à (re)lire :
"Page spirituelle pour le temps de Noël",
en français, sur le site de l'Église Orthodoxe d'Estonie
http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/spiritualite/pageNoel.htm
Résumé du mythe habituellement ressorti en Occident pour la période de Noël :
"En 274, l'empereur régnant, Aurélien, a estimé approprié de réunir les célébrations du solstice d'hiver, aussi appelées "Saturnalia", et "Natalis Solis Invicti" (Naissance du Soleil Invincible), avec la tradition chrétienne grandissante observant la nativité de jésus, "Natalis Filius Invicti" (Naissance du Fils Invincible)"
Vous ne pouvez pas avoir échappé à ce genre de laïus - depuis mon enfance, on me l'a bassiné chaque année que Dieu fait. Les convaincus et thuriféraires de cette théorie n'apportent jamais la moindre preuve de leurs affirmations, mais l'exposent avec tant de conviction qu'oser leur dire que c'est n'importe quoi vous vaut d'être illico taxé d'obscurantiste, de fanatisme religieux, etc.
Voyons de près cette fiction qui a la vie dure depuis quelques décennies dans nos pays déchristianisés à outrance depuis un millénaire déjà, et donc ayant perdus les repères de certaines fêtes et faits historiques d'antan.
En 274, l'empereur Aurélien a en effet réalisé "quelque chose". Mais pas ce qui en est dit. Tardivement, ils ont créé ce culte étatique romain du "Sol Invictus" (Soleil Invaincu). Aurélien a dédié un temple et créé les "Agon Solis" (Jeux du Soleil). Ceci est entre autres rapporté par la Chronique de Jérôme pour l'année 2291 AA (calcul à partir d'Abraham, qui correspond à l'année 275 après Jésus-Christ, parce qu'il y avait une erreur de calcul d'un an) (p.305)
Dans la Chronographie de 354, 80 ans plus tard, on trouve une fête marquée au 25 décembre appelée "Natalis Invicti."
Le même calendrier montre que les Saturnalia continuaient d'être célébrées du 17 au 23 décembre, comme cela avait été le cas depuis leur institution.
Il n'y a pas d'ancien document montrant qu'Aurélien a créé cette fête. Il n'y a pas de document montrant son existence avant l'an 354. Il n'y a pas le moindre document d'époque de qui que ce soit rapportant cette "combinaison" avec les Saturnalia. Il n'y a pas le moindre rapport de la moindre relation avec les Chrétiens qui étaient à l'époque, faut-il le rappeler, totalement proscrits, illégaux, et dont les fêtes n'avaient de ce fait pas la moindre valeur aux yeux de l'imperium romain, qui était la clé de voûte du système de religion païenne, dont l'empereur était une des divinités. Prétendre le contraire avec aplomb comme cela se fait sans arrêt depuis la crise occidentale athéiste du 20ème siècle, c'est aller contre les évidences historiques les plus fortes. Et pour ce faire, il leur faut utiliser le révisionnisme marxiste, classique en la matière, en récrivant tout simplement l'histoire.
Hélas pour eux, les documents d'époque, eux, sont limpides. Les archives de l'empire romain étaient d'une précision.. bureaucratique. Une large partie existe encore. On ne trouve rien pour corroborer les affirmations anti-Noël habituelles à cette époque de l'année. Les Chroniques d'historiens Chrétiens – et je parle d'historiens dont même les historiens non-Chrétiens font usage, comme les chroniques de saint Jérôme – ne sont pas contredites par les archives étatiques de l'empire romain sur des points aussi importants. Et pourtant, nombreuses sont les chroniques étatiques et rares les chroniques chrétiennes d'avant le 4ème siècle. Les persécutions n'engageaient pas les Chrétiens a avoir des documents "compromettants", ne l'oublions pas non plus. Et ces persécutions sont attestées de manière irréfutable par ceux-là même qui les pratiquaient.
A vous de savoir que croire : les inventions actuelles ou le témoignage de ceux qui vivaient à l'époque, qu'il s'agisse de Chrétiens ou non.
