"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

17 février 2007

Le pardon et la joie du Grand Carême, homélie du p. Schmemann au séminaire Saint Vladimir

http://groups.google.be/group/alt.religion.christian.east-orthodox/msg/23c23b2d4f8fba80


Alors que nous allons entrer à nouveau dans le Grand Carême, je voudrais nous rappeler – à moi-même en premier, et à chacun d'entre vous, mes pères, frères et soeurs – ce verset que nous venons juste de chanter, une des stichères, et ce verset dit : "Commençons dans la joie le Carême et le jeûne."

Hier encore, nous commémorions Adam occupé à pleurer, à se lamenter aux portes du Paradis, et à présent quasiment toutes les lignes du Triode et des livres liturgiques du Grand Carême vont parler de repentance, reconnaissant quelles malheureuses vies de ténèbres nous menons, dans lesquelles nous sommes parfois immergés. Et cependant, personne n'arrivera à me prouver que la tonalité générale du Grand Carême n'est pas celle d'une immense joie! Non pas ce que nous appelons "joie" dans ce monde – non pas simplement quelque chose de divertissant, d'intéressant ou d'amusant, mais la plus profonde définition de la joie, cette joie dont le Christ disait : "nul ne vous l'enlèvera" (Jn 16,22). Pourquoi la joie? Quelle est cette joie?

Du fait de diverses influences, tant de gens en sont venus à penser le Carême comme une sorte d'inconvénient auto-infligé. Très souvent durant le Carême, nous entendons ce genre de conversation : "Qu'est-ce que tu laisse tomber pour le Carême?" - ça part des sucreries jusqu'à je ne sais trop quoi. Il règne cette idée que si nous souffrons suffisamment, si nous avons suffisamment faim, si nous essayons par toutes les sortes de moyens ascétiques, forts ou légers, de principalement "souffrir" et être "torturé", pour parler ainsi, cela nous aidera à "payer" pour notre absolution. Mais ça, ce n'est pas notre Foi Orthodoxe. Le Grand Carême n'est pas une punition. Le Carême n'est pas une sorte de douloureuse médecine qui n'aide que proportionnellement à la douleur causée.

Christ bras ouvert, dessin d'icone en noir et blancLE GRAND CARÊME EST UN DON! Le Carême est un don que Dieu nous fait, un don qui est admirable, merveilleux, un don que nous désirons. Certes, mais un don de quoi? Je dirais que c'est un don de l'essentiel – ce qui est essentiel et qui cependant souffre le plus en notre vie parce que nous menons une vie de confusion et dispersée, une vie qui nous cache sans cesse l'éternel, le glorieux, la signification divine de la vie, et nous enlève ce qui devrait nous "pousser", et, dès lors, corriger et remplir notre vie de joie. Et cet essentiel est l'action de grâce : accepter de Dieu cette merveilleuse vie, comme disait saint Pierre, "créée à partir du néant..", créée exclusivement par l'amour e Dieu, car il n'y a pas d'autre raison d'exister pour nous; aimé par Lui avant même que nous ne naissions, nous avons été emmenés en Sa merveilleuse Lumière. A présent nous vivons et nous oublions. Quand ai-je donc pensé à cela pour la dernière fois? Mais il y a bien tant de petites choses et affaires que je n'oublie pas, qui transforment toute ma vie en un vacarme vide, en une sorte de voyage sans but.

Le Carême me retourne, me rend cet essentiel – la couche essentielle de la vie. C'est essentiel parce que cela vient de Dieu; c'est essentiel parce que cela révèle Dieu. Le temps essentiel, parce qu'à nouveau le temps est un grand, très grand domaine de péché. Parce que le temps est le temps de quoi? De priorités. Et combien de fois nos priorités ne sont pas ce qu'elles devraient être? Cependant, en Carême, attendant, écoutant, chantant... vous verrez petit à petit ce qu'est ce temps - brisé, dévoyé, nous amenant à la mort et à rien d'autre, vide de sens. Vous verrez que ce temps redevient attente, devient quelque chose de précieux. Vous ne voudrez plus en retirer une seule minute de son but agréable à Dieu, d'accepter de lui Sa vie et de Lui restituer cette vie accompagnée de notre gratitude, notre sagesse, notre joie, notre accomplissement.

Après ce temps essentiel vient cette relation essentielle que nous avons avec tout en ce monde, une relation qui est si bien exprimée dans nos textes liturgiques par le mot respect. Si souvent, tout devient pour nous un objet "utile", quelque chose qui est bon à prendre, quelque chose qui m'appartient et sur laquelle j'ai "des droits." Tout devrait être comme Communion en mes mains. C'est ça, le respect dont je parle. C'est la découverte que Dieu, comme Pasternak disait autrefois, était ".. un grand Dieu de détails," et que rien en ce monde n'est étranger à ce divin respect. Dieu est respectueux, mais bien souvent nous ne le sommes pas.

Nous avons donc le temps essentiel, la relation essentielle à tout, empreinte de respect, et en dernier mais qui n'est pas la moindre des choses, la redécouverte de ce lien essentiel entre nous : la redécouverte que nous appartenons les uns aux autres, la redécouverte que nul n'est entré en ma vie ou votre vie sans la volonté de Dieu. Et avec cette redécouverte, il y a partout un appel à faire quelque chose pour Dieu: à aider, à réconforter, à transformer, à prendre avec vous, avec chacun d'entre vous, ce frère et cette soeur du Christ. C'est la relation essentielle.

Temps essentiel, matière essentielle, pensée essentielle : tout est si différent de ce que le monde nous offre. Dans le monde, tout est fortuit. Si vous ne savez pas comment "tuer" le temps, notre société est résolument ingénieuse pour vous aider à y parvenir. Nous tuons le temps, nous tuons le respect, nous transformons les communications, les relations, les mots, les paroles divines, en des blagues et des blasphèmes, et parfois en simple non-sens. Il y a une faim et une soif de vide, rien que de succès apparent.

Ne comprenons-nous pas, ne comprenons-nous pas, frères et soeurs, quelle puissance nous est donnée sous la forme du Carême? Le Carême du Printemps! Le début du Carême! La Résurrection de Carême! Et tout cela nous est donné gratuitement. Venez, écoutez cette prière. Faites-là vôtre! N'essayez pas d'y réfléchir par vous-même; venez seulement, entrez et réjouissez-vous! Et cette joie commencera à tuer ces péchés, vieux et douloureux et lassants.. Et avec ça, vous aurez cette grande joie que les Anges ont entendue, que les disciples ont expérimentée lorsqu'ils sont revenus à Jérusalem après l'Ascension du Christ. C'est cette joie qui leur avait été laissée que nous adoptons généreusement. C'est tout d'abord la joie de savoir, la joie d'avoir quelque chose en moi qui, que je le veuille ou non, va commencer à transformer la vie en moi et autour de moi.

Ce dernier essentiel, c'est l'essentiel retour à chacun : c'est ici là que nous commençons ce soir. C'est ce que nous sommes occupés à faire en ce moment. Car si nous devions penser aux véritables péchés que nous avons commis, nous dirions qu'une des choses les plus importantes c'est exactement le style et la tonalité que nous adoptons les uns envers les autres : se plaignant et critiquant. Je ne pense pas qu'il y a des cas de grande haine destructive ou d'assassinat, ou quelque chose du genre. C'est juste que nous existons comme si nous étions totalement étrangers à la vie les uns des autres, hors des intérêts des autres, hors de l'amour des autres. Si on n'a pas réparé cette relation, il n'y a pas de possibilité d'entrer dans le Carême. Le péché – que nous l'appelions "originel" ou "primordial" – a rompu l'unité de la vie en ce monde, il a rompu le temps, et le temps est devenu ce courant fragmenté qui nous amène à la vieillesse et à la mort. Il a rompu nos relations sociales, il a rompu les familles. Tous est "diabolos" – divisé et détruit. Mais le Christ est venu en ce monde et a dit : ".. et Moi, quand Je serai élevé de terre, J'attirerai à Moi toute l'humanité" (Jn 12,32).

Il m'est impossible d'aller au Christ sans prendre avec moi l'essentiel. Il ne s'agit pas de tout abandonner en allant au Christ; il s'agit de trouver en Lui la puissance de cette Résurrection : puissance d'unité, d'amour, de confiance, de joie, de tout cela qui, même s'il occupe quelque place dans notre vie, y est en même temps si minuscule. Il est tragique de penser que du coeur des églises, des séminaires, ce sont des complaintes qui montent au Ciel... on est fatigué, il y a toujours quelque chose qui ne va pas... Vous savez, quand je suis parfois dans mon bureau, j'ai le loisir d'admirer des gens qui inventent sans arrêt de nouvelles "tragédies".

Mais nous sommes au Christ, et le Christ est à Dieu. Et si nous savions – parce que nous ne savons que si peu de ce qui nous réunit – nous remplacerions toutes mes petites offenses par ne fut-ce qu'un petit peu de cette joie. C'est le pardon que nous voulons et demandons à Dieu de nous donner. Parce que s'il y a bien un Commandement strict dans l'Évangile, c'est bien celui-là : "Si vous pardonnez... alors votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas... alors votre Père ne vous pardonnera pas non plus.." (Mt. 6,14-15). Alors bien sûr, c'est une nécessité. Mais le MAINTENANT de tout cela, je le répète à nouveau, consiste à être horrifié de la dispersion de notre propre existence, par la mesquinerie de nos relations, par la destruction des mots, et par l'abandon de ce respect.

A présent, nous avons à nous pardonner les uns les autres, que nous ayons ou non des péchés explicites ou crimes à reprocher les uns aux autres. Cette réconciliation est une autre épiphanie de l'Église en tant que Royaume de Dieu. Nous sommes sauvés parce que nous sommes dans le Corps du Christ. Nous sommes sauvés parce que nous acceptons le monde et l'ordre essentiel de la part du Christ. Et pour finir, nous acceptons le Christ quand nous nous acceptons les uns les autres. Tout le restant est mensonge et hypocrisie.

Dès lors, pères, frères et soeurs : pardonnons-nous les uns les autres. Ne pensons pas au pourquoi. Il y a suffisamment de moments pour y penser. Posons l'acte. Maintenant, comme dans une sorte de profonde respiration, dites : "Seigneur, aide-nous à pardonner. Seigneur, renouvelle toutes ces relations." Quelle belle occasion est ici donnée à l'amour pour qu'il triomphe! Pour l'unité afin qu'elle reflète la Divine unité, et pour tout l'essentiel pour revenir comme la vie elle-même. Quelle chance! Est-ce que la réponse que nous donnons aujourd'hui est "oui" ou "non"? Allons-nous donner ce pardon? Allons-nous l'accepter avec joie? Ou est-ce quelque chose que nous ne faisons uniquement que parce que c'est prescrit par le calendrier – aujourd'hui, vous suivez, pardon; demain, on aura...? Non! C'est le moment crucial. C'est le début du Grand Carême. C'est notre "réparation" printanière, parce que la réconciliation est la puissante rénovation de ce qui est en ruine.

Alors de grâce, pour l'amour du Christ : pardonnons-nous les uns les autres. La première chose que je vous demande à tous, ma famille spirituelle, c'est de me pardonner. Imaginez toutes mes tentations de paresse, de trop vouloir éviter, et ainsi de suite. Quelle incessante défense de mes propres intérêts, santé, ou ceci ou cela.. Je sais que je n'ai même pas un gramme de ce don de soi, de cette abnégation qui est en vérité l'authentique repentance, la véritable rénovation de l'amour.
portrait-dessin du protopresbytre Alexander Schmemann

S'il vous plaît, pardonnez-moi et priez pour moi, afin que ce que je prêche, je puisse quelque part, ne fut-ce qu'un petit peu, l'intégrer et l'incarner dans ma vie.

