"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

25 janvier 2008

Fête Orthodoxe de la Conversion de saint Paul: sa vie dans le NT & la Tradition (R.O.O)


Gravure sur ivoire, saint Paul, Genoels-Elderen, Belgique, 5ieme s.
Classification officielle : Art Mosan, avec influences byzantines. Échange classique : l'art mosan s'exportait en Grèce depuis le 3ème siècle avant Jésus-Christ et nous importions de chez eux. Il s'agit de la plus ancienne représentation d'un saint connue en Belgique à avoir survécu aux nombreuses invasions subies par notre pays.



Dans l'Occident Orthodoxe, le 25 janvier était jour de grande fête puisque c'est la conversion de Saül, devenu saint Paul, qui était à l'honneur. Le Sacramentaire de Corbie, auquel je fais régulièrement référence, donnait entre autre la prière suivante pour ce jour de fête :

Deus qui uniuersum mundum beati pauli apostoli tui praedicatione docuisti, da nobis quaesumus, ut qui eius hodie conuersionem colimus, per eius ad te exempla gradiamur. Per dominum
.

Ô Dieu, qui as instruit le monde entier par la prédication de Ton bienheureux Apôtre Paul, accorde-nous, à nous qui commémorons aujourd'hui sa Conversion, de marcher vers Toi en suivant ses exemples. Par notre Seigneur Jésus-Chris
t.

Sacramentaire de Ratoldus de Corbie, anno 986, édition du texte critique, pages 117-118, Henry Bradshaw Society http://www.henrybradshawsociety.org

Quand nos pays d'Occident étaient Orthodoxes, la fête ne se limitait cependant pas aux diocèses "de rite Romain", puisque dans les diocèses "de rite Gallican," c'était la même fête. Ceci est démontré par ces 2 calendriers d'Irlande, ayant eu diffusion partielle aussi chez nous via les nombreux missionnaires dont certains sont encore – heureusement – bien connus, comme p.ex. saint Feuillen de Fosses-la-Ville.

Il n'est pas petit ce jour-ci – une Fête où l'on exalte
le Christ qui parut dans la nuée, et Paul qui naquit du Baptême.
Martyrologe de saint Oengus le Culdee (11 mars), 8ème siècle

25 janvier : Polycarpus; Paul l'Apôtre et sa conversion à Damas; Vitius; Donatus; Secundus; Sidonis; Bitius; Tirsius; Ypictitus; Artheminus; Puplianus; Faminianus; Raumanus; Sadonis; Sabianus; Puteolis Antimasius; Sabianus; Leodicius; Rauianus; Teoginis; Mochonnae d'Ernaide et Mochuae; Guaire évêque de Gobol; Moccu Greccae à Findchell; la vierge Findche de Sliab Guaire; saint Aeda, évêque.
Martyrologe de Tallaght, fin du 8ème siècle


Saint Paul, gravure sur ivoire
Cluny, 7ème s.


Ce qu'on sait de saint Paul est en général résumé ainsi :
Saint Paul était de la tribu de Benjamin, et vécu à Tarse, en Cilicie (Asie Mineure). Il s'est décrit lui-même comme étant un Hébreux, un Israélite de la semence d'Abraham (2 Co 11,22). Il était aussi Pharisien, et comme tous les rabbins, il avait un métier manuel, fabriquant de tentes dans son cas (Actes 18,3). Il avait étudié la Torah sous la guidance du prestigieux rabbin Gamaliel à Jérusalem, lui-même futur saint de l'Église.
Au départ, il s'appelait Saül, et il persécuta l'Église. Il fut présent lors de la lapidation de saint Étienne (Actes 7, 58). Ensuite, sur la route vers Damas, alors qu'il s'y rendait pour attaquer les Chrétiens qui s'y étaient réfugiés, le Christ lui apparu et il se convertit. Aveuglé par la vision, il fut guérit 3 jours plus tard lorsqu'Ananie lui imposa les mains. Après avoir été guéri, il fut baptisé (Actes 9,18).
Saint Paul prêcha l'Évangile en Grèce, Asie Mineure, à Rome, et jusqu'en Espagne. Nous avons conservé de lui 13 épîtres plus celle "aux Hébreux" qui n'est probablement pas entièrement de lui mais de son "école." La tradition nous rapporte qu'il est mort en martyr à Rome en l'an 68, sous Néron. C'est bien mais c'est peu par rapport au personnage. Alors voyons plus en détail cette histoire du saint Apôtre Paul.

L'essentiel de l'histoire de saint Paul se trouve dans le Livre des Actes d'Apôtres et dans les Épîtres du Nouveau Testament. On peut les relier ensemble pour s'en faire un récit, mais les écrits des Épîtres doivent être lus, car une narration ne reprendrait pas tous ces détails. Nombre d'autres Épîtres ont été écrites par des Pères de l'Église, mais celles que nous avons encore de saint Paul sont dans la Bible – je précise cette notion de "survivantes", car saint Paul fait par exemple référence dans sa seconde épître aux Corinthiens à une troisième qu'il leur a adressée, et dont nous n'avons plus le texte. Cela n'a rien d'étonnant, qu'on relise le Livre des Juges dans l'Ancien Testament et il y est fait référence à quantité de livres que nous n'avons pas, ni dans la Bible ni même dans des catalogues apocryphes.

Les Actes d'Apôtres ont été écrits par l'Évangéliste saint Luc – Actes d'Apôtres et non pas Actes DES Apôtres, car saint Luc ne présente qu'une petite partie de tout ce qui a été accomplit, et pas tous les Apôtres y sont mentionnés. Et tous ont prêchés, et fondé des Églises, et tout simplement vécu. Le livre a un but théologique précisé dès le départ, mais contient aussi des aspects historiques, bien que partiels. Saint Luc l'a écrit en continuité de son Évangile.
Il pourrait sembler inutile de paraphraser les Actes, mais si on présente les détails des Écritures et de la Tradition ensemble, alors il est nécessaire de le faire. Bien entendu, le mieux consiste à lire les Actes in extenso. Vu que le Livre des Actes rapporte assez bien la vie de saint Paul – et dans sa seconde partie est entièrement dévoué à saint Paul – les commentaires de saint Sophrone 1er, patriarche de Jérusalem (634 – 638) sur les écrits de saint Luc sont particulièrement bienvenus, surtout au sujet d'autres traditions concernant saint Paul, extra-scripturaires, comme celle de Thècle et le lion. Sainte Thècle aurait voyagé avec saint Paul. Ce à propos de sainte Thècle tendrait à montrer que saint Luc n'aurait pas en permanence été avec saint Paul, qu'il n'a donc pas tous les détails, car il mentionnait normalement les noms de tous leurs compagnons de voyage. Dans certaines de ses épîtres, saint Paul précise d'ailleurs que saint Luc est à ses côtés, dans d'autres pas, mais ça ne veut rien dire, il ne le fait peut-être que si les interlocuteurs connaissent Luc.
Il ne faut pas non plus la confondre avec une autre sainte Thècle qui a été martyrisée à cause d'un apostat nommé lui aussi Paul, les détails de cette époque étant souvent très confus. Le p. George Poulos, historien de l'Église et prêtre, a écrit une collection "Orthodox saints", publiée par Holy Cross Orthodox Press, à Brooklyne, Massachusetts, en 1981, dont j'ai déjà publié ici certaines traductions. Dans le volume 4, il parle de la sainte Thècle ou Thekla présente dans les martyrologes romain et byzantin en septembre. Il rapporte qu'elle est morte martyre avec 4 autres moniales, Marthe, Marie, Ennatha, et Marianne, suite à la tromperie d'un apostat, leur prêtre de paroisse, un certain Paul, qui les avait livrées aux idolâtres en Perse, le roi Saverios et le sorcier Nirse. Après des mois en prison, le prêtre apostat était venu pour être le bourreau des moniales, mais lui-même ne l'emporta pas au paradis car il fut étranglé par un de ses nouveaux "amis," qui vola l'argent que l'infect apostat avait amassé. Voilà pour resituer l'autre sainte Thècle, et celle de saint Paul, nous la retrouverons plus loin, au bon endroit dans la chronologie des voyages de saint Paul.

Dans la "Vie de l'évangéliste Luc selon saint Sophrone de Jérusalem," qui nous a été transmise par le bienheureux Théophylacte (évêque d'Ochrid et de Bulgarie de 1090 à 1108) dans ses Commentaires sur les saintes Écritures, il est indiqué que saint Luc aurait accompagné saint Paul dans tous ses voyages à l'étranger:
"Luc, un médecin d'Antioche, n'était pas peu familier avec la culture grecque, comme on le remarque à ses écrits. Il fut un compagnon de l'Apôtre Paul et le suivit dans tous ses voyages à l'étranger. Luc écrivit l'Évangile auquel Paul fait référence quand il dit 'Nous envoyons avec lui le frère dont toutes les Églises font l’éloge au sujet de l’Évangile' (2 Corinthiens 8,18) – ce qui au demeurant est plus qu'un détail réduisant à néant toutes les suppositions modernistes sur la rédaction "très tardive" de cet Évangile, dont ils ne supportent pas les prophéties "qui doivent nécessairement avoir été écrites après coup," puisque ces messieurs osent de plus traiter les Apôtres et Évangélistes de menteurs.. Là, saint Paul nous dit bien clairement que saint Luc, son Évangile, dans les années 50, il l'avait déjà rédigé.
Dans sa lettre aux Colossiens, saint Paul dit "Luc, le bien-aimé médecin, vous salue" (Col. 4,14). Et à Timothée, il dit que "seul Luc est avec moi" (2 Tim. 4,11). Luc a écrit cet autre excellent ouvrage qu'est le Livre des Actes d'Apôtres. [A la fin de l'Évangile, le Christ disait d'aller prêcher jusqu'au bout du monde; à la fin des Actes, on retrouve Paul prêchant à Rome, qui, symboliquement, représentait le bout du monde, étant le sommet de l'empire à ce moment là; c'est le processus littéraire de "l'inclusion"; ndt]. Paul se trouva 2 ans à Rome, comme nous l'explique Luc, en la 4ème année du règne de Néron. Certains pensent que les Actes auraient de ce fait au moins été achevés à Rome. Quand au récit à propos de Thècle et Paul, et la fable du lion, cela n'appartient pas au domaine scripturaire."

Tertullien (Adversus Marcionem, Contre Marcion, livre 4) a bien expliqué qui a composé cet Évangile: Luc sous la guidance de Paul. Il semble bien que quand Paul dit dans ses propres épîtres "selon mon Évangile" (comme en Rom. 2,16, etc), il est clair qu'il signifie l'Évangile composé par Luc. Mais Luc n'avait pas appris tout ce qu'il a écrit uniquement de l'Apôtre Paul, qui n'avait pas été présent pendant la prédication du Christ – du moins le suppose-t'on. Luc a aussi apprit d'autres Apôtres, mais aussi de la bienheureuse Vierge Marie, de saint Jacques le Juste, et puis lui-même a été témoin d'un certain nombre d'autres faits, comme, de toute évidence, de la résurrection de la fille de Jaïre. Il le dit lui-même au début de son oeuvre, "..composer une histoire des événements qui se sont accomplis parmi nous, tels que nous les ont transmis ceux qui, dès le début témoins oculaires, sont devenus ministres de la Parole" (Lc 1,1-2). Son Évangile est donc un mélange de témoignages recueillis et de ce qu'il a lui vécu, arrivé sur le tard dans le cercle des disciples. Mais les Actes, c'est en grande partie du vécu. Pour clore cet à propos sur saint Luc, ses reliques seront apportées à Constantinople en même temps que celles du saint Apôtre André "le premier appelé" en la 20ème année du règne de l'empereur Constance.



Saint Paul a écrit ses épîtres durant ses voyages, pour conseiller, renforcer dans la Foi, réprimander aussi (les Galates, ou saint Pierre..) quand les fidèles s'égaraient ou étaient menacés par l'hérésie (déjà..). Elles sont des chefs d'oeuvres d'esprit pastoral et de théologie, mais ne peuvent bien entendu pas servir à elles seules pour tout fonder, la Foi se fondant sur LES Apôtres, comme l'Église a été fondée sur LES Apôtres, à la Pentecôte.

Saint Paul a maintes fois connu la prison ou l'état de détenu, jusqu'à Rome. Il semble que ça lui permettait de s'occuper plus précisément du travail pastoral distant, puisqu'alors il écrit aux Églises qu'il a fondées en divers lieux, voire à ceux qu'il avait institués à la tête de nouvelles Églises. L'esprit pastoral est ce qui est le plus remarquable.
Dans la Bible, les Épîtres ne sont pas présentées de manière chronologique mais par ordre de taille décroissante : Romains, 1 & 2 Corinthiens, Galates, Ephésiens, Philippiens, Colossiens, 1 & 2 Thessaloniciens, 1 & 2 à Timothée, Tite et Philémon. Puis vient, à part, l'Épître aux Hébreux.
Dans le NT, après ses Épîtres, on trouve reprises celles d'autres Apôtres. Dans certains très anciens manuscrits de la Bible, on trouve encore d'autres Épîtres, écrites par des Pères Apostoliques, disciples directs d'Apôtres, comme par exemple saint Clément, presbytre de Rome, ou la Didachè dite des Apôtres. Lors de la fixation du Canon biblique, tout ce qui n'aura pas eu l'assentiment général sera enlevé, non pas qu'il ne soit pas correct ou exact, mais qu'il n'apporte théologiquement rien de plus au Nouveau Testament tel que généralement admis. A côté de ces Épîtres qui ont été localement reprises dans le NT, on a aussi celles écrites par d'autres Pères Apostoliques et qui ont eu un grand impact sur la théologie de l'Église, mais n'ont pas fait partie du Canon même localement. Par exemple saint Polycarpe de Smyrne, saint Justin Martyr et Philosophe. Et bien entendu saint Ignace d'Antioche, qui le premier utilisera le mot "catholique", un terme traduisible de 2 manières, "selon la plénitude" ou "universel," mais comme il l'écrivait à une époque où l'Église n'était justement pas encore répandue sur toute la terre, c'est bien le premier sens qui est théologiquement celui de l'Église, et qui explique pourquoi nous, Orthodoxes, nous l'utilisons dans le Credo reçu des Pères des Conciles Oecuméniques, avec le sens qu'eux l'entendaient.
Les Pères Apostoliques, on en possède donc un certain nombre d'écrits, mais ce sont les écrits de saint Paul qui sont les plus anciens traités extensifs sur la Foi Chrétienne.

Saint Paul s'appelait donc Saül au départ, et était né Juif, d'une des 12 Tribus d'Israël, celle de Benjamin. Mais dans la diaspora, puisqu'il est né à Tarse, en Cilicie, de parents qui auraient d'abord vécu à Rome et étaient citoyens romains, un détail d'importance pour la suite de sa vie. Son métier était de fabriquer des tentes. En général, on succédait à son père, on peut donc supposer que c'était le commerce familial. Probablement pas pour des petites tentes, mais de grands ensemble pour ombrager les spectateurs dans les arènes telles que le Colisée. Pour un tel grand travail, l'empereur aurait bien pu accorder la citoyenneté au fabriquant, et l'envoyer travailler un peu partout dans l'empire, mais ce ne sont que des supputations sur base de ce qu'on sait. Saül était aussi ami de saint Étienne, le futur premier martyr. Saint Paul fut envoyé par ses parents à Jérusalem, et il y devint l'élève dans la Yeshiva de rabbi Gamalliel (Actes 22,3). Il y avait un ami, un certain Barnabas, qui deviendra par la suite un des 70 Disciples. Lorsque Barnabas sera devenu Chrétien, il versera des larmes en prière afin que son ami Saül se convertisse lui aussi, comme plus tard une certaine sainte Monique le fera pour son turbulent fils, un certain Augustin, à Hippone, en Tunisie..