Pour en revenir à la question de la présence de Noël au 25 décembre, il y a plusieurs points d'importance à faire remarquer. D'abord, comme le Christ le lui a montré via Ses paraboles, l'Église utilise largement les symboles présents dans la nature pour exprimer par des analogies et des métaphores une approche du mystère divin. Une approche seulement bien entendu. La partie "historicité" n'entre pas en ligne de compte – pourriez-vous d'ailleurs me fournir un certificat de la date et l'heure garantie à 100% de la naissance de votre arrière-arrière grand-père maternel? Personne ne le peut. Est-ce que cela signifie que tous ces ancêtres n'ont pas existé?.. L'Église a utilisé, progressivement et dans un lent développement local en divers endroits, par souci pastoral, des moments qui lui semblaient appropriés. On est dans la symbolique pour exprimer des faits historiques. Tel ou tel personnage de l'histoire biblique a tel message à exprimer, on le relie à un événement évident pour l'inconscient collectif. Dans le Judaïsme aussi, cela se pratiquait. L'Église, héritière de la Synagogue, n'a fait que continuer la méthodologie pédagogique.
Ensuite, on confond aussi très souvent les fêtes qui pouvaient en effet avoir existé en tel ou tel endroit avant le Christianisme, et ce qui était fêté ailleurs. Ce n'est pas parce qu'en Irlande ou en Écosse, Pictes et Gaëls avaient une fête solaire à cette époque que les Celtes de la région de Lyon ou Trêves avaient la même chose. La religion était largement partagée au niveau du système, certes, mais les conditions naturelles, puisque ces fêtes se fondaient clairement sur la nature (et non pas l'utilisait comme analogie) n'étaient pas les mêmes. On ne peut donc généraliser à toute l'Europe une fête pratiquée en un bout de terre balayé par les vents de l'Atlantique et utiliser cette généralisation infondée comme "raison" pour dire "vous voyez bien, les Chrétiens ont copié". C'est irrationnel.
Revenons-en à la chronologie. Ce qui est attesté par la tradition, c'est que la fête de Noël a commencé à être fêtée dans les Gaules, alors qu'en Orient, c'était l'Épiphanie ou Théophanie qui était le centre d'intérêt spirituel de la période. C'est tardivement que les 2 fêtes ont été "échangées" entre Orient et Occident Orthodoxes. L'existence même de l'Épiphanie, non-liée au moindre "événement" païen, ruine là aussi les prétentions de "substitution" opérée par les Chrétiens "sur le dos des païens et reprenant à son compte ce qu'eux avaient comme fête." On ne peut pas séparer la réalité historique des faits spirituels. Avant Constantin-le-Grand, tout ce qui était Chrétien était interdit. Point final. Tout se passait clandestinement. Même après 313, tout n'a pas changé du jour au lendemain. Il faudra attendre la fin du 4ème siècle pour voir vraiment l'implantation de la vie Chrétienne au coeur même de la vie de l'empire. Et encore, à Rome, au milieu du siècle suivant, le Sénat sera encore largement païen. Mais plus de fêtes étatiques païennes. D'où les rancoeurs païennes.
Autre conséquence de cette suppression des fêtes païennes au niveau étatique, c'est que l'empereur pouvait officialiser les fêtes Chrétiennes existantes. Noël fêté auparavant dans les
cavernes et catacombes et maisons privées sortait sur la place publique. Pour "remplacer" quelque chose? Mais quoi, puisque toute fête païenne publique n'existait (heureusement) plus!! Lorsque la pèlerine Espagnole Égérie visita Jérusalem en 381, c'est face à un cycle liturgique complet qu'elle se retrouva. Cela n'aurait pas pu naître et se développer si vite de manière si complète. En 362, Julien l'Apostat régnait. En 20 ans seulement, avoir l'Église si bien organisée dans la vie publique, ce n'était possible QUE parce qu'auparavant, durant "l'Église des Catacombes", tout fonctionnait déjà, au moins en partie. Ce n'est que ma conviction personnelle, bien entendu.
On est un peu dur de la feuille..
les Anges ont du boulot pour nous faire entendre la bonne nouvelle...