Protopresbytre Alexander Schmemann

Prononcé le Dimanche du Pardon, 20 mars 1983, en la chapelle du Saint Vladimir Orthodox Theological Seminary, avant le Rite du Pardon. Transcrit d'après enregistrement sur cassette et édité. Publié avec l'approbation de Juliana Schmemann dans la "Saint Vladimir s Theological Foundation Newsletter".


marché médiéval, vente d'aliments de carêmeLa nourriture de Carême : scène de marché.
Chronique de Ulrico de Richental, 15è siècle, Prague
source de l'image:
http://www.egliseorthodoxeserbe.org/fr/evenements/rezultat.php?id=7

Homélie catéchétique du patriarche Bartholomeos de Constantinople pour le début du Saint et Grand Carême


(Article cité par "Direction to Orthodoxy")
Le patriarche Bartholomeos et le président Jacques Chirac,
rencontre au palais de l'Elysée, Paris, 2 février 2007.
REUTERS/Patrick Kovarik/Pool (FRANCE)


"Le temps est venu, c’est le début des combats spirituels."
(Hymne des Laudes du Dimanche du Pardon)

Frères et soeurs, fils et filles bien-aimés dans le Seigneur,

C’est par ces paroles que le saint hymnographe nous rappelle que nous devons, au début de cette période du saint et Grand Carême, intensifier nos combats spirituels, en vue d’un accroissement de notre entraînement spirituel et pour notre progrès.

Dès les temps les plus anciens, les hommes ont constaté que c’est faisant des efforts que l’on acquiert ce qui est bon. Les saints Pères ont à leur tour constaté d’une manière analogue que goûter à l’amour divin, qui contient tout bien éternel et temporel, il est nécessaire de mépriser son propre repos, comme saint Isaac le Syrien le déclare expressément. Or, pour ce qui est des biens matériels, nous sommes, nous les humains, habituellement prompts à les acquérir au prix de toutes sortes d’efforts pénibles.

En revanche, les biens spirituels sont un don de la Grâce de Dieu, mais à la condition préalable de Le rechercher en tout premier lieu, ainsi que Son Amour, et non pas de rechercher d’une manière égocentrique les biens spirituels pour eux-mêmes, dans le but de faire grandir notre satisfaction personnelle ou notre ambition. Le Seigneur nous a dit clairement : "Recherchez en premier lieu le Royaume de Dieu et Sa justice, et tout le restant vous sera donné par surcroît" (Matthieu 6,33). Il nous a aussi assurés que celui qui donne sa propre vie par amour de Dieu l’aura sauvée. C'est à dire, d’une manière plus générale, que quiconque a en vue l’amour de Dieu le Père, dans la grandeur de son âme, au lieu de rechercher sans Lui les biens matériels ou même spirituels dans l’étroitesse de son âme, jouit en fin de compte tant de l’amour de Dieu, auquel il aspire, que des biens de toute nature qu’il ne recherche pas.

Car, mes fils et filles bien-aimés dans le Seigneur, notre Père qui est aux Cieux, Qui nous aime et désire notre félicité, Lui le dispensateur et la Source de tout bien, nous donnera, quand nous retournerons auprès de Lui, tous les autres biens qui nous sont nécessaires, de même qu’Il les a donnés au fils prodigue lorsque celui-ci est revenu auprès de Lui. Le meilleur vêtement, le veau gras, l’anneau à notre main, le banquet festif, et plus important que tout, Il nous ouvrira Ses bras paternels. Pour nous retrouver dans Ses bras paternels, il faudra toutefois nous détourner de nos péchés, et principalement de notre égocentrisme; les caroubes dont les porcs se nourrissaient en sont le symbole. C’est en nous livrant avec zèle à un dur combat spirituel volontaire que nous prouveront la sincérité de notre désir de l’amour de Dieu.

La nature véritable du combat spirituel consiste à se donner pour objectif l’amour de Dieu, à en faire l’objet de toute recherche et de tout désir. Mais en même temps aussi à se priver et à abandonner tous les biens et désirs légitimes, afin que notre existence soit consacrée, de toute notre âme et de tout notre esprit, à notre objectif premier. Dès lors, le jeûne, l’un des principaux combats de l’ascèse du Grand Carême, n’exprime pas le rejet des nourritures bénies, mais au contraire la privation volontaire de l’apaisement qu’elles procurent au corps. Le but principal est de détacher notre âme de l’intérêt exclusif pour notre ego. Le jeûne vise par ailleurs à rendre le corps bien entraîné et obéissant à l’esprit qui le gouverne, à en faire l’instrument et non le chef de la personne humaine.

Le but de l’ascèse spirituelle n’est pas d’acquérir des vertus, ou d’autres capacités au-delà de l’habitude, par la puissance humaine, comme le croient les adeptes des différents humanismes. Au contraire, c'est l’expression de notre désir que nous avons de rencontrer la Personne de notre Seigneur Jésus-Christ, en qui tout est contenu et de qui tout découle. Le Verbe de Dieu proclame en toute clarté que, sans Lui, nous ne pouvons rien faire, et le saint Hymnographe nous rappelle encore que, si le Seigneur n’édifie pas la maison des vertus de notre âme, alors nous luttons en vain. Aussi donc, nous Chrétiens, attachons-nous à l’amour du Christ. Renonçons de notre plein gré à bien d’autres amours et attachements secondaires afin d’être dignes de Sa présence en la demeure de notre âme. Quand nous serons parvenus à un tel résultat avec la Grâce et la bénédiction de Dieu, alors la paix, la joie et l’amour parfait se seront installés en permanence dans notre existence.

C’est la raison même pour laquelle l’ascèse spirituelle ne se fait ni sous une apparence d’abattement, ni d’une manière démonstrative, mais autant que possible dans la joie et le secret. S’il y a ostentation, nous renonçons à cet objectif qu’est l’amour de Dieu, et à sa place entre le désir de plaire aux hommes. S’il y a abattement et tristesse, le caractère agréable et volontaire en est absent, et celui qui se livre à l’ascèse spirituelle vit alors dans un climat d’oppression et d’obligation, ce qui veut dire dans un état d’âme qui guère agréable à Dieu.

Le combat spirituel doit être pratiqué dans la joie et son objectif premier doit être d’introduire notre cœur dans l’amour et la joie de Dieu, par lesquels sont expulsés hors de nous toute affliction et toute rancœur, toute protestation et tout grief, à l’encontre de nos frères et soeurs en humanité. A la place, nous aurons alors la paix que rien ne trouble et qui est au-dessus de tout, la paix de Dieu entre alors en nous et rayonne autour de nous.

Puissions-nous traverser l'arène du Grand Carême dans les combats spirituels, afin de connaître pleinement la joie de la Résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ et que Sa Grâce et Sa grande miséricorde soient à profusion avec vous tous.

Saint et Grand Carême 2007

+ Bartholoméos de Constantinople
Fervent Intercesseur devant Dieu pour vous tous

*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*-*

Traduit et publié en la fête de saint Silvain de Thérouanne et saint Gevroc de Saint-Pol-de-Leon


Trois intéressantes lectures patristiques :

http://orthodoxie.club.fr/ecrits/peres/florileg/textes/lettre05.htm

http://www.nistea.com/trad_vraieglise_fr.htm

http://www.nistea.com/papifr.htm

Le jeûne et le siècle à venir (DYNAMIS)

From: Dynamis
To: Daily Dynamis list
Date sent: Thu, 15 Feb 2007 07:02:49 -0600
Subject: DYNAMIS, Fasting and the Age to Come, February 17, 2007, Saturday

Samedi 17 février 2007 – jeûne de la viande
Saint Théodore Tyron
Vêpres, vendredi de la tyrophagie :
icone saint prophete ZacharieZacharie 8,19-23 : "Voici ce que dit le Seigneur des armées: le jeûne du quatrième mois, comme celui du cinquième et celui du septième mois, et le jeûne du dixième mois seront désormais pour Juda jours de gaîté et d'allégresse, jours de fête. Aimez donc la vérité et la paix! Voici ce que dit le Seigneur des armées: Des peuples divers, des habitants de grandes cités viendront encore; les habitants de l'une iront à l'autre et s'inviteront: Allons donc prier le Seigneur! Allons rechercher le Seigneur des armées! - J'y vais moi aussi. - Peuples nombreux et puissantes nations viendront rechercher le Seigneur des armées à Jérusalem et l'y prier. Voici ce que dit le Seigneur des armées: En ce jour-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif par le pan de sa robe et lui déclareront: Nous voulons aller avec vous, car nous avons appris que Dieu est avec vous."

Épître : Romains 14,19-23; 16,25-27
Évangile : saint Matthieu 6,1-13

Jeûne et le siècle à venir : Zacharie 8:19-23 LXX, en particulier le verset 19: ".. Aimez donc la vérité et la paix." En tant que genre littéraire, la prophétie hébraïque, elle-même créée avec l'aide du Saint-Esprit, permet à la gloire de Dieu sur la face de Jésus-Christ de percer, mais uniquement si quelques "règles de base" sont appliquées avec discernement. Il faut connaître la plénitude du Christ, être au sein de l'Église croyante et célébrante, être "un enfant de la Lumière et un héritier des biens éternels de Dieu," et mettre les paroles du prophète en pratique. Qui fait cela, alors, contemplera naturellement la gloire de Dieu.

D'abord, comprenez que les prophètes ont prévu les Mystères du Christ dans les grandes lignes, de manière très vague. Dieu a donné suffisamment d'informations concernant la première et la seconde Venue du Seigneur pour que Son ancien peuple attende un "Messie." A présent, ceux qui sont unis à Jésus Christ – Juifs et Nations – ont "reçu à connaître les mystères du Royaume de Dieu" (Mc 4,11), mais doivent étayer les prophéties par l'Évangile. Ainsi, en complétant ce qui est lu, le fidèle a le soutien et l'avantage du témoignage apostolique du Nouveau Testament et la sagesse des saints pères.

Deuxièmement, un grand nombre parmi les prophéties hébraïques a été écrit sous forme poétique, et il faut donc lire en respectant cette forme. Son imagerie devrait toujours être reçue dans le coeur de même que dans l'esprit du lecteur, et lue à travers la sainte Tradition, dépendant de l'aide du Saint Esprit pour recevoir la vérité de Dieu.

Pour finir, le langage des prophètes Hébreux assume "l'ethos", le culte liturgique et la vie de l'ancien Israël et Juda. Cependant, depuis la venue du Christ, des mots tels que "Israël", "Jérusalem", et "Sion" doivent être compris comme parlant de l'Église, comme saint Paul l'a clairement expliqué (Romains 9-11). Le Corps des fidèles en Christ, l'Église, est le véritable Israël de Dieu (Rom. 11,8, 23, 24).

Avec ces "règles de base" à l'esprit, retournons à présent lire la prophétie de Zacharie. La leçon parle du siècle à venir, le Royaume éternel de Dieu, qui prévaudra après le Second et Grand Retour du Christ au Jugement.

Cependant, Zacharie parle de 4 jeûnes pratiqués dans l'ancien Israël, lors des 4ème, 5ème, 7ème et 10ème mois (verset 19). Ces anciens jeûnes avaient été initiés à l'époque de la repentance nationale pour les péchés d'Israël, péchés qui avaient conduit à l'exil de la monarchie de Juda, la chute de Jérusalem, la destruction du Temple de Salomon, et l'inutile et meurtrière révolte contre les Babyloniens. Zacharie prédit qu'un jour, Dieu restaurerait et pardonnerait, et que cesserait le besoin de repentance. Alors les jeûnes deviendraient des fêtes – temps de célébration.

