"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

03 février 2007

P. Thomas Hopko : Mes yeux ont vu Ton Salut (l'Hypapante, clôture de la Pâques d'Hiver)

groups.google.fr/group/alt.religion.christian.east-orthodox/msg/997da40fd658e0e7Sainte Rencontre ou Purification de Marie, icone medievale anglaiseLorsque le vieux Siméon tint le Christ Enfant en ses bras lors de leur Rencontre dans le Temple le 40ème jour après la naissance de Jésus, il dit alors qu'il était prêt à mourir. Il pouvait partir en paix parce que ses yeux avaient vu le Seigneur Christ, le Salut que Dieu avait préparé depuis la fondation du monde et qui était à présent révélé en présence du peuple entier. D'après l'Évangile de saint Luc, Siméon entona un cantique en portant le Christ Enfant en ses bras, et bénit Dieu Son Père. Ce cantique est devenu une partie de la liturgie Orthodoxe, étant chanté chaque soir aux Vêpres.

Tu peux maintenant, Maître souverain, laisser Ton serviteur s'en aller en paix,
Selon Ta parole;
car mes yeux ont vu Ton Salut
Que Tu as préparé pour tous les peuples,
Lumière pour éclairer les nations,
Gloire de ton peuple Israël. (1)

Ces paroles du vieux Siméon sont placées sur les lèvres de tous les Chrétiens à la fin de chaque journée, qui est le début de chaque journée liturgique – car la Bible dit "il eut un soir, il y eut un matin, jour un" Genèse 1,5 – parce que tous ceux qui ont rencontré le Seigneur sont prêts à mourir, car leurs yeux ont contemplé le Salut du monde. Le vieux Siméon fut inspiré par le Saint Esprit, l'amenant à venir rencontrer l'Enfant Jésus dans le Temple. Il fut inspiré par le Saint Esprit, afin de savoir qu'il ne mourrait pas avant de L'avoir vu. Il fut inspiré afin de savoir Le reconnaître lors de Sa venue. Il fut inspiré pour Le proclamer en tant que Messie qui devait "causer la chute et le relèvement de beaucoup d'hommes en Israël, et devenir un signe qui provoquera la contradiction.... ainsi de bien des coeurs vont se dévoiler les pensées" (Luc 2,34-35). Et il fut inspiré afin de prédire les souffrances que Sa mère Marie aurait à endurer lorsqu'Il se retrouverait cloué sur la Croix, offrant Sa vie pour la vie du monde. Car telle est l'interprétation traditionnelle de ses paroles concernant l'épée qui allait transpercer l'âme de Marie (cfr Luc 2,35).

Siméon fut inspiré par l'Esprit de Dieu pour rencontrer Jésus-Christ; pour voir et pour rendre témoignage. Assurément, il vit des choses que d'autres n'auraient jamais pu voir, et de fait n'ont pas vues, bien que se trouvant dans la même situation. Car il était "juste et pieux, attendant la consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui" (Luc 2,25). Cependant, ce que Siméon vit, aussi inspiré était-il, c'est bien en dessous – au moins au plan humain – que ce que bien d'autres ont pu voir. C'est certainement moins que ce que nous-mêmes avons vu, nous qui vivons au 21ème siècle de l'ère Chrétienne. Nous qui vivons aujourd'hui dans l'Église du Christ, nous avons vu Jésus Enfant. Mais nous avons aussi vu le Christ devenu adulte. Nous n'avons pas seulement vu le Seigneur comme petit Enfant âgé de 40 jours. Mais nous avons appris l'Annonciation de l'Ange à la Vierge. On nous a donné à voir la face cachée de la manière miraculeuse dont Il est né. Nous avons observé Sa circoncision au 8ème jour, et Sa Rencontre dans le Temple avec Siméon et Anne au 40ème jour. Nous avons été présents au Jourdain et avons été témoins de Sa rencontre avec le Baptiste. Nous avons entendu le témoignage du Précurseur, l'ami de l'Époux qui était envoyé en avant pour préparer Son chemin. Nous avons été présents au Baptême, l'Épiphanie dans le Jourdain. Nous avons entendu la voix du Père et avons vu l'Esprit descendre et demeurer sur Lui, L'oignant en Son humanité pour être le Seigneur Christ, le Messie de Dieu, Qui est le Seigneur Lui-même en tant que Fils bien-aimé de Dieu. Nous L'avons suivi au désert pour être tentés par le démon. Nous avons entendu Ses paroles et vu Ses miracles. Nous avons été confrontés à Sa question : Que dites-vous que Je suis? Et nous avons répondu avec Pierre et tous les Apôtres : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! Et nous L'avons accompagné jusque Jérusalem. Nous avons mangé avec Lui dans la Chambre Haute, appréciant l'hospitalité du Maître, nos esprits en étant exaltés. Nous nous sommes retrouvés près de la Croix. Nous avons été à la tombe. Nous L'avons vu Ressuscité et glorifié. Il nous a soufflé dessus et nous avons reçu Son Esprit. Les langues de feu qu'Il est venu répandre sur terre ont été envoyées sur nous. Nous avons reçu l'onction par Son Esprit, été remplis de la puissance d'En Haut – ce même Esprit Qui inspira le vieillard Siméon afin qu'il sache qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu le Sauveur, l'Esprit qui l'avait guidé ce jour-là pour venir au Temple et l'avait poussé à chanter le cantique qu'à présent nous chantons tous les soirs de nos vies : Car mes yeux ont vu Ton Salut!

Nos yeux ont en effet vu le Salut de Dieu. Car nous avons vu le Christ. Et plus encore. Nous avons vu ceux qui ont vu le Christ. Nous avons vu Siméon et Anne, et avec eux, la Vierge Marie et Joseph. Nous avons vu le Précurseur Jean, avec tous les Apôtres. Nous avons vu leurs successeurs, de même que leurs prédécesseurs. Nous avons vu les trois jeunes hommes dans la fournaise à Babylone, et nous les avons contemplés alors qu'ils chantaient et dansaient dans les flammes. Nous avons vu et entendu la grande assemblée des ancêtres, et nous avons célébré leur mémoire dans l'allégresse. Nous avons observé les patriarches et prophètes qui nous ont annoncé la venue du Christ. Et lorsqu'Il est apparu, nous avons vu ceux qui L'ont rencontré et ceux qui L'ont reçu. Venant à la suite des Apôtres, nous avons vu les confesseurs et les martyrs, et avons chanté les louanges à leur sang versé en tant que semence de l'Église. Nous avons glorifié les saints de la Nouvelle Alliance, les pères et mères : Basile, Grégoire, Jean, Macrine, Nonna, Anthusa.. et les innombrables saints qui ont vu et aimé le Seigneur à travers les siècles, jusqu'au nôtre, avec parmi eux notre bien-aimé saint Germain d'Alaska et notre bien-aimé père Alexander [Schmemann; ndt]. Humainement parlant, nous avons vu bien plus que Siméon n'a vu ce jour-là dans le Temple; incomparablement plus! Malgré cela, il faut dire avec regret qu'avec les yeux de nos esprits, nous avons vu incomparablement moins. S'il en est ainsi, ce n'est pas la faute du Seigneur. Car Il a tout fait afin que nous puissions Le voir au sein de Son Église. Il a tout fait pour que les paroles de l'épître de saint Pierre dans les Saintes Écritures puissent nous être directement appliquées :

"Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ! Dans Sa grande miséricorde, Il nous a fait renaître par la Résurrection de Jésus Christ d'entre les morts, pour une espérance vivante, pour un héritage qui ne se peut corrompre, souiller ni flétrir, et qui vous est gardé dans les Cieux, à vous que la puissance de Dieu réserve, à cause de votre foi, pour le Salut qui est prêt à se manifester dans les derniers temps. C'est ce qui fait votre joie, malgré l'affliction passagère que diverses épreuves doivent encore vous causer, pour que l'épreuve que subit votre foi - plus précieuse que l'or périssable que l'on ne laisse pourtant pas d'éprouver au feu - tourne à votre louange, à votre honneur et à votre gloire, lorsque Jésus Christ se manifestera. Ce Jésus, vous L'aimez sans L'avoir vu; vous croyez en Lui sans Le voir encore, et c'est pour vous la source d'une joie ineffable et éclatante, car vous êtes assurés d'obtenir comme prix de votre foi le Salut de vos âmes" (1 Pierre 1,3-9).

Nous n'avons pas vu Jésus avec nos yeux humains; et nous ne Le voyons pas maintenant. Mais nous croyons en Lui et nous L'aimons et nous nous réjouissons en Lui d'une joie ineffable et éclatante. Nous Le contemplons avec les yeux de nos esprits lorsqu'inspirés par Son Esprit, chaque année, nous célébrons dans l'Église la Pâque d'Hiver de Sa Venue.

L'Ami de l'Homme,
Qui accomplit tout dans la Loi,
Est à présent introduit dans le Temple de Dieu.
Le vieillard Siméon Le reçoit dans ses vieux bras en criant :
Maintenant laisse-moi partir pour la vie éternelle,
Car aujourd'hui je Te vois revêtu de la chair mortelle,
Toi le Seigneur de la vie et le Maître de la mort.

Tu T'es manifesté, O Seigneur,
O Lumière de révélation aux Nations.
Tu es le Soleil de Justice,
Siégeant sur une nuée radieuse.
Tu as accomplis les ombres de la Loi.
La grâce du renouvellement commence à luire.
Lorsque Siméon Te reçus, il s'écria de joie :
Libère-moi maintenant de la corruption,
Car aujourd'hui je T'ai vu, mon Maître!

