Au sujet des morts, nous ne voulons pas frères, que vous soyez dans l'ignorance, afin que vous ne vous affligiez pas, comme le font les autres hommes, privés d'espérance. Si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, il nous faut croire aussi que Dieu emmènera avec Lui ceux qui sont morts en appartenant à Jésus. Voici ce que, d'après la Parole du Seigneur, nous vous déclarons: lors de l'avènement du Seigneur, nous, les vivants qui serons encore là, nous ne devancerons pas les morts. Au signal donné, à la voix d'un Archange, au son de la trompette de Dieu, le Seigneur Lui-même descendra du Ciel, et ceux qui sont morts dans le Christ ressusciteront les premiers. Ensuite, nous, les vivants
qui serons encore là, nous serons enlevés ensemble avec eux sur les nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs. Ainsi, pour toujours, nous serons avec le Seigneur.
Évangile: saint Jean 5, 24-30
[Jésus rajoute] En vérité, en vérité Je vous le dis, celui qui écoute Ma parole et croit à Celui qui M'a envoyé, a la vie éternelle, et il échappe à la condamnation: il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité Je vous le dis, l'heure vient, et c'est maintenant, où les morts vont entendre la voix du Fils de Dieu, et ceux qui l'auront écoutée vivront. Car, tout comme le Père dispose de la vie, ainsi a-t-Il donné au Fils d'en disposer aussi, et Il Lui a donné le pouvoir d'exercer le Jugement, parce qu'Il est le Fils de l'Homme. Ne vous étonnez pas si l'heure vient où tous ceux qui gisent dans la tombe en sortiront au son de Sa voix: ceux qui ont fait le bien ressusciteront pour la vie, ceux qui ont fait le mal ressusciteront pour la damnation. De moi-même, Je ne puis rien faire: Je juge d'après ce que J'entends; et Mon Jugement est juste, parce que Je ne veux pas faire Ma volonté, mais la volonté de Celui qui M'a envoyé.
(Lecture ci-après adaptée de la page de l'archidiocèse grec-orthodoxe des Amériques)
Tropaire / Apolytikion des défunts, ton 4
Ô Toi seul Artisan, qui dans Ta profonde Sagesse et Ton Amour de l'homme, disposes de toutes choses, fais reposer les
âmes de Tes serviteurs, car en Toi ils ont mis leur espérance. Toi l'Auteur, le Seigneur, le Créateur, notre Dieu.
Kondakion des défunts, ton 4
Fais reposer avec les Saints, Ô Christ, l’âme de Ton serviteur, là où il n’y a ni douleur, ni tristesse, ni gémissement, mais une vie sans fin. Toi seul es immortel, Toi qui as créé et façonné l’homme. Mortels, nous avons été formés de la terre et à la terre nous retournerons, ainsi que Tu l’as ordonné, Toi qui as dit : Terre tu es, et à la terre tu retourneras. Transformons les sanglots funèbres en chant de louange : Alléluia, Alléluia, Alléluia!
Lecture (d'après les Synaxaires):
L'Église a reçu des saints Apôtres la coutume de prier pour les défunts, le 3ème, le 9ème et le 40ème jour après leur décès (Constitutions Apostoliques 8,42). En outre, chaque samedi est consacré à la mémoire des saints et des défunts, l'Église rendant grâces à Dieu pour les saints et le suppliant en faveur des défunts.
Depuis que beaucoup, à travers les siècles, à cause d'une mort imprévue dans un lieu éloigné, ou d'autres circonstances adverses, sont morts sans avoir bénéficié des offices de funérailles prévus, les saints Pères, poussés par leur amour pour l'humanité, ont décrété qu'une commémoration commune devrait être faite en ce jour, veille du Dimanche du Jugement Dernier, en faveur de tous les pieux Chrétiens Orthodoxes qui se sont endormis dans la mort au fil des temps, de sorte que ceux qui n'ont pas eu de funérailles particulières puisse être inclus dans cet Office commun. De plus, l'Église du Christ nous enseigne qu'il nous faut faire l'aumône aux pauvres en faveur des parents défunts, comme mémorial pour ces derniers.