Soyons attentifs! Dieu nous exhorte à accomplir notre jeûne Chrétien par amour du Seigneur, dans la vérité et la paix. Nous jeûnons à présent pour nous préparer à célébrer la Fête de la Sainte Pâques qui arrive, de même que pour être digne de l'éternel banquet de l'Agneau – la fête céleste du siècle à venir dans le Royaume du Christ (Apoc. 19,9) où tout jeûne deviendra fête. Dans le siècle à venir, Juifs et Nations, tous également serviteurs du Christ, adoreront et prieront comme un seul peuple, "habitants de nombreuses cités, peuples et nations" (Zach. 8,22). L'incorporation des nations au sein d'Israël, au sein de l'Église, a commencé aux temps apostoliques (Gal. 3,28). A présent, 2.000 ans d'incorporation a fait l'Église largement Nation, et cependant, nous sommes uns en Christ, un nouveau peuple.

Alors pourquoi donc avons-nous des jeûnes à présent? Pourquoi le Grand Carême, le jeûne des Apôtres, le jeûne de la Dormition et le jeûne de la Nativité? Ces saisons sont des dons pour nous aider à nous préparer pour notre place dans la grande compagnie des peuples de toutes nations qui marcheront dans la Lumière Incréée de la Nouvelle Jérusalem dans le siècle à venir, lorsque toutes larmes et le besoin de jeûner auront été effacés (Apoc. 21,4).

O Toi Qui connais les secrets de tous les coeurs, prépare-nous à travers le jeûne à la fête à vivre avec Toi, à Ton banquet éternel et glorieux, dans le siècle à venir.

Saints prophète Zacharie et roi-prophète David (mur nord)
chapelle Saint-Georges
Monastère de Sopocani, Serbie

16 février 2007

Le zèle (DYNAMIS)

enluminure prophete Zacharie, Allemagne vers 1220Initiale "I" enluminée, dépeignant le prophète Zacharie
Lectionnaire, Germanie, vers 1220

From: Dynamis
To: Daily Dynamis list
Date sent: Wed, 14 Feb 2007 07:06:47 -0600
Subject: DYNAMIS, Diligence, February 16, 2007, Friday

Vendredi 16 février 2007 – jeûne de la viande
Prêtre-martyr (hiéromartyr) Pamphilos & compagnons, Palestine
Sexte, vendredi de la tyrophagie :
Psaume 37
Psaume 130
Zacharie 8,7-17 : "Voici ce que dit le Seigneur des armées: Je vais sauver Mon peuple des contrées du levant et du couchant; Je vais le conduire et l'installer à Jérusalem; il sera Mon peuple et Je serai leur Dieu, dans la fidélité et la justice. Voici ce que dit le Seigneur des armées: Que vos mains se raffermissent, vous tous qui entendez à présent les oracles rendus par la bouche des prophètes, et qui datent de l'époque des fondations et de la reconstruction du Temple. Jusqu'à présent, on ne payait point de salaire pour le travail, pas plus de l'homme que des animaux; aucune sécurité contre l'ennemi n'était assurée à celui qui vaquait à sa besogne; J'avais lâché tous les hommes les uns contre les autres. Mais maintenant, Je ne veux pas agir envers les survivants de ce peuple comme J'ai agi autrefois - oracle du Seigneur des armées. Je ferai tout prospérer: la vigne donnera son raisin et la terre ses fruits; le ciel répandra sa rosée, et J'accorderai la possession de tous ces biens aux survivants de ce peuple. Vous avez été un sujet de malédiction parmi les nations, maison de Juda et maison d'Israël! Mais Je vais vous délivrer, et vous serez bénédiction. N'ayez pas peur, et que vos mains se fortifient! Voici ce que dit le Seigneur des armées: J'avais décidé de vous faire du mal, lorsque vos pères ont excité Ma colère, dit le Seigneur des armées, et Je ne l'ai pas regretté! Ainsi, Je décide maintenant de faire du bien à Jérusalem et à la maison de Juda. N'ayez donc pas peur. Voici ce que vous devez faire: Dites la vérité, chacun à son prochain; aux portes de vos villes, rendez une justice qui procure la paix. Ne machinez pas le mal dans vos coeurs, l'un contre l'autre; ne vous parjurez pas: car tout cela, Je l'ai en horreur - oracle du Seigneur."


Zèle : Zacharie 8,7-17 LXX, en particulier le verset 15: "Ainsi, Je décide maintenant de faire du bien à Jérusalem et à la maison de Juda. N'ayez donc pas peur."
Dans cette lecture de Zacharie, le Seigneur Dieu proclame une nouvelle ère en laquelle Il fera du bien à Ses élus après qu'ils aillent longtemps combattu en vain et sans trouver la paix. L'affliction leur tombait dessus, "aucune sécurité contre l'ennemi n'était assurée à celui qui vaquait à sa besogne; J'avais lâché tous les hommes les uns contre les autres" (verset 10). Par le biais du prophète Zacharie, Dieu annonce un renversement de situation : "Je ne veux pas agir envers les survivants de ce peuple comme J'ai agi autrefois - oracle du Seigneur des armées" (verset 11). Au contraire d'antan, Dieu déclare "Je ferai tout prospérer: la vigne donnera son raisin et la terre ses fruits; le ciel répandra sa rosée, et J'accorderai la possession de tous ces biens aux survivants de ce peuple" (verset 12).

En même temps que Dieu annonce de nouvelles situations, Il exhorte Son peuple : "N'ayez pas peur, et que vos mains se fortifient!" (verset 13). Quand on a partout subi la défaite, le conflit et l'affliction, qu'il est facile de devenir découragé et de se contenter de survivre. Le défaitisme influence très fort. Mais Dieu, par une promesse, appelle toujours Son peuple à quitter la léthargie et à retrouver le zèle : "Mais Je vais vous délivrer, et vous serez bénédiction" (verset 13).

A titre d'exemple récent d'une telle époque, considérez la nouvelle situation des peuples d'Europe Orientale. Ils ont longtemps vécu sous le joug communiste. Brutalement, leur situation politique, économique et sociale a changé. Mais les jours qui s'en sont suivis n'ont pas été une période dorée. Nombre d'aspects de la vie sont devenus plus difficiles et rigoureux. Mais une nouvelle ère existe en Europe Orientale. "Les mains fortifiées" et le zèle bénéficient d'une plus grande opportunité de se voir récompenser qu'auparavant.

Bien-aimés du Seigneur, il est important de se demander "à qui donc ces paroles de Dieu sont-elles adressées?" Pourquoi l'Église nous donne-t'elle cette lecture au seuil du Grand Carême? Bien que ce message aie été délivré il y a bien longtemps à travers Zacharie, le saint prophète du Seigneur, aujourd'hui, il est pour notre parcours du Carême. En Christ, le prophète du Seigneur nous appelle à l'oeuvre du jeûne du Carême. Nous devons examiner la situation de notre vie en Christ. Quelle était notre ancienne situation? Et plus important encore, quelle est la nouvelle situation qui s'en est suivie, résultant de l'intervention de Dieu?

Zacharie décrit les anciennes conditions : "on ne payait point de salaire pour le travail, pas plus de l'homme que des animaux; aucune sécurité contre l'ennemi n'était assurée" (v. 10). En considérant le message du prophète selon la perspective de l'Évangile, on entend saint Paul nous parler de ces conditions de vie déchue avant que nous n'ayons reçu la grâce de Dieu : "le salaire du péché, c'est la mort" (Romains 6,23), nous "étions morts par nos fautes... par nature, de vrais objets de la colère divine" (Ephésiens 2,1;3).

Bien que parfois, le péché semble bien payer, le prophète David prie : "que ta main me délivre des hommes, ces hommes dont la vie présente est le seul bonheur, qui ont le ventre rempli de Tes biens; dont les fils sont pourvus en abondance et laissent encore à leurs enfants leur superflu" (Ps 16,13-14 LXX). Le Psalmiste Asaph nous donne la raison : "jusqu'au moment où je suis entré dans le dessein de Dieu et où je me suis rendu compte du sort qui les attend" (Ps 72,17 LXX). Les démons sont le salaire du péché dont l'Apôtre Paul parle.

Vivant en Christ, nous voyons l'existence dans une toute nouvelle orientation. "Alors que nous n'étions encore que des pécheurs, le Christ est mort pour nous" (Romains 5,8), et notre Seigneur et Sauveur nous propose : "Venez à Moi, vous tous qui peinez sous le fardeau, et Je vous donnerai le repos" (Mt 11,28). Nous pouvons nous détourner de nos péchés et de leur mortel salaire et recevoir le repos. Le temps du Carême est le temps pour "raffermir nos mains" pour les oeuvres de Dieu. Écoutez : "Voici ce que vous devez faire: Dites la vérité, chacun à son prochain; aux portes de vos villes, rendez une justice qui procure la paix. Ne machinez pas le mal dans vos coeurs, l'un contre l'autre; ne vous parjurez pas" (Zach. 8,16-17).

Seigneur, accorde-nous de vivre les jours du Carême dans le zèle
afin que Ton Royaume vienne à nous
.


"Dynamis" est une publication quotidienne de la cathédrale Saint-George, Wichita, Kansas, archidiocèse grec-orthodoxe antiochien d'Amérique

P. Schmemann : Dimanche du Pardon

http://groups.google.be/group/alt.religion.christian.east-orthodox/msg/2544a233f1bc4081
Dans l'Église Orthodoxe, le dernier dimanche avant le Grand Carême – jour où lors des Vêpres, on annonce et inaugure officiellement le Carême – ce dimanche est appelé Dimanche du Pardon. Le matin de ce dimanche-là, durant la Divine Liturgie, nous entendons les paroles du Christ :

"Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste aussi vous les pardonnera; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus" (Mt 6,14-15).

Ensuite après les Vêpres – après y avoir entendu l'annonce du Carême dans le Grand Prokimenon : "Ne détourne pas Ta Face de Ton serviteur, car je suis dans l'affliction; hâte-Toi de m'exaucer * Prête attention à mon âme et délivre-la!" (Ps 68,18-19), après avoir fait notre entrée dans la liturgie du Grand Carême, avec ses commémorations spéciales, avec la prière de saint Ephrem le Syrien, avec ses prosternations – nous nous demandons pardons les uns les autres, nous accomplissons le rite du pardon et de la réconciliation. Et pendant que nous nous adressons les uns les autres les paroles de réconciliation, le choeur entonne les hymnes de Pâques, remplissant l'église de l'anticipation de la joie Pascale.

Quelle est la signification de ce rite? Pourquoi est-ce que l'Église veut que nous commencions la période du Carême par le pardon et la réconciliation? Ces questions ont du sens, parce que pour beaucoup trop de gens, le Grand Carême signifie principalement, et quasiment exclusivement, un changement de régime alimentaire, la conformité avec les règles ecclésiales concernant le jeûne. Ils comprennent le jeûne comme une fin en soi, comme une "bonne action" requise de la part de Dieu et portant en elle-même son mérite et sa récompense. Mais l'Église n'épargne aucun effort pour nous révéler que jeûner n'est qu'un moyen, un parmi beaucoup d'autres, pour parvenir à un but bien plus élevé : le renouvellement spirituel de l'homme, son retour à Dieu, la véritable repentance, et dès lors, la véritable réconciliation. L'Église déploie tous les efforts possibles pour nous mettre en garde contre un jeûne hypocrite et pharisaïque, contre la réduction de la religion à quelques simples obligations externes. Comme le dit une hymne de Carême :

"En vain te réjouis-tu à ne pas manger, Ô âme!
Car tu t'abstiens de nourriture,
Mais n'es pas purifiée des passions.
Si tu persévère dans le péché, tu auras jeûné pour rien."

Le pardon se trouve au centre même de la Foi Chrétienne et de la vie Chrétienne parce que le Christianisme lui-même est, par dessus tout, la "religion" du pardon. Dieu nous pardonne, et Son pardon est en Christ, Son Fils, Qu'Il nous envoie, afin qu'en partageant Son humanité, nous puissions partager Son amour et être vraiment réconciliés avec Dieu. En effet, le Christianisme n'a pas d'autre contenu que l'amour. Et c'est en premier lieu le renouvellement de cet amour, le retour à cet amour, la croissance en cet amour, que nous recherchons dans le Grand Carême, en jeûnant et priant, dans tout l'esprit et tout l'effort de cette période. C'est donc de manière appropriée que le pardon est à la fois le commencement et la condition même pour la période du Carême.

