prix rejeter jusqu'à l'ombre d'une virgule d'hérésie dans tout l'enseignement de la sainte Église : un hublot d'entrouvert, et l'eau de la mer du monde s'engouffrera dans la barque et menacera très vite son intégrité et la vie de ses passagers, mille sabords!

Au cours du premier millénaire, il y a eu plusieurs tristes et authentiques ruptures de communion au sein de l'Église du Christ. Si les pontifes de telle ou telle Église locale qui les soutenaient se trompaient, et bien souvent soutenaient des hérésies, en général, ils n'en développaient pas eux-mêmes. Et si tel était le cas, assez exceptionnel – comme avec la célèbre hérésie du "monothélisme", où TOUS les patriarches sont tombés dans le panneau, et où l'Église du Christ a dû voir se lever un géant comme saint Maxime le Confesseur pour la sortir du bourbier, ou la sulfureuse "Union" à Florence-Ferrare et saint Marc d'Éphèse -, toujours, toujours, le Saint-Esprit suscite un champion de la Foi pour empêcher que l'Église ne sombre. La différence radicale étant qu'en Germanie, un certain Henri II est parti se faire sacrer à Rome, et imposer une nouvelle religion, radicalement nouvelle. Et que ceux qui étaient à Rome l'ont acceptée. Depuis lors, pas le moindre champion de la Foi n'est apparu en Occident – que le romantisme n'égare personne, de grâce, la vie apparemment évangélique de tel ou tel célèbre personnage occidental n'a rien à voir avec un champion de la Foi restaurant l'Église dans la plénitude de la Foi! Dès lors, c'est à un éloignement toujours plus radical par rapport à l'enseignement apostolique que ce groupe s'est destiné. Jusqu'à avoir proclamé la fin de son appartenance à l'Église du Christ en remplaçant le Christ sur terre par un homme devenu dogmatiquement et "infaillible" et à la juridiction universelle, tant dans le domaine spirituel que temporel (voyez Vatican 1, merci). De tels "dogmes" sont irrémissiblement incompatibles avec la Foi apostolique. On ne sait rien échanger, rien discuter, avec ceux qui y souscrivent. Rien. Donc avec ceux de "l'appareil" qui y sont le plus fermement attachés. Avec les simples croyants, dont 99% n'y croit pas, c'est autre chose bien sûr. Encore faudrait-il qu'ils acceptent de comprendre que quand on ne souscrit pas à un dogme obligatoire dans l'institution où l'on se trouve par le hasard des choses, et qu'on découvre (facilement) que l'on ne saura rien changer de l'intérieur puisque sinon tout l'édifice s'effondre et finit le lucratif business, cela mériterait de se poser la question de ce qu'on y fait. C'est ce que j'ai fait, ou plutôt, ce qu'on m'y a invité à faire, il y a quelques années, quand on m'en a mis à la porte (merveilleux acte que je n'osais accomplir, Dieu les bénisse, vraiment!).

Pour en revenir à cette institution séculière, c'est parce qu'elle est radicalement opposée à la Foi apostolique que toute discussion "théologique" est aussi illusoire qu'avec des Hindouistes - nulle notion péjorative, c'est juste pour citer une religion radicalement différente, c'est tout. Car même si nous utilisons un vocabulaire relativement semblable à celui des représentants du Vatican, eux ont une autre compréhension de ce que signifient ces mots et concepts. Ce n'est pas un jugement mais un fait bien concret, une réalité profonde. Dans l'Église, c'est l'Église qui donne la signification exacte du vocabulaire, afin que la théologie ne se trouve pas à changer du fait d'un changement de vocabulaire, de la mode, etc. Pas chez eux, puisqu'ils ne suivent pas ce qu'enseigne l'Église. D'où des mots rigoureusement les mêmes composant un même document qu'eux et nous signerions ne seraient jamais interprétés de la même manière, en admettant seulement qu'ils se comportent en honorant leur signature, ce qui serait assez rare pour les en féliciter – l'exemple pas si ancien de Ballamand est là pour rappeler que ce n'est pas une vaine accusation mais un simple constat des méthodes usuelles. Dès lors, ce système séculier s'opposant à la Foi apostolique, il est intrinsèquement mauvais. Par nature, il est pervers. Ceux qui en font partie et qui souscrivent pleinement à ses erreurs s'opposent à la Foi apostolique, et donc au Christ. Ils commettent donc un immense tort (admettons-le, souvent sans claire conscience du fait), et on ne peut pas "bricoler" des "unions" avec des gens consciemment opposés à la Foi de la sainte Église.

Et prendre prétexte sur les menaces terrestres (contingence) de tel groupe ou telle religion, c'est faire bien peu de cas de la Foi Chrétienne, et des saints Martyrs et Confesseurs qui ont tenu bon envers et contre tout pour ne pas la renier et nous la transmettre, au prix de leur sang. Jamais saint Jean Damascène n'aurait transigé avec les hérétiques de son époque dans l'illusion qu'une fausse union "malgré les dogmes" pourrait sauver politiquement son pays des envahisseurs Musulmans. Jamais. Parce qu'il savait bien que ce qui est contingent n'est pas éternel, mais que brûler son âme dans une hérésie, ça, c'est une apostasie, et le risque est une rupture éternelle d'avec Dieu. Impossible à accepter pour un vrai Chrétien, qui aime Dieu "de tout son âme, de toute sa force, de toute son intelligence".

Avant toute critique, qu'on me dise si une chose sait être totalement noire et totalement blanche à la fois, en tout. Ceux qui professent des doctrines et surtout des choses qu'ils ont unilatéralement proclamés "dogmes" alors que c'est contraire à ce que l'Église professe depuis 2000 ans, qu'on le veuille ou non, que ça plaise ou non, ce n'est pas possible de dire "même Église". On ne sait pas être une chose et son contraire. Et ce n'est pas parce que l'institution vaticane reconnaît dans certains de ses textes (et nie catégoriquement dans d'autres!) la "validité" de ce qui se passe dans la sainte Église que nous devrions "par sympathie" leur réciproquer la "reconnaissance". Et d'ailleurs, nulle part dans l'enseignement de l'Église il n'est dit que "c'est équivalent" ou "valide" : pas en communion signifie hors de l'Église, donc il faut y revenir, et il n'y a pas de question de marchandage de vendeur de carpette. On est dans le domaine de la Foi, du Salut, de la vie éternelle, pas dans un partage de sacs de billes dans la cour de récréation.

Je lis de ci de là des gens, y compris dans le sein de l'Église, qui, dans la panique face à certains événements, en appellent à une sorte "d'union sacrée" avec ceux qui disent professer le Christ... tout en voulant rester hors de l'Église. Pseudo-union afin de faire front contre l'Islam pour les uns, contre les franc-maçons, ou tel groupe politique, ou telle autre religion ou philosophie ou "la laïcité" pour les autres, peu importe. J'ai la faiblesse de considérer, à la lumière de l'enseignement des saints Pères et Mères de l'Église, et de l'expérience des saints Confesseurs et Martyrs, que c'est une grave erreur que de transiger sur la Foi, seule salvatrice, et d'en faire si peu de cas pour l'illusion d'une résistance à un groupe donné – même si dans tel ou tel cas, il pourrait objectivement poser l'un ou l'autre problème plus ou moins grave. D'autant que les plus violents de ces groupes finissent toujours par s'auto-détruire, principe naturel aussi vieux que le monde – voyez l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques et toutes les "démocraSSies populaires".
C'est une vision POLITIQUE qui fait que certains cherchent ces alliances contre nature et contre la Foi de la sainte Église. Une vision Chrétienne leur ferait prendre conscience que:
a) tout cela n'est que contingence – le saint prophète Jérémie n'a pas appelé à transiger sur la Foi pour s'allier avec les hérétiques de son époque. Mieux valait rester fidèle à Dieu et subir le joug passager de l'ennemi terrestre, son message est bien explicite. Car ce joug n'était que la conséquence d'un abandon de l'Alliance, donc la conséquence des actes de la majorité de la population. Conséquence qui n'est que méritée pour l'Occident actuel, dont la majorité a massivement apostasié et non seulement refuse de s'en repentir, mais aggrave chaque jour plus son cas. Comparez les moeurs et les "styles de vie alternatifs" qu'on y trouve avec l'enseignement éternel de Dieu, je n'en dirai pas plus.
b) c'est du domaine de la contingence et donc temporaire, et le temps de Dieu n'est pas le nôtre. A nous de recommencer à vivre "accrochés" à Dieu et nous saurons regarder les choses selon le regard de Lumière qu'a Dieu sur toute chose.
c) encore contingentiel mais de beaucoup plus longue durée et frappant une majorité d'innocents, c'est le drame écologique. Le désastre, la catastrophe. Des peuplades entières sur toute la terre sont lourdement frappées par les flots d'ordures et de déchets toxiques que notre Occident sur-développé et sur-con-sommateur produit. Nous empoisonnons l'eau que nous buvons, l'air que nous respirons, la terre qui produit la nourriture que nous mangeons. Les nôtres et ceux des autres. Au lieu d'être de bons gestionnaires de cette nature au sommet de laquelle Dieu nous a placés – non pas pour être dictateurs mais des "économes" (oikos - nomos), on ne le répète jamais assez – nous gaspillons, nous détruisons et nous ne rendons même pas grâce pour tant de merveilles. Le désastre écologique est déjà occupé à nous frapper un peu partout. De grands scientifiques comme Yves Paqualet ou Jean-Marie Pelt n'ont pas cessé de tirer la sonnette d'alarme, et on leur a massivement rit au nez. A présent, c'est là, et c'est parti pour des siècles. Nous avons profondément déréglé les cycles de la nature. Est-ce qu'apostasier pour nous allier à tel ou tel groupe pour faire face à un épiphénomène local (même de certaine échelle) va nous aider face à cette catastrophe qui va durer des siècles?
d) tout à fait hors du domaine du contingent, mais bien éternel : l'abandon de la Foi, ne fut-ce que sur un "iota", mène tôt ou tard à l'apostasie. En ce qui concerne l'Occident, ce serait l'apostasie du "petit reste". Là, les conséquences ne sont plus pour quelques années, dizaines d'années, voire siècles. Elles sont éternelles.

Une vision Chrétienne devrait prendre compte de tout cela, et alors la question de "avec qui et de quoi et pourquoi discuter" ne se poserait plus. Dans l'Église, on commencerait par un Concile Oecuménique, s'occupant des Coptes et autres Syriaques, dont une majorité partage intégralement la Foi de l'Église, et on le sait bien (le Syndesmos en cause souvent), et on y lèverait les anathèmes. Car avec eux, nul besoin de discuter et de couper des cheveux en 5, ils partagent déjà la Foi. Et certains de leurs groupes l'ont toujours fait, n'étant séparés que par la politique et les raisons raciales, c'est-à-dire des erreurs et des artifices du prince de ce monde.

Mais avec les convaincus du vatican, petit nombre y ayant tous les pouvoirs, c'est impossible : on ne parle pas de la même chose, on ne sait rien partager dans la sincérité. Par contre, avec ceux qui vivent au sein de cette institution séculière vaticane sans trop s'en faire, c'est autre chose. Mais vu qu'ils appartiennent à un système qui, lui, est objectivement mauvais, on doit prier pour eux, on peut sympathiser, coopérer dans tout un tas de domaines de la vie de tous les jours – et on le fait et c'est merveilleux parce que certains sont vraiment Chrétiens bien qu'hors de l'Église (à leur corps défendant). Pour moi, ça c'est le véritable oecuménisme, celui du coeur, de l'amitié. Mais on ne sait rien "bricoler" de théologique non plus. Rien. D'autant qu'ils n'ont pas les clés du pouvoir dans leur institution. C'est pour cela que tout échoue, dans ces "dialogues" : on est devant un marché de dupes, où les uns parlent torchons et serviettes, et les autres du Linceul du Christ qu'ils ne veulent pas voir maculé par la souillure de la mauvaise foi / Foi.

