Matines
Psaume 144 Exaltabo te, Deus
Ô mon Dieu, mon roi, je te glorifierai * et je bénirai ton Nom dans les siècles des siècles.
Jour après jour je te bénirai * et je louerai ton Nom dans les siècles des siècles.
Le Seigneur est grand, hautement louable * son immensité est insondable.
Une génération raconte tes oeuvres à la génération qui suit * et on proclame ta puissance.
Elle répète l'éclatante splendeur de ta majesté * et on décrit tes merveilles.
On publie la redoutable puissance de tes oeuvres * et on raconte ta grandeur.
On proclame la louange de ton immense bonté * et on acclame ta justice.
Le Seigneur est clément et compatissant * il est lent à la colère et plein de bonté.
Le Seigneur est bon pour tous * et sa miséricorde s'étend sur toutes ses oeuvres.
Que toutes tes oeuvres te louent, Seigneur * et que tes fidèles te bénissent.
Qu'ils disent la gloire de ton royaume * et racontent ta puissance,
pour faire connaître aux hommes ta puissance * et la gloire de ton royaume merveilleux.
Ton royaume est un royaume éternel * et ton empire durera tout au long des âges.
Le Seigneur est fidèle en toutes ses paroles * il est bienveillant dans tout ce qu'il fait.
Le Seigneur soutient ceux qui faiblissent * il relève ceux qui sont découragés.
Tous les regards chargés d'espoir sont dirigés vers toi * et tu donnes à chacun sa nourriture au temps opportun.
Il te suffit d'ouvrir la main * pour que ta bonté rassasie tout être vivant.
Le Seigneur est juste dans toutes ses voies * et bienveillant dans tout ce qu'il fait.
Le Seigneur se tient proche de ceux qui l'invoquent * de ceux qui l'invoquent avec sincérité.
Il réalisera les souhaits de ceux qui le craignent * il écoutera leur cri et les délivrera.
Le Seigneur veille sur tous ceux qui l'aiment * mais il fera périr tous les méchants.
Que ma bouche redise la louange du Seigneur * et que tout être vivant bénisse éternellement son saint Nom.
Gloire au Père et au Fils * et au Saint Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours * aux siècles des siècles. Amen.
Psaume 145 Lauda, anima mea
Ecclésiaste 11,1-12,19
Jette ton pain sur la surface des eaux; longtemps après tu le retrouveras. Fais (de ton bien) sept et même huit parts, car tu ignores quelle calamité peut arriver sur la terre. Quand les nuages sont gonflés de pluie ils se déversent sur la terre. Quand tombe un arbre, au midi ou au nord, là où il est tombé, il reste. Qui observe le vent ne sème pas; qui examine les nuages ne moissonne pas. De même que tu ignores comment le souffle de vie pénètre dans les os, dans le sein d'une femme enceinte, ainsi ignores-tu l'oeuvre de Dieu qui fait toutes choses. Sème ta semence dès le matin, et ne laisse pas tes mains oisives jusqu'au soir. Car tu ignores ce qui réussira, ceci ou cela, ou si tous les deux ne sont pas également profitables. Douce est la lumière et c'est un agrément pour les yeux que de voir le soleil. Si nombreuses que soient les années de sa vie, que durant ces années l'homme se réjouisse, mais qu'il songe aux jours obscurs, qui seront nombreux. Tout ce qui arrive est vanité. Jeune homme, réjouis-toi dans ton adolescence, et pendant que tu es encore jeune, livre ton coeur à la joie. Marche dans les voies de ton coeur et selon les regards de tes yeux, mais sache que de tout cela Dieu te fera rendre compte. Bannis le chagrin de ton coeur, épargne la souffrance à ton corps, car la jeunesse et l'âge des cheveux noirs sont vanité. Mais souviens-toi de ton créateur aux jours de ta jeunesse, avant que viennent les jours mauvais et que paraissent les années dont tu diras : « Je n'y ai point de plaisir »; avant que s'obscurcissent le soleil, la lumière, la lune et les étoiles, et que les nuages s'en aillent avec la pluie; années où tremblent les gardiens de la maison, où se courbent les vaillants, où s'arrêtent de moudre les meunières moins nombreuses, où s'enténèbrent celles qui regardent par les fenêtres, où se ferment sur la rue les deux battants de la porte; où s'affaiblit le bruit du moulin; où se tait le chant de l'oiseau, où s'éteignent les chansons; où l'on redoute les montées, où l'on a des transes en chemin, où l'amandier blanchit, où la sauterelle devient pesante, où la câpre est sans effet, car l'homme s'achemine vers sa demeure d'éternité et les pleureurs parcourent les rues; avant que se rompe le cordon d'argent, que se brise la lampe d'or, que se casse la cruche à la fontaine et que se fende la poulie sur la citerne; avant que la poussière retourne à la terre pour redevenir ce qu'elle était, et que le souffle de vie retourne à Dieu qui l'a donné. Vanité des vanités! Dit l'Ecclésiaste, tout est vanité. Outre que l'Ecclésiaste fut un sage, il a encore enseigné la science au peuple. Il a pesé, il a scruté; il a ajusté de nombreuses maximes. L'Ecclésiaste s'est appliqué à trouver des sentences agréables et à rédiger avec exactitude des adages véridiques. Les propos des sages sont semblables à des aiguillons, les sentences, réunies en collection, sont pareilles à des clous plantés, inspirées par un seul pasteur. Au reste, mon fils, quant à plus de paroles que celles-ci, sache qu'on peut multiplier les livres à n'en plus finir, et que trop d'étude devient une fatigue pour le corps. En conclusion : tout bien entendu, crains Dieu et observe ses préceptes, c'est le devoir de tout homme. Dieu fera rendre compte de tout ce qui est caché, tout acte, qu'il soit bon ou mauvais.