L'article encyclopédique ci-dessous a quelques imprécisions, voire même des erreurs flagrantes et des contradictions. Il est cependant fort intéressant. Parmi les contradictions évidentes, parler d'une nouveauté pour fait du 4ème siècle et citer saint Cyprien de Carthage qui en parle déjà au milieu du siècle précédent. Ou, même au conditionnel, relier la "crèche" à s. François d'Assise alors qu'elle avait déjà cours en Palestine, à Bethléem, au 5ème siècle, c'est ne pas avoir sérieusement creusé le sujet, alors que justement certains des auteurs cités en parlent. Ou parler d'évolution du Baptême de celui des adultes vers celui des enfants, alors qu'il suffit de lire les catéchèses mystagogiques de l'époque pour voir que c'était chose courante, et c'était le cas depuis les Actes d'Apôtres - cfr Corneille "et toute sa maisonnée", le gardien de la prison de Pierre et Jean "et toute sa maisonnée", etc. Ou les affirmations infondées concernant la tradition scripturaire, qui avaient grand succès à l'époque de Loisy mais n'intéressent plus que les derniers survivants de sa vague sans lendemain. Ou confondre Marcionisme et Manichéisme, erreur grossière que ne commettrait pas un étudiant en première année de théologie, même non-Orthodoxe! Etc. On en trouvera encore plusieurs. Ce mélange d'exactitude, d'imprécisions et d'erreur est cependant "encyclopédique". Cela rappelle que "scientifique" ne veut pas nécessairement dire "vrai" ou "exact". Seul Dieu est vrai. Car seul le Christ EST Vérité. Et le Christ ne Se trouve pas dans l'encyclopédie, mais bien dans Son Église. Si vous cherchez à comprendre, vous y êtes bienvenus.
JM
Nativité du ChristMissel de Robert de Jumièges(Normandie, 10ème siècle)
Noël, en Anglais "Christmas", c'est-à-dire la Messe du Christ, est pour l'Église Chrétienne la fête de la Nativité de Jésus-Christ. L'histoire de cette fête est si intimement liée à celle de l'Épiphanie qu'il faut aussi lire l'article la concernant.
La plus ancienne partie de la tradition évangélique, représentée par Marc de même que par les documents primitifs autres que ceux de Marc présents dans les 1er et 3ème Évangiles, commence non pas par la naissance et enfance de jésus, mais par Son Baptême; et cet ordre de construction d'évangile est fidèlement reflété dans la chronologie de l'institution des fêtes. La grande église adopta Noël bien plus tard que l'Épiphanie; et avant le 5ème siècle, il n'y avait pas de consensus d'opinion générale sur la date du calendrier où fixer la fête, que ce soit le 6 janvier ou le 25 mars ou le 25 décembre.
La plus ancienne identification du 25 décembre avec la Nativité du Christ est un passage, d'autre part inconnu et probablement apocryphe, de Théophile d'Antioche (+ entre 171 et 183), conservé en latin par les centuriators de Magdebourd (i 3,118), rapportant que les Gaules soutenaient que puisqu'elles célébraient la naissance du Seigneur le 25 décembre, peut importe le jour de la semaine où cela tombait, elles avaient à célébrer Pâques le 25 mars, où venait alors la Résurrection.
La mention suivante du 25 décembre est chez Hippolyte (+ 202), dans son commentaire sur Daniel 4,23. Jésus, dit-il, était né à Bethléem le 25 décembre, un mercredi, la 42ème année du règne d'Augustus. Ce passage est probablement aussi interpolé. En tout cas, il ne mentionne
pas de fête, ni qu'une telle fête était en adéquation avec les idées orthodoxes de cette époque-là. Vers 245, Origène, dans sa 8ème homélie sur le Lévitique répudie comme péché la simple idée de célébrer l'anniversaire du Christ "comme s'Il était un roi pharaon." La première mention certaine du 25 décembre est chez un chroniqueur Latin, en 345, publiée pour la première fois en entier par Mommsen (1). Elle dit : "L'an 1 après le Christ, durant le consulat de César et Paulus, le Seigneur Jésus-Christ naquit le 25 décembre, un vendredi, et le 15ème jour de la nouvelle lune." A nouveau, nulle mention de la célébration festive de ce jour.
(1) Dans le "Abhandlungen der sudchsischen Akademie der Wissenschaften" (1850). Notez qu'en l'an 1, le 25 décembre était un dimanche, pas un vendredi.