Saint Paul était du parti des Pharisiens, très fiers de leur héritage spirituel, mais orgueilleux de leur marques extérieures de piété. Jésus mettra souvent en garde les Pharisiens contre cette attitude étrangère à la vraie prière, comme p.ex. Dans la parabole du Publicain et du Pharisien (Lc 18,9-14). Les Pharisiens n'étaient pas de la caste sacerdotale, ce qui était un privilège hérité par la tribu de Lévi. Mais ils maintenaient les traditions du Judaïsme construites surtout à partir de l'Exil de Babylone pour cimenter la communauté exilée en milieu étranger et polythéiste. Et ils passaient de longues heures en prière. En face des Pharisiens, on trouvait une partie de la caste sacerdotale très hautaine et bureaucrate, les Sadducéens, les "Cohens." Ils ne croyaient pas à grand chose à vrai dire, sinon au pouvoir politique et à toutes ses compromissions. Le Christ et Ses Apôtres et disciples ferrailleront souvent tant avec les Pharisiens qu'avec les Sadducéens, comme le rapportent aussi l'Évangile selon saint Jean et les autres Synoptiques. Les Pharisiens, Sadducéens et les Scribes de la Loi persécutèrent souvent quiconque prêchait le Christ. Saül, avant de se convertir et de prendre le nom de Paul, blasphéma lui aussi le Nom de Jésus-Christ, et ne cru pas même son ami saint Barnabas. Saül approuva sans pitié la mise à mort de saint Étienne par lapidation, selon la coutume des Juifs, et il resta comme témoin à veiller sur les vêtements des bourreaux (Actes 7,57). Suite à cela, Saül reçut autorité du chef des prêtres et des anciens pour aller arrêter tous les Chrétiens, pénétrer dans leurs maisons et les jeter en prison. C'est ainsi qu'il entama son voyage vers la ville de Damas, avec les lettres du haut prêtre adressées aux synagogues, afin qu'il puisse trouver et arrêter quiconque, homme, femme ou enfant qui croyait en Christ, et le ramener à Jérusalem. Cela se passait pendant le règne de l'empereur Tibère.

icone de saint Paul chutant de cheval sur la route de Damas


Mais quelque chose d'étrange lui arriva sur la route vers Damas. Actes 9,3-9 : "Il était en route et approchait déjà de Damas, quand il se vit soudain enveloppé d'une lumière étincelante venant du ciel. Renversé à terre, il entendit une voix lui dire: "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-Tu? Il répondit: "Seigneur, qui es-Tu?" Et Lui: "Je suis Jésus que tu persécutes. Il t'est dur de regimber contre l'aiguillon." Saisi de stupeur et d'effroi, Saul dit: "Seigneur, que veux-Tu que je fasse?" Et le Seigneur répondit: "Relève-toi, entre en ville. On te dira là ce que tu dois faire." Ses compagnons de voyage étaient là, figés de stupeur, entendant bien la voix, mais n'apercevant personne. Saul se releva de terre; mais, bien qu'il ouvrît les yeux, il n'y voyait plus. On dut le prendre par la main pour le conduire à Damas, où il resta 3 jours aveugle, sans manger ni boire." Saül suivit l'ordre du Seigneur, comprenant dans son coeur et dans son esprit qu'il avait fait fausse route au sujet du Seigneur Jésus-Christ. Bien que devenu aveugle physiquement, son âme était illuminée et il priait sans cesse.

A Damas vivait Ananie, un des 70 Disciples. Actes 9,10-20 : "...Le Seigneur lui dit dans une vision: "Ananie!" - "Me voici, Seigneur», répondit-il. Le Seigneur reprit: "Lève-toi, rends-toi dans la rue Droite, et va trouver dans la maison de Jude un homme nommé Saul, de Tarse; il est en prière." Or Saul, dans une vision, avait vu un homme nommé Ananie entrer chez lui et lui imposer les mains pour lui rendre la vue. Ananie répondit: "Seigneur, j'ai entendu dire à beaucoup de gens tout le mal que cet homme a fait aux saints de Jérusalem. Et il se trouve ici avec un mandat des grands prêtres pour arrêter tous ceux qui invoquent Ton Nom." Mais le Seigneur lui dit: "Va; cet homme est pour Moi un instrument de choix qui portera Mon Nom devant les nations, les rois, et les enfants d'Israël; et Je lui montrerai tout ce qu'il lui faudra souffrir pour Mon Nom." Ananie sortit. Arrivé dans la maison, il imposa les mains à Saul en disant: "Saul, mon frère, c'est le Seigneur, ce Jésus qui t'est apparu sur le chemin, qui m'envoie, afin que tu recouvres la vue et que tu sois rempli du Saint-Esprit." À l'instant, il tomba des yeux de Saul comme des écailles, et il recouvra la vue. Il se leva et reçut le Baptême. Puis il mangea, et les forces lui revinrent. Il passa quelques jours avec les disciples de Damas. Aussitôt il se mit à proclamer dans les synagogues que Jésus est le Fils de Dieu."
En Actes 22, lorsque saint Paul rappellera ces événements, il expliquera ce qu'Ananie lui avait alors dit : "Saul, mon frère, recouvre la vue. - Au même instant je pus le voir. Il me dit: Le Dieu de nos pères t'a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre les paroles de Sa bouche, car tu Lui serviras de témoin, devant tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues. Et maintenant, que tardes-tu? Lève-toi; fais-toi baptiser et purifier de tes péchés, en invoquant Son Nom" (Actes 22,13-16).

Tout ceux qui dès ce moment-là entendirent Saül furent stupéfaits. Actes 9,21 : "N'est-ce pas cet homme qui, à Jérusalem, persécutait ceux qui invoquent le Nom de Jésus? N'est-ce pas lui qui est venu ici tout exprès pour les arrêter et les conduire aux grands prêtres?" Actes 9,22-25, "Mais Saul sentait grandir sa puissance: il confondait les Juifs de Damas, en leur démontrant que Jésus est le Christ. Après un certain temps, les Juifs complotèrent de l'assassiner. Mais Saul fut averti de leurs intentions. On gardait les portes nuit et jour, pour le faire périr. Alors ses disciples le prirent de nuit et le descendirent dans un panier le long de la muraille." Soit en le passant par dessus le mur, mais il aurait été vu du tour de garde, soit plus probablement en le passant à travers une ouverture d'une échauguette ou quelconque bâtiment en surplomb de la muraille de la ville.

Quittant la ville de Damas, il partit d'abord faire retraite au désert, un départ "pour l'Arabie" – un terme très vague visant probablement le désert du sud de l'Irak, qui jouxte l'Arabie, et d'où provenait Abraham, qui avait donc une route "normale" pour les voyageurs de l'époque. Il en parle aux Galates (Gal. 1,16-19) : "aussitôt, sans consulter âme qui vive, sans monter à Jérusalem auprès des Apôtres, mes prédécesseurs, je partis pour l'Arabie; de là je retournai à Damas. Trois ans plus tard, je montai à Jérusalem faire la connaissance de Céphas, et je passai 15 jours chez lui; mais je n'ai pas vu d'autre Apôtre, sauf Jacques, le frère du Seigneur." Quand bien même 3 années s'étaient écoulées, et que les nouvelles de sa conversion leur étaient parvenues, lorsqu'il arriva à Jérusalem, les autres disciples du Christ en avaient encore peur et ne parvenaient pas à croire qu'il était devenu lui aussi disciple (Actes 9,26). C'est son vieux camarade de la Yeshiva de rabbi Gamalliel, son ami l'Apôtre Barnabas, qui l'accueillit avec joie, et l'amena aux Apôtres, et leur expliqua comment il avait vu le Seigneur, et Lui avait parlé, et comment à Damas il avait prêché avec confiance le Nom de Jésus (Actes 9,27). D'après la Tradition, lorsque saint Barnabas l'accueillit, l'Apôtre Paul tomba à ses pieds et dit "Ô Barnabas, enseignant de la Vérité, à présent je suis convaincu que tout ce que tu m'avais dit à propos du Christ était vrai!" et Barnabas en pleura de joie.
A Jérusalem, Saül prêcha aussi discrètement le Nom de Jésus, et il s'adressa aussi aux gens de culture hellénique, ces païens que l'on groupe souvent sous le nom de "Grecs" dans le Nouveau Testament (Actes 9,28-29).

Cependant, ceux qui étaient en rage contre les Chrétiens ont là aussi voulu le tuer, et quand les frères l'ont appris, ils l'ont amené à Césarée, et de là l'ont envoyé à Tarse (Actes 9,30). Rappelant cet épisode au cours de sa prédication, saint Paul dit en Actes 22,17-21 : "Je rentrai à Jérusalem. Durant ma prière, au temple, je fus ravi en extase: je vis Jésus qui me disait: Hâte-toi. Sors promptement de Jérusalem, parce qu'on n'y accueillera pas ton témoignage sur Moi. - Je répondis: Seigneur, ils savent bien que je faisais arrêter et battre de verges dans les synagogues ceux qui croient en Toi. Lorsqu'on a répandu le sang d'Étienne, Ton témoin [martyr, en grec; ndt], j'étais là et je gardais les vêtements de ses meurtriers. - Alors Il me dit: Va; c'est au loin, vers les nations que Je vais t'envoyer."

La partie suivante du Livre des Actes nous parle surtout de saint Pierre. Ensuite, nous retrouvons saint Paul à Tarse, en Actes 11,25-26 : "Barnabé se rendit ensuite à Tarse pour chercher Saul. Il le trouva et l'amena à Antioche. Durant une année entière, ils prirent part aux réunions de la communauté, et instruisirent un nombre considérable de personnes. C'est encore à Antioche que les disciples furent désignés, pour la première fois, par le nom de Chrétiens." Remarquez que dans le restant des Actes, où l'on parle des divers voyages de Paul, certaines villes, il n'y passe qu'une fois, tandis qu'Antioche, il y vient et y revient. C'est d'ailleurs la ville où saint Pierre a fondé son Église, et nulle part ailleurs comme le démontre irréfutablement le Nouveau Testament dans son entièreté ainsi que les Pères Apostoliques.

Actes 11,27-30, "En ces jours-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. L'un d'eux, nommé Agabus [un des 70 Disciples], se leva, et l'Esprit lui fit prédire qu'une famine se répandrait sur toute la terre. Elle survint, en effet, sous le règne de Claude. Les disciples résolurent d'envoyer, chacun selon ses moyens, des secours aux frères de Judée. C'est ce qu'ils firent, en les adressant aux anciens par l'entremise de Barnabé et de Saul." Ils ont aussi eut l'occasion de revoir les Apôtres et les autres disciples à Jérusalem.
Puisque nous sommes à une citation qui en parle, rappelons qu'en 47/48, l'empereur Claude fit expulser de Rome "tous les Juifs", vocable qui reprenait à l'époque aussi les Chrétiens, encore mal différenciés, et il prit cette décision parce qu'ils se disputaient au sujet d'un certain "Chrestos." Mais nul "pape" ne s'y trouvait, et saint Pierre n'y était pas encore venu, dans cette ville (cloaque!) impériale où existait déjà l'Église.. Quand à l'explication du terme "Chrestos," nul besoin d'être féru en linguistique pour comprendre que la prononciation par un Latin d'un terme hellénistico-hébreux n'était pas des plus fameuses. Si on est assuré qu'il s'agisse bien de ce que j'écris ici, que les Romains le comprenaient bien ainsi, c'est aussi grâce à un de leurs historiens, Tacite, qui dans ses Annales, chapitre 44,15, donne l'explication du nom de
"Chrétiens" en partant du supplice du Christ par Ponce Pilate, sous le règne de Tibère. Ce sont de très précieuses citations, non pas qu'elles "confirmeraient" l'Écriture sainte, qui nous est garantie, à nous Orthodoxes, par sa transmission sans modification tout au long des siècles, mais parce qu'elles montrent bien l'impact direct du Christ et de Son Église jusqu'au coeur même de l'empire romain, où on n'avait pas l'habitude de mentionner dans les annales officielles des détails concernant des "gêneurs" du pouvoir en place.

Pour en revenir au fil de l'histoire de saint Paul, à cette même époque, dans sa colère, Hérode fit exécuter l'Apôtre Jacques, frère de l'Apôtre Jean, décapitation par l'épée (Actes 12,2). Hérode fit aussi jeter l'Apôtre Pierre en prison – nous avons célébré les "chaînes de saint Pierre" le 16 janvier – mais saint Pierre s'échappa comme en songe, par la puissance de l'Ange du Seigneur, et parvint à la maison de saint Marc, à Gethsemani, où il fut accueillit par une fillette appelée Rhoda. Et après les avoir salués, il partit pour un autre lieu (Actes 12,3-17). Peu après, Hérode commis la plus grosse de ses erreurs, se prenant pour un dieu comme l'empereur romain qu'il servait, et pour ce blasphème et pour tout le mal qu'il n'avait cessé de commettre, un Ange du Seigneur le frappa, il fut dévoré par les vers et mourut aussitôt (Actes 12,20-23). Après ça, Actes 12,24-25, "Cependant la Parole de Dieu faisait de grands progrès et se répandait de plus en plus. Barnabé et Saul, ayant terminé leur mission, revinrent de Jérusalem (à Antioche), emmenant avec eux Jean, surnommé Marc." Le vocable "la Parole de Dieu", "le Nom", etc, sont parfois synonymes pour Église locale, selon le contexte.

Au début du chapitre 13,1-2 des Actes, on apprend que Saul et Barnabé furent préparés par le Saint Esprit pour une mission particulière : "Il y avait dans la communauté d'Antioche des prophètes et des docteurs: 'Barnabé, Simon dit le Noir, Lucius de Cyrène, Manahen, ami d'enfance du tétrarque Hérode, et Saul.." Et "pendant qu'ils célébraient le culte du Seigneur après avoir jeûné, l'Esprit-Saint leur" parla. En d'autres termes, ils étaient bien à servir un office liturgique structuré. Alors les autres jeûnèrent et prièrent et leur imposèrent les mains pour leur mission spéciale, et les envoyèrent (Actes 13,3). Ils partirent pour la Séleucie, et de là firent voile pour Chypre, patrie terrestre d'origine de Barnabas. A Salamine, ils prêchèrent la Parole de Dieu dans les synagogues, et Jean les accompagnait (Actes 13,4-5). Ils prêchèrent dans toute l'île, et à Paphos, ils rencontrèrent un homme appelé Elymas Bar-Jesu, dont le premier nom signifie "magicien," un faux prophète Juif (Actes 13,6-8). Elymas tentait de faire apostasier le proconsul Serge Paul, un homme d'habitude prudent. Le proconsul avait demandé à Barnabé et Saul s'il pouvait entendre la Parole de Dieu. En Actes 13,9-11, on apprend comment Saul s'adressa à Elymas : "Alors Saul, qui porte aussi le nom de Paul, rempli de l'Esprit-Saint, le regarda dans les yeux: 'Espèce de fourbe, lui dit-il, imposteur, fils du diable, coquin, n'en finiras-tu pas de pervertir les voies droites du Seigneur? Gare: la main du Seigneur est sur toi! Tu vas être aveugle; jusqu'à nouvel ordre, tu ne verras plus la lumière du soleil!' À l'instant même, s'abattit sur lui l'obscurité, puis la nuit noire, et il tournait de tous côtés, cherchant quelqu'un qui lui donnât la main." A partir d'ici, Saül est appelé aussi Paul, et il a le pouvoir d'accomplir un miracle par la grâce du Saint Esprit. Et le proconsul voyant cela, il fut renforcé dans sa Foi dans le Seigneur (Actes 13,12).

