"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

26 avril 2008

La célébration de Pâques (p. Sergei Boulgakov, 1900)



Pâques en Russie : les enfants


Pâques en Russie, dans la neige
source


Dans l'antiquité Chrétienne, la famille, les autorités communales et civiles célébraient la grande fête de Pâques comme un chemin de vie qui devait être célébré. On le voit aux remarquables, puissantes et inspirantes paroles de saint Grégoire de Nysse, qu'il a prononcé pour cette fête : "Aujourd'hui," disait saint Grégoire, "l'univers entier, tel une seule famille, se rassemble pour un but, ayant quitté les travaux habituels, comme si un signe avait été donné, se met en prière. Aujourd'hui, il n'y a pas de voyageurs sur les routes; pas de marins en mer; le fermier, ayant laissé la charrue et la bêche, est endimanché; les magasins de liqueurs sont vides, les marchés publics bruyants ont disparu, comme l'hiver a disparu à l'arrivée du printemps; les angoisses, le tumulte et les luttes de la vie quotidienne sont remplacés par le calme de la fête.
Le pauvre est vêtu comme le riche; le riche est encore mieux habillé que d'habitude; le vieux comme le jeune, se hâtent pour prendre part à la joie, et le malade surmonte sa maladie; les enfants, ayant changé de vêtements, célèbrent corporellement, car ils ne savent pas encore célébrer spirituellement; la vierge se réjouit de tout son coeur parce qu'elle voit la lumière de la promesse solennelle de son espérance; la mère de famille, célébrant, se réjouit avec toute sa maisonnée, elle-même, et son époux, et enfants et serviteurs et domestiques, tous se réjouissent. Comme un essaim d'abeilles nouvellement formé, décollant pour la première fois d'une ruche vers l'air et le large, tous se retrouvent sur une branche d'arbre, de même en cette présente fête, tous les membres des familles viennent de partout pour se rassembler en leurs maison. Il est approprié de déjà comparer le jour présent au jour de la future résurrection, parce que les deux rassemblent les gens; seulement dans le second, nous serons tous ensemble, et à présent nous allons tous séparément. En ce qui concerne la valeur de la joie et de l'allégresse, on pourrait dire que le présent jour est plus joyeux que ne le sera le futur: alors par nécessité, ceux qui sont revêtus du péché pleureront; à présent, au contraire, il n'y a personne de triste parmi nous. A présent, même le juste se réjouis, et l'impur, dans sa conscience, espère être corrigé par la repentance. Le jour présent apaise tout grief, et nul n'est assez affligé qu'il ne puisse trouver consolation dans la célébration de la fête. Aujourd'hui, le captif est libéré; le débiteur est pardonné de son obligation; les serviteurs reçoivent liberté à l'appel bon et philanthropique de l'Église, non avec déshonneur et punition. Les blessures ne se guérissent pas par des blessures, comme il arrive lors des fêtes nationales, où les serviteurs sont exposés sur une place élevée et exposé à la honte et à l'humiliation pour recevoir leur liberté, mais ici ils sont libérés dans l'honneur, comme vous le savez, car même ceux qui restent dans l'esclavage reçoivent de la joie. Même si le serviteur a commis nombre d'importantes offenses, qui pourraient ne pas être possible de pardonner ou d'excuser; même dans ce cas, son maître, par respect pour le jour, se laissant aller à la joie et à l'humanité, accepte l'incorrigible et l'humilié, comme Pharaon avait relaché l'échanson de prison. Car il sait qu'au jour de la future résurrection, selon le paradigme que nous célébrons ce jour, lui-même aura besoin de la patience et de la bonté du Seigneur, et par conséquent, il répond aujourd'hui par de la miséricorde, espérant une récompense ce futur jour-là. Bien-aimés, vous avez appris à ne pas me rabaisser devant les serviteurs comme si j'avais erronément prêché ce jour; à enlever le grief des âmes opprimées par les troubles, comme le Seigneur a enlevé la mortalité de notre corps; à rendre l'honneur au disgracié, à combler l'affligé de joie, à encourager l'esprit abattu, à guider vers la lumière ceux qui sont confinés dans les noirs recoins de vos maisons comme dans une tombe; à permettre à tout le monde de s'épanouir dans la beauté de la fête comme une fleur s'épanouit. Si l'anniversaire de quelque roi terrestre fait ouvrir les portes des prisons, alors assurément le jour victorieux de la Résurrection du Christ réconfortera ceux qui sont dans les larmes! Ô pauvre, accepte en ce jour dans l'amour Celui Qui te nourrit! Ô toi le faible et l'estropié, en ce jour, salue le Médecin de ta maladie! L'espoir de ta résurrection est caché en Lui, qui te pousse à être zélé pour les bonnes oeuvres et à haïr les mauvaises actions; car avec la destruction des idées à propos de la résurrection pour tous ne restera qu'une seule idée en l'air : "mangeons et buvons, car demain nous mourrons" (1 Co 15,32). Précisément de la même manière, d'autres saints Pères, dans leur enseignement sur le jour de la Sainte Pâques, appelle avec une insistance spéciale les fidèles à la digne célébration de la Résurrection du Christ. "C'est le jour de la Résurrection," enseigne saint Grégoire le Théologien, son commencement propice. "Soyez illuminés par la fête et embrassons-nous les uns les autres. 'Appelons 'frères' même ceux qui nous haïssent' (Is. 66,5), et d'autant plus ceux qui par amour auront fait quelque chose ou souffert. Abandonnons-nous tous à la Résurrection, pardonnons-nous les uns les autres".