Aujourd'hui la sainte Mère qui est plus que tous les temples,
Entre dans le Temple de Dieu.
Elle révèle au monde Son Créateur,
Et le Donateur de la Loi.
Siméon le vieillard Le reçoit en ses bras.
Il L'adore et s'écrie :
Maintenant laisse Ton serviteur s'en aller en paix,
Car je T'ai vu, Toi, le Sauveur de nos âmes! (2)

(1) Luc 2,29-32. Utilisation liturgique orthodoxe.
(2) Vêpres du dernier jour de l'après-fête de la Rencontre du Seigneur dans le Temple.

(Extrait de "The Winter Pascha" par le protopresbytre Thomas Hopko, SVS Press, 1984)

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note : tous les événements cités ci-dessus par le p. Thomas Hopko, introduits par "nous avons vu", ont été présentés sur ce blogue, soit par ses commentaires à lui, extraits de ce même livre "the Winter Pascha", soit par d'autres (p. Schmemann, p. Men, etc). Voir menu sélectif dans la marge de gauche, entre avril 2006 et janvier 2007. En route pour le Grand Carême et la Pâque de l'éternel Printemps de l'Église du Christ!

Athènes-Moscou: Mgr Christodoulos soucieux pour la paix dans l'Orthodoxie

mgr Christodoulos d'Athenes et le patriarche Bartholomeos 1er de ConstantinopleL'acceptation de l'évêque Basile (Osborne) est une menace pour la paix inter-Orthodoxe – archevêque Christodoulos
http://www.interfax-religion.com/?act=news&div=2543


Moscou, 31 Janvier 2007, 16:21, Interfax – L'archevêque Christodoulos d'Athènes (Grèce) a déploré la décision de Constantinople d'accepter l'évêque Basile Osborne au sein de sa juridiction.

Dans une réponse au patriarche Alexis 2 de Moscou (Russie), il a exprimé qu'il regrettait l'émergence de menaces à la "coopération constructive entre les diasporas ethniques locales dans les efforts communs pour résoudre les problèmes pastoraux urgents."

L'archevêque a noté que cette situation est "lourde de danger avec cette violation de l'ordre dans l'Église et cause des troubles nuisibles en premier lieu à l'unité des saintes Églises Orthodoxes."

Il a aussi insisté sur l'engagement de l'Église Orthodoxe de Grèce "envers la tradition canonique établie par la longue pratique de l'Église."

Le primat de l'Église de Grèce croit que "rencontrer les besoins pastoraux urgents et empêchent qu'une situation de dangereuse discorde se développe dans la diaspora Orthodoxe pourrait être facilité par les propositions présentées par la Commission Préparatoire Inter-Orthodoxe pour le Saint et Grand Concile lors de ses rencontres en 1990 et 1993."

L'archevêque Christodoulos a cité la proposition suivante de la Commission : "Les Églises Orthodoxes s'engagent à éviter toute action qui pourrait affecter une résolution canonique du problème de la diaspora, y compris l'établissement de nouveaux diocèses dans la diaspora aux côtés d'autres déjà existants."

Malgré la proposition faite par la Commission Préparatoire Inter-Orthodoxe en 1993, l'Église de Constantinople a depuis lors établi les sièges suivants : Toronto 1996, Buenos Aires 1996, Hong Kong 1996, Panama 1996, Espagne et Portugal 2003, Corée 2004, rappelle le site internet officiel du Patriarcat de Moscou.

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"13. C'est pour cela que, déterminant la loi de la prière, Il ajoute : "Quand vous irez pour prier, pardonnez les griefs que vous pouvez avoir contre tel ou tel, afin que votre Père qui est aux Cieux vous pardonne aussi vos fautes" (Mc 11,25). Celui qui se présente au sacrifice avec un désaccord, Il l'écarte de l'Autel et lui ordonne de se réconcilier d'abord avec son frère, et alors seulement, la paix étant acquise, de revenir offrir à Dieu ses présents : Dieu détourna Sa Face des offrandes de Caïn, et Caïn ne pouvait trouver un Dieu apaisé, n'ayant pas lui-même, dans son coeur travaillé de jalousie, la paix avec son frère."
"De l'unité de l'Église"
Saint Cyprien, évêque de Carthage

Même si c'est un péché auquel quasiment tout Orthodoxe "actif" succombera tôt ou tard, on ne devrait jamais se mèler de ces disputes. Toutes ces histoires de juridiction sont un vrai sac d'embrouille, d'autant qu'hors du pays d'origine d'une Église dite "nationale", elle n'a canoniquement pas la moindre juridiction possible. Tout n'est que toléré par "économie", temporaire donc, et totalement non-canonique de toute manière. Et c'est bien entendu aussi vrai pour Constantinople, Chalcédoine ne lui donnant pas de juridiction hors de l'Asie Mineure.
La chute de Rome et la création d'une nouvelle religion à la place du patriarcat orthodoxe d'Occident, religion appelée "catholicisme romain", n'avait pas été prévue par les Pères. On s'attendait à tout sauf à ça. Qu'un pontife romain chute et soit excommunié, comme on l'a vu avec le 6ème Concile Oecuménique, c'est chose possible, si le restant tenait bon le cap, ce n'était pas trop important. Mais voilà, quand l'ensemble s'effondre...
Vivement le Concile pour régler tout ce souk une bonne fois pour toutes!

Voir aussi sur le sujet "Sourozh" :
Sourozh veut s'envoler pour Constantinople (05/2006)
http://stmaterne.blogspot.com/2006/05/sourozh-veut-senvoler-pour.html

Sourozh, test pour la catholicité de l'Église (06/2006)
http://stmaterne.blogspot.com/2006/06/sourozh-test-pour-la-catholicit-de.html

Hors de l'Église, on se réjouit de nos différents humains, sans bien entendu mettre en avant notre unité doctrinale et fidélité apostolique rigoureuse en la matière:
http://www.cwnews.com/news/viewstory.cfm?recnum=48975


mise à jour de 05h30 du matin (vive les insomnies! :-)
"Lettre du Saint Synode [de l'Eglise de Grèce] à sa sainteté Bartholomée Ier, concernant les communautés orthodoxes dans la diaspora"
http://www.orthodoxie.com/2007/02/lettre_du_saint.html

02 février 2007

Le jeûne du Grand Carême, explication du p. Thomas Hopko

groups.google.be/group/alt.religion.christian.east-orthodox/msg/614ede13bce49ee5Il est nécessaire de dire un mot à propos du jeûne durant le Grand Carême. En règle générale, le jeûne est un élément essentiel de la vie Chrétienne. Le Christ a jeûné et enseigné aux hommes à jeûner. Le jeûne béni est celui accompli en secret, sans ostentation et sans accuser autrui (Mt 6,16; Rom 14). Il a pour but la purification de nos vies, la libération de nos âmes et de nos corps du péché, le renforcement de nos forces humaines d'amour pour Dieu et le prochain, l'édification de tout notre être pour la communion avec la Bienheureuse Trinité.

Les règles Orthodoxes pour le jeûne du Grand Carême sont des règles monastiques. Aucune viande n'est permise après le Dimanche du Jugement Dernier, et ni oeufs et produits laitiers après le Dimanche du Pardon ou "des laitages". Ces règles ne sont pas là comme des règles pharisiennes, "des charges trop lourdes à porter" (Luc 11,46), mais comme un idéal qu'il faut s'efforcer d'atteindre; non comme une fin en elles-mêmes, mais comme un moyen de perfection spirituelle couronné dans l'amour. Les Offices du Grand Carême eux-mêmes nous le rappellent continuellement.

"Jeûnons d'une jeûne agréable au Seigneur. Voici le véritable jeûne : chasser le mal hors de soi, mettre un frein à sa langue, rejeter la colère, mettre un terme aux envies, aux conversations méchantes, aux mensonges et cesser de maudire. Arrêter tout cela, voilà le jeûne vrai et acceptable." (Vêpres du lundi de la première semaine)

Les Offices du Carême nous enseignent aussi ce point irréfutable : nous ne devrions pas nous enorgueillir par le jeûne externe, car le démon non plus ne mange jamais!

Le jeûne ascétique du Grand Carême dure du Dimanche du Jugement Dernier jusqu'au Dimanche de Pâques, et il n'est interrompu qu'après la Divine Liturgie Pascale. Connaissant le grand effort auquel ils sont appelés, les Chrétiens devraient accomplir tout effort possible pour jeûner du mieux qu'ils peuvent, en secret, de sorte que Dieu puisse les voir et les bénir ouvertement par une sainte vie. Chacun doit faire son possible à la lumière de l'idéal présenté.

En plus du jeûne ascétique de la période du Grand Carême, seuls par rapport aux autres Chrétiens, les Orthodoxes pratiquent aussi ce qu'on appelle le jeûne eucharistique ou liturgique. Ce jeûne ne fait pas référence à l'abstinence normale de préparation à la réception de la sainte Communion; il signifie jeûner de la sainte eucharistie elle-même.

Durant les jours de semaine pendant le Grand Carême, la Divine Liturgie eucharistique habituelle n'est pas célébrée dans les églises Orthodoxes du fait que la Divine Liturgie est toujours une célébration pascale de communion avec le Seigneur Ressuscité. Puisque la période du Grand Carême est celle de la préparation pour la Résurrection du Seigneur, préparation à travers le souvenir de notre péché et de notre séparation de Dieu, l'ordo liturgique de l'Église élimine les offices eucharistiques les jours de semaine de Carême. Au lieu de cela, les offices non-eucharistiques sont élargis avec des lectures scripturaires additionnelles et une hymnologie à caractère carémique. Cependant, afin que le fidèle ne soit pas entièrement privé de la Sainte Communion durant les jours de Carême, la Liturgie des Dons Présanctifiés est célébrée les mercredis et vendredis soirs.