Actes 13,13-15, "De Paphos, où ils s'embarquèrent, Paul et ses compagnons arrivèrent à Pergé en Pamphylie, où Jean les quitta pour retourner à Jérusalem. Mais eux, laissant Pergé, poursuivirent leur route jusqu'à Antioche de Pisidie. Là, au jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue où ils prirent place. Après la lecture de la loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur firent cette invitation: 'Frères, si vous avez quelque parole encourageante à adresser au peuple, parlez."
En Actes 13,16-41, Paul leur adresse un sermon à propos des pères et des prophètes élus de Dieu, et à propos de la descendance de David dont provient Jésus, et que Jésus avait accomplit toutes les prophéties, S'étant même relevé d'entre les morts, et il prêcha aussi le pardon des péchés et de "tout ce dont vous n'avez pu l'être par la loi de Moïse."
Actes 13,42, "À la sortie, on les pria de reparler du même sujet le sabbat suivant." Actes 13,43-45. Nombre de ceux qui avaient entendu Paul parler à la synagogue suivirent Paul et Barnabé hors de la synagogue et continuèrent à parler avec eux; et eux, ils les persuadèrent à continuer dans la grâce de Dieu. Le Sabbath suivant, presque toute la ville était venue écouter saint Paul. Mais voyant toute cette foule, une minorité fut prise de jalousie, contredisant tout ce que disait Paul, et blasphémant. Les Actes disent que c'était des Juifs, mais là, il faut être TRÈS clair et prudent : tous les Apôtres, tous les Disciples, tous étaient "Juifs," et c'est pour ça que jusqu'en Actes 10, on les voit encore aller au Temple, et y être admis, comme s'ils étaient une de ces nombreuses petites sectes juives, secte certes, mais juive. Ici, nous sommes dans une synagogue, dont tous les membres sont Juifs. Il y a donc une distinction qui est établie entre ceux des Juifs qui refusent de croire, et ceux des Juifs qui commencent à croire. Pour en revenir à cet épisode, voici la réplique que les opposants reçurent : Actes 13,46, "Pleins d'assurance, Paul et Barnabé répliquèrent: "C'était à vous, les premiers, qu'il fallait annoncer la Parole de Dieu. Mais puisque vous la refusez, et que vous-mêmes, vous vous jugez indignes de la vie éternelle, eh bien! nous nous tournons vers les païens." Actes 13,48-49, les païens écoutèrent la Parole de Dieu, et ils en furent heureux, et ils "rendirent gloire à la Parole du Seigneur. Et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle, firent acte de foi. Ainsi la Parole du Seigneur se répandit par tout le pays." Ceci ne signifie pas que Dieu a choisit au préalable certains pour qu'ils L'aiment, mais que certains étaient d'ores et déjà déterminés, par leur propre libre choix, quant à savoir s'ils accepteraient Dieu ou non. On le remarque aux 2 versets suivants, parlant des opposants à Paul et Barnabé, Actes 13,50-51, "Mais les Juifs montèrent la tête aux dames dévotes de l'aristocratie et aux notables de la ville: ils provoquèrent une persécution contre Paul et Barnabé et les expulsèrent de leur territoire. Ceux-ci secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds, et gagnèrent Iconium." Ceci fut un signe terrible, un des rares signes négatifs que le Seigneur Jésus-Christ avait permis, car l'Apôtre quittant ainsi la ville en secouant la poussière de ses pieds condamnait de la sorte ceux dans cette ville qui avaient rejeté la Parole de Dieu. Malgré ce qui venait de se passer, les Apôtres revinrent à Antioche par la suite, afin d'amener d'autres au Christ, et de pardonner à ceux qui à présent croyaient. C'est un de ces passages qui explique ce qui est survenu à l'Église, pourquoi principalement les païens y entrèrent : ce sont les gens eux-mêmes qui décidaient de oui ou non recevoir la Parole de Dieu, mais s'ils persécutaient ceux qui leur enseignaient à propos du Seigneur Dieu, ils finissaient par se retrancher d'eux-mêmes de leur Père céleste. Les Juifs ne sont pas blâmés pour la Crucifixion de Jésus, c'est important à le rappeler pour nous qui vivons dans un Occident où de fausses "églises" ont prêché cela pendant des siècles, ce qui a mené à leur collusion directe avec le régime nazi. Ils n'en sont pas blâmés dans les Actes, car sinon les Apôtres n'auraient pas tant cherché à les amener à l'obéissance de la Foi, après la Résurrection, l'Ascension, et la Pentecôte, leur prêchant sans cesse la Bonne Nouvelle. Ce sont au contraire ceux à qui c'était prêché qui, nombreux, se détournèrent, malgré qu'ils avaient eu l'opportunité d'entendre la prédication, de voir la vérité accomplir la Loi, les prophètes, et la succession historique, et d'avoir vu tant de signes et de prodiges.

sainte Thecle, disciple de saint Paul


Une tradition grecque rapporte que c'est à cette époque des voyages de saint Paul que sainte Thècle, mentionnée plus haut, fut convertie et baptisée, à Iconium. Le Livre des Actes ne fait nulle mention de ceci, mais il faut ajouter qu'il ne cite pas le nom de chaque personne qui a été baptisée par les saints Apôtres, car il y en eu une multitude! De plus, saint Luc ne mentionne pas sa présence à lui dans cette partie à Iconium, pour le voyage d'Antioche, ne mentionnant que saint Paul et saint Barnabé. Cela rappelle qu'il ne faut pas s'attendre à trouver tous les détails de la vie quotidienne, des actes, prédications, etc, des Apôtres, de leurs disciples, repris dans les pages des Actes ou même du NT. Une heure de la vie de chacun de ces Apôtres et disciples et baptisés remplirait plus que 10 Bibles. Nous en apprenons donc aussi beaucoup par d'autres sources de l'Église, dont la sainte Tradition. On retrouve par exemple sainte Thècle mentionnée auprès de saint Pierre dans le martyrologe de Tallaght mentionné en début de cet article, pour le jour de sa fête, le 22 février, le martyrologe Romain mentionnant sainte Thècle d'Iconium au 23 septembre, le Synaxaire le 24 septembre. Rien d'étonnant puisque saint Pierre était à Antioche, et que sainte Thècle n'a pas suivit saint Paul quand il est reparti prêcher ailleurs. Dans le Missel de Bobbio, Missel typiquement gallican/celtique, aux influences byzantines, le cantique de saint Pierre lui mentionne une servante. Une réminiscence du synaxaire? En tout cas, plus qu'une certitude quant à cette tradition-là.

En Actes 13,52, à Iconium, on lit que la persécution et les contrariétés ne changent rien à l'état d'esprit de l'Église : "Quant aux disciples, ils étaient remplis de joie et de l'Esprit-Saint." Et en Actes 14,1, "à Iconium, Paul et Barnabé se rendirent de la même façon à la synagogue des Juifs, et ils y parlèrent si bien qu'une foule nombreuse de Juifs et de Grecs embrassèrent la Foi." A nouveau, il faut se souvenir de ce que couvre cette division Juifs / Grecs. On ne parle pas ici de gens de nationalité grecque – d'ailleurs cela n'existait plus depuis l'invasion romaine – mais de gens de conception religieuse et culturelle hellénistique, des païens. Et quand bien même les incroyants parmi les Juifs tentèrent de soulever les païens contre les frères (Actes 14,2), ceux-ci restèrent longtemps à Iconium et y accomplirent des miracles (Actes 14,3). La population de la ville se divisa, certains suivant les Apôtres, d'autres les Juifs réfractaires à la Parole de Dieu (Actes 14,4).

Lorsque les Apôtres furent quasiment lapidés (Actes 14,5), comme le recommandait le Seigneur en cas de persécution directe (Matthieu 10,23), ils s'enfuirent vers Lystres, puis Derbé, et le pays avoisinant ces villes (Actes 14,6). A Lystres, saint Paul guérit un impotent de naissance (Actes 14,7-9). Les foules de païens, voyant cela, laissèrent leurs vieux réflexes parler et "divinisèrent" les 2 Apôtres, appelant Barnabé "jupiter" et Paul "mercure," pensant que leurs dieux païens étaient venus sur terre, et s'apprêtant à leur sacrifier un pauvre boeuf qui n'avait rien demandé (Actes 14,10-12). Mais saint Paul et Barnabé en furent très choqués, déchirant leurs vêtements, pleurant, et expliquant à la foule qu'ils étaient eux aussi mortels, comme tous les autres hommes, et n'étaient que des prédicateurs de la Parole de Dieu, ce Dieu Qui avait créé le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s'y trouve. Et ils firent cesser la velléité de leur sacrifier un animal (Actes 14,13-17). Quelques Juifs d'Antioche et d'Iconium qui se trouvaient à Lystres fomentèrent des troubles et firent lapider Paul. Après l'avoir traîné hors de la ville et accablé de cailloux, ils l'y ont abandonné pour mort. Mais quand des Chrétiens vinrent auprès de lui, il recouvra la vie, rentra en ville, et repartit le lendemain avec Barnabé en direction de Derbé (Actes 14,18-19). après avoir prêché au peuple à Derbé, ils repartirent en sens inverse, Lystres, Iconium puis Antioche, prêchant aux Chrétiens pour rester fermes dans la Foi, et ordonnant du clergé pour chaque Église (Actes 14,20-22) – sans avoir rien demandé au préalable à saint Pierre si vous voyez ce que je veux dire.

Ensuite, ils passèrent en Pisidie, puis en Pamphylie, et prêchèrent à Pergé, avant d'arriver à Attalie (Actes 14,24). Et de là, ils firent voile vers Antioche, et y restèrent un temps durant, racontant tout ce qui leur était arrivé (Actes 14,25-27). Saint Luc n'étant pas mentionné dans le voyage, c'est à ce moment-là qu'il a dû apprendre les détails du voyage, mais pas jusqu'au nom des personnes baptisées bien entendu, saint Paul n'ayant pas de "registre de Baptême" avec sainte Thècle mentionnée dedans ;-)

Au chapitre 15 des Actes, premier "Concile" de Jérusalem, nous arrivons à un point crucial pour la compréhension de ce qu'est l'Église, de comment elle fonctionne, et de quel était le rôle des Apôtres, saint Pierre y compris.

Actes 15,1-4. Une dispute éclata au sujet de la circoncision. Certains Chrétiens d'origine Juive croyaient que puisque se joindre à l'Église, c'était se joindre à la promesse faite aux Juifs, il fallait dès lors être circoncis "à la manière de Moïse," sinon pas de Salut. Remarquez qu'ils n'ont pas dit "à la manière d'Abraham." Les 2 anciens disciples de rabbi Gamalliel, les 2 champions de la Torah, Paul et Barnabé, expliquèrent pourquoi cette circoncision n'était pas requise pour le Salut en tant que Chrétien. Ils baptisaient tant hommes que femmes voulant se joindre à la Foi Chrétienne, mais sauf une exception chez Paul - Timothée, une concession de Paul pour éviter les troubles locaux (Actes 16,3) -, ils ne pratiquaient pas la circoncision. Et comment parler de Salut équivalent pour hommes et femmes si seuls les hommes auraient pu recevoir le "signe requis" pour ce faire? Les 2 camps se retrouvèrent à Jérusalem. En chemin pour Jérusalem, Paul et Barnabé rendirent visite aux Chrétiens de Phénicie et de Samarie. Ils rapportèrent aussi à ceux de Jérusalem toutes les merveilles accomplies en Jésus-Christ. On voit en Actes 14,5 que certains Chrétiens d'origine Juive avaient été Pharisiens, comme saint Paul, et qu'eux tenaient fort à la circoncision pour tous les hommes Chrétiens, et ils voulaient aussi que toute la Loi Mosaïque soit suivie dans ses prescriptions. D'où un Concile fut convoqué, Actes 15,6.

En Actes 15,7-12, on retrouve saint Pierre parlant – mais pas présidant, très important. Il prêche contre la circoncision, lui qui était encore si accroché aux coutumes du judaïsme (ce que Paul lui avait vertement reproché en Galates 2). Il expliquera que puisque les païens avaient aussi reçut le Saint-Esprit, exactement comme ceux d'origine juive, et reçut la Parole de Dieu en leurs coeurs, "Alors donc," dit-il, "pourquoi provoquer Dieu en chargeant les disciples d'un joug que ni nos pères ni nous-mêmes n'avons eu la force de porter? Bien au contraire, c'est par la grâce du Seigneur Jésus que nous croyons avoir le Salut, exactement comme eux." Barnabé et Paul racontèrent aux Apôtres les grands miracles accomplis par eux parmi les païens.

Et nous voilà en Actes 15,13-21, où nous voyons saint Jacques le Juste, le "frère" du Seigneur, présider à ce Concile, en tant que chef de l'Église de Jérusalem, la Mère des Églises, celle où a eu lieu la Pentecôte. C'est lui le chef local donc c'est lui qui préside et nul autre, quand bien même il n'a pas fait partie des 12 Apôtres. Un évêque, une ville, le principe apostolique est là, évident, flagrant. Saint Jacques il cite Amos 9,11-12, disant "Après cela Je reviendrai, et Je relèverai la tente de David qui est renversée. Je réparerai ses ruines et Je la redresserai, afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, de même que toutes les nations sur lesquelles Mon Nom est invoqué. Ainsi parle le Seigneur qui a exécuté ces choses par Lui connues de toute éternité." Ensuite, Jacques déclara qu'il jugeait que les païens qui s'appelaient eux-mêmes à présent Chrétiens étaient vraiment convertis, et qu'il ne fallait pas exiger leur circoncision, mais qu'ils devraient simplement s'abstenir des viandes offertes aux idoles, de la débauche, de l'usage des viandes étouffées, et du sang, car, dit-il "Moïse, depuis de nombreuses générations, a dans chaque ville ses prédicateurs, puisqu'on en fait lecture dans les synagogues tous les sabbats."
Actes 15,22-29, tous les Apôtres sont d'accord avec cette règle, de même que les "anciens" (presvuteroi, prêtres) de l'Église, et ils décidèrent d'envoyer certains des Chrétiens de Jérusalem à Antioche, avec Paul et Barnabé. Furent choisis Jude Barsabas et Silas, qui étaient dirigeants dans l'Église. Le Concile composa aussi une lettre aux Chrétiens d'Antioche, introduisant Jude Barsabas et Silas, et disant aussi ceci, capital :
"En effet, il a paru bon à l'Esprit-Saint et à nous de ne vous imposer d'autre fardeau que ce qui est indispensable, savoir: vous abstenir des viandes offertes aux idoles, de la chair étouffée et du sang, ainsi que de la débauche. De quoi vous ferez bien de vous garder consciencieusement."
Un vrai Concile Oecuménique a l'Esprit-Saint comme vrai chef, et les fruits de l'Esprit étant entre autre paix et concorde et vraie Foi, on voit progressivement la paix revenir au sein du peuple de Dieu.

