"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

28 avril 2007

Pâques en Chine, ou la lente remontée des catacombes

Saint Jean Maximovitch, Apôtre en Chine

"Dieu a permis que les Orthodoxes soient dispersés dans le monde afin d'annoncer à tous les peuples la véritable Foi Orthodoxe et de préparer la terre à la seconde Venue du Christ."
feu le métropolite Anastase (Gribanovski) de New York,
second primat de l'Église Orthodoxe Russe Hors Frontières
Lettre encyclique d'octobre 1953



eglise orthodoxe saint Innocent d'Irkoutsk, Pekinéglise Saint Innocent d'Irkoutsk, Pékin

1. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, aujourd'hui, en 2007, l'Évangile n'a toujours pas résonné par toute la terre habitée. Il est un pays-continent, la Chine, où bien des tentatives ont été faites, mais où "ça prend mal."
Comme plus rien ou presque ne subsiste des 3 premiers siècles du Christianisme, pour les savants et les scientifiques, il ne s'est rien passé. Rien chez nous, rien nulle part, donc rien en Chine non plus. Ils vous le disent: ils n'ont rien trouvé, eux, donc il n'y avait rien. Garde à vous, circulez, il n'y a rien à voir!
On aura du mal à expliquer que certains pays à l'entour, comme l'Inde, aient pu recevoir les fruits de la mission de saint Thomas, l'Apôtre, que Pantène 3 siècles plus tard, venu depuis son Égypte natale, en constatera de visu et sur place les restes et les effets. Et que la Chine aurait été oubliée.. Ben voyons. Les Apôtres n'étaient pas des fonctionnaires travaillant au cachet et attendant les vacances pour aller se dorer la pillule à l'étranger, paroisse fermée et troupeau abandonné....

En attendant, si on n'a rien pour cette période-là, on a pour après. Les chroniques chinoises rapportent en effet que des missionnaires avaient apporté à Constantinople des vers à soie venant de l'Empire du Milieu. C'était dans les années 500. Mais on ne nous parle pas de mission à proprement parler avant le siècle suivant. Certes, pas du Christianisme purement Orthodoxe, puisque c'était des missionnaires Assyriens ou Nestoriens. Enfin, à cette époque-là, le conflit politique avec Byzance avait cessé, et nul ne conteste l'Orthodoxie intégrale de saint Isaac le Syrien. Pour bien des Pères, c'est même l'auteur le plus important pour la vie spirituelle. Donc ne jugeons pas trop vite sans avoir pu lire toute la doctrine qui a été prêchée en Chine. Et voyons ce que ces missionnaires ont laissé dans l'Empire du Milieu.

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OLOPAN, PREMIER MISSIONNAIRE EN CHINE EN 635

OLOPAN, OLOPUEN ou Olopen (probablement la forme chinoise du syriaque Rabban, c-à-d "moine"). Vers 635, premier missionnaire Chrétien en Chine, si on ne prend pas en compte les récits assez vagues concernant saint Thomas, saint Barthélémy, etc. Fondateur de l'Église Nestorienne en Extrême Orient.
D'après l'inscription de la stèle de X'ian ou Si-ngan-fu, notre seule preuve archéologique, Olopan vint en Chine en provenance de Ta T'sin (l'Empire Romain) en la 9ème année de l'empereur T'ai-Tsung (+ 635), apportant livres et images sacrés. Il reçut un accueil favorable; son enseignement fut examiné et approuvé; ses Écritures furent traduites pour la bibliothèque impériale; et en 638, un décret impérial déclara le Christianisme religion tolérée. Le successeur de T'ai-Tsung, Kao-Tsung (650-683), fut encore plus amical, et Olopan devint un "gardien de l'empire" et un "seigneur de la grande loi." Après cela, entre 683 et 744, s'ensuivit une période de disgrâce pour les Chrétiens Chinois, puis vint une période de renouveau avec l'arrivée d'un missionnaire, Kiho, venant de l'Empire Romain.

La stèle de Si-ngan-fu, qui est le seul écrit restant relatant ces faits, a été érigée en 781, et redécouverte en 1625 par des ouvriers, qui creusaient dans la périphérie Chang-ngan de la ville de Si-ngan-fu. Elle comporte 1789 caractères chinois, racontant la mission chrétienne jusqu'en 781, de même qu'un aperçu de la doctrine nestorienne, le décret de T'ai-Tsung en faveur du Christianisme, la date où elle a été érigée, et le nom de diverses personnes reliées à l'Église en Chine lorsque le monument a été installé. Des notes complémentaires en syriaque (en caractères "estrangelo") répètent la date et les noms du patriarche nestorien en titre, de l'évêque nestorien en Chine, et d'un certain nombre de clercs nestoriens.

Voir Kircher, "China Illustrata"; Guillaume Pauthier, "De l'authenticité de l'inscription nestorienne de Si-ngan-fou" (Paris, 1857) et "L'inscription syro-chinoise de Si-ngan-fou" (Paris, 1858); Henry Yule, "Cathay, Preliminary Essay", xcii.-xciv. clxxxi.-clxxxiii. (London, Hakluyt Soc., 1866); F. Hirth, "China and the Roman Orient", 323, &c.; P. Henri Havret, "La stèle chrétienne de Si-ngan-fou", (Shanghai, 1895 et 1897) Tome 1, Tome 2, Tome 3; Dr James Legge's édition et traduction du texte, "The Nestorian Monument of Hsi-an-Fu" (London, 1888); Yule and Cordier, "Marco Polo", ii. 27-29 (London, 1903); C. R. Beazley, "Dawn of Modern Geography", i. 215-218.