Pourquoi le samedi et non pas comme en Occident n'importe quel jour tombant le 2 Novembre (*)? C'est parce que le samedi, ou sabbat en hébreu, est le jour du repos par excellence. Or nous confessons que les défunts attendent dans le repos le jour de la juste rétribution. Le Christ S'est reposé de toutes Ses oeuvres dans le Sépulcre le jour de Sabbat et c'est ce jour qu'annonçait l'Écriture en disant que le Seigneur S'est reposé le septième jour. Dimanche étant consacré au retour du Christ et au Jugement dernier, la sainte Église supplie Dieu en ce jour de samedi, pour tous les défunts et surtout pour ceux qui, nombreux, sont morts en mer, dans les terres lointaines, ont péri dans les cataclysmes, dans les cavernes et les antres de la terre et n'ont pas eu de service de funérailles. Tous les défunts attendent dans le repos provisoire le jour fixé où Dieu jugera le monde selon la justice, par l'homme qu'Il a désigné, ce dont Il a donné à tous une preuve certaine en le ressuscitant des morts" (Ac 17,31). Voir aussi Hébreux 11,39-40.
C'est ainsi que 4 fois l'année, le samedi qui précède le dimanche du Carnaval, de même que celui qui précède le dimanche des Laitages, également le premier samedi du Grand Carême et le samedi qui précède le dimanche de la Pentecôte, les saints Pères ont commandé de célébrer solennellement la mémoire des défunts.
Il y a encore une raison à la célébration en ce samedi-ci : la mémoire de tous les défunts rappelle en ce temps de Carême que la mort est commune à tous les hommes. C'est comme un appel à la pénitence, car comme le dit le saint Apôtre Pierre dans sa seconde épître: "Le Seigneur sait délivrer de l'épreuve les hommes pieux et réserver les impies pour être punis au jour du Jugement" (2 Pierre 2,9).
*-*-*-*
(*) fête occidentale d'origine monastique, instaurée par saint Odilon de Cluny pour les monastères clunisiens, lieux où les défunts étaient déjà commémorés régulièrement. Ce n'est que très longtemps après le Schisme des Occidentaux, en 1915, que leur chef Benoît 15 repiquera cette commémoration pour la rendre obligatoire dans ses succursales, mais détachée de la théologie qui la fondait. Car pas plus que les pères de l'Occident Orthodoxe, saint Odilon ne connaissait de "lieu intermédiaire" tel ce fumeux "purgatoire," ces soi-disant "trésors de mérites" que les gens pourraient récolter en payant, etc.. il fallait le rappeler, car sur ce point aussi, il n'existe pas le moindre début de retour à la Foi chez les pontes vaticanistes, rien qui puisse les ramener dans la communion salutaire de l'Église, et leur rendre la grâce perdue...
Les défunts sont commémorés par un Office spécial appelé "samedi des âmes," célébré 4 fois par an : les 2 samedis précédant le Grand Carême, le premier samedi du Grand Carême, et le samedi avant la Pentecôte. Les Orthodoxes croient qu'il est du devoir des vivants de se souvenir et de prier pour les défunts. Une prière générale est prononcée pour les personnes spécifiques, et pour toutes les âmes inconnues qui n'ont personne pour prier à leur mémoire. Les paroissiens apportent de petits plats de "kollyva" à l'église (plats de blé cuit mêlé à des épices, sucre, raisins, etc), et remettent une liste des prénoms de leurs bien-aimés défunts au prêtre.
Homélie sur les défunts (saint Augustin d'Hippone)
"Les soins apportés à l'ensevelissement, le choix de la sépulture, l'apparat des obsèques sont plutôt une consolation pour les vivants qu'un profit pour les morts. Il ne faut cependant pas pour autant mépriser et abandonner les corps des défunts, surtout ceux des justes et des fidèles, dont l'esprit s'est servi saintement, comme d'organes et d'instruments pour toutes les bonnes oeuvres. Car si l'habit et l'anneau d'un père et les autres objets de ce genre sont d'autant plus chers aux descendants que leur amour filial est plus grand, on ne peut absolument pas dédaigner les corps eux-mêmes, unis à nous plus intimement et plus étroitement que n'importe quel vêtement. Ils ne font pas partie des ornements ou des instruments que nous nous ajoutons du dehors, mais de la nature même de l'homme. Aussi s'occupait-on avec une piété empressée des funérailles des justes d'autrefois, de la célébration de leurs obsèques, de la préparation de leur tombeau; et eux-mêmes, durant leur vie, avaient ordonné à leurs enfants d'ensevelir ou même de transférer leurs corps.