Actes 15,30-35, Paul et Barnabé et les autres arrivent à Antioche, et donnent lecture de l'Épître du Concile de Jérusalem à l'Église. Jude et Silas prophétisent aussi à propos de l'Église. Peu après, Jude repartit pour Jérusalem, mais Silas décida de rester à Antioche avec Paul et Barnabé. Actes 15,36-40, Paul décida de visiter les frères des villes où ils avaient prêché, et Barnabé voulut prendre Marc avec eux. Mais comme Marc les avait quittés en Pamphilie et n'y avait pas continué l'oeuvre missionnaire, Paul pensa que Marc pourrait ne pas être reçu par le peuple. Paul et Barnabé en discutèrent, et pour finir, Barnabé quitta Paul et prit Marc avec lui pour aller à Chypre, pendant que Paul prenait Silas avec lui pour visiter les villes qu'il avait parcourues auparavant avec Barnabé. Actes 15,41, "Il parcourut la Syrie et la Cilicie, affermissant les communautés."

Actes 16,1-5. A Derbé et à Lystre, Paul et Silas rencontrèrent un jeune homme, Timothée, dont la mère était Juive mais le père païen. Voulant emmener Timothée avec lui en des endroits essentiellement juifs, Paul circoncis Timothée.. ne respectant pas, par cette concession, la règle du Concile de Jérusalem, quoique Timothée puisse être considéré comme Juif puisque dans le judaïsme, la judaïté se transmet par la mère. Toujours est-il qu'il ne l'était pas en pratique, et donc là c'est Paul qui est en tort, après avoir reproché à Pierre.. L'infaillibilité n'appartenait pas non plus aux Apôtres..
Ils rapportèrent les décisions du Concile de Jérusalem à toutes les Églises locales des villes qu'ils visitèrent, et les Églises furent renforcées dans la Foi et le nombre de fidèles grandit tous les jours. Cependant, Actes 16,6-7, après avoir voyagé à travers la Phrygie et la Galatie, le Saint Esprit leur interdit d'aller prêcher en Asie, et après la Mysie, le Saint Esprit ne leur permit pas d'aller en Bithynie. D'autres saints étaient à l'oeuvre dans ces régions d'Asie, et bien que régulièrement des Apôtres se sont retrouvés à prêcher dans la même région, parfois le Saint Esprit les envoyaient ailleurs.

Actes 16,8-15. Après Mysie, ils partirent pour Troas. Paul vit en songe un homme de Macédoine appelant les Apôtres à l'aide. Un détail nous montre qu'à partir d'ici, saint Luc parle en témoin oculaire, en commençant à utiliser le "nous" : "Aussitôt après cette vision, nous cherchâmes à passer en Macédoine, convaincus que Dieu nous invitait à y annoncer l'Évangile (Ac. 15,10). Embarqués à Troas, nous fîmes voile droit vers Samothrace et, le lendemain, sur Néapolis; d'où nous gagnâmes Philippes, qui est la ville principale de cette partie de la Macédoine, une colonie romaine. Nous y séjournâmes quelques jours. Le jour du Sabbat, nous franchîmes les portes pour nous rendre sur les bords d'une rivière où nous pensions trouver un lieu de prière; nous nous y assîmes, et conversâmes avec les femmes qui s'y trouvaient réunies. L'une d'elles, une marchande de pourpre, nommée Lydie, originaire de Thyatire et prosélyte, nous écoutait; et le Seigneur lui ouvrit le coeur pour lui faire prendre intérêt aux enseignements de Paul. Baptisée avec toute sa maison, elle nous adressa cette prière: "Puisque vous avez jugé que j'ai la foi dans le Seigneur, venez demeurer chez moi." Et elle nous y contraignit." Notez ce détail, Lydie était prosélyte, et pas païenne, bien qu'habitant en Grèce. Dans son Commentaire sur saint Matthieu, saint Hilaire de Poitiers nous rappelle ce que sont les prosélytes :
"des prosélytes sont passés des païens à la Synagogue pour y être reçus" (Mt 23,15)
"que la foule de prosélytes appartint et même appartient à Israël, est une réalité certaine. Elle est passée des païens aux oeuvres de la Loi" (mt 15,28)
Tertullien, Adversus Iudaium 2,2, donne la même définition du prosélyte. Idem dans le judaïsme pharisien, Flavius Josèphe, Antiquités Juives, 20,34-53. Il y avait donc eu "mission" du judaïsme jusqu'en Grèce, "bastion" du cynisme, de l'indifférentisme, du polythéisme, du paganisme, et autres joyeusetés que décrira si bien saint Clément d'Alexandrie (Protreptique). Le terrain est prêt pour passer de la Loi à la grâce. A peine Paul a-t'il prêché que des fruits poussent.

Actes 16,16-40. Le passage suivant, avec ce miracle accomplit par Paul et Silas en Macédoine, est un sommet de la manifestation de la puissance de Dieu contre les ténèbres, je le cite in extenso. "Un jour que nous nous rendions à la prière, voilà que vint à notre rencontre une jeune esclave possédée d'un esprit de pythie. Par sa pratique de la divination, elle était pour ses maîtres une source de grand profit. Cette jeune fille se mit à nous suivre, Paul et nous, en criant: "Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très-Haut; ils vous annoncent la voie du Salut." Cela se répéta plusieurs jours de suite. À la fin, Paul en eut assez: il se retourna et dit à l'esprit: "Au Nom de Jésus Christ, je t'ordonne de sortir de cette fille." Et il sortit à l'instant même. Mais les maîtres de l'esclave, voyant s'évanouir l'espoir de leur profit, empoignèrent Paul et Silas et les traînèrent sur la place publique devant les autorités. Puis ils les amenèrent devant les magistrats: "Ces gens-ci, dirent-ils, sèment le trouble dans notre ville. Ce sont des Juifs. Ils prêchent des usages que nous, Romains, ne pouvons ni admettre ni suivre." La foule s'ameuta contre eux et les magistrats ordonnèrent de leur arracher les vêtements pour les battre de verges. Quand on les eut roués de coups, ils les firent mettre en prison, et ordre fut donné au geôlier de les tenir sous bonne garde. Celui-ci, suivant la consigne reçue, les enferma dans un cachot intérieur et leur serra les pieds dans des entraves. Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas, en prière, chantaient un hymne à Dieu, et les prisonniers les écoutaient. Tout à coup, la terre fut si violemment secouée que la prison fut ébranlée dans ses fondements. Brusquement toutes les portes s'ouvrirent, et les chaînes des détenus tombèrent. Réveillé en sursaut, le geôlier aperçut les portes de la prison ouvertes. À l'idée que les prisonniers avaient pris la fuite, il dégaina son épée. Il allait se donner la mort, quand Paul lui cria bien haut: "Ne te fais pas de mal, nous sommes tous ici." Le geôlier réclama de la lumière et se précipita dans le cachot; il se jeta tout effaré aux pieds de Paul et de Silas. Puis il les mena dehors en disant: "Mes seigneurs, que dois-je faire pour être sauvé?" - "Crois au Seigneur Jésus, répondirent-ils, et tu seras sauvé, toi et ta famille." Et ils lui annoncèrent la Parole de Dieu, ainsi qu'à tous ceux de sa maison. Alors, à cette heure même de la nuit, il prit soin d'eux et lava leurs plaies; aussitôt après, il fut baptisé avec tous les siens. Cela fait, il les fit monter dans son logement où l'on dressa la table, et il se livra avec toute sa famille à la joie d'avoir eu la foi en Dieu. Le jour venu, les magistrats envoyèrent les licteurs avec "ordre de libérer ces hommes." Le geôlier transmit ce message à Paul: "Les magistrats, dit-il, me font dire de vous relâcher. Sortez donc, et allez en paix." Mais Paul leur répliqua: "On nous a donné les verges en public, sans jugement, à nous qui sommes citoyens romains; on nous a mis en prison, et maintenant on nous fait sortir à la dérobée... Pas du tout! Qu'ils viennent en personne nous mettre en liberté!" Les licteurs rapportèrent ces paroles aux magistrats, qui prirent peur en apprenant qu'ils étaient Romains. Ils allèrent donc leur faire des excuses, et les élargirent en les priant de bien vouloir quitter la ville. Une fois sortis de prison, les apôtres se rendirent chez Lydie, où ils revirent et réconfortèrent les frères. Puis ils partirent."
Un détail qui vaut son pesant de cacahouètes concernant le Baptême Chrétien, c'est que le geôlier ET TOUTE SA FAMILLE sont baptisés. On ne précise certes pas l'âge des enfants. S'il n'avait eu qu'une femme et pas d'enfant, au contraire des heureuses moeurs de l'époque, on aurait lu "et sa femme," puisque Luc était de ce voyage et aux premières loges pour les détails précis.

Actes 17,1-9. "Ils passèrent par Amphipolis et Apollonie pour arriver à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue." Nous sommes en Grèce, voir ma remarque sur les prosélytes, plus haut, elle vaut pour les synagogues. Paul prêcha donc dans la synagogue, et comme toujours, il y eu une partie à le croire, et une autre à se mettre en colère et à se lancer dans des complots, avec manipulation de la force publique pour parvenir à leurs fins. Ici, les incroyants se dirigèrent vers la maison où Paul et Silas se trouvaient normalement, avec Jason, mais comme ni Paul ni Silas ne s'y trouvaient, ils s'emparèrent de Jason et l'amenèrent aux chefs de la ville. Et l'accusèrent de fomenter des troubles en ayant donné hospitalité à ces Paul et Silas qui prétendaient qu'il y avait un autre roi, un nommé Jésus - "et ce ne fut que moyennant caution de la part de Jason et des autres qu'ils les laissèrent aller."
Actes 17,10-12. De nuit, les frères envoient Paul et Silas à Bérée, et là aussi, ces derniers se rendirent à la synagogue. Contrairement à Thessalonique, la majorité des auditeurs non seulement les croient, mais veulent en savoir encore plus à propos des Écritures. Et les Juifs de Bérée acceptèrent aussi les païens locaux qui se convertissaient. Mais c'était trop beau pour durer, et les Juifs incroyants de Thessalonique arrivèrent à Bérée dès qu'ils eurent entendu parler de ceux qui s'y étaient convertis, et ils provoquèrent de tels troubles que les frères firent partir Paul par la mer, tandis que Silas et Timothée restaient à Bérée. Paul partit ainsi pour Athènes, et demanda à ceux qui étaient avec lui sur le bateau de lui envoyer au plus vite Silas et Timothée.

icone de saint Paul prechant a Athenes

Saint Paul prêchant à Athènes

Actes 17,16-20. Pendant que Paul attendait Silas et Timothée, parcourant Athènes, il en eut le coeur plein d'amertume, voyant que toute la ville était vouée aux idoles. Chaque jour, il discutait à la synagogue, et aussi sur la place publique, tant avec les Juifs qu'avec les philosophes Grecs, dont des Épicuriens et des Stoïciens. Certains étaient étonnés de ce qu'il leur exposait, d'autres pensaient que Paul voulait leur apporter de nouvelles divinités, prêchant son Jésus et sa Résurrection. Ils l'amenèrent à l'aréopage afin de l'entendre exposer sa doctrine et ce que cela signifiait. Les palabres des philosophes Grecs étaient célèbres. Les Actes 17,21 disent "tous les Athéniens, aussi bien que les étrangers fixés à
Athènes, ne s'occupent de rien tant que de colporter ou d'écouter les dernières nouvelles." Le passage suivant est d'importance, car Paul explore la question de Dieu en tant que Personne, Tout-Puissant étant au delà de notre entendement, et omniprésent.

Actes 17,22-31 "Athéniens, je vois qu'à tous égards, vous êtes des hommes très religieux. Parcourant la ville, et considérant les monuments de votre culte, j'ai même découvert un autel portant cette inscription: "À un Dieu inconnu." Ce que vous révérez sans le connaître, je viens, moi, vous l'annoncer! Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s'y trouve, est le Maître du ciel et de la terre, et n'habite donc point dans les temples bâtis par la main des hommes. Il n'a pas à être servi par des mains humaines, comme s'Il avait besoin de quoi que ce soit, puisque c'est Lui qui donne à tous la vie, le souffle, et toutes choses. D'un seul homme Il a fait naître tout le genre humain pour le faire habiter sur la surface de la terre. Il a fixé aux peuples leur ère et les frontières de leur domaine. Tout cela pour qu'ils cherchent Dieu et s'efforcent de Le trouver comme à tâtons, puisqu'en réalité Il n'est pas loin de chacun de nous. Car c'est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être. C'est ce qu'on dit certains de vos poètes: "Nous sommes aussi de Sa race." Si donc nous sommes de la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l'or, à de l'argent, à de la pierre, oeuvrés par l'art et le génie de l'homme. Mais Dieu, sans tenir compte de ces temps d'ignorance, invite présentement tous les hommes, et en tous lieux, à se repentir, parce qu'Il a fixé un jour où Il jugera le monde avec justice par le ministère d'un homme qu'Il y a destiné, et Il en a donné à tous la preuve en Le ressuscitant des morts."

Actes 17,32-34. A ce moment-là, quelques rares parmi les Athéniens qui l'avaient écouté crurent, mais les autres se moquèrent de Paul parce qu'il avait parlé de Résurrection d'entre les morts. Parmi ceux qui l'ont crû, on trouvait saint Denys l'aréopagite, une femme appelée Damaris et quelques autres. Ayant essuyé son premier grand échec, saint Paul quitta Athènes pour Corinthe. Il est important de noter que contrairement aux romans et aux apologies de "grands hommes de ce monde," l'échec est divulgué. Luc expose les faits, il ne cache pas l'étendue des difficultés. Cela permet aussi de mieux voir ce que Paul comprendra quand il parlera de ce que le Seigneur lui dira plus tard "c'est dans la faiblesse que Je déploie ma force..." car ici, Paul a voulu faire usage de toute sa science d'ancien élève d'école de la Torah, de toute sa technique oratoire, et face à lui, il avait d'autres experts, que rien ne pouvait émouvoir dès lors que cela reprenait leurs ficelles et astuces de rhétorique.

Actes 18,1-3. A Corinthe, Paul rencontra un Juif nommé Aquila, qui était né dans le Pont, mais en était parti et venait d'arriver d'Italie avec son épouse Priscilla. Comme exposé plus haut, l'empereur Claude avait fait expulser tous les Juifs hors de Rome. Il vaut la peine ici de rappeler que l'historien Romain Suétone, dans ses Vies des Empereurs, à celle de Claude, paragraphe 25, mentionne ce même fait. On a donc une attestation historique extra-Scripturaire provenant des opposants au Christ qui permet en plus de dater l'événement mentionné dans ce passage-ci des Actes.
Dans ce passage des Actes, il est indiqué que tant Paul qu'Aquila étaient fabriquants de tentes. Paul dit que tous deux vivaient de leur travail, de sorte que nul n'aurait à payer pour lui (cfr 2 Thessaloniciens 3,8).
Actes 18,4-6. Paul continue à parler du Seigneur Jésus chaque Sabbat à la synagogue. Certains des Juifs et des Grecs crurent. Venant de Macédoine, Silas et Timothée, arrivèrent alors à Corinthe. Vu que les incroyants de la synagogue blasphémaient fort contre le Seigneur Jésus, Paul leur dit alors "Que votre sang retombe sur votre tête! Pour moi, j'en ai les mains nettes. Désormais, j'irai chez les païens." Aquila et Priscilla restèrent avec Paul.