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L'Église Assyrienne et le christianisme en Chine
L'Église Assyrienne [..] aurait été fondée par les apôtres Thomas et Addai, et a été très répandue, pas seulement en Syrie, Mésopotamie (l'Irak actuel), mais aussi en Perse où le katholikos de Ktesiphon-Seleukeia servait comme évêque pour l'Église Orientale. L'évêque rejeta le Concile de Chalcédoine en 451 et suivit les enseignements de Nestorius, qui croyait en l'unité des natures humaine et divine de Jésus-Christ, contre le dogme des 2 natures du Christ (2 natures, en chinois : erxing erwei). L'évêque de l'Église Orientale servit comme chef pour tous les Chrétiens orientaux et encouragea les voyages missionnaires vers l'Inde et l'Asie centrale. Du 7ème au 11ème siècle, le nestorianisme fut le groupe de Chrétiens avec des fidèles répartis sur le plus grand des territoires. Il y a une stèle bilingue en chinois et syriaque (ugaritarian) dans la préfecture de Xi'an (les anciens textes l'écrivent : Si-ngan-fu), érigée en 781 et redécouverte en 1625, qui rapporte l'existence de paroisses nestoriennes (en chinois : Niesituoli) en Chine depuis le début du 7ème siècle. Les moines nestoriens vivaient dans le monastère "Perse" Yiningfang à Xi'an, et le première missionnaire était un Perse appelé "Aluoben" (Alopen). Après l'expulsion des missionnaires étrangers dans les années 840, la tolérance religieuse de la dynastie des Yuan envers les étrangers permit à une 2ème vague de missionnaires nestoriens (appelés dès lors erkehün, chinois: yelikewen) de venir oeuvrer en Chine. Depuis le 15ème siècle, le nestorianisme a perdu son influence en Chine, et a disparu vers 1550. De nous jours, le nombre de Nestoriens dans le monde est aux alentours de 150.000, et leur église est divisée en plusieurs branches. Au cours des récentes années, on a découvert nombre de documents en Chine à propos du nestorianisme, dans la partie de l'Asie centrale de la Chine, tels que la traduction des liturgies nestoriennes, le Xutingmi shi suo jing, et Yishenlun "Monothéisme".
A titre informatif, l'écriture syriaque utilisée par les Nestoriens a été la base pour la création des alphabets Mongols et Mandchou.











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Quelques autres lectures sur le sujet, en anglais :
"Assyrian Christian Missions in China, 635 - 1550 AD" par Esha Emmanuel Tamras
http://www.edessa.com/history/monument.htm



"The monks of Kublai Kha, emperor of China,"
or
"The history of the life and travels of Rabban Sawma, envoy and plenipotentiary of the Mongol Khans to the kings of Europe, and Markos who was Mar Yahbh-Allaha III became patriarch of the Nestorian Church in Asia."
http://www.aina.org/books/mokk/mokk.htm




























Histoire de la redécouverte de cette stèle par les jésuites en 1625. L'intérêt du texte: il parle d'autres monastères fondés au 7ème siècle, et donne les impressionnantes dimensions de cette stèle (web.archive.org).
http://pages.infinit.net/amichine/special/stele.html

Lire aussi les informations dans les 272 pages de ce cours d'histoire de la Chine, université au Québec
http://classiques.uqac.ca/classiques/grousset_rene/




2. Les Nestoriens vivant repliés sur eux-mêmes, ne cherchant pas à guérir leurs plaies théologiques béantes – avec les siècles, le nestorianisme dur finit par l'emporter en interne - , arriva ce qui devait arriver: disparition. Ils eurent d'étranges successeurs. Des gens qui venaient prêcher aux populations qu'il fallait se soumettre à un chef d'un État séculier étranger pour être "bon chrétien", parce que ce chef d'État serait le remplaçant de Dieu sur terre, un Dieu qui en serait donc absent. Nous y reviendrons. Cela a bien sûr fait couler beaucoup de sang et très peu d'évangélisation. Bien sûr. Jusqu'à nos jours.

3. A partir du 17ème siècle, quand en Russie le grand mouvement d'évangélisation vers l'Asie a eu lieu, la Chine n'a pas été oubliée. Avoir des païens pour voisins, c'était toujours – et c'est encore – une source de soucis constants. Puisque votre vie les dérange, le simple fait d'être différent, de ne pas se vautrer dans la même boue, ça les gène, alors ils sont prêts à tout pour vous faire disparaître. La méthode militaire de conversion a montré sa totale impuissance – et aujourd'hui encore, ceux qui l'essaient, de la Tchétchénie à l'Irak, échouent tous, car bien des exemples le rappellent, ça se termine dans les larmes et le sang, pas dans le Christ.
Donc il faut des missionnaires. Là où c'était eux en avant et pas eux dans les bagages de l'armée, la Foi s'est implantée dans les âmes. En Asie, où les horreurs du chamanisme tenaient les populations sous la servitude de la terreur depuis si longtemps, progressivement, vint la libération des consciences. C'est lent et difficile, vaincre des millénaires d'erreur..
Quand ce n'était pas voulu, quand ce n'était pas des "incursions", c'est la Providence qui s'occupait de fournir des missionnaires pour la Chine... en permettant que des prêtres se retrouvent prisonniers des Chinois...