Il y eut, cependant, nombre de spéculations au 2ème siècle à propos de la date précise de la naissance du Christ. Clément d'Alexandrie, vers la fin de sa vie, en mentionne plusieurs, et les condamne comme superstitions. Certains chroniqueurs, dit-il, affirmaient que la naissance avait eu lieu la 28ème année d'Augustus, le 25ème jour de Pachon, le mois égyptien, c'est-à-dire le 20 mai. C'étaient probablement des gnostiques Basilidiens. D'autres la placent au 24 ou 25 de Pharmuthi, c'est-à-dire le 19 ou le 20 avril. Clément lui-même la place au 17 novembre de l'An 3 avant Jésus-Christ. L'auteur du traité latin appelé "De Pascha computus", écrit en Afrique en 243, la place "par révélation divine", "ab ipso deo inspirati", au 28 mars. Il argumente en disant que le monde avait été créé parfait, les fleurs épanouies, et les arbres en fleurs, dès lors au printemps; et aussi à l'équinoxe, et lorsque c'était tout juste la nouvelle lune. La lune et le soleil avaient été créées un mercredi. Le 28 mars répondait à tous ces critères. Dès lors, le Christ, étant le Soleil de Justice, était né le 28 mars. Le même raisonnement symbolique avait amené Polycarpe (2) (+ avant 160) à placer la naissance un dimanche, lorsque la Création du monde avait commencé, mais Son Baptême un mercredi, car c'était analogue à la création du soleil.
(2) Dans un fragment préservé par un auteur Arménien, Ananias de Shirak.
Sur de telles bases, certains Latins aurait, dès aussi tôt que 354, transféré la naissance humaine du 6 janvier au 25 décembre, qui était alors une fête Mithraïque et à laquelle se réfère le chroniqueur précité, mais dans une autre partie de sa compilation, elle est appelée "Natalis invicti solis", ou naissance du Soleil invaincu. Cyprien (de orat. Dom. 35) (+ 258) appelle le Christ "Sol Verus" (véritable Solei), Ambroise L'appelle "Sol novas noster" (notre nouveau Soleil, Sermo 7,13), et une telle rhétorique était largement répandue. Les Syriens et les Arméniens, qui s'en tenaient au 6 janvier, accusaient les Romains d'adoration du soleil et d'idolâtrie, soutenant que fort probablement la fête du 25 décembre avait été inventée par les disciples de Cérinthe et ses péricopes par Artemon pour commémorer la naissance naturelle de Jésus. Jean Chrysostome atteste aussi que le 25 décembre avait été connu depuis le début en Occident, et même jusqu'en Thrace aussi loin que Gades. Ambroise, De Virginiis, 3, ch. 1, écrivant à sa soeur, laisse entendre qu'aussi loin que durant la papauté de Libère (352-356), la Nativité de la Vierge avait été fêtée ensemble avec les Noces de Cana et les Banquet des 4000 (Luc 9,13), qui n'étaient jamais fêtés un autre jour que le 6 janvier.
Chrysostome, dans un sermon prêché à Antioche le 20 décembre 386 (ou 388) dit que certains affirmaient que la fête du 25 décembre avait été célébrée en Occident, depuis la Thrace jusqu'aussi loin que Cadix, depuis le début. Elle a certainement ses origines en Occident, mais s'est rapidement répandue en Orient. En 353-361, elle était observée à la court de Constance. Basile de Césarée (+ 379) l'avait adoptée. Honorius, empereur d'Occident (395-423), informa sa mère et son frère Arcadius (395-408) en Byzantium de la manière dont la nouvelle fête avait lieu à Rome, séparée de celle du 6 janvier, avec son propre tropaire et stichère. Ils l'adoptèrent, et la recommandèrent à Chrysostome, qui y avait été depuis longtemps favorable. Épiphane de Crête y fut gagné, de même que 3 autres patriarches, Théophile d'Alexandrie, Jean de Jérusalem et Flavien d'Antioche. Cela eu lieu sous le pape de Rome Anastase (398-400). Jean ou Wahan de Nice, dans une lettre reproduite par Combefis dans son "Historia monothelitarum", rapporte les détails précités. La nouvelle fête fut communiquée par Proclus, patriarche de Constantinople (434-446), à Sahak, Catholicos d'Arménie, vers 440. La lettre fut dévoilée traîtreusement au roi des Perses, qui accusa Sahak d'intrigues avec les Grecs et le déposa. Cependant, les Arméniens, au moins ceux en territoire Byzantin, l'adoptèrent pendant une trentaine d'années, puis l'abandonnèrent en même temps que les décrets de Chalcédoine au début du 8ème siècle. Nombre d'auteurs de la période 375-450, p.ex. Épiphane, Cassien, Asterius, Basile, Chrysostome et Jérôme, font ressortir le contraste de la nouvelle fête avec celle du Baptême d'un côté, et de l'autre la naissance selon la chair, avec ce que nous déduisons comme étant par la suite considéré comme une naissance selon l'Esprit. Aussi instructif que de montrer que la nouvelle fête avait voyagé d'Occident vers l'Orient, c'est le fait (remarqué par Usener) qu'en 387, la nouvelle fête fut calculée d'après le calendrier Julien par les auteurs de la province d'Asie, qui se référaient pour les autres fêtes en utilisant leurs calendriers locaux. Aussi anciennement qu'en 400 à Rome, un rescrit impérial inclut Noël parmi les 3 fêtes (avec Pâques et Épiphanie) où les théâtres doivent être fermés. L'Épiphanie et Noël ne devinrent pas jours fériés officiels avant 534.