La tradition de Pâques (1912)
Boris Kustodiev (7/3/1878-28/5/1927)


"Apportons des dons à Celui Qui a souffert et à Celui Qui S'est relevé pour nous. Vous pouvez penser que je veux parler d'or, d'argent, de tissus, de verroteries ou de pierres précieuses. Ce sont là des choses terrestres, qui passent et restent sur terre, qui sont toujours plus mauvaises que de simples serviteurs, que les serviteurs du souverain. Non, offrons nous nous-mêmes, notre précieux 'moi' se tenant devant Dieu et à Sa très spéciale Personne, offrons à l'Image créée selon l'image, apprenons Sa dignité, croyons dans le Prototype, comprenons la puissance du mystère de la présente fête, et pour qui le Christ est mort. Devenons comme le Christ, puisque le Christ est aussi devenu comme nous.
Devenons comme Dieu par amour pour Lui, comme Il S'est aussi fait homme pour nous. Il a accepté le pire afin de nous donner le meilleur; Il devint pauvre afin de nous enrichir par Sa pauvreté; Il accepta l'apparence d'un esclave afin de recevoir la liberté pour nous; Il descendit, afin de nous élever; Il fut échangé afin de vaincre pour nous; Il endura l'infamie, afin de nous glorifier, Il mourut afin de nous sauver; Il Se releva afin d'attirer à Lui tous ceux qui gisaient en bas dans la chute pécheresse. Que quiconque donne tout, offre tout comme présent à Celui Qui S'est livré Lui-même pour nous comme prix de la rédemption. Rien de que ce que l'on offrira n'équivaudra le don de soi-même au Christ; celui-là comprend la puissance du mystère et qui fait tout pour le Christ, comme Il l'a fait pour nous." "Aujourd'hui le Salut descend dans le monde, le monde visible et invisible! Le Christ vous relève de la mort avec Lui; le Christ dans Sa gloire vous élève aussi tout en Se relevant; de la tombe le Christ vous libère des liens du péché; Il ouvre les portes de l'Hadès, Il détruit la mort, Il renouvelle le vieil Adam qui gisait là : 'dès lors, si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création' (2 Co 5,17); le renouvellement est arrivé."


