(note de traduction : je pense que le premier Psaume des Matines est tout particulièrement à prier pour la Belgique en ce moment...)
Matines
Psaume 43 Deus, auribus
Ô Dieu, nous l'avons entendu de nos oreilles * nos pères nous ont conté l'oeuvre que Tu as opérée de leur temps, aux jours d'autrefois.
Pour les implanter, Tu as de Ta main délogé des païens * pour leur faire place, Tu as ruiné des peuples.
Ce n'est point grâce à leur épée qu'ils ont occupé cette terre, ce n'est pas leur bras qui les a sauvés * mais c'est Ta main, Ton bras, le resplendissement de Ta face, parce que Tu les aimais.
Tu es mon Dieu, mon roi * Toi qui donnes tous ces triomphes à Jacob.
Grâce à Toi, nous culbutons nos ennemis * en Ton Nom, nous piétinons nos adversaires.
Ce n'est pas en mon arc que j'ai confiance * ce n'est pas mon épée qui me sauve;
mais c'est Toi qui nous délivres de nos ennemis * et qui confonds ceux qui nous haïssent.
En Dieu nous nous glorifions toujours * nous célébrons Ton Nom à jamais.
Mais voilà que Tu nous as rejetés, humiliés * Tu ne marches plus à la tête de nos armées.
Tu nous a fait reculer devant nos ennemis * et ceux qui nous haïssent ont pillé nos biens.
Tu nous as livrés comme bétail de boucherie * Tu nous as dispersés parmi les païens.
Tu as vendu Ton peuple à un prix dérisoire * sans gagner grand-chose à ce marché.
Tu as fait de nous la risée de nos voisins * un objet de moquerie et de dérision à la ronde;
Tu as fait de nous la fable des païens * et les peuples ricanent à notre vue. Je suis accablé d'une honte continuelle * la rougeur couvre mon visage
à cause des insultes et des outrages * d'un ennemi plein de rancune.
Tous ces malheurs nous sont arrivés, sans que nous T'ayons oublié * Nous n'avons pas trahi Ton Alliance.
Notre coeur ne s'est pas détourné de Toi * nos pas ne se sont pas écartés de Ta route
pour que Tu nous rejettes en un lieu d'affliction * et que Tu nous enveloppes des ombres de la mort.
Si nous avions oublié le Nom de notre Dieu * si nous avions tendu les mains vers un dieu étranger,
Dieu ne l'aurait-Il pas découvert * Lui qui connaît les secrets du coeur?
Mais c'est à cause de Toi que nous sommes sans relâche livrés à la mort * que nous sommes traités comme bétail de boucherie.
Réveille-Toi, Seigneur! Pourquoi dors-Tu? * Réveille-toi! Ne nous repousse pas continuellement.
Pourquoi dérober Ta face? * Pourquoi oublies-Tu nos misères et nos tribulations?
Notre âme est vautrée dans la poussière * notre corps est prostré tout du long sur le sol.
Lève-Toi! Viens à notre secours * De grâce, délivre-nous!
Gloire au Père et au Fils * et au Saint Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours * aux siècles des siècles. Amen.
Ps 44 Eructavit cor meum
Ps. 45 Deus noster refugium
Daniel 3,1-97
1 Tim 1,1-20
COLLECTE POUR DIMANCHE TRINITÉ 15
O Seigneur, nous Te supplions de protéger Ton Église par Ta perpétuelle miséricorde; et puisque de par sa fragilité, l'homme sans Toi ne peut que chuter, par Ton secours, garde-nous sans cesse de tout ce qui peut nous nuire, et conduis-nous à tout ce qui peut être utile à notre Salut. Par Ton Fils Jésus-Christ, notre Seigneur, Qui vit et règne avec Toi et le Saint-Esprit, Dieu Un, pour les siècles des siècles
Divine Liturgie (Sarum)
Épître : Galates 6,11-18
Voyez quels gros caractères je trace pour vous de ma propre main! Ce sont des gens qui veulent se faire valoir selon la chair, qui vous imposent la circoncision, à l'unique fin de n'être pas persécutés pour la croix du Christ. Car les circoncis eux-mêmes n'observent pas la loi; s'ils veulent vous faire circoncire, ce n'est que pour avoir en votre chair un motif de fierté. Pour moi, Dieu me garde de trouver ma fierté autre part que dans la Croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde. La circoncision n'est rien, l'incirconcision n'est rien, ce qui compte c'est d'être une créature nouvelle; à tous ceux qui suivront cette règle, paix et miséricorde, ainsi qu'à l'Israël de Dieu. Que désormais nul ne me cause d'ennuis; car je porte en mon corps les marques de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit! Amen.