Mais durant le Grand Carême, les samedis (jour du Shabath) et les dimanches (Jour du Seigneur) restent jours eucharistiques, et la Divine Liturgie est célébrée. Les samedis, c'est l'habituelle Liturgie selon saint Jean Chrysostome qui est célébrée, avec les prières pour les défunts prévues. Les dimanches, c'est la Liturgie selon saint Basile le Grand, plus longue.

L'enseignement bien connu disant que les samedis et dimanches ne sont jamais des jours de jeûne dans l'Église Orthodoxe, un problème accentué il y a plusieurs siècles lorsqu'éclata une controverse avec l'Église Catholique-Romaine, ne se réfère qu'au jeûne eucharistico-liturgique. Pendant le Grand Carême, même si le jeûne eucharistique est rompu les samedis et dimanches, le jeûne ascétique continue ces jours-là, puisque ce jeûne est un effort continu qui va du Dimanche du Jugement dernier jusqu'à Pâques elle-même.
Protopresbytre Thomas Hopko

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En la fête de saint Colomban de Gent (Gand), un des saints patrons de la Belgique

Jeûne dans la tradition orthodoxe occidentale :
A. Bénédictins Orthodoxes :
stmaterne.blogspot.com/2006/06/bndictins-orthodoxes-erhf-jeune-et.html

B. Antiochiens AWRV :
stmaterne.blogspot.com/2006/06/orthodoxie-occidentaleantioche-jeune.html

C. EORHF :
stmaterne.blogspot.com/2006/06/orthodoxie-occidentaleerhf-jeune-et.html

Jeûner et déjeuner, maladie et jeûne eucharistique
stmaterne.blogspot.com/2006/08/jeuner-et-dejeuner-maladie-et-jeune.html

Jeûne et liberté, méditation d'un hiéromoine de Roumanie
http://stmaterne.blogspot.com/2006/08/jene-et-libert.html

Note : quantités d'articles sur le jeûne ont été publiés sur ce blogue durant la période du jeûne de la Nativité, entre 15 novembre et 23 décembre 2006, vous les retrouverez via le menu dans la marge de gauche, soit via les archives des mois concernés (pages fort lourdes à charger!), soit via les menus sélectifs par semestre.

nb : blogger.com vient de me FORCER à passer à la nouvelle version de l'interface. J'espère que cela n'entraînera aucun inconvénient pour les visiteurs...

P. Thomas Hopko: La Rencontre du Seigneur dans le Temple (Hypapante, Chandeleur)

groups.google.fr/group/alt.religion.christian.east-orthodox/msg/d94e11ba3459e61cLa période Noël – Épiphanie arrive à son terme avec la fête de la Rencontre du Seigneur dans le Temple, le 2ème jour de février, 40 jours après la fête de la nativité du Sauveur. Comme la plupart des fêtes majeures de l'Église, la fête de la Rencontre du Seigneur comporte 8 jours de célébration d'après-fête. La conclusion de cette fête clôture le cycle liturgique qui avait commencé avec le début du jeûne de la Nativité. D'après l'Évangile de saint Luc, Jésus a été amené au Temple le 40ème jour après Sa naissance, en obéissance à la Loi Mosaïque que Lui, en tant que Messie, venait amener à son accomplissement.

"Lorsque les jours de la purification furent accomplis, selon la Loi de Moïse, ils Le portèrent à Jérusalem pour Le présenter au Seigneur, suivant ce qui est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout premier-né mâle sera consacré au Seigneur (Ex. 13,2), et pour offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : une paire de tourterelles ou deux pigeonneaux" (Luc 2,22-24).

La Liturgie de l'Église est limpide sur pourquoi cet acte de soumission à la Loi de Moïse fut accomplit. Nous l'avons déjà vu dans l'acte de circoncision de Jésus. Le Seigneur avait à accomplir toutes choses selon la Loi de Dieu de sorte qu'en Lui, la Loi puisse être réellement accomplie en tous ses détails, et que cet accomplissement puissent être donné à tous ceux qui L'accepteraient Lui.

Aujourd'hui Celui Qui autrefois avait donné la Loi à Moïse sur le Mont Sinaï
Se soumet Lui-même aux prescriptions de la Loi,
Devenant dans Sa compassion ce que nous sommes, par amour pour nous.
A présent le Dieu de pureté en tant que saint Enfant a ouvert le pur sein,
Et en tant que Dieu est apporté en offrande à Lui-même,
Nous libérant de la malédiction de la Loi,
Et accordant la Lumière à nos âmes. (1)
icone a colorier de la fete de la Sainte Rencontre ou Hypapante ou Chandeleur, 2 fevrier

Lorsque le Seigneur Jésus est amené par Ses parents au Temple, Il y est accueilli par le vieillard Siméon et la vieille Anne. C'est de cette rencontre dans le Temple que la fête tire son nom dans l'Église Orthodoxe (2). Cette rencontre est pleine de signification spirituelle et théologique; elle nous dit que ce qui était Ancien est passé et ce qui est Nouveau est arrivé. Elle nous raconte que les deux Alliances se rencontrent à présent : Israël a accomplit sa tâche donnée par Dieu en donnant naissance au Messie. Les promesses faites à Abraham au commencement de l'appel de la nation se sont à présent accomplies. La gloire d'Israël s'est levée en la Personne du Christ, Qui est à présent accueilli dans le monde en tant que "Lumière de révélation pour les Nations." En lui, le monde entier est illuminé et sauvé. Le Nouveau Testament [Nouvelle Alliance; ndt] est arrivé. La communauté de l'Alliance finale de Dieu est établie sur terre. Dans la semence d'Abraham, toutes les familles du monde ont été bénies. Le vieil homme et la vieille femme qui rencontrent Jésus dans le Temple et Le reconnaissent comme Celui Qui symbolise dans leur vieillesse la fin des anciennes coutumes et lois, des anciens rituels qui n'étaient "que l'ombre des richesses à venir, et non la réalité elle-même" (Héb. 10,1). Car, comme l'a dit ailleurs l'Apôtre Paul, les anciennes Lois n'étaient "que l'ombre de ce qui était à venir, mais la substance appartient au Christ" Qui a amené le monde entier à devenir une "nouvelle Création" (Col 2,17, 1 Cor 5,17, Gal 6,15).

"Or il y avait à Jérusalem un homme appelé Siméon. Il était juste et pieux; il attendait la consolation d'Israël, et l'Esprit-Saint était en lui. Il lui avait été révélé par l'Esprit-Saint qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu le Christ du Seigneur. Poussé par l'Esprit, il vint donc au temple et, quand les parents apportèrent l'Enfant Jésus pour accomplir à Son égard les prescriptions de la Loi, il Le prit dans ses bras et bénit Dieu en ces termes: "Tu peux maintenant, Maître Souverain, laisser Ton serviteur s'en aller en paix, selon Ta parole; car mes yeux ont vu Ton Salut que Tu as préparé pour tous les peuples, Lumière pour éclairer les nations, gloire de Ton peuple Israël." [..]
Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser; elle était fort avancée en âge. Après sa vie de jeune fille, elle avait vécu 7 ans avec son mari; restée veuve et parvenue à l'âge de 84 ans, elle ne quittait pas le Temple, et servait Dieu nuit et jour dans le jeûne et la prière. Elle survint à ce moment et se mit à louer Dieu et à parler de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem." (Luc 2,25-38)

Les lectures de l'Ancien Testament pour la fête de la Rencontre nous expliquent comment les enfants nés dans le peuple d'Israël, mâles et femelles, avaient à être offerts au Temple avec des sacrifices et prières. Elles nous expliquent aussi comment le prophète Isaïe avait vu le Seigneur dans une vision, sur un trône dans le Temple de Jérusalem, et prophétisé que ce même Seigneur serait adoré par rien de moins que les Égyptiens, le symbole même des païens hostiles qui s'opposaient violemment au peuple d'Israël et à leur Dieu. (3)

"En ce temps-là, il y aura un Autel élevé au Seigneur en pleine Égypte, et sur ses frontières, une stèle dédiée au Seigneur. Ils serviront de monument et de témoin au Seigneur dans le pays d'Égypte. Quand, maltraités par des oppresseurs, ils invoqueront le Seigneur, Il leur enverra un Sauveur, un champion qui les délivrera. Le Seigneur Se fera connaître des Égyptiens, les Égyptiens connaîtront le Seigneur, en ce temps-là, et Lui offriront des sacrifices et des oblations; ils feront des voeux au Seigneur et les accompliront" (Isaïe 19,19-21).

Non seulement l'Égypte, mais le monde entier a reçu un Sauveur en la Personne du Messie du Seigneur; le Messie Qui est Lui-même le Seigneur incarné dans la chair humaine. C'est l'incroyable proclamation de la Rencontre du Seigneur dans le Temple. C'est la raison de la grande célébration qui conclut la Pâques d'Hiver.