L'on pourrait objecter : pourquoi devrais-je accomplir ce rite, alors que je n'ai pas "d'ennemis"? Pourquoi devrais-je demander pardon à des gens qui ne m'ont rien fait et que je ne connais qu'à peine? Poser ces questions, c'est méconnaître l'enseignement Orthodoxe au sujet du pardon. Il est vrai que l'inimitié ouverte, la haine personnelle, la réelle animosité peuvent être absents de notre vie, quoique si nous en faisions l'expérience, il nous serait plus facile de nous repentir, car ces sentiments contredisent ouvertement les divins Commandements. Mais l'Église nous révèle qu'il y a des manières bien plus subtiles d'offenser l'Amour Divin. C'est l'indifférence, l'égoïsme, le manque d'intérêt pour autrui, du vrai souci pour eux – en bref, ce mur que nous érigeons habituellement autour de nous-mêmes, pensant qu'étant "polis" et "amicaux", nous accomplissons les Commandements de Dieu. Le rite du pardon est si important précisément parce qu'il nous fait prendre conscience – fut-ce au moins une minute durant – que toute notre relation à autrui est faussée, il nous fait expérimenter cette rencontre d'un enfant de Dieu avec un autre, d'une personne créée par Dieu avec une autre, il nous fait ressentir la "reconnaissance" mutuelle qui manque si terriblement dans notre monde froid et déshumanisé.

En ce soir unique, tout en écoutant les joyeuses hymnes Pascales, nous sommes appelés à faire une découverte spirituelle : goûter à un autre mode de vie et de relation à autrui, à une vie dont l'essence c'est l'amour. Nous pouvons découvrir que partout et toujours, Amour Divin Incarné, le Christ Se tient au milieu de nous, transformant notre aliénation mutuelle en fraternité. En m'avançant vers l'autre, alors que l'autre vient vers moi – nous commençons à réaliser que c'est le Christ Qui nous amène l'un vers l'autre, par Son amour pour chacun d'entre nous.

Et parce que nous faisons cette découverte – et parce que cette découverte est celle du Royaume de Dieu en lui-même, le Royaume de Paix et d'Amour, de réconciliation avec Dieu et, en Lui, avec tout ce qui existe – nous entendons les hymnes de cette Fête, qui une fois par an "nous ouvrent les portes du Paradis." Nous savons pourquoi nous allons jeûner et prier, nous savons ce que nous allons chercher durant ce long pèlerinage du Grand Carême. Le dimanche du Pardon: le jour où nous acquérons le pouvoir pour accomplir notre jeûne – le véritable jeûne; notre effort – l'effort vrai; notre réconciliation avec Dieu – l'authentique réconciliation.

[Extrait de "The Great Lent" ("Le Grand Carême")
, par feu le protopresbytre Alexander Schmemann, SVS Press]
















vêpres du pardon
http://forum-orthodoxe.com/~forum/viewtopic.php?t=1779

15 février 2007

P. Hopko : doctrine Chrétienne de la Rédemption

dessin d'enluminure du Christ Pantocrator dans le Livre de Kells, Orthodoxie Celtiquehttp://groups.google.be/group/alt.religion.christian.east-orthodox/msg/b6e31c4817ed1423

[Extrait de "The Christian Doctrine"]

Et Il fut crucifié pour nous sous Ponce Pilate, et souffrit et fut enseveli. Bien que Jésus n'avait pas péché et n'avait pas à souffrir et mourir, Il prit volontairement sur Lui-même les péchés du monde, et Se livra volontairement aux souffrances et à la mort pour notre Salut. Telle était Sa tâche en tant que Messie-Sauveur :

"L'Esprit du Seigneur est sur moi, car le Seigneur m'a consacré par l'onction; il m'a envoyé porter la bonne nouvelle aux humbles, panser les coeurs meurtris, annoncer aux captifs la délivrance, aux prisonniers l'élargissement, proclamer une année de grâce de la part du Seigneur, un jour de vengeance de notre Dieu; consoler tous les affligés, leur donner un diadème au lieu de cendres, l'huile de joie au lieu de vêtements de deuil,..." (Isaïe 61,1-3).

Et en même temps, Jésus avait à faire cela en tant que Serviteur Souffrant de Dieu-Yaweh.

"Il était dédaigné, le rebut de l'humanité, homme douloureux, familier de la souffrance; comme ceux devant qui on se voile la face, il était honni et nous n'en faisions point de cas. Or ce sont nos maladies qu'il a prises sur lui, c'est de nos souffrances qu'il s'est chargé; et nous nous imaginions qu'il était puni, frappé par Dieu et humilié. Mais comme c'était pour nos forfaits qu'il était frappé, et pour nos iniquités qu'il était écrasé, le châtiment qui nous sauve a pesé sur lui, et c'est grâce à ses meurtrissures que nous avons la guérison. Tous nous errions comme des moutons, nous allions chacun notre chemin; cependant le Seigneur faisait retomber sur lui la peine de nos fautes à tous. Maltraité, il s'est résigné, il n'a pas ouvert la bouche, comme un agneau qu'on mène à la boucherie, comme une brebis muette aux mains du tondeur. (Il n'a pas ouvert la bouche.) Par un jugement inique il a été enlevé; qui songe à défendre sa cause, lorsqu'il est retranché de la terre des vivants, mis à mort pour le péché de mon peuple? On lui a assigné sa sépulture auprès des scélérats, et à sa mort, on l'a mis avec les riches, bien qu'il n'ait commis aucune injustice, et que le mensonge ne se soit point trouvé en sa bouche. Mais il a plu au Seigneur de le broyer par la souffrance; s'il offre sa vie en sacrifice expiatoire, il se verra une postérité, il prolongera ses jours, et la volonté du Seigneur se réalisera par lui. Après les tourments endurés par sa personne, il verra la lumière et il sera comblé. Juste, mon Serviteur justifiera beaucoup d'hommes, et il se chargera de leurs iniquités. C'est pourquoi je lui donnerai sa part avec les multitudes, et il partagera le butin avec les puissants, parce qu'il a donné lui-même sa vie, et s'est laissé mettre au nombre des criminels, se chargeant des péchés de beaucoup d'hommes, et intercédant pour les coupables." (Isaïe 53,3-12)

Ces paroles du prophète Isaïe, écrites des siècles avant la naissance de Jésus, nous racontent l'histoire de Sa mission Messianique. Cela a commencé officiellement à la vue de tous lors de Son Baptême par Jean dans le Jourdain. En permettant qu'on Le baptise avec le pécheurs bien qu'Il n'avait pas péché, Jésus montre qu'Il accepte Son appel à être identifié avec les pécheurs : "le Bien-aimé" du Père et "l'Agneau de Dieu Qui enlève les péchés du monde" (Jn 1,29; Mt 3,17).

Jésus commence à enseigner, et le jour même, et à l'instant même où ses disciples L'avaient pour la première fois confessé comme étant le Messie, "le Christ, le Fils du Dieu Vivant", Jésus leur explique que Sa mission était "d'aller à Jérusalem et de souffrir beaucoup... et d'être mis à mort, et le 3ème jour, de ressusciter" (Mt 16,16-23; Mc 8,29-33). Les Apôtres s'en trouvent fortement déçus. Aussitôt après, Jésus leur montre Sa divinité en étant transfiguré devant certains d'entre eux, rayonnant de la gloire divine, sur la montagne, en présence de Moïse et d'Élie. A ce moment-là, Il leur redit "Le fils de l'Homme doit être livré aux mains des hommes, et ils Le tueront, et Il ressuscitera le 3ème jour" (Mt 17,1-23; Mc 9,1-9).

A la fin, les puissances du mal se déchaînent contre le Christ : "Les rois de la terre complotent contre le Seigneur et Son Christ" (Ps 2,2). Ils cherchent des prétextes pour Le tuer. La raison officielle était le blasphème, "Tu n'es qu'un homme, et Tu Te fais Dieu" (Jn 10,31-38). Cependant, les raisons profondes étaient bien plus personnelles : Jésus disait la vérité aux hommes, et révélait leur entêtement, leur folie, leur hypocrisie, et leur péché. Pour cette raison tout pécheur, endurci par ses péchés et refusant de se repentir, souhaite et provoque la crucifixion du Christ.

La mort de Jésus a été le fait des chefs religieux et politiques de Son époque, mais avec approbation des masses, lorsque Caïphe était grand prêtre, "sous Ponce Pilate." Il a été "crucifié pour nous... et souffert et été enseveli" afin d'être auprès de nous dans nos souffrances et lors de notre mort, que nous provoquons à cause de nos péchés : "car le salaire du péché, c'est la mort" (Rom 6,23). En ce sens, l'Apôtre Paul écrit de Jésus "qu'étant devenu malédiction pour nous" (Gal. 3,13), "Celui qui n'a point connu le péché, (Dieu) L'a fait péché pour nous, afin qu'en Lui, nous soyons faits justice de Dieu" (2 Cor 5,21).

Les souffrances et la mort du Christ en obéissance au Père révèlent l'amour divin et surabondant de Dieu envers Sa Création. Car alors que tout était péché, maudit et mort, le Christ devint péché, maudit, et mort pour nous – bien qu'en Lui-même Il ne cessa jamais d'être justice et bénédiction et Vie de Dieu Lui-même. C'est à cette profondeur-là, si basse que nul ne saurait trouver voire imaginer plus bas, que le Christ S'est Lui-même humilié "pour nous hommes et pour notre Salut." Car étant Dieu, Il Se fit homme; et étant homme, Il devint esclave; et étant esclave, Il mourut, et non seulement il mourut, mais en plus sur une croix. Par cette si profonde dégradation de Dieu s'écoule l'exaltation éternelle de l'homme. Telle est la doctrine pivot de la Foi Chrétienne Orthodoxe, qui s'est exprimée et sans cesse s'exprime de diverses manières tout au long de l'histoire de l'Église Orthodoxe. C'est la doctrine de la Rédemption – "atonement" en anglais, devenir un, "at one", avec Dieu. Cette doctrine de la Rédemption signifie que nous sommes rachetés, payés de l'inestimable prix du sang de Dieu (Actes 20,28; 1 Cor 6,20).

"Ayez en vous les sentiments qui furent dans le Christ Jésus. Quoiqu'Il fût de condition divine, Il ne S'est pas prévalu de Son égalité avec Dieu; mais Il S'est anéanti Lui-même en prenant la condition d'esclave et Se faisant pareil aux hommes. Et quand Il eut revêtu l'aspect d'un homme, Il S'est encore abaissé Lui-même en Se rendant obéissant jusqu'à la mort, la mort de la croix. Aussi, Dieu l'a-t-Il souverainement exalté et Lui a-t-Il conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au Nom de Jésus tout genou fléchisse, au Ciel, sur la terre et dans les enfers, et que toute langue professe, à la gloire de Dieu le Père, que Jésus Christ est Seigneur" (Phil 2,5-11)."

En contemplant l'action salvatrice et rédemptrice du Christ, traditionnellement, on met l'accent sur 3 aspects qui, en réalité, ne sont pas divisés, et ne sauraient l'être; mais qui, en théorie – c'est-à-dire dans la vision de l'être et de l'activité du Christ en tant que Sauveur du monde – peuvent être distinguées. Le premier de ces 3 aspects de l'oeuvre rédemptrice du Christ, c'est le fait que Jésus sauve l'humanité en donnant l'image parfaite et l'exemple de la vie humaine quand elle est remplie de la grâce et de la puissance de Dieu.