Voici un exemple de ces ruptures du premier millénaire, et des circonstances. C'est de saint Basile le Grand que l'on parle:
"Dans une autre lettre saint Basile non seulement accuse Damase de superbe et d'ignorance personnelles, mais, en élargissant son réquisitoire, affirme que les évêques de Rome favorisent et soutiennent en Orient les hérétiques. Il écrit que toute tentative d'entrer en relations avec Damase serait inutile « parce que c'est un homme arrogant (άγήνωρ). Réellement, en effet, les caractères hautains se surpassent d'habitude en mépris quand on les entoure de prévenances. Et cependant, si le Seigneur nous est favorable, de quelle autre assistance pouvons-nous avoir besoin ? Mais si la colère de Dieu persiste, quel secours peut nous apporter l'orgueil de l'Occident (της δυτικης όφρύος) ? Ces gens-là ne savent pas la vérité, ne supportent pas de l'apprendre;, mais, gagnés d'avance par de faux soupçons, ils font maintenant ce qu'ils avaient fait auparavant pour Marcel : ils étaient entrés en lutte avec ceux qui leur faisaient connaître la vérité et confirmaient par leur soutien l'hérésie. Je voulais, à titre personnel et non sous forme de lettre collective, écrire à leur coryphée (κορυφαίω). Je n'aurais rien dit des affaires ecclésiastiques, sinon juste ce qu'il fallait pour leur faire comprendre à mots couverts qu'ils ne savent pas la vérité sur ce qui se passe chez nous, et qu'ils ne prennent pas le chemin qui leur permettrait de l'apprendre ; mais j'aurais fait remarquer d'une manière générale qu'on ne doit pas s'attaquer aux hommes qui ont été humiliés par les épreuves, ni confondre la dignité avec l'orgueil, péché qui, à lui seul, suffit à créer de l'inimitié contre Dieu."
Saint Basile le Grand, Ep. 239 1.11-26 (893 AC)

extrait de :
"L'ECCLESIOLOGIE DE SAINT BASILE LE GRAND", par feu l'archevêque Basil (Krivocheine)
http://www.archiepiskopia.be/Fra/Librairie/stbasile.htm

L'Église n'a pas d'unité à refaire : elle est Une. Ceux qui professent cela tous les jours en récitant le Credo devraient un peu y penser : ce n'est pas une théorie, c'est une vérité théologique, éternelle, vitale. Donc ceux qui en sont séparés doivent en retrouver le chemin, par le repentir et la confession de la vraie Foi, la Foi apostolique, seule salvatrice. Tout dialogue est positif quand il est soit un échange amical sincère, mais la sincérité n'est pas la vérité et on ne fait par retour à l'Église en se contentant d'être ami de ceux qui y sont. Soit un échange où les 2 parties, conscientes de leurs faiblesses humaines, décident ensemble de réfléchir humblement, et où celui qui est "en dehors" fait la démarche, aussi coûteuse soit-elle pour sa "réputation" ou "situation" mondaine.
Face à des gens qui vivent hors de l'Église et ont autant d'arrogance que l'esprit de ce monde est capable d'en insuffler à qui vit loin de l'unique chemin de Dieu, je crains ne pas voir de mon vivant le moindre résultat positif, pas plus que n'en auront vu ceux qui ont vécu dans l'Église depuis 1014 et qui, comme A.S. Khomiakov, n'ont eu de cesse de prier pour que reviennent à la Foi toutes celles et ceux qui s'en étaient éloignés, peu ou prou.

Si, comme un très petit nombre d'auteurs Orthodoxes semblent le croire et surtout parmi ceux vivant en Occident (où on confond très souvent les relations amicales avec la théologie..), si malgré tout et malgré toute la campagne haineuse qu'il déploie contre la Russie et les pays d'Europe Orientale qui sont encore à majorité Chrétienne, si malgré tout, Benoît 16 avait une once d'honnêteté et de sincérité dans sa prétendue volonté de "réunion" et de "rechristianisation" de l'Europe occidentale, je serais tout d'abord le premier à m'en réjouir du fond du coeur. Et pas qu'un peu!! Mais pour cela, il faudrait qu'il commence par le prouver, irréfutablement et sans retour en arrière possible. Monter sur ce siège d'où soi-disant tout ce que les gens comme lui prononcent serait infaillible. Et déclarer que tout ce qui a été fait à cet endroit depuis 1014 n'est que foutaise, et s'en est suivit un millénaire de mensonge et d'oppression du monde entier, dont il faut se débarrasser, et tourner la page. Là, oui, je le croirais. Pas avec les pantalonnades genre Belgrade. Mais le veut-il VRAIMENT, ou ne cherche-t'il que des accords politiques, un Yalta du genre "les Orientaux pour Constantinople, les Slaves pour Moscou, et le restant pour moi, et tout le monde est content et on ne regarde pas le contenu de ce qui se prêche"? Jusqu'à présent, c'est bien ce qui se présente, et rien d'autre. En est-il conscient?

Peut-être aussi que le péché qui surabonde dans les humains qui composent la sainte Église – et en moi en premier lieu – est aussi une des raisons objectives à cette incapacité à voir l'unique chemin chez bien des gens. Nos bisbrouilles pour des queues de cerises les empêchent trop souvent de voir en nous des "porteurs du Christ"..

Kyrie eleison (x 40)

Jean-Michel

29 septembre 2006

Maggie, la lionne de mer qui peint pour recevoir du poisson

http://news.yahoo.com/s/ap/20060928/ap_on_fe_st/painting_sea_lion















(AP photo / Gene J. Puskar)
via http://www.happynews.com/news/9282006/maggie-sea-lion-paints-fish.htm

Jeudi 28 septembre 2006, 10:53 AM ET

PITTSBURGH – Certains artistes peinent pour gagner leur croûte. Maggie, une lionne de mer de 11 ans au Pittsburgh Zoo & PPG Aquarium, reçoit du poisson mort pour ses travaux. Khesha Phares, dresseuse d'animaux du zoo, lui a enseigné à peindre depuis l'an dernier.

"Quelque part, c'est enrichissant," a déclaré Phares au Pittsburgh Tribune-Review dans l'édition de mercredi. "Les lions de mer sont des animaux très intelligents, et peindre leur permet de garder l'esprit actif."

Il a fallu 3 mois pour apprendre à l'animal à tenir un pinceau, et à faire lui en faire toucher le papier avec les poils.

Phares choisit les couleurs – les lions de mer ne distinguent pas les couleurs – et met de la peinture sur le pinceau. Les peintures sont réalisées un coup de pinceau à la fois, et Maggie reçoit un poisson après chaque coup de pinceau.

Si on peut dire que l'animal a un style, c'est celui-ci : elle a tendance à mettre plus de peinture du côté droit que du côté gauche de la toile.
Information de: Tribune-Review, http://www.triblive.com

*-*-*-*-*-*

La demoiselle aurait fait un bon coup médiatique en ne révélant pas l'origine des toiles du "maître" et en faisant comme à Paris dans les années 1910 : prétendre à un génie impressioniste. Il se serait bien trouvé chez nous l'une ou l'autre administration à réclamer des subventions pour acquérir la croûte et la faire pendre fièrement dans la salle communale :-)

Semeurs, semailles et fleurs en tous genres


LE SEMEUR

C'est au moment crepusculaire
J'admire, assis sous un portail
Ce reste de jour dont s'eclaire
La dernière heure de travail.

Dans les terres, de nuit baignées
Je contemple, ému les haillons
D'un vieillard qui jette à poignées
La moisson future aux sillons.

Sa haute silhouette noire
Domine les profonds labours
On sent à quel point il doit croire
A la fuite utile des jours.

Il marche dans la plaine immense
Va, vient, lance la graine au loin,
Rouvre sa main et recommence
Et je médite, obscur témoin.

Pendant que, déployant ces voiles
L'ombre, ou se mèle une rumeur,
Semble élargir jusqu'aux étoiles,
Le geste auguste du semeur.

VICTOR HUGO


"Le Semeur sortit pour jeter sa semence. Tandis qu'il semait, une partie de la graine tomba le long du chemin; elle fut piétinée et les oiseaux la mangèrent. Une autre tomba sur la rocaille : elle leva, mais sécha, faute d'humidité. Une autre tomba parmi les ronces : les ronces poussèrent avec elle et l'étouffèrent. Une autre enfin tomba dans la bonne terre : elle leva et donna du fruit, cent pour un." Ce disant, Il ajoutait en élevant la voix : "À bon entendeur d'entendre!" Ses disciples Lui demandèrent le sens de cette parabole. Il répondit : "À vous il est donné de connaître les secrets du royaume de Dieu, mais les autres ne les reçoivent qu'en paraboles : si bien qu'ils regardent sans y voir et qu'ils écoutent sans rien y entendre. Voici le sens de la parabole : La semence, c'est la parole de Dieu. Le long du chemin, figure les auditeurs chez qui survient ensuite le diable, qui leur ôte du coeur la parole, pour les empêcher d'être sauvés par la foi. La rocaille figure les auditeurs qui écoutent volontiers la parole; mais, faute de racines, ils ne croient que pour peu de temps : survienne l'épreuve, ils abandonnent. La graine tombée parmi les ronces figure la parole parmi les auditeurs qui, chemin faisant, se laissent étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs du monde, et n'arrivent point à maturité. La bonne terre figure ceux qui écoutent la parole en d'excellentes dispositions, s'en pénètrent et portent du fruit par la persévérance. "Personne n'allume la lampe pour la couvrir d'un récipient ou la mettre sous un lit; mais on la pose sur un lampadaire, afin que les visiteurs y voient clair. Car il n'est rien de caché qui ne finisse par être mis en lumière, rien de secret qui ne finisse par être connu et tiré au clair. Aussi prenez garde à la manière dont vous écoutez : car à celui qui a, on donnera, mais à celui qui n'a pas, on ôtera même ce qu'il semble avoir."
Évangile selon saint Luc 8,5-18

L'Église Orthodoxe propose un Conseil des Civilisations des Nations Unies

http://www.interfax-religion.com/?act=news&div=2077

Rhodes, Grèce, 29 Septembre 2006, 12:55, Interfax – Le vice-président du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou, le p. Vsevolod Chaplin, a proposé la création d'un Conseil des Civilisations des Nations Unies qui jouerait un rôle de contre-poids par rapport au Conseil de Sécurité [de l'ONU].

"Lorsque quelqu'un affirme que le but du dialogue est une tentative de construire un ordre social dans un pays, un ordre que le peuple n'a pas choisit, alors ce n'est pas du dialogue mais une lutte pour obtenir le pouvoir," a déclaré le p. Chaplin au forum "Dialogue entre les Civilisations" à Rhodes, Grèce.

Le monde devrait vivre sous divers systèmes politiques. "La discussion sur ce problème est en train de se développer, et je pense qu'on ne peut pas appeler ça un vestige du passé mais plutôt une image de l'avenir," a-t'il ajouté.

"Les diverses civilisations ont des modèles différents de la société idéale. Ces idéaux sont souvent incompatibles et ne peuvent pas être mélangés dans un 'melting pot'," a-t'il dit.