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Histoire de l'Orthodoxie en Chine jusqu'à la Révolution de 1949
(page d'origine en grec, non-orthodoxe, traduction personnelle, donc approximative, et complétée d'autres sources)
http://www.tyxikos.gr/01-3-11.html


"L'Église Orthodoxe a sa propre histoire en Chine, où elle est venue à partir de 1685, un siècle avant les premiers protestants. Il y avait des accrochages répétés à la frontière sino-russe, et certains soldats Russes furent capturés et emprisonnés. Parmi les prisonniers se trouvait aussi un prêtre, le p. Maxime Leontiev. Lorsqu'avec le traité de paix de 1690, les combats ont cessé, certains des prisonniers libérés ont décidé de rester en Chine, et l'empereur K'anghi leur a prêté provisoirement un temple à Pékin, dédié à la divinité de la guerre, Guandi. En 1696, le métropolite Ignace de Tobolsk envoya un "antimension" et le saint Chrême, et les Orthodoxes ont transformé le temple en l'église Sainte-Sophie.

L'Église de Russie a encouragé le p. Leontiev à propager l'Orthodoxie, et après son décès en 1712, le tsar Pierre le grand a envoyé à Pékin l'archimandrite Hilarion (Léjaiski) et d'autres ecclésiastiques.
De 1715 jusque 1956, 20 arrivées de clergé ont eu lieu. Cependant, l'Église Orthodoxe, que le pouvoir séculier avait en partie soumise en Russie, était dès lors utilisée pour les intérêts du gouvernement russe, et ceux qui en dépendaient directement n'ont pas pu faire grand chose en Chine, au contraire des missionnaires.
En 1902, il existait 32 églises orthodoxes à Pékin, et 6.000 fidèles, et il y avait écoles et orphelinats.
Lors de la révolte des Chinois contre les puissances coloniales, la "Révolution des Boxers" (1898-1900), beaucoup de violence a été déployée contre les Chrétiens Orthodoxes – l'Église honore la mémoire de 222 martyrs Orthodoxes Chinois.

Après la Révolution communiste en Russie en 1917, l'Église Orthodoxe de Chine, qui avait entre-temps perdu le soutien de la Russie, est devenue un refuge pour les nombreux opposants au nouveau régime en Russie. Vers 1930, il y avait près de 50.000 Orthodoxes en Chine, pour la plupart des Russes.
Après la Révolution en Chine et la fondation de la République Socialiste en 1949, toutes les églises Orthodoxes ont été placées sous le contrôle de l'État, et la plupart des Russes ont fuit vers l'Australie, les États-Unis d'Amérique et ailleurs. L'archevêque Russe Viktor est rentré en Russie en 1956, refermant derrière lui cette partie capitale de l'histoire de l'Église Orthodoxe en Chine."

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Au 20ème siècle, la Chine a connu bien des révoltes contre tous ces faux christianismes importés dans les bagages des colons occidentaux, qui tenaient le marché de l'opium en main et le peuple sous la dépendance opiacée. Le retour de bâton fut terrible. Et comme toujours, on ne fait pas dans le détail, et ce qui ressemble de près ou de loin à l'oppresseur et aux doctrines qu'il prêche, on bousille. On jette le bébé avec l'eau du bain. Mais malgré ça, les petits germes d'Église qui avaient été semés depuis la Russie continuaient à pousser, lentement mais sûrement. Et c'est ainsi que la Chine eut le bonheur, l'honneur, le privilège, de recevoir en saint Jean Maximovitch son plus grand et saint évêque, à Shanghaï – la Belgique et les États-Unis auront été les 2 autres privilégiés à avoir les fidèles du Christ guidés par un si saint pasteur.

4. Hélas l'infection née en Allemagne déchristianisée, le marxisme, qui avait finit par réussir à empoisonner les parties de la Russie les plus occidentalisées, se répandra aussi en Chine. Et ce pays, qui venait de connaître l'horreur de l'occupation militaire japonaise et de la barbarie sans nom que cet État athée y fit subir aux populations, allait "choisir" de passer de la vipère au cobra. La Chine devint une République Socialiste, où le seul dieu autorisé et même obligatoire était le président du parti, accompagné de la déesse Matérialiste.

