"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

22 juillet 2007

Ne pas se tromper d'adversaire (Trinité 7, Rite Occidental EORHF)

église de Malleval-en-Vercors, aimablement prêtée par le responsable local pour la célébration de dimanche dernier. Note : la nappe d'Autel est celle d'origine, pas la nôtre

Matines
Psaume 33 Benedicam Domino
Ps. 51 Quid gloriaris?

Sagesse 5,1-16
Alors avec une grande assurance, le juste se tiendra en face de ceux qui l'auront persécuté, et qui se seront moqués de la peine qu'il a prise ici-bas. À sa vue, ils seront saisis d'un grand effroi, et frappés de stupeur en le voyant sauvé contre toute attente; touchés de repentir, ils se parleront entre eux, et, gémissant dans l'angoisse de leur âme, ils diront : "Le voilà donc, celui que nous avons jadis tourné en dérision, et que, follement, nous avons couvert de nos insultes! Nous regardions sa vie comme une sottise, et sa mort comme une honte. Comment donc est-il au nombre des fils de Dieu, et comment sa place est-elle parmi les saints? Nous nous sommes donc fourvoyés loin de la vérité; la lumière de la justice n'a pas lui pour nous et le soleil ne s'est pas levé sur nous! Nous nous sommes souillés aux sentiers de l'iniquité et de la perdition, nous avons erré dans des déserts sans chemins, et la voie du Seigneur, nous ne l'avons pas connue! Que nous a procuré notre orgueil, et que nous a rapporté la richesse unie à l'arrogance? Tout cela a disparu comme une ombre, comme une nouvelle qui court; comme un navire qui fend l'eau mouvante, sans qu'on puisse retrouver la trace de son itinéraire, ni le sillage de sa quille dans les flots. De même que l'oiseau qui traverse l'air en volant ne laisse pas après lui la marque de son passage, mais frappe de ses plumes l'air léger, le fend avec la force impétueuse du battement de ses ailes, et le traverse sans que l'on trouve trace de son passage; de même que lorsqu'un trait est lancé vers le but, l'air qu'il a fendu revient aussitôt sur lui-même, et qu'on ne peut déceler sa trajectoire, ainsi, nous-mêmes, à peine nés, nous cessons d'être, et nous n'avons à montrer aucune trace de vertu : c'est dans le mal que notre vie s'est consumée!" Ainsi l'espérance de l'impie est comme la bale emportée par le vent, et comme une légère écume qui disperse la tempête; elle se dissipe comme fumée au vent, et passe comme le souvenir de l'hôte d'un jour. Mais les justes eux, vivront éternellement, leur récompense est dans le Seigneur, et le Très-Haut prendra soin d'eux. Aussi recevront-ils la royale couronne de gloire et le diadème de beauté, de la main du Seigneur, parce qu'il les couvrira de sa droite, et les protégera de son bras.