28 septembre 2006

chevaux de trait en prairie





grand ami de l'homme (ce qui n'est hélas pas réciproque), le cheval, je l'ai toujours aimé. Hélas, ma santé m'interdit à présent toutes les joies de l'équitation. Cependant, le partage d'un brin d'herbe et d'un moment de simple présence est déjà très agréable. Avoir ce bon gros canasson qui vient frotter ses naseaux sur ma main, préférant même la caresse à la nourriture, quelle douce joie!

merci Seigneur Jésus pour nos amis les chevaux


"Je vis encore le ciel ouvert : et voici paraître un cheval blanc; son cavalier
s'appelle Fidèle et Véritable; c'est avec justice qu'il juge"
(Livre de l'Apocalypse selon saint Jean, 19,11)
(fresque de la crypte de la cathédrale d'Auxerre)

27 septembre 2006

La paternité spirituelle, entrevue de Liviu Barbu

Une entrevue réalisée par Liviu Barbu, Orthodoxe Roumain
http://www.orthodoxengland.btinternet.co.uk/qnaire.htm
(Liviu Barbu est étudiant en doctorat en théologie au King’s College London. Réponse à liviu.2.barbu@kcl.ac.uk)




Une évaluation de la guidance spirituelle dans l'Église Orthodoxe, en particulier dans l'Orthodoxie en Grande-Bretagne.


Entrevue du père Andrew réalisée via courriel en août 2006.




Liviu Barbu (LB): Êtes-vous père spirituel?

Prêtre Andrew Philips (PA): Je ne suis pas père spirituel, je suis père-confesseur.

LB: Qu'est-ce que cela signifie pour vous d'être un père confesseur?

PA: C'est très important pour moi, parce que c'est une préparation essentielle avant la communion. Notre but est l'auto-amélioration, la purification de nos âmes, afin que la grâce de Dieu puisse pénétrer en nous et transfigurer nos vies.

LB: Que comprenez-vous par direction spirituelle?

PA: Aider les fidèles pour le Salut de leurs âmes, en les conseillant comment combattre les tentations, les faiblesses, les péchés et les passions, mais aussi, plus particulièrement, à l'aide du Sacrement de la Confession.

LB: A votre avis, est-ce que les Chrétiens Orthodoxes ont besoin de pères spirituels?

PA: Oui, nous avons besoin de quelqu'un qui nous aide dans le combat spirituel, mais personnellement, j'évite d'utiliser le terme de "père spirituel." Dans son sens le plus pur, - un ancien doué de clairvoyance - , je ne connais pas un seul père spirituel vivant en Europe occidentale de nos jours. Déjà à l'époque de saint Païssius de Niamets, au 18ème siècle, il y avait fort peu de pères spirituels, alors que devrions-nous dire de la situation actuelle? Je préfère le terme de "confesseur".

LB: Est-ce que le fait de ne pas avoir de père spirituel a des conséquences ?

PA: Nous avons besoin de confesseurs qui nous aident dans notre cheminement. Les conséquences du manque d’un confesseur sont le découragement, l'indifférence, et pour finir, éloignement de la pratique de la Foi Orthodoxe.

LB: Selon vous, qui peut être un père spirituel?

PA: Comme je l'ai déjà dit, de nos jours, je ne crois pas qu'il y en ait en Europe occidentale. En Europe orientale, il y a bien encore quelques anciens prêtres ou moines, mais même là ils sont peu nombreux. De nos jours, il y a des confesseurs, des prêtres qui prient, qui célèbrent les Offices, qui réfléchissent, qui ont une expérience de la vie, et qui tentent de faire de leur mieux. Je crois que nous approchons la fin des temps, où, si nous pouvons simplement garder notre foi, alors Dieu nous protègera.

LB: Que pensez-vous du ministère des évêques et des prêtres a l’égard de la direction spirituelle ?

PA: C'est une part essentielle de leur activité.

LB: Est-ce que la direction spirituelle offerte par des prêtres et des évêques est différente des autres formes de direction spirituelle Chrétienne - p.ex. celle par des moines non-ordonnés, des moniales ou des laïcs Chrétiens (1)?

PA: Parfois, c'est la même chose, sauf que le prêtre peut donner l'absolution dans le Sacrement de la Confession. D'autres fois, c'est différent, parce que le clergé a une compréhension ecclésiale et sacramentelle du monde qui est absente chez les laïcs, aussi pieux et spirituels puissent-ils être.

LB: A votre avis, est-ce que la direction spirituelle pour les Chrétiens laïcs est similaire ou différente de celle pour les moines?

PA: Très similaire. Saint Jean Chrysostome dit que la seule différence entre le monachisme et le laïcat, c'est le mariage. Pour le reste, le combat devrait être le même. Qu'est-ce qu'une famille, sinon un monastère en miniature? Lorsque nous nous marions, nous portons la couronne des martyrs; c'est la même lutte que dans un monastère, pas aussi profonde, pas aussi intense peut-être, mais cependant, essentiellement la même.

LB: Voudriez-vous décrire votre activité en tant que père-confesseur?

PA: Je suis confesseur et confesse ceux qui viennent auprès de moi. J’observe leurs progrès, leur parle, leur téléphone, leur envoie des courriers électroniques, les conseille du mieux que je peux, et leur demande aussi de prier pour moi, afin de pouvoir les aider. Nous sommes tous pécheurs.

LB: Comment décrivez-vous la relation que vous avez avec vos enfants spirituels?

PA: Je les guide et les soutiens dans leurs difficultés, tout en leur montrant mon amour.

LB: Comment comprenez-vous la pratique de l'obéissance au père spirituel?

PA: Si vous n'obéissez pas aux suggestions du confesseur, vous chuterez spirituellement et perdrez ainsi la grâce.

LB: Y-a-t'il une chose sur laquelle vous insistez particulièrement dans la direction spirituelle?

PA: La régularité en confession et la persévérance dans la lutte, car le repentir est notre besoin permanent. Nous devons continuellement essayer, réessayer, 7 fois 70. La seule différence entre les saints et nous, c'est qu'ils se repentaient sans cesse et n'abandonnaient jamais le combat tandis que nous ne faisons pas cela, car nous n’avons pas assez de foi; et alors nous renonçons à la lutte.

LB: Quelles sont vos sources d'inspiration pour la direction spirituelle?

PA: Sans aucun doute, l'Evangile, les Pères, les vies des Saints et les vies de pères spirituels et de saints contemporains, tels que p. Cleopa, p. Ilarion (Argatu), p. Dionysius (Ignat), p. Paisie (Olaru), p. Arsenie (Boca), et p. Arsenie (Papacioc) de Roumanie, le métropolite Zinovy (Mazhuga) de l'Église de Géorgie, saint Jean (Maximovitch) de Shanghai, Saint Jonah de Manchourie, Saint Laurent de Chernigov, Saint Luc de Simferopol, Saint Sebastian de Karaganda, l'Ancien Seraphim de Belgorod, p. Vitaly (Sidorenko), p. Seraphim (Romantsov), l'Ancien Sabbas des Cavernes de Pskov, p. Zosima (Sokur), p. John (Krestiankin) dans l'Église de Russie, les Anciens Porphyrios, Paissios, Joseph, Ephraim, Philotheos et Amphilochios dans l'Église de Grèce, Saint Nicolas (Velimirovich), Abba Justin (Popovich) ou p. Vojislav (Dosenovich) dans l'Église de Serbie.

LB: Prenez-vous en considération les Canons de l'Église et des Pères dans la direction spirituelle?

PA: Oui, bien sûr, mais ils doivent être appliqués avec grand discernement. Le discernement est la plus importante qualité du confesseur. Un confesseur qui n'a pas de discernement peut mener les âmes au naufrage spirituel.

LB: À votre avis, quel est le rôle du la Sacrement de la Confession dans la direction spirituelle?

PA: Le Sacrement est la partie finale, ou le point culminant, de la direction spirituelle avant la Communion.

LB: Proposez-vous principalement la direction spirituelle à travers le Sacrement de Confession?

PA: Le confesseur doit donner la direction spirituelle partout et en tout temps, par sa manière de vivre, dans la vie avec ses enfants (s'il est un prêtre marié), par ses sermons, par ses discussions, par ses écrits. Toujours.

LB: Considérez-vous que l'Église Orthodoxe a une tradition commune de direction spirituelle?

PA: Oui, absolument.

LB: Existe-t'il quelque chose de spécifique dans la pratique de la direction spirituelle dans votre propre Église / tradition?

PA: Dans l'Église de Russie, tous les prêtres sont autorisés à confesser, bien qu'en effet, ils confessent fort peu durant les premières années de leur prêtrise, jusqu'à ce qu'ils aient acquis de l'expérience sous la direction de prêtres plus anciens.

LB: A votre avis, est-ce que les Chrétiens Orthodoxes Occidentaux comprennent et pratiquent la direction spirituelle différemment des Chrétiens Orthodoxes Orientaux?

PA: A condition qu'ils soient intégrés dans l'Église et qu'ils aient laissé derrière eux toutes les coutumes hétérodoxes, il n'y a pas de différence du tout.

LB: Que considérez-vous comme étant une pratique erronée, s'il y en a, de la direction spirituelle actuelle dans l'Église Orthodoxe?

PA: Je suis très inquiet parce qu'hélas, il y a eu un très petit nombre de clercs (j'ai connu 3 cas, personnellement, dont 2 sont à présent décédés) qui sont tombés en "prelest" ("plani" en grec), c'est-à-dire, dans l'illusion spirituelle, et se sont imaginés qu'ils étaient de saints Anciens (Startsi). Ils ont alors commencé à s'imaginer qu'ils étaient clairvoyants, demandant l'obéissance absolue et une "adoration de héros" et ainsi de suite. En fait, ils souffrent eux-mêmes d'un terrible péché, en voulant être à même d'avoir le pouvoir sur les âmes d'autrui, de manipuler les âmes des faibles, et de créer un culte de la personnalité envers eux-mêmes.

Leur péché peut être très vite remarqué, parce qu'ils souffrent de fausse modestie et de fausse humilité. Mettez leur orgueil à l’épreuve, et vous verrez immédiatement leur faiblesse, ils perdront leur calme et se fâcheront et chercheront à se venger par la calomnie parce que leurs fraudes ont été dévoilées. Ces gens-là sont très dangereux, parce qu'ils attirent des gens faibles et naïfs, en particulier des femmes d'un certain âge, et détruisent leurs vies avec de mauvais conseils qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques. C'est un grande tentation et un grand mal; cela donne à l'Église (et à la confession) une mauvaise réputation.

LB: Quelles seraient vos suggestions pour une meilleure pratique de la direction spirituelle?

PA: Que les prêtres partagent leur expérience l'un avec l'autre en général. De même, nous avons besoin d'une meilleure formation dans les séminaires de théologie pastorale. Je crois aussi que les hommes ne devraient pas être ordonnés prêtres avant l'âge canonique de 30 ans. Il y en a beaucoup trop qui sont ordonnés avant cet âge. Ce Canon existe pour une bonne raison. Nous ne devrions pas ignorer les Canons. J'ai vu beaucoup trop d’erreurs désastreuses à cause de l'ignorance de ce Canon.

LB: Quel est votre modèle de direction spirituelle?

PA: Des prêtres âgés, prêtres depuis 30 ans et plus, avec l'expérience de la confession.

LB: Considérez-vous que la direction spirituelle devrait être accomplie de manière spécifique dans le contexte Britannique?