"Soyez renouvelés aujourd'hui," enseigne saint Épiphane de Chypre, "et renouvelez un esprit droit en vos coeurs, afin de comprendre le mystère de la fête nouvelle et véritable; afin de nous combler dès maintenant d'une allégresse vraiment céleste." "Notre fête, si nous voulons qu'elle soit agréable et acceptable au Seigneur, devrait nécessairement s'unir à l'inspiration universelle de l'Église avec Dieu et la commémoration de nos frères qui endurent toute pauvreté. Car si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui. Ainsi donc, soyons compatissants avec nos frères, qui sont nos membres; offrons-leur notre aide : les uns, par le biais de leur fortune, les autres, par le moyen de l'enseignement, et les autres par la charité, et en général, tous par le moyen de nos prières devant Dieu. Je vous en implore, soyons unis en une prière commune pour tous." "Dès lors, célébrons solennellement," instruit saint Jean Chrysostome, "non pas avec le vieux levain, le levain de la méchanceté et du mal, mais 'avec le pain sans levain de la pureté et de la vérité' (1 Co 5,8), croyant au Père et au Fils et au Saint Esprit, la Trinité, Une en essence et Indivisible; croyant en la Résurrection et l'attente du retour du Seigneur, à nouveau, offrons notre richesse non pas avec humilité et timidité, mais avec gloire et magnificence, avec le soutien des radieux Anges et leurs trompettes, avec crainte et joie: avec la joie pour les saints et les justes, avec la crainte pour les impies et les pécheurs." "Célébrons cette magnifique fête de Lumière, où le Seigneur est Ressuscité! Célébrons-Le magnifiquement et avec piété: car le Seigneur est ressuscité et l'univers entier est ressuscité avec Lui." "Quel bénéfice y-aurait-il," dit saint Ambroise de Milan, "dans la célébration de Pâques quand ils ne la célèbrent qu'extérieurement, au lieu de la célébrer par sa signification intérieure, à savoir, qu'ils ne sont pas guidés hors d'Égypte par Dieu et ils ne passent pas des oeuvres de ténèbres aux oeuvres de lumière "afin de pouvoir être enfants d'adoption" (Gal. 4,5) afin de revenir de la terre étrangère à la patrie céleste? Quel bénéfice y-a-t'il pour ceux-là, si ils partagent aussi la joie de l'Agneau Pascal, mais que toute leur joie se résume uniquement dans la viande égyptienne; si après cela ils offrent nourriture et boisson sur leurs tables mais n'élèvent pas leurs esprits et leurs coeurs; si ils ne sont tentés que par les plaisirs sensuels, sans la moindre pensée pour changer vers le meilleur? Qu'y-a-t'il la dedans pour leur bénéfice? Ils sont dignes de tous les regrets, et l'Église prie pour eux, afin qu'ils deviennent plus sages et qu'ils prennent le bon chemin vers notre Seigneur Jésus-Christ, notre Pâques éternelle. Je vous demande aussi, frères, que vous célébriez Pâques conformément à sa signification, fête créée en conformité à l'Exode: que les pécheurs la célèbre, quittant leur vie pécheresse pour une vie de bonnes oeuvres; se transformant eux-mêmes en "parfaits" (Phil. 3,15), en justes, qui la célébreront, passant de la vie juste à une vie plus juste encore, de la piété à une plus grande piété, de la perfection à la perfection, de sorte qu'il n'en reste aucun qui ne passe pas du mieux au toujours meilleur, 'oubliant le chemin de derrière soi et se précipitant en avant' (Phil. 3,13). Célébrant Pâques de la sorte, nous serons tels de vrais Chrétiens, accomplissant dignement leur Pâque; en laquelle nous aidera par Sa Grâce, l'Auteur de la présente fête, notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, Qui vit et règne pour les siècles sans fin."
S. V. Bulgakov, Manuel pour serviteurs de l'Église, 2ème éd., 1274 pp. (Kharkov, 1900) pp. 0563-4
Translated by Archpriest Eugene D. Tarris © January 7, 2004. All rights reserved.

Voici le Bienheureux Sabbat! (p. Alexander Schmemann)



Le Christ guidant les hommes hors de l'Hadès
détail d'une Icône du 17ème siècle, monastère de Solovetski


Le "Grand et Saint Samedi" est ce jour qui relie le Vendredi Saint, la commémoration de la Croix, au Jour de la Résurrection du Christ. Pour beaucoup, la vraie nature et la signification de cette "liaison," la nécessité même de ce jour entre les deux, tout cela reste obscur. Pour une bonne majorité de fidèles, les jours "importants" de la Semaine Sainte sont le vendredi et le dimanche, la Croix et la Résurrection. Cependant, ces 2 jours restent quelque peu "déconnectés." Il y a le jour de l'affliction, et ensuite, il y a le jour de la joie. Dans cette séquence, l'affliction est simplement remplacée par la joie.. Mais selon l'enseignement de l'Église, exprimé dans sa tradition liturgique, la nature de cette séquence n'est pas celle d'un simple remplacement. L'Église proclame que le Christ a vaincu la mort par la mort. Cela signifie qu'avant la Résurrection, il y a un événement dans lequel l'affliction n'est pas simplement remplacée par la joie, mais est elle-même transformée en joie. Le Samedi Saint est précisément ce jour de transformation, le jour où la victoire sourdre, grandit de l'intérieur même de la défaite, quand avant la Résurrection, nous recevons à contempler la mort de la mort elle-même... tout ceci est exprimé, et bien plus encore, tout ceci a vraiment lieu chaque année dans ce merveilleux Office du matin, dans cette commémoration liturgique qui devient pour nous un cadeau salutaire et transformant.

