"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

05 janvier 2008

Caté' Jeunesse: Comprendre la Théophanie

Comprendre la Théophanie
http://yya.oca.org/SL-theophany.asp



La Théophanie est la Fête qui révèle la très Sainte Trinité au monde, à travers le Baptême du Seigneur (Mt 3,13-17; Mc 1,9-11; Lc 3,21-22). Dieu le Père parla depuis les Cieux, parlant à propos du Fils, ce Fils qui était baptisé par saint Jean le Précurseur, et le Saint Esprit descendit sur le Fils sous l'apparence d'une colombe. Depuis les temps anciens, cette Fête a été appelée le Jour de l'Illumination et la Fête des Lumières, car Dieu est Lumière et est apparu pour illuminer "ceux qui se trouvaient dans les ténèbres," et "dans la région des ombres de la mort" (Mt 4,16), et pour sauver par la Grâce l'humanité déchue.

Dans l'Église antique, c'était la coutume de baptiser les catéchumènes au cours des Vêpres de la Théophanie, et ainsi le Baptême est aussi révélé comme étant l'illumination spirituelle de l'humanité.

L'origine de la Fête de la Théophanie remonte aux temps apostoliques, et est mentionnée dans les Constitutions Apostoliques (livre 5,13). Dès le 2ème siècle, nous avons le témoignage de saint Clément d'Alexandrie au sujet de la célébration du Baptême du Seigneur, et la nuit de Vigile précédant cette Fête.

On possède aussi un dialogue du 3ème siècle parlant des Offices de la Théophanie, dialogue entre le saint martyr Hippolyte et saint Grégoire le Thaumaturge. Au cours des siècles suivants, du 4ème au 9ème siècle, nombreux d'entre les importants Pères de l'Église ont commenté la Fête de la Théophanie : Grégoire le Théologien (de Nazianze), Jean Chrysostome, Ambroise de Milan, Jean Damascène.

Les moines Joseph le Studite, Théophanes et Byzantios ont composé la plupart de la musique liturgique de cette Fête, chants qui sont encore repris dans les Offices Orthodoxes actuels. Saint Jean Damascène a expliqué que le Seigneur n'avait pas été baptisé parce qu'Il aurait eu, Lui, besoin d'être purifié, mais "afin d'ensevelir le péché humain par l'eau," pour accomplir la Loi, pour révéler le mystère de la Sainte Trinité, et enfin, pour sanctifier "la nature même de l'eau" et nous offrir la forme et l'exemple du Baptême.

Au cours de la Fête du Baptême du Christ, la sainte Église proclame notre foi dans le plus sublime et incompréhensible des mystères pour la raison humaine, celui du Dieu Un en Trois Personnes. Elle nous enseigne à confesser et à glorifier la Sainte Trinité, Une en Essence et Indivisible. Elle expose et réfute les erreurs des anciens enseignements qui ont tenté d'expliquer le Créateur du monde par la raison et selon des concepts humains.

L'Église montre la nécessité du Baptême pour les fidèles en Christ, et elle nous inspire un profond sens de gratitude pour l'illumination et la purification de notre nature pécheresse. L'Église nous enseigne que notre Salut et notre purification du péché ne sont possible que par la puissance de la Grâce du Saint Esprit, et qu'il est dès lors nécessaire de dignement préserver ces dons de la grâce du saint Baptême, gardant pur cet inestimable vêtement, car "vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ" (Gal 3,27).


Théophanie: chant "vous tous qui avez été baptisés en Christ"




La grande bénédiction des eaux au cours de la fête de la Théophanie de notre Seigneur Jésus-Christ.


La Théophanie et l'environnement (p. Nicholas K. Apostola)




Il n'y a pas de meilleur endroit où regarder pour comprendre la théologie de l'environnement de l'Église Orthodoxe que dans la célébration liturgique de la Théophanie ou Epiphanie.


Théophanie 2008 à Bruxelles - Evangile


La fête de la Théophanie a 3 thèmes distincts et cependant liés entre eux. Le premier, c'est le Baptême par Jean de Jésus dans le Jourdain. Le second, c'est la manifestation de la Sainte Trinité. Et le 3ème, c'est la rédemption de la matière créée par la descente du Seigneur Jésus dans les eaux du Jourdain. L'accent est habituellement mis sur les 2 premiers thèmes, mais nous entendons rarement parler du 3ème. Cependant, l'Office de la Théophanie est une puissante expression de la théologie de la Création. Il communique d'une manière vivante la compréhension Orthodoxe Chrétienne de l'entièreté de la Création, humaine et non-humaine, de même que la participation à et le bienfait venant de l'oeuvre salvifique de Jésus-Christ. Il exprime l'unité intrinsèque de l'humanité et de tout le restant de la Création.

Le point central de l'Office, c'est la Grande Bénédiction des Eaux. D'après la rubrique de l'Office, après la célébration de l'Eucharistie, toute l'assemblée se retrouve autour d'une étendue d'eau. Après avoir rappelé les grandes oeuvres de Dieu qui sont évidentes dans la Création, les eaux sont exorcisées, et on prononce sur elles une bénédiction au Nom de la Trinité. En tant qu'élément premier dans la Création, l'eau tient symboliquement le rôle de toute la Création, comme elle le fait dans le premier chapitre de la Genèse. Et à travers la sanctification des eaux, toute la Création est à présent rendue sainte. Elle devient capable d'être un moyen de communion avec le Créateur.

La matière n'est pas regardée de manière instrumentale. L'eau et tout le restant de la Création sont restaurés dans leur nature originelle, avant la corruption par les effets du péché. Il n'y a pas de théologie de "transsubstantiation" où la Grâce serait ajoutée à la matière afin qu'elle devienne quelque chose de surnaturel. Au contraire, la bénédiction de l'eau la restaure à son état naturel et à ses propriétés originelles. Les raisons pour lesquelles on utiliserait normalement de l'eau sont les mêmes pour lesquelles l'eau bénie est utilisée : laver, boire et purifier. Cependant, l'objectif voulu du Baptême de Jésus est plus profond qu'une simple restauration de la beauté immaculée. C'est la restauration de l'harmonie au sein de la Création, et entre la Création et le Créateur. C'est la rédemption.

Il y a 3 catégories d'hymnes qui sont particulièrement appropriées dans cette discussion. La première décrit la restauration et la libération de la Création par le Baptême du Christ dans le Jourdain. La seconde décrit la participation de la Création à l'oeuvre du Salut. Et la 3ème exprime la joie que toute la Création ressent envers le Créateur et Sa grande "économie" [dans le sens théologique du terme; ndt].

Dans son livre "D'Eau et d'Esprit," le p. Alexandre Schmemann note que : "la libération des humains commence par la libération, c'est-à-dire la purification et la rédemption de la matière, sa restauration à sa fonction originelle : être un moyen de la présence de Dieu et, dès lors, être une protection et une défense contre la réalité 'démoniaque' destructive. Dans une hymne, nous lisons que 'le prince de ce monde ... est choqué et détruit' par le Baptême du Christ par lequel Il a "accordé la liberté ... à la Création qu'il [le démon] avait enchaînée." Dans un tropaire du Canon de l'avant-fête, la signification de la Divine Économie de l'Incarnation est expliquée, mais en même temps que l'effet qu'elle a sur l'entièreté de la Création. "La terre a été sanctifiée, Ô Verbe, par Ta sainte Nativité, et les Cieux avec les étoiles ont proclamé Ta gloire; et à présent, la nature des eaux est bénie par Ton Baptême dans la chair, et l'humanité a été restaurée à son antique noblesse." Un autre tropaire dit que "le Verbe Qui préserve toute chose a lavé la Création dans le flot des eaux."