Hébreux 11,1-16
La foi est le fondement de l'espérance, c'est une certitude au sujet de ce qu'on ne voit pas. C'est elle qui fait la gloire de nos aïeux. C'est la foi qui nous fait reconnaître que le monde a été formé par la parole de Dieu, le visible tirant ainsi son origine de l'invisible. C'est à cause de sa foi qu'Abel offrit à Dieu un sacrifice bien supérieur à celui de Caïn, et mérita d'être appelé juste , puisque Dieu accepta ses offrandes. C'est grâce à elle que, malgré sa mort, il parle encore. C'est à cause de sa foi qu'Énoch a été enlevé sans avoir connu la mort : on ne le trouva plus parce que Dieu l'avait enlevé (Gen. 5,24); mais l'Écriture dit qu'avant cet enlèvement il avait été agréable à Dieu (Gen. 5,24). Or, sans la foi il est impossible de plaire à Dieu, car pour s'approcher de lui, il faut d'abord croire qu'il existe et qu'il récompense ceux qui le cherchent. C'est dans sa foi en la parole de Dieu qui l'avertissait d'une chose imprévisible que Noé, rempli d'une sainte frayeur, construisit l'arche pour sauver sa famille. C'est par elle qu'il condamna le monde et devint l'héritier de la justice qu'elle procure. C'est par la foi qu'obéissant à l'appel divin, Abraham s'en alla vers la contrée qu'il devait recevoir en héritage; il partit sans savoir où il allait. C'est par la foi qu'il habita la terre promise comme une terre étrangère, y vivant sous la tente avec Isaac et Jacob, cohéritiers de la même promesse, parce qu'il attendait la cité aux fondements (éternels) dont Dieu est l'architecte et le maçon. C'est à cause de sa foi aussi que Sara reçut en dépit de son âge avancé, la vertu de concevoir, car elle crut à la fidélité de Celui qui promettait. Ainsi d'un seul homme quasi mort naquit une postérité comparable aux étoiles du firmament et aux innombrables grains de sable sur le bord de la mer. C'est dans la foi que tous (nos pères) sont morts, sans atteindre, il est vrai, ce qui leur avait été promis. Mais de loin ils l'apercevaient et le saluaient, avouant n'être sur cette terre que des étrangers et des voyageurs (Gen. 23,4). Ce disant, ils montraient bien qu'ils cherchaient une patrie. Et s'ils avaient voulu dire par là celle qu'ils venaient de quitter, ils auraient bien eu le temps d'y retourner. Non, ils soupiraient après une meilleure patrie, celle des cieux. C'est pourquoi Dieu ne dédaigne pas de se faire appeler leur Dieu ; et de fait, il leur a préparé une cité.