Psaume 118 – l'amour de la Loi de Dieu

En venant à l'église pour les Matines du Samedi Saint, le vendredi a déjà été liturgiquement accomplit. L'affliction du vendredi est dès lors le thème initial, le point de départ des Matines du Samedi. Cela commence comme un office de funérailles, comme des lamentations sur un corps mort. Après le chant du tropaire funéraire et le lent encensement de l'église, les célébrants s'approchent de l'epitaphion. Nous nous tenons à la tombe de notre Seigneur, nous contemplons Sa mort, Sa défaite. On chante le Psaume 118, et à chaque verset, nous ajoutons une "louange" spéciale, qui exprime l'horreur des hommes et de toute la Création face à la mort de Jésus :

O montagnes et vallées,
multitude des hommes,
et toute la Création, pleurez et lamentez-vous avec moi,
la Mère de votre Dieu (1,69)


Et cependant, dès le départ, en plus de ce thème initial d'affliction et de lamentation, un nouveau thème fait son apparition, et deviendra de plus en plus présent. Nous le trouvons, avant tout, dans le Psaume 118 - "Heureux ceux dont la vie est pure et qui suivent la loi du Seigneur." Dans notre pratique liturgique actuelle, ce Psaume n'est utilisé que lors de funérailles, dès lors sa tonalité "funèbre" pour la plupart des fidèles. Mais dans l'antique tradition liturgique, ce Psaume était une des parties essentielles de la vigile du dimanche, la commémoration hebdomadaire de la Résurrection du Christ. Son contenu n'est pas du tout "funèbre." Ce Psaume est la plus pure et entière expression de l'amour pour la Loi de Dieu, c-à-d pour le divin plan pour l'homme et de sa vie La vraie vie, celle que l'homme a perdue par le péché, consiste à garder et à accomplir la Loi divine, cette vie avec Dieu, en Dieu et pour Dieu, pour laquelle l'homme a été créé.

Je trouve ma joie dans l'observance de Tes ordres, bien plus que dans toute richesse (v. 14)

Tes décrets font mes délices et jamais je n'oublierai Ta parole (v. 16)


Et puisque le Christ est l'image du parfait accomplissement de cette Loi, puisque toute Sa vie n'eut pas d'autre "contenu" que l'accomplissement de la volonté de Son Père, l'Église interprète ce Psaume comme étant les paroles du Christ Lui-même, adressées à Son Père depuis la tombe.

Vois combien J'aime Tes préceptes. Selon Ton amour, donne-Moi la vie (v. 159)

La mort du Christ est l'ultime preuve de Son amour pour la volonté de Dieu, de Son obéissance à Son Père. C'est un acte d'obéissance pure, d'entière confiance dans la volonté du Père; et pour l'Église, c'est précisément cette obéissance jusqu'à la fin, cette parfaite humilité du Fils qui constitue le fondement, le début de Sa victoire. Le Père souhaite cette mort, le Fils l'accepte, révélant une inconditionnelle foi dans la perfection de la volonté du Père, dans la nécessité de ce sacrifice du Fils par le Père. Le Psaume 118 est le Psaume de cette obéissance, et dès lors l'annonce que dans l'obéissance, le triomphe a commencé.



La rencontre avec la mort.

Mais pourquoi le Père désire-t'Il cette mort? En quoi est-elle nécessaire? La réponse à cette question constitue le 3ème thème de notre Office, et elle apparaît d'abord dans les "louanges," qui suivent chaque strophe du Psaume 118. Elles décrivent la mort du Christ comme Sa descente dans l'Hadès. Dans le langage biblique, "Hadès" signifie le royaume de la mort, que Dieu n'a pas créé et qu'Il n'a pas voulu; cela signifie aussi que le Prince de ce monde est tout puissant en ce monde. Satan, péché, mort – telles sont les "dimensions" de l'Hadès, son contenu. Car le péché vient de satan et la mort est la conséquence du péché – "le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort" (Romains 5,12). "Depuis Adam jusqu'à Moïse, la mort a régné" (Rom. 5,14), l'univers entier est devenu un cimetière cosmique, et fut condamné à la destruction et au désespoir. Et c'est pour cela que la mort est "le dernier ennemi" (1 Co 15,20) et sa destruction constitue le but ultime de l'Incarnation. Cette rencontre avec la mort est "l'heure" du Christ dont Il a dit "c'est pour cette heure que Je suis venu" (Jn 12,27).