PA: Non, mais les confesseurs doivent avoir une compréhension de l'arrière-plan culturel et des références culturelles de la personne qu'ils confessent. Confesser une femme est différent que confesser un homme, confesser un enfant n’est pas le même chose que de confesser un grand-père. De la même manière, on ne confesse pas un Anglais comme on confesse un Russe, ou on ne confesse pas un Roumain comme on confesse un Français. Une approche différente est requise à chaque fois.
En ce qui concerne les Anglais, il y a un problème spécifique, la culture traditionnelle anglaise est très réservée, puritaine, coincée et souvent hypocrite, en particulier au sujet des péchés sexuels, et les Anglais sont des gens qui ont besoin d'être mis en confiance avant de parvenir à se confesser. Ils n'aiment pas ouvrir leurs âmes; et s'ils ne les ouvrent pas, comment pourrions-nous les aider à guérir leurs passions secrètes? Ici nous avons une barrière culturelle qui peut être vaincue, si le prêtre est doux, compréhensif et les rassure. C'est différent avec les Russes, dont certains confesseront leurs secrets les plus intimes en public. Pour cette raison, je préfère confesser des Russes. Leur franchise fait qu’on peut les aider plus facilement.

(1) Dans l’Église Orthodoxe les moines non-ordonnés font partie du laïcat. Les termes "moines" et "Chrétiens laïcs" sont utilisés ici seulement dans le but de différencier les moines des non-moines
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Une entrevue réalisée par de Liviu Barbu sur la paroisse orthodoxe roumaine Saint-George à Londres :
http://www.mitropolia-paris.ro/content/fsjc/263.fr.pdf
http://www.radur.homechoice.co.uk/roc.html
Plus de 1500 photographies du pèlerinage des jeunes de l’association Nepsis (jeunes de la Métropole roumaine d’Europe occidentale et méridionale) du 7 au 21 août dernier en Roumanie.
http://www.orthodoxie.com/2006/09/photographies_u.html

Citation d'un empereur byzantin, démagogie et irresponsabilité, violence et amnésie

Certaines remarques reçues par courriel ou lues dans les commentaires de certains articles publiés tendent à dire qu'apparemment, dans les récents articles, j'aurais un peu trop "asticoté" le chef de l'Etat du Vatican, insistant trop sur certaines de ses récentes "infaillibles" bévues. Admettons.

Mais que ceux qui estiment que j'exagère fassent l'effort de se rappeler que les propos tout à fait incongrus et déplacés de cet individu ont été à la source de déclenchements de violences folles, et que des gens sont MORTS. Et des églises ont été attaquées. Et que c'est visiblement loin d'être terminé. Que certains pays qui étaient relativement épargnés par les menaces de groupuscules tout à fait insignifiants en nombre de membres fanatiques se retrouvent à présent dans la tourmente – voyez l'Italie où on ne peut plus faire ses emplettes en autobus sans devoir montrer le contenu de son cabas aux pandores omniprésents et sur les dents, avec les menaces de représailles qui ont suivit ces propos débiles.

Entre humains non-guidés par l'Esprit Saint et ne menant pas une vie Chrétienne mais uniquement l'apparence des Institutions séculières, les choses se passent presque toujours comme entre Caïn et Abel. Celui qui prétend être une intelligence supérieure et qui ignore de telles évidences devrait se poser quelques questions personnelles, genre "paille et poutre". Aussi quand il sème la tempête en racontant n'importe quoi sur autrui, il est _RESPONSABLE_ de ce qui s'ensuit. Les autres aussi, qui se laissent aller à la violence, c'est évident et il faudrait être d'une mauvaise foi absolue pour prétendre que j'aurais dit le contraire. Donc ceux qui commettent les actes violents sont coupables, mais ça ne dédouane en rien celui qui a allumé l'incendie.

J'invite par ailleurs à lire cette passionnante réflexion de Jean-François Colosimo, "L'Oecuménisme, victime collatérale de Benoît 16". On ne pourra certes pas venir me prétendre que m. Colosimo est un "fanatique" ou un "exalté" comme, paraît-il, je le serais encore. Je ne partage pas nombre de points de vue de m. Colosimo – je n'ai pas changé de culture en devenant Orthodoxe, ceci expliquant cela – mais il est indéniable, me semble-t'il, que son analyse rigoureuse est excellente.

http://www.orthodoxie.com/2006/09/lcumnisme_victi.html

Vous trouverez ici la page originale de l'article sur le site du journal "Le Monde" :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-814885,0.html

Voir aussi la différence – tout aussi radicale – entre un Benoît 16 et le patriarche de Moscou :
http://www.orthodoxie.com/2006/09/moscou_le_patri.html

Les faits parlent d'eux-mêmes. Et des chercheurs, des savants, hors de l'Église, se demandent aussi pourquoi cette citation hors contexte, parce que c'est là que se trouve le problème, et que quand on prétend être un "ami de la raison", on ferait bien de s'en servir, de la-dite raison... Parlez de "falsafa" à un Musulman cultivé, et vous aurez un terrain de discussion tout à fait intéressant et de très haut niveau.

Ci-après une opinion d'un auteur Anglo-Saxon, non-Orthodoxe me semble-t'il, parue récemment dans un grand quotidien international. Divers Orthodoxes Anglo-Saxons l'ont lue et trouvée peut-être un peu favorisant l'Islam, mais très mesurée et très bien argumentée. Je trouve aussi. Je rajouterais que puisque la critique récente reposait sur l'absence de compétence universitaire de la part de l'auteur de ce "blogue", les critiques seront comblés : voici un docteur d'Oxford qui vous parle.


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Pourquoi citer un empereur Byzantin?
http://www.iht.com/

Erwan Lagadec, International Herald Tribune
Dimanche 24 septembre 2006

WASHINGTON – Les musulmans et le pape

Tout au long du tumulte au sujet du récent discours du pape Benoît 16, lui et les portes-parole du Vatican ont supplié les journalistes, les critiques et le public de ne pas considérer le passage incriminé "hors contexte." Essayons alors d'élucider ce contexte.

Cependant, non pas le pur contexte textuel de l'à présent tristement célèbre "citation du Paléologue", mais le véritable contexte – le contexte historique et la toile de fond intellectuelle qui aide à expliquer pourquoi le pape (qu'il l'admette ou non) s'est tourné vers ce passage pour introduire l'argument central de son discours.

C'est au mieux ironique, et au pire, perturbant, qu'un pape Romain aie cité un empereur Grec-Orthodoxe des environs de 1400 au sujet de la violence musulmane.

L'empereur Manuel II Paléologue avait été forcé par la pression stratégique des Ottomans à chercher un humiliant rapprochement avec Rome. Et cependant, Rome, pour la plupart des contemporains Byzantins, était toujours profondément étranger, et hostile, en fin de compte.

A peine 150 ans après la fin de la violente occupation de Constantinople par les Croisés Latins, il ne fait aucun doute que Manuel aurait été tenté d'accuser le Christianisme Romain de violence inhérente dans des termes très similaires aux remarques qu'il fit à propos de l'Islam.

De plus, en 1400, Constantinople était assiégée. Un demi-siècle plus tard, elle succombera à la pression militaire des Turcs. C'est éloquent et aussi troublant que Benoît a choisit – parmi tous les autres textes et périodes – de se référer précisément à celui-ci.

Agissant de la sorte, il a ouvert grande la fenêtre sur sa propre perception de l'Islam, une qui se trouve sous l'ombre d'une mentalité d'assiégé – un siège que le Vatican pense être occupé à perdre. A la lumière de ceci, le discours du pape à l'université de Ratisbone (Regensburg) et ses récents commentaires à propos du déclin de la foi en Occident, qu'il a opposé à la vitalité de l'Islam en Orient, se dévoilent comme étant les 2 faces d'une même pièce.

Le contexte littéraire de la citation de Benoît est également problématique. Certains se sont demandés pourquoi, parmi toutes les sources potentielles, le pape a choisit un texte médiéval – un testament sorti tout droit des soit-disants "Ages de Ténèbres."

En réalité, il a fait plus que ça : il a choisit un des passages les plus noirs d'une ère et un genre qui par ailleurs donne crédit à la faculté de l'Islam à raisonner.

La "Réfutation de la foi musulmane" de Manuel II ne fut qu'un avatar tardif d'un genre littéraire qui avait de profondes racines historiques. Des gens pas moins érudits tels que Pierre le Vénérable (1094-1156) et Thomas Aquinas (1225- 1274) avaient apporté des contributions significatives à cette tradition.

Cependant, ils n'avaient pas tendance à attaquer l'Islam dans le même esprit que ne le fit Manuel II. Au contraire, ils commençaient par prémisses rationnels qu'ils assumaient partagés par les Musulmans, et, sur cette base, discutaient de ce qui était le plus convainquant entre le Christianisme et l'Islam, par la rationalité.

Dans cette joute intellectuelle, ces auteurs Chrétiens n'ont jamais mis en question la capacité des Musulmans à combiner la raison et la foi.

Si le pape déterre inexplicablement un des textes du Moyen-Age les plus polémiques au niveau culturel, cela ne pourrait-il pas suggérer que c'est notre époque, notre dialogue inter-religieux et inter-culturel, qui est "noire".

La différence de perspective entre les traités d'un Pierre le Vénérable ou Thomas d'Aquin, et le passage de Manuel II, est facile à expliquer.

Au 12ème et 13ème siècle, lorsque Pierre le Vénérable et Thomas d'Aquin écrivaient, le Christianisme était en phase de croissance. Il était occupé à reconquérir, voir simplement conquérir, des terres sur les Etats musulmans plus faibles. (Par la même occasion, dans ce processus, le monde Chrétien était occupé à massacrer et à réaliser la plupart de ses "conversions par l'épée"). Le christianisme avait confiance en sa force, y compris sa force intellectuelle. [*]

On ne savait plus rien retirer à la Constantinople de 1400. Manuel II et ses prédécesseurs avaient voué leurs vies à une bataille qu'ils savaient qu'ils allaient perdre.

L'Islam était en pleine offensive. L'empereur était assiégé, humilié tant par les Musulmans que les Chrétiens Romains. Il était en guerre, ce qui ne rend pas enclin à se fier à sa propre raison, ou à celle de l'adversaire.

Dès lors, la véritable question, c'est pourquoi donc le pape s'est-il senti dans une telle affinité culturelle avec un empereur assiégé, en guerre, humilié, et du côté perdant de l'Histoire.

Il faut espérer que l'Occident, dans son dialogue avec le monde Musulman, ne partage pas le point de vue sombre de Manuel II Paléologue, ou la conviction que ses circonstances historiques et les nôtres sont en quoique ce soit comparables. Donner foi à de telles notions nous vouerait à transformer le "choc des civilisations" en une prophétie s'auto-accomplissant.

Erwan Lagadec est actuellement chercheur associé au Center for Trans-Atlantic Relations de la Johns Hopkins University's School of Advanced International Studies. Sa dissertation doctorale à Oxford s'est concentrée sur la philosophie et la théologie des 13ème et 14ème siècles.

*-*-*-*-*

[*] Ce paragraphe parle du "christianisme séculier", à savoir le catholicisme-romain, séparé de l'Église. Les mentions claires des faits historiques d'innombrables massacres et conversions par l'épée sont là pour le rappeler. Je n'invente donc rien, je me contente de développer l'euphémisme du Docteur. Ndt.

26 septembre 2006

Déclaration de l'archevêque Hilarion de Sydney, Australie et Nouvelle Zélande

http://www.russianorthodoxchurch.ws/synod/eng2006/9envlhilarionstatement.html
http://groups.yahoo.com/group/orthodox-rocor/message/6010

SYNODE DES ÉVÊQUES : 25 septembre 2006

Mon absence lors de la réunion de septembre du Synode des évêques a été erronément interprétée par certains comme étant une expression de désaccord avec notre Synode. Toutes sortes d'explications absurdes et de conclusions prématurées sont apparues sur internet. En fait, j'ai été affligé par une très mauvaise grippe, compliquée par une bronchite, ce qui a empêché tout voyage de longue distance, ce qui peut être attesté par mon médecin et par tous ceux qui étaient avec moi tout ce temps.