Témoigné aux défunts par des fidèles qui leur sont chers, un amour qui se souvient et qui prie est certainement profitable à ceux qui, durant leur vie corporelle, ont mérité que de telles choses leur soient utiles après cette vie. Mais si, par nécessité, il n'y a aucun moyen d'ensevelir les corps, ou de les inhumer dans les lieux saints, il ne faut pourtant pas oublier les supplications pour les âmes des morts. Pour tous ceux qui sont morts dans la communion Chrétienne, la sainte Église a pris sur elle de faire ces prières, même sans mention de noms particuliers, dans une commémoration générale, afin qu'à ceux qui n'ont pour cet office ni parents ni enfants ni proches ni amis, ce service soit rendu par la tendre Mère de tous. Mais si l'on omettait ces supplications d'une foi et d'une piété bien profondes, pour les défunts, je pense qu'il ne servirait de rien à leurs esprits d'avoir leurs cadavres ensevelis dans des lieux saints.
Cela étant, ne pensons pas atteindre les morts dont nous prenons soin, autrement que par les solennelles supplications des sacrifices de l'Autel, des prières ou des aumônes, bien qu'ils ne profitent pas à tous ceux pour qui on les fait, mais à ceux-là seuls qui en ont, durant leur vie, mérité le profit. Toutefois, comme nous ne les connaissons pas, il faut faire ces choses pour tous les Baptisés, afin que pas un de ceux que ces bienfaits peuvent et doivent atteindre, ne soit oublié. Ils seront superflus à ceux auxquels ils ne peuvent ni servir ni nuire; cela vaut mieux que s'ils faisaient défaut à ceux auxquels ils doivent profiter. On accomplit cependant ces choses avec plus d'empressement pour ses proches, afin de les obtenir des siens à son tour. Maintenant, tout ce que l'on consacre à l'inhumation du corps n'est pas une aide pour le Salut, mais un devoir d'humanité imposé par cet amour qui défend de détester sa propre chair. Aussi doit-on se soucier le plus possible de la chair de son proche, quand celui qui la portait est parti. Et si ceux qui ne croient pas à la résurrection de la chair agissent ainsi, combien plus doivent le faire ceux qui y croient : pour que ce devoir, rendu au corps qui est mort mais appelé à ressusciter et à demeurer dans l'éternité, soit comme un témoignage de cette foi."
extrait de "sur les devoirs envers les morts," ch. 2, 3, 4 et 18.
Saint Jean Chrysostome : Sur la mort du pécheur, le vrai deuil, les vrais sujets de larmes, les aumônes utile aux morts et les offrandes pour les défunts.
4. Comprendrez-vous enfin qu'il n'y a pas là un sujet de larmes? Ce mystère est la plus grande marque de la sagesse de Dieu. Comme on abandonne une maison, ainsi fait l'âme, pressée de se réunir à son Seigneur. Et vous êtes dans le deuil? Il fallait donc pleurer à la naissance de l'enfant, car la dernière naissance est bien plus heureuse. L'âme s'en va vers une autre Lumière; elle s'échappe comme d'une prison; elle retourne comme on revient, d'un combat. Sans doute, m'objectera-t-on, mais vous parlez des justes; et que t'importe, ô homme? auprès des justes éprouves-tu ce que je dis ? Eh bien, dites-moi, que peut-on reprocher à l'enfant, au petit enfant? Pourquoi votre deuil pour le nouveau baptisé, car, pour celui-ci encore, la condition est la même? Pourquoi donc votre deuil? Ne voyez-vous pas que c'est comme un pur soleil qui s'élève? Que l'âme pure, quittant son corps, est une lumière brillante? L'empereur, faisant son entrée dans la ville, ne mérite pas le silence de l'admiration autant que l'âme rejetant son corps pour s'en aller avec les Anges. Réfléchissons donc sur l'âme, sur le saisissement, sur l'admiration, sur la volupté qu'elle éprouve. Pourquoi votre deuil, encore une fois? Ne pleurez-vous donc que sur les pécheurs? Plût au Ciel qu'il en fût ainsi! Je ne l'empêcherai pas ce