Celui Qui est porté par les chérubins dans les Cieux,
Et loué dans les hymnes par les séraphins,
Est aujourd'hui amené au Temple en accord avec la Loi.
Il repose dans les bras du vieillard comme sur un trône.
Il reçoit de Joseph les dons qui conviennent à Dieu :
Une paire de colombes qui symbolise l'Église sans tache
Et le peuple nouvellement élu parmi les Nations,
Et deux jeunes pigeons, car Celui Qui est présenté est la source des deux Alliances, l'Ancienne et la Nouvelle.
Siméon s'est vu maintenant accorder l'accomplissement des prophéties le concernant,
Et il bénit Marie, la Vierge et Mère de Dieu,
Prédisant de manière imagée la Passion de son Fils.
De Lui, il supplie d'être libéré de cette vie, s'écriant :
Maintenant laisse-moi partir en paix, Ô Maître,
Comme Tu me l'as promis,
Car j'ai vu la Lumière pré-éternelle! (4)

Réjouis-toi, comblée de Grâce,
Vierge Mère de Dieu,
De toi S'est levé le Soleil de Justice,
Le Christ notre Dieu,
Illuminant ceux qui sont dans les ténèbres!
Réjouis-toi aussi juste vieillard,
Qui a reçu dans tes bras le Libérateur de nos âmes,
Celui Qui nous accorde la Résurrection! (5)

(1) Vêpres de la fête.
(2) Dans l'Occident Chrétien, cette fête était appelée la Purification de Marie.
(3) Lectures de l'Ancien Testament en Exode, Lévitique et Nombres.
(4) Vêpres de la fête.
(5) Tropaire de la fête.

(Extrait de "The Winter Pascha" par le protopresbytre Thomas Hopko, SVS Press, 1984)

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Méditation du père Lev Gillet sur la fête de la Sainte Rencontre :
http://ndjasg.club.fr/textes/feteRencontre.html

Lectures liturgiques sur la fête :
http://www.pagesorthodoxes.net/fetes/presentation1.htm

Notes de la catéchèse Orthodoxe sur la fête :
http://catecheseorthodoxe.free.fr/Fiches/fetesmariales.htm

01 février 2007

Sainte Brigitte, la Marie des Gaëls

croix de sainte Brigitte de Kildare
Les premiers Douze Apôtres pré-Patriciens en Irlande, puis saint Patrick, puis sa génération de saints, y ont labouré les champs du Seigneur. Ils y ont déraciné quantité de vieilles peurs ancestrales, et amené la Bonne Nouvelle au peuple : non, il ne fallait pas redouter toutes ces horreurs, et Dieu nous aime. Ils ont donc fait le "gros oeuvre" si vous voulez.
Puis vint sainte Brigitte. Elle rayonna au delà du commun. Elle a vraiment "enfanté" l'Irlande
à la Foi, et "enfanté le Christ" à l'Irlande. Et ce faisant, on l'appelle à juste titre la "Marie des Gaëls." Après elle, l'Irlande s'appelera à juste titre "l'île des Saints", tant y sera féconde la sainteté Chrétienne la plus lumineuse. Et ce titre de "Marie des Gaëls" n'est pas étranger à l'Orthodoxie orientale, voyez le Synaxaire en ligne de l'OCA.

Cette grande amie du Ciel que nos Pères dans la Foi, les 3 frères saints Feuillen, Ultan et Fursy nous ont amenée en Belgique, sainte Brigite de Kildare, la "Marie des Gaëls", est aussi fêtée ce jour - de même que nous fêtons saint Eubert, successeur de saint Piat au siège épiscopal de Tournai (+ 294). Un fête depuis les temps Chrétiens immémoriaux, du temps où tous ici nous étions Orthodoxes et où les saints pulullaient. On s'y remet?

 
2 riches articles en français sur sainte Brigitte, avec iconographie et hymnographie :
http://www.amdg.be/sankt/fev02.html#CELT
http://www.amdg.be/sankt/brigitte.html


Ni bu Sanct Brigid suanachNi bu huarach im sheire Dé,Sech ni chiuir ni cossensInd nóeb dibad bethath che.

Sainte Brigite ne s'abandonnait pas au sommeil, 

N'était pas peu appliquée à l'amour de Dieu; 
Non seulement elle n'acquit pas, mais elle ne rechercha pas 
Les richesses de ce monde ici bas, la sainte.

Saint Broggan Cloen (+ 17.9.650), Thesaurus Palaeohibernicus
(Il est mentionné dans le Martyrologe d'Oengus, comme abbé de Rosstuirc, et est probablement identique à l'abbé Brochanus mentionné dans la Vie de saint Abban. C'est lui qui aurait écrit la plus ancienne hymne encore existante sur sainte Brigitte et on le fête le 17 septembre.)

"L'Errach ou printemps commençait le 1er février. Ce jour était appelé oimelc, imolg, ou imbulc: La première forme, oimele, est donnée dans le Glossaire de Cormac (p. 127, "oi"), comme dérivant de "oi", mouton, et melc ou melg, lait : "oi-melg", "agnelle-lait", "car c'est le moment où vient le lait aux brebis." Ce "oimelc" est le premier février que nous connaissons de par le Peter O'Connell's Dictionary, où "oimelc" est identifié avec Fed Brighde (jour de la Sainte Brigitte), qui a été, et est encore et toujours, le nom irlandais pour le premier février, dans toute l'Irlande."
Joyce, Social History of Ireland, Vol. II, p. 388

"Que la protection de Dieu et de Columba couvre tes allées et venues, et que sois auprès de toi la fermière aux lisses palmes blanches, Brigitte des nuées, aux cheveux bruns et dorés."
Ancienne bénédiction prononcée sur les troupeaux dans les îles en Écosse


Un don d'hospitalité – sainte Brigitte,
abbesse de Kildare
carte du Comte de Kildare, Irlande













icone sainte Trinite, texte en francaisLa vie de sainte Brigitte d'Irlande nous offre une nouvelle vision de la vertu d'hospitalité, le don joyeux et généreux de nourriture et d'abri. Nous savons que cette vertu est louée à travers les saintes Écritures. L'hospitalité d'Abraham aux 3 jeunes hommes venus le visiter fut révélée comme étant offert à rien de moins que les Trois Personnes de la Sainte Trinité. En fait, c'est sous la forme de ces 3 jeunes visiteurs que la Sainte Trinité est le plus souvent représentée dans l'iconographie. Notre Seigneur Jésus-Christ nous a commandé d'offrir l'hospitalité lorsqu'Il a dit :

"Car J'avais faim, et vous M'avez donné à manger,J'avais soif, et vous M'avez donné à boire,J'étais étranger, et vous M'avez accueilli.."
(Matt. 26,35-40)

Bien sûr, la loi de la nature aussi nous exhorte à nous occuper généreusement du voyageur qui n'a nul endroit où poser sa tête, et c'est ainsi que l'hospitalité, même sans l'amour pour le Christ, est devenue une importante facette pour une culture civilisée. Dans l'Irlande pré-Chrétienne, tout homme libre était requis par la loi séculière de fournir hospitalité à quiconque de sa classe ou d'une classe inférieure lui en faisait la demande. Le genre et la qualité de nourriture et d'abri qu'il était obligé d'offrir variait selon la classe à laquelle appartenait son hôte, mais on attendait de lui qu'il s'occupe bien tant des nobles que des gens de basse extraction, sinon il se retrouvait soumis à de lourdes amendes de même qu'à un ostracisme social. Sainte Brigitte a prit cette obligation légale et sociale pour son peuple et, y infusant l'amour du Christ, la transforma en une sainte règle et un art de grande piété.
Brigitte naquit à Faughart dans le Comté de Down en 542, moins de 50 ans après le début des vastes efforts missionnaires de saint Patrick parmi les Irlandais. A l'époque de sa naissance, la Foi commençait seulement à grandir dans les coeurs des Irlandais. Mais à la fin de sa vie, et en partie grâce à ses efforts, son pays allait devenir la sainte Irlande, la terre des saints et des érudits, une terre de monastères d'où des missionnaires partiraient pour toute l'Europe et au-delà.

Comme pour s'assurer qu'elle saurait comprendre et prendre soin de tout le monde, quelle que soit le milieu et la classe sociale d'origine, Brigitte est née fille d'un roi et d'une esclave. Son père était Dubtach, un chef païen, et sa mère, Chrétienne, en était l'esclave. Brigitte fut élevée de la sorte comme servante et Chrétienne, comme sa mère. La femme de Dubtach, jalouse, le força à vendre la mère de Brigitte avant que cette dernière ne naisse, et c'est ainsi que Brigitte fut élevée dans la maisonnée du druide de Faughart. Ce druide avait un oncle Chrétien, qui reconnu et soutint la piété de la jeune Brigitte. Bien qu'elle eut souvent à souffrir, se trouvant dans le besoin, elle était douce tant envers les gens que les animaux, et en particulier envers les pauvres, à qui elle donnait tout ce que son humble situation lui permettait. Vers l'âge de 10 ans, elle décida de retourner à la maison paternelle, où elle vécu bien et où elle acquit une prestance, une noblesse de tenue qui, sans aucun doute, lui sera un grand atout dans sa future position de dirigeante, car les Irlandais de son époque, c'était un peuple très à cheval sur le statut social.