Un autre thème, c'est le Salut pour les éléments non-humains dans la Création, quelque chose qui précède nécessairement, ou plutôt est le propre point de départ du Salut des humains. Ce n'est pas pour poser une séparation entre humanité et environnement, au contraire, cela intègre plutôt la conception de Création comme étant une hiérarchie organiquement interdépendante avec l'humain tant comme microcosme et médiateur. Nous entendons dans une hymne le Jourdain dire à Jean le Baptiste que : "Soutiens le Seigneur, qui purifie toute la Création par le feu et l'Esprit, afin d'être baptisé, car vois, pour cette raison Il est venu pour sanctifier les éléments que sont terre et eau."

Le Salut humain est intimement lié à celui de la Création matérielle. Si les humains sont un composant tant de la Création visible qu'invisible – médiateurs dans le sens de se tenant au milieu des deux – alors les 2 aspects de la nature humaine ont besoin d'être restaurés. Le Christ, le Verbe Incarné, est le "médecin" Qui administre les remèdes appropriés à chaque aspect de la Création. Ceci est exprimé par un autre tropaire : "Par l'Esprit Tu renouvelles les âmes, et par l'eau Tu sanctifie nos corps, composés de ces éléments, faisant de l'humain une créature vivante renouvelée." La restauration de la matière a des effets spirituels. Il y a une corrélation entre les 2, une interpénétration. Dans une hymne attribuée au patriarche Germanos, nous entendons que le Christ "apporte la sanctification à l'eau et qu'elle devient purification pour nos âmes.. Le Salut nous est donné en nous lavant avec elle, et l'Esprit nous est donné par l'eau: en descendant dans l'eau, nous montons à Dieu."

La vision que la théologie Orthodoxe orientale présente tire les humains hors d'une vue fragmentée du monde, où les éléments "naturels" sont vus comme autonomes et semi-autonomes, et nous mène à une vue du monde où les humains sont appelés à unir et sanctifier la Création à travers la communion avec le Créateur. La matière n'est pas un objet dont on peut user ou abuser, elle est une manifestation de et devient un vrai moyen de communion avec Dieu. De toute évidence, ce n'est pas une perspective qui est facilement acceptée dans le monde actuel. L'orientation philosophique essentiellement anthropocentrique de la vision scientifique du monde nous dévie et nous fait prendre pour objets non seulement "la nature," mais aussi les autres êtres humains. La manière par laquelle l'environnement nous parle révèle une profonde réalité spirituelle. Ce "rapport environnemental" nous montre qu'en empoisonnant le milieu même dans lequel nous vivons, nous nous empoisonnons nous-mêmes. Ici, nous voyons un principe spirituel fondamental à l'oeuvre. Lorsque nous instrumentalisons la nature, que nous en faisons un objet, lorsque nous refusons de voir la Création comme un don de Dieu, et nous faisons partie de ce don, alors il devient possible de l'exploiter. L'exploitation de l'environnement est basée sur l'avidité. L'avidité est basée sur l'orgueil. Et l'orgueil, par définition, est l'égocentrisme total. Aucune culture n'est exempte de ce péché. Aucune perspective théologique, aucune compréhension académique, pourrait immuniser quelqu'un. L'orgueil, l'égocentrisme, on ne le combat et sait le vaincre que par l'amour de l'autre. L'appel de Dieu à abandonner notre égocentrisme et à en venir à une relation aimante avec Lui nous attire à Lui de même qu'à nos frères et soeurs en humanité et à la Création qui glorifie Dieu. C'est cette relation d'amour qui parfait la
Création. Et nous trouvons cette relation dans le culte liturgique.




Le prêtre Nicholas K. Apostola est le recteur de la paroisse Orthodoxe roumaine Saint-Nicholas, 44 Midland Street, Worcester, Massachusetts, MA 01602, USA, tel (508) 799-0040.

Il a été professeur au Hellenic College/ Holy Cross Greek Orthodox School of Theology, 1985 - 1991.

http://www.stnicholaschurch.org







04 janvier 2008

Kenya: les Orthodoxes victimes collatérales des violences politiques


Orthodox Christians face violence following contested Presidential Elections in Kenya
Article posted: 1/3/2008 10:58 PM

NAIROBI, KENYA [OCMC] – La nouvelle année a commencé par une tragédie pour nombre d'habitants du Kenya, avec la violence qui s'est répandue après avoir éclaté le 27 décembre, suite aux élections présidentielles au résultat contesté, qui opposaient l'actuel président, Mwai Kibaki, et son principal opposant, Raila Odinga.
Des rapports provenant de toutes les parties du Kenya donnent une image réaliste de l'accroissement des troubles et de l'escalade du conflit. D'après l'agence de presse Reuters, quelque 300 personnes seraient déjà mortes dans les affrontements entre les factions rivales et la police.
Nairobi, capitale du Kenya, héberge le Séminaire Patriarcal de mgr Makarios III, et l'église Orthodoxe Saint-George se trouve près du coeur du bidonville de Kibera – le plus grand d'Afrique et point de départ d'une grande partie de l'actuelle violence.
Dans une conversation téléphonique avec le directeur exécutif de l'OCMC (Orthodox Christian Mission Center), le p. Martin Ritsi, son éminence l'archevêque Makarios du Kenya a indiqué que nombre de maisons de Chrétiens Orthodoxes à Kibera ont été incendiées, et leurs habitants en fuite cherchent sécurité et abri dans l'enceinte des bâtiments de l'église Saint-George. Il signale que 3 églises (hétérodoxes) ont été déjà détruites à Kibera, et que des cas semblables ont déjà eu lieu dans l'ouest du Kenya.
L'archevêque poursuit en disant que plusieurs prêtres Orthodoxes ont vu leur maison détruite, perdant tout dans les incendies allumés par la populace déchaînée. Certains de ces prêtres se sont à présent réfugiés au Séminaire qui a été temporairement fermé. La nourriture manque à Nairobi et les gens restent chez eux, redoutant la poursuite du conflit.
Avant de raccrocher, son éminence a exhorté au calme et encouragé tous les Chrétiens Orthodoxes à prier pour la paix au Kenya. "Puisse le peuple du Kenya, guidé par le Saint Esprit, trouver sa paix à travers l'unité en un Père commun, et par les miséricordes de Son Fils Unique-Engendré Jésus-Christ."


Patrouille de police dans une rue du bidonville de Kibera, Kenya, vendredi 4 janvier 2008. L'opposition politique au Kenya, encerclée, a promis une nouvelle journée de manifestations ce vendredi, une nouvelle étape pour encore plus de violence, dans ce pays bloqué par le problème politique entre le président et son rival, qui affirme que la récente élection présidentielle était truquée. (AP Photo/Darko Bandic)


AFPTV



Des propriétaires d'échoppes nettoient une route ce vendredi 4 janvier 2008, route endommagée par les supporteurs du Mouvement Démocratique Orange, ce jeudi, à Nairobi, Kenya. (AP Photo/Sayyid Azim)



Des journalistes courent se mettre à l'abri alors que la police tire des grenades lacrymogènes pour disperser les opposants, Nairobi, 4 janvier 2008. Le prix Nobel de la paix Desmond Tutu a déclaré vendredi que le président Mwai Kibaki était ouvert à l'idée d'un gouvernement de coalition nationale pour mettre un terme à la crise post-électorale, mais uniquement si l'opposition acceptait ses conditions.
REUTERS/Thomas Mukoya (KENYA)
source & (c) photos http://news.yahoo.com

Synaxe des 70 Disciples (1)