Actes 18,7-11 Après son départ de la synagogue, Paul partit pour la maison de Titius Justus, qui adorait Dieu, et dont la maison était à côté de la synagogue. Et aussi Crispus, le chef de la synagogue (v. 8), crut dans le Seigneur Jésus-Christ, lui et toute sa maison – Crispus pouvait avoir un deuxième nom, puisqu'au verset 17 on parle de Sosthènes comme chef. Nombre de Corinthiens qui avaient écouté Paul crurent et furent baptisés. Le Seigneur dit à Paul dans un songe nocturne qu'il ne devait rien craindre, et lui dit "parle, ne passe rien sous silence. Je suis avec toi; personne ne mettra la main sur toi pour te faire du mal; car J'ai un peuple nombreux dans cette ville." Paul resta donc un an et demi à Corinthe pour y prêcher la Parole de Dieu.

Actes 18,12-17. Mais Gallion devint proconsul d'Achaïe, et alors les Juifs qui ne croyaient pas en Christ se levèrent contre Paul et l'amenèrent en jugement. Gallion était le frère du philosophe Sénèque, qui aurait aussi composé des pièces sanglantes où des criminels condamnés mourraient sur scène. Les Juifs dirent au juge que Paul persuadait les gens à rendre un culte à Dieu contraire à la Loi. Paul voulait se défendre, mais Gallion répondit "S'il s'agissait d'une injustice ou d'un grave méfait, je vous écouterais comme de juste. Mais si ce n'est qu'un litige doctrinal sur des mots et sur votre loi, c'est vous que cela regarde; je me récuse en cette matière. Et il les congédia du tribunal. Alors la foule des Grecs s'en prit à Sosthènes, un chef de synagogue et devant le tribunal même, on le roua de coups, sans que Gallion s'en mît en peine."

Actes 18,18-23. Paul resta encore de longs jours, puis salua les frères et fit voile avec Priscilla et Aquila vers la Syrie. Paul avait fait un voeu à Cenchrées et s'était de ce fait rasé la tête. Arrivés à Ephèse, il les y laissa, mais lui entra dans la synagogue et discuta avec ceux qui s'y trouvaient. Ils lui demandèrent de rester plus longtemps, ce qu'il ne pouvait, alors il leur promit de revenir, si Dieu le permettait, et il partit pour Césarée. De là il se rendit à Jérusalem pour visiter l'Église, puis il remonta à Antioche. Il y passa quelque temps puis partit pour la Galatie et la Phrygie, "y fortifiant tous les disciples."

Actes 18:24-28. Un Juif nommé Apollos, natif d'Alexandrie, arriva à Ephèse. Ca pourrait sembler étrange, un tel patronyme pour un Juif, mais la communauté juive d'Alexandrie était très hellénisée, elle d'où sortit la traduction de la Bible en grec, la LXX. Apollos était très versé dans les Écritures, et "il parlait avec enthousiasme, et enseignait avec exactitude ce qui touche à Jésus, sans toutefois connaître d'autre baptême que celui de Jean." Priscilla et Aquila lui expliquèrent plus en détail, après l'avoir entendu à la synagogue. C'est important, cela montre que même devenus Chrétiens, ils ne cessaient pas de fréquenter le lieu de prière communautaire habituel, en plus de leurs prières spécifiques. Priscilla et Aquila envoyèrent Apollos en Achaïe, accompagné d'une recommandation. Il fut de très grande aide pour tous, confondant les Juifs réfractaires, montrant et démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ.

Actes 19,1-7. "Or, durant ce séjour d'Apollos à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les régions élevées du pays, parvint à Éphèse. Il y rencontra quelques disciples à qui il demanda: "Avez-vous reçu le Saint-Esprit lorsque vous avez embrassé la Foi?" À quoi ils répondirent: "Mais, nous n'avons même pas entendu dire qu'il y eût un Saint-Esprit!" - "Quel baptême avez-vous donc reçu?" demanda Paul. Ils répondirent: "Celui de Jean." - "Jean, reprit Paul, ne donnait qu'un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en Celui qui devait venir après lui, c'est-à-dire en Jésus." Ayant entendu ces paroles, ils reçurent le Baptême au Nom du Seigneur Jésus; et quand Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ils se mirent à parler en langues étrangères et à prophétiser. Ils étaient une douzaine d'hommes en tout." Paul rencontre des disciples, des gens qui croient au Christ. Mais qui n'ont pas reçu le vrai Baptême, le Baptême Orthodoxe, à savoir conforme à la Foi. Quelle est sa réaction? Au nom de l'oecuménisme, dire que c'est bon ainsi, puisqu'ils "croient" et qu'ils sont donc "frères en Christ?" Non. Porter le Salut aux nations, ce n'est pas avoir un regard irénique et romantique basé sur les bonnes relations humaines. Saint Paul montre clairement la voie. Ce qu'ils ont eu a beau s'être passé dans un cadre de croyants, ce n'était pas sacramentellement le bon, donc il faut non pas le "refaire", mais le faire, puisque ce qui n'a pas été bien fait, dans le domaine sacramentel, c'est qu'il n'a pas eu lieu, tout simplement. Paul comprit aussi que le peuple avait besoin d'une meilleure instruction au sujet du Baptême, pour bien faire comprendre ce qu'on lit dans l'Évangile selon saint Matthieu 28,19-20 : "Allez donc, enseignez toutes les nations, baptisez-les au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Apprenez-leur à observer tout ce que Je vous ai prescrit. Et voici, Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde."

Actes 19,8-12. Trois mois durant, Paul parlera dans la synagogue d'Ephèse – ce qui montre aussi que les oppositions n'étaient pas de pur principe, que ceux qui refusaient voulaient être sûrs que ce qu'on leur expliquait était bien la bonne compréhension des Écritures. Il ne faut pas les mépriser, ces "coupeurs de cheveux en 4," car eux au moins, enfin une partie, se souciaient vraiment de leur Salut. Pourrait-on en dire autant de nos jours, face à l'indifférentisme généralisé?..
Paul finit cependant par se retrouver face à un noyau dur d'irréductibles, ne cessant d'attaquer le Seigneur Jésus. Alors il prit les disciples et ils se réunirent pour continuer l'enseignement dans l'école d'un certain Tyrannos. Et Paul resta ainsi 2 ans à enseigner à Ephèse, prêchant la Parole de Dieu aux Juifs comme aux païens. "Et Dieu opérait, par les mains de Paul, des miracles extraordinaires, au point qu'on appliquait aux malades les linges et les tabliers qui avaient touché son corps; les maladies les quittaient et les mauvais esprits s'en allaient."

Actes 19,13-20. Quelques exorcistes Juifs utilisaient aussi le Nom du Seigneur Jésus, disant aux esprits démoniaques "Je vous adjure par ce Jésus que Paul prêche.." Les 7 fils du grand prêtre Scéva firent cela. Un esprit démoniaque leur dit "Je connais Jésus, et je sais qui est Paul; mais vous, qui êtes-vous?" Là-dessus, le possédé bondit sur deux d'entre eux, les terrassa, et les malmena si fort qu'ils durent s'enfuir de cette maison tout couverts de blessures et les vêtements en lambeaux. Tant les Juifs que les païens d'Ephèse l'apprirent, et nombreux crurent en Jésus, et confessèrent leurs méfaits. Nombre de ceux qui avaient pratiqué la sorcellerie brûlèrent leurs livres, qui valaient en tout quelque 50.000 pièces d'argent. Et la Parole de Dieu s'y accrut et y fut renforcée.

Actes 19,21-22. Après avoir voyagé en Macédoine et Achaïe, Paul décida qu'après Jérusalem, il irait à Rome. Il envoya Timothée et Erastus en Macédoine, tout en restant en Asie Mineure.

Actes 19,23- 40. Là nous allons voir ce que veut dire le radicalisme de l'Évangile. A Ephèse, Paul va être confronté à une réalité qui sera la source de bien des violentes persécutions contre les Chrétiens, à savoir que nous gênons le "business" de ce monde devenu fou. Les normaux sont pris pour des anormaux. Les idoles du monde sont intouchables. Voici le récit: "C'est durant cette période que se produisirent de graves désordres à l'occasion de l'Évangile. Un orfèvre, nommé Démétrius, fabriquait en argent des maquettes du temple d'Artémis, procurant de la sorte à ses artisans de gros bénéfices. Il les réunit, ainsi que tous les compagnons de métier, et leur dit: "Vous savez le gain que nous tirons de ce métier. Or, vous voyez bien et vous entendez dire que non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l'Asie, ce Paul a gagné et séduit une foule de gens: il prétend que les idoles fabriquées de main d'homme ne sont pas des dieux. Cela risque non seulement de faire tomber notre corporation dans le discrédit, mais encore d'attirer un mépris général sur le temple de la grande déesse Artémis, qui se verra bientôt dépouillée d'une majesté vénérée en Asie et dans le monde entier." Ces paroles les remplirent de fureur, et ils se mirent à vociférer: "Elle est grande, l'Artémis des Éphésiens!" La cité fut bientôt en effervescence, et tous ensemble de se ruer vers le théâtre, entraînant avec eux Gaïus et Aristarque, 2 Macédoniens qui voyageaient avec Paul. Paul voulait se présenter devant la foule, mais les disciples l'en empêchèrent: même des asiarques de ses amis le firent prier de ne pas se rendre au théâtre. Tout le monde y criait à la fois, car l'assemblée était en plein tumulte, et la plupart ne savaient même pas pourquoi ils se trouvaient réunis. Alors on fit sortir de la foule Alexandre que les Juifs poussaient en avant. Celui-ci fit signe de la main, car il voulait s'adresser au peuple. Mais à peine s'aperçut-on qu'il était Juif, que la clameur devint unanime durant près de deux heures: "Vive l'Artémis des Éphésiens!" Le secrétaire de la ville parvint à calmer la foule: "Éphésiens, dit-il, quel est l'homme au monde qui ignore que la ville d'Éphèse est l'adoratrice de la grande Artémis et de sa statue tombée du ciel? Puisque cela est incontestable, calmez-vous, et ne faites rien inconsidérément. Les gens que vous avez amenés ici n'ont commis contre votre déesse ni sacrilège ni acte blasphématoire. En conséquence, si Démétrius et ses ouvriers ont à se plaindre de quelqu'un, il y a des jours d'audience, il y a des magistrats: qu'ils fassent leur procès entre eux. Si vous avez des réclamations à faire, l'assemblée légale décidera. Car nous risquons, pour ce qui vient de se passer, d'être accusés de sédition, vu qu'aucun motif ne peut être allégué pour justifier ce rassemblement." Sur ces paroles il congédia l'assemblée."

Actes 20,1-7. Paul partit alors pour la Macédoine, puis la Grèce, y passant 3 mois. Les Juifs avaient préparé un complot contre lui, alors qu'il s'apprêtait à faire voile vers la Syrie, aussi il décida de repartir en Macédoine. Il avait pour compagnons de voyage Sopatros fils de Pyrrhus, de Bérée, Aristarque et Secundus, de Thessalonique, Gaïus, de Derbé, Timothée, et les asiates Tychique et Trophime. Ces disciples précédèrent Paul et l'attendirent à Troas. Paul partit de Philippe, après le Jour des Azymes, à savoir la Pâque. Il arriva à Troas 5 jours plus tard et y resta 7 jours. Le premier jour de la semaine, c'est-à-dire le dimanche, dans la Nouvelle Alliance, alors qu'ils étaient réunis pour "rompre le pain," le terme consacré pour parler de la Divine Liturgie, Paul leur parla jusque minuit, prévoyant de les quitter le lendemain.
Actes 20,8-12, "Il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute où nous étions assemblés. Or, un jeune homme, du nom d'Eutyque, qui se trouvait assis sur le bord de la fenêtre, s'endormit profondément pendant le long discours de Paul et, accablé par le sommeil, il tomba du troisième étage. On le releva mort. Paul descendit; il se pencha sur lui et le prit dans ses bras en disant: "Cessez tout ce bruit, son âme est en lui." Il remonta, rompit le pain et mangea. Il parla longtemps encore, jusqu'à l'aube, puis il partit. Quant au jeune homme qui avait été ramené vivant, ce fut le sujet d'une grande consolation."

Actes 20,13-16 "Nous avions pris les devants, et nous fîmes voile vers Assos où nous devions embarquer Paul; il l'avait ainsi décidé, préférant, pour lui, faire le chemin à pied." Ils firent ensuite voile tous ensemble pour Mitylène, et de là pour Chios, arrivant le lendemain, et le jour suivant à Samos, et puis le suivant à Miletus. Paul avait décidé de faire voile via Ephèse afin qu'il puisse être à Jérusalem pour le jour de la Pentecôte. Cette volonté d'être présent en ce jour-là nous montre aussi, si besoin était, que l'Église célébrait d'ores et déjà certains événements de manière liturgique, et que c'était des fêtes d'importance.

Actes 20,17-18 "De Milet, Paul envoya prier les prêtres de l'Église d'Éphèse, de venir. Quand ils furent réunis auprès de lui, il leur dit:"... Actes 20,18-35 – Paul leur dit qu'il part pour Jérusalem, sachant par le Saint Esprit qu'épreuves et chaînes l'y attendent. Il leur dit aussi que le Saint Esprit leur a donné des évêques pour diriger les Églises de Dieu, Églises que le Christ S'est acquises au prix de Son saint Sang. Mais il les met aussi en garde contre les hérésies et les loups cachés au milieu du troupeau. Et puis il les recommanda à Dieu.

Actes 20,36-38 "À ces mots il se mit à genoux avec eux pour prier. Ils fondirent tous en larmes et se jetèrent à son cou pour l'embrasser, affligés par ces mots qu'il leur avait dits: "Vous ne verrez plus mon visage." Ensuite ils l'accompagnèrent jusqu'au navire."

Actes 21,1-7. Ils firent voile vers Cos, le lendemain vers Rhodes, puis vers Patara. Puis ils prirent un autre navire vers la Phénicie, passèrent à gauche de Chypre, et mirent le cap sur la Syrie, arrivant à Tyr, le port où le navire devait faire escale et décharger. Ils trouvèrent des disciples à Tyr et restèrent 7 jours, et les disciples lui déconseillèrent d'aller à Jérusalem, poussés par l'Esprit Saint. Puis comme il partait, ils s'agenouillèrent et prièrent sur la rive, avec leurs familles, et Paul partit vers Ptolemaïs, y restant un jour avec les frères.