5. Mais comment, après avoir eu la chance de recevoir la "religion de lumière", ont-ils pu tout rejeter ainsi? Comme je l'ai déjà dit, les "christianismes" qu'on leur a présentés étaient quasiment tous des produits accompagnant le colonialisme.
Quel pays au monde pourrait accepter qu'on prêche en ses frontières une doctrine disant à ses citoyens qu'ils doivent lui être infidèles au niveau séculier, qu'ils doivent se soumettre à une autorité temporelle étrangère?
Hé oui, saint Paul (Romains 13) ou saint Pierre disaient bien que le vrai signe du Chrétien, c'était aussi qu'il se soumette à ses autorités, celles du pays où il se trouve. Pas qu'il soit infidèle... Cette doctrine erronée qu'on leur prêchait portait en elle les germes de sa destruction, mais aussi par ricochet, de tout ce qui y ressemblerait de près ou de loin. Aujourd'hui, cela n'a pas encore changé. Et c'est pas sur la voie où ils se sont lancés, voie sans issue et sans demi-tour possible puisque tout est "dogme", que ça va changer.
Quand en prime les propagateurs de cette religion séculière se battent entre eux pour le contrôle de quelques poignées de "convertis", ça dégénère en bain de sang – voyez ce que les franciscains ont réussi à faire grâce à leur fraternelle amitié pour leurs frères jésuites : par jalousie, ils ont bouté le feu au ballot de paille sur lequel ils étaient assis tous ensemble, les faits sont là, terribles... et après avoir déclenché la catastrophe, ils osent qualifier leurs victimes de "martyrs", passons..
Ensuite, vous aviez ces autres étranges christianismes où tout un chacun a sa propre idée sur Qui Dieu est, ce qu'Il veut, et chacun interprète tout comme bon lui semble, peu importe que Dieu ait dit de faire le contraire. Je lisais récemment dans un mensuel issu d'un tel groupe le récit d'une "conversion" en Chine, par leurs "missionnaires." Sidérant. Le gaillard a reçu une Bible dans sa langue (ils sont très forts pour diffuser la Bible, une leçon pour nous), il en a lu 3 versets – pas plus, et il le dit bien lui-même! - et zouuu, il explique qu'il part "prêcher" ces 3 versets. Du Petit Livre Rouge à la Bible à couverture Noire, en gardant le même esprit et les mêmes méthodes. Visiblement, 2 Pierre 1,20 n'est pas le verset qu'on leur fait lire en premier lieu. En fait, jamais. Toujours est-il que la forte liaison de la plupart de ces groupes avec les puissances économiques américaines ou anglaises ou aux Loges (voire un mélange) les ont toujours rendus hautement suspects aux autorités locales. Et puis, fondés au 16ème siècle, sans la moindre apostolicité, comment porter du vrai fruit?

6. Cependant, les semences de Christianisme ont été répandues parmi les ronces mais aussi en bonne terre, et elles l'ont été par de grands saints. Cela ne peut rester sans lendemain. Le feu couve sous la cendre. Soufflons sur les braises. Peu importe quelle chapelle, quelle juridiction, tout cela est sans importance. Soufflons, par la prière. Pour que ce milliard de gens qui vivent dans les ténèbres puisse être éclairé de l'unique Lumière, le Christ, Ressuscité, remontant de l'Hadès, et accordant à l'humanité abondante miséricorde.

Car s'ils veulent sortir des ténèbres, tôt ou tard, il faudra qu'ils choisissent la Croix plutôt que les étoiles...

Concernant les missions de l'Église Orthodoxe de Russie, on se rapportera avec profit au petit ouvrage fort bien documenté "L'Église Orthodoxe Russe et ses missions", publié il y a quelques années dans une maison d'édition de "vieux calendristes", les éditions saint Jean le Roumain, à Lavardac (F). Il nous apprend aussi, sans détour, que ce n'est qu'à partir de la fin du 19ème siècle que tout a commencé à être sérieusement traduit en chinois... et que ce n'est qu'alors que la Foi a commencé à être vraiment diffusée, et que les conversions ont commencé. C'est logique. Inculturation ou échec. Saint Nicolas du Japon ou saint Tikhon en Alaska l'ont bien compris – et saint Tikhon aussi en ce qui concerne la diversité liturgique... C'est pareil pour l'Europe d'ailleurs!

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Pékin : Les fidèles Orthodoxes célèbrent la Sainte Pâques
http://orthodox.cn/news/20070409beijing_en.htm

Les fidèles Orthodoxes en Chine ont célébré la grande fête de la radieuse Résurrection du Christ. A Pékin, dans l'ancien bâtiment de Red Fangzi, sur le territoire de l'ambassade de la Fédération de Russie auprès de la République Populaire de Chine, dans la plus importante paroisse de Chine – il y a eu une procession solennelle de Pâques suivie de la Divine Liturgie. Quelque 300 personnes ont participé à la procession. Le divin Office a été célébré par le hiéromoine Venedikt (Limonov), venu à Pékin au départ de la ville d'Ussurisk, au diocèse de Vladivostok.

Les Offices divins de la Semaine Sainte ont eu lieu à Red Fangzi à partir du 4 avril. Le Mercredi Saint, le hiéromoine Venedikt a donné le sacrement de la sainte Onction (Soborovanie), et quelque 40 personnes l'ont reçu.

Le Jeudi Saint, le jour de la commémoration de la Cène Mystique, la Divine Liturgie de saint Basile le Grand a été célébrée. La célébration des Matines du Vendredi Saint, avec la lecture des 12 Évangiles, a eu lieu dans la soirée du jeudi. Le Vendredi Saint – le jour de la Crucifixion et de la mort du Sauveur – les vêpres avec le rite de l'epitaphios (suaire-icône brodé avec la mise au tombeau) et les Matines du Samedi Saint avec la mise au tombeau.

Pour l'Annonciation – samedi 7 (ancien calendrier; ndt) – quelque 80 personnes ont communié durant la Divine Liturgie. Après la Liturgie, le père Venedikt a bénit les Kulichi (gâteaux de Pâques), fromages de Pâques et oeufs de Pâques. Les paroissiens ont fait de leur mieux pour décorer les pains qu'ils avaient préparés et colorer les oeufs, suivant les traditions russes et selon les conditions de vie en Chine.

