Une des prières de saint Columba:
Tout-Puissant Père, Fils et Saint-Esprit,
Dieu éternel et béni à jamais.
A moi, indigne serviteur, daigne accorder
Que je puisse garder une porte au Ciel.
La plus petite des portes, celle qui est la moins utilisée.
Mais dans Ta maison, O Seigneur,
Afin que je puisse contempler Ta gloire, même de loin,
Et entendre Ta voix, O Dieu, et savoir
Que je suis avec Toi – O mon Dieu.
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Un article de Thomas Owen Clancy, conférencier à l'université de Glasgow, département des études celtiques, et coauteur avec Gilbert Márkus du livre "Iona: The Earliest Poetry of a Celtic Monastery" (Edinburgh, 1995).
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Descendant de la plus puissante famille dans le nord de l'Irlande, fondateur de monastères et initiateur des missions vers les Pictes et les Anglais, Columba est sans aucun doute le plus important saint associé aux Églises celtiques.
Les légendes le concernant ont grandit au fil des siècles, et il faut aborder avec circonspection nombre de récits le concernant. Une des plus célèbres le dépeint comme une sorte d'apprenti-sorcier Chrétien, copiant méchamment le précieux Psautier de son maître par la lumière de sa propre main, et par ce fait, faisant éclater une bataille majeure!
De la même manière, des centaines de poèmes, dont certains sont des descriptions fort romantiques de la nature, d'autres de simples versets de dévotion, furent attribués au saint longtemps après sa mort. Cependant, à travers les obscurs brouillards de sa légende, il est possible de retracer le contour de cette figure-clé du début de l'Église gaélique. En fait, de tous les saints Celtiques, il est aussi celui que nous connaissons le mieux, historiquement parlant.
Columba est né de race royale vers 521, dans le nord-ouest du Donegal, en Irlande. Bien que destiné à l'église dès son jeune âge, sa naissance comme noble lui donna compréhension et influence dans le monde politique.
La légende nous dit que son nom original était Crimthann ("renard") et que lorsqu'il fut formé pour être prêtre, il le changea en Columba ("colombe"), et par la suite on l'appellera Colum Cille : "Colombe de l'Église." C'est devenu une sorte de tradition à l'époque moderne de considérer le saint à travers les 2 lentilles de ces noms : l'astucieux renard en chasse, et la pacifique colombe pacifiant autour d'elle.
Il prit apparemment part à une bataille en 561 entre ses proches et lointains cousins; ceci mena à son exil et même à une excommunication temporaire. Cependant son biographe et successeur, Adomnán, regarda les choses différemment, passant sur son excommunication et nous disant seulement que "la seconde année suivant la bataille de Cúl Drebene, alors qu'il était âgé de 41 ans, Columba fit voile de l'Irlande vers la Grande-Bretagne, choisissant de devenir un pèlerin pour le Christ."
Malgré les cadavres dans le placard de Columba, ses efforts en Écosse révèlent un homme qui en avait appris beaucoup en 41 ans, suffisamment pour fonder une série de monastères sur les îles Hébrides intérieures, au large de la côte ouest de l'Écosse. Ce système monastique sera repris par la suite par des ordres tels les Cisterciens et les Chartreux.
Iona, une petite île des Hébrides au large d'une plus grande, Mull, était le centre fertile de ce système. Pour un regard moderne, elle était éloignée de tout, mais Iona était le centre d'anciennes routes maritimes médiévales par lesquelles parvenaient les poteries et de la nourriture de France et de la mer Méditerranée. Cependant, Iona était conçue comme un véritable monastère, un lieu mis à part pour Columba et ses frères.
D'autres monastères insulaires, tels celui sur Tiree, abritait des laïcs y servant à titre de pénitence pour leurs péchés. Une autre île abritait des moines plus anciens, plus expérimentés, qui y vivaient comme de saints anachorètes.
Iona formait des prêtres et des évêques, et la réputation d'érudition de Columba était grande lorsqu'il mourut (bien que nous ne possédions plus que peu de ses propres oeuvres). D'iona, des prêtres et des moines partirent au loin, fondant des églises en Écosse et cherchant "des déserts sur l'océan" (des îles isolées et lointaines).
La légende de Columba nous donne un avant-goût tant du renard que de la colombe. La Vie de Columba, par Adomnán, fourmille d'histoires où Columba parle avec des Anges, envoie un Ange sauver un moine qui tombe d'un toit, est battu par un Ange pour le convaincre d'obéir au choix de Dieu (plutôt qu'au sien) pour le choix d'un roi pour la colonie gaélique en Écosse.