L'appel des Apôtres

Les 70 (ou 72) Disciples sont ces premiers à avoir suivi Jésus et que l'on trouve mentionnés dans l'Évangile selon saint Luc, 10,1-24. D'après Luc, qui est le seul évangéliste à rapporter ce détail, Jésus les choisit et les envoya 2 par 2 pour prêcher Son message. En Occident, on parle d'eux comme de disciples, alors que l'Orient parle d'apôtres. Cependant, dans le grec ancien, les 2 titres décrivent bien, puisqu'un apôtre est un envoyé en mission, alors qu'un disciple est un étudiant, et ils étaient tous ces 2 choses-là; seulement les traditions orientales & occidentales divergent sur la portée du mot apôtre.
On ne trouve nulle autre mention de ce groupe dans la Bible. Le nombre est 70 dans les traditions des manuscrits Alexandriens (comme le Codex Sinaïticus) et Césaréen, mais 72 dans d'autres Alexandriens et les textes occidentaux. Cela pourrait être en référence aux 70 nations de Genèse 11, ou d'une des nombreuses autres occurrences du chiffre 70 dans la Bible, ou aux 72 traducteurs de la Septante que l'on cite dans la Lettre d'Aristée. En réalisant sa traduction latine, la Vulgate, l'érudit saint Jérôme opta pour 72.
L'Évangile selon saint Luc est le seul des synoptiques à contenir 2 péricopes où Jésus envoie Ses disciples en mission. La première fois (Luc 9,1-6), est proche de la mission mentionnée en saint Marc 6,6b-13, qui se rapporte cependant à l'envoi des 12 Apôtres, plutôt que des 70 Disciples, bien que les détails soient semblables. Voir aussi la parallèle en saint Matthieu 9,35;10,1,7-11.

La Tradition Orthodoxe rapporte les noms de ces 70 "dont les noms sont inscrits au Ciel," via un évêque de la fin du 3ème siècle, Dorothée de Tyre, inconnu par ailleurs, dont le récit et la liste des 70 seraient préservés dans une version manuscrite du 8ème siècle. On trouve plusieurs listes, avec quelques divergences parfois : Chronicon Paschale et Dorothée (voir Migne, Patrologiae cursus completus, XCII, 521-524; 543-545; 1061-1065).
Les catholiques-romains considèrent bien entendu avec mépris la Tradition apostolique ("these lists are unfortunately worthless," Catholic Encyclopedia, 1908, "Apostle").
Eusèbe de Césarée – qui n'était pas omniscient et vivait un siècle plus tard que Dorothée – ne citait que Barnabas, Sosthenes, Cephas, Matthias, Thaddée et Jacques "le frère du Seigneur" (Historia Ecclesiae I.xii).
Traduit, compilé et adapté de :
http://en.wikipedia.org/wiki/Seventy_Disciples

Même dans l'Orthodoxie byzantine actuelle, il y a aussi une très grande différence de compréhension entre la notion d'évêque au 1er siècle et celle de maintenant. L'iconographie majoritaire reproduit le plus souvent des représentations réalisées au début du 2ème millénaire, où les Disciples & Apôtres sont représentés de manière fort hiératique, très éloignée de l'humilité et de la modestie que les textes d'époque nous montrent à contempler chez les Apôtres. Les listes parlant d'évêque, presbytre et diacre sont donc à relire à la lumière de ce que les Actes d'Apôtres & épîtres nous montrent du rôle réel de ces ministres de l'Église, et en se souvenant que pour eux, ministre voulait bien dire ce que ça veut dire, à savoir "serviteur." Il faut aussi tenir compte de la réalité d'une ville et ne pas confondre la prédication et la mort rapide dans une ville avec une "fondation apostolique" permettant de rédiger, quelques siècles plus tard, des "listes de succession apostolique" tentant de faire remonter tel ou tel siège à un Apôtre ou un des 70 Disciples. Bien souvent, la liste ne résistera pas à la simple analyse historique des documents présentés. Rome et Constantinople étant bien entendu clairement visées, avec leurs listes fantaisistes et infondées.
Ce qui joue à mes yeux en faveur de l'authenticité de la liste de saint Hippolyte (qui est mise en doute par les historiens occidentaux modernes), c'est le fait qu'il y mentionne aussi ceux qui ont abandonné le Christ, qui ont apostasié. Dans un texte falsifié, ou plus tardif et destiné à "fonder" une autre liste de "succession apostolique," les faussaires n'auraient rien ajouté comme zone d'ombre.




Commémorés le 4 janvier
La Synaxe des 70 Apôtres a été établie par l'Église Orthodoxe pour indiquer l'égal honneur de chacun des 70. Ils furent envoyés 2 par 2 par le Seigneur Jésus-Christ pour Le précéder dans les villes qu'Il allait visiter (Luc 10,1).
A côté de la célébration de la Synaxe des Saints Disciples, l'Église célèbre de plus la mémoire de chacun d'entre eux pendant l'année liturgique (1):
Saints Jacques le frère du Seigneur (23 octobre); Marc l'Évangéliste (25 avril); Luc l'Évangéliste (18 octobre); Cléopas (30 octobre), frère de saint Joseph l'époux de la Théotokos, et Siméon son fils (27 avril); Barnabas (11 juin); Joseph surnommé Barsabas ou Justus (30 octobre); Thaddée (21 août); Ananias (1er octobre); le protomartyr Étienne le diacre (27 décembre); Philippe le diacre (11 octobre); Prochore le diacre (28 juillet); Nicanor le diacre (28 juillet et 28 décembre); Timon le diacre (28 juillet et 28 décembre); Parmenas le diacre (28 juillet); Timothée (22 janvier); Tite (25 août); Philémon (22 novembre et 19 février); Onésime (15 février); Epaphrase et Archippus (22 novembre et 19 février); Silas, Silvain, Crescens ou Criscus (30 juillet); Crispus et Epaenetos (30 juillet); Andronique (17 mai et 30 juillet); Stachys, Amplias, Urbain, Narcisse, Apelles (31 octobre); Aristobule (31 octobre et 16 mars); Herodion ou Rodion (8 avril et 10 novembre); Agabus, Rufus, Asyncritus, Phlegon (8 avril); Hermas (5 et 30 novembre, et 31 mai); Patrobas (5 novembre); Hermès (8 avril); Lin, Gaius, Philologus (5 novembre); Lucius (10 septembre); Jason (28 avril); Sosipatre (28 avril et 10 novembre); Olympas ou Olympanus (10 novembre); Tertius (30 octobre et 10 novembre); Erastos (30 novembre); Quartus (10 novembre); Evodius (7 septembre); Onésiphore (7 septembre et 8 décembre); Clément (25 novembre); Sosthènes (8 décembre); Apollos (30 mars et 8 décembre); Tychique, Epaphrodite (8 décembre); Carpus (26 mai); Quadratus (21 septembre); Marc surnommé Jean (27 septembre); Zénon (27 septembre); Aristarque (15 avril et 27 septembre); Pudence et Trophime (15 avril); Marc le neveu de Barnabas, Artémas (30 octobre); Aquila (14 juillet); Fortunatus (15 juin); et Achaïcus (4 janvier).

Après la Descente du Saint Esprit, les 70 Apôtres prêchèrent en divers pays. Certains accompagnèrent les 12 Apôtres, tels les saints évangélistes Marc et Luc, ou le compagnon de saint Paul, Timothée, ou Prochore, le disciple du saint Apôtre et évangéliste Jean le Théologien, et d'autres encore. Nombre d'entre eux furent jetés en prison pour le Christ, et beaucoup reçurent la couronne du martyre.
Il y a encore 2 autres Apôtres des 70 : saint Cephas, à qui le Seigneur apparut après la Résurrection (1 Cor. 15,5-6) et Siméon, appelé le Noir (Actes 13,1). Ils furent eux aussi glorifiés par la prédication apostolique.
Il y a des divergences et des erreurs dans certaines listes compilées de ces 70. Une liste attribuée à saint Dorothée de Tyr (5 juin) voit certains noms répétés (Rodion ou Hérodion, Apollos, Tychique, Aristarque), alors que d'autres sont omis (Timothée, Tite, Epaphras, Archippus, Aquila, Olympas) (2). Saint Dimitri de Rostov a consulté la sainte Écriture, les traditions des Pères, et les oeuvres d'historiens fiables, lorsqu'il a tenté de corriger les erreurs et les incertitudes des listes, en compilant sa collection des Vies de Saints.