deuil-là; plût à Dieu que telle en fût la cause! De là les larmes apostoliques; de là les larmes du Seigneur. Jésus aussi, Jésus pleura sur Jérusalem. Je voudrais que ce fût à ce caractère qu'on reconnût le deuil. Mais lorsqu'aux exhortations qu'on vous adresse, vous n'opposez que des mots, l'habitude, les liaisons rompues, la protection qui vous est enlevée, vous ne parlez pas du vrai deuil, je ne vois là que des prétextes. Faites le deuil du pécheur, versez sur lui des larmes; et moi aussi, j'en verserai avec vous, j'en verserai plus que vous, d'autant qu'il est plus exposé aux châtiments, le pécheur; et moi aussi, je me lamenterai, et de mes lamentations je vous dis la cause, et ce n'est pas vous seulement qui devez pleurer le pécheur, mais la cité tout entière et tous ceux que vous rencontrez, comme vous pleurez sur les malheureux que l'on mène à la mort, car c'est la réalité, c'est une mort sinistre que celle des pécheurs. Mais toutes les idées sont confondues. Voilà le deuil que commande la sagesse, qui est un grand enseignement, l'autre n'est que faiblesse, pusillanimité. Si nous sentions tous le vrai deuil, nous corrigerions les vivants. Si l'on vous donnait des remèdes contre la mort qui frappe les corps, vous ne manqueriez pas d'y recourir; si vous saviez pleurer la mort du pécheur, vous l'empêcheriez, vous l'écarteriez, et de vous, et de lui.
Mais, ce que nous voyons c'est une énigme; nous pourrions empêcher cette mort, nous ne l'empêchons pas; et, quand elle arrive, nous nous livrons au deuil. O hommes, vraiment dignes d'être pleurés, quand ils se présenteront au tribunal du Christ, quelle parole entendront-ils, quel traitement leur faudra-t-Il subir? C'est en vain qu'ils ont vécu, ou plutôt non, ce n'est pas en vain, mais c'est pour leur malheur. Il convient de dire, en parlant d'eux : "Il eut mieux valu pour eux de ne pas être nés " (Marc 14, 21.) Car quelle utilité pour eux, répondez-moi, d'employer tant de temps pour assurer le malheur de leurs têtes? S'ils n'avaient fait que le perdre, la perte ne serait pas si grande. Répondez-moi : qu'un mercenaire dissipe 20 ans de sa vie en labeurs inutiles, ne le verrez-vous pas se lamenter et gémir? Ne paraîtra-t-il pas le plus misérable de tous les hommes? Eh bien, voici un pécheur qui a dissipé, sans profit, sa vie entière; il n'a pas vécu un seul jour pour lui; il a tout livré aux plaisirs, à la luxure, à la cupidité, au péché, au démon; ne devons-nous pas le pleurer? Répondez-moi. N'essaierons-nous pas de l'arracher à ses dangers? Car nous pouvons, oui, nous pouvons, nous n'avons qu'à le vouloir, alléger son châtiment. Prions pour lui sans cesse, faisons l'aumône. Quand ce pécheur serait indigne, Dieu nous exaucera. Si en faveur de Paul, Il a sauvé des pécheurs; si en faveur des uns Il fait grâce aux autres, pourquoi, par égard pour nous, ne le ferait-Il pas? Faites-vous des richesses de votre prochain, de vos propres richesses. des ressources de qui vous voudrez, un moyen de secours; versez l'huile goutte à goutte, ou plutôt épanchez l'eau en abondance. Un tel n'a pas les moyens de faire l'aumône? Qu'il puisse au moins avoir pour lui les aumônes de ses parents; il ne peut pas se prévaloir des aumônes qu'il a faites? Qu'il montre au moins les aumônes faites pour lui. C'est ainsi que l'épouse priera avec confiance dans l'intérêt de l'époux, présentant pour lui le prix qui le rachètera; et plus il a été pécheur, plus il a besoin de l'aumône. Et ce n'est pas là la seule raison c'est qu'il n'a plus maintenant la même force qu'autrefois, ou plutôt il a bien moins de pouvoir. Ce n'est pas la même chose pour le Salut de travailler pour soi ou de laisser travailler les autres. Ce dernier moyen étant par lui-même moins efficace, compensons du moins ce désavantage à force de zèle.