Divine Liturgie (Sarum)
Épître :
Évangile : saint Jean 6,5-14 - "Levant alors les yeux et voyant une grande foule venir à lui, Jésus dit à Philippe: "Où achèterons-nous du pain pour que tous ces gens aient à manger?" Il disait cela pour l'éprouver, car il savait bien ce qu'il allait faire. Philippe lui répondit: "200 deniers de pain ne suffiraient pas à donner un morceau à chacun." Un de ses disciples, André, frère de Simon-Pierre, lui dit: "Il y a ici un petit garçon qui a 5 pains d'orge et 2 poissons... mais qu'est-ce que cela pour tant de monde?" Jésus dit: "Faites-les asseoir." Il y avait beaucoup d'herbe à cet endroit. Ils s'assirent au nombre d'environ 5.000 hommes. Jésus prit les pains, rendit grâce, et les fit distribuer aux convives; de même pour les poissons. Il leur en donna tant qu'ils en voulurent. Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples: "Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde." Ils les ramassèrent; et des morceaux qui étaient restés du repas des cinq pains d'orge, ils remplirent 12 corbeilles. À la vue de ce miracle que Jésus avait fait, les gens disaient: "C'est vraiment le prophète qui doit venir dans le monde."
HOMÉLIE DU DIMANCHE TRINITÉ 22
Homélie 2007
Homélie 2006
On trouve plusieurs illustrations dans les Évangiles de la foi de quelqu'un coopérant avec la volonté et le pouvoir du Dieu Tout-Puissant. Deux cas sautent à l'esprit : celui du chef de synagogue, dont la jeune fille était déjà morte, et celui de la femme hémoroïsse. Le premier avait dit : "Ma fille est morte à présent, mais viens et pose Ta main sur elle, et elle vivra." Et dans le deuxième cas, la femme avait dit "si je peux seulement toucher la frange de Sa tunique, je serai guérie."
Ce dimanche, pour les Matines, dans la première lecture, on nous dit "Jette ton pain sur la surface des eaux; longtemps après tu le retrouveras", et dans la deuxième lecture, saint Paul énumère les exemples de foi dans l'Ancien Testament. On nous parle de foi qui précède l'action. La foi en Dieu était déjà présente – avant que Dieu n'aie accomplit ce qui était espéré. Ce n'était pas une foi superstitieuse, de cette sorte de foi qui est toujours prompte à trouver une explication quand elle a échoué à obtenir le résultat escompté. Dans le cas du chef de la synagogue, par exemple, c'était quelqu'un qui mettait sa réputation en jeu et déclarait sa foi en public. Ce n'était pas cette sorte de foi au second degré que la plupart d'entre nous avons.
Nous avons à vaincre ce libéralisme (modernisme) raisonnable qui nous a été enseigné dans nos écoles et universités, où envisager la moindre pensée que Dieu pourrait accomplir quelque chose d'aussi manifeste qu'une guérison ou une résurrection d'entre les morts est considéré comme déraisonnable.
Bien qu'il ne faille pas vouloir se jeter trop vite sur ce qui semble être signes et prodiges, il ne faudrait pas non plus les rejeter comme étant contraires à la raison et à l'expérience. C'est la raison et l'expérience qui minimisent notre acceptation des miracles – sous toutes leurs formes. En particulier, elles nous sont un obstacle dans notre attente d'une réponse positive à la prière et en particulier là où le résultat positif espéré implique une action physique. C'est une véritable mise à l'épreuve de la réalité de notre foi. Il est relativement plus facile de "croire" en un Dieu qui n'accomplit rien de réel, de physique. Aussi longtemps qu'Il ne fait pas grand chose, nous n'attendons rien de Lui, et dès lors nous ne risquons pas de nous retrouver déçus. Dès lors que nous acceptons que Dieu agit, et plus encore, que c'est bien ce que nous espérons de Lui, alors nous avons les débuts de la foi. C'est ça, la foi : l'aspiration, l'attente, l'espoir, c'est le facteur de coopération que Dieu requiers habituellement de notre part pour l'accomplissement de résultats physiques (miraculeux). Lorsqu'on cesse d'y penser, tout résultat de prière est miraculeux, dans le sens plénier du terme. L'attente et la constance dans l'attente sont les qualités du croyant qui coopère avec Dieu dans Son accomplissement des choses que nous désirons. Notre raison y entre convenablement lorsque nous comprenons que Dieu peut ne pas vouloir que nous survivions à telle maladie, ou que nous en soyons guéris – parce qu'Il la verrait comme ayant le potentiel d'aider à la sanctification de l'âme concernée. On ne devrait pas pour autant prier avec les doigts croisés dans le dos. Nous attendons le résultat que nous voulons, et nous acceptons l'évidence que notre volonté n'est pas encore pleinement alignée sur la Volonté de Dieu s'Il diffère ou refuse ce qui est demandé. Alors nous nous alignons un peu plus nous-mêmes sur Sa volonté, et ce faisant, nous augmentons notre sanctification – exactement ce qu'Il voulait.