L'Église vénère et loue particulièrement les 70 parce qu'ils nous ont enseigné à honorer la sainte Trinité Une en Essence et Indivise.
Au 9ème siècle, saint Joseph l'Hymnographe a composé le Canon pour la Synaxe des 70 Disciples du Christ.

*-*-*-*-*-*

(1) ndt : les calendriers Orthodoxes occidentaux ont d'autres dates pour un certain nombre de ces saints, ce qui fait qu'en toute logique, les paroisses Orthodoxes de rite occidental les célèbrent donc de nos jours aux antiques dates occidentales et non pas orientales. Unité n'est pas uniformité.
(2) ndt : comme on la lu en introduction, la plus ancienne version de la liste de saint Dorothée ne nous est conservée que par un seul manuscrit qui lui est postérieur de 5 siècles. Bien des erreurs de copistes ont eu l'occasion de se produire, comme on le voit dans les études de paléographie.

Saint Hippolyte de Rome: les 12 Apôtres et les 70 Disciples
http://benedictseraphim.wordpress.com/2008/01/04/the-synaxis-of-the-70-holy-apostles/



Saint Hippolyte, évêque et martyr, (+ 235, Rome), érudit, écrivant en grec, entre autres écrits parlant de la Théotokos 2 siècles avant que le 3ème Concile Oecuménique ne consacre ce terme comme dogme de Foi, nous a aussi rapporté ce que la Tradition qui l'avait précédé lui avait transmis au sujet des 70 Disciples et 12 Apôtres.


Extrait du chapitre 49 de son traité "sur la fin du monde" :

A propos des 12 Apôtres, où ils prêchèrent et où ils rencontrèrent leur fin.

1. Pierre prêcha l'Évangile dans le Pont, en Galatie, en Cappadoce, Béthanie, en Italie et en Asie, et fut ensuite crucifié par Néron à Rome, avec sa tête vers le bas, car il avait lui-même demandé à mourir de la sorte.

2. André prêcha aux Scythes et aux Thraces, et fut crucifié, suspendu à un olivier, à Patras, une ville d'Achaïe; et il y fut enterré.

3. Jean, lui aussi en Asie, fut bannît par le roi Domitien sur l'île de Patmos, où il composa son Évangile et eu sa vision apocalyptique; et à l'époque de Trajan, il s'éteignit à Éphèse, où on chercha après ses restes, mais on ne les y retrouva pas.

4. Jacques, son frère, prêchant en Judée, fut décapité par l'épée sur ordre du tétrarche Hérode, et y fut enterré.

5. Philippe prêcha en Phrygie, et fut crucifié à Hiérapolis, avec sa tête en bas, à l'époque de Domitien, et y fut enterré.

6. Bartholomée prêcha aux Indiens [Inde], à qui il transmis l'Évangile selon Matthieu, et il fut crucifié avec la tête en bas, et il fut enterré à Allanum, une ville de Grande Arménie.

7. Et Matthieu composa l'Évangile en hébreux, et le publia à Jérusalem, et s'éteignit à Hierees, une ville de Parthes.

8. Et Thomas prêcha aux Parthes, Mèdes, Perses, Hyrcaniens, Bactriens et Margiens, et eu les 4 membres transpercés de lances de pin à Calamene, une ville d'Inde, et il y fut enterré.

9. Et Jacques, le fils d'Alphée, alors qu'il prêchait à Jérusalem, fut lapidé à mort par des Juifs, et il y fut enterré près du Temple.

10. Jude, qui était aussi appelé Lebbaeus, prêcha au peuple d'Edesse, et dans toute la Mésopotamie, et s'éteignit à Berytus, et y fut enterré.

11. Simon le Zélote, fils de Clopas, aussi surnommé Jude, devint évêque de Jérusalem après Jacques le Juste, et s'y éteignit à l'âge de 120 ans et y fut enterré.

12. Et Matthias, qui avait été un des 70, fut ajouté aux Apôtres, et prêcha à Jérusalem, et s'y éteignit et y fut enterré.

13. Et Paul entra dans le groupe des Apôtres un an après l'Ascension du Christ; et commençant à Jérusalem, il voyagea aussi loin que l'Illyrie, et l'Italie et l'Espagne, prêchant l'Évangile pendant 35 ans. Et à l'époque de Néron, il fut décapité à Rome, et y fut enterré.

A propos des 70 Disciples

1. Jacques le frère du Seigneur, évêque de Jérusalem.

2. Cléopas, évêque de Jérusalem.

3. Matthias, qui suppléa à la place vacante dans le nombre des 12 Apôtres.

4. Thaddée, qui apporta l'épître à Augarus.

5. Ananie, qui baptisa Paul, et fut évêque de Damas.

6. Étienne, le premier martyr.

7. Philippe, qui baptisa l'eunuque.

8. Prochore, évêque de Nicomédie, qui fut aussi le premier qui parti, croyant ensemble avec ses filles.

9. Nicanor, qui mourut lorsqu'Étienne fut martyrisé.

10. Timon, évêque de Bostra.

11. Parmenas, évêque de Soli.

12. Nicolaus, évêque de Samarie.

13. Barnabas, évêque de Milan.

14. Marc l'Évangéliste, évêque d'Alexandrie.

15. Luc l'Évangéliste.

Les 2 suivants étaient des 70 disciples mais s'étaient éloignés lorsqu'ils avaient été choqués par les paroles du Christ : "si vous ne mangez pas Ma chair et ne buvez pas Mon sang, vous n'êtes pas dignes de Moi." Mais convaincus l'un par Pierre et l'autre par Paul de revenir au Seigneur, ils reçurent l'honneur de prêcher l'Évangile, suite à quoi ils souffrirent aussi le martyre, l'un étant brûlé, et l'autre crucifié à un olivier.

16. Silas, évêque de Corinthe.

17. Silvain, évêque de Thessalonique.

18. Crisces (Crecence), évêque de Carchedon, en Gaule.

19. Epaenetus, évêque de Carthage.

20. Andronique, évêque de Pannonie.

21. Amplias, évêque d'Odyssus.

22. Urbain, évêque de Macédoine.

23. Stachys, évêque de Byzance.

24. Barnabas, évêque d'Héraclée.

25. Phygellus, évêque d'Ephèse. Il était aussi du parti de Simon.

26. Hermogène. Lui aussi était du même esprit que le précédent.

27. Demas, qui devint aussi un prêtre d'idoles.

28. Apelles, évêque de Smyrne.

29. Aristobule, évêque de Grande-Bretagne.

30. Narcisse, évêque d'Athènes.

31. Herodion, évêque de Tarse.

32. Agabus, le prophète.

33. Rufus, évêque de Thèbes.

34. Asyncritus, évêque d'Hyrcanie.

35. Phlegon, évêque de Marathon.

36. Hermès, évêque de Dalmatie.

37. Patrobulus, évêque de Puteoli.

38. Hermas, évêque de Philippe.

39. Lin, évêque de Rome.

40. Caïus, évêque d'Ephèse.

41. Philologus, évêque de Sinope.

42, 43. Olympus et Rhodion, qui furent martyrisés à Rome.