Épître de saint Paul aux Philippiens 1,1-29
Paul et Timothée, serviteurs du Christ Jésus, à tous les saints dans le Christ Jésus qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres : à vous grâce et paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ! Toutes les fois que je pense à vous, je rends grâce à mon Dieu. Toujours et dans toutes mes prières pour vous tous, c'est avec joie que je prie, au souvenir du concours que vous avez apporté à la diffusion de l'Évangile depuis le premier jour jusqu'à présent. Et je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette oeuvre excellente, en continuera l'achèvement jusqu'au jour du Christ Jésus. Et c'est bien légitime que j'aie pour vous ces sentiments, car je vous porte tous en mon coeur, pour avoir pris votre part dans la grâce qui m'était faite, aussi bien dans mes liens, que dans la défense et l'affermissement de l'Évangile. Oui, Dieu m'en est témoin, je vous chéris tous de la tendresse même du Christ Jésus. Et je n'ai qu'une prière, c'est que votre charité progresse de plus en plus en connaissance et en pleine compréhension. Qu'ainsi, vous discerniez le meilleur, afin d'être purs et irréprochables pour le jour du Christ, abondamment chargés des fruits de la justice qui vient de Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu. Je tiens à ce que vous le sachiez, frères, ce qui m'est arrivé a plutôt contribué au progrès de l'Évangile : dans tout le prétoire, et partout ailleurs, il apparaît manifestement que c'est pour le Christ que je suis dans les chaînes; et la plupart des frères, confiants dans le Seigneur du fait même de ces chaînes, redoublent d'audace pour annoncer sans peur la parole de Dieu. Il en est qui prêchent le Christ dans un esprit de jalousie et de discorde, cela est vrai; mais d'autres le font dans de bonnes dispositions. Ceux-ci agissent par charité : ils savent que j'ai pour tâche la défense de l'Évangile. Au contraire les autres, c'est par esprit de parti qu'ils annoncent le Christ. Leur intention n'est pas droite : ils s'imaginent augmenter mon épreuve dans les chaînes. Mais qu'importe! Que ce soit avec un zèle hypocrite ou avec sincérité, on annonce en tout cas le Christ : c'est de quoi je me réjouis et me réjouirai toujours. Car je sais que cela tournera à mon salut, grâce à vos prières et à l'assistance de l'Esprit de Jésus Christ. Mon attente et mon espoir sont que rien ne pourra me confondre, mais que, aujourd'hui comme toujours, le Christ sera glorifié dans mon corps (j'en ai la plus entière assurance), soit par ma vie, soit par ma mort; car ma vie, c'est le Christ, et la mort m'est un gain.
Mais, si la vie dans ce corps est utile à mon oeuvre, je ne sais alors que préférer. Je suis pressé des deux côtés : mon souhait est de m'en aller pour être avec le Christ, et ce serait de loin préférable; mais, pour vous, il est nécessaire que je demeure dans la chair. J'en suis convaincu, je le sais : je resterai et demeurerai avec vous tous, pour le progrès et la joie de votre foi. Et ainsi mon retour auprès de vous vous donnera un nouveau sujet de fierté dans le Christ Jésus. Seulement montrez-vous, dans votre conduite, dignes de l'Évangile du Christ. Que je vienne vous voir ou que je demeure absent, je souhaite apprendre que vous demeurez fermes dans un même esprit, que d'un même coeur vous luttez pour la foi de l'Évangile, sans vous laisser aucunement intimider par les adversaires. Pour eux, cela sera un signe de perdition; pour vous, de salut. Et cela vient de Dieu, car, à l'égard du Christ, il vous a été fait la grâce, non seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui.

COLLECTE POUR DIMANCHE TRINITE 7
Seigneur de toute puissance et force, Qui es l’Auteur de tout ce qui vit; imprime en nos cœurs l’amour de Ton Nom; augmente en nous la vraie Foi; remplis-nous de toutes les vertus, et affermis-nous par Ta grande Miséricorde.
Par notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, Qui vit et règne avec Toi et le Saint Esprit, Dieu Un, pour les siècles des siècles.

Divine Liturgie (Sarum)
Épître : Romains 6,19-23
"Je me sers de termes courants chez les hommes, à cause de la faiblesse de votre chair - De même que vous avez livré vos membres au service de l'impureté et du désordre pour aboutir au désordre, mettez maintenant vos membres au service de la justice pour parvenir à la sainteté. Quand vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l'égard de la justice. Quel fruit produisiez-vous alors? Des choses dont vous rougissez maintenant; car leur aboutissement, c'est la mort. Mais à présent, affranchis du péché et devenus les sujets de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté; et le résultat, c'est la vie éternelle. Car le salaire du péché, c'est la mort; tandis que le don de Dieu, c'est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur."