Actes 21,8-15. Le lendemain, ils parvinrent à Césarée, et entrèrent dans la maison de Philippe, un des 7 Diacres, à ne pas confondre avec l'Apôtre Philippe. Il restèrent avec lui. Il avait 4 filles, dont 2 avaient fait voeu de virginité, et ils prophétisèrent. Ils y restèrent quelques jours, puis un prophète nommé Agabus, de Judée, vint en visite. Agabus prit la ceinture de Paul, en attacha ses mains et ses pieds et dit "Voici ce que déclare l'Esprit-Saint: L'homme à qui appartient cette ceinture, c'est ainsi que les Juifs le lieront à Jérusalem, et qu'ils le livreront aux mains des païens." Dès lors, tous les disciples voulurent décourager Paul d'aller à Jérusalem. Mais Paul dit qu'il était prêt à être enchaîné et à mourir à Jérusalem, pour le Seigneur. Aussi donc, il partit pour Jérusalem. Actes 21,16-25 utilise aussi le "nous", montrant que Luc était du voyage, ainsi que quelques disciples de Césarée, et Mnason, originaire de Chypre, chez qui ils allaient loger. Les frères furent heureux de les voir, et le lendemain ils allèrent voir Jacques, l'épiscope de Jérusalem, avec "tous les prêtres" (anciens). Paul leur parla du ministère auprès des païens et toutes les merveilles que Dieu avait accomplies – il ne tirait pas la couverture à lui, bien trop conscient de n'être qu'un vase brisé contenant avec peine la grâce que Dieu déversait en lui. Ceux de Jérusalem lui parlèrent aussi des milliers de Juifs qui croyaient dans le Seigneur Jésus-Christ et qui étaient tous très zélés pour la Loi. Ils parlèrent à Paul de l'accusation pesant sur lui, qu'il enseignait aux Juifs qui croyaient dans le Christ de laisser tomber la loi de Moïse et de ne pas circoncire leurs enfants ni de garder les coutumes. Le Concile tenu sous Jacques n'avait en effet autorisé que ceux des païens qui viendraient à croire en Jésus à s'abstenir des idoles, du sang, de la viande étouffée et de la fornication, mais à l'époque, ceux qui étaient déjà Juifs étaient censés garder aussi la Loi de Moïse, dans la conception "selon la lettre" de ce Concile. Comme tout le monde serait vite au courant de son arrivée, Jacques dit alors ceci à Paul : "Fais donc ce que nous allons te dire: Il y a ici 4 hommes qui ont fait un voeu. Prends-les avec toi, fais avec eux les rites de purification, et paie pour eux (l'offrande obligatoire) afin qu'ils se rasent la tête. Ainsi l'on saura qu'il n'y a rien de vrai dans les bruits qui ont circulé sur ton compte, mais que tu restes au contraire fidèle à l'observation de la Loi."
Le voeu en question signifie qu'ils avaient laissé leurs cheveux pousser comme des Nazirs, des hommes mis à part, cfr Nombres 6,2-21, et aussi Samson, en Juge 13,4-5. Et dans ces mêmes versets de Nombre 6, on explique qu'ils rasaient leur tête une fois le voeu accomplit.

Actes 21,26-36. Paul se purifia avec les hommes qui avaient fait le voeu, et ils accomplirent les 7 jours de purification, mais vers la fin, quelques Juifs d'Asie entrèrent dans le Temple et répandirent des mensonges à propos de Paul. Ils dirent que des païens avaient violé le Temple, quand bien même Paul n'avait pas amené le disciple Trophime l'Ephésien au Temple. Toute la foule fit sortir Paul du Temple, ferma les portes, et manqua de le tuer. Le tribun fit sortir ses soldats et centurions, qui les chargèrent, ce qui les fit arrêter de battre Paul. Le tribun fit enchaîner Paul et ordonna qu'il lui dise ce qu'il avait commis, mais comme nul n'était d'accord avec les accusations, le tribun fit enfermer Paul à la forteresse, et à l'étage, car la foule était tellement en colère, hurlant "à mort!"
Cette situation était totalement inacceptable. Elle montre qu'une partie des judéo-chrétiens n'avait strictement rien compris, pas même de leur judaïsme précédent. Il n'était pas possible que le même Dieu Qui dans l'Ancien Testament avait donné l'Arche d'Alliance et était adoré dans des tentes, là, ne permettrait pas à ces convertis du paganisme d'être en Sa présence dans le Temple du Seigneur, ces fidèles qui avaient été baptisés au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et avait touché le Seigneur Dieu dans le saint Corps et Sang de Jésus-Christ et n'en étaient pas morts! Il n'était pas possible qu'il y ait 2 sortes de Chrétiens : d'un côté ceux qui étaient "seulement" baptisés et recevaient le Dieu Très Haut dans la sainte Communion, et les autres, qui étaient aussi baptisés, mais qui pouvaient aussi entrer dans le Temple par le fait de leur naissance, de leur race, et de rites religieux qui les auraient fait "meilleurs."
Bien que le restant des Actes rapporte les plus grandes luttes de Paul, on y voit aussi sa victoire sur ce point culminant de théologie qui allait permettre aux païens convertis d'être membres à part entière de la Foi. Ainsi, les Juifs stricts qui gardaient les préceptes de la Loi à la lettre, et non pas dans l'Esprit de Dieu, en furent extrêmement furieux. D'autant plus que les autres Apôtres furent d'accord avec Paul, que les païens convertis devraient être membres égaux aux autres dans l'Église, dès lors qu'ils étaient baptisés, confirmés dans l'Esprit Saint, et recevait la sainte Offrande du Corps et du Sang de Jésus-Christ en la Divine Liturgie. A cet égard, les Canons Apostoliques précisent plus en détail tout ce qui concerne la Foi et les prérequis pour l'appartenance à l'Église.

Actes 21,37-40. La situation était mauvaise. Tout autre que Paul aurait joué profil bas. Lui, il va tirer parti de ce problème pour annoncer le Seigneur. Et en utilisant les droits publics pour ce faire. Il s'adressa donc au tribun, en grec, avant d'entrer. Le tribun pensa alors qu'il devait venir d'Égypte – ici il dit "Égyptien" mais il faut comprendre "Juif d'Égypte", car un Égyptien non-Juif, un polythéiste, n'aurait pas pu soulever des foules de Juifs et les amener à le suivre au désert, comme le dit l'accusation du tribun. Paul lui répondit qu'il était bien Juif, de Tarse, en Cilicie, et demanda à s'adresser au peuple, ce qui lui fut accordé, mais du haut des marches. Et là, Paul parla en hébreux.



Actes 22,1-23. Son discours fut bien accueillit, où il expliqua tout son parcours, de persécuteur des Chrétiens jusqu'à sa conversion. Mais quand il arriva à parler de sa prédication auprès des païens et de leur entrée dans l'Église, le tumulte repris de plus belle et la foule cria "à mort," jetant poussière en l'air et se déchirant les vêtements, signe culturel classique dans le judaïsme en cas de deuil, et Paul était "mort," à leurs yeux.
Actes 22,24-30. Le tribun ne voyait qu'un coupable des troubles, ne comprenant pas l'hébreux, et il fit jeter Paul en prison, battre et torturer, pour savoir pourquoi le peuple s'était ainsi soulevé. Alors Paul demanda au centurion s'il était légal pour lui de battre un citoyen Romain qui n'avait pas été jugé et condamné... Paul plaçait la force publique devant ses responsabilités, à nouveau. Le tribun tenta de s'en tirer en prétendant que Paul avait sûrement acheté sa citoyenneté, à grand prix, ce qui se passait en effet, dans cet empire corrompu à tous les niveaux. Mais la réponse de Paul le cloua, car Paul était né citoyen Romain, et dès lors, tout ce que le tribun venait de lui faire subir était illégal et pouvait se retourner contre lui. Le tribun n'avait qu'une échappatoire, trouver auprès des Juifs révoltés des raisons valables pour le juger et condamner. Il les convoqua donc.

Actes 23,1-5. Paul s'adressa alors à ce conseil, leur parlant comme à des frères, mais ça ne fut pas apprécié par le grand prêtre, Ananias, qui ordonna à celui qui était le plus proche de Paul de le frapper sur la bouche. Occasion pour Paul de rappeler à Ananias que lui qui se prétend juge et censé appliquer la Loi, ce faisant, il violait la Loi...
Actes 23,6-10. Et puis Paul, connaissant les divergences théologiques profondes entre les bureaucrates Sadducéens et les mystico-littéralistes Pharisiens, utilisa la vieille devise de Iulius Gaius Caesar, ce vieux Jules César : dividere ut regnes, diviser pour régner. Il rappela donc qu'il était Pharisien et qu'il était jugé à cause de sa foi en la résurrection des morts. Il n'en fallait pas plus pour déclencher le désordre, les Pharisiens le reconnaissant bien entendu comme un des leurs, et donc innocent, auquel un Ange avait peut-être parlé – ils croyaient aussi aux Anges, au contraire des Sadducéens. Et les autres considérèrent Paul comme un opposant, et donc coupable. Et impossible de voter dans une assemblée divisée et prêtre à en venir aux poings. Pour éviter que Paul ne soit tué, le tribun le fit ramener au château.
Actes 23,11. Et cette nuit-là, le Seigneur Jésus apparu à Paul, le renforça dans la Foi et lui annonça qu'après avoir ainsi témoigné à Jérusalem, il devrait en faire autant à Rome.

Actes 23,12- 22. Cependant, pour les Juifs les plus radicaux, ils avaient bien compris le danger que Paul représentait pour eux, son habileté, la force de ses arguments, force que seul l'entêtement et l'amour de ce monde plutôt que de Dieu pouvait faire ignorer. Aussi 40 extrémistes firent un voeu de mort, ne mangeant ni ne buvant plus jusqu'à avoir réussi à tuer Paul. Ils arrangèrent avec les grands prêtres et les anciens une nouvelle demande auprès du tribun, pour faire à nouveau comparaître Paul, et le tuer. Mais le fils de la soeur de Paul l'apprit, vint prévenir Paul, qui le fit envoyer au tribun, qui congédia le jeune en lui recommandant de garder le silence.
Actes 23,23-30. Le tribun avait enfin compris que son autorité publique n'allait pas peser grand chose face au complot haineux contre le citoyen Romain qu'il détenait. Il décida de le transférer vers Césarée sous forte escorte armée – 200 soldats, des cavaliers, des archers. Et à 21h, ils partirent, Paul étant en selle, histoire d'arriver sain et sauf auprès du gouverneur Félix. Il est possible que le tribun craignait simplement que si les Juifs n'attrapent Paul et le tuent, lui se voit accusé, en plus du reste, d'avoir vendu Paul à ses bourreaux. Aussi il accompagna l'envoi de Paul d'une lettre de justification, où il oubliait de mentionner toutes ses erreurs contre Paul, bien entendu, ne se présentant que comme son sauveur.. Il précise aussi que le conseil des Juifs n'a pas pu se mettre d'accord sur des charges réelles, uniquement des points de détail de leur loi religieuse, rien ne méritant la mort ou la détention. Et annonçant qu'il signalait au conseil Juif que dorénavant, ce serait avec le gouverneur qu'ils auraient à traiter. Le "lavage de mains" semble avoir été coutumier chez les dirigeants Romains en Palestine...

Actes 23,31-35. De nuit, les soldats amenèrent Paul à Antipatris. Ils laissèrent les cavaliers l'escorter jusqu'auprès du gouverneur, à Césarée. Ce dernier lut la lettre et interrogea Paul pour savoir d'où il venait. Paul lui dit qu'il était de Cilicie, et le gouverneur dit qu'il attendrait l'arrivée des accusateurs pour les entendre. Et il fit garder Paul dans le prétoire d'Hérode. Notez ce détail : Hérode n'était pas l'héritier légitime du roi David, et il avait fait construire un nouveau temple, qui ne se trouvait d'ailleurs pas à l'emplacement du Temple original, et il avait fait construire un prétoire; alors que le Christ et Paul et d'autres qui adoraient Dieu "en esprit et en vérité" (Jn 4,23), eux, étaient amenés en jugement dans le prétoire de l'imposteur.

Actes 24,1-9. Le grand prêtre Ananias arriva 5 jours plus tard, en compagnie d'autres du Sanhédrin, et surtout d'un professionnel du droit, l'avocat Tertullus, auquel il laissa le soin de défendre leur cause. Paul fut amené et Tertullus commença son habile plaidoyer. Il parla de la "Pax Romana" que Paul, avec sa "secte de Nazaréens", aurait perturbée, et qu'il serait venu profaner le temple. Il déclara aussi que vu les faits, c'était eux qui avaient arrêté Paul et qu'ils allaient le juger "selon leur loi." Et il accusa le tribun Lysias, absent, de leur avoir enlevé Paul par la violence, puis demanda à ce que ses témoins soient entendus. Témoins tous d'accord avec l'avocat.

Actes 24,10-21. Ils étaient devant le gouverneur, et ils voulaient placer l'affaire au plan juridique pur, et donc plus question pour les Juifs de se comporter comme des soudards, comme devant le tribun sur la place publique. Aussi furent-ils bien obligés d'écouter Paul lorsqu'il reçut à son tour la parole. Et Paul expliqua qu'il n'était à Jérusalem que depuis 12 jours, venu pour y adorer le Seigneur, et qu'il n'avait discuté avec personne ni provoqué de révolte "ni au Temple, ni dans les synagogues, ni en ville, on ne m'a trouvé en train de discourir ou d'ameuter le public. Aussi ne sauraient-ils prouver les charges qu'ils portent maintenant contre moi. Je reconnais devant toi que je sers le Dieu de nos pères selon une voie qu'ils qualifient de sectaire. Je crois à tout ce qui est écrit dans la Loi et les Prophètes; et j'ai, tout comme eux d'ailleurs, cette espérance en Dieu, qu'il y aura une résurrection pour les justes et les méchants. C'est pourquoi je m'applique à conserver aux yeux de Dieu et des hommes une conscience irréprochable. Or, au bout d'une absence de plusieurs années, voilà que j'apporte des aumônes à mes concitoyens et présente des offrandes rituelles. C'est à cette occasion que je me trouvais dans le Temple, après une purification, sans attroupement ni bagarre; des Juifs d'Asie m'y ont aperçu, dont le devoir eût été de se trouver ici devant toi, pour soutenir leurs griefs contre moi, s'ils en ont. Ou bien alors, que ceux qui sont ici présents disent de quel crime ils m'ont reconnu coupable quand j'ai comparu devant le Grand Conseil. À moins que peut-être ce ne soit pour une seule parole que j'ai criée à leur barre: C'est à cause de la résurrection des morts qu'on me traduit aujourd'hui devant vous!" Toute occasion était bonne pour Paul afin de prêcher.