44. Lucius, évêque de Laodicée, en Syrie.

45. Jason, évêque de Tarse.

46. Sosipatre, évêque d'Iconium.

47. Tertius, évêque d'Iconium.

48. Erastus, évêque de Panellas.

49. Quartus, évêque de Berytus.

50. Apollo, évêque de Césarée.

51. Cephas.

52. Sosthènes, évêque de Colophonia.

53. Tychique, évêque de Colophonia.

54. Epaphrodite, évêque d'Andriace.

55. Caesar, évêque de Dyrrachium.

56. Marc, cousin de Barnabas, évêque d'Apollonia.

57. Justus, évêque d'Eleutheropolis.

58. Artemas, évêque de Lystra.

59. Clément, évêque de Sardaigne.

60. Onésiphore, évêque de Corone.

61. Tychique, évêque de Chalcédoine.

62. Carpus, évêque de Berytus en Thrace.

63. Evodus, évêque d'Antioche.

64. Aristarque, évêque d'Apamée.

65. Marc, aussi appelé Jean, évêque de Bibloupolis.

66. Zénas, évêque de Diospolis.

67. Philémon, évêque de Gaza.

68, 69. Aristarque et Pudes.

70. Trophime, qui fut martyrisé avec Paul.



03 janvier 2008

Sainte Geneviève contre Attila: héraut de Dieu contre fléau de Dieu

Voyons d'abord le héraut de Dieu, l'héroïne spirituelle, la grande sainte par excellence, Geneviève de Lutèce.


procession médiévale hétérodoxe du reliquaire de sainte Geneviève dans Paris

Sainte Geneviève (Genovefa), Vierge
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Née à Nanterre près de Lutèce, Gaule (Paris, France), vers 422; morte à Lutèce, vers 500.
Le nom de Geneviève signifie "bouche céleste" ou "fille du ciel". Chez les Celtes, "gen" ou "geni" signifiait "engendrer". Dans le Pays de Galles, "genoeth" veut encore dire "jeune fille". Dans le même pays, on dit aussi "genoe" pour signifier la bouche. De leur côté, les bas Bretons, pour désigner la bouche, se servent du mot "geno" ou "genou" (prononcez "ghenou"), qui se rapproche encore plus de "Genovefa" ou "Genouefa", comme on écrivait autrefois. Quant à la terminaison "efa", que l'on trouve dans un si grand nombre de noms Celtes, comme "Marcouefa", "Landovefa", "Genovefa", etc, auxquels répondent les noms masculins "Marculfus", "Landulfus", "Genulfus", il nous a semblé en trouver l'explication dans l'ancien mot breton "eff", qui veut dire le ciel. Ainsi "Genouef" voulait dire "bouche céleste" ou "fille du ciel". Encore de nos jours, dans la basse Bretagne, pour dire bouche céleste, on écrirait "gheno n'eve". (Bullet, Mémoires)

A l'époque de sa naissance, presque tout l'Occident était en ruines spirituelles profondes. Lorsque Rome tomba aux mains d'Alaric le Wisigoth, et que nul sursaut spirituel n'avait pu naître malgré la menace, Saint Jérôme s'était répandu en regrets sur cette situation. Un peu partout, l'Occident était secoué soit par l'hérésie de Pélage, soit par celle d'Arius. Les peuplades qui livraient leur âme à ces hérésies redevenaient barbares, violentes, et vite païennes. Rien n'a changé depuis! La réaction divine était la même que dans l'Ancien Testament : susciter quelques foyers de profonde Foi, des femmes et des hommes providentiels, pour relever les ruines et tourner à nouveau les peuples vers Dieu. Geneviève appartient assurément à cette catégorie, comme quelques grands autres de son époque, comme nous le verrons plus loin.

Don du Ciel et providence pour son pays, Geneviève naquit dans un village à la périphérie de Paris à l'époque d'Attila le Hun. Elle était bergère, fille unique de Sévère et Gérontia, des paysans durs à la tâche. Geneviève était si radieuse et pétillante que lorsque saint Germain, évêque d'Auxerre, visita son village accompagné de saint Loup, en chemin vers l'Angleterre, en 429, pour aller y extirper l'hérésie de Pélage, il eut son attention attirée par la fillette de 7 ans. Après son sermon, les habitants s'assemblèrent autour de lui pour recevoir la bénédiction. Germain s'enquit de ses parents et leur prédit sa future sainteté. Quand il demanda à Geneviève si elle voulait devenir l'épouse du Christ et ne servir que Dieu seul, elle lui demanda de la bénir et de la consacrer dès ce moment.

Tirant de sa bourse une pièce d'or, il la lui donna, disant qu'elle devait la conserver en souvenir de ce jour, et de Dieu, à qui sa vie appartenait. Même lorsque des années plus tard, Geneviève allant souvent manquer de quoi vivre, elle ne se débarassera jamais de cette piécette. Une autre version, rapportée par Constance de Lyon, plus ancien biographe de saint Germain, rapporte comment le saint évêque partit pour l'église, suivit par le peuple, et durant le long chant des Psaumes et des prières, "il étendit sa main sur la tête de la jeune fille." Dans les 2 cas, elle continua ensuite à s'occuper des moutons et à aider sa mère aveugle à coudre et à tisser.

A 15 ans, Geneviève devint orpheline de ses 2 parents, et elle partit pour vivre à Paris, où elle répèta ses voeux, et où l'évêque de Paris lui donna la voile, ainsi qu'à 2 autres jeunes filles. Elle s'installa chez sa marraine. Le temps passant, elle devint célèbre par sa sainteté. Elle ne mangeait en général que 2 fois par semaine - et maigrement : un peu de pain d'orge et quelques fèves. Elle continua ce jeûne jusqu'à ses 50 ans, lorsque son évêque lui ordonna d'assouplir son ascèse.

Elle eut visions et prophéties, ce qui provoqua au départ l'hostilité des Parisiens - au point qu'on tenta même de la tuer. Mais le soutien de Germain, qui vint lui rendre à nouveau visite, et la justesse de ses prédictions aussi, changèrent les comportements. Durant sa visite, Germain adoucit aussi quelques unes de ses plus lourdes auto-pénitences.

La jeune fille aimait venir prier la nuit seule dans l'église. Une nuit, un coup de vent souffla sa bougie, la laissant dans l'obscurité. Geneviève en conclut que c'était le démon qui tentait de l'effrayer. C'est pour cela qu'on la dépeint fréquement tenant une bougie, parfois avec un diable irrité se tenant derrière elle.

Sa bravoure permit de rassembler la ville en 451, quand le Hun Atilla II et son armée marchèrent sur la cité, voulant arracher la Gaule aux Wisigoths. Les citoyens étaient prêts à évacuer la ville. Comme les Huns se trouvaient aux portes de Paris, Geneviève persuada les hommes de rester et de rassembler les femmes de la ville pour prier. Son courage venait de son entière confiance en Dieu, et pendant qu'Attila et son armée s'approchaient, elle encourageait les Parisiens à jeûner et à prier dans l'espoir que Dieu éloignerait le désastre. Nombre de citoyens passèrent des nuits entières en prière, avec elle, dans le baptistère. C'est de là que provient la dévotion à Sainte Geneviève, que l'on pratiquait auparavant dans l'ancien baptistère de l'Eglise de Paris, à Saint-Jean-le-Rond. Elle rassura les gens, leur disant qu'ils avaient la protection du Ciel. Elle prit soin des malades, nourrit les pauvres, et inspira partout confiance. "Dieu vous protégera", disait-elle, "il faut Lui faire confiance."

Cependant, à un moment, la crise fut à son paroxysme, et les gens paniquèrent, s'opposant même à elle, voulant la lapider et disant qu'elle était une fausse prophétesse qui voulait les mener à la destruction, et ils la menacèrent de la lapidation. Mais le bon évêque Germain ne l'avait pas oubliée, et bien qu'il était gisant à Ravenne, en Italie, il envoya son archidiacre Sedulius pour pacifier les gens. Sedulius persuada la foule en panique que Geneviève n'était pas une prophétesse de malheur, mais qu'il fallait écouter ses conseils et ne pas abandonner sa maison.