Évangile : Saint Marc 8,1-9
"En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une foule nombreuse et que ces gens n'avaient rien à manger, Jésus appela les disciples: 'J'ai pitié de ce peuple, dit-il, car voilà trois jours déjà qu'ils s'attachent à Moi, sans rien avoir à manger. Si Je les renvoie chez eux à jeun, ils tomberont de faiblesse en chemin, et quelques-uns d'entre eux sont venus de loin!' Ses disciples Lui répondirent: 'Comment pourrait-on jamais les rassasier de pain ici dans un désert?' Mais Lui de leur demander: 'Combien avez-vous de pains?' - 'Sept', dirent-ils. Alors Il fit accroupir la foule sur le sol; puis Il prit les 7 pains, rendit grâce, les rompit et les donna à Ses disciples pour les distribuer; et ils les servirent à la foule. Ils avaient aussi quelques menus poissons; Il les bénit, et les fit servir également. Ils mangèrent à satiété, et l'on emporta 7 paniers des morceaux qui restaient. Or ils étaient 4.000 environ. Ensuite Jésus les congédia."



HOMÉLIE DU DIMANCHE TRINITÉ 7

Dans la 2ème lecture des Matines de ce jour, saint Paul écrit à l'Église à Philippe, en Grèce, une Église dans laquelle il se réjouit pour la manière dont ils ont conservé la Foi en son absence. Il parle de son souhait de les revoir – ce qui est typique de tout prêtre ou évêque qui est responsable de groupes éloignés qu'il ne sait visiter aussi souvent qu'il ne le souhaite. Saint Paul leur écrit : "montrez-vous, dans votre conduite, dignes de l'Évangile du Christ. Que je vienne vous voir ou que je demeure absent, je souhaite apprendre que vous demeurez fermes dans un même esprit, que d'un même coeur vous luttez pour la foi de l'Évangile, sans vous laisser aucunement intimider par les adversaires."
Nos adversaires ne sont pas toujours ceux que nous pensons, les évidents. Car saint Paul le fait remarquer, il y en a certains qui prêchent le Christ de manière controversée, mais cependant, le Christ est prêché. Notre adversaire est bien moins souvent humain que spirituel. Lors des Matines de ce jour, nous avons aussi chanté le Psaume 33. Le Psaume 34 est un de ceux qui intriguent voire dérangent souvent bien des gens :

Prends parti, Seigneur, contre mes adversaires * combats ceux qui me combattent.
Prends le petit et le grand bouclier * et lève-Toi pour venir à mon secours.
Brandis Ta lance et contrains mes persécuteurs * dis à mon âme: 'Je Suis Ton Salut'
Honte et confusion pour ceux qui en veulent à ma vie * qu'ils reculent sans gloire, ceux qui méditent ma perte.
Qu'ils soient comme la paille au vent * lorsque l'Ange du Seigneur viendra les chasser;
que leur route soit noire et glissante * quand l'Ange du Seigneur viendra les poursuivre.
Car sans raison ils m'ont tendu leur filet * sans raison ils ont creusé une fosse pour m'y faire périr.
Que soudain fonde sur eux la ruine * qu'ils soient pris eux-mêmes au filet qu'ils ont tendu, et culbutent dans la fosse qu'ils ont creusée.

Comme dans quelques autres Psaumes, il demande à Dieu de nous venger de nos adversaires, et cependant, il ne doit pas être lu comme s'il concernait des adversaires humains – eux que le Christ nous a commandé d'aimer. Qu'en est-il des émissaires de satan? Ce sont ceux qui la plupart du temps nous attaquent, et autant très discrètement qu'ouvertement. Ce sont ceux qui sont le mieux placés pour évaluer nos faiblesses et les exploiter le plus facilement. C'est contre eux qu'il doit y avoir vengeance. Saint Paul parle d'adversaires humains des Philipppiens, les mettant en garde, leur disant qu'il y aurait toujours des opposants, et que les Chrétiens devaient s'attendre à une opposition et à la souffrance lorsqu'ils cherchent à amener des gens à l'Église que le Christ Lui-même avait fondée.
Nous autres, à notre époque, nous essayons d'accomplir la même chose : nous essayons de rendre l'Église accessible à notre propre peuple, et nous rencontrons de l'opposition tant de l'intérieur que de l'extérieur de l'Église. Satan opère à tous niveaux et en tous lieux. Il trouve autant d'assistants volontaires qu'involontaires. Ils nous rendent la vie très difficile, au point que parfois nous nous sentons complètement frustrés dans nos efforts. Et néanmoins, saint Paul nous dit que nous ne devons pas être effrayés par l'adversaire et ses assistants, tant humains que spirituels, qui exploitent nos faiblesses personnelles et celles des autres, les utilisant pour s'opposer au travail que nous accomplissons en obéissance au Christ.