Ce n'est pas auprès des monuments, ce n'est pas auprès des sépulcres qu'il nous faut nous fatiguer; protégez les veuves, voilà le plus grand des devoirs à rendre aux morts. Prononcez un nom, et dites à toutes les veuves qui entendent ce nom, d'adresser à Dieu leurs prières, leurs supplications, voilà qui apaisera le Seigneur. Si Dieu ne regarde pas celui qui n'est plus, Il regardera celui qui fait l'aumône dans l'intention du mort; preuve touchante de la bonté de Dieu. Les veuves qui vous entourent, en versant des larmes, peuvent vous affranchir, non pas de la mort présente, mais de la mort à venir. Un grand nombre d'hommes ont été fortifiés par les aumônes des autres à leur intention. Supposez qu'ils n'aient pas été entièrement délivrés, ils ont du moins reçu quelque consolation; s'il n'en était pas ainsi, expliquez le Salut des petits enfants. Certes, d'eux-mêmes, ils ne font rien, leurs parents seuls font tous les frais; souvent des femmes ont reçu et conservé, comme présents du Seigneur, des enfants qui n'avaient rien fait pour être sauvés. Le Seigneur nous a donné, pour le Salut, des ressources nombreuses, c'est à nous de ne pas les négliger.
5. L'aumône, répondra-t-on, mais si l'on est pauvre? A mon tour je réponds : La valeur de l'aumône, ce n'est pas le don, mais l'intention. Donnez dans la mesure de vos ressources, et vous avez payé votre dette. Mais, m'objectera-t-on, un étranger qui est seul, qui ne connaît personne? Dites-moi, pourquoi ne connaît-il personne? Cela même est un châtiment de n'avoir pas un ami, de ne pas connaître un honnête homme. Si nous ne sommes pas, par nous-mêmes, en possession de la vertu, sachons au moins nous faire des amis vertueux, nous ménager une épouse, un fils qui ait la vertu en partage, afin que nous puissions, par eux, en recueillir quelque fruit, un fruit si mince qu'il soit, mais enfin que nous puissions recueillir. Procurez-vous, non pas une épouse riche, mais une épouse vertueuse, ce sera votre consolation. Appliquez-vous à donner à votre fils, non la fortune, mais la piété; à votre fille, la chasteté; ce sera, pour vous encore, une consolation. Si c'est à de tels biens que vous attachez votre coeur, et vous aussi, vous serez vertueux. C'est une partie de la vertu de savoir se ménager de tels amis, une telle épouse, de tels enfants.
Ce n'est pas en vain que l'on fait des offrandes pour ceux qui ne sont plus; ce n'est pas en vain qu'on fait pour eux des prières; ce n'est pas en vain qu'on distribue pour eux des aumônes. L'Esprit-Saint a disposé toutes ces pratiques, afin que nous puissions nous aider les uns les autres. Car, voyez ce qui arrive, vous portez secours à celui-là, et celui que vous avez aidé vous aide à son tour; vous avez, d'un instinct généreux, méprisé les richesses, et celui que vous avez sauvé vous enrichit des grâces de l'aumône. Ne mettez pas en doute le fruit qu'il vous sera donné de recueillir. Ce n'est pas en vain que le diacre vous crie : "Pour ceux qui sont morts dans le Christ et pour ceux qui gardent leur souvenir." Ce n'est pas le diacre qui fait entendre cette parole, c'est l'Esprit-Saint lui-même; et je vous annonce le don de l'Esprit. Que dites-vous? Dans les mains du prêtre est la sainte offrande, et tout est prêt; arrivent les Anges, les Archanges, arrive le Fils de Dieu; une sainte frayeur s'empare de tous; et, dans le silence universel, les diacres élèvent seuls la voix; et vous pensez que tout cela se fait en vain? Et tout le reste aussi se fait donc en vain, et les offrandes au nom de l'Église, et les offrandes au nom des prêtres, et les offrandes pour obtenir la plénitude. Loin de nous cette pensée! Mais tout s'accomplit avec Foi. Que signifient les offrandes au nom des martyrs, invoqués à cette heure solennelle? Quelle que soit la gloire des martyrs, même pour ces glorieux martyrs, c'est une grande gloire que leur nom soit prononcé en la présence du Seigneur, au moment où s'accomplit cette mort, ce sacrifice plein de tremblement, cet ineffable mystère. Lorsque l'empereur est présent, assis sur son trône, tout ce