Jésus, l'Image Parfaite de la vie humaine, Jésus est le Verbe incarné de Dieu. Il est l'Enseignant et le Maître envoyé par Dieu pour le monde. Il est l'incarnation de Dieu Lui-même sous forme humaine. Il est "l'image du Dieu invisible" (Col 1,15). En Lui, "la plénitude de la divinité demeure corporellement" (Col 2,9). Qui voit Jésus voit le Père (Jn 14,9). Il est le "Reflet de la gloire de Dieu et empreinte de Sa substance" (Héb 1,3). Il est la "Lumière du monde" Qui "illumine tout homme .. venant dans le monde" (Jn 8,12, 1,9). Être sauvé par Jésus c'est en premier lieu être illuminé par Lui; Le voir en tant que Lumière, et voir toutes choses à Sa lumière. C'est Le connaître comme étant "la Vérité" (Jn 14,6); et connaître la vérité en Lui.

"Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera" (Jn 8,31).

Lorsque quelqu'un est sauvé par Dieu en Christ, il vient à la connaissance de la vérité, accomplissant le désir de Dieu pour Ses créatures, car "Dieu notre Sauveur... veut que tous les hommes soient sauvés, et parviennent à la connaissance de la vérité" (1 Tim 2,4). En sauvant le monde de Dieu, Jésus-Christ illumine les créatures de Dieu par le Saint Esprit, l'Esprit de Dieu Qui est l'Esprit de Vérité Qui procède du Père et Qui est envoyé au monde par le Christ.

"Si vous M'aimez, vous observerez Mes Commandements. Et Moi Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'Il demeure éternellement avec vous. C'est l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne Le voit pas et ne Le connaît pas. Mais vous, vous Le connaissez parce qu'Il demeure avec vous, et est en vous" (Jn 14,15-17).

"Quand sera venu le Paraclet que Je vous enverrai de la part du Père, l'Esprit de vérité Qui procède du Père, Il Me rendra témoignage; et vous témoignerez, vous aussi, parce que vous êtes avec Moi depuis le commencement" (Jn 15,26).

"Quand le Paraclet, l'Esprit de vérité, sera venu, Il vous mènera vers la vérité tout entière" (Jn 16,13).

Dès lors, le premier aspect du Salut en Christ, c'est d'être illuminé par Lui et de connaître la vérité à propos de Dieu et de l'humain grâce à la guidance du Saint Esprit, l'Esprit de Vérité, que Dieu donne à travers Lui à ceux qui croient. De ceci, nous trouvons le témoignage dans les écrits apostoliques des saints Jean et Paul:
"Et nous en parlons dans un langage que ne nous a point enseigné la sagesse humaine, mais bien l'Esprit, Qui nous donne d'exprimer les réalités spirituelles en termes spirituels. Mais l'homme naturel n'accepte pas les choses de l'Esprit de Dieu : elles sont folies pour lui. Il ne peut les comprendre, car c'est par l'Esprit qu'on en juge. [..] Et qui a connu la pensée du Seigneur, pour lui en remontrer (Is 40,13)? Or, nous, nous avons la pensée du Christ" (1 Cor 2:13-16).

Car Dieu "nous a fait connaître le mystérieux dessein de Sa volonté que, dans Sa bienveillance, Il avait éternellement arrêté pour le mener à bonne fin quand les temps seraient accomplis, le dessein de réunir toutes choses dans le Christ, au Ciel comme sur la terre. [..] et c'est à moi .. qu'a été donnée cette grâce... de mettre en lumière l'économie de ce dessein mystérieux qui depuis toute éternité se trouvait caché en Dieu, le Créateur de toutes choses. Ainsi désormais, par l'Église, les Principautés et Puissances célestes peuvent connaître l'infinie diversité de la sagesse de Dieu..." (Eph 1,8-10; 3,9-10).

"Je veux en effet que ... par là leur coeur soit réconforté, et que, dans l'étroite union de la charité, ils soient enrichis d'une plénitude d'intelligence; qu'ils aient aussi pleine connaissance du mystère de Dieu, à savoir le Christ, en qui se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la science" (Col 2,1-3).

"Quant à vous, vous avez reçu l'huile de l'onction qui vient du Saint, et tous, vous savez. Si je vous ai écrit, ce n'est pas que vous ignoriez la vérité; c'est parce que vous la connaissez et que de la vérité ne sort aucun mensonge [...] l'huile de l'onction que vous avez reçue de Lui demeure en vous et vous n'avez pas besoin que personne vous instruise; mais puisque l'huile de son onction vous enseigne sur tout, et qu'elle est véridique, et non point mensonge: selon ce qu'elle vous a enseigné, demeurez en Lui [...] Celui qui garde Ses Commandements demeure en (Dieu) et (Dieu) en lui. Et voici à quoi nous reconnaissons qu'Il demeure en nous: à l'Esprit qu'Il nous a donné" (1 Jn 2,20-27; 3,24).

Le premier aspect du Salut de l'homme par Dieu en Christ est dès lors la capacité et le pouvoir de voir, de connaître, de croire et d'aimer la vérité de Dieu en Christ, Qui est la Vérité, par l'Esprit de Vérité. C'est le don de la connaissance et de la sagesse, de l'illumination, c'est la condition de celui qui est "enseigné par Dieu" comme l'avaient annoncé les prophètes et comme l'a accompli le Christ (Isa 54,13; Jér 31,33-34; Jn 6,45). C'est pourquoi, dans l'Église Orthodoxe, l'entrée dans la vie salvatrice par le biais du Baptême et de la Chrismation est appelée "sainte illumination."

"Car Dieu, qui a dit: "Que du sein des ténèbres la lumière brille", est aussi celui qui a fait briller Sa lumière dans nos coeurs, pour qu'y luise l'éclat de la connaissance de la splendeur de Dieu qui apparaît sur le visage du Christ" (2 Cor 4,6).

Jésus, le Réconciliateur de l'homme avec Dieu

Le second aspect de l'acte un et indivisible par lequel Christ a sauvé l'homme et son monde, c'est l'accomplissement de la réconciliation avec Dieu le Père par le pardon des péchés. Stricto sensu, c'est la rédemption, la remise des péchés, et la punition due au péché; être fait "un" avec Dieu.

"En effet, au temps où nous étions encore dans la faiblesse, le Christ, au moment voulu, est mort pour des impies. À peine accepterait-on de mourir pour un juste; peut-être, pour un homme de bien, consentirait-on à mourir. Mais voici une preuve de l'amour de Dieu pour nous : au temps où nous étions encore pécheurs, le Christ est mort pour nous. À plus forte raison donc, maintenant que nous sommes justifiés par son sang, serons-nous soustraits par lui, à la colère. Si, étant encore ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, à plus forte raison après réconciliation, serons-nous sauvés par sa vie. Ce n'est pas tout : nous allons jusqu'à mettre notre fierté en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par qui nous avons maintenant obtenu la réconciliation" (Rom 5,6-11).

"Quiconque est dans le Christ est une nouvelle créature. Ce qui est vieux est passé; voyez, il y a du nouveau. Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ, et nous a confié le ministère de cette réconciliation. Car dans le Christ, c'était Dieu qui se réconciliait le monde, qui ne faisait plus état des fautes des hommes, et qui a mis sur nos lèvres le message de réconciliation" (2 Cor 5,17-19).

Le pardon des péchés est un des signes de la venue du Christ, le Messie, tel que prédit dans l'Ancien Testament :

"...car tous Me connaîtront, grands et petits - oracle du Seigneur; car Je pardonnerai leur faute sans garder aucun souvenir de leur péché" (Jér 31,34).

Le Christ est l'Agneau de Dieu Qui enlève les péchés du monde, l'Agneau qui est sacrifié afin que par Lui tous les péchés puissent être pardonnés. Il est aussi le Grand Prêtre, Qui offre le sacrifice parfait par lequel l'homme est lavé de ses péchés et purifié de ses iniquités. Sur l'arbre de la Croix, en tant que Grand Prêtre, Jésus offre le sacrifice parfait de Sa propre vie, Son propre corps, en tant qu'Agneau de Dieu.

"Le Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple pour que vous suiviez Ses traces. Lui Qui n'a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s'est point trouvé de fraude (Is 53,9); Lui Qui, outragé, n'a pas rendu l'outrage; Qui, maltraité, n'a point fait de menaces, mais s'en remettait à Celui Qui juge avec justice; Lui Qui a porté Lui-même nos péchés dans son corps sur le bois, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice; Lui enfin, dont les meurtrissures nous ont guéris (Is 53,5). Car vous étiez des brebis errantes; mais vous êtes maintenant revenus à Celui Qui est le pasteur et le gardien de vos âmes" (1 Pierre 2,22-25).

L'offrande et le sacrifice du Fils de Dieu en tant que Grand Prêtre, offert à Son Père éternel, est expliqué en grand détail dans l'Épître aux Hébreux, que l'on trouve dans le Nouveau Testament.
"Au jour de sa vie mortelle, Il adressa des prières et des supplications mêlées de cris et de larmes à Celui Qui pouvait Le sauver de la mort, et Sa piété le fit exaucer. Bien que Fils de Dieu, Il apprit donc à obéir dans les souffrances qu'Il endura et, une fois parvenu à son terme, Il est devenu, pour tous ceux qui Lui obéissent, une source de Salut éternel, car Dieu L'a proclamé prêtre selon l'ordre de Melchisédech" (Héb 5,7-10).

"Cependant le Christ a paru, grand prêtre des biens à venir; et, traversant une tente excellente et plus parfaite, non construite par la main de l'homme, (ce qui veut dire, n'appartenant pas à cette création) sans apporter le sang de boucs ou de taureaux, mais avec Son propre sang, Il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire en nous acquérant la rédemption éternelle. Car, si le sang des boucs et des taureaux, si la cendre d'une vache dont on asperge ceux qui ont contracté quelque souillure sanctifient et procurent du moins la pureté du corps, à combien plus forte raison le sang du Christ qui, par l'Esprit éternel, S'est offert Lui-même à Dieu comme victime immaculée, purifiera-t-il notre conscience des oeuvres de mort pour le service du Dieu vivant! C'est pour cela qu'Il est médiateur du Nouveau Testament, et ainsi, Sa mort étant intervenue pour le rachat des fautes commises sous l'ancien, les élus reçoivent l'héritage éternel qui leur a été promis" (Héb 9,11-15).

Selon les Écritures, les péchés de l'homme et les péchés du monde entier sont pardonnés par le sacrifice du Christ, par l'offrande de Sa vie – Son corps et Son sang, qui est le "sang de Dieu" (Actes 20,28) – sur la Croix. C'est la "Rédemption", la "rançon", "l'expiation", la "propiation", dont parlaient les Écritures, qui avait à être accomplie de sorte que l'homme puisse devenir "un" avec Dieu. Le Christ a "payé le prix" qui avait à être payé pour le monde, afin que ce dernier puisse être pardonné et purifié de toutes les iniquités et péchés (1 Cor 6,20; 7,23).

Dans l'histoire de la doctrine Chrétienne, il y a eu de grands débats sur la question de savoir à qui le Christ "payait le prix" pour la rançon du monde et le Salut de l'humanité. Certains ont dit que le "paiement" avait été fait au diable. Cela vient du fait que le diable a reçu certains "droits" sur l'homme et son monde à cause du péché de l'homme. Dans sa rébellion contre Dieu, l'homme "s'est lui-même vendu au diable", permettant dès lors au démon de devenir "prince de ce monde" (Jn 12,31). Le Christ est venu payer la dette au démon et libérer l'homme de son emprise en Se sacrifiant Lui-même sur la Croix.