A présent cette heure est venue, et le Fils de Dieu entre dans la mort. Les Pères décrivent habituellement ce moment comme un duel entre le Christ et la mort, entre le Christ et satan. Car cette mort devait soit être le dernier triomphe de satan, soit sa défaite décisive. Le duel se développe sur plusieurs niveaux. D'abord, les forces du mal semblent triompher. Le Juste est crucifié, abandonné de tous, subissant une mort honteuse. Il devient aussi un participant de l'Hadès, de ce lieu de ténèbres et de désespoir... mais à ce moment même, la véritable signification de la mort est révélée. Celui qui mort sur la Croix a la Vie en Lui-même, c-à-d Il a la vie non pas comme don extérieur, un don qui dès lors pourrait Lui être retiré, mais comme étant Sa propre essence. Car Il est la Vie et la Source de toute vie. "En Lui était la Vie, et la Vie est la Lumière des hommes." L'homme Jésus meurt, mais cet Homme est le Fils de Dieu. Comme homme, Il sait vraiment mourir, mais en Lui, Dieu Lui-même entre dans le royaume de la mort, participe à la mort. C'est l'unique et l'incomparable signification de la mort du Christ. En elle, l'homme qui meurt est Dieu, ou pour être plus exact, le Dieu-Homme. Dieu est le Saint Immortel; et uniquement dans l'unité, "sans confusion ni changement ni division ni séparation" de Dieu et de l'Homme en Christ, la mort humaine sait être "assumée" par Dieu et être vaincue et détruire de l'intérieur : "par la mort Il a vaincu la mort."



La mort est vaincue par la Vie

A présent nous comprenons pourquoi Dieu désire cette mort, pourquoi le Père y livre Son Fils Unique engendré. Il désire le Salut de l'homme, c-à-d, que la destruction de la mort ne soit pas un acte de Sa puissance ("ne pensez-vous pas que Je pourrais prier le Père, et Il M'enverrait aussitôt plus de 12 légions d'Anges?" Mt 26-53), non pas une violence, quand bien même il s'agirait d'une violence salutaire, mais un acte de cet amour, liberté et libre consécration à Dieu pour laquelle Il créa l'homme. Car tout autre Salut aurait été en opposition avec la nature de l'homme, et, dès lors, n'aurait pas été un vrai Salut. D'où la nécessité de l'Incarnation et la nécessité de cette divine mort. En Christ, l'homme restaure l'obéissance et l'amour. En Lui, l'homme vainc le péché et le mal. Il était essentiel que la mort ne soit pas détruite par Dieu, mais vaincue et écrasée par la nature humaine elle-même, par l'homme et à travers l'homme. "Car puisque par l'homme vint la mort, par l'homme aussi vint la résurrection des morts" (1 Co 15,21).

Le Christ accepte librement la mort; de Sa vie, Il dit : "Nul me la prend, mais Je la donne de Moi-même" (Jn 10,18). Il ne le fait pas sans lutter : "Et Il commença à être triste et écrasé" (Mt 26,27). Ici est accomplie la mesure de Son obéissance, et, dès lors, ici est la destruction de la racine morale de la mort, de la mort comme rançon pour le péché. La vie entière de Jésus est en Dieu comme toute vie humaine devrait l'être, et c'est dans cette plénitude de Vie, cette vie pleine de signification et de contenu, remplie de Dieu, qui écrase la mort, en détruit la puissance. Car la mort est, par dessus tout, un manque de vie, une destruction de la vie qui s'est coupée elle-même de sa seule source. Et parce que la mort du Christ est un mouvement d'amour envers Dieu, un acte d'obéissance et de confiance, de foi et de perfection – c'est un acte de vie ("Père, entre Tes mains, Je remet Mon Esprit!" Lc 23,46). C'est la mort de la mort elle-même.

Telle est la signification de la descente du Christ dans l'Hadès, de Sa mort devenant Sa victoire. Et la lumière de cette victoire illumine à présent notre vigile devant la Tombe.

O Vie, comment pourrais-Tu mourir?

Comment pourrais-Tu demeurer dans une tombe?

Et cependant par Ta mort Tu as détruis le royaume de la mort,

et relevé tous les morts de l'Hadès
(1,2)

Dans une tombe Il T'ont couché

Ô Christ, Toi la Vie.

Par Ta mort, Tu as anéanti la puissance de la mort

et est devenu la Source de Vie pour le monde entier
(1,7)

O qu'elle est grande la joie,

qu'elle est grande l'allégresse,

que Tu as amenée aux prisonniers de l'Hadès,

comme la lumière éclatante dans ses noires profondeurs
(1,49)

La Vie entre dans le royaume de la mort. La Lumière Divine brille dans ses terribles ténèbres. Elle irradie sur tous ceux qui y sont, parce que le Christ est la vie de tous, la seule Source de toute vie. Dès lors, Il meurt aussi pour tous, car tout ce qui arrive à Sa vie – c'est à la Vie même que cela arrive.. Cette descente dans l'Hadès est la rencontre de la Vie de tous avec la mort de tous :

Voulant sauver Adam,

Tu descendis sur terre.