Cependant, la véritable noblesse de Brigitte se situait dans sa générosité. Dans la maison paternelle, elle choqua la maisonnée en distribuant aux pauvres la majeure partie de la nourriture qu'elle recevait. Par la suite, elle décida de retourner à la vie d'esclavage, afin d'aider sa mère qui était tombée malade. Reprenant le travail de sa mère à la laiterie, Brigitte divisait en 13 parts le beurre qu'elle barattait, une pour chacun des Apôtres et une plus grande pour notre Seigneur, qu'elle distribuait aux pauvres. Lorsque son maître, le druide, découvrit avec quelle générosité elle disposait de ses biens, il vint l'affronter à la laiterie. Elle l'accueillît, lui lava les pieds, et lui prépara à manger. Le druide ne découvrit rien de mal, mais décida cependant de mettre Brigitte à l'épreuve, et lui ordonna de remplir un grand bassin avec du beurre. Constatant qu'elle n'avait plus assez de beurre pour répondre à l'ordre de son maître – puisqu'elle en avait tant donné aux pauvres – Brigitte commença à prier :

O mon Prince 

Qui sait faire toutes ces choses, 
Bénis, Ô Dieu,
 Ma cuisine de Ta main droite : 
Ma cuisine, la cuisine du Dieu blanc.
 Une cuisine que mon Roi a bénie, 
Une cuisine qui avait du beurre. 
Fils de Marie, mon Ami, viens 
Bénir ma cuisine. 
Le Prince du monde entier étant aux abords,
Puissions-nous avoir l'abondance avec Lui. (1)

Et de l'abondance, c'est en effet ce qu'elle reçut. Par ses prières, le beurre se multiplia en une telle mesure que son maître le druide en fut amené à croire en Christ, à la vue du miracle. Il affranchit sa mère, et devint serviteur de Brigitte pour le restant de ses jours. Il couvrit aussi Brigitte de présents, y comprit le beurre et toutes ses vaches, mais elle avait prié pour l'abondance non pas pour elle-même, mais en faveur des autres. Dès lors, elle distribua sa propre richesse parmi les pauvres avec encore plus de largesse qu'elle n'avait distribué celle de son maître.
abbaye de sainte Brigitte de KildareEn fait, nombre d'événements dans la vie de Brigitte se produiront ainsi : elle sera bénie par l'abondance.. de sorte qu'elle pourra la distribuer. Il en fut de même avec la bénédiction de sa légendaire beauté. Brigitte était grande et d'allure royale, avec une peau fort claire et des cheveux dorés, une véritable beauté celtique. Dès lors, lorsque son père fut irrité par ce qu'il considérait une générosité irresponsable, avec la dispersion de ses biens, et qu'il décida de la marier, il n'eut aucune difficulté à lui trouver un bon parti. Mais Brigitte refusa non seulement le jeune poète que son père avait choisit pour elle, mais l'idée même du mariage, insistant qu'elle ne devait appartenir qu'à Dieu seul. Lorsque son père tenta de la marier de force, elle pria pour obtenir que son visage soit défiguré de sorte que nul homme ne veuille plus d'elle. Alors Dubtach accepta, et Brigitte fut tonsurée moniale vers l'âge de 20 ans, par Maël, évêque d'Armagh. Lorsqu'elle fut autorisée à se donner au Christ, son visage retrouva sa beauté antérieure.

A cette époque-là, il n'existait pas encore en Irlande de monastère pour femme, et seulement quelques uns pour hommes. Les femmes qui étaient consacrées comme moniales avaient à lutter pour vivre leur appel monastique tout en demeurant dans des maisons séculières. Mais Brigitte décida d'offrir à ces femmes un lieu de refuge et, l'année même de sa tonsure, en 470, elle rassembla 7 autres moniales et vint trouver le roi du lieu avec une requête pour obtenir un lopin de terre sur lequel bâtir un monastère. On raconte que face au refus, elle lui dit qu'elle se contenterait de ce que son manteau pourrait couvrir. Celui au Nom duquel Brigitte avait subvenu aux besoin des autres subvint à nouveau à ses besoins à elle, son manteau grandissant jusqu'à couvrir le Curragh, une grande étendue de terre ouverte et fertile que l'on peut encore voir de nos jours dans le Comté de Kildare. C'est là que Brigitte fonda le monastère de Kildare, le premier monastère féminin d'Irlande, qui devint un grand centre de piété, d'érudition, d'artisanat, et bien entendu, d'hospitalité.
La vertu d'hospitalité embrasée de l'amour du Christ était particulièrement importante pour sainte Brigitte en tant qu'abbesse de Kildare. Du 5ème au 9ème siècle en Irlande, les monastères ne seront pas seulement des lieux où hommes et femmes détourneront leurs coeurs du monde pour les tourner vers les choses de Dieu. Ce seront aussi des centres, des centres du coeur si vous voulez, tant pour la vie spirituelle que culturelle des gens pieux vivant dans le monde. L'antique Église Celtique n'était pas administrée sous la forme Romaine du diocèse, mais sous la forme orientale de la famille monastique ou paroisse. (Bien entendu, vu que le Grand Schisme n'avait pas encore eu lieu, toute la Chrétienté, tant occidentale qu'orientale, appartenait à l'Église Une, Sainte, Catholique et Orthodoxe). L'Église Celtique était une Église monastique. Les pays celtiques étaient parsemés de monastères, toujours plus au fur et à mesure que le Christianisme grandit, et ils étaient centres de commerce, d'érudition, et de vie culturelle, en même temps que de vie spirituelle. La personne qui dirigeait le monastère était abbé ou abbesse, avec parfois un évêque additionnel pour s'occuper des besoins sacramentels du peuple.

Du fait que ni villes ni hôtels n'existaient, ces monastères étaient des lieux d'étape importants pour les voyageurs. En fait, ils étaient habituellement situés à proximités ou le long de routes principales, et étaient dès lors des endroits appropriés pour se reposer (2). De même que dans une maison séculière, la cuisine ou foyer est le coeur du lieu, où la femme vertueuse offre chaleur et nourriture au travailleur fatigué ou au voyageur, ainsi le monastère était le coeur céleste ici bas, où hommes et femmes de Dieu recevaient leurs frères fatigués du monde, et les nourrissaient tant avec la nourriture des Cieux que les bonnes choses de la terre, au Nom du Christ. En anglais, les mots pour coeur et foyer sont presqu'identiques, "heart" et "hearth", provenant de leur racine saxonne "heort" et "heroth." Le foyer accueillant du monastère était vraiment le coeur de l'Irlande tant dans un sens spirituel que matériel. Et ainsi Mère Brigitte était à la fois moniale et laitière, à la fois abbesse et hôtesse, et de nos jours, elle est vénérée sous tous ces aspects.

De nos jours, on ne connaît plus que quelques détails au sujet du monastère de Kildare. Nous savons qu'il a commencé comme petite maison monastique uniquement pour femmes, mais que, dès lors que Brigitte s'en occupa activement, il s'agrandît rapidement et amplement. Bien vite il devint un grand
monastère double, avec hommes d'un côté et femmes de l'autre, et l'abbesse Brigitte demanda à un évêque, saint Conleth, d'y venir résider pour leur administrer les Sacrements. Saint Conleth était spécialisé dans la métallurgie, il en enseigna l'art aux moines, et Kildare devint réputé pour ses magnifiques calices, coffrets de Missels et autres objets sacramentels. De plus, on y produisit de magnifiques manuscrits enluminés et livres.

Tant les femmes que les hommes participaient au dur labeur manuel, s'occupant des vaches et des moutons, de la laiterie, et des cultures vivrières. Les femmes filaient et tissaient les tissus pour les simples habits monastiques de même que les délicats vêtements et draps d'Autel. L'abbesse Brigitte leur montrait l'exemple, s'occupant elle-même de vaches et moutons, barattant, filant et tissant. Son propre régime alimentaire était probablement très simple, ne consistant qu'en pain, produits laitiers, légumes, et à l'occasion du poisson; mais pour les hôtes, c'était une pratique établie que de préparer les mets les plus fins et les plus délicats qu'ils pouvaient leur trouver.

De notre connaissance des autres monastères de son époque, nous pouvons présumer que les moines et moniales de Kildare suivaient la prière des Heures, qui est se centrait sur le chant des Psaumes et qu'ils passaient non seulement beaucoup de temps à étudier les Saintes Écritures, mais aussi à approfondir la littérature en gaélique, latin et grec, de sorte que l'atmosphère ambiante dans laquelle se retrouvait un hôte était non seulement érudite et cultivée, mais aussi sainte.
abbaye de sainte Brigitte de KildareNous savons aussi quelque chose de Kildare, et par déduction, de Brigitte elle-même, de ce que son biographe du 7ème siècle, Cogitosus, a écrit à propos de l'église qu'elle y avait fait ériger. Il la décrit comme un bâtiment aux nombreuses fenêtres, de proportion généreuse, dont les murs étaient recouverts de magnifiques peintures (qui étaient plus que certainement des Icônes). Son iconostase était ornée de rideaux de lin; de délicats objets en or et en argent embellissaient aussi cette maison de Dieu. Une telle taille et d'aussi somptueuses décorations n'étaient pas du tout typiques des églises de cette période. Katherine Scherman, dans "The Flowering of Ireland" fait remarquer qu'aucune autre église ne pouvait s'y comparer, et suggère que sa taille et son ornementation étaient dues à la générosité et la ferveur bien dans la nature de Brigitte.

En plus des faits qui nous sont parvenus au sujet de sainte Brigitte et du monastère qu'elle a fondé, nous avons un riche étalage de pieuses légendes et traditions qui ont franchi les siècles, transmis par ceux qui l'aimaient et la vénéraient. Nombre de ces histoires rendent témoignage de la grandeur de coeur de Brigitte et de sa générosité. On rapporte par exemple comment 7 évêques étaient venus lui rendre visite à Kildare, et elle était honteuse de découvrir qu'elle n'avait plus de nourriture pour les recevoir. Lorsqu'elle pria avec ardeur, des Anges lui rendirent visite et firent que ses vaches donnent une 3ème fois plus du lait ce jour-là. Normalement, traire pour la 3ème fois n'aurait pas dû donner du lait, mais Brigitte obéit et commença à traire ses vaches, et les cruches débordèrent de lait, et elle en eut plus qu'assez pour ses hôtes.