Nombre des habitants pourtant prirent peur et s'enfuirent en panique, mais Geneviève à nouveau rassembla les femmes autour d'elle, et les mena sur les remparts de la ville, où dans la lumière de l'aube naissante et en face des flèches des ennemis, elles prièrent Dieu pour la délivrance. Providentiellement, cette même nuit, les envahisseurs détournèrent leur route vers Orléans, et à nouveau, la ville fut sauvée lorsque Geneviève, qui était vénérée même par l'ennemi, fut acclamée comme salvatrice et héroïne de son peuple.

En 486, la bravoure de la sainte fut à nouveau de grand profit pour la ville de Paris. Clovis, roi Franc, avait tué Syragrius, le représentant de Rome à Soissons, mettant un terme à la gouvernance romaine sur les Gaules. Childéric, roi Franc, assiégea Paris, affamant ses habitants.

Une nuit, alors que la ville était encerclée et qu'il y avait une terrible famine, Geneviève prit un bateau qu'elle avait acheté, et descendit seule (mais plus probablement à la tête d'un groupe) la Seine, dans l'obscurité, jusqu'à Arcis-sur-Aube et Troyes. Elle se glissa silencieusement et secrètement derrière les lignes de l'ennemi, mettant pied à terre à l'aube, loin de la ville, et alla de village en village pour implorer de l'aide et rassembler de la nourriture, puis retourna à Paris - échappant à nouveau à la surveillance de l'ennemi - avec 11 bâteaux chargés de maïs. D'autres sources disent qu'elle commanda 11 barges pour aller chercher du blé en Champagne.

Lorsque le siège fut levé, Childéric, le conquérant toujours païen, par admiration pour son courage, lui envoya une ambassade, lui demandant ce qu'il pouvait faire pour elle. "Relâchez vos prisonniers", répondit-elle. "Leur seule faute a été qu'ils aient tant aimé leur ville." Et cela lui fut accordé.

A la mort de Childéric, Clovis lui succéda et consolida son contrôle sur les terres entre le Rhin et la Loire. Il épousa la fille ainée de Childéric, Clothilde, qui était Chrétienne Orthodoxe et tenta de convertir son mari, mais sans succès au départ. Clovis autorisa le Baptême de son premier fils, mais celui-ci mourrut. Le second fils fut baptisé, il se trouva vite à l'article de la mort, mais il recouvra la santé par les prières de Clothilde et de Rémi.

Pendant ce temps, Geneviève devint sa conseillère de confiance. Clovis dût livrer une terrible bataille, et promit d'être baptisé s'il gagnait. Il gagna, et sous l'influence de Geneviève, il se convertit en 496. Son peuple et ses serviteurs le suivirent. Comme Childéric, Clovis relâcha nombre de prisonniers à sa demande. Plus tard, cependant, des troubles éclatèrent en ville, et à nouveau elle fut menacée d'invasion.

Geneviève fut aussi à l'origine de l'intérêt pour nombre de gens à bâtir une église en l'honneur de saint Denis, qui sera par la suite rebâtie en monastère par le roi Dagobert, en 629. Geneviève fit de nombreux pélerinages avec d'autres jeunes vierges vers le tombeau de saint Martin, à Tours. Sa réputation de sainteté était si grande qu'elle parvint même à saint Siméon le Stylite : il lui demanda qu'elle se souvienne de lui dans ses prières.

A l'époque où elle allait mourrir, le roi Clovis en était arrivé à concevoir une grande vénération pour la sainte. C'est à la suggestion de Geneviève que Clovis entama la construction de l'église des saints Pierre et Paul au centre de Paris, où il fera enterrer son corps. Plus tard, l'église sera redédicacée à sainte Geneviève, et rebâtie en 1746.

Même après le Schisme, l'aval donné aux terribles hérésies vaticanes et la chute de la France hors de l'Église, lors des grandes crises nationales, nombre de Français se sont souvent tournés vers Geneviève pour avoir son aide. Mais en 1793, une majorité étant passés d'hérétiques à athées, le corps de sainte Geneviève fut arraché de son tombeau et publiquement brûlé place de Grève. A l'époque de la Révolution Française, l'antique bâtiment religieux fut sécularisé, et est à présent appelé "Panthéon", un lieu de sépulture pour les "célébrités" Françaises. Mais quelques unes de ses reliques purent être préservées, et plus tard replacées dans l'église de Saint-Etienne-du-Mont, où des foules les visitent chaque année.


sainte Geneviève protège les habitants de Lutèce
peinture au Panthéon, temple païen de la Paris déchristianisée

La plupart des informations concernant Geneviève proviennent de la Vie que l'on attribue à un contemporain; certains auteurs modernes discutent de son authenticité et de sa valeur. Le fait qu'elle aurait été bergère est une affirmation récente, et certains pensent qu'elle serait de famille aisée. Ce détail n'empêchant pas les parents d'avoir été de riches fermiers et de l'avoir mise au travail comme bergère. Et cela expliquerait d'ailleurs l'achat des 11 bâteaux pendant la famine. Geneviève fut une personne bien réelle et son nom est repris dans le Martyrologe Hiéronymien, qui est une continuation au 6ième siècle de celui "de saint Jérôme", ce qui rend son culte fort ancien, attesté peu après sa naissance au Ciel.

Dans l'art, on la représente en bergère, habituellement tenant une bougie - qu'un diable tente d'éteindre, pendant qu'un ange la garde. Ou avec un livre, ou une torche. Elle peut avoir une pièce accrochée au cou - celle que Germain lui donna. Parfois on peut la montrer en moniale avec un mouton à ses côtés, un diable à ses pieds avec un soufflet, une clé en main et une bougie dans l'autre. Ou redonnant la vue à sa mère, qui n'aimait pas qu'elle aille à l'église.
Elle est la sainte patronne de Paris, et invoquée contre les désastres, sécheresse et pluies excessives, et la fièvre.


Quelques "images pieuses"
(hétérodoxes, car il n'y a hélas qu'une seule Icône existante)


Séquence de sainte Geneviève
antique Liturgie romaine orthodoxe

Bénie fut la naissance de cette jeune vierge,
C'est ce dont le hiérarque Germain rendit témoignage,
Et la révélation qu'il en reçut en esprit
Par sa vie qu'elle mena, la vierge le confirma.

Il suspendit une piècette de bronze
Sur sa virginale poitrine,
Afin d'être un sceau de sa virginité,
Parce qu'on y voyait le signe de la Croix.

Divinement il dota Geneviève
En offrant les Dons,
Faisant d'elle le temple du Saint-Esprit,
Par une alliance conclue avec le Christ.

Ayant levé sa main sur l'innocente,
Sa mère est privée de la vue,
La vierge, compatissante face à la souffrance maternelle,
Lui rendit une vue immaculée.

Geneviève à la main généreuse
Soumettait son corps par les jeûnes
Et, arrosant la terre de ses larmes,
Elle se réjouissait dans un martyr continuel.

Sous la guidance de son céleste Maître,
Elle illumina tant les cieux que les abysses,
Et par la lutte de ses prières
Elle sauva son peuple face à une nation barbare.

De plus, Dieu donnant,
Elle soulagea la soif des ouvriers,
Et ramena guérit à sa mère effondrée
Son fils unique, handicapé par un accident.

A la première prière de cette vierge
Les démons tremblent tous de terreur;
La paix est accordée aux démoniaques,
L'espoir aux malades, le pardon aux coupables.

Les cierges se rallument en ses mains
Par la grâce du Ciel,
Par elle le cours de la rivière en crue
Rejoignit les limites de son lit.