Ne le trouvant pas sur terre, Ô Maître,

Tu descendis dans l'Hadès afin de l'y chercher
(1,25).

L'affliction et la joie se combattent l'une l'autre, et à présent, la joie est sur le point de l'emporter. Les "louanges" sont finies. Le dialogue, le duel entre la Vie et la mort arrive à son terme. Et, pour la première fois, le chant de victoire et de triomphe, le chant de la joie résonne. Il résonne dans le tropaire pour le Psaume 118, chanté chaque vigile de dimanche à l'approche du Jour de la Résurrection:

Le choeur angélique fut rempli de terreur lorsqu'il Te vit parmi les morts! En détruisant la puissance de la mort, Ô Sauveur, Tu as relevé Adam et sauvé tous les hommes de l'Hadès!

A la Tombe, l'Ange radieux s'écria aux femmes myrophores : "Pourquoi, ô femmes, mêlez-vous vos larmes à la myrrhe? Regardez la Tombe et comprenez : le Sauveur est relevé de la mort!"




La Tombe vivifiante

Alors arrive le magnifique Canon du Samedi Saint, dans lequel à nouveau tous les thèmes de cet Office sont repris – depuis les lamentations des funérailles jusqu'à la victoire sur la mort – repris et approfondis, ce qui s'achève ainsi :

Que la Création se réjouisse! Que tout ce qui est né sur terre soit dans l'allégresse! Car l'Hadès plein de haine a été dévasté. Que les femmes myrophores viennent à Ma rencontre; car Je rachète Adam et Eve et tous leurs descendants, et au 3ème jour, Je Me relèverai!

"Et au 3ème jour, Je Me relèverai!" A partir de maintenant, la joie pascale illumine l'Office. Nous nous tenons encore devant la Tombe, mais elle nous a été dévoilée comme étant la Tombe donnant la vie. La Vie y repose, une nouvelle Création est en train de naître, et à nouveau, le 7ème Jour, le jour du repos, le Créateur Se repose de toutes Ses oeuvres. "La Vie dort et l'Hadès tremble" – et nous contemplons, ce bienheureux Sabbat, ce repos solennel de Celui qui nous ramène la Vie : "Venez, regardons notre vie qui git dans la tombe..." La signification pleine et mystique du 7ème Jour, comme jour d'accomplissement, le jour de la réalisation, nous est à présent révélée, car

Le grand Moïse prédisit mystiquement ce jour, quand il dit

Dieu bénit le 7ème Jour.

C'est le Bienheureux Sabbat,

c'est le jour du repos,

jour où le Fils Unique de Dieu reposa de toutes Ses oeuvres.

En souffrant la mort pour accomplir le plan du Salut,

Il observa le Sabbat dans la chair;

en revenant à nouveau à ce qu'Il était,

Il nous a accordé la vie éternelle par Sa Résurrection,

Car Lui seul est bon, et Ami des hommes.


A présent, nous faisons le tour de l'église dans une procession solennelle avec l'epitaphion, mais pas une procession funèbre. C'est le Fils de Dieu, le Saint Immortel, Qui procède à travers les ténèbres de l'Hadès, annonçant à "Adam et toute génération" la joie de la Résurrection à venir. "Se relevant tôt de la nuit," Il proclame "le mort se relèvera, ceux dans les tombeaux se réveilleront, et tous ceux sur terre se réjouiront abondamment."


Attente de la Vie

Revenons à l'église. Nous connaissons déjà le mystère de la mort vivifiante du Christ. L'Hadès est détruit. L'Hadès tremble. Et maintenant paraît le dernier thème – le thème de la Résurrection.

Le Sabbat, le 7ème Jour, achève et complète l'histoire du Salut, son dernier acte étant la défaite de la mort. Mais après le Sabbat vient le premier jour de la nouvelle Création, d'une nouvelle vie née de la Tombe.

Le thème de la Résurrection est inauguré dans le prokimenon:

Ressuscite, Seigneur - Viens a notre secours et délivre nous à cause de Ton Nom. Dieu, nous avons entendu de nos oreilles, et nos pères nous l'ont annoncé.

Cela continue avec la première lecture, la prophétie d'Ezéchiel sur les ossements secs (ch. 37): "Et voici, ils étaient fort nombreux sur la face de la vallée. Et ils étaient complètement desséchés." C'est la mort triomphant dans le monde, les ténèbres, le désespoir de cette universelle condamnation à mort. Mais Dieu parle au prophète. Il annonce que cette condamnation n'est pas la destinée ultime de l'homme. Les os desséchés entendront les paroles du Seigneur. Les morts revivront. "Voici, J'ouvrirai vos tombeaux. Je vous ferai remonter de vos sépulcres, Mon peuple, et Je vous ramènerai sur la terre d'Israël." Après cette prophétie vient le second prokimenon – avec le même appel, la même prière :

Lèves-Toi, Ô Seigneur mon Dieu, élève Ta droite!