Un splendide poème attribué à sainte Brigitte raconte ce qu'elle espérait le plus. S'il devait ne pas avoir été composé par la sainte, en tout cas, il a sûrement dû l'être par quelqu'un qui l'aimait beaucoup et connaissait bien sa nature:

Je souhaiterais un grand lac de bière pour le Roi des Rois; 

Je souhaiterais que la famille des Cieux en boive toute la vie et à jamais. 
Je souhaiterais avoir les gens des Cieux dans ma propre maison; 
Je souhaiterais que leur soit remis des coupes de paix. 
Je souhaiterais qu'ils aient la joie en la buvant; 
Je souhaiterais que Jésus soit parmi eux. 
Je souhaiterais les trois Marie au grand nom; 
Je souhaiterais les gens des Cieux partout à l'entour. 
Je souhaiterais être locataire du Prince; 
de sorte que si j'étais en problème, 
Il me donne une bonne bénédiction (3).

On rapporte que le Seigneur accordait à Brigitte tout ce qu'elle demandait, et qu'elle avait toujours désiré la même chose – "pourvoir aux besoins des pauvres, bannir toute détresse, et sauver toute personne dans le besoin" (4). Il semble bien que dans son amour pour son prochain, sainte Brigitte s'oubliait totalement elle-même, et permettait à l'aimante Providence de Dieu de s'occuper d'elle.
L'ancien Livre de Lismore rapporte que sainte Brigitte était "abstinente, elle était innocente, elle était priante, elle était patiente; elle était heureuse des Commandements de Dieu; elle était ferme, elle était aimante; elle était un coffre sacré pour conserver le corps du Christ et Son sang; elle était un temple de Dieu, son coeur et son esprit étaient un trône où reposait le Saint Esprit" (5). Assurément, un amour si fervent pour Dieu était la première cause et la force motrice de son amour pour les autres et de l'hospitalité Chrétienne qu'elle leur offrait. C'est ce qui fait la différence entre un philanthrope et un saint, car ce n'était pas seulement la nourriture, la boisson et le gîte que Brigitte offrait, mais aussi les bénédictions de Dieu à quiconque frappait à sa porte. Et, inversement, c'était Christ qu'elle voyait et aimait et servait en chacun. Dans une de ses citations, elle dit "c'est au Nom du Christ que je nourris les pauvres, car le Christ est dans le corps de tout pauvre" (6).

L'hospitalité de sainte Brigitte, don pour et de charité Chrétienne, offrait un si puissant exemple qu'elle est devenue la norme pour l'hospitalité du peuple Irlandais [*], qui se reflète dans cette "Rune" irlandaise de l'Hospitalité :

Hier soir j'ai vu un étranger arriver, 

J'ai servi de la nourriture dans la salle à manger,
j'ai servi à boire,
j'ai mis de la musique, 
et au Nom de la Tri-Unité,
Il m'a béni ainsi que ma maison 
mon troupeau et mes bien-aimés,
et l'alouette a dit dans son chant 
souvent, souvent, bien souvent,
le Christ vient déguisé en étranger, 
souvent, souvent, bien souvent,
 le Christ vient déguisé en étranger.

Puissions-nous suivre l'exemple de sainte Brigitte, et recevoir le Christ sous les oripeaux de l'étranger.

Sainte Brigitte, prie Dieu pour nous.

Mary Dugan Doss
Convertie à l'Orthodoxie, l'auteur est de descendance Irlandaise

Notes: 1. Lives of the Saints from the Book of Lismore, edited and translated by Whitley Stokes, in The Flowering of Ireland by Katherine Scherman; Boston and Toronto, Little, Brown and Company, 1981, p. 112.
2. Celtic Monasticism by Kathleen Highes and Ann Hamlin; New York, Seabury Press, 1981, pp. 14-15.
3. The Blessed Trinity of Ireland, collected by Lady Gregory; Gerrard's Cross, Colin Smythe, 1985; p. 14.
4. Ibid.
5. The Book of Lismore in Saints of the British Isles by A. Bond and N. Mabin; Bognor Regis, W. Sussex, New Horizon, 1979, p. 54.
6. The Blessed Trinity of Ireland, p. 10.

*-*-*-*-*-*-*
[*] ce que celle qui était à l'époque mon  épouse et moi-même avions pu constater et apprécier lors de notre pèlerinage de fête de 15 ans de mariage en 2005. Il n'y a qu'en Afrique que j'avais déjà rencontré tant de chaleur, et encore, il y manquait cette dimension, ce "saint Bridget touch" qui fait toute la différence.


Petite page avec quelques Icônes et enluminures rares :
http://stmaterne244.fotopic.net/


Icônes d'Aidan Hart, d'où provient cette Icône de sainte Brigitte
http://www.aidanharticons.com/western_orthodox_saints.html

P. Thomas Hopko : La Purification de Marie, qu'est-ce que cela signifie?


Dans l'Occident Chrétien, la fête de la Rencontre du Seigneur au Temple est appelée la Fête de la Purification de la Bienheureuse Vierge Marie. L'accent de la célébration n'est pas tant mis sur la rencontre entre le Christ Enfant et le vieux peuple qui vient Le rencontrer, mais plutôt sur le fait que la Mère de Jésus vient pour être purifiée.
Cet aspect de l'histoire évangélique n'est pas entièrement absent de la Liturgie de l'Église Orthodoxe [byzantine; ndt] mais il y est assurément vu comme d'importance secondaire. La loi biblique à propos de la purification d'une mère après avoir accouché est lue lors de l'Office, mais il n'est fait nulle mention dans les hymnes qui insisterait sur la pureté de la Vierge.

"Le Seigneur dit à Moïse : Dis aux Israélites : quand une femme enceinte mettra au monde un garçon, elle sera impure durant 7 jours, comme elle l'est au temps de ses règles. Le 8ème jour, on fera la circoncision de l'enfant. Puis elle passera 33 jours encore dans la retraite, à se purifier de son sang; elle ne touchera aucune chose sainte, et n'ira point au sanctuaire jusqu'à l'achèvement des jours de sa purification. Si elle met au monde une fille, elle sera impure durant 2 semaines comme aux jours de ses règles, et passera 70 jours dans la retraite, à se purifier de son sang. Lorsque ceux-ci seront accomplis, pour un fils ou pour une fille, elle présentera au prêtre, à l'entrée de la tente de réunion, un agneau de l'année en holocauste, et un pigeonneau ou une tourterelle en sacrifice pour le péché. Le prêtre les offrira au Seigneur et fera l'expiation pour elle, et elle sera purifiée du flux de son sang. Telle est la loi concernant la femme qui met au monde un garçon ou une fille. Si elle n'a pas le moyen de se procurer un agneau, elle prendra 2 tourterelles ou 2 pigeonneaux, l'un pour l'holocauste et l'autre pour le sacrifice pour le péché. Le prêtre fera pour elle l'expiation, et elle sera purifiée" (Lévitique 12,1-8).

Nous apprenons par la Liturgie de l'Église que Joseph et Marie étaient considérés comme étant pauvres, puisque n'ayant pu offrir l'agneau, mais seulement 2 tourterelles, comme on le voit sur les Icônes de la fête. L'Évangile de saint Luc ne fait nulle mention de la possibilité d'offrir un agneau. Bien que l'accent de la Liturgie soit mis sur la Rencontre, nous apprenons de même que Marie venait en fait pour la purification telle que requise par la Loi. Cela signifie que son sein avait été ouvert et que le Christ Enfant était né d'elle selon la manière dont tous les enfants naissent. En ce sens, bien que l'Église insiste que Marie est demeurée vierge à jamais, le seul miracle concernant la naissance du Seigneur est la conception virginale. Il n'y a nul enseignement d'aucune sorte de miracle au sujet de Sa naissance; certainement pas qu'Il naquit de Sa mère sans ouvrir son sein.
Mais demeure la question : qu'est-ce que ça signifie, que Marie est venue pour la "purification?" De toute évidence, cela ne peut pas signifier qu'il aurait pu y avoir le moindre péché lié à sa conception du Seigneur et pour Lui avoir donné naissance en tant qu'homme. Ce qui serait en particulier le cas s'il est automatiquement conclu que, pour ainsi dire, l'acte de reproduction sexuelle est toujours quelque part un péché. Car dans le cas de Marie, l'enseignement de l'Évangile et de l'Église est clair : Marie n'a pas eu d'acte d'union sexuelle. Sa conception, c'est sans avoir connu d'homme. Le Seigneur commence à croître en elle par la puissance du Saint Esprit. Alors, quelle pourrait être la signification de sa "purification?"