Le Red Fangzi avait été décoré pour Pâques : des nouveaux chandeliers; un projecteur illuminant une image de 3 mètres de haut montrant la Résurrection du Christ, et l'image, dans un coffre en bois vitré, était placée derrière l'Autel.

A 23h30, l'Office de minuit de Pâques a commencé à Red Fangzi – une procession solennelle avec bannières, cierges, évangéliaire, Icônes. La procession au chant de la stichère de Pâques "Ta Résurrection, O Christ notre Sauveur", passa près du mur de Red Fangzi jusqu'à la croix dévotionnelle dans le parc de l'ambassade. A la fin, les fidèles se sont arrêtés devant les portes centrales du Red Fangzi, fermées, comme s'ils se trouvaient devant l'entrée de la Tombe du Seigneur. Sous le ciel de la nuit de Pékin, le prêtre proclama "Le Christ est Ressuscité!" - et les voix joyeuses répondirent "En vérité, Il est Ressuscité!"

Durant la Liturgie, l'Évangile fut proclamé en slavon, russe, français, anglais, allemand et chinois, puisque des citoyens Orthodoxes de divers pays participaient à la Liturgie (Russie, France, Ukraine, Grèce, Serbie, Pologne et États-Unis d'Amérique). Plus de 80 personnes ont communié durant la Liturgie. Avant Pâques – le 3 avril, avec la bénédiction du patriarche Alexis II de Moscou, une croix dévotionnelle a été placée dans le parc de l'ambassade de la Fédération de Russie auprès de la République Populaire de Chine, à l'emplacement même de la première église Orthodoxe de Chine, qui devint par la suite l'église de tous les saints Martyrs de la mission spirituelle Russe. Une plaque commémorative a été apposée, décrivant l'église et son histoire en bref. Le Mercredi Saint, la croix dévotionnelle a été bénie par le hiéromoine Venedikt.

Le jour de la sainte Pâques, au cours des Vêpres Pascales, avec la bénédiction du patriarche Alexis II de Moscou, le hiéromoine Venedikt a décoré de la médaille de saint Serge de 2ème classe monsieur E. Yu. Tomikhin, conseiller principal de l'ambassade de Russie auprès de la RPC. La distinction honorifique a été présentée à ce représentant officiel de l'ambassade de Russie comme signe de reconnaissance pour avoir organisé le transfert des restes du lieutenant-général V.O. Kappel d'Harbin à Moscou en décembre 2006.
Le 8 avril, une journée festive pour les enfants a été organisée par les paroissiens de la communauté, par les étudiants de l'école du dimanche, et par les étudiants des classes supérieures de l'école de l'ambassade. Les enfants ont eu droit à un spectacle de marionnettes représentant le compte Pascal "Kolobok." Durant le concert, des poèmes ont été déclamés, et des chants interprétés, tous dédiés à la Résurrection du Christ. Au cours des compétitions, les enfants ont reçu des oeufs de Pâques bénis et d'autres cadeaux.

Pâques a aussi été célébrée dans d'autres paroisses Orthodoxes. A Shenzhen et Guangzhou, les Offices de la Semaine Sainte et de Pâques ont été célébrés par le hiéromoine Melety (Sokolov), de l'Académie Théologique de Moscou, qui était venu à l'invitation des communautés Orthodoxes de la province de Guandong. A Shenzhen, la Divine Liturgie Pascale de minuit a été célébrée pour la première fois. Des fidèles Orthodoxes de Russie, Ukraine, États-Unis d'Amérique, Serbie et Roumanie sont venus participer aux Offices à Shenzhen, pendant que ceux à Guangzhou ont vu rassemblés des fidèles de Russie, Ukraine et France. Le prêtre Alexy Kiselevich a célébré les Offices de Pâques dans le bâtiment du Consulat Général de la Fédération de Russie à Shangaï. Les Consuls Généraux de Bulgarie et de Grèce, avec leurs épouses et des citoyens de ces pays, ainsi que des Russes, ont participé à la Divine Liturgie. Quelque 120 personnes ont participé à la Liturgie de Pâques.

Des Orthodoxes de Hong Kong, Russie, États-Unis d'Amérique, République Populaire de Chine, France, Ukraine et Serbie ont célébré la radieuse Résurrection du Christ dans l'église des Saints Pierre et Paul à Hong Kong, où les Offices ont été célébrés par le p. Dionisy Pozdnyaev. Pour les citoyens de République Populaire de Chine, la Liturgie à Hong Kong était la seule occasion de participer à une Liturgie de Pâques.

Crédit photos (entre autres!):
http://orthodox.cn/news/20070409beijing_en.htm

http://orthodox.cn/contemporary/beijing/innokentychurch_en.htm

http://orthodox.cn/contemporary/hongkong/20060125hongkong_en.htm

http://orthodox.cn/contemporary/hongkong/index_en.html





P. Hopko: le Dimanche du Paralytique


Le 4ème dimanche est dédié à la guérison du paralytique par le Christ, en Jean 5. L'homme est guérit par le Christ alors qu'il attendait qu'on l'aide à entrer dans les eaux de la piscine. Nous autres, par le Baptême dans l'Église, nous aussi nous sommes guéris et sauvés par le Christ pour la vie éternelle.
Dès lors, dans l'Église, on nous enseigne, à l'instar du paralytique, à ne plus pécher, "de peur que pire encore ne nous arrive" (Jn 5,14).