Il est présenté comme ravi en contemplation, voyant "d'un esprit miraculeusement élargit... l'orbite entière du globe terrestre et la mer et le ciel qui l'entoure." De ces visions, il proclame des prophéties, envoie des moines pour aider des gens en détresse, ou prie pour revigorer ses moines épuisés travaillant aux champs.
Bien que la puissance de Columba soit souvent dépeinte d'une manière imagée, son influence était en fait la clé de sa victoire sur les rois de l'Écosse gaélique, et ses pouvoirs légendaires étaient suffisamment célèbres pour que ses moines, par la suite, parviennent à convaincre les Pictes de se convertir.
Après sa mort, la puissance politique et militaire de Columba devint un élément-clé de son culte. Ses reliques furent emportées à la bataille par de petits chefs Irlandais et des rois Écossais – une de ses reliques précédait l'armée écossaise lors de sa victoire à Bannockburn en 1314.
Des décennies après sa mort, une apparition particulière au roi anglais de Northumberland fut décisive dans l'histoire du Christianisme en Grande-Bretagne. Ce roi était Oswald, qui avait été élevé en exil sur Iona. Alors qu'Oswald livrait la bataille par laquelle il allait assurer sa royauté, Columba apparu en grand au dessus du champ, promettant la victoire, une apparition qu'un auteur moderne a comparée à Batman survolant Gotham City. En 635, Oswald envoya des missionnaires d'Iona pour renouveler par leur sobriété monastique et leurs bonnes oeuvres le Christianisme du Northumberland, qui était occupé à vaciller.
Columba était un poète, un très grand érudit, un fondateur de monastères et un chef, un ecclésiastique visionnaire. A l'époque de sa mort, le 9 juin 597, il était déjà célébré.
Bien qu'il fut plus un moine qu'un missionnaire, Columba fonda des églises en Écosse, et ces dernières, avec le temps, se mirent à évangéliser Pictes et Angles. L'héritage des monastères qu'il a fondés, qui se ressourçaient sans cesse dans l'inspiration de leur saint patron, ont grandement multiplié l'influence de l'homme en lui-même. De manière appropriée, à la fin de la Vie, Adomnán présente son héros gravissant la petite colline près du monastère sur Iona, et de là déclarer :
"Cet endroit, bien que petit et sans importance, sera grandement honoré par les rois et les peuples d'Irlande, et aussi par les dirigeants de nations barbares et étrangères avec les tribus qui leur sont soumises. Et les saints d'autres Églises le révéreront aussi grandement."
Une des manières dont l'influence de Columba se fit sentir après sa mort fut la Loi des Innocents, promulguée par Adomnán en 697. Cette loi veillait à la protection des non-belligérants (dans une société largement militarisée) et des femmes (en danger face aux violences domestiques, aux habituels abus, et aux épouvantables conditions de vie et de travail).
La Loi d'Adomnán imposait de sévère punitions aux offenseurs. C'est une étape décisive dans l'histoire de la législation.
Adomnán rapporte nombre de récits de Columba où il le présente comme protecteur des innocents, et ces récits renforcent le grave message sous-jacent à sa Loi. Dans le plus célèbre, Columba était encore jeune garçon, étudiant dans un pré avec son tuteur. Paraît une jeune fille, poursuivie par un vicieux voyou, qui la transperce aux pieds mêmes des clercs. Horrifié, le tuteur s'écrie "Combien de temps, Columba, mon saint fils, Dieu le Juste Juge va-t'Il laisser ce crime et ce déshonneur impunis?" Columba appela la colère de Dieu sur le meurtrier, qui s'effondra raide mort.
Il est difficile de résumé tous ses accomplissements, mais une sentence commémorative composée après son décès y parvient mieux que la plupart :
"Il était un pilier d'érudition en tout domaine,
Il fut éminent dans le livre de la difficile Loi.
La terre du nord s'éclaira,
Les peuples de l'ouest furent enflammés,
Il illumina l'est avec de chastes moines."
Paroisse Saint-Columba, archidiocèse grec-orthodoxe antiochien d'Amérique, vicariat de rite orthodoxe occidental - page explicative de leur Icône de saint Columba avec scènes de vie
http://www.stcolumbachurch.org/icon_details.html
Règle de saint Columba d'Iona, en français.
Liens & articles & prières de / sur saint Columba (et autres saints du jour)
http://www.amdg.be/sankt/jun09.html
Vie & héritage, par l'archimandrite John (Orthodox Outlook, traduction fr)
http://www.amdg.be/sankt/columba1.htm
Vie, iconographie, etc
http://www.amdg.be/sankt/columba1.html