La dernière réunion du Synode des évêques a étudié la dernière version de "l'Acte de Communion Canonique" entre l'Église Orthodoxe Russe Hors Frontières et le Patriarcat de Moscou. Le dialogue entre des représentants des 2 parties est en cours depuis plusieurs années, et les 2 Commissions ont abouti à nombre d'accords positifs au sujet des principales différences qui ont existé depuis près de 80 ans.

Unes des questions les plus concrètes de ce dialogue, c'est la participation du Patriarcat de Moscou dans le mouvement oecuménique, et son appartenance au Conseil Oecuménique des Églises. Notre Église Russe Hors Frontières, au cours des récentes décennies, a maintenu une attitude très arrêtée et négative envers l'oecuménisme, ayant anathémisé en 1983 la "théorie des branches", qui ne reconnaît pas l'Orthodoxie comme étant l'Unique véritable Église du Christ. De son côté, le Patriarcat de Moscou a clairement défini son attitude envers le mouvement oecuménique, condamnant la "théorie des branches" dans ses documents conciliaires de l'an 2000; et dans les documents des Commissions d'Église approuvés par les 2 Saint-Synode, qui ont condamné la moindre espèce de prière commune avec les hérétiques, il a expliqué sa continuation de son appartenance au Conseil Oecuménique des Églises ensemble avec d'autres Églises Locales Orthodoxes comme un moyen de témoigner de l'Orthodoxie, et de défendre les intérêts de l'Église et du peuple russe. Les documents du Synode des évêques "Clarification sur le processus de négociation" et "L'Acte de Communion Canonique" définissent le cadre de cette activité du Patriarcat de Moscou au sein du Conseil Oecuménique des Églises, activité dans laquelle ni le dogme ni les Canons de la Sainte Église ne sont violés :

"L'Église Orthodoxe de Russie adhère strictement à l'enseignement présenté par le Credo, stipulant que l'Église du Christ est Une... Puisque le Corps du Christ est l'unique vaisseau du Salut, en tant que pilier et fondation de la vérité, l'Église ne s'est jamais divisée ni n'a disparu, mais toujours, tout au long de l'histoire du Christianisme, a enseigné le pur enseignement de l'Evangile dans l'abondance des dons pleins de grâce de l'Esprit-Saint.

Cependant, nous voyons que la participation au Conseil Oecuménique des Églises et diverses mesures oecuméniques sont chargées de danger spirituel pour les Chrétiens Orthodoxes. Dans ce domaine, le 4ème Concile Général de la Diaspora, le 11 mai 2006, a appelé le Patriarcat de Moscou à revoir sa position en tant que membre au Conseil Oecuménique des Églises :

"De par les discussions au Concile, il appert que la participation de l'Église Orthodoxe de Russie du patriarcat de Moscou au Conseil Oecuménique des Églises suscite de la confusion parmi nos clergé et fidèles. Avec une peine sincère, nous demandons à la hiérarchie de l'Église Orthodoxe de Russie du patriarcat de Moscou de considérer l'appel de notre troupeau pour prestement éloigner cette tentation."

Le Patriarcat de Moscou pourrait prendre exemple sur les Églises Orthodoxes de Géorgie et de Bulgarie, qui se sont retirées du Conseil Oecuménique des Églises. A notre avis, le bon bon exemple qui serait de la sorte montré par l'Église Orthodoxe de Russie pourrait être suivit par les autres Églises Locales Orthodoxes. L'Église Orthodoxe de Russie, comme nous l'avons fait remarquer auparavant, gagnerait à adhérer à la direction adoptée par la conférence Pan-Orthodoxe qui a eu lieu à Moscou en 1948.

Dans ma lettre au Synode des évêques, j'ai écrit que nombre de clercs et de laïcs qui avaient une attitude positive envers la normalisation des relations entre les parties divisées de l'Église Orthodoxe de Russie, et qui désirent l'unité, sont encore troublés par la continuité de la participation du Patriarcat de Moscou aux activités du Conseil Oecuménique des Églises. De plus, les media font souvent mention de conférences et sommets dans lesquels des représentants du Patriarcat de Moscou participent, provoquant la suspicion parmi les fidèles Orthodoxes, suite aux douteux succès de cette diplomatie ecclésiastique.

De la sorte, la présence continue du Patriarcat de Moscou au sein du Conseil Oecuménique des Églises suscite une sérieuse inquiétude, quoiqu'à un moindre niveau, de nos jours, dans la vie de notre Église. Notre défi principal en tant qu'archipasteur, c'est de nourrir le troupeau qui nous a été confiés et de ne pas permettre que surviennent schismes et discordes dans la vie ecclésiale. Ce n'est pas encore l'entièreté du troupeau qui est prêt à se joindre au processus de réconciliation et au rétablissement de la communion avec l'Église en Russie. Ceci atteste du fait que, à mon avis, il y aura encore besoin d'un peu de temps et d'efforts pour parvenir à une compréhension et une confiance mutuelle.

Comme tous les évêques de l'Église Orthodoxe Russe Hors Frontières, j'aspire sincèrement et de toute mon âme à la réconciliation et à l'unité spirituelle des parties séparées de l'Église Orthodoxe de Russie. Je crois que ce moment va arriver, et bientôt, Dieu permettant, lorsque cela Lui conviendra. Je suis peiné par cette partie du troupeau qui est confié à ma guidance et qui rejette réellement aujourd'hui notre entrée en communion avec le Patriarcat de Moscou. Je ne désire pas voir la chute de la moindre âme hors du sein de la Sainte Église, pour s'en aller vers des groupes schismatiques et privés de grâce.

Selon mon opinion personnelle, pour le bien de la préservation spirituelle du troupeau, le processus de normalisation des relations ecclésiales requiers plus de temps, de la prière plus intense et une étude plus rapprochée et plus approfondie de la vie de l'Église en Russie, tout en évacuant les fausses perceptions et préjugés des 2 côtés dans cette importante affaire.

Je souhaite témoigner de ma pleine dévotion à notre sage et spirituellement discernant premier Hiérarque, son éminence le métropolite Laurus, et au Synode des évêques de l'Église Orthodoxe Russe Hors Frontières, et appeler tous nos loyaux enfants à être dévoués et obéissants envers la hiérarchie de notre Église, et j'exhorte aussi à diriger l'effort (podvig) de la prière vers une résolution agréable à Dieu pour ce processus complexe et douloureux du rétablissement de l'unité ecclésiale.

+ Hilarion, Archevêque de Sydney, Australie et Nouvelle Zélande

11/24 Septembre 2006
Sydney



Unité dans la diversité : Un de ces Rites est juste comme l'autre!

http://westernorthodox.blogspot.com/
Samedi 9 Septembre 2006

Voici un intéressant chevauchement dans les "Propres" pour la Fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie

L'Antiphonaire pour le Magnificat pour les 2ème Vêpres (Occidental):

Ta Nativité, O Vierge Mère de Dieu, a annoncé la joie au monde entier, car de toi est né le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu : Qui, mettant fin à la malédiction, nous a donné la bénédiction, et confondant la mort, nous a dotés de la vie éternelle.

Tropaire de la Fête (Byzantin):

Tropaire de la Nativité de la Mère de Dieu
Ta Nativité, Mère de Dieu,
A révélé la joie à l'univers,
car de toi s'est levé le Soleil de Justice,
le Christ, notre Dieu.
De la malédiction, Il nous délivre
et nous ouvre à Son Amour
vainqueur de la mort, Il nous donne la vie.

Ceux qui aiment les 2 Rites – c'est-à-dire, des mordus dans mon genre – trouvent ceci fascinant. L'occasionnelle et cependant prévisible réapparition de ces chevauchements entre les pratiques Orientale et Occidentale dans nos Offices liturgiques est on ne peut plus explicite. Tant l'Orient que l'Occident se sont mutuellement influencés au cours des longues années pendant lesquelles nos Fêtes se sont développées, avec des pratiques et des prières traversant le Bosphore dans les 2 sens (Je l'accorde, il y avait un peu moins de retour dans le sens Occident vers Orient... à cause de la nature résolument conservatrice de Rome. Notre insistance à obtenir l'ajout de Livre de l'Apocalypse au Canon des Écritures est en ce sens plutôt significative :-)
Cette Fête est venue d'Orient vers l'Occident, et dans ce cas-ci comme dans beaucoup d'autres cas, les textes byzantins sont restés longtemps après leur rebaptême occidental.

Ces chevauchements parlent tant aux Byzantins, qui insistent pour dire que le Rite Occidental "n'a rien en commun" avec l'Orient poétique-noétique-mystique, et certains partisans Pseudodoxes, qui insistent en exagérant anormalement sur le nombre de ces chevauchements jusqu'à vider leurs offices du génie particulier qui faisait que le Rite Occidental était occidental. Les nombreuses légitimes similitudes entre les Rites Byzantin et Orthodoxe Occidental rendent témoignage à l'unité de l'Église – qui, quand bien même elle est répandue dans le monde entier, loue pourtant "comme si elle ne possédait qu'une seule bouche" (saint Irénée) – et cependant permet à l'Église d'offrir en doux parfum à Son Seigneur un bouquet riche et varié d'adoration. C'est la définition de "l'unité dans la diversité" – cette unité que tous les Orthodoxes devraient se donner de la peine à s'efforcer de rétablir.

Sous-diacre Benjamin Johnson (AWRV)

25 septembre 2006

SAINT MATERNE, APÔTRE DE LA BELGIQUE ET LA PRIMO-ÉVANGÉLISATION DES GAULES

En cette fête du saint patron de ce site, mais qui est avant tout le saint évangélisateur de mon cher pays, voici un texte assez touffus, dense et un peu brouillon, avec des redites, des approximations, tout ce qui fait que je suis limité, et texte que pourtant j'ose jeter "en vrac" sur la toile, épuisé par un tas de soucis (dont la santé). Je ne fignolerai pas cette année. Peut-être l'an prochain, si Dieu me prête vie. Texte sans prétention scientifique ou universitaire - je ne suis ni l'un ni l'autre : je ne suis qu'un gros rien, c'est tout.

N'hésitez pas à y apporter contribution (positive et constructive, merci), par le biais du bouton "commentaire" en bas de page. Je ne censure rien - il y a déjà des injures qui m'ont été adressées et que vous avez pu voir publiées, elles ne font que confirmer que je ne suis qu'un vil pécheur. Mais les "hors propos" n'apportant rien, je les laisse au domaine du courriel privé.


Primo-évangélisation.

Entre la Tradition et les petites "traditions", les légendes hagiographiques et les légendes tout court, voire les mythes, entre la froide étude qui ne tient compte que de documents écrits sans tenir compte si la culture analysée avait la même culture de l'écrit et de la "preuve" que l'analyste, et aussi l'attitude de tout prendre pour argent comptant, il y a bien de l'espace. Ce texte sans prétention est là pour essayer de rendre sa place au saint patron de ce site internet, saint Materne, que nous refêtons ce jour. Le 20 septembre 2003, pour la première fois depuis que la politique avait arraché notre pays à la Foi Chrétienne et l'avait fait basculer du côté du Schisme de Rome, une Icône de saint Materne a été consacrée en notre pays. Réalisation en Belgique mais dans un monastère dépendant du patriarcat de Moscou. Et le premier Office à saint Materne le 25 septembre 2003, mais par un prêtre dépendant du patriarcat de Constantinople.