Comment cela va-t'il se passer, comment cette résurrection universelle est-elle possible? La seconde lecture (1 Co 5,6; Gal. 3,13-14) donne la réponse : "un petit peu de levain fait lever toute la pâte.." Le Christ, notre Pâque, est ce levain de la résurrection pour tous. Comme Sa mort détruit le principe même de la mort, Sa Résurrection est le gage de la résurrection de tous, car Sa vie est la Source de toute vie. Et les versets de l'Alléluia, ces mêmes versets qui inaugureront l'Office de Pâques, confirment cette réponse finale, la certitude que le moment de la nouvelle Création, du Jour sans soir, a commencé :

Alléluia! Que Dieu ressuscite! Que Ses ennemis soient dispersés et que fuient devant Son visage tous ceux qui Le haïssent. Alléluia! Qu'ils disparaissent comme se dissipe la fumée, comme fond la cire devant le feu!

La lecture des prophéties est achevée. Cependant, nous n'avons entendu que des prophéties. Nous sommes toujours dans le Samedi Saint, devant la Tombe du Christ, et nous avons à vivre toute cette longue journée avant de pouvoir entendre à minuit : "Le Christ est ressuscité," avant d'entrer dans la célébration de Sa Résurrection. Ainsi, la 3ème lecture - Mathieu 27,62-66 – qui complète cet Office, nous reparle à nouveau du Tombeau – "devant lequel ils ont placé des gardes armés et qu'ils ont scellé."

Mais c'est probablement ici, à la fin même des Matines, que la signification ultime de ce "jour de liaison" est manifestée. Le Christ Se relève de la mort, nous célébrerons Sa Résurrection le Jour de Pâques. Cependant, cette célébration commémore un événement unique du passé, et anticipe un mystère du futur. C'est déjà Sa Résurrection, mais pas encore la nôtre. Nous aurons à mourir, à accepter de mourir, la séparation, la destruction. Notre réalité en ce monde, en cet "éon," c'est la réalité du Samedi Saint; ce jour est la vraie image de notre condition humaine. Nous croyons dans la Résurrection, parce que le Christ S'est relevé de la mort. Nous attendons la Résurrection. Nous savons que la mort du Christ n'est plus sans espoir, la fin ultime de tout. Baptisés dans Sa mort, nous participons déjà à Sa vie qui est sortie de la Tombe. Nous recevons Son Corps et Son Sang qui sont nourriture d'immortalité. Nous avons en nous-mêmes le gage, l'anticipation de la vie éternelle. Toute notre existence Chrétienne est mesurée par ces actes de communion à la vie du "nouvel éon" du Royaume, et cependant, nous sommes ici, et la mort est notre inévitable lot.

Mais cette vie entre la Résurrection du Christ et le jour de la résurrection générale, n'est-ce pas précisément la vie pendant le Samedi Saint? L'attente n'est-elle pas la catégorie basique et essentielle de l'expérience Chrétienne? Nous attendons dans l'amour, l'espoir et la Foi. Et cette attente pour "la résurrection et la vie du monde à venir," cette vie qui est "cachée avec le Christ en Dieu" (Col. 3,34), cette croissance dans l'attente dans l'amour, dans la certitude, tout cela, c'est notre propre Samedi Saint. Petit à petit, tout en ce monde devient transparent à la Lumière qui vient de là, "l'image de ce monde" passe et cette vie indestructible avec le Christ devient notre valeur suprême et ultime.

Chaque année, le Samedi Saint, après cet Office matinal, nous attendons après la nuit de Pâques dans la plénitude de la joie pascale. Nous savons que cela approche – et cependant, qu'elle est lente cette approche, qu'il est long, ce jour! Mais ce merveilleusement paisible Samedi Saint n'est-il pas le symbole de notre vie même en ce monde? Ne sommes-nous pas toujours dans ce "jour de liaison," attendant la Pâques du Christ, nous préparant nous-mêmes pour le jour sans fin de Son Royaume?
Archiprêtre Alexander Schmemann

"Matins of Holy Saturday. With the Praises and Psalm 110. Prepared by David Anderson [and] John Erickson. Introduction by Rt. Rev. Alexander Schmemann."
approuvé pour publication + métropolite Theodosius
13 Mars 1982
ISBN 0-86642-023-1
Department of Religious Education — Orthodox Church in America P.O. Box 675, Syosset, New York, 11791, 1982


Matines et Divine Liturgie du Samedi Saint

Monastère de Decani, province du Kosovo, Serbie



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25 avril 2008

Vexilla Regis - les Étendards du Roi (saint Venance Fortunat)


Bible du Val-de-Loire, fin 9ème-début 10ème s.
Angers, ms 24, folios 7v-8r
source & (c)









Vexilla
regis prodeunt

fulget Crucis mysterium,

quo carne carnis conditor

suspensus est patibulo.