Dieu permettant, refusant et donnant, mais toujours avec notre bien suprême comme résultat.
Amen.
p. Michaël, higoumène (abbé), Saint-Petroc monastery, EORHF/Rocor
http://www.orthodoxresurgence.com/petroc/index.htm
http://www.orthodoxresurgence.com
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Byzantins : 23e dimanche après la Pentecôte
Épître : Galates 6, 11-18
Frères, vous le voyez : la conclusion de cette lettre, je l’écris pour vous en gros caractères, de ma propre main. Ceux qui vous imposent la circoncision, ce sont des gens qui veulent faire bonne figure devant les hommes, uniquement pour s’éviter les persécutions à cause de la Croix du Christ. D’ailleurs ces soi-disant circoncis n’observent même pas la Loi : ils veulent seulement que vous soyez circoncis, pour avoir en votre chair un motif de se glorifier. Quant à moi, que Dieu me garde de me glorifier, si ce n’est dans la Croix de notre Seigneur Jésus Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde ! Car, en Jésus Christ, ce qui importe, ce n’est ni la circoncision ni l’incirconcision, mais c’est d’être une créature nouvelle. Et à tous ceux qui suivront cette règle, paix et miséricorde, ainsi qu’à l’Israël de Dieu ! Dorénavant, que personne ne me suscite d’ennuis : je porte dans mon corps les marques du Seigneur Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit : Amen !
Évangile : Saint Luc 16, 19-31
En ce temps-là, le Seigneur dit la parabole suivante. Un homme riche s’habillait de pourpre et de lin fin, et faisait chaque jour des festins somptueux. Et un pauvre nommé Lazare gisait près de son portail, tout couvert de plaies. Il aurait bien voulu se rassasier de ce qui tombait de la table du riche, mais c’étaient plutôt les chiens qui venaient lécher ses plaies. Or le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche mourut aussi et fut enseveli. Dans le séjour des morts, en proie aux tourments, le riche leva les yeux et vit de loin Abraham, et dans le sein d’Abraham, Lazare. Alors il s’écria : "Père Abraham, miséricorde ! Envoie Lazare tremper dans l’eau le bout de son doigt pour me rafraîchir la langue, car dans ces flammes je souffre cruellement". Abraham lui répondit : "Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et Lazare ses maux ; maintenant donc il trouve ici consolation, et c’est ton tour de souffrir. D’ailleurs entre vous et nous s’est ouvert un abîme profond ; et ceux qui le voudraient ne peuvent passer d’ici vers vous, pas plus que ceux qui voudraient passer de là jusqu’à nous". Le riche dit alors : "Père, je t’en prie, envoie Lazare dans la maison de mon père. J’ai cinq frères : qu’il leur fasse la leçon, pour qu’ils ne viennent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourments". Et Abraham de lui répondre : "Ils ont Moïse et les prophètes, qu’ils les écoutent !" Mais le riche reprit : "Non, Père Abraham, mais si quelqu’un de chez les morts va les trouver, ils se repentiront". Mais Abraham lui dit : "S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne croiront pas davantage quelqu’un qui ressusciterait d’entre les morts !"
Catéchèse : trois enseignements parmi d’autres.
1. Le miracle de la résurrection du Christ convaincra d’abord ceux qui auront assimilé la tradition des saints prophètes. Le plus grand des miracles rencontre l’incroyance et l’impénitence. Il doit être vu comme réalisation des prophéties : "Il est ressuscité selon les Ecritures", l’Ancien Testament.
2. La rétribution dans l’au-delà existe (Jugement dernier) ; ne pensons pas vivre impunément dans le péché et l’impénitence. La place des défunts après leur trépas dépend de leur foi et de leur vie. D’où la prière pour eux.
3. Le chien : saint Basile souligne qu’il est "reconnaissant et d’une amitié fidèle" ; "il n’a pas la raison en partage ; il a pourtant un sens qui lui tient lieu de raison". "Quelle foi dans un chien ? – Souvent dans les plus petites choses se laisse entrevoir la Sagesse du Créateur". Et abba Xanthias dit : "Le chien vaut mieux que moi, car il a de l’affection pour son maître et ne vient pas en jugement". Innocent, l’animal participe de façon cosmique seulement au salut de la création. Mais il est souvent un exemple pour les pécheurs (saint Basile). (cf. Chiens du Seigneur, Paris, Le Cerf, 2001, pp.34-37)
archiprêtre Marc-Antoine Costa de Beauregard