Vivante après la mort, par ses justes prières
Elle transforme le saint feu en douce brise,
Elle qui avait d'abord conquit en elle-même
La flamme du bois de chauffage intérieur.

Elle commande à la mort, et aux démons,
Aux maladies et aux éléments,
Et ainsi par ses prières, Geneviève
Surpasse les lois de la Nature.

Elle accomplit pour les petits enfants
Les puissantes oeuvres de la force du Christ.
Pour d'aussi grands miracles, ayons pour le Christ
Une louange continuelle et glorifions-Le sans cesse!

Sequentia, 8ième siècle



A Zepperen, près de Tongeren, dans le Limbourg belge, une église lui est dédiée, Sint-Genovevakerk. Construite à partir du 12ème siècle. Couverte de fresques du début des années 1500, dont 11 retraçant la vie de sainte Geneviève.
voir cette belle page : http://www.impens.com/


pour pallier à la famine dûe à la guerre civile entre Francs et Gallo-Romains, elle dépense tous ses biens pour affrèter des bâteaux et part acheter du blé à Troyes-en-Champagne.
église de Zepperen, Limbourg belge


Tropaire de sainte Geneviève ton 1.
Tes larmes abondantes
ont arrosé et fécondé le désert des coeurs stériles,
tes prières et tes soupirs
ont produit du fruit au centuple.
Prie pour ta cité, o sainte Geneviève,
et pour ceux qui vénèrent avec amour ta sainte mémoire.

Kondakion de sainte Geneviève ton 2.
Pour l'amour du Seigneur, o sainte Geneviève,
tu as pris en haine le désir de repos,
ayant éclairé ton esprit par le jeûne,
car tu as vaincu les bêtes avec force.
Mais par tes prières tu as écrasé l'agitation des ennemis.

autre image hétérodoxe

Comparons à présent en plaçant Geneviève en contraste avec les protagonistes historiques de son époque, le roi Hun Attila II qui n'avait de cesse d'étendre son empire aux dépens de l'empire romain, agonisant en Occident et déjà fortement affaibli en Orient, les autres rois et empereurs, les généraux, et bien entendu les autres saints de son époque. Voyons les personnages, leur orientation spirituelle aussi, et l'impact qu'ils ont sur le cours des événements.

On pense à Rome et aux autres grandes villes impériales de l'époque avec notre regard moderne. Si on a un intérêt culturel, par exemple, on pensera à Virgile, et cela donnera une illusion de grandeur

Si on a une conception impérialiste, selon qu'on soit pro-byzantin ou pro-occidental, on concevra une admiration sans bornes et sans réflexion historique soit pour l'ancienne Rome, soit pour la nouvelle Rome – oubliant au passage que ce ne sont que des termes conciliaires ne recouvrant plus aucune existence réelle depuis des siècles.

Si on a une vision spirituelle, Orthodoxe, de l'Histoire, on regardera les faits pour ce qu'ils sont, et on cherchera à voir "la main de Dieu" dans le fil des événements, sans glorifier des systèmes politiques humains qui ne sont que passagers, contingentiels, que leur hiérarchie soit
Orthodoxe ou non.

Il est important pour nous de nous souvenir des circonstances de vie et de relation à Dieu quand nous regardons la vie d'une sainte ou d'un saint. Nous avons beaucoup à en apprendre. Nombreux pensent, lisant les vies de saints tirées hors de leurs contextes, que les saints seraient des sortes "d'extra-terrestres" que Dieu aurait dotés de qualités supérieures, ou que tout était ciel bleu là où ils vivaient. En vérité, l'ascèse Chrétienne Orthodoxe est la clé sans laquelle l'histoire de ces saints est impossible à comprendre. Ils étaient comme nous, ils ont vécu parfois dans des périodes bien pires que les nôtres. Mais ils ont tant aimé Dieu qu'ils ont tout donné pour Dieu. Et ont coopéré avec Dieu à un point au-delà des lois de la nature, ou plutôt, de ce que le rationalisme humain pense en connaître. Ils ont tout surpassé.

Revenons à Geneviève. Constantinople, la Nouvelle Rome comme ils aiment encore de nos jours à s'appeler, n'était cependant pas à la gloire quand les Huns s'y attaquèrent. Il lui faudra bien des manipulations et compromissions pour non pas vaincre le péril Hun, mais... lâchement le détourner sur un Occident dont on voulait être le chef, sans vouloir en assumer les conséquences, notamment en matière de protection militaire.



L'Ancienne Rome était un cloaque, un bouge immonde, un amas de lieux peu recommandables, où les Chrétiens Orthodoxes se faisaient de plus en plus rares. Ce n'est pas pour rien que saint Jérôme et ses disciples finirent par prendre le large, direction la Terre Sainte, alors qu'il était pourtant le "chouchou" de l'évêque et pape du lieu!
Depuis 17 avant Jésus-Christ, son statut même de capitale d'empire était très discutable, et le lieu réel de villégiature des empereurs en est, je pense, une preuve claire. L'empereur Auguste, en fondant en 17 avJC sa nouvelle ville "colonia Augusta Treverorum" sur l'emplacement de l'ancienne capitale de la tribu celtique belge des Trévires (la future et actuelle "Trêves", aujourd'hui en Allemagne), avait fait un choix de renouveler son siège hors de ce cloaque romain.




Car réformer Rome était déjà impossible, d'où sa nouvelle installation. Et elle sera devenue l'une des capitales réelles de la Tétrarchie à la fin du 3e siècle et siège d'un atelier monétaire impérial à partir de 294, étant même qualifiée de "Roma Secunda." C'est d'ailleurs là que Constantin-le-Grand régnera au départ, à la suite de son père (hééé oui, ils n'étaient pas Grecs..), avant d'aller s'installer plus au sud et au soleil, après avoir doté Trêves de fantastiques installations (dont sa basilique, toujours debout) et de fonder sa nouvelle ville de Constantinople.. loin des barbares préparant les invasions à venir, qui amassaient leurs tribus et troupes au delà du Rhin.. Car il n'est pas revenu à Rome, l'empereur Constantin...


Constantin et Fausta


A l'époque de Geneviève, nous sommes très loin de la fin des années 200, où les généraux romains luttaient avec succès contre les ennemis de l'empire simultanément en Afrique, Grande-Bretagne, Germanie, Perse et divers autres endroits d'Orient. Le 20 novembre 303, le duumvirat fit sa triomphale entrée à Rome, et ce sera la dernière fois que le monde aura vu les empereurs romains ainsi fêtés.

Alors à Rome, que trouvait-on encore de relatif à "l'empire romain?" Le Sénat. Il y demeurait, mais était resté païen, attaché à toutes les horreurs du vieux culte. A l'époque d'Attila, ce Sénat n'avait cependant plus de dieu vivant vers qui se tourner, puisque depuis Théodose le Grand, l'empereur avait renoncé à son titre de "pontifex maximus," grand pontife du culte païen en vigueur depuis Auguste, et "dieu vivant" en vigueur depuis Dioclétien (303). Il n'y avait donc plus que des statues mortes. Et une population et des élites où l'Orthodoxie n'était plus la majorité (pas plus qu'à Constantinople ou Alexandrie), et où tout ce qui était mauvais dans l'empire trouvait son chemin.

[suite en travaux]


Voeux d'an neuf pour athées

Date: lundi 31 décembre 2007 17:15:43 +0100
From: R.V. Gronoff
Forum: fr.soc.religion
Sujet: Aux laïcards athéocrates

Bonnes fêtes de fins damnés!







02 janvier 2008

Le monastère le plus au nord de la Russie détruit par un incendie




Photo: Murmanspas.ru


2/12/2007

Le monastère Triphon Pechenga dans l'Oblast de Mourmansk a été totalement détruit par un incendie samedi dernier. Le monastère, situé à la frontière avec la Norvège et fondé par saint Triphon au 16ème siècle, était celui situé le plus au nord en Russie. Les pompiers locaux confirment que l'entièreté du bâtiment a été détruite par le feu.