N'est-ce pas paradoxal que celui qui a amené le saint Évangile chez nous y soit placé au rencart? Ou l'illusoire "chrétienté", cette institution séculière qui a remplacé l'Église du Christ en nos pays après la déchirure, n'a-t'elle pas intérêt à prolonger cet oubli? En tout cas, la remplaçante, pour faire oublier l'imposture, a très rapidement remplacé nos saints, les vrais, par une collection de gens de sa boutique, prêchant des idées nouvelles contraires à la Foi salvatrice .. qu'un saint Materne était venu prêcher ici. On comprend mieux pourquoi dans cette Institution séculière, qui a son siège dans l'État du Vatican, on préfère passer sous silence tous les évangélisateurs et grands docteurs de l'Église Indivise. Que ne se laissent-ils toucher au fond de leur âme?! Tout changerait, pour le bien de l'humanité! C'est tout le bien que je leur souhaite.

Enfin, essayons, modestement, chez nous, de retrouver ce fil d'Ariane que nous avons perdu, c'est déjà difficile de le faire pour soi-même...

Pour en revenir à ces évangélisateurs, les scientifiques qui font du bon boulot pour dégommer les faux (voir plus loin) ont souvent tendance, le faisant "hors de l'Église", à finir par tout supprimer – aussi érudit soit-on, et véritable érudit, il manquera toujours cette petite touche qui fait la différence, celle du sceau de l'Esprit, que seule l'Église sait dispenser... Ils suppriment donc des tas de choses en oubliant que si saint Paul parle de cette diffusion de la Foi dans tout l'empire, à savoir "dans le monde entier" de l'époque – dans l'épître aux Romains 1,8; 10,18; cette célèbre lettre où il s'adresse aux Chrétiens de l'Église du Christ qui est à Rome, sans ne fut-ce que mentionner saint Pierre, démontrant que contrairement à la Galatie (cfr Gal. 2), ce dernier n'y était pas encore venu à la fin des années 50. Saint Paul parle aussi de cette diffusion de la Bonne Nouvelle dans tout l'empire dans son épître aux Colossiens (1,6). C'est donc que la sainte Église, par la bouche & la plume de l'Apôtre des Nations, enseignait ce fait depuis le milieu du premier siècle! On n'est pas dans la légende mais dans le fait. Saint Paul aurait prêté le flanc à la critique la plus facile s'il avait inventé de toutes pièces. Il avait déjà assez difficile à faire avec la défense de la doctrine pour prendre le risque du mensonge facile à but d'auto-glorification de l'Église – c'est un vrai saint, un fidèle docteur, très orthodoxe, pas un zazou..
Comment alors aller écarter et rejeter comme "fables pour bonnes femmes crédules" l'intégralité des textes parlant de cette primo-évangélisation, quand c'est au coeur même des textes canoniques qu'elle est enseignée et annoncée?! Que les détails ne concordent pas, d'accord, que du merveilleux un peu stéréotypé y revienne, pourquoi pas, qu'il y a ait nécessaire analyse pour tirer le vrai du faux, oui, mais de là à dire que tout est faux et à repousser systématiquement à des périodes fort tardives les évangélisations de nos régions, c'est se retrouver avec un gros problème : comment expliquer ce foisonnement d'églises et lieux de cultes aux fondations archéologiquement prouvées si anciennes?

Hors de la sainte Église aussi, cette évangélisation est confirmée. Prenez par exemple Sénèque: "Une religion, qui avait naissance sous Tibère, avait déjà gagné toutes les parties de l'empire sous Néron" (et souvenons-nous que Néron se sentait menacé par cette "sédition" intérieure).
On a vu aussi avec les historiens romains que sous l'empereur Claude, avant que saint Pierre ne vienne à Rome, l'Église était DÉJÀ fondée ("Vies" par Suétone : Claude, ch. 25,11). Les pèlerins qui sont venus au Temple à la Pentecôte, par milliers, venant d'un peu partout dans tout l'empire (cfr Actes 2,9-10), transformés radicalement par l'expérience du Dieu Vivant, sont repartis pour la plupart chez eux. Se sont-ils tûs? Mais comment pourrait-on taire une telle nouvelle (cfr Actes 4,20)? La primo-évangélisation, ce n'est pas faire apprendre par coeur un traité de théologie aux gens, c'est leur annoncer le Christ Ressuscité, la déification, dès ici bas la participation au Dieu Vivant, et le Royaume après la repentance - un saint Patrick ne prêchera rien d'autre d'ailleurs, montrant bien cette continuité apostolique.

Mais, "objection votre honneur", ces évangélisateurs précoces, dans quelle langue parlaient-ils pour que les peuplades puissent les comprendre? Ceux qui sont rentrés chez eux parlaient la langue de chez eux. Simple. Les autres? Pour la classe dirigeante, du grec est prévisible. Du latin en partie pour les autres. MAIS ne négligeons surtout pas les populations d'origine Celtique qui habitaient la Galatie – les célèbres Galates – dont saint Jérôme rapporte l'origine : TRÊVES! Et que lisons-nous chez saint Irénée de Lyon, dans sa préface à son chef d'oeuvre "Contre les Hérésies", pr. 3? "Tu n'exigeras pas de nous, qui vivons chez les Celtes et qui, la plupart du temps, traitons nos affaires en dialecte barbare, ni l'art des discours, que nous n'avons pas appris[...]"
Primo, saint Irénée dit qu'il est chez les Celtes, et il est à Lyon. Secundo, il dit qu'il parle en dialecte "la plupart du temps". Il vient d'Asie Mineure, où se trouve la Galatie. Il comprend la langue du pays. C'est pas moi qui le dit, c'est saint Irénée. En faire un "Grec" est un peu léger.
Le pr. Henri Hubert, dans sa "somme" reparue chez Albin Michel en 2001, "Les Celtes", mentionne même qu'un savant linguiste a retrouvé dans les fragments grecs de "Contre les Hérésies", texte qui sera la base de la traduction latine ultérieure (et qui, elle, est entière) des traces montrant que le texte a été traduit d'une autre langue vers le grec, ou contient tout le moins des traces nettes d'une habitude de dialecte. Et c'est un dialecte celtique. Je n'ai pas réussi à retrouver cet après-midi, dans les 725 pages de la réédition en petits caractères, où se trouvait la référence, mais dès que je met la main dessus, je rajoute l'info!

Ne nous égarons pas trop vite et revenons à la diffusion de l'Évangile dans nos contrées! Saint Justin le Philosophe et Martyr, dans son "Dialogue avec le Juif Tryphon", chap. 117, page 279 dans la traduction des éditions Migne rapporte bien clairement qu'en 140, époque vers laquelle il écrivait, l'évangélisation avait touché toutes les parties de l'Empire et ... au-delà..
On aura confirmation de cette évangélisation dans les Indes par l'Apôtre saint Thomas par les témoignages de Panthène, saint Clément d'Alexandrie, etc. A la fin du 2ème siècle, cette diffusion ad extram ne s'est pas arrêtée, saint Irénée de Lyon le dira, comme un saint Cyprien de Carthage au début du 3ème siècle, saint Hilaire de Poitiers, saint Jérôme, saint Ambroise de Milan au 4ème siècle, etc. Donc que ce soit hors des frontières de l'empire romain ou en son sein, c'était un fait accompli. Très important, factuel : les Romains n'auront de cesse de s'en plaindre, un Pline le Jeune demandera en 110 ce qu'il fallait faire avec ces Chrétiens. Tacite (Annales, 15, ch. 44) parle aussi de nous, sous Néron. Partout dans l'empire, la Bonne Nouvelle s'est répandue. Il y a certes bien des endroits où il n'y a pas encore d'Église locale, c'est certain (c'est pourquoi le mot "catholique", forgé par saint Ignace d'Antioche, ne saurait signifier "universel", mais bien "selon la plénitude"). Mais il n'y a pas de contrée où l'Évangile n'aie pas déjà retentit.

Le sud de l'Angleterre, on en parle dans les Menées. Bon, ok, ce ne sont pas des textes "scientifiques" stricto sensu. Mais quand on parle de saint Joseph d'Arimathie dans un endroit bien précis du Pays de Galles, un comptoir du commerce d'étain vers le Moyen-Orient via l'Espagne, une route pluri-séculaire, si on n'a pas la photo de saint Joseph y débarquant avec une croix en main, on y a tout de même les uniques églises qui lui sont dédicacées depuis la plus haute antiquité. Ca ne s'invente pas. Saint Joseph est partie intégrante dans la Divine Liturgie selon saint Jean Chrysostome, à l'approche du "moment très périlleux".



Pour saint Aristobule, lui aussi dans les Menées, il est aussi très présent dans l'histoire ancienne du sud de l'Angleterre, et rien de rationnel ne permet d'expliquer cette persistance des traditions tant de siècles durant, si ce n'est justement un fondement historique. Et la diffusion du Christianisme.



Tacite rapporte l'accusation que Pomponia Graecina, femme du proconsul Aulus Plautius, en Angleterre donc et sous l'empire de Claude, avait "embrassé une superstition bizarre et étrangère". La seule chose d'étrangère aux Romains était le Christianisme, puisqu'ils avaient même finit par tolérer le Judaïsme et son culte très exclusiviste, pourvu que les sacrificateurs y offrent aussi pour l'empereur.
Et heureux "hasard", on a la preuve matérielle de la Christianisation du sud de l'Angleterre (voir futurs articles ici) au 2ème siècle, de manière très concrète, parmi les tribus Celtiques qui se trouvaient sous domination de Rome, des lieux qui n'avaient pas une influence capitale dans l'empire et les missionnaires y seraient passés... en évitant les Gaules? Restons sérieux!

Et au sud des Gaules? L'Espagne était reliée à l'Italie par la Via Aureliana, la Voie Aurélienne, aboutissant à Cadiz en passant par tout le littoral de la "Provincia", la Provence, cette ancienne terre de comptoirs commerciaux (et culturels) Grecs. Tertullien déclare que l'Espagne est soumise au Christ, elle aussi - Contre les Juifs ch. 7 :
"Qui Dieu le Père prend-il par la main, si ce n'est Jésus-Christ, son Fils, que toutes les nations ont écouté, c'est-à-dire, dans lequel ont cru toutes les nations, et dont le Psalmiste nous désigne ainsi les Apôtres chargés de prêcher son nom : « Leur parole s'est répandue dans tout l'univers; elle a retenti jusqu'aux extrémités de la terre? » Je le demande, en quel autre les nations ont-elles cru, sinon en Jésus-Christ, qui est déjà venu? En quel autre ont cru les nations, « Parthes, Mèdes, Elamites, et ceux qui habitent la Mésopotamie, l'Arménie, la Phrygie, la Cappadoce, le Pont, l'Asie, la Pamphylie, l'Egypte, cette partie de Libye qui est près de Cyrène, et les étrangers venus de Rome? » En qui ont cru les Juifs qui habitaient Jérusalem et les autres nations, telles que les différentes races des Gétules, les frontières multipliées des Maures, les dernières limites des Espagnes, les nations des Gaules, les retraites des Bretons, inaccessibles aux Romains, mais subjuguées par le Christ; les Sarmates, les Dacés, les Germains, les Scythes, tant de nations cachées, tant de provinces, tant d'îles qui nous sont inconnues » et que par conséquent il nous serait impossible d'énumérer?"

Rien de surprenant alors d'y trouver une inscription latine dans la province espagnole de Burgos félicitant Néron de les avoir débarrassés de la "superstition", terme usuel chez les païens de l'époque pour décrire le Christianisme - terme qui sera repris par nos païens depuis 2 siècles, nil novi sub sole. Si l'auteur de la page en lien sur Néron dit que d'après lui, cette inscription est fausse, il ne dit pas pourquoi. Ni comment il s'arrange pour expliquer que saint Irénée, qu'il cite, décrit comme tant d'autres les Églises bien installées en Espagne... Et donc que les évangélisateurs sont bel et bien passés tout au long de cette côte du sud de la Gaule française. Ont franchit le Rhône... qui remonte.. Les Gaules sont encerclées de contrées évangélisées, et elles auraient été oubliées, malgré leur importance? Allons, allons.