D'autres disent que le "paiement" du Christ pour l'homme avait à être fait à Dieu le Père. C'est la vision qui interprète la mort sacrificielle du Christ sur la Croix comme étant la punition nécessaire qui avait à être payée pour satisfaire la colère de Dieu à l'encontre de la race humaine. Dieu était insulté par le péché de l'homme. Sa Loi était bafouée et Sa justice offensée. L'homme avait à payer l'amende pour son péché en offrant le juste châtiment. Mais nulle quantité de châtiment humain n'aurait pu satisfaire la justice de Dieu parce que la justice de Dieu est divine. Dès lors le Fils de Dieu avait à naître dans le monde et recevoir la punition qui était à juste titre prévue pour les hommes. Il avait à mourir afin que Dieu reçoive juste satisfaction pour les offenses de l'homme contre Lui. Le Christ S'est Lui-même substitué à nous et est mort pour nos péchés, offrant Son sang comme sacrifice satisfiant pour les péchés du monde. En mourant sur la Croix à la place de l'homme pécheur, le Christ paie le prix complet et entier pour les péchés de l'homme. La colère de Dieu est levée. L'insulte de l'homme punie. Le monde est réconcilié avec son Créateur.

Commentant cette question de savoir à qui le Christ "payait le prix" pour le Salut de l'homme, saint Grégoire le Théologien, au 4ème siècle, écrivait ceci dans sa seconde méditation pascale (Oratio) :

"Maintenant nous allons examiner un autre fait et dogme, négligé par la plupart, mais selon moi, méritant approfondissement. Pour qui donc était ce Sang offert qui était versé pour nous, et pourquoi était-il versé? Je parle du précieux et célèbre Sang de notre Dieu et Grand Prêtre et Sacrifice.

Nous étions détenus dans les liens par le démon, vendus au péché, et recevions du plaisir en échange du mal. Alors, puisqu'une rançon n'appartient qu'à celui qui tient enchaîné, je demande à qui il fut offert, et pour quelle raison?

Si c'est au démon, quelle honte que cet outrage! Si le bandit reçoit une rançon, non seulement de Dieu, mais une rançon qui consiste en Dieu Lui-même, et de la sorte un paiement altier pour sa tyrannie, alors il aurait été juste pour lui de nous laisser en même temps tranquilles!

Mais si c'est à Dieu le Père, alors comment? Car ce n'était pas par Lui que nous étions oppressés. Et de plus, en quoi est-ce que le Sang de Son Fils Unique-engendré aurait réjouit le Père, Lui Qui n'avait pas même voulu recevoir celui d'Isaac, lorsqu'il fut amené pour être sacrifié par son père (Abraham), mais Qui avait changé le sacrifice en plaçant un bélier à la place de la victime humaine? (cfr Gen. 22).

Il n'est pas manifeste que le Père L'accepte, mais Il ne le Lui a ni demandé pour Lui, ni demandé à Lui; mais du fait de l'Incarnation, et du fait que l'humanité doit être sanctifiée par l'Humanité de Dieu, afin qu'Il puisse Lui-même nous délivrer, et vaincre le tyran (c-à-d le démon) et nous attirer à Lui-même par la médiation de Son Fils, Qui a aussi disposé de cela pour honorer le Père, à Qui il est manifeste qu'Il obéit en toutes choses."

Dans la terminologie de la théologie Orthodoxe, on peut dire en général que les mots "paiement" et "rançon" sont plutôt compris comme une manière métaphorique et symbolique de dire que le Christ a accompli toutes choses nécessaires pour sauver et racheter l'humanité esclave du démon, du péché et de la mort, et se trouvant sous la colère de Dieu. Il "a payé le prix", non pas dans un sens manière légaliste ou juridique ou économique. Il a "payé le prix" non pas au démon dont les droits sur l'homme avaient été gagnés par la tromperie et la tyrannie. Il a "payé le prix" non pas à Dieu le Père dans le sens que Dieu Se délecterait de Ses souffrances et recevrait "satisfaction" de Ses créatures en Lui. C'est plutôt qu'Il a 'payé le prix" à la réalité elle-même, pourrions nous dire. Il a "payé le prix" pour créer les conditions dans lesquelles et par lesquelles l'homme pourrait recevoir le pardon des péchés et la vie éternelle, en mourant et se relevant à nouveau en Lui dans la nouveauté de la vie (cfr Romains 5,8; Galates 2,4).

En mourant sur la Croix et ressuscitant d'entre les morts, Jésus-Christ a lavé le monde du mal et du péché. Il a vaincu le démon "sur son propre territoire" et selon "ses propres moyens." Le "salaire du péché est la mort" (Romains 6,23). Ainsi le Fils de Dieu devint homme et prit sur Lui-même les péchés du monde et mourut d'une mort volontaire. Par Sa mort sans péché et innocente accomplie entièrement de Sa libre volonté – et non pas par quelque nécessité physique, morale ou juridique – Il a fait mourir la mort, la faisant devenir elle-même la source et le chemin de la vie éternelle. C'est ce que chante l'Église lors de la fête de la Résurrection, la Nouvelle Pâque dans le Christ, ce nouvel Agneau Pascal, Qui est ressuscité d'entre les morts :

"Le Christ est ressuscité des morts!
Par la mort Il a vaincu la mort!
A ceux qui sont au tombeau, Il a donné la vie!"
(Tropaire de la Résurrection / Pâques)

Et voici comment l'Église prie à la Divine Liturgie de saint Basile le Grand :

"Lui, le Dieu d’avant les siècles, Il est apparu sur terre, Il a vécu parmi les hommes, Il a pris chair de la Sainte Vierge, Il S’est anéanti Lui-même, prenant la condition d’un esclave, devenant conforme à notre corps de misère pour nous rendre conformes à l’image de Sa gloire.
Et puisque le péché, par la faute d’un homme, était entré dans le monde, et par le péché, la mort, il a plu à Ton Fils Unique, Celui Qui est dans Ton sein, Toi Dieu et Père, de naître de la femme, la sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, de naître sous la Loi, condamnant le péché dans Sa propre chair, afin que ceux qui étaient morts en Adam fussent rendus à la vie en Lui, Ton Christ.
Ayant résidé dans ce monde et donné Ses préceptes salutaires, nous détournant des errements de l’idolâtrie, Il nous a amenés à Te connaître, Toi vrai Dieu et Père, et nous a acquis pour Lui-même comme un peuple choisi, un sacerdoce royal, une race sainte. Nous ayant purifiés dans l’eau et sanctifiés par l’Esprit Saint, Il S’est livré Lui-même comme rançon à la mort, dans laquelle nous étions retenus, vendus au péché.
Descendu par la Croix au séjour des morts, afin de parfaire en Lui toutes choses, Il a dissipé les angoisses de la mort. Ressuscité le troisième jour, Il a frayé à toute chair la voie de la résurrection d’entre les morts, car il n’était pas possible que l’Auteur de la vie fût soumis à la corruption. Il est devenu prémices de ceux qui se sont endormis, premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier de tout..." (prière Eucharistique de la Liturgie de Saint Basile)

Jésus, le Destructeur de la Mort

Dès lors, le 3ème et dernier aspect de l'action salvatrice et rédemptrice du Christ est le plus profond et le plus compréhensible. C'est la destruction de la mort par la propre mort du Christ. C'est la transformation de la mort elle-même en un acte de vie. C'est la recréation du Shéol [Hadès, "enfer"] – la condition spirituelle de l'état de mort – en paradis de Dieu. Ainsi, dans et à travers la mort de Jésus-Christ, la mort est mise à mort. En Lui, Qui est la Résurrection et la Vie, l'homme ne peut pas mourir, mais vit éternellement avec Dieu.

"En vérité, en vérité Je vous le dis, celui qui écoute Ma parole et croit à Celui Qui M'a envoyé, a la vie éternelle, et il échappe à la condamnation: il est passé de la mort à la vie" (Jn 5,24)

"C'est Moi la résurrection; celui qui croit en Moi, vivra, fût-il mort. Et tout homme qui vit et croit en Moi ne mourra jamais" (Jn 11,25-26).

"Le Christ qui est mort, plutôt, qui est ressuscité, qui est à la droite de Dieu, le Christ intercède pour nous! Qui pourra nous séparer de l'amour du Christ? (..) J'ai, en effet, la ferme conviction que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés, ni le présent ni l'avenir, ni les puissances, ni les sommets ni les abîmes, ni quoi que ce soit dans la création, ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous témoigne dans le Christ Jésus, notre Seigneur" (Romains 8,34-39).

"Car en Lui habite corporellement toute la plénitude de la divinité. Et vous, vous avez tout, pleinement, en Lui, Qui est le chef de toute Principauté et de toute Puissance. En Lui aussi, vous avez été circoncis, non de cette circoncision faite de main d'homme, mais de la circoncision du Christ, qui consiste dans le dépouillement de notre être charnel. Ensevelis avec Lui par le baptême, avec Lui vous êtes ressuscités par votre foi en la puissance de Dieu Qui L'a ressuscité des morts. Vous qui étiez morts par vos fautes et votre incirconcision, Il vous a fait revivre avec Lui, car Il nous a remis toutes nos offenses. Il a détruit l'acte rédigé contre nous et dont les dispositions nous condamnaient; Il l'a réduit à néant en le clouant à la Croix. Il a dépouillé les Principautés et les Puissances, Il les a livrées en spectacle de dérision en triomphant d'elles par la croix" (Colossiens 2,9-15).

Telle est la doctrine des Écritures du Nouveau Testament, répétée sans cesse de diverses manières dans la Tradition de l'Église : dans ses Sacrements, son hymnologie, sa théologie, son iconographie. La victoire du Christ sur la mort est la libération de l'homme des péchés et la victoire de l'homme sur l'esclavage du démon, parce qu'en et à travers la mort du Christ, l'homme meurt et renaît à la vie éternelle. Les péchés ne sont plus comptés. Dans Sa mort, le démon ne le retient plus. Dans Sa mort, il renaît à la nouveauté de la vie et est libéré de tout ce qui est mal, faux, démoniaque et pécheur. En un mot, il est libéré de tout ce qui est mort en mourant et se relevant à nouveau en et par Jésus.

"Mais ce Jésus qui a été abaissé momentanément au-dessous des anges , nous le voyons couronné de gloire et d'honneur à cause des souffrances de la mort. C'est ainsi que, par la grâce de Dieu, sa mort profite à tous les hommes. (..) Puis donc que les enfants ont eu en partage une nature de chair et de sang, lui-même en a fait partie également. Il peut ainsi renverser par sa mort la puissance de celui qui possédait l'empire de la mort, le diable, et délivrer ceux que la crainte de la mort tenait, leur vie durant, dans une vraie servitude" (Héb 2,9-15).

"Mais voici que le Christ est ressuscité des morts; Il est les prémices de ceux qui sont morts. En effet, c'est par un homme que la mort est venue; c'est par un Homme aussi que vient la résurrection des morts. Tous meurent en Adam, ainsi tous revivront dans le Christ[..]
Or, l'aiguillon de la mort, c'est le péché; la puissance du péché, c'est la Loi. Mais grâces soient rendues à Dieu Qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ!" (1 Cor 15,20-23; 56-57).
enluminure occidentale de la Ressurection du Christ

Constantinople: Washington dévoile les projets d'attentat contre les patriarches Grec et Arménien

Les nationalistes Turcs menaçent les patriarches Arménien et Grec de Turquie


http://www.panarmenian.net/news/eng/?nid=21102

kathimerini, quotidien grec
14.02.2007 17:36 GMT+04:00
/PanARMENIAN.Net/ Le quotidien Kathimerini rapporte, citant une source d'information stratégique américaine, que le patriarche Grec, Bartholomée d'Istanboul, est devenu la cible numéro un pour les Mesrob Mutafyan, patriarche Armenien de Constantinoplenationalistes Turcs. Le quotidien turc Milliyet a reproduit la même information sous le titre "Les patriarches menacés de mort." NTV dit que la vie du patriarche de Constantinople de l'Église Apostolique Arménienne, l'archevêque Mesrob Mutafyan, est aussi en danger, d'après Yerkir online.



patriarches Grec et Armenien de Constantinopleles 2 patriarches ensemble

Σχέδιο δολοφονίας του Πατριάρχη
Ο κ. Βαρθολομαίος καθώς και ο Αρμένιος Πατριάρχης της Κωνσταντινούπολης αποτελούν στόχο του βαθέος κράτους
news.kathimerini.gr/4dcgi/_w_articles_politics_100062_11/02/2007_215640
C:\tempo\kathimerini-gr110207.jpg

[résumé de la page en grec :]

Projet d'assassinat du patriarche.
Bartholomeos et le patriarche Arménien d'Istanboul constituent un objectif pour une partie secrète de l'État.