que l'on veut de lui on peut l'obtenir; une fois qu'il s'est levé, toutes les paroles sont inutiles; de même ici, au moment où s'accomplissent les mystères, c'est pour tous un honneur insigne d'obtenir un souvenir. Voyez, en effet, méditez; on annonce le mystère terrible, Dieu qui S'est livré Lui-même pour le monde; au moment où s'accomplit ce miracle, c'est avec un grand sentiment d'à propos que le prêtre évoque le souvenir de ceux qui ont péché. Quand les rois sont conduits en triomphe, alors on célèbre aussi tous ceux qui ont pris leur part de la victoire; en même temps on relâche les prisonniers, parce que c'est un jour de fête; la fête une fois passée, celui qui n'a rien obtenu, n'en recueille aucun fruit : il en est de même ici, dans ce triomphe du Seigneur. Car, dit l'Apôtre, "toutes les fois que vous mangez ce pain, vous annoncez la mort du Seigneur" (1 Cor. 11, 26.) C'est pourquoi ne nous approchons pas à la légère, et ne disons pas que ces choses se font au hasard. D'ailleurs si nous rappelons le souvenir des martyrs, c'est parce que nous croyons que le Seigneur n'est pas mort; et c'est un témoignage que la mort est morte, de voir que le Seigneur a passé par la mort. Pénétrés de cette vérité, considérons quelle magnifique consolation nous pouvons apporter à ceux qui ne sont plus; au lieu de nos larmes, au lieu de nos lamentations, au lieu de nos monuments, donnons-leur nos aumônes, nos prières, nos pieuses offrandes, afin de leur obtenir, d'obtenir pour nous-mêmes, les biens qui nous ont été promis, par la grâce et par la bonté du Fils unique de Dieu, à qui appartient, comme au Père, comme au Saint-Esprit, la gloire, la puissance, l'honneur, et maintenant, et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
Homélie sur Actes 21
Pourquoi les funérailles Orthodoxes sont-elles joyeuses?
[...] Ainsi, comme nous sommes remplis de joie, nous chantons des Psaumes en l'honneur des défunts, et ces Psaumes nous exhortent à avoir bon courage au sujet de la mort. En effet le Psalmiste nous dit : O mon âme, tourne-toi vers le lieu de ton repos, parce que le Seigneur t'a comblée de biens (Ps. 119,7.) Le voyez-vous? La mort est un bienfait et une cessation de travaux; car, une fois entré dans ce paisible Séjour, on se repose de ses oeuvres, comme Dieu S'est reposé des Siennes. [...]
saint Jean Chrysostome, extrait du ch. 3 de l'homélie sur les saintes martyres Bernice, Prosdoce et Domnine.
Mieux vaut mourir saint et loin des siens, que pécheur et chez soi!
[...] Il n'en est pas de même du juste : à son départ, il recueille une foule d'avantages; il est utile à tous les vivants par le souvenir de sa propre vertu, il les rend meilleurs. Les pécheurs au contraire sont encore punis par là. Car ce n'est pas seulement de leur vivant, mais jusqu'après leur mort, qu'ils nuisent à beaucoup de monde en laissant partout des exemples de leur avarice. A présent donc que vous êtes instruits sur ce point, cessez de plaindre ceux qui meurent à l'étranger, mais plaignez ceux qui meurent dans le péché; ne proclamez pas heureux ceux qui finissent leurs jours dans leur maison et dans leur lit, mais ceux qui les terminent dans la vertu; et nous-mêmes, cultivons la vertu et fuyons le vice. Car la première profite aux vivants et aux défunts; et le second nuit aux morts en 2 façons: en les couvrant de honte et en les conduisant aux châtiments éternels. Que Dieu donc, qui a daigné accorder à la sainte martyre qui nous a rassemblés ici en ce jour, la faveur de s'armer, de combattre, de vaincre, et d'être couronnée, nous juge tous dignes aussi, à notre dernier jour, de sortir de la vie présente fidèles à Ses Commandements et à Ses lois, et de pouvoir ainsi entrer dans les mêmes tabernacles que notre sainte, et y jouir des biens éternels: puissions-nous tous obtenir ce bonheur par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec lequel gloire au Père et au Saint-Esprit, dans les siècles des siècles. Amen.
saint Jean Chrysostome, extrait du ch. 6 de l'homélie sur sainte Drosis
Pleurer un mort, oui.. s'il était pécheur..