Protopresbytre Thomas Hopko, "The Orthodox Faith"


Patriarcat Oecuménique & Rite Orthodoxe Occidental

Bref retour en arrière. Un interlocuteur Américain ayant republié l'article en anglais sur un forum orthodoxe anglo-saxon que je fréquente quotidiennement, et vu certaines réactions lues au sujet du Rite Occidental, je reposte le lien d'un important document sur le sujet, montrant que contrairement aux apparences, même au sein du Patriarcat de Constantinople, on n'est pas du tout fermé à ce que l'Occident puisse aussi retrouver ses racines liturgiques, et ce faisant, patristiques (puisque tout est lié), et donc revenir à la Foi de l'Église Indivise.
Pour situer l'origine du document, la métropole de Denver du patriarcat de Constantinople est dirigée depuis longtemps par l'archevêque Isaïah, qui est très écouté et respecté dans la SCOBA (assemblée des évêques orthodoxes canoniques en Amérique du Nord). Ce qui situe la portée de ce texte, bien plus grande qu'il n'en a l'air.

Cet important texte est ici :
http://stmaterne.blogspot.com/2006/09/rite-orthodoxe-occidental-soutien-dun.html

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Dans l'imaginaire collectif byzantin, saint Cyril et Méthode sont ceux qui ont apporté l'Évangile du Salut aux peuples slaves, et qui sont à la base de leur écriture.

Baščanska ploča, plus antique preuve de l'écriture glagolitique.
Trouvée sur l'île de Krk.
source

Par un contre-sens historique, un pur anachronisme qu'une simple lecture de leur vie permet pourtant de remarquer, ils auraient fait tout cela "en byzantins." Tout l'art liturgique, toute la culture orientale, le proclament pourtant, malgré les faits.


saint Cyril et Methode en clerge orthodoxe occidental, enluminure medievale de TchecoslovaquieMalgré les faits, car nos amis saints Cyril et Méthode ont fondé aussi bien des paroisses de rite orthodoxe occidental (rite romain) qu'oriental (byzantin).
source enluminure



Et après leur mort, seules les paroisses de rite occidental subsisteront. Quand le Rite Orthodoxe Occidental aura retrouvé toute sa place, légitime, au sein de l'Église, la regrettable et désastreuse confusion entre "Occident" et tout ce qui s'est prétendu être "le christianisme" qui y est né cessera enfin, et on pourra regarder avec calme et sans mauvaise passion vers nos racines, vers toutes ces saintes et tous ces saints du Christ, qui nous ont apporté le Christ souvent au prix de leur vie. Et qui méritent autant de vénération que ceux d'ailleurs, et dont les travaux et les liturgies méritent autant l'appréciation et l'usage que ceux d'ailleurs. Aimer vraiment, c'est aussi accepter que l'autre soit autre. Y compris en Église. Accepter que ses authentiques racines à soi se trouvent dans son propre pays, et qu'il ne sont pas nécessaire d'aller s'en chercher ailleurs, des plus exotiques. Bien des vertus de paix pour tous, que ce retour à la richesse liturgique de toute l'Église. Comme au bon vieux temps où saint Anicet de Rome et saint Polycarpe de Smyrne vivaient en paix et que le premier concédait l'Eucharistie au second, 2 clercs de Rites différents pourtant ensemble autour du même Autel. Et rétablissant la paix dans l'Église en reconnaissant pleinement la légitimité entière de la diversité des pratiques, y compris au niveau du calendrier. Quel exemple! Et eux, ce sont de vrais saints, pas des théoriciens ou des "juridictionnistes"...


27 avril 2007

Pèlerinage Orthodoxe à saint Lambert, Liège, 2 juin 2007

"Dans Sa bonté, le Seigneur distribue Sa grâce à ceux qui s’imposent les fatigues d’un pèlerinage : le pèlerinage ne rapproche pas Celui Qui est partout, mais les efforts des pèlerins rendent ceux-ci dignes de Sa manifestation, non par eux-mêmes mais parce qu’Il les accepte dans Sa miséricorde."
Saint Jean Maximovitch, archevêque de Shangaï, Bruxelles et San Francisco.


Martyre de saint Lambert de Liège, enluminure,
manuscrit de la Légende Dorée de Jacques de Voragine,

France, début du 13ème siècle.
Manuscrit "Huntington Library" MH-3027 folio 128v

source: université de Berkeley, Californie

Le pèlerinage annuel de la "Fraternité Orthodoxe - Tous les saints de Belgique" de 2007 nous invite à venir vénérer saint Lambert, évêque de Liège-Maastricht. Grand et infatigable évangélisateur de nos régions, il est mort martyr de la Foi orthodoxe (+ 696). Ses saintes reliques reposent en la cathédrale Saint-Paul, à Liège, où sera organisé l'Office de vénération (paraklesis / moleben). Le pèlerinage est co-organisé avec la Fraternité "Broederschap Aartsbisschop Joan" de Pervijze.


Samedi 2 juin 2007 - 11 h 00 - cathédrale Saint Paul
Place saint Paul – 4000 Liège

PROGRAMME

10 h 45 : Rassemblement en la cathédrale saint Paul

11 h 00 : Chapelle du chapitre : Office d’action de grâce (Paraklesis / Moleben), acathiste, vénération des Reliques -
procession à la Châsse de saint Lambert.