Lactance, le poète Chrétien du 4ème siècle dont j'ai cité ici un poème, occasion d'une échappée lyrique sur la pie, nous apprend que Dioclétien (empereur de 284 à 305) a ordonné de détruire les églises situées dans les Gaules ("De mortibus persecutorum" chapitre 15). On était donc d'ores et déjà passé des oratoires et églises en bois à des églises en dur. Comme on en trouve les traces archéologiques en Angleterre, par exemple. La persécution de Dioclétien a eu lieu surtout en Occident. Il n'y aurait pas eu cela s'il n'y avait pas eu forte implantation de l'Église. Donc le fruit d'une évangélisation de longue date.
(Lucius Caecilius Firmianus Lactantius, De mortibus persecutorum)

Et que dire alors du témoignage rapporté par saint Grégoire de Tours, dans son livre 9 de l'Histoire des Francs, ch. 82?
"A la bienheureuse dame Radegonde, en Jésus-Christ fille de l’Église ; Euphronius, Prétextat, Germain, Félix, Domitien, Victoc et Domnole évêques. [...] Ainsi, lorsqu’à la naissance de la religion catholique, les habitants des Gaules commençaient à vivre dans la vénérable enceinte de la foi primitive [...]"
Certes, c'est pour introduire l'information sur le grandissime saint Martin de Tours. Mais que je sache, ce n'est pas au 4ème siècle qu'est née la sainte Église et la Foi Orthodoxe, mais bien en 33 à Jérusalem, lors de la Pentecôte. Donc les évêques, écrivant à la sainte reine et future diaconesse, Radegonde, lui répètent bien ce qui est tradition constante basée sur les faits : dans les Gaules, l'Évangile a été prêché dès les tous débuts de l'Église.

Certains objectent que saint Grégoire n'est pas toujours très précis, et qu'il écrit au 6ème siècle? Reprenons, si vous le voulez bien, le témoignage capital de saint Irénée de Lyon, "Contre les Hérésies", livre 1, chap. 10,2. : "Car si les langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la Tradition est un et identique. Et ni les Églises établies en Germanie n'ont d'autre foi ou d'autres Tradition, ni celles qui sont chez les Ibères, ni celles qui sont chez les Celtes, ni celles de l'Orient, de l'Égypte, de la Lybie, ni celles qui sont établies au centre du monde[...]"
Saint Irénée parle DES Églises locales, et il utilise le pluriel pour toute l'Europe depuis l'Espagne jusqu'aux "Celtes" (terme très large dont nous faisions partie) et à la Germanie. Nous sommes donc "en plein dedans".

Alors, est-ce si exceptionnel que la Gaule Belgique, avec son important siège de Trêves, capitale administrative des Romains depuis quelques décennies, se retrouve "ciblée"? Si on a difficile à toucher les "élites" - c'est ainsi que s'appellent eux-mêmes ceux qui vivent dans l'illusion que leur intelligence non-éclairée les rends supérieurs aux paysans - en attendant, parvenir à toucher le coeur et l'âme d'un gouverneur, et c'est toute une province qui verra la persécution cesser et la Bonne Nouvelle progresser. Si c'est le cas pour une simple province, Trêves vaut bien Rome ou Athènes par son importance.

Saint Materne.

Saint Materne venait-il "de Rome"? Figurez-vous qu'une partie de ce que l'on pense savoir sur ce saint du 1er siècle, en réalité, c'est du pipeau. Invention pure et simple. Par Pierre Canisius, un Jésuite du 16ème siècle. Pourquoi sait-on qu'il a menti? (sur ça aussi!) Parce qu'on a des documents d'avant le Schisme, bien clairs, et l'archéologie, etc, je ne vais pas me répéter. Et que l'un ne correspond pas à l'autre. Et qu'il n'y a RIEN de paru entre les derniers documents sur saint Materne, une compilation du 9ème siècle, et Canisius. Rien, strictement rien, qui ne viendrait plaider en faveur des mensonges de Canisius. Or, que vient nous raconter ce grand défenseur de l'Etat du Vatican? Que la Belgique serait "liée" à Rome. Parce que voyez-vous saint Materne étant disciple direct de saint Pierre, et dans leur tête, saint Pierre étant le premier président de l'Etat du Vatican, donc fatalement... On est aux antipodes de la vérité historique bien entendu, et demandez-leur d'apporter des preuves de leurs affirmations! Mais pour ces précurseurs du marxisme, le révisionnisme est une vertu. On a des légions (comme les bêbêtes de l'Evangile) d'exemples du même acabit. Pour être complet et honnête, signalons tout de même que les confrères Jésuites de Canisius connus sous le nom de "Bollandistes" le contrediront..... mais faisant du saint Materne du 1er siècle, épiscope de Trêves et Tongres, une seule et même personne avec le saint Materne de Cologne au 4ème siècle. Comme si tous les ânes s'appelaient Martin et habitaient tous la même prairie..

Quantité d'hagiographies ont été outrageusement falsifiées, sans aucune vergogne, pour répondre à des intentions apologétiques non pas Chrétiennes mais politiques. Strictement politiques, puisqu'un Etat ne saurait avoir d'autre fonction que politique. Allez lire les spécialistes Bénédictins et leur détricotage des inventions et autres fadaises, ils sont très explicites en la matière. Il n'est pas un jour où ils ne trouvent dans le calendrier des calembredaines et autres foutaises que l'on utilise pour affirmer des propriétés et dominations terrestres... et extorquer de l'argent aux simples fidèles, bien entendu, tout cela se terminant en célébrations avec collecte à la clé.

Nous savons donc que saint Materne, et ses frères saint Valère et saint Euchaire sont venus de Terre Sainte. Ils étaient probablement des prosélytes, c'est-à-dire des croyants mais pas d'ethnie juive, donc non-admis dans le "peuple élu" d'après la jurisprudence pharisienne très détachée de la Foi - voyez la généalogie du Christ, on y trouve certaines personnes qui sont entrées dans l'Alliance sans être "ethniquement" liées.
Ces 3 frères ont fait partie de cette nébuleuse tournant autour du Christ dès les débuts. Certains affirment "faisaient partie des 72 Disciples".. oui, pourquoi pas, mais bon, on n'a rien de sûr en la matière, et si on additionne tous ceux que les "petites traditions hagiographiques" présentent comme en faisant partie "à coup sûr" des 70 ou 72, on dépasse très largement le nombre en question. Après tout, saint Paul parle de plus de 500 frères ayant vu le Christ ressuscité (1 Co 15,6) – ce qui, par rapport à la population d'alors et extrapolé par rapport à l'actuelle, doit bien faire un petit cent mille, mais gardons ces 500, ça fait déjà beaucoup de monde. Saint Materne a nécessairement dû en faire partie. Comment tout lâcher et tout risquer, à l'époque, sans avoir eu les exemples précédents montrant que c'était L'UNIQUE voie? Par la suite, sur la parole de ceux qui avaient vu et avaient montré au péril de leur vie, et par le changement radical de leur vie, que ce qu'ils prêchait était bien vrai, d'autres se lèveront, qui n'auront pas vu d'eux-mêmes – voyez les témoignages de saint Polycarpe, saint Ignace d'Antioche, saint Irénée de Lyon, etc. Mais la première génération, elle, a vu le Christ, elle a entendu les saints Apôtres prêcher l'enseignement du Christ. Et poussés par cette force de l'amour de Dieu les dévorant comme un feu intérieur, cette génération s'est répandue comme un feu de savane dans tout l'empire romain, en utilisant les routes militaires & commerciales, les voies navigables aménagées, etc. Tout ce qui avant servait pour mener la guerre et administrer un pays se transforma en formidable outil pour la diffusion de la Bonne Nouvelle!

Donc on pense avec forte certitude qu'ils étaient dans "l'équipe" d'évangélisation montée vers l'Alsace (des sanctuaires du 2ème siècle y existent encore, saint Materne y est vivace). Les chemins par route étaient aussi facilités que par voie navigable. A partir de la conquête de la Gaule française par Iulius Gaius Caesar (et ses célèbres déboires dans une des 2 Gaules Belgique...), des voies de communication seront installées. Il en partira 4 de Lyon : la Gaule française se voyait partagée en 4 zones faciles à parcourir. C'est ce que rapporte Strabon : les commerçants en avaient profité pour améliorer leurs échanges entre Rome et l'Ouest de la Gaule Celtique, à savoir la pointe de Bretagne. Donc la direction de l'Alsace et de la Germanie n'est qu'une formalité en ces régions conquises.

Puis qu'eux ont poussé jusqu'à l'antique capitale de la tribu Celtique Belge des Trévires, à savoir Trêves (aujourd'hui en Allemagne et portant le nom de "Triër"). Ville qui était devenue véritable capitale de l'empire romain suite à sa conquête par César Auguste en 18 avant Jésus-Christ. Et à la fin du 1er siècle, ces 3 saints ont entamé la primo-évangélisation de nos contrées. Au milieu du 2ème siècle, nous avons le nom d'un 5ème épiscope ou évêque, en tout cas chef de communauté Chrétienne, avec son tombeau, etc, - saint Celse - des informations données par un grand évêque de Trêves, Egbert. Or, un 5ème dans la liste, vivant au 2ème siècle, ça ne donne rien de plus que la certitude qu'il y en a eu 4 avant lui :-), et surtout, que le premier sait difficilement remonter à avant les années 70.. d'autant que les 3 premiers étaient les 3 frères en question, et cela a donc été une alternance ou une co-surveillance, épiscope voulant dire "surveillant", avant d'évoluer en signification vers l'actuel sens d'évêque. Ce qui sera plutôt tardif en Occident, comme le rappellent les Bénédictins quand ils évoquent l'histoire "sans oeillères et falsifications" de saint Anicet, l'ami de saint Polycarpe de Smyrne (+ vers 156). Ce saint Anicet que les calendriers actuels de l'Etat du Vatican et la tombe bidon qui s'y trouve appellent "pape" l'a été autant que saint Pierre : il était "presbytre", principal presbytre, mais pas "évêque", ce titre n'apparaissant dans les textes à Rome que vers les années 170, pas avant. Bueno.

Pour revenir à la chronologie à partir de saint Materne, les listes de succession épiscopale sont souvent bancales, voire falsifiées par la suite comme le restant. Et dans les premiers temps, qui s'intéressait dans l'Église à de l'administration? Mais voyons, relisons saint Paul dans sa première épître aux Thessaloniciens ou aux Corinthiens : le Christ, c'est demain matin qu'Il va revenir en Gloire! Par la suite, nos premiers parents dans la Foi ont mieux compris le sens profond des paroles, l'eschatologie s'est affinée. Mais au départ, l'attente, c'était pour du "tout de suite ou très bientôt". Est-ce qu'on perd son temps à construire des édifices dans ce cas? Et à composer des registres d'administration?
Cependant, en recoupant les listes (même falsifiées) avec les données liturgiques les plus anciennes (prières – collectes - et invocations de la Liturgie - diptyques), avec les données des reliquaires, des sépultures et autres monuments, divers auteurs ont finit par reconstituer une suite logique, acceptable, de la succession à Trêves à partir de saint Materne et ses 3 frères,
au moins jusqu'en 314 - et Constantin-le-Grand, puisque ça sera la ville où il grandira et où il fera bâtir la plus grande basilique du nord de l'Europe, encore existante d'ailleurs. Cette liste comporte 25 noms. Pas de place pour des "trous", ça se tient. A tout contradicteur, demandez-lui qu'il vous donne une liste assurée avec les noms des procurateurs Romains de cette période dans les Gaules et dans les Germanies. Et s'il ne trouve pas la liste (ou plutôt "puisqu'il n'aura pas cette liste, inexistante"), dites-lui que la zone n'était dès lors pas occupée... puisqu'il n'y a pas de liste assurée des responsables, pas de preuve écrite... C'est aussi ridicule que ça, mais voilà le genre d'argument utilisé pour rejeter un saint du 1er au 4ème siècle. Retournez l'argument en le dirigeant vers l'administration civile, qui était pourtant bien centralisée et organisée, et présente malgré tout des lacunes monstres, et vous verrez bien la réaction.