[...] 4. Ainsi ne pleurons pas en général ceux qui meurent , et n'ayons non plus tant de joie pour ceux qui survivent. Que ferons-nous donc? Pleurons sur les pécheurs, soit qu'ils meurent, soit qu'ils vivent. Réjouissons-nous sur les justes, soit qu'ils vivent, soit qu'ils meurent. Les premiers sont déjà morts tout vifs; les autres, même moissonnés par la mort, vivent toujours. Les uns, même habitant ce monde, méritent la compassion de tous, puisqu'ils sont ennemis de Dieu; les autres, même après le départ sans retour, sont heureux : ils sont allés à Jésus-Christ. Les pécheurs, où qu'ils soient, dans ce monde ou dans l'autre, sont loin de leur Roi et par conséquent dignes de pitié. Mais les justes, ici-bas ou au Ciel, sont avec leur Souverain, et bien plus heureux encore là-haut, parce qu'il Le voient de plus près, non plus dans un reflet, non plus dans la foi, mais, Paul le dit, face à face.
Non, tous les morts ne doivent pas être pleurés; mais ceux-là seulement qui meurent dans leurs iniquités : à eux, nos lamentations, nos gémissements, nos larmes; car enfin, dites-moi, quelle espérance reste-t-il encore, quand on s'en va, chargé de péchés, vers ce lieu où il n'est plus possible de dépouiller le péché? Du moins, tant que dura leur séjour ici-bas, il restait une grande espérance : peut-être se convertiraient-ils? Ils pouvaient s'amender! Une fois partis pour l'Hadès, ils n'ont rien à attendre de la pénitence même. "Qui, ô mon Dieu," s'écriait le prophète, "qui Te glorifiera dans la tombe?" (Ps. 6, 6.) Comment ne pas pleurer ces misérables?
Pleurons donc ceux qui meurent ainsi, je ne vous le défends pas. Pleurons, non pas toutefois au mépris des bienséances, sans nous arracher les cheveux, sans nous dénuder les bras, sans nous déchirer le visage, sans revêtir de sombres livrées, mais en silence, mais avec les pleurs amers de notre âme. On peut bien pleurer avec amertume, sans se mettre dans tous ses états, sans en faire démonstration publique : car c'est vraiment enfantillage que la douleur de quelques personnes. Ces gémissements en pleines rues ne partent pas d'un vrai chagrin, mais c'est pure montre, ambition, vanité! Bien des femmes même en font métier! Pleurez avec amertume, gémissez dans votre demeure, sans témoin: ce sera une véritable compassion, qui même vous deviendra salutaire. Qui pleure ainsi sérieusement s'étudie, en conséquence, à mériter d'autant moins un si redoutable malheur; vous en concevez d'autant plus de crainte du péché à venir.
Pleurez les infidèles; pleurez ceux qui leur ressemblent et sortent de ce monde sans avoir connu la Lumière, sans avoir été marqués du sceau de la Foi. Voilà ceux qui méritent et vos gémissements et vos larmes. Ils sont exclus de la Cour céleste, avec les damnés, avec ceux dont l'arrêt est prononcé. "En vérité, si quelqu'un ne renait pas de l'eau et du Saint-Esprit, il n'entrera pas dans le Royaume céleste." Pleurez lies riches qui meurent au sein de leur opulence, sans avoir fait servir leurs richesses à la consolation de leurs âmes; ceux qui avaient l'occasion de laver leurs péchés, et qui ne l'ont pas voulu. Oui, ceux-là, que chacun de nous les pleure en public et en particulier, mais sans jamais nous écarter des bienséances, mais en gardant toujours la gravité, mais en évitant de nous ridiculiser. Pleurons-les non pas seulement un jour ou deux, mais toute notre vie : ainsi continuent les larmes, quand elles ne coulent pas d'une émotion insensée, mais d'un amour véritable et pur. Quant aux pleurs de folle tendresse, ils sont bientôt séchés, tandis que ceux qu'inspire la crainte de Dieu sont intarissables.