Pendant un certain nombre d'années en Occident (jusqu'en 353 à Rome), la fête de la naissance fut rattachée à la fête baptismale du 6 janvier, et à Jérusalem, elle la supplanta entre plus ou moins 360 et 440, lorsque l'évêque Juvénal introduisit la fête du 25 décembre. La nouvelle fête fut introduite à Alexandrie vers la même époque (440). La période de quadragésime de l'Épiphanie (c-à-d la fête de la présentation au Temple, ou hypapanthe) continua d'être célébrée à Jérusalem le 14 février, 40 jours après le 6 janvier, jusqu'au règne de Justinien. Dans la plupart des autres endroits, elle avait depuis longtemps été déplacée au 2 février pour accommoder avec la nouvelle fête de Noël. Les historiens Arméniens décrivent les émeutes, et la démonstration de force armée sans laquelle Justinien ne fut pas en mesure de transférer cette fête du 14 au 2 février.
Les bases sur lesquelles l'Église introduisit aussi tardivement que vers 350-440 une fête de Noël jusqu'alors inconnue, ou, si connue, reliée de manière précaire au Baptême, semblent avoir été principalement celles-ci :
1) la transition du Baptême des adultes vers celui des enfants s'accélérait en Orient, et en Occident pratiquement terminé. Son complément naturel était la reconnaissance festive du fait que l'élément divin était présent en Christ depuis le départ, et n'était pas une étape d'une promotion spirituelle uniquement contemporaine avec la descente du Saint Esprit sur Lui au Baptême. L'adoption générale du Baptême d'enfants aida à éteindre la vieille idée que la vie divine de Jésus remontait à son Baptême, un point de vue qui avait mené à ce que la fête de l'Épiphanie soit considérée comme la renaissance spirituelle de Jésus. Cet aspect de la fête était dès lors oublié, et son importance diminua à tous points de vue face à la fête nouvelle et rivale de Noël.
2) Le 4ème siècle fut témoin de la rapide diffusion de la propagande Marcionite, ou, comme elle était à présent appelée, Manichéenne, dont le dogme était que Jésus n'était soit pas né du tout, n'était qu'un fantôme, ou de toute façon n'avait pas pris chair de la Vierge Marie. La nouvelle fête de Noël était une protestation contre cette vue, puisqu'elle était particulièrement la fête de sa naissance dans la chair, ou en tant qu'homme, et c'est ainsi qu'elle est constamment décrite par les Pères qui ont témoigné de son institution.
En Grande-Bretagne, le 25 décembre était une fête longtemps avant la conversion au Christianisme, et Bède (De temp. rat. ch. 13) rapporte que "les anciens peuples des Angles commençaient l'année le 25 décembre, quand nous à présent célébrons la naissance du Seigneur; et cette même nuit qui nous est si sainte, ils l'appelaient dans leur langue modranecht (modra niht), c'est à dire "la nuit des mères", par une raison que nous soupçonnons du fait des cérémonies de vigiles qu'ils accomplissaient tout au long de cette nuit-là." Avec son habituelle réticence à propos du paganisme ou de ce qui n'est pas orthodoxe, Bède s'abstient de rapporter qui les mères étaient et quelles étaient les cérémonies. En 1644, les Puritains Anglais interdisèrent toute joie ou offices religieux par un Acte du Parlement, disant que c'était une fête païenne, et ordonnèrent d'y observer le jeûne. Charles II restaura la fête, mais les Scots s'en tirent aux vues des Puritains.