Actes 24,22-26. Le gouverneur Félix ajourna l'affaire, ayant quelque connaissance à propos de cette religion, et préférant entendre le tribun Lysias avant de se prononcer. Il fit garder Paul, mais en résidence surveillée plutôt que comme prisonnier, et autorisant ses amis à lui rendre visite. Contre la loi même du judaïsme, Drusilla, Juive, était la femme de du gouverneur Félix, un païen comme la plupart des Romains. Païen mais curieux, il vint avec sa femme pour entendre Paul leur parler de la Foi en Jésus Christ. Mais quand Paul leur parla de justice, de contenance, et du Jugement à venir, ils préférèrent abréger la rencontre.. Félix fera souvent revenir Paul, le conservant 2 ans en détention, probablement dans le vain espoir d'en obtenir une rançon. Et quand, Actes 24,27, le successeur de Félix arriva, Porcius Festus, Félix ne fit pas libérer Paul, pour se gagner les faveurs des Juifs

Actes 25,1-27. Le successeur de Félix n'était pas plus courageux. Porcius Festus, en inspection à Jérusalem, se fit interpeller par les chefs Juifs qui n'avaient pas oublié le moins du monde que Paul était encore détenu chez lui. Ils voulaient le faire revenir à Jérusalem, et refaire la tentative d'embuscade, manquée 2 ans avant. Ils accompagnèrent Porcius à Césarée, Paul recomparu, fut de nouveau accusé d'un peu de tout sans preuves, et Porcius Festus voulu cependant accéder au souhait des chefs Juifs et l'envoyer à Jérusalem. Alors Paul fit usage de son bon droit de citoyen, qu'il pouvait d'autant plus invoquer qu'il s'était toujours montré un bon citoyen. Et il dit "C'est devant le tribunal de César que je me trouve, c'est là que je dois être jugé. Tu sais parfaitement que je n'ai fait aux Juifs aucun tort. Si je suis coupable de quelque méfait digne de mort, je ne refuse pas de mourir. Mais s'il n'y a rien de fondé dans leurs accusations, personne n'a le droit de me livrer à eux. J'en appelle à César!" Alors Festus conféra avec son conseil, puis il répondit: "Tu en as appelé à César, tu iras à César." C'est ainsi que Paul obtenait son "billet" pour aller à Rome.
Le roi Agrippa et Bérénice vinrent visiter Porcius Festus à Césarée, et ils voulurent eux aussi entendre saint Paul. Cet Hérode Agrippa II était de la lignée d'Hérode, fils d'Agripa I, il apparaît dans les chapitres 25 & 26 des Actes. Comme nous l'avons vu plus haut, en Actes 12,21-23, son impie de père, Hérode Agripa I, avait été frappé par l'Ange du Seigneur pour ses innombrables crimes et blasphèmes. Auparavant, il avait fait tuer saint Jacques, frère de saint Jean, et jeté saint Pierre en prison, qui en avait été libéré par l'Ange du Seigneur. A sa mort, le jeune Agrippa II était trop petit pour régner, dès lors la Judée avait retrouvé le statut de province. Contrairement au comportement de son père vis-à-vis de saint Jacques et de saint Pierre, Agrippa II ne condamna pas saint Paul. Il finira en bon collabo' des Romains, les assistant pour leur prise finale de Jérusalem.

Actes 26,1-23. A nouveau interrogé, Paul parla donc à Agrippa II : "maintenant, je suis traduit en jugement pour avoir mis mon espérance dans la promesse faite par Dieu à nos pères, et dont nos 12 tribus, qui servent Dieu sans relâche, nuit et jour, attendent la réalisation. C'est pour cette espérance-là, sire, que je suis accusé par les Juifs." L'espérance en question étant la résurrection d'entre les morts. Il parla aussi du fait qu'il avait auparavant été lui aussi un persécuteur des disciples de Jésus de Nazareth, jusqu'à les condamner à mort. Puis il expliqua, encore une fois, son expérience sur la route de Damas, témoignant de ce que le Christ lui avait dit. Paul insista en disant bien qu'il ne faisait que répéter les propres paroles des prophètes et de Moïse au sujet du Messie. Et Paul de profiter à nouveau de l'auditoire qui lui était offert pour appeler à la conversion - Actes 26,24-32. Comme il parlait ainsi pour sa justification, Festus s'écria: "Tu es fou, Paul! Ton grand savoir te fait déraisonner." Paul répondit: "Je ne déraisonne pas, excellent Festus, je parle le langage de la vérité et de la raison. Le roi est au courant de ces faits et je lui en parle sans ambages. Je ne crois pas qu'il en ignore aucun, car tout cela ne s'est pas fait en cachette." "Roi Agrippa, crois-tu aux prophètes? Oui, je le sais, tu y crois!" Agrippa dit à Paul: "Peu s'en faut que tu me persuades de devenir Chrétien!" Et Paul reprit: "Peu ou beaucoup, plaise à Dieu que non seulement toi, mais tous ceux qui m'écoutent en ce moment, vous deveniez ce que je suis... hormis ces liens!" Alors le roi se leva, ainsi que le gouverneur, Bérénice, et ceux qui siégeaient avec eux. En se retirant, ils se disaient entre eux: "Cet homme n'a rien fait qui mérite la mort ou la prison." Et Agrippa dit à Festus: "On aurait pu le relâcher, s'il n'en avait appelé à César." Mais bien entendu, si Paul n'avait pas fait appel à César, cela aurait fait 2 ans qu'il aurait été tué dans l'embuscade prévue sur la route de Jérusalem..

Actes 27,1-10. Ici, Luc reparle "nous" – il est donc bien présent. Les Romains décidèrent du départ de Paul pour l'Italie, par navire bien entendu. Ils le confièrent donc à la garde du centurion Julius, de la cohorte d'Agusta, lui adjoignant d'autres prisonniers. Et ils firent voile sur un vaisseau d'Adrumentum (Adramytte), qui allait faire du cabotage le long des côtes d'Asie Mineure. Aristarque, un Macédonien de Thessalonique accompagnait Paul et Luc. Arrivés à Sidon, Julius permit à Paul d'aller visiter des amis, qui prirent soin de lui. Puis ils firent voile vers Chypre à cause des vents contraires, les navires de l'époque n'étant pas tous capables de remonter "vent debout." Ce n'était pas "la croisière s'amuse" ni un voyage d'agrément. Et Paul, prisonnier, se montrait plein de prévenance et amical envers ses geôliers et compagnons de galère. Citons tout ce voyage et tentons un peu de nous imaginer à ses côtés.
"Puis, traversant les mers de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes à Myre, en Lycie. Trouvant là un navire d'Alexandrie en partance pour l'Italie, le centurion nous y fit monter. Plusieurs jours durant, la navigation fut lente et pénible jusque devant Cnide, où le vent ne nous permit pas d'aborder. Nous suivîmes alors les côtes méridionales de l'île de Crète vers Salmoné. Ce ne fut qu'après l'avoir longée péniblement que nous vînmes mouiller en un endroit nommé Bons-Ports, voisin de la ville de Lasaïa. Le temps passait, et la navigation devint dangereuse; l'époque du jeûne était déjà révolue. Paul en fit l'observation: "Mes amis, leur dit-il, je vois que la navigation ne pourra se faire sans péril, et sans de graves dommages, tant pour la cargaison et le navire que pour nos propres vies."
Mais le centurion accorda plus de crédit à ce que disaient le pilote et l'armateur qu'à la remarque de Paul. Le port se prêtant mal à l'hivernage, la plupart étaient d'avis qu'on reprît la mer, dans l'espoir de gagner Phénix pour y passer l'hiver; c'est un port de Crète exposé au sud-ouest et au nord-ouest. Un léger vent du sud se mit alors à souffler. Ils se crurent à même d'exécuter leur dessein et, levant l'ancre, ils longèrent au plus près les côtes de Crète. Mais bientôt se déchaîna sur eux, venant de l'île, une impétueuse tornade qu'on nomme Euraquilon. Sans pouvoir tenir tête à l'ouragan, le navire se trouva emporté, et nous nous laissâmes aller à la dérive. Poussés rapidement sur un îlot nommé Cauda, nous réussîmes, à grand-peine, à remonter la chaloupe. On la hissa, puis on fit usage des moyens de secours, en cintrant le navire avec des câbles. Alors, par crainte d'échouer sur la Syrte, on laissa tomber l'ancre flottante et on se laissa aller au gré du vent. Le lendemain, comme la tempête était encore plus violente, on se mit à jeter la cargaison par-dessus bord, et le troisième jour nous y lançâmes de nos propres mains le gréement. Pendant plusieurs jours, on n'aperçut ni le soleil ni les étoiles; la tempête continuait de sévir avec rage, au point que tout espoir de salut s'évanouit. Depuis tout un temps, personne n'avait mangé. Alors Paul, au milieu d'eux, intervint: "Mes amis, dit-il, il aurait fallu m'écouter, et ne pas quitter la Crète. Cela nous aurait évité ces périls et ces dégâts. Cependant, je vous engage à prendre courage; aucun de vous ne périra; seul le vaisseau sera perdu. Cette nuit, un ange du Dieu à qui j'appartiens et que je sers m'est apparu et m'a dit: Paul, ne crains pas, tu dois comparaître devant César; et voici que Dieu t'accorde la vie de tous ceux qui naviguent avec toi. - Donc, mes amis, courage! J'ai confiance en Dieu qu'il en sera comme il m'a été dit. Et il nous faut échouer sur une île." Nous en étions à la quatorzième nuit, entraînés dans l'Adriatique, quand, vers minuit, les marins pressentirent l'approche d'une terre. Ils jetèrent la sonde et trouvèrent vingt brasses; un peu plus loin ils la jetèrent encore et n'en trouvèrent plus que 15. Dans la crainte de nous voir donner contre des brisants, ils mouillèrent 4 ancres à la poupe, en appelant de tous leurs voeux la venue du jour. Les marins cherchèrent à fuir. Déjà, sous prétexte de jeter des ancres à la proue, ils commençaient de mettre la chaloupe à flot. Mais Paul dit au centurion: "Si ces hommes ne restent pas sur le navire, il n'y a pas de salut pour vous." Alors les soldats tranchèrent les amarres de la chaloupe et la
laissèrent tomber."
Ils se décident enfin à faire confiance à Paul... et ils suivent son conseil....

Actes 27,33-38 "En attendant le lever du jour, Paul encouragea tout le monde à manger. "Voilà, dit-il, 14 jours de suite que vous êtes à jeun, sans avoir rien pris. Je vous engage donc à manger, il y va de votre vie. Mais personne d'entre vous ne perdra un cheveu de sa tête." Ayant ainsi parlé, il prit du pain et devant tous il rendit grâce [evcaristèsen] à Dieu; puis il le rompit et se mit à manger. Et tous, reprenant courage, mangèrent aussi. Nous étions en tout 276 personnes à bord. Quand on eut mangé suffisamment, on allégea le navire en jetant le froment à la mer."
Il rendit grâce à Dieu – c'est le terme usuel rendu par Eucharistie.. 276 personnes étaient sur ce navire, dans les conditions de vie que vous pouvez imaginer. Comment garder si longtemps hygiène et nourriture acceptable pour autant de monde dans un navire de l'époque? Impossible. Et pourtant, il faut faire confiance, et Paul les encourage à faire confiance en Dieu, contre toute évidence. Et Paul rend grâce, et selon toute probabilité, donne le Pain de Vie, la seule vraie nourriture. Je peux me tromper, mais en tout cas, c'est bien le terme consacré pour cette action sacramentelle tout au long des Actes.

Actes 27,39-44. "Le jour vint. Les marins ne reconnurent pas la côte, mais, remarquant une baie avec une plage de sable, ils résolurent, si possible, d'y faire échouer le navire. On détacha donc les ancres qui furent abandonnées à la mer, on
relâcha en même temps les attaches des gouvernails, la voile d'artimon fut mise au vent, et ils se laissèrent porter vers le rivage. Mais ils touchèrent un haut-fond, et le navire s'y engagea. La proue enfoncée resta immobile, tandis que la poupe commençait à se disloquer sous la violence des flots. Les soldats furent alors d'avis de supprimer les prisonniers, de peur que l'un d'eux ne vînt à s'échapper à la nage. Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les empêcha de mettre leur dessein à exécution. À tous ceux qui savaient nager il donna l'ordre de se jeter à l'eau les premiers et de gagner la terre. Les autres l'atteindraient soit sur des planches soit sur des épaves du navire. C'est ainsi que tous parvinrent à terre sains et saufs." Le centurion a plus que quiconque d'autre compris qui était Paul. Qui surtout vivait en Paul. Et quelle puissance Celui qui est en Paul avait, même sur les éléments en furie.

Actes 28,1-6. Les survivants avaient touché terre sur l'île de Malte, où ils furent accueillis par les habitants, qui les rassemblèrent autour d'un grand feu, parce qu'il faisait froid et qu'il pleuvait. Paul ramassa des morceaux de bois pour les jeter dans le feu, et une vipère sorti du fagot et le mordit, restant accrochée à sa main. Les étrangers pensaient que Paul était un meurtrier qui avait réchappé à la mer mais qu'une vengeance divine allait punir. Paul secoua le serpent au dessus du feu et n'en souffrit pas plus que ça. Les gens s'attendaient à voir la main gonfler et Paul mourir, mais il n'en fut rien. Alors ils prirent Paul pour un dieu...

fresque de Canterbury, saint Paul mordu par le serpent sur Malte
Saint Paul mordu par la vipère
crypte de la cathédrale de Canterbury
photo de notre pèlerinage aux saints Orthodoxes du Kent (29 juillet 2005)


Actes 28,7-11. Le chef de l'île qui était propriétaire du lieu où les naufragés avaient aboutis s'occupa d'eux pendant 3 jours. Il s'appelait Publius et son père était très malade, probablement une dysenterie sanglante. Paul entra chez lui, pria, lui imposa les mains, et aussitôt le malade fut guérit. La nouvelle se répandit vite et tous les malades de l'île accoururent auprès du thaumaturge Paul. Luc dit qu'ensuite, ils furent couverts d'honneurs et de dons par les insulaires, et lors de leur départ, ils reçurent tout ce dont ils avaient besoin pour le voyage. Trois mois plus tard, un navire d'Alexandrie qui avait hiverné sur l'île les prit à son bord. Ce sont probablement les insulaires qui ont acheté le droit d'embarquer pour Paul et ses compagnons de voyage.