Évangile : Saint Matthieu 6,24-34
"Nul ne peut servir deux maîtres; ou bien il faut haïr l'un et aimer l'autre, ou bien se vouer à l'un et faire fi de l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. C'est pourquoi je vous dis: Ne vous tracassez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez (ou boirez); ni pour votre corps, de quoi vous le vêtirez. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, le corps plus que le vêtement? Regardez les oiseaux: ils ne sèment pas, ne moissonnent pas, n'engrangent pas, et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux? Qui de vous peut, à force de soucis, prolonger d'une seule coudée la longueur de sa vie? Et pourquoi vous tracasser pour vos vêtements? Observez comment poussent les lis des champs: ils ne travaillent ni ne filent. Cependant, je vous le dis: Salomon lui-même, au comble de l'opulence, n'était pas vêtu comme l'un d'eux. Si Dieu donne tant d'élégance à la plante champêtre qui pousse aujourd'hui et sera jetée au feu demain, n'en fera-t-il pas bien davantage pour vous, gens de peu de foi? Il ne faut donc pas vous tracasser en disant: Que manger? Que boire? Comment nous vêtir? Tout cela, ce sont les préoccupations des païens; mais votre Père céleste sait bien que vous en avez besoin. Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et Sa justice; et l'on vous donnera tout le reste par-dessus le marché. N'ayez donc point de souci du lendemain: demain aura souci de lui-même. À chaque jour suffit sa peine."
HOMÉLIE DU DIMANCHE TRINITÉ 15
Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit!
L'Évangile de la Liturgie de ce jour est un de ces textes associés à la saison des moissons. Et bien entendu, c'est aussi un passage si bien connu que la plupart d'entre nous pourraient le réciter par coeur.
Qu'est-ce que le Christ nous y enseigne? Durant la période des moissons, nous nous réjouissons pour avoir fait preuve de prévoyance, et pour avoir préparé des provisions pour l'année à venir. Pour le citadin moderne, cela ne veut plus rien dire, mais pour ceux qui vivent par ce qu'ils cultivent et vendent, le succès de la récolte est vital. Pour des communautés qui sont étroitement et manifestement dépendantes de leur propre production, la leçon de la prévoyance pour la moisson et le remplissage du grenier à blé est réapprise annuellement.
Cependant, ici, le Christ enseigne aux Chrétiens une vue de la vie toute différente. Ici, Il détermine un élément vital de l'étrange vue Chrétienne du monde. La véritable prévoyance Chrétienne est celle qui est intimement associée avec la dépendance à la Providence de Dieu. Quand la moisson est achevée et que les entrepôts des principales provisions sont remplis, alors vient la leçon que nous apportent les propres paroles du Christ : semer et récolter et engranger – pour les citadins, en d'autres mots, l'accumulation d'épargne et de fonds de pension et d'assurances et d'actions boursières – ça, ce n'est pas l'oeuvre principale de la vie Chrétienne. La générosité de Dieu, qui revêt les fleurs des champs sans qu'elles ne s'en soient souciées, c'est la même qui nous nourrit et nous habille par le biais de notre labeur.
Notre prévoyance, nos prévisions et notre labeur pour pourvoir à nos besoins et ceux de nos familles c'est dès lors quelque chose qui, si le Chrétien veut être agréable à Dieu, doit être fait avec et en cohérence avec une authentique confiance en Dieu.
"N'ayez donc point de souci" se traduirait mieux encore par "ne vous surmenez pas à propos de." Le Christ ne nous recommande pas de ne rien faire, ou d'agir irresponsablement. Assurément, nous devons être prévoyants pour nous-mêmes et nos familles. Garder une poire pour la soif, c'est bien. Mais garder tout le poirier, c'est manquer de confiance en Dieu. Et l'injonction de la prévoyance doit être reliée au début de la péricope " Nul ne peut servir deux maîtres... Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon."
Si nous devenons obsédés par notre but d'acquérir en suffisance, alors nous en viendrons à essayer d'obtenir bien plus que ce qui est suffisant, par précaution
dirons-nous. Mais bien vite, la "précaution" deviendra une fin en soi. Alors nous en serons arrivés à servir mammon, et non pas Dieu. C'est bien pour cela qu'il est plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le Royaume des Cieux. Le riche est devenu si obsédé à vouloir accroître et conserver sa richesse "préventive" qu'il ne sait pas véritablement faire confiance à Dieu ou Le servir, peu importe le nombre de fois qu'il vient à l'église. Il doit d'abord se débarrasser de l'anxiété – qui est un manque de confiance en Dieu – qui l'amène à rechercher toujours plus de richesse.