La réponse à cette question, qui se rapporte aussi à la coutume de l'Église de "réintroduire les femmes à l'église" le 40ème jour après avoir donné naissance, est indubitablement liée à la compréhension biblique de la "purification" (1). Les Écritures enseignent que tout le monde est pécheur de par sa simple appartenance à la race humaine. Cela ne signifie pas que chacun est personnellement coupable pour le "péché d'Adam", chose que la doctrine Orthodoxe rejette catégoriquement. Ni que chacun pèche nécessairement et inévitablement de manière personnelle, délibérée et consciente; ce que la Tradition de l'Église rejette assurément dans le cas de la Vierge Marie. Cela signifie en fait que toute la race humaine, en tant que communauté organique de personnes, obtient un résultat peu reluisant face à son appel [* ndt]

L'humanité entière est à côté de la bonne piste, et ne s'avance pas vers le but pour lequel elle a été créée, à savoir la perfection de la vie en communion avec Dieu. Elle est mortelle, mal dirigée, fragmentée et tombée. En termes modernes, elle est aliénée de son véritable être, et séparée de son véritable but. Et la Vierge Marie, comme tous les simples êtres humains, est prise dans cet état de chute et de mortalité par le simple fait qu'elle est simplement humaine.
De plus, les Écritures enseignent que tous les êtres humains, qui sont inévitablement pris dans l'état de chute de ce monde pécheur, ont besoin de "purification" lorsqu'ils viennent au contact direct avec Dieu, et en particulier lorsqu'ils sont les récipiendaires d'une action divine directe. Dieu est toujours à l'oeuvre en nos vies. Mais il y a des moment où Il agit directement, pour ainsi parler, et avec un but particulier. Ce sont les moments de la naissance et de la mort (et les moments où nous sommes en contact avec ces parties de notre être qui impliquent la vie et la mort, telles que le sang, les menstruations et le sperme). Ce sont aussi les moment du culte, tels que lorsque les prêtres rentrent dans le Lieu Saint, ou lorsqu'ils touchent les objets consacrés. Dès lors, selon la Loi Mosaïque, les simples êtres humains qui ont été en contact direct avec Dieu à travers Ses actions divines concrètes étaient requis d'offrir des signes de "purification" rituelle pour exprimer le fait qu'étant de simples mortels et victimes de péchés (pour ne pas dire pécheurs de leur propre volonté dans virtuellement tous les cas), ils avaient aussi été les objets de saintes actions de la part du Très Haut et Saint Dieu. Ceci est la compréhension appropriée de l'enseignement biblique et de la pratique de la "purification" rituelle, et il semble bien que c'est cela, et alors il devient clair pourquoi la Bienheureuse Vierge Marie, comme n'importe qui du peuple, vint pour être "purifiée", et pourquoi tous ceux qui suivent son exemple feront de même.
Elle ne vint pas parce qu'elle avait commis quelque chose de pécheur ou erroné; certainement pas en relation avec le fait qu'elle aie donné naissance au Sauveur. Elle est plutôt venue pour montrer qu'elle, n'étant qu'une simple mortelle et ayant besoin d'être sauvée comme tout le restant de la Création, avait été choisie pour être la plus active participante à l'action la plus sainte de Dieu jamais accomplie dans le monde : l'Incarnation du propre Fils de Dieu en tant qu'homme. Être requise de participer à une telle "purification" est un acte de la plus grande joie et action de grâce. C'est aussi un acte qui apporte la plus grande gloire et honneur à celle qui est "purifiée."

O Vierge Mère de Dieu, espoir de tous les Chrétiens!
Protège, préserve et sauve ceux qui espèrent en toi.
Nous les fidèles, nous avons vu la figure dans l'ombre de la Loi et dans les Écritures.
Tout enfant mâle qui ouvrait le sein maternel était saint pour Dieu.

Dès lors nous honorons le Fils premier-né du Père Inengendré,
Le Fils premier-né de la Mère Inépousée,
O Vierge Mère de Dieu, précieuse aide pour le monde!
Protège et garde-nous en tout péril et affliction.

Le peuple des temps anciens offrait une paire de colombe et deux jeunes pigeons.
A leur place le pieux Ancien et la Prophétesse inspirée,
Servaient et rendirent gloire à l'Enfant de la Vierge,
Le Fils Unique engendré du Père,
Et Il est amené au sein du temple de Dieu.

O Pure Vierge Mère! Ce qui s'est accompli en toi
Est au-delà de toute compréhension pour Anges et mortels.
Tu m'as accordé l'extrême grande joie de Ton Salut, O Christ!
Siméon s'écria : emporte Ton serviteur qui est fatigué dans l'ombre,
Et fais-en un nouveau prédicateur du mystère de la grâce,
Alors qu'il Te magnifie dans les louanges!

La Pure Colombe, la Mère Agnelle sans tache,
Introduit le Berger et Agneau dans le temple de Dieu.
Sainte Anne, sobre en esprit et vénérable en années,
Reconnaît le Maître ouvertement dans le Temple, librement et avec déférence,
Et elle proclame Marie comme Théotokos,
La magnifiant en présence de tous.

O Vierge Marie!
Illumine mon âme
Qui est gravement enténébrée par les passions de cette vie. (2)

(1) L'Église Orthodoxe pratique le rite de réintroduction de la femme à l'église après accouchement. Ce rite est habituellement accomplit le 40ème jour après la naissance du bébé, ou au moment où la femme reprend ses activités normales, en particulier la participation aux Offices à l'église et à la Sainte Communion. Bien que les prières de réintroduction insistent sur l'état pécheur de la mère et demandent qu'elle soit pardonnée et purifiée, ces demandes ne doivent jamais être comprises comme se référant à l'action de donner naissance, et encore moins à l'acte par lequel les enfants sont conçus. Saint Jean Chrysostome enseigne que ceux qui prétendent que l'acte sexuel de reproduction est un acte pécheur accusent Dieu de péché, puisqu'Il est créateur de l'acte. Saint Jean fait remarquer que l'acte sexuel n'est pécheur que lorsqu'il est erronément accompli, sans l'amour et la fidélité [présents] dans la communion du mariage. Voir Jean Chrysostome, homélie sur Tite, 2.
(2)

(Extrait de "The Winter Pascha" par le protopresbytre Thomas Hopko, SVS Press, 1984)
[*] Note de traduction "le péché" : le p. Thomas Hopko donne une définition du mot péché par rapport au terme anglais, "sin", et son étymologie, pour le lectorat anglophone. Il me semble que ce n'est pas traduisible tel quel, les équivalents français ayant d'autres racines étymologiques. Voici une petite tentative personnelle de décortiquer le problème de la notion de péché et de sa compréhension, dans le contexte ci-dessus. Je ne suis ni spécialiste ni universitaire; prenez donc l'explicatif comme venant non pas d'un saint théologien mais d'un .. pécheur..

a. en latin. Peccantia, peccatela, peccatio, peccator, peccatorius, peccatrix, sont dérivés du terme de base en latin, pecco, dérivés que l'on retrouve en premier lieu chez Tertullien (ou chez Lactance par la suite), qui leur donnera un sens CHRÉTIEN, sens qui se rapproche, me semble-t'il, d'une des multiples acceptions possibles du terme en français, à savoir trébucher, se tromper. Cette acception est d'ailleurs aussi un peu utilisée par Cicéron.
Mais l'acception plus usuelle dans la mentalité populaire est celle qui appartient à l'autre groupe : faute, mal, tort, action coupable, crime, erreur; c'est chez Cicéron, mais aussi Virgile et la plupart des auteurs latins. Les citations de ce second groupe sont toutes retrouvées hors Christianisme. Cela relève de notions juridiques, pas religieuses. Et c'est le problème de la polysémie des langues anciennes, problème qui rappelle le besoin capital de traduire AVEC l'Église, qui seule donne la bonne acception, qui sera la même pour tout même si le langage devait évoluer.
En latin Chrétien donc, la connotation morale n'est pas nécessairement présente, et la juridique est absente.

b. en grec. "Hamartia" est le mot majoritairement utilisé dans le Pentateuque pour traduire cette notion qui en hébreux comporte plusieurs termes. La racine "hamart" signifie "manquer le but", "se tromper". Bref... la signification que Tertullien prendra pour le terme latin. Par contre l'équivalent de l'hébreux "pèsha", c'est "adikia" ou "adikema", qui nomme un délit, une offense, un crime, une injustice.
Le véritable péché pour la Bible, la rupture de l'homme par rapport à Dieu, c'est la révolte et la rébellion contre Dieu, le refus de Sa toute-puissance. La législation du Pentateuque sanctionne surtout des transgressions contre des normes religieuses, on ne doit pas nécessairement y donner une autre connotation.
Pour la Bible Chrétienne et les premiers Pères Latins et les Pères Grecs jusqu'à nos jours, le péché n'est donc pas en rapport avec des notions juridiques; le monde latin fera fausse route par la suite, avec de graves conséquences quand une notion aussi importante que le péché se verra "judiciariser" - cfr la "satisfaction" morbide d'Anselme de Canterbury.
Je pense qu'il est donc très nuisible à la bonne compréhension des textes de faire l'économie de l'usage du vocabulaire de l'Église, au risque, souvent constaté dans les traductions, de se retrouver avec des contre-sens par rapport à l'enseignement immuable de l'Église, immuable au contraire du langage des peuples et nations.
JM

Dom Guéranger a publié un texte sur ladite fête, avec office "grégorien." Voir tout d'abord une importante remarque sur les textes de cette origine-là au milieu de la page dédiée à saint Antoine le Grand :
http://stmaterne.blogspot.com/2007/01/mon-anniversaire-et-celui-de-saint.html

Dom Guéranger, l'Année liturgique : Fête de la Purification de la Vierge Marie
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/noel/noel02/039.htm

IN HYPAPANTE DOMINI.
Aujourd'hui Siméon reçoit dans ses bras le Seigneur de gloire que Moïse, sous la nuée, contempla jadis sur le Sinaï visible, où Il lui donna la Loi. C'est le Seigneur Qui parle dans les Prophètes, l'Auteur de la Loi, c'est Lui qu'annonça David, c'est le Dieu terrible; et c'est aussi Celui Qui possède une grande et très riche miséricorde.

O trésor des siècles, vie universelle! Toi qui autrefois as gravé la Loi sur des tables au Sinaï, Tu T'es fait enfant, Tu T'es placé sous la Loi pour nous arracher tous à l'antique servitude de cette Loi; gloire à Ta miséricorde, ô Sauveur! Gloire à Ton règne; gloire à Ton divin conseil, ô seul Ami des hommes!