Trèves, la monumentale "Porta Nigra" constantinienne.
Pèlerinage famillial du 29/7/2004.
Dans la partie du côté gauche se trouve l'église saint Nicolas de Myre.

Au départ de Trêves, on est à un carrefour de routes. Nous avons la Voie romaine qui va de Reims à Trêves, celle qui va de Bavon via Arlon à Trêves – et une d'Arlon à Tongeren / Tongres, nous y reviendrons. Tout est fait pour faciliter les déplacements. Saint Materne a essaimé le long de la vallée de la Meuse. C'est un fleuve qui servait depuis la plus haute antiquité de canal de communication normal pour le commerce, et donc des établissements, futures villes, se trouvaient tout au long, dans les endroits les plus favorables pour l'installation de l'activité humaine. C'est là qu'on trouvait aussi, inévitablement dans le monde païen, le plus d'esclaves. Le plus de gens pour qui le mot "libération" avait du sens. On voit avec l'épopée des saints martyrs de Lyon – Saint Blandine, etc – que les conversions ont été surtout dans le petit peuple, au départ, mais rares dans l'intelligentsia. Ca n'a pas tellement changé de nos jours... sauf qu'on doit être encore moins nombreux comme Chrétiens en Belgique qu'à la fin du ministère des 3 frères venus labourer et ensemencer les Champs du Seigneur que sont aussi nos contrées.
Est-ce qu'il a pérégriné tout seul? Ca ne ressemble en rien aux habitudes apostoliques. Et les moines comme saint Brendan, saint Columban et consorts, par la suite, reprendront la méthode, et on les voit en groupe, généralement de 12, parcourant l'Europe pour y réensemencer la Foi. Saint Materne et ses disciples, ceux qu'il a formés, peut-être même certains ramenés eux aussi de Terre Sainte, on n'en sait rien, mais ce groupe parcours nos vertes Ardennes et la belle vallée de la Meuse.

Quantité de sympathiques légendes et "petites traditions" viennent perturber la lecture de la Tradition de la sainte Église, et parfois même parviennent à s'y infiltrer... quand tel ou tel hagiographe se laisse aller par le romantisme au lieu de regarder ce que l'Église lui a donné. Ce qui fait que les inventions d'un Canisius ont même réussi à influencer en partie certains textes Orthodoxes, un comble quand on sait que cela donne des prières qui sont dites en église... et le "lex orandi" dans tout ça, qu'est-ce qu'on en fait??
A côté de toutes ces petites histoires qui ne sont pas néfastes en elles-mêmes, peuvent même contenir des faits historiques, il y a surtout la leçon théologique, capitale, que l'on retrouvera proclamée dans la vie de la plupart des Pères et Mères de l'Église "Celtique" dans nos contrées : ce "tout lâcher" pour partir à la suite du Christ. Le "prendre sa croix et suivre le Christ", pour aller, chemin faisant, proclamer le saint Évangile, voilà bien l'exemple, la leçon, époustouflante par son radicalisme, que nous donnent un saint Materne et ses frères.

Les fruits mettront du temps à germer. Si on reprend les données de l'Histoire, on voit que la vallée de la Meuse a été victime de bien des invasions après leur passage d'évangélisation, comme la vallée de l'Escaut. Ce qui est un passage facile pour les évangélisateurs l'est aussi pour les troupes de barbares venus des lointaines steppes..
Mais on voit aussi que par la suite, vienne à passer un seul et unique saint évangélisateur, et refleurisse les communautés. Comme quoi, si ce qui avait été organisé avait en grande partie disparu, quand viendront les saints Chrysole, saint Piat et autres saint Servais, ce qui était encore "à couver sous la cendre" s'enflammait à nouveau. Comme le recommandera au 20ème siècle saint Raphaël (de Brooklyn) quand on n'a plus ou pas de paroisse à proximité, on dit les prières de l'Église chez soi, on y lit l'Écriture Sainte. Et ça, on ne le voit pas de l'extérieur... on transmet la Foi à ses enfants, à sa famille, de manière discrète. Vient un prêtre ou un missionnaire 3 ou 4 générations plus tard, il trouve certes un paquet de païens – demandez à saint Eleuthère, à Tournai.. - mais pas seulement. Il ne repart pas de zéro.

Saint Materne a été le premier à déraciner les ténèbres du paganisme dans nos régions. Ses frères seraient – apparemment – restés sur Trêves, s'occupant de cette ville bouillonnante, polluée par toute l'horreur du paganisme qui accompagnait les bagages des empereurs Romains. Le tristement célèbre Caligula est né à Trêves, ça situe un peu la fange qui y régnait, avant l'arrivée de nos saints Pères!

Une évidence de l'évangélisation locale au 2ème siècle? La présence de Chrétiens dans la Légion romaine stationnée localement, présence si peu discrète qu'on en a retrouvé des inscriptions distinctives.
Legio XXII "Primigenia Pia Fidelis" (22ème Légion de la déesse Fortuna, Pieuse et Fidèle) : Stationnée à Mayence (Allemagne), elle sauvera Trêves, assiégée en 197. Voici les 2 symboles de légionnaires Chrétiens de cette Légion, retrouvés à Arensberg (Land de Hesse), 2 terres cuites



Ces 2 inscriptions sont reproduites dans le volume 7 d'octobre des Bollandistes, dans la vie de Saint Florentin de Trêves, page 33 ("die decimaseptima octobris", édition latine), qui rappellent l'impossibilité de se tromper sur le sens du symbole : saint Clément d'Alexandrie donnait comme signes de reconnaissance des Chrétiens la Colombe, le poisson, la barque... Si quelqu'un veut prétendre que le premier dessin pourrait être autre chose qu'un poisson - un dauphin par exemple - que dire de la croix?! Et pour que des légionnaires Chrétiens en soient à oser graver leur signe de reconnaissance, c'est que nécessairement saint Materne, ses frères et leurs successeurs auront bien oeuvré dans la région. On n'a pas de registre de Baptême signé "saint Materne", on n'a pas de photo de légionnaires recevant le saint Baptême dans leur belle tunique blanche de catéchumènes en route vers le Salut, on n'a rien de tout cela. Mais on a des légionnaires qui osent indiquer clairement qu'ils sont Chrétiens. En une époque où, en certains endroits de l'empire, il est plus prudent de se montrer discret sur le sujet, ici cela ne peut que signifier qu'une partie des dirigeants avait déjà franchit le pas. Enfin, c'est mon opinion et je vous la partage.

Donc côté "canon fumant", on n'a rien. Comme pour 99,9999999% des Chrétiens du premier siècle qui sont présents dans les calendriers de la sainte Église. Mais comme pour nombre d'entre eux, on des traces archéologiques de développements du Christianisme, et des traces bien claires, comme des fondations de bâtiments ecclésiaux, des restants d'objet du culte, etc.
Pompéi et son célèbre cryptogramme du Pater Noster, reproduit par l'abbé Carmignac dans son étude sur le "Notre Père", page 450, édition Letouzey & Ané. En passant, anagramme montrant que si la Bible et les textes liturgiques n'étaient, de ce qu'on en sait avec certitude, pas encore traduits en latin, pour la prière, elle était déjà latinisée à cette époque-là.

Or, Pompéi disparaît sous les laves du Vésuve le 24 août 79. La population était en partie Chrétienne, nous dit l'anagramme.
Aquincum (Budapest, Hongrie), an 108, une autre inscription Chrétienne, sur laquelle on retrouve en anagramme le texte du Pater en latin – nous sommes très loin de l'Italie..

Et enfin, l'anagramme retrouvé à Watermoor, près de Cirencester, dans le Comté de Gloucester.
Ces cryptogrammes étaient une manière déguisée, mais connue, d'exposer la prière sans s'exposer soi-même.

Quel intérêt pour nous d'en parler ici? Nous voyons la prière Chrétienne qui nous "encercle". Voilà des exemples de traces de la plus haute antiquité montrant cette évangélisation "tout autour de nous". Ca vaut tous les documents écrits, toutes les fresques, toutes les Icônes même.

Et on peut suivre la traces des avancées via les datations de ces reliquats d'installation. On voit aussi la progression dans les changements progressifs du comportement des gens – quand un temple païen cesse d'avoir son lot de victimes humaines, ça se remarque aux restes humains qui cessent de s'amonceler à un moment donné.
Pour saint Materne, tout le long de la Meuse – et jusqu'à Walcourt, où se trouve la plus vieille basilique encore existante qui lui soit dédiée, construite au 10ème siècle – on trouve des "traces".

Sont-elles directement de lui, ou de ceux qu'il a formés, qui ont essaimé tout au long de la vallée et jusqu'au creux des Ardennes? Pensons à la fondation de Saint-Hubert, saint Bérégise installant son prieuré sur l'ancien oratoire de saint Materne, 7 siècles plus tard, par exemple. Alors disons que c'est comme le "disciple de saint Pierre" dans le tropaire : si on prend ça au sens strict, historique, on risque de se trouver confronté à un gros problème. On ne sait pas relier ces 2 saints par la Tradition directe, l'archéologie, ou les écrits internes à l'Église (Canisius n'en faisant pas partie, bien sûr). Par contre, si on prend ça au sens spirituel, de la continuité de la mission entamée par un autre "plus loin en arrière", oui, assurément, on pourra parler de disciple. Ne vivons-nous pas du spirituel?

Avant 627, saint Materne était fêté le 14 septembre, comme saint Jean Chrysostome. Puis vint Chosroès, le roi païen de Perse, qui s'empara de Jérusalem, en massacra une partie des habitants et déporta une autre, dont le patriarche. Et vola la Croix du Christ. Ce que l'Histoire nous montre comme ayant été sa plus grosse erreur : il n'aura que des ennuis par la suite... Byzance reviendra en force, et récupérera tout.
Nous fêtons cette victoire le 14 septembre depuis lors, tant en Occident qu'en Orient.
C'est pourquoi saint Jean Chrysostome comme saint Materne, saints "majeurs" par la place qu'ils tiennent vu leur rôle dans la formation de l'Église en tel ou tel lieu, verront leur Fête déplacée. Encore mentionnée au 14 dans certains calendriers, mais déplacée pour la célébration. Saint Materne aura plus de chance : 20 et 25 septembre, comme fêtes principales. Le 29 janvier, fête de son frère saint Valère, on le refête avec leur autre frère, saint Euchaire. Et le 15 septembre, Fête de saint Euchaire, on refête les 2 autres frères, leurs apostolats respectifs étant intimement liés.

Vu tout ceci, tant lors des Vêpres hier soir qu'au cours de la prière familiale de ce soir, nous chanterons d'un coeur battant notre reconnaissance à saint Materne, pour le don de Dieu qu'il nous a fait.

Ah oui, j'oubliais... l'Icône de saint Materne, une vraie, pas un (bri)collage, vous pouvez vous aussi vous en faire réaliser une. Contactez le monastère de la Mère de Dieu à Pervijze (B). Nous l'avons choisie réalisée à l'encaustique (boenwas), l'ancienne méthode, pas avec de l'or, ça donne des couleurs plus "chaudes", mais c'est fragile aussi.


Saint Materne, prie Dieu pour nous!
saint Valere de Treves
saint Euchaire de Treves