La même chose s'applique à nous si nous voulons devenir de véritables Chrétiens. Nous pouvons faire des plans – mais toujours à la condition bien ancrée en premier lieu dans nos pensées que ça doit être "si Dieu ainsi le veut ou le permet." Nous pouvons travailler dur et planifier, mais en prenant bien soin de ne jamais permettre à notre travail et nos soucis de nous submerger ou de devenir notre obsession. Tout ce que nous prévoyons pour nous-mêmes, c'est si Dieu le permet. Présumer cela et puis, par notre comportement, dire à Dieu que nous ne Lui faisons pas confiance, en nous acharnant à acquérir des richesses "préventives" de manière obsessionnelle, c'est bien peu le comportement de l'authentique fidèle Chrétien.
Amen.
p. Michaël, higoumène (abbé), Saint-Petroc monastery, EORHF/Rocor
http://www.orthodoxresurgence.co.uk/


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Byzantins : 16e dimanche après la Pentecôte
Épître : Galates 2, 16-20
Frères, nous savons qu’une personne est reconnue juste devant Dieu uniquement à cause de sa foi en Jésus-Christ et non parce qu’elle accomplit ce qu’ordonne la loi de Moïse. C’est pourquoi, nous aussi, nous avons cru en Jésus-Christ afin d’être reconnus justes à cause de notre foi au Christ et non pour avoir accompli ce qu’ordonne cette loi. Car personne ne sera reconnu juste devant Dieu pour avoir accompli ce qu’ordonne la loi. Mais si, alors que nous cherchons à être reconnus justes grâce au Christ, il se trouve que nous sommes pécheurs autant que les non-Juifs, cela signifie-t-il que le Christ sert la cause du péché ? Certainement pas ! Si je me mets à reconstruire le système de la loi que j’ai détruit, je refais de moi-même quelqu’un qui désobéit à la loi. Or, en ce qui concerne la loi, je suis mort, d’une mort provoquée par la loi elle-même, afin que je puisse vivre pour Dieu. J’ai été mis à mort avec le Christ sur la Croix, de sorte que ce n’est plus moi qui vis, mais c’est le Christ qui vit en moi. La vie humaine qui est la mienne maintenant, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et a donné sa vie pour moi.
Évangile : saint Marc 8, 34-9, 1
En ce temps-là Jésus appela la foule et ses disciples et leur dit : "Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à soi, qu’il porte sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Evangile la sauvera. A quoi sert-il à quelqu’un de gagner le monde entier, s’il perd sa vie ? Que peut-on donner en échange de sa vie ? Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles au milieu des gens d’aujourd’hui, infidèles et pécheurs, le Fils de l’Homme également aura honte de lui, quand Il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges." Jésus leur dit encore : "Amen, en vérité, Je vous le déclare, quelques uns de ceux qui sont ici ne goûteront pas la mort avant de voir le Royaume de Dieu venu avec puissance."
Catéchèse : le charisme du renoncement et son actualité dans le monde d’aujourd’hui
1. Le principe de la vie : "vouloir suivre Jésus-Christ". C’est la volonté libre, "volonté naturelle" (saint Maxime) et originelle, restaurée en l’Homme par l’Incarnation du Fils de Dieu. Le Verbe appelle: "Suis-moi !" (Matt 19, 22). Il est naturel à l’humain de dire oui et d’être chrétien, parce que Jésus est le modèle selon qui il fut créé. L’icône de ce consentement paradisiaque est le "qu’il m’advienne selon ta volonté !" de la Mère de Dieu. Cette liberté naturelle est appelée obéissance par les saints Pères.
2. La liberté d’origine apparaît dans le renoncement, par amour pour le Christ, à soi, à sa volonté propre et arbitraire, caprice, hésitation, ou indécision - renoncer à avoir raison, à la captivité du plaisir, à l’amour idolâtre de soi. Au lieu du slogan contemporain, renoncer à "se faire plaisir", afin de jouir de la béatitude de qui répond à l’invitation divine : épanouissement des saints qui, avant même la mort, connaissent la joie du Royaume.
3. La "vie" ici est, non l’existence biologique, ou la vie en général, mais la vie de la personne, capable d’éternité, appelée "âme". Ce mode charismatique – et non psychique - de l’existence créée, à l’image de la vie hypostatique de la Divinité, s’épanouit en ressemblance. Au Paradis, l’Homme est créé "âme vivante" (Gen 2, 7) par la grâce du saint Esprit qui veut la conformer à son modèle, le Christ.
4. "Le chrétien est celui qui imite le Christ, autant qu’il est possible à l’être humain, en paroles, en œuvres et en pensées, et qui croit à la sainte Trinité d’une foi droite et exempte d’erreur" (saint Jean Climaque, L’Echelle sainte, I, 7, Du renoncement).
archiprêtre Marc-Antoine Costa de Beauregard