Pleurons ainsi nos morts, et secourons-les de tout notre pouvoir. Préparons-leur quelque consolation, si faible qu'elle soit, mais qui puisse être vraie et efficace. Comment? Par quel moyen? Prions pour eux, faisons prier, pour eux continuellement, versons l'aumône aux pauvres. Toujours ainsi leur procurerons-nous quelque consolation. Écoutez Dieu même qui dit : "Je protégerai cette ville, et pour Moi-même, et pour David Mon serviteur." Si le seul souvenir d'un juste a eu cette puissance, que ne pourront pas des oeuvres accomplies en faveur des morts?
Aussi n'est-ce pas en vain que les apôtres nous ont laissé la coutume et la loi : vous savez que, d'après eux, dans nos saints et redoutables mystères, il doit être fait mémoire des défunts. Ils savaient quel avantage, quel bien immense ce souvenir devait leur procurer. Dans le moment, en effet, où tout le peuple fidèle, uni au corps sacerdotal, debout, les bras étendus, offre le redoutable sacrifice, comment Dieu ne serait-Il pas fléchi par les prières que nous adressons en leur faveur? Car nous parlons de ceux qui sont morts dans la Foi. Les catéchumènes n'ont aucune part à ces consolantes prières; privés de tout autre secours, il leur en reste un cependant, un seul, et lequel? C'est que nous fassions pour eux l'aumône aux pauvres : leur pauvre âme en recueillera quelque bienfait.
Dieu veut, en effet, que nous nous prêtions mutuellement secours. Pour quel autre motif nous aurait-Il commandé de prier pour la paix et pour la tranquillité publique? Pourquoi pour tous les hommes, lorsque dans cette universalité sont englobés les brigands, les profanateurs de tombes, les voleurs, et tant d'autres pervers chargés de crimes sans nombre? C'est que peut-être leur conversion s'en suivra. Comme donc nous prions pour des vivants en tout semblables à des cadavres, ainsi est-il permis de prier pour les défunts.
Job autrefois offrait des sacrifices pour ses enfants, et obtenait le pardon de leurs péchés: "Je crains," disait-il, "qu'ils n'aient péché dans leur coeur." Voilà vraiment veiller aux intérêts des siens. Loin de dire, comme le répètent aujourd'hui la plupart des hommes : Je leur laisserai des richesses! Loin de dire "J'amasserai pour eux la gloire!" Loin de dire "J'achèterai pour eux quelque propriété, quelques terres," que dit-il? J'ai peur que leur coeur n'ait péché! Quel avantage, en effet, procurent en définitive toutes ces propriétés attachées à ce bas monde? Aucun. Le Roi, le suprême Roi et Ses miséricordes, voilà ce que je veux leur laisser, certain qu'avec Lui, rien ne peut leur manquer. Car "le Seigneur me nourrit", a dit le prophète, "et rien ne me manquera." Magnifique fortune, riche trésor! Si nous avons la crainte de Dieu, nous n'aurons besoin de rien; sinon, eussions-nous gagné un royaume, nous serions encore les plus pauvres des hommes. Rien n'est grand comme celui qui craint Dieu. "Est-ce qu'en effet," dit la Sagesse, "cette crainte" du Seigneur "ne s'est pas placée au-dessus de tout?" Ah! sachons donc l'acquérir; faisons tout pour sa conquête, fallût-il rendre à Dieu notre dernier souffle, fallût-il livrer notre corps aux tourments : que rien au monde ne nous fasse reculer. Faisons tout pour gagner cette crainte salutaire. Ainsi deviendrons-nous plus riches que personne ici-bas; ainsi atteindrons-nous encore les biens à venir, en Jésus-Christ Notre-Seigneur, avec lequel soit au Père et au Saint-Esprit, gloire, puissance, honneur, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
saint Jean Chrysostome, extrait de l'homélie 3 sur l'épître de saint Paul Apôtre aux Philippiens
source des textes de saint Jean
Pour aller plus loin :
Hymne / Office Acathiste pour les défunts
http://www.orthodoxes.net/textes/office-defunts_acathiste-txt.pdf
pannychide pour les défunts (office de commémoration)
Samedi des Défunts :
http://www.forum-orthodoxe.com/~forum/viewtopic.php?p=630
pages orthodoxes sur la prière pour les défunts
Posté en la fête de saint David de Galles et saint Aubin d'Angers