Actes 28,12-31 nous raconte la suite et la fin du voyage : Paul est "au bout du monde", à savoir la capitale de l'empire, Rome. Le citoyen a fait appel à son empereur, à l'époque il s'y trouvait encore parfois, quoique résidant de préférence dans d'autres villes que ce cloaque insalubre qu'était devenue Rome. Paul s'y trouvera en résidence surveillée et liberté relative. Il n'y rencontrera bien entendu pas Pierre, qui n'y était pas encore venu, mais la communauté, l'Église du Christ qui est à Rome, le connaissant par les récits des pèlerins et par la lettre qu'il leur avait adressée, viendra le visiter. Et il prêchera, aux Juifs comme aux païens, et renforcera dans la Foi l'Église locale...
"Au bout de trois mois, nous montâmes à bord d'un navire d'Alexandrie qui avait hiverné dans l'île. Ce vaisseau portait pour enseigne les Dioscures. Nous fîmes escale à Syracuse, où nous demeurâmes 3 jours. De là, en suivant la côte, nous atteignîmes Reggio. Le jour suivant, le vent du sud souffla, et en deux jours nous arrivâmes à Pouzzoles. Nous y trouvâmes des frères et nous eûmes le réconfort de demeurer une semaine avec eux. Ensuite nous partîmes pour Rome. Les frères de Rome étaient prévenus de notre arrivée: ils vinrent à notre rencontre jusqu'au Forum d'Appius et aux
Trois-Tavernes. Paul, en les voyant, rendit grâce à Dieu et se sentit plein de confiance. Quand nous fûmes arrivés à Rome, Paul obtint l'autorisation d'habiter à domicile avec un soldat de garde. Trois jours après, il convoqua les Juifs notables, et quand ils furent réunis, il leur dit: "Frères, sans avoir rien fait, ni contre le peuple, ni contre les traditions de nos pères, j'ai été arrêté à Jérusalem et livré aux mains des Romains. Après avoir instruit ma cause, ils ont voulu me relâcher parce que je n'avais rien fait qui méritât la mort. Mais les Juifs s'y sont opposés; et je me suis vu contraint d'en appeler à César, sans avoir toutefois le dessein d'accuser ma nation. C'est pour ce motif que j'ai souhaité vous voir et vous parler: car c'est à cause de l'espérance d'Israël que je suis chargé de cette chaîne." Ils lui répondirent: "Nous n'avons reçu de Judée aucun message à ton sujet; aucun des frères qui en sont revenus ne nous a fait de rapport, ni donné d'information fâcheuse sur ton compte. Mais nous voudrions t'entendre toi-même exposer ton point de vue; car, pour ce qui est de cette secte, nous savons tous qu'elle rencontre partout de l'opposition." Ils prirent jour avec lui, et vinrent encore plus nombreux le trouver à son logis. L'entretien dura depuis le matin jusqu'au soir: il leur exposa le Royaume de Dieu, apportant sans discontinuer des témoignages destinés à les persuader de ce qui concerne Jésus, en se fondant sur la Loi de Moïse et les Prophètes. Les uns se laissèrent persuader par ses paroles, tandis que d'autres restaient incrédules. Ils se retirèrent sans avoir pu se mettre d'accord, ne recevant de Paul que cette réflexion: "C'était bien vrai ce que l'Esprit-Saint fit entendre à vos pères par la bouche du prophète Isaïe: 'Va vers ce peuple et dis-lui: Vous entendrez de vos oreilles sans pouvoir comprendre; vous regarderez de vos yeux sans voir. Le coeur de ce peuple s'est épaissi: leurs oreilles sont dures pour entendre; ils ont fermé les yeux, de peur de voir de leurs yeux, d'entendre de leurs oreilles, de comprendre dans leur coeur et qu'alors ils ne se convertissent et que Je ne les guérisse' [Is 6,9-10; Mt 13,14-15; Mc 4,12; Lc 8,10; Jn 12,40; Rom 11,8]. Sachez-le donc: ce Salut de Dieu est maintenant porté chez les païens; eux l'écouteront." Lorsqu'il eut ainsi parlé, les Juifs s'en allèrent en discutant entre eux avec beaucoup d'animation. Paul demeura 2 années entières dans l'appartement qu'il avait loué. Il accueillait quiconque venait le trouver. Il prêchait le Royaume de Dieu et enseignait en toute liberté, sans qu'on lui créât de difficulté, ce qui concerne le Seigneur Jésus Christ."

Les Actes d'Apôtres et les éléments contenus dans les Épîtres du Nouveau Testament ne nous en apprendrons pas plus.
A partir de ce moment-là, où saint Paul a accompli ce qui était demandé aux Apôtres à la fin de l'Évangile (la fameuse "inclusion"), c'est la Tradition vivante de l'Église qui nous rapporte la suite.

On sait par exemple qu'en 135, les martyrs de Carthage furent condamnés pour le seul tort de posséder neuf (9) lettres de saint Paul – mais pas d'autre livre du NT. On ne sait pas quelles épîtres, mais cela donne une idée de l'importance de Paul dans l'Église primitive. Sa vie a aussi été répétée, comme exemplative. C'est grâce à ça que ce qui s'est déroulé après les derniers détails donnés par Luc nous est connu.
Par exemple chez Eusèbe Pamphilus, évêque de Césarée, dans son second livre de son Histoire Ecclésiastique. Tous les historiens en parleront, jusque fort tard, avec saint Syméon Métaphrastes. Voici un résumé de ce qu'ils en disent.

Après 2 ans en résidence surveillée, Paul fut relaxé. Il quitta Rome pour aller visiter des Églises qu'il avait déjà établies. Pendant 10 ans à peu près, il oeuvrera ainsi à Rome, en Italie et ailleurs en Occident, Espagne, Gaules.. En Espagne, il convertit une femme appelée Xanthippe et son mari Probus, un miracle ayant confirmé sa prédication. Toute la maisonnée se fera baptiser.



Saint Luc continua à rester auprès de saint Paul. Il est considéré qu'il a dû mettre à ce moment-là par écrit ses Actes.
Pendant cette période, l'empereur Néron, aussi fou que cynique, commença à persécuter les Chrétiens à Rome. Pas par conviction païenne, mais parce que des boucs émissaires, il en avait besoin, vu certaines de ses folies. L'Apôtre Paul était entre-temps revenu à Rome, prêchant dans la communauté. On a vu dans l'étude sur le premier "pape" de Rome quel était, de manière historiquement fondée, la succession des premiers presbytres responsables de cette Église-là et le rôle-clé que Paul y avait tenu, bien avant l'arrivée de Pierre. Je renvoie à cette étude :
http://stmaterne.blogspot.com/2007/06/saint-pierre-til-t-le-premier-pape-de.html

Repassant la vie de Paul dans la Tradition, il n'est pas permis de passer sous silence un détail étrange qui nous est transmis par saint Clément d'Alexandrie, Stromates III, 52-53, et qu'Eusèbe de Césarée reprend au livre III, chapitre 30, de son Histoire Ecclésiastique :

XXX. LES APÔTRES QUI ONT VÉCU DANS LE MARIAGE
Cependant, Clément, dont nous venons de lire les paroles, énumère à la suite de ce qui vient d'être dit, ceux des Apôtres qui ont vécu dans le mariage, à cause de ceux qui condamnent les noces.
"Est-ce qu'ils repousseront aussi les Apôtres? Pierre en effet et Philippe ont eu des enfants. Philippe a même donné ses filles (en mariage) à des hommes. Et Paul n'hésite pas, dans une épître, à saluer sa compagne qu'il n'avait pas emmenée avec lui, pour la commodité de son ministère [*]."
Puisque nous rappelons ces choses, il ne nous déplaît pas de rapporter un autre récit, digne d'être raconté, dû au même écrivain : il l'a exposé, dans le septième Stromate, de la manière suivante :
"On dit donc que le bienheureux Pierre, voyant sa femme conduite au dernier supplice, éprouva de la joie à cause de son appel et de son retour à la maison, et qu'il l'encourageait et la consolait en l'appelant par son nom et en disant : Une telle, souviens-toi du Seigneur! Tel était le mariage des bienheureux et les dispositions parfaites de ceux qui s'aimaient le plus." Ce récit était conforme à mon dessein présent : je l'ai placé ici selon l'opportunité.




en anglais


[*] 1 Corinthiens 9,5;12 : "N’avons-nous pas le droit d’emmener avec nous une épouse croyante, comme les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? [..] Si d’autres ont ce droit sur vous, ne l’avons-nous pas davantage? Cependant nous n’avons pas usé de ce droit. Nous supportons tout au contraire pour ne pas créer d’obstacle à l’Évangile du Christ."

Il est nécessaire de revenir à la plus ancienne des épîtres pauliniennes, selon les érudits c'est la première aux Thessaloniciens. L'eschatologie qu'il y développe est claire : le Christ va revenir "demain matin au plus tard." Pourquoi perdre son temps à des choses humaines, autant rester là à attendre, Il arrive. Mais par la suite, on voit que cette compréhension très limitée des Paroles du Christ, aura radicalement changé. Certains sont déjà morts, et le Christ n'est pas encore revenu : 1 Corinthiens 11:30. Et pourtant, quelle hymne à la Résurrection qui suit quelques chapitres après : 1 co 20-28! Le Royaume est inauguré, mais pas encore visiblement. Déjà là et pas encore là. Toute la théologie de la tension eschatologique est en cours d'élaboration, de maturation. On ne peut pas rejeter le témoignage de saint Clément d'Alexandrie sous prétexte d'un développement ultérieur exclusivement pro-monastique dans certaines parties de l'Église (un problème que saint Clément évoquait déjà, voir la citation). Ce témoignage patristique n'a été contredit par aucun des Pères de son époque. Et il a été repris par Eusèbe, sans qu'une contradiction sur ce point ne soit connue. Donc ce mariage de Paul est au minimum possible. D'autres Apôtres l'étaient, eux aussi missionnaires, donc c'est possible. Et sa propre première épître aux Corinthiens laisse peu de toute à cet égard.

On pourrait objecter que Paul a "tout reçu," la "science infuse" en quelque sorte, qu'il n'y aurait donc pas d'évolution entre les épîtres, quelle que soit leur date de composition et les expériences de vie et de Foi que Paul avait vécues entre-temps. C'est nier son évolution dans la compréhension de la Foi. C'est nier sa constante recherche, son aspiration à être toujours plus près du Christ, son approfondissement du sens des prophéties de l'Ancienne Alliance. Or cette évolution, c'est bien apostolique et patristique – Rom. 1,17 "Car en lui la justice de Dieu se révèle de la foi à la foi, comme il est écrit: Le juste vivra de la foi." Saint Photius le Grand explique que le Juste commence par la foi volontaire, basique, et qu'elle est perfectionnée et accomplie selon la divine révélation. Pour Photios, la phrase de Paul signifie que l'homme continuera à vivre de la Foi, mais en s'améliorant. Il parle de 2 niveaux de Foi du Chrétien. Le niveau de base, et le niveau supérieur, qu'il reçoit par l'inspiration divine (ellampsis), au fur et à mesure qu'il fait des progrès spirituels.


Ravenne

Revenons à saint Paul à Rome. Il se retrouva à nouveau jeté en prison. Seul Luc resta près de lui à l'époque, période si terrible qu'il écrira (2 Tim. 4,6; 10-11) qu'il se sentait comme l'agneau promis à l'abattoir. S'il est probable que Luc assista au martyre de Paul (et Pierre?) à Rome, il n'y fut pas lui-même martyrisé, c'était pour beaucoup plus tard.


Les Apôtres saints Pierre et Paul devant Néron à Rome
mosaïque, Monreale, Sicile, 12ème siècle


Au cours de sa vie terrestre, Paul aura beaucoup souffert. Dans sa seconde épître aux Corinthiens, il aura donné un récapitulatif de tout ce qu'il aura enduré pendant sa mission (2 Co 11,23-28): "Ils sont les ministres du Christ? Je vais dire une folie: moi, je le suis plus qu'eux. Plus qu'eux par les travaux, plus qu'eux par les emprisonnements, infiniment plus qu'eux par les coups. Souvent j'ai vu la mort de près. Cinq fois, j'ai reçu des Juifs les 40 coups de fouet moins un [Deut 25,8]; 3 fois, j'ai été battu de verges [Actes 16,22], une fois lapidé [Actes 14,18]; 3 fois j'ai fait naufrage [Actes 27,41], j'ai passé un jour et une nuit dans l'abîme. Des voyages sans nombre, les dangers sur les rivières, les dangers des brigands, les dangers de la part de ceux de ma race, les dangers venant des païens, les dangers en ville, les dangers des déserts, les dangers de la mer, les dangers des faux frères. Labeurs, fatigues, veilles répétées, la faim, la soif, les jeûnes fréquents, le froid, le dénuement! Et sans parler de tout le reste, mon souci de tous les jours, la sollicitude de toutes les Églises!"

A côté du saint Paul missionnaire infatigable, il y a le "mystique", terme galvaudé en Occident déchu. En 2 Corinthiens 12,2-4, il nous dit qu'il connaît "un homme qui a été enlevé au 3ème Ciel".. certains pensent qu'il parle de saint Jean le Théologien, Apôtre et Évangéliste, quand il rédigea son Apocalypse, mais si les anciens éléments de ce livre ont été composés assez tôt, l'ensemble est plutôt tardif, et saint Jean a vécu bien plus vieux que saint Paul. Par contre, avec cette humilité caractéristique de nos Apôtres, et si absente de nos jours, il est plus probable qu'il parlait de lui. Car en général il ne parle de lui qu'en termes peu glorieux, cfr 2 Co 12,5 : "Pour cet homme-là, je me vanterai; mais pour moi-même je ne me vanterai que de mes faiblesses." Et de poursuivre, jusqu'au verset 12 : "en fait, si je voulais me vanter, je ne ferais pas le fou, car je ne dirais que la vérité. Mais je m'abstiens: on pourrait se faire de moi une idée supérieure à ce qu'on voit en moi, ou à ce qu'on entend dire de moi. D'ailleurs, de peur que l'excellence de ces révélations ne vînt à m'enfler d'orgueil, il m'a été mis une écharde dans la chair [stigmata], un ange de Satan, pour me souffleter et m'empêcher de m'enorgueillir. Trois fois, j'ai prié le Seigneur de l'écarter de moi. Mais il m'a dit: "Ma grâce te suffit; c'est dans la faiblesse que Ma puissance donne toute Sa mesure." Je préfère donc me vanter de mes faiblesses, afin qu'habite en moi la puissance du Christ. Ainsi, je me complais dans les faiblesses, les outrages, la détresse, les persécutions, les angoisses, tout ce que j'endure pour le Christ. Car quand je suis dans la faiblesse, c'est alors que je suis fort."

Les historiens de l'Église ont rapporté ses souffrances, tels Gaius, Zéphirin évêque de Rome, et Denys évêque de Corinthe, étant d'avis qu'il a été martyrisé ensemble avec saint Pierre le 29 juin de l'an 67, en la 13ème année du règne de l'empereur Néron après avoir été tous 2 détenus dans une prison appelé Mamertine. Ils se seraient dit adieu hors de la ville. D'autres, tels saint Sophrone I de Jérusalem, saint Justin et saint Irénée de Lyon, pensent que saint Paul aurait été martyrisé un an après saint Pierre, mais aussi le 29 mai. Ils disent que saint Paul en aurait mis beaucoup en colère à force de prêcher aux femmes et aux vierges de mener une vie chaste, en contraste avec la débauche ambiante. Pierre fut crucifié sur le mont Janicule. Paul, étant citoyen romain, fut décapité, conformément à la loi romaine. L'exécution eut lieu sur la Via Ostia, et son corps fut enterré sur le lieu de son martyre.



Marchant vers son martyre, saint Paul guérit une femme nommée Perpétue, qui était aveugle de son oeil droit. Il lui aurait dit "femme, donne-moi ton mouchoir, et quand je reviendrai, je te le rendrai," ce qui déclencha l'hilarité des soldats. Une fois qu'ils eurent exécuté Paul, ils posèrent ce mouchoir sur son visage. Mais miraculeusement, le mouchoir sanguinolant se retrouva dans la main de Perpétue, elle en frotta son oeil et fut guérie. Les soldats, repassant devant elle, la voyant guérie, crurent alors aussi en Jésus-Christ, disant "Il est grand, le Dieu que Paul prêchait!" L'empereur Néron ordonna de les faire tous exécuter, chacun différemment : décapitation, lapidation, écartèlement, pendaison, noyade et écorché vif. Perpétue glorifia hautement le Christ et fut aussi martyrisée : un poids lourd lui fut attaché au cou et elle fut jetée dans le Tibre à Rome.



Et que sont devenues les saintes reliques de Paul?
Décembre 2006 : La tombe de saint Paul exhumée à Rome - des archéologues ont extrait le sarcophage caché depuis 1700 ans




Saint Paul, prie Dieu pour nous!



Saint Paul
détrempe sur bois
détail d'une iconostase du monastère Sainte-Catherine du Sinaï