En dehors des pays Teutons, les cadeaux de Noël sont inconnus. A leur place, dans les pays Latins, on trouve les "strenae", les étrennes (en français dans le texte; ndt), données le 1er janvier. Dans l'Antiquité, c'était une grande fête, dès lors jusqu'à la fin du 4ème siècle, les Chrétiens observaient ce jour en deuil et jeûne. On dit que l'installation d'une crèche de Noël dans les églises Latines aurait son origine avec saint François.
Sources : K. A. H. Kellner, Heortologie (Freiburg im Br., 1906), with Bibliography; Hospinianus, De festis Christianorum ,(Genevae, 1574); Edw. Martene, De Antiquis Ecclesiae Ritibus, iii. 31 (Bassani, 1788); J. C. W. Augusti, Christi. Archdologie, vols. i. :and v. (Leipzig, 1817-1831); A. J. Binterim, Denkwiirdigkeiten, v. pt. i. p. 528 (Maim., 1825, &c.); Ernst Friedrich Wernsdorf, De originibus Solemnium Natalis Christi (Wittenberg, 1757, and in J. E. Volbeding, Thesaurus Commentationum, Lipsiae, 1847); Anton. Bynaeus, De Natali Jesu Christi (Amsterdam, 1689); Hermann Usener, Religionsgeschichtliche Untersuchungen (Bonn, 1889); Nik. Nilles, S.J., Kalendarium Manuale (Innsbruck, 1896); L. Duchesne, Origines du culte chretien (3 e ed., Paris, 1889). (F. C. C.)
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Oraison de la 4ème semaine d'Avent
Excita, Domine, potentiam tuam et veni, et magna nobis virtute succurre, ut per auxilium gratiae tuae quod nostra peccata praepediunt, indulgentia tuae propitiationis acceleret. Qui vivis.
Seigneur, déploie Ta puissance, et viens. Que Ta grande force nous secoure, pour qu'avec l'aide de Ta grâce, notre Salut, qui est retardé par nos péchés, soit hâté par Ta miséricordieuse bonté. Toi Qui vis.
in : Sacramentaire de Ratoldus de Corbie, anno 986
édition du texte critique, p.368-369, Henry Bradshaw Society
http://www.henrybradshawsociety.org/
Page 384 de l'édition HBS
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Ajout suite remarque d'un "fervent lecteur" :
on parle ici de la fête liturgique de Noël, pas de la Personne du Christ, de l'historicité des saints Évangiles, etc.
Pour ces points-là, par exemple, voir ici (page très brouillonne, je n'ai jamais pris le temps de la refaire, désolé)
Apologétique Bible (partie "Nouveau Testament")
Il faut aussi (re)lire, à tout prix, les Pères Apostoliques.
Vous trouverez ici de tout, Didachè, Ignace, Polycarpe, etc :
http://www.orthodoxievco.net/ecrits.htm
Saint Ignace d'Antioche, que l'on fêtait ce 20 décembre, a été contemporain d'une partie des faits. Saint Polycarpe et lui ont été disciples de l'Apôtre et Évangéliste saint Jean. Leurs écrits sont des témoignages de témoins directs. Ils ont VU et ils ont préféré se laisser massacrer plutôt que d'accepter de dire le contraire. Ils n'ont torturé personne pour qu'on les suive, ils n'ont menacé personne par des armes, n'ont soudoyé personne, au contraire de ce qu'on leur a fait pour tenter (en vain) de les faire changer d'avis. Ils sont vrais témoins. Certains leur reprocheront cependant le fait d'être Chrétiens et donc de ne pas être "témoins acceptables", puisque ne le sont que ceux qui pensent contre le Christ, dans notre Occident dégénéré.
Bueno. La page "apologétique Bible" citée ci-dessus indique les très nombreux témoignages hors du milieu Chrétien, témoignages d'époque, sur la solidité et l'historicité des faits. Que quelques détails matériels soient discordants, il y a diverses manières de le comprendre - à commencer par le fait que des gens d'une culture essentiellement orale se trouvaient tout d'un coup à devoir passer dans une culture écrite. Mais l'essentiel est "en béton."
Bonne et sainte fête de Noël!