Par Alexis Papaxhela

Des diplomates occidentaux suivant avec grande attention ce qui se passe en Turquie en ce moment sont fort inquiets pour du patriarche Bartholomeos, mais aussi du patriarche Arménien d'Istanbul, l'arch. Mesrob. D'après eux, un groupe cachée au sein de l'appareil de l'Etat Turc fonctionne depuis 2 ans de manière autonome et sans contrôle. Ces personnes, parmi lesquelles on trouve des officiers retraités de l'armée et des services de sécurité, planifient leur scénario pour la Turquie. Ils considèrent qu'ils se trouvent en situation de révolution et que par conséquent ils s'arrogent le droit à commettre des exécutions, a indiqué un analyste Américain expérimenté, ajoutant : "Il est clair qu'il existe des projets d'exécution de meurtres de représentants des diverses minorités".

Déjà les dernières semaines les services Turcs de sécurité avaient reçu de nombreuses informations inquiétantes sur attaque imminente contre le patriarche Arménien, lequel a exaspéré les cercles nationalistes avec sa récente communication, où il osait mentionner le génocide des Arméniens, ce que les Turc considèrent habituellement comme un sujet tabou.

Mesures supplémentaires de sécurité

Les services turcs ont pris en outre des mesures de sécurité pour le chef religieux Arménien. Des sources occidentales, qui savent bien ce qui se passe en Turquie, reconnaissent toutes que l'objectif n°1 des cercles nationalistes est le patriarche. Ces cercles considèrent que ce patriarche n'a pas de raison d'être, et se mettent en colère face à l'importance que lui attribue la Maison Blanche et les gouvernements européens. Ils savent bien sûr qu'un attentat contre le patriarche créerait des problèmes énormes aux relations internationales de la Turquie, mais le cas échéant c'est aussi leur objectif.

Washington a fait part de son inquiétude pour la sécurité du patriarche et a demandé la prise de mesures supplémentaires de protection. Des officiels Américains qui étudient attentivement ce qui se passent à l'étranger, expriment l'opinion que les services de sécurité sont profondément ancrés dans l'État, comme on l'a vu après le meurtre du journaliste Arménien Hrant Dink. "La négligence des services de collecte d'informations de la police d'Istanbul, mais aussi - surtout - la photographie des policiers avec le meurtrier posant entre eux en héros montre qu'existent des interdépendances occultes" soulignaient des officiels occidentaux, exprimant la certitude que le gouvernement Erdogan a perdu le contrôle.

Ces mêmes officiels précisaient que lorsqu'ils parlent de menaces contre le patriarche, ils ne visent pas les Loups Gris et leurs habituelles manifestations bruyantes d'opposition. Ils veulent parler des noyaux occultes paramilitaires utilisant de jeunes enfants pour commettre des exécutions. C'est arrivé à Hrant Dink, et au prêtre catholique-romain Santoro. Pour parvenir à remonter jusqu'au cerveau de l'attentat, il faut franchir 3 ou 4 niveaux, qui s'occupent de faire disparaître toute trace. Il s'agit de durs, de bandes bien organisées, avec couverture de cadres supérieurs des services de sécurité.

Les droits de l'homme

Selon l'analyse des officiels occidentaux, le patriarche a choqué les cercles nationalistes par son intense critique de la politique de la Turquie en matière de droits de l'homme. "Les informations qui arrivent de sources différentes signalent qu'il fait partie, avec le patriarche Arménien, de la liste des principaux ennemis de la Turquie" soulignait un analyste Américain expérimenté.

Le patriarche Bartholomeos lui-même ne semble pas pour autant s'inquiéter et au contraire, il soutien le patriarche Arménien, lequel connaît aussi la plupart des menaces. "C'est caractéristique du sang-froid de Bartholomeos" soulignait son collaborateur, rajoutant : "et cela même s'il sait bien qu'il se trouve dans le collimateur des cercles des paramilitaires Turcs les plus durs et meurtriers."


Patriarche Bartholomeos – Une Passion Pour La Paix
http://www.ecupatriarchate.org/press/articles.php?id=7&lang=4
"La guerre qui est menée au nom de la religion est une guerre contre la religion"

patriarche Bartholomeos de Constantinople, en merLes réels pacificateurs de l’histoire n’ont pas lutté seulement pour l’apaisement des conflits mais ils ont montré de la compassion envers ceux qui les ont persécutés. Des personnalités comme Martin Luther King, André Zacharov, Hong Shan Shu Xi, Simon Peres, l’Archevêque Desmond Toutou et Nelson Mandela appartiennent à l’histoire récente des pacificateurs.

A cette liste de noms il faut ajouter celui du Patriarche Œcuménique Bartholoméos de Constantinople, lequel a été surnommé le Médiateur ainsi que Patriarche de la Paix. Le Patriarche Bartholoméos, bien que chef spirituel de 250 millions de chrétiens Orthodoxes, subit de continuels harcèlements de la part d’un gouvernement turc hostile ainsi que des attaques perpétuelles d’extrémistes qui souhaitent sa disparition du devant de la scène ainsi que de sa charge. Il a subi des insultes, des comportements avilissants, il a vu les fenêtres de son bureau brisées part des jets de pierres et des grenades tomber dans sa cour.

Son Siège, le Patriarcat Œcuménique, qui a été instauré comme institution au quatrième siècle et possédait la fortune du vaste Vatican, a été réduit à un petit territoire contrôlé dans un quartier misérable de Constantinople appelé Fanari. Presque toute la fortune du Patriarcat a été confisquée par les gouvernements turcs successifs, les Ecoles ont été fermées et les représentants du Haut Clergé sont injuriés par des extrémistes qui manifestent quasiment quotidiennement à l’extérieur du Patriarcat, exigeant leur expulsion de Turquie.

Le Patriarche, lui-même, est souvent désapprouvé et il est menacé lors de ces déplacements en dehors de l’enclos du Fanari. De temps en temps, des Turcs chauvins et des fanatiques musulmans brûlent son effigie. Quelques bureaucrates mesquins se complaisent à le tourmenter continuellement, en le convoquant à leurs bureaux pour l’interroger sur différents sujets insignifiants, en empêchant ses efforts de réparer les quelques bâtiments qui demeurent sous son contrôle et en procédant à des menaces indirectes pour tout ce qu’il dit et fait lorsqu’il voyage à l’étranger. Le gouvernement turc dans son ensemble poursuit sciemment une politique de dédain à son égard, refusant de reconnaître son prestige œcuménique en tant que chef religieux de l’une des plus importantes religions, en le reconnaissant simplement comme chef de la petite communauté grecque Orthodoxe de Constantinople.

Comme tous les chefs persécutés, il n’a pas hésité à protester contre ce traitement offensant. "Pourquoi ? Pour quelle raison ?" Il a énergiquement protesté quand des musulmans extrémistes ont profané des tombes Orthodoxes à Constantinople. "Ne sommes-nous pas pleinement des citoyens respectueux des lois dans ce pays ? N’avons nous pas assez souffert sans être coupable de rien ?"

Depuis de nombreuses décennies, cette situation affligeante perdure. En septembre 1955, lorsque Bartholoméos étudiait à Constantinople, il fut le témoin de la persécution massive dans les quartiers grecs de la ville qui ressemblaient "aux quartiers bombardés de Londres durant la Seconde Guerre Mondiale", comme l’a relaté un journaliste anglais. Comme le consul des Etats-Unis l’a relaté, tandis que la police "se montrait indifférente ou haranguait la foule", 4.000 magasins grecs et 2.000 maisons ont été pillés, 38 églises ont été incendiées et 35 encore ont été profanées et 52 écoles ont été détruites. Durant cette insurrection plus de 10 personnes ont trouvé la mort et de nombreuses personnes ont été blessées. C’est ainsi qu’a débuté un cycle d’actes de violence et d’intimidations qui a conduit à la baisse de la population grecque à Constantinople de 200.000 personnes dénombrées au début des troubles à 2.000 personnes aujourd’hui. (Des informations mentionnent que ces perturbations ont constitué une réponse à des attentats à la bombe contre le consulat turc de Thessalonique, mais une enquête turque ultérieure a démontré que ces attaques ont été commandées et exécutées par des agents sympathisants du premier ministre turc afin de provoquer et de légitimer à posteriori les comportements inqualifiables de haine contre les grecs).

Cependant, aucun de ces comportements offensants n’a émoussé ni la compassion et le soutien qu’il montre au peuple turc mais ni sa détermination à exister comme médiateur entre la Turquie et l’Europe. Malgré les difficultés qu’il rencontre avec le gouvernement, il a soutenu tous les efforts qui ont été mis en œuvre à l’échelon international pour le renforcement de l’économie et de la démocratie turque, provoquant souvent des critiques sévères de la part de nationalistes grecs. Fervent avocat des efforts de la Turquie à intégrer l’Union Européenne, il voyage dans toute l’Europe et parle ouvertement en faveur de son intégration. "L’intégration de la Turquie au sein de l’Union Européenne peut constituer un symbole fort d’une collaboration enrichissante réciproque entre l’Occident et le monde islamique et mettre un terme à la discussion du choc des cultures", a-t-il déclaré dans de nombreuses capitales européennes. Le soutien absolu d’un chef émérite chrétien a contribué à l’apaisement de l’opposition que de nombreux sceptiques ont fait naître, lesquels ont douté de la justesse de l’intégration dans l’Union Européenne d’un pays musulman de 70 millions d’habitants, et c’est ainsi que l’Union Européenne a commencé les négociations avec la Turquie à la fin de l’année 2004.

Encore plus important est le fait que, à une époque où l’hostilité et les malentendus entre l’Occident chrétien et le monde musulman ont atteint un point de confrontation mortelle, le Patriarche Bartholoméos, qui parle sept langues y compris le turc, fournit un effort sérieux de toucher les musulmans de tout le Moyen-Orient. "Nous croyons sincèrement que les chrétiens Orthodoxes ont une responsabilité particulière de contribuer au rapprochement Occident-Orient", il a fait remarquer entre autre. "Comme la Démocratie Turque, nous vivons nous-aussi simultanément dans les deux mondes".

Le Patriarche Bartholoméos, soulignant que les chrétiens Orthodoxes ont une histoire de coexistence avec les musulmans du Moyen-Orient vieille de 550 ans, il a entrepris une série de rencontres avec des chefs religieux musulmans dans toute la région qu’il appelle "dialogue de très cher amour". Dans le but de renforcer ce dialogue, il a voyagé en Libye, Syrie, Egypte, Iran, Jordanie, Azerbaïdjan, au Qatar et au Bahreïn et il a rencontré de nombreuses personnalités du monde politique et religieux de ces pays, qu’aucun autre chef religieux chrétien n’avait rencontré jusqu’à ce jour. Par conséquent, le Patriarche dispose d’un plus grand crédit et il a plus d’occasions d’établir des ponts de communication entre le Christianisme et l’Islam que n’importe quel autre chef religieux chrétien.