Saint Jean Chrysostome, extrait de l'Homélie 4 sur l'Épître de saint Paul aux Philippiens 1,22-26
"Mais, si la vie dans ce corps est utile à mon oeuvre, je ne sais alors que préférer. Je suis pressé des deux côtés : mon souhait est de m'en aller pour être avec le Christ, et ce serait de loin préférable; mais, pour vous, il est nécessaire que je demeure dans la chair. J'en suis convaincu, je le sais : je resterai et demeurerai avec vous tous, pour le progrès et la joie de votre foi. Et ainsi mon retour auprès de vous vous donnera un nouveau sujet de fierté dans le Christ Jésus."
Rien de plus heureux que l'âme de saint Paul, parce qu'aussi rien n'était plus généreux. De nos jours, au contraire, et de nous tous on peut dire : rien n'est plus faible, par suite rien n'est plus misérable. Nous avons tous horreur de la mort, les uns, et je suis du nombre, parce que le poids et la multitude de leurs péchés les accable; les autres, et puissai-je n'en être jamais, parce qu'à tout prix ils veulent vivre et voient dans la mort le souverain mal. L'homme animal seul peut éprouver cette peur. Eh bien! Ce qui nous fait horreur, Paul le désirait, Paul s'y attachait, et ses paroles en font preuve : "Mourir, c'est bien le meilleur, et moi, je ne sais que choisir!" Que dis-tu? Sûr d'émigrer de cet exil vers le Ciel, sûr de posséder Jésus-Christ, tu ne sais que choisir? Ah! Nous sommes loin de comprendre l'âme de Paul. Et qui donc, si pareille condition lui était présentée sérieusement, n'y souscrirait avec empressement? Pour nous, il n'est en notre pouvoir, ni de mourir, pour aller avec Jésus-Christ, ni de demeurer en cette vie; mais l'un et l'autre dépendaient de saint Paul, telle était sa vertu. - Que dis-tu donc, bienheureux Apôtre? Tu sais, tu est assuré que tu seras avec Jésus-Christ, et tu hésite! "Je ne sais que choisir", dis-tu! Il y a plus, tu préfère rester ici, je veux dire dans ta chair. Et quel est ton attrait? Est-ce que tu n'a pas toujours mené une vie bien rude, endurant veilles, naufrages, faim et soif, nudité, soins, inquiétudes? Infirme avec les infirmes, dévoré de zèle et d'ennui pour ceux qui se laissaient prendre aux scandales? Il nous rappelle, en effet, la "grande patience, les tribulations, les nécessités, les afflictions, les plaies, les prisons, les séditions, les jeûnes, la continence" (2 Cor 6, 4-5); "par 5 fois", dit-il, "j'ai reçu 39 coups de fouet; 3 fois j'ai été battu de verges, une fois lapidé; une nuit et un jour au fond de la mer; périls des fleuves, périls des brigands, périls dans la cité, périls dans la solitude; périls de la part des faux frères" (2 Cor. 11,21-26). Et quand toute la nation des Galates avait fait un triste retour vers la Loi de Moïse, ne t'entendait-on pas crier : "Vous qui cherchez la justice légale, vous êtes déchus de la grâce?" (Gal. 5, 4). Alors, combien ne fut pas profonde ta douleur? - Et c'est cette vie si changeante que tu regrette?