12 h 00 : Pique-nique en la salle du chapître de la cathédrale

13 h 30 : Visite de la cathédrale et du "trésor"

martyre de saint Lambert, enluminure, Pays-Bas, 14eme sieclemartyre de saint Lambert, enluminure
source


Modalités pratiques
INSCRIPTION avant le 15 mai
En vous inscrivant, mentionnez si oui ou non vous participerez à la visite de la cathédrale et son "trésor"
Tél: Marie-Louise Wiewauters : 02.762.72.70
Jean-Luc Duyk : 071.59.09.46
Hendrick Blomme : 058.23.23.45
Fraternité Orthodoxe - Tous les Saints de Belgique , 66 av. Charles
Thielemans, 1150 Bruxelles
Courriel

http://www.diakonia.be

Fraternité de l’ Archevêque Jean , Roesdammestraat, 5 B-8630 Veurne
Courriel
http://www.orthodox.be

Participation aux frais (2 livrets+ intendance) : 5, 00 €

Inscription à la visite de la Cathédrale et du trésor : 5, 00 €

Compte bancaire : Fraternité Orthodoxe :
068 – 2172964 - 94

Broederschap Aartsbisschop Joan :
068 – 2163545 - 84

Itinéraire par route
De Bruxelles: Autoroute Bruxelles- Liège – A Liège, prendre la sortie 35 (Avroy-Laveu) – suivre Centre Laveu – continuer sur Jardin Jean-Bernard Lejeune puis sur N617 Boulevard d’Avroy, prendre à gauche N617 A/ Avenue Rogier puis Boulevard d’Avroy – prendre à droite Rue Hazinelle et arriver Place de la cathédrale (Saint-Paul)
De Flandre et France : Tournai, Mons, Charleroi, Liège. A Liège: Idem

http://www.viamichelin.fr/viamichelin/fra



Par train: vérifiez avec la SNCB pour les éventuels changements de dernière minute!
http://www.b-rail.be/main/F/

Départ Charleroi, gare du sud
dép. - arr.
07h26 - 09h08 (1 changement)

07h41 - 09h10

08h41 - 10h10

Départ Bruxelles gare centrale
dép. - arr.
09h01 - 10h02

Prendre le bus 1 ou 4 en direction centre ville – descendre à l’arrêt "Pont d’Avroy" – ensuite emprunter la rue Pont d’Avroy à droite en direction de la place de la cathédrale.

Page officielle d'informations en néérlandais et en français sur le pèlerinage:
http://www.diakonia.be/pages/InfoLiegeCorrige.pdf




Si on peut bien sûr venir à n'importe quel pèlerinage sans s'inscrire, l'inscription préalable est cependant fortement recommandable: elle seule permet une bonne organisation (impression des carnets de chant, etc).




Saint Monulf indiquant l'emplacement de la future ville de Liège
Tableau au premier étage de l'école hotelière, Liège

Légende du tableau (difficile à lire à distance, et il ne faisait pas assez clair pour la photo, si quelqu'un avait le texte complet, merci d'avance)
"Prophétie de l'évêque Monulf.
- 2ème moitié du 6ème siècle -
Parcourant un jour les contrées incultes [...]
endroit qui lui était encore inconnu, l'évêque ne put s'empêcher [...]
et s'adressant à ses serviteurs qui l'accompagnaient, il s'écria : voici la place que le Seigneur [...]
de fidèles. C'est ici que fleurira un jour une cité puissante, riche et industrieuse dont l'importance égalera celle des villes les plus influentes de la Gaule! Je veux y faire construire une chapelle!"

Saint Monulf (ou Gonfulfus) occupa le siège de Tongres jusqu'en 607. En 614, au Concile de Paris, c'est son successeur, Betulphus, qui signera comme évêque de Tongeren. De facto, il est prédécesseur de saint Lambert.
Son titre officiel était "episcopus Tungrorum", et cela restera le titre de ses successeurs jusqu'au 11ème siècle, malgré le transfert temporaire à Maastricht puis l'installation définitive à Liège. Tongeren / Tongres était le plus ancien siège épiscopal de Belgique, mais géographiquement, Maastricht, Liège ou Tongres, c'est très proche, ce qui explique les diverses résidences épiscopales selon les circonstances, surtout politiques. Il valait parfois mieux avoir la Meuse entre le prince et soi quand on lui opposait l'Évangile face à ses prétentions. Saint Lambert en sait quelque chose..