"Nous comprenons pleinement les plaintes du monde musulman envers l’Occident alors que le monde Orthodoxe, lui-même, a subi le même traitement par le passé", a-t-il déclaré. "Tout comme nous, ils ont vu leur foi être ébranlée et leur histoire être déformée, mais nous espérons laisser derrière nous les désagréments et donner la priorité aux valeurs essentielles de l’humanité". Il a précisé que ceci implique l’engagement absolu et incontestable à la paix et à la tolérance. "Nous condamnons sans équivoque chaque type de fanatisme, de violations de lois et de recours à la violence, indépendamment de leur provenance", a-t-il déclaré dans son discours au Parlement Européen. "Notre engagement en faveur de notre besoin de communication libre et pacifique entre les peuples, ainsi que du respect mutuel et des relations pacifiques entre les nations demeure inflexible… ".

Le Patriarche Bartholoméos grâce au respect dont il jouit en Occident et dans le monde musulman, a joué un rôle primordial dans la création d’un front puissant entre les chefs religieux contre le recours à la violence. Trois mois après le 11 septembre 2001, il a organisé un colloque inter-religieux à Bruxelles, lequel a été cofinancé par l’ex-président de la Commission Européenne et ancien premier ministre d’Italie Romano Prodi. Le Patriarche a joué un rôle majeur dans l’élaboration de la célèbre déclaration dans le cadre du colloque, conformément à laquelle "la guerre qui est menée au nom de la religion est une guerre contre la religion". Au sujet des extrémistes religieux et des terroristes, il a déclaré par la suite au magazine Time "ils sont sans doute les plus malintentionnés faux-prophètes. Quand ils bombardent, font feu et détruisent, ils volent quelque chose de plus que la vie elle-même. Ils sapent la foi et la foi est le seul moyen pour briser le cercle de haine et de violence".

Le Patriarche Bartholoméos, connaissant d’expérience personnelle combien la haine religieuse apporte de malheur et de destruction, a essayé de la combattre par tous les moyens tolérés par sa foi et sa position. Un de ses plus grands efforts, dans les premières années de son intronisation, a été la convocation d’un colloque religieux international pour la Paix et la Tolérance Religieuse, à Constantinople. Le colloque a réuni pour la première fois, à la même table, Chrétiens, Juifs et Musulmans afin qu’ils trouvent des solutions pour encourager la compréhension et la coexistence pacifique entre les croyants des trois religions. "Chers amis, a-t-il déclaré aux participants, plus nombreuses sont les choses qui nous unissent par rapport à celles qui nous séparent. Nous tenons entre nos mains la vision du psalmiste : "Regardez combien est réjouissant pour des frères de vivre ensemble en concorde".

Au sein du monde chrétien, le Patriarche joue un rôle nodal en tant que pacificateur. Immédiatement après l’intronisation du pape benoît XVI l’année dernière, Bartholoméos a vu l’occasion du renouveau du mouvement œcuménique. Il a invité le Pape Benoît à visiter le Patriarcat. Ce voyage historique est programmé pour les 29 et 30 novembre. Pour la préparation de cette rencontre au sommet, le Comité International du Dialogue Orthodoxes-Catholiques s’est réuni en septembre dernier, pour la première fois, après six ans. A l’ordre du jour de la rencontre se trouvaient les questions théologiques majeures, autorité religieuse et préséance, autrement dit les plus grands obstacles à l’union des deux dogmes chrétiens. Le dialogue affaibli, quand au début des années 90, Catholiques et Orthodoxes luttaient pour dépasser les tensions engendrées par la réapparition dynamique au premier plan des Eglises de l’Europe de l’Est, après la chute du communisme et jusqu’à la fin de la décennie, avait été complètement abandonné. Aujourd’hui, grâce au Patriarche Bartholoméos et au nouveau Pape, le mouvement œcuménique se renouvellera avec énergie et optimisme.

L’intérêt du Patriarche ne se limite pas aux conflits inter-religieux, mais s’étend à toute la "création de Dieu". Sa sensibilité écologique s’est développée au point de lui voir attribuer le titre de "Patriarche Vert". Peu après son intronisation au Patriarcat en 1991, il a proclamé que le "crime contre la nature est un pêché". "Les hommes et l’environnement", a-t-il déclaré, "composent la matière invisible de l’existence, un tissus multicolore, lequel, nous croyons, a été tissé dans sa totalité par Dieu". "La nature n’est pas nôtre pour que nous l’utilisions à notre gré. C’est un cadeau d’amour de Dieu envers nous et il faut que nous lui montrions notre amour en la protégeant", a-t-il déclaré lors du colloque des écologues, en Californie, en 1997.

Renforçant son discours par des actes, Bartholoméos a pris une série d’initiatives pour que la sensibilisation internationale en faveur de l’environnement s’intensifie. En 1992, il a suggéré à toutes les Eglises Orthodoxes, que le 1er septembre soit un jour de prière pour l’environnement. En 1995, il a mis en œuvre une série de colloques pour l’environnement, auxquels étaient conviés des scientifiques émérites, des chefs politiques, des théologiens, des écologistes et des journalistes. Les colloques se déroulaient au cours d’une croisière hebdomadaire et avaient pour thème l’effet catastrophique qu’entraîne la pollution des eaux. Dans le but d’attirer l’attention internationale sur la catastrophe écologique des régions qu’ils visitaient, au cours de la dernière décennie cinq colloques flottants ont été organisés, au Pont Euxin, en mer Egée, en mer Adriatique, en mer Baltique et sur le Danube.

Les conclusions du colloque flottant du Pont Euxin en 1997, ont conduit à un plan d’action pour la lutte contre la destruction de la mer la plus fermée d’Europe, lequel a été financé par des institutions financières internationales, comme la Banque Mondiale. Au cours du voyage en mer Adriatique en 2002, le Patriarche, a convaincu le Pape Jean-Paul II lors d’un entretien téléphonique de lancer un appel pour l’arrêt de la destruction de l’environnement, comme il a convaincu l’Aga Khan, qui participait à la croisière, d’inciter tous les chefs religieux à focaliser leur attention sur l’environnement. "Les mentions à l’environnement dans les prières des Protestants et des Catholiques le dimanche, des Juifs le samedi et des Musulmans le vendredi, sont trop peu nombreuses", a déclaré l’Aga Khan à la BBC, "et je considère qu’il serait bon que tous utilisent leur tribune pour sensibiliser leurs fidèles".

Durant plus d’une décennie, le Patriarche Bartholoméos organisait tous les ans, pendant l’été des conférences internationales sur l’écologie à l’Ecole Théologique de Halki (une île près de Constantinople), bien qu’elle soit sous le contrôle du Patriarcat, le gouvernement turc refuse son fonctionnement comme centre de congrès. Les donateurs de ces séminaires sont le Patriarche et le prince Philippe, duc d’Edimbourg, lequel a fondé l’Alliance des Religions pour la Protection de l’Environnement, en 1995, immédiatement après le début des efforts du Patriarche pour l’environnement.

Pour son engagement dans la lutte contre la pollution de l’environnement, le Patriarche a été honoré en 2002, avec le prix Sophie de Norvège, la distinction internationale la plus importante concernant les problèmes de l’environnement. Le prix de $100.000, qui accompagnait la récompense, a été offert par le Patriarche en faveur des enfants pauvres de l’Ethiopie, de Grèce et de Turquie. "Nous perdons du temps, et plus l’attente est grande, plus grands et irréparables sont les dommages ", a averti Bartoloméos lors de la cérémonie de remise du prix.

Bien que ses efforts l’aient soulagé très légèrement de ses problèmes avec la Turquie, ils lui ont cependant valu une reconnaissance internationale, le Congrès des Etats-Unis, entre d’autres, lui a remis la plus grande distinction, la Médaille d’or du Congrès. Au cours de la cérémonie sous le dôme du Capitole, le Patriarche a déclaré que "la chose la plus importante que l’on puisse apprendre des Etats-Unis se trouve exactement sous ce dôme majestueux. "Le Pentagone incarne la force mais le Capitole incarne le droit. Dans ces salles des opinions différentes se rencontrent et s’accordent… Et -le plus important pour l’Église Orthodoxe durant les périodes obscures de son histoire - dans ces salles les droits de l’homme étaient protégés et la dignité était fortifiée ".

Les Nations Unies, l’Union Européenne et des dizaines de pays, des universités et institutions ont également honoré le Patriarche pour son effort dans la promotion de la paix et de la compréhension, surtout entre l’Est et l’Ouest.

"La préoccupation de Sa Toute Sainteté, du Patriarche Oecuménique Bartoloméos était et continue d’être la réconciliation de l’Est avec l’Ouest ", a dit Dr Joel Delobel de l’Université Catholique de Louvain en Belgique, pendant la remise du doctorat honorifique au Patriarche Bartoloméos, en 1996. "Toute la vie du Patriarche a été consacrée à la construction de ce pont. Le premier de ces ponts est celui qui réunit les différentes Églises Orthodoxes ".

"Le deuxième pont est celui qui touche l’Europe, un pont, qui a été créé par les appels vigoureux du Patriarche pour l’élargissement de l’Union Européenne vers l’Est et le Sud-est de l’Europe. Au milieu des hésitations relatives à l’avenir de l’Europe, son appel constant pour une Europe intègre et son intérêt pour la protection de l’environnement sont les principes conducteurs tant pour l’Est que pour l’Ouest ".

" Le troisième pont est celui qui facilite le dialogue entre toutes les Églises Chrétiennes ".

Il est extrêmement important qu’un chef religieux, comme le Patriarche Bartoloméos, voyage partout dans le monde afin qu’il encourage la compréhension réciproque, soit confronté aux problèmes et trouve des solutions. Il n’y a pas d’autre solution. Les médiateurs de ce genre sont absolument indispensables ".

Depuis le 22 Octobre 1991, date à laquelle Bartoloméos est devenu Patriarche Œcuménique, il ne se contente pas de rester enfermé dans son bureau et de focaliser son attention sur des sujets théologiques et des difficiles problèmes de survie dans un environnement hostile. Au contraire, il a osé voyager sur tous les continents et a joué un rôle actif au sein du Conseil Mondial d’Eglises, il s’est adressé au Parlement Européen et au Congrès des Etats-Unis, il a rencontré des chefs d’Etats et il a visité des Églises Orthodoxes aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, en Amérique du Sud, en Grèce, en Russie, en Norvège, en Finlande, en Serbie, en Roumanie, en Bulgarie, en Albanie, en Ethiopie, en Corée et à Cuba.

"De nos jours, existent un désir profond pour la spiritualité et un grand besoin de montrer aux hommes, partout dans le monde la force thérapeutique de la compassion et de la bonne volonté ", déclare-t-il, "et jamais auparavant nous n’avions ressenti un aussi grand besoin pour la participation des chefs spirituels aux problèmes mondiaux".

En tant que Patriarche, depuis ces 15 dernières années, Bartholoméos s’occupe énergiquement des problèmes les plus difficiles auxquels est confronté le monde – le plus grand manque de confiance entre l’Occident et l’Orient, la destruction de l’environnement et les divisions profondes entre les religions.

La conduite offensante qui règne quotidiennement en Turquie le décourage davantage que la difficulté des questions dont il se préoccupe. Il est décidé à insister, à faire la différence et le fait qu’il a réussi est clairement reconnu par ceux qui l’ont suivi dans son combat au cours de ces 15 dernières années.

L’une des bénédictions de Jésus Christ dans son Sermon de la Montagne était destinée à ceux qui promeuvent la paix et la compréhension. "Bienheureux les pacificateurs", Il a dit, "que ceux-ci soient appelés fils de Dieu".

Peut-être qu’il l’a laissé pour la fin parce qu’Il savait qu’il s’agissait de la mission la plus difficile qu’un homme puisse accomplir.

Et peut-être que c’est la raison pour laquelle le Patriarche Bartholoméos a consacrée sa vie à cet objectif.

John Silber
Président honorifique
Professeur d’Université
Professeur de Philosophie et de Droit
Université de Boston