D'ailleurs, quand bien même ces épreuves ne te seraient pas arrivées; quand même tu aurais saintement joui de tes saintes oeuvres, ne devais-tu pas, par crainte d'un avenir incertain, entrer enfin dans un port quelconque de Salut? Où est le marchand qui ait comblé son vaisseau d'incalculables trésors, et qui, libre d'entrer au port et de s'y reposer, préférerait être battu des vagues? Quel athlète, pouvant recevoir la couronne, préférerait descendre dans l'arène, et présenter encore sa tête aux coups meurtriers? Est-il un général qui, pouvant dire adieu aux combats avec gloire, et vivre heureux au palais avec le souverain, choisira de suer encore et d'affronter la bataille? Comment donc, astreint à cette vie si dure, désires-tu demeurer sur la terre? N'as-tu pas prononcé toi-même : "Je crains qu'après avoir prêché aux autres, moi-même je ne devienne un réprouvé?" (1 Cor. 9,27). A défaut d'autre motif, celui-ci devait suffire à te faire désirer la délivrance. Ta vie humaine aurait-elle été comblée d'un ineffable bien-être, qu'encore alors tu devrais en désirer le terme, à cause de Jésus-Christ, objet de tes voeux ardents.
O grande âme de Paul, que rien n'égala ni n'égalera jamais! Tu crains à bon droit l'avenir, en restant au monde; des périls sans nombre t'environnent, et tu refuse néanmoins d'être avec Jésus-Christ? - Eh! Sans doute, je refuse, pour Jésus-Christ même; je Lui ai préparé des serviteurs, je veux les affermir dans Son amour; j'aime à assurer les fruits du champ que j'ai ensemencé. M'avez-vous entendu? J'ai dit que je cherchais les intérêts du prochain et non les miens! J'ai dit que j'aurais voulu être anathème pour Jésus-Christ, afin de lui gagner un plus grand nombre de fidèles! Après avoir choisi l'anathème, ne dois-je pas plus facilement encore choisir le dommage d'un retard, la souffrance d'un délai, pour accroître deux autres chances du Salut?
"Qui racontera Tes puissances" (Ps. 105,2), ô mon Dieu, qui n'a pas laissé dans l'ombre ce grand Paul, et qui a bien voulu montrer à l'univers un tel homme ? Les Anges T'ont loué d'un concert unanime, quand Tu créas les astres et le soleil mais plus ardentes furent leurs louanges quand Tu montras, à nous et au monde, le bienheureux Paul ! En ce jour-là, notre terre effaça les splendeurs du ciel, elle brilla par lui d'un plus vif éclat que cette lumière du soleil; elle lança par lui de plus beaux rayons. Quelle riche récolte il enfanta parmi nous, non pas en fournissant aux épis leur aliment, aux arbres leur nourriture, mais en créant le fruit même de la piété, en lui imprimant vie et force, en ressuscitant même souvent les coeurs flétris! Car ce soleil ne peut guérir et refaire sur les arbres leur branche ou un fruit gâté. Paul, au contraire, a rappelé du péché des hommes accablés de mille plaies. Le soleil à chaque nuit se retire : Paul fut toujours vainqueur du démon; rien au monde ne le renversa, rien ne le put vaincre. Placé au sommet des cieux, l'astre des jours envoie ses rayons sur nos basses régions : Paul, au contraire, part d'en bas, et non-seulement il remplit de ses lumières l'intervalle qui sépare le ciel d'avec la terre, mais dès qu'il ouvre la bouche il comble d'une joie ineffable les Anges eux-mêmes. Car si telle est la joie du ciel quand un seul pécheur fait pénitence, comment Paul n'aurait-il pas rempli de bonheur toutes les puissances célestes? Que dis-je, en effet? Il suffisait de la parole de Paul pour réjouir et faire tressaillir le Ciel. Car si, au départ des Israélites de l'Égypte, les montagnes bondirent comme des béliers, quelle allégresse devait exciter cette glorieuse assomption des hommes, de la terre au ciel? Il ajoute donc : "Rester dans la chair est plus utile à cause de vous."

p. Michaël, higoumène (abbé), Saint-Petroc monastery, EORHF/Rocor
http://www.orthodoxresurgence.co.uk/


traduit & publié en la fête de saint Wandrille, notre père dans la Foi