L'incendie a commencé pendant l'Office du samedi. Toutes les Icônes et objets de valeur ont été précipitament évacués hors du bâtiment par le clergé présent. Personne n'a été blessé dans l'incendie.

Le monastère avait survécu aux intenses combats de la 2ème Guerre Mondiale de même qu'à sa suppression par des unités de l'armée soviétique, mais il n'a pas résisté au feu de ce week-end.

On n'est pas encore certain de ce qui aurait causé l'incendie. Une théorie dit que le feu aurait pris à cause des travaux de reconstruction en cours dans et autour du monastère.

Le monastère Pechenga avait été fondé en 1533 à l'embouchure du fleuve Pechenga, coulant dans la Mer de Barentz, à 135km à l'ouest de la ville actuelle de Mourmansk, une fondation monastique de saint Triphon, un moine de Novgorod. En 1589, le monastère avait déjà été détruit par les flammes à cause d'une attaque par des soldats Suédois. Le dernier bâtiment du monastère comportait des matériaux du 19ème siècle.

Le monastère Triphon Pechenga est l'unique monastère de la région de Mourmansk. Il porte le nom de son fondateur, saint Trifon, qui avait répandu l'Orthodoxie au début du 16ème siècle dans la Péninsule de Kola.

Au cours des derniers mois, le monastère était en cours de rénovation, afin de répondre aux demandes du nombre croissant de pèlerins visitant le saint lieu.




Rivière de saint Triphon à Pechenga.
1894, huile sur toile
Konstantin Alekseevich Korovin (Moscou, 12/5/1861 – Paris, 11/9/1939)
Gallerie Tretyakov, Moscou

01 janvier 2008

DYNAMIS, Jésus Est Sauveur – Circoncision du Christ


Stefan Tenecki: la Circoncision du Christ
monastère de Krusedol

La Circoncision de notre Seigneur Jésus-Christ; saint Basile le Grand
http://groups.yahoo.com/group/orthodoxdynamis/message/3022

Saint Luc 2,20-21, 40-52

Jésus Est Sauveur: Saint Luc 2,20-21, 40-52, en particulier le verset 21: "on Lui donna le Nom de Jésus, qu'avait indiqué l'Ange, avant Sa conception." Les bergers qui gardaient leurs troupeaux près de Bethléem avaient entendu un Ange leur dire: "aujourd'hui, dans la ville de David, un Sauveur vous est né, qui est le Christ" (Lc 2,11), et leurs coeurs avaient bondi de joie à l'étonnante nouvelle. Ils avaient entendu et vu les Anges du ciel louer Dieu, Qui étend Sa paix à toute l'humanité. Vite, les bergers étaient partis pour Bethléem, afin d'y voir la merveille. Le moindre détail de ce qu'ils y virent faisait écho à l'hymne des Anges. Oui, un Sauveur! Un Sauveur nous est né, parmi nous, et pour nous. Un Sauveur est né dans la ville royale. Tout joyeux, ils étaient retournés à leurs troupeaux, dans les pâturages sur les collines au-dessus de Bethléem.

Est-ce surprenant d'apprendre que chemin faisant, en plus, ils glorifièrent et louèrent Dieu? "Puis les bergers s'en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu'ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit" (Lc 2,20). L'Enfant était dans une mangeoire. Il était enveloppé de langes. De plus, partageant ce qui leur avait été annoncé, Sa mère, Marie, et Joseph, indiquèrent qu'un Ange leur avait dit de Lui donner le Nom de Jésus, "Sauveur," qui Lui sera donné lors de Sa Circoncision (cf. Lc 1,31; Mt 1,25).

Mes bien-aimés, ne passons pas à côté de ce détail donné par l'Évangéliste, car il rapporte bien qu'au 8ème jour, l'Enfant reçut le nom qui signifie "Sauveur" en hébreu. Il fut appelé "Yeshua," ou en "Iesus" en grec. Qu'est-ce qui a pu amener l'Évangéliste à attirer notre attention sur cet Enfant en tant que Sauveur?

Les Apôtres veulent que le monde apprenne ce qu'ils ont eux appris, étant disciples de Jésus : Sa naissance n'était pas un événement anodin, mais un grand pas dans l'accomplissement du très grand plan de Dieu, attendant depuis toute éternité. Les bergers de Bethléem l'ont appris au moment de Sa naissance (Lc 2,11). L'Évangéliste veut que nous comprenions ici et maintenant cette même vérité – Dieu le Seigneur est Lui-même venu pour sauver Sa Création qui était en perdition, pour sauver l'unique race qu'Il avait formée à Sa propre image. Tel est le message salutaire qui parcours tout l'Évangile de saint Luc.

Dieu intervient souvent pour notre pauvre humanité, toute corrompue. Dans les temps anciens, Il S'était élu un peuple pour annoncer Son Salut à toutes les nations, et à maintes reprises, Il avait sauvé ce peuple. Il les avait libérés "de la main des Égyptiens" qui les tenaient en esclavage (Ex. 14,30). Le prophète Moïse leur avait dit "Le Seigneur votre Dieu marche avec vous pour combattre contre
vos ennemis et vous donner la victoire" (Deut. 20,4). Les peuplades voisines avaient appris toute la profondeur de cette vérité que ce peuple affirmait : "Notre Dieu est un Dieu qui sauve, le Seigneur Dieu nous fait échapper à la mort" (Ps 67,21 LXX); "pour l'honneur de Son Nom Il les a épargnés afin de manifester Sa puissance" (Ps 105,8 LXX).

Voyez-vous, Dieu avait un plus grand projet. Il préparait le Salut pour toutes les nations, un plan pour enlever la malédiction de la mort de toute la terre (cfr Is. 25,7-8). Pour ce faire, Il rendit tout d'abord Israël conscient de Son Salut à venir. Ils apprirent la leçon : "Au jour de la bataille on équipe le cheval, mais c'est du Seigneur que dépend la victoire" (Prov. 21,31). Dieu révéla qu'en un temps à venir, "Voici que viennent les jours où Je ferai lever de David (un germe) juste qui sera roi et régnera avec sagesse et qui, dans le pays, exercera le droit et l'équité" (Jér. 23,5), un roi pour toutes les nations, né de la lignée de David. Voilà l'attente qui faisait battre le coeur des bergers à Bethléem (Lc 2,15).

"Cependant l'Enfant grandissait et se fortifiait, Il était rempli de sagesse, et la grâce de Dieu reposait sur Lui" (Lc 2,40). Joseph, Sa mère et les docteurs du Temple furent surpris de Sa sagesse. Sa compréhension et sa connaissance des vérités spirituelles les étonna tous, même alors qu'Il était encore jeune enfant (Lc 2,46-47). Le Germe du Salut Qui était né du sein de la Vierge est le Sauveur du monde. En grandissant, Jésus accomplit le Nom qui Lui avait été donné avant Sa conception (Lc 2,21). "Gloire à Ton ineffable condescendance, ô Verbe!"

Dieu Éternel, Toi Qui a donné à Ton Fils Incarné le saint Nom de Jésus afin qu'il soit le signe de notre Salut, implante aussi en nos coeurs l'amour de Celui Qui est le Sauveur du monde. Amen.




1er janvier, Triple fête liturgique dans l'Occident Orthodoxe - aperçu historique, antiphonaire pour la Fête, prières latines d'avant le Schisme, homélie de saint Ambroise de Milan sur la Circoncision du Seigneur :
http://stmaterne.blogspot.com/2007/01/1er-janvier-triple-fte-liturgique-dans.html