Marie, Mère de Dieu, pure de tout commerce humain, porte dans ses bras Celui Qui est assis sur les Chérubins comme sur un char, et Qui est célébré dans les cantiques des Séraphins, Celui Qui a pris chair en elle, le Législateur qui accomplit le précepte de la Loi; elle Le remet aux mains du prêtre vénérable par son grand âge. Siméon, portant ainsi la Vie, implorait la grâce de ne plus vivre : "Seigneur, disait-il, laisse-moi partir maintenant; laisse-moi annoncer à Adam que j'ai vu, sous les traits d'un Enfant, le Dieu immuable, Qui est avant les siècles, le Sauveur du monde."

Prosterné, et suivant en esprit les pas de la Vierge et Mère de Dieu, le vieillard disait : "C'est un feu que tu portes, ô très pure! Tu soutiens sur tes bras tremblants le Dieu de la Lumière sans couchant, le Seigneur de la paix."

"Isaïe est purifié par le Séraphin qui touche ses lèvres d'un charbon de feu, disait le vieillard à la Mère de Dieu; mais toi, en me donnant de tes mains, comme d'un instrument, ce feu, tu m'embrases par Celui que tu portes, et Qui est le Seigneur de la lumière éternelle et de la paix."

Hommes de bonne volonté, courons à la Mère de Dieu pour voir son Fils qu'elle conduit vers Siméon. C'est Celui que les Esprits célestes, dans leur étonnement, contemplent du haut du Ciel, disant : "Nous voyons en ce moment des choses merveilleuses qu'on n'eût pu croire, et qu'on ne saurait comprendre. Celui qui autrefois forma Adam est porté comme un enfant; Celui Qui ne connaît pas l'espace est déposé sur les bras d'un vieillard; Celui Qui habite au Sein ineffable du Père daigne connaître les limites dans la chair, Lui Qui n'en connaît pas dans Sa divinité : Il est l'unique Ami des hommes."

31 janvier 2007

La bénédiction des maisons, coutume remontant au Christ


C'est une antique coutume pour les Chrétiens que d'avoir leur maison bénie en relation avec la Fête de la Théophanie / Épiphanie (6 janvier), fête qui, chez les Orthodoxes, commémore en Orient le Baptême du Christ et en Occident la visite des 3 Mages auprès du Christ Enfant couché dans la mangeoire (cfr Mat. 2,11). On la pratique généralement pendant le mois de Janvier, après la Théophanie / Épiphanie, d'où parfois une "course contre la montre" pour les prêtres ayant une paroisse très répandue géographiquement parlant, comme c'est le cas chez nous.

L'idée de base, c'est que votre maison soit mise à part comme lieu d'hospitalité Chrétienne pour tous ceux qui y viendront en visite durant la nouvelle année qui s'ouvre. C'est en quelque sorte pour la mettre spirituellement en état, un peu comme pour dire "puissent ceux qui nous rendrons visite à la maison aussi trouver le Christ au milieu de nous."
L'idée de bénir la maison remonte au Christ Lui-même, lorsqu'Il donna instruction à Ses premiers disciples de dire en entrant dans une maison : "Paix à cette maison! S'il se trouve là un homme pacifique, la paix de votre souhait reposera sur lui; sinon, elle vous reviendra" (Luc 10,5).

De plus, si quelque grand mal y a été commis au cours de l'histoire de la maison que vous habitez (p. ex. sorcellerie, divination et tarots, spiritisme, cfr Deutéronome 18,10-12, voire meurtre, avortement, etc), alors il est assurément bon de faire bénir la maison. La tradition Orthodoxe orientale a diverses manières de pratiquer – je suis habitué à celle des Grecs mais une année c'est un prêtre Russe qui est venu chez nous, le prêtre habituel ne pouvant faire le déplacement. Il y a aussi bénédiction des maisons dans la tradition Orthodoxe occidentale (cfr Saint-Colman Prayer Book en usage EORHF, p.ex.)

Voici un témoignage d'une bénédiction de maison qui s'est déroulée en milieu Orthodoxe américain de tradition russe, suivi d'une liste de conseils pour préparer une bénédiction de maison. Rappelons en effet qu'il ne s'agit pas d'un "acte bureaucratique", qu'il "suffirait de payer le prêtre et qu'il fasse son travail" (d'autant que payer un prêtre, c'est de la simonie, un sale péché condamné par l'Église depuis les Actes d'Apôtres!), non, ce n'est rien de tout ça. En réalité, c'est un véritable Office à domicile, impliquant dès lors toute la famille.
JM
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Que Dieu bénisse notre nouvelle maison!
http://paradosis.blogspot.com/2004/01/god-bless-our-new-home-as-is-orthodox.html
Comme le veut la coutume Orthodoxe, la période qui suit la Théophanie (ou Épiphanie) est souvent occupée par le prêtre de paroisse à faire le tour des maisons de son troupeau, les "arrosant" (en même temps que les habitants) d'eau bénite. La bénédiction de maison est un moment que toute notre famille attend de voir arriver, et comme c'est la première qui aura lieu ici depuis que nous avons emménagé à Bothel, nous avons préparé "le grand menu." Nous avons entamé la journée dans la maison de proches amis et ensuite avons suivit vers 5 autres maisons (arrosant et bénissant en chemin), jusqu'à ce que pour finir, le grand convoi Orthodoxe arriva à notre maison. Que ça semblait cocasse de voir le père James s'extirper de sa voiture sur la route en face de ma maison, revêtu de sa soutane et étole.

Toute la foule se groupa dans ma modeste petite maison, pendant qu'avec ma famille nous avons entouré le prêtre à notre "coin Icône." Les prières ont commencé comme d'habitude, mais ont été continuées par la lecture d'un Psaume par moi-même (mais je ne me souviens plus duquel). Lorsque la foule entama le Tropaire de la Théophanie en ton russe, nous avons commencé notre marche dans la maison, pendant que notre aînée, Kelsey, se retrouvait "responsable du bol d'eau bénite." Le père James lui a dit qu'il la suivrait et qu'elle aurait à lui montrer le chemin. Splish! Splash! La maison a pris son bain!

Ensuite, de retour à notre coin-Icône, le prêtre a dit quelques prières complémentaires tout en procédant à l'onction d'huile sainte sur les 4 murs de la maison. J'ai fait la grimace – mais en gardant le silence – quand il a tracé la croix avec l'huile sur une partie de mur que je savais que j'aurais à abattre, mais j'ai par la suite avoué que je conserverais cette partie de mur et peut-être l'encadrerait et l'accrocherait sur le nouveau mur (sourire).

Pourquoi bénir les maisons... Mazette, je ne suis pas sûr que je comprend toute la théorie qui se trouve derrière ce geste, mais il se fait que... nous consacrons des objets. Tout ce que j'en sais à ce point, c'est qu'il y a une satisfaction concrète que je ressens en sachant que cela a été accompli. Et de plus, les murs ont cessé de saigner et les voix fortes hurlant "foutez le camp!" ont cessé.

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Se préparer pour la bénédiction de maison.

Un article d'Orthodox Family Life

En entrant dans le Jourdain, le Christ l'a sanctifié, et avec lui, toute la Création. La Création matérielle est redevenue "très bonne" comme elle l'était au commencement (Gen. 1,31).

Le signe central de la sanctification de toutes choses par Dieu à travers la fête de la Théophanie, c'est l'acte de bénédiction des maisons des fidèles Chrétiens. Le prêtre visite tous les membres de l'Église pour prier avec eux dans le lieu même où ils vivent, et d'en bénir le lieu avec l'eau bénite. Il demande à Dieu d'accorder miséricorde à cette maison, de la débarrasser de tout mal et de la remplir de toute bénédiction.

Dès lors, la maison elle-même, en même temps que toutes les personnes vivantes de la famille, est "remplie de la plénitude de Dieu."

Pour se préparer à la visite du prêtre pour bénir votre maison :
- Dressez une liste avec les prénoms de tous les membres de la famille pour lesquels vous souhaitez prier lorsque le prêtre arrivera, avec les vivants et les défunts dans une colonne séparée.
- Sur la table de votre salle à manger ou sur l'Autel familial, placez une bougie allumée, une Icône de la Théophanie ou du Christ, et un grand bol ou bassine (pour contenir l'eau bénite que le prêtre amènera). Veillez à ce que votre liste de prière s'y trouve aussi!
- Allumez la lumière dans chaque pièce, de sorte que le prêtre puisse voir où il va.
- Éteignez tout appareil de type téléviseur, radio, ordinateur.
- Attachez tout animal domestique qui pourrait sauter sur le prêtre ou sur la famille, ou "traîner dans les pieds" quand vous irez de pièce en pièce. (Les animaux aussi peuvent être bénis!)

Lorsque le prêtre arrive, tout le monde dans la maison devrait se rassembler autour de la table ou de l'Autel familial et participer au chant des litanies de réponse et aux tropaires.

Des enfants peuvent guider le prêtre dans la maison avec une bougie allumée, s'il le permet.

Compilé par Nichola Toda Krause

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25 articles d'Orthodox Family Life classés par sujet :
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Office de la Bénédiction des Maisons en Rite Byzantin et Office en Rite Orthodoxe Occidental; vivre dans une maison bénie; préparation de la maison pour la bénédiction :
http://stmaterne.blogspot.com/2008/01/thophaniepiphanie-et-bndiction-des.html


Traduit et publié en la fête de sainte Melangell, Mère du Désert de Grande-Bretagne