Magna Vox, introit de l'Office orthodoxe a saint Lambert de LiegeCélèbre antienne "Magna Vox", de l'Office (orthodoxe) à saint Lambert, composé par saint Étienne de Liège (+ 920)
Magna vox, (mp3 contemporain, kto)


Source incomparable et incontournable de l'authentique Orthodoxie locale, la Liturgie composée chez nous durant la période Orthodoxe.. Si on respectait vraiment nos Pères et Mères dans la Foi, si on aimait vraiment le Seigneur et tout ce qu'Il nous donne, on devrait la reprendre. En attendant que "ça se décide" enfin, vous trouverez ici l'intégralité de cet Office Orthodoxe (en latin) :
http://www.amdg.be/sankt/lambert-office.html


Talizat, église Saint-Lambert
source


26 avril 2007

Problèmes & conflits dans l'Église: Comment les résoudre - méthode garantie


Comment faire? C'est simple :
1. ne faites pas comme moi
2. laissez faire les vrais spécialistes, celles et ceux qui ont déjà prouvé leur capacité.
Voyez plutôt :

"Père Païssios vivait une période difficile. Un problème venait d'éclater au sein de l'Église, et nombre d'évêques venaient chercher conseil auprès de lui. Le problème était toutefois si compliqué que même s'il aurait bien voulu y parvenir, il ne parvenait pas à trouver une solution. De quelque manière qu'il abordait le problème, cela aboutissait à une impasse spirituelle. Dès lors, il décida de déplacer son effort à tenter de résoudre le problème vers un effort de prière. Avec insistance, il pria Dieu pour une solution à ce dilemme au sein de l'Église. En particulier, il adressa ses prières à sainte Euphémie :
"Sainte Euphémie, qui d'une manière merveilleuse résolu le grave problème qui secouait alors l'Église, sauve à présent aussi l'Église en la sortant de cette impasse!"
Un matin, vers 9 heures - le père Païssios était occupé de lire les prières de Tierce – il entendit quelqu'un frapper doucement et discrètement à sa porte.
- Qui est là?
- Père, c'est moi, Euphémie.
C'était une voix féminine qui avait répondu.
- Qui est là?
- C'est moi, Euphémie.
A nouveau cette même voix féminine. On frappa pour la troisième fois à la porte. Alors le p. Païssios ressenti que quelqu'un était entré dans sa cellule et marchait dans le couloir. Il se dirigea vers la porte et vit sainte Euphémie, qui était passée d'une manière miraculeuse à travers la porte fermée de sa cellule, et qui se trouvait dans le petit couloir à prier devant l'Icône de la Sainte Trinité. Le père Païssios avait cette Icône-là qui pendait à droite de l'entrée de la porte de la chapelle. Père Païssios s'adressa à la femme :
- Dis "Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit!" [*]
Sainte Euphémie répéta de manière claire et forte ces paroles et aussitôt père Païssios tomba à genoux et la vénéra. Ensuite, ils parlèrent longtemps ensemble. Il ne sut jamais dire combien de temps cela avait duré, car pendant la visite de sainte Euphémie, il avait perdu toute notion du temps. Elle lui donna une réponse aux 3 questions qu'il lui avait adressées durant ses prières. A la fin, il lui posa encore une question
- Veux-tu bien me dire comment tu as pu supporter ton martyre?
- Père, si à ce moment-là, j'avais eu connaissance de la vie éternelle et de la beauté céleste, dont les âmes qui vivent dans l'entourage de Dieu peuvent jouir, alors j'aurais supplié pour qu'on me donne un martyre sans fin! Tout ça n'est absolument rien comparé aux dons de la miséricorde de Dieu!"

p. Païssios de la sainte Montagne
édition NL du monastère de Pervijze, pages 145-146

[*] note de traduction : ahh, qu'elle est belle, toute l'astuce de l'expérience spirituelle! Le démon sait se transformer en ange de lumière (2 Corinthiens 11,14), multiplier les apparitions de par le monde qui confortent les gens dans leur erreur. Mais jamais il n'adorera ni n'invitera à adorer la Sainte Trinité. Au contraire de sainte Euphémie et de tout authentique saint(e) du Christ.




Chalcédoine : église Sainte Euphémie
(Hagia Efimia, Kadıköy, Turquie)


Reliques de sainte Euphémie, église Saint-Georges, Constantinople
http://www.ecupatriarchate.org/ecumenical_patriarchate/tour_stgeorge_church.php

Sainte Euphémie, dont les reliques sont dans le reliquaire centrale, naquit à Chalcédoine (actuelle Kadiköy, Turquie). Elle était la fille de parents fort pieux, Philophron et Theodosiani. Elle fut torturée durant les persécutions des empereurs Dioclétien et Maximien, à la fin du 3ème siècle.
La sainte joua un rôle majeur en inspirant les pères du 4ème Concile Oecuménique. Durant ce Concile (451), saint Euphémie accomplit un miracle qui détermina la définition doctrinale finale. Les 630 pères qui s'était rassemblés pour ce Concile à Chalcédoine, étaient occupés de délibérer à propos des 2 natures du Christ. Eutychès et Dioscore prétendaient que le Christ ne possédait qu'une seule nature. Pour éprouver cet enseignement, les saints pères inscrirent les définitions divergentes sur 2 décrets séparés, qu'ils placèrent dans le reliquaire de sainte Euphémie. Lorsque l'on rouvrit le reliquaire, le décret des hérétiques s'était retrouvé aux pieds de la sainte, alors que la doctrine Orthodoxe était restée en ses mains. L'Église Orthodoxe célèbre ce miracle le 11 juillet. On commémore sa naissance au Ciel le 16 septembre.

D'après sa biographie, des reliques de sainte Euphémie ont enrichit nombre d'églises à Constantinople avant qu'elle ne soit conquise au 15ème siècle. Par la suite, les reliques ont successivement été déplacées dans chacune des églises patriarcales. L'Icône de sainte Euphémie rapporte des scènes de sa vie, de son martyre, et des interventions miraculeuses de la sainte.
icones du reliquaire de sainte Euphemie