Confixa clavis viscera

tendens manus, vestigia,

redemptionis gratia

hic immolata est hostia.



Quo vulneratus insuper

mucrone diro lanceae,

ut nos lavaret crimine,

manavit unda et sanguine.



Impleta sunt quae concinit

David fideli carmine,

dicendo nationibus:

regnavit a ligno Deus.



Arbor decora et fulgida,

ornata Regis purpura,

electa digno stipite

tam sancta membra tangere.



Beata, cuius brachiis

pretium pependit saeculi:

statera facta corporis,

praedam tulitque tartari.



Fundis aroma cortice,

vincis sapore nectare,

iucunda fructu fertili

plaudis triumpho nobili.



Salve, ara, salve, victima,

de passionis gloria,

qua vita mortem pertulit

et morte vitam reddidit.



O Crux ave, spes unica,

hoc Passionis tempore!

piis adauge gratiam,

reisque dele crimina.



Te, fons salutis Trinitas,

collaudet omnis spiritus:

quos per Crucis mysterium

salvas, fove per saecula. Amen.
Les
étendards du Roi s’avancent

et la lumière de la Croix resplendit son mystère,

En Croix, la Vie subit la mort,

et par sa mort elle redonne la vie.



Ses membres furent percés par les clous,

étendant Ses mains, Ses pieds,

pour notre Rédemption,

Il fut sacrifié comme Victime.



Achevé par la funeste

pointe de la lance

Pour nous laver du péché,

Il ruissela d’eau et de sang.



Voici que s'accompli ce qu’a chanté

David en ses vers prophétiques.

Proclamant aux nations:

c’est par le bois que Dieu règnera



Arbre splendide et étincelant,

orné de la pourpre royale,

Tronc choisi qui fus jugé digne

de toucher des membres si saints.



Arbre bienheureux dont les branches

portent le Salut des siècles:

Tu pesas le poids de ce corps

et l’Hadès dut lâcher sa proie.



Tu exhales l'arôme de ta sève,

et répands un parfum de nectar,

par ton agréable fertile Fruit

tu applaudis au noble triomphe.



Salut, Autel, salut, Victime

de la gloire de la Passion,

dont la vie a supporté la mort,

et par la mort redonne la vie.



Salut, ô Croix, seule espérance !

Offre au temps de la Passion,

Grâce abondante aux hommes fidèles,

Et rémission aux coupables.



Trinité, Toi la source du Salut,

que loue tout esprit:

qui par le mystère de la Croix triomphe,

recevra l'éternelle récompense. Amen !




En l'honneur du Vendredi Saint et de la Croix, voici cette fois en version complète, et traduction des 3 strophes absentes de toutes les traductions disponibles (j'avais publié la version partielle avec d'autres poésies de saint Venance pour sa fête en décembre).
Les strophes 7 et 8 et la doxologie finale ont été ajoutées au 10ème siècle. Le restant de cette version latine est celle de l'hymnographe et évêque Orthodoxe saint Venance Fortunat. L'hymne a été composée pour l'arrivée en France d'une relique de la sainte Croix offerte à sainte Radegonde par l'empereur Justin II de Constantinople. Elle diffère donc de la version des catholiques-romains, car en 1632, leur chef Urbain VII en a fait modifier plusieurs versets, tout en laissant le cantique sous le nom de l'auteur original (au 10ème siècle, ils ont ajouté, rien modifié, il y a plus qu'une nuance). Fréquent et classique, hélas, et c'est ainsi qu'ils sont si nombreux à croire de bonne foi que ce qu'on leur présente comme textes est bien la pensée originale des Pères de l'Église....


Crucifixion
Santa Maria Antiqua, Rome a Roma
fresque italo-byzantine, années 741-752

Procession de l'epitaphion (plaschanitsa, linceul) - Vêpres du Vendredi Saint





Le Jour du Sauveur dans le nord de la Russie
Ilarion Pryaninishnikov, 1887
source : http://01varvara.wordpress.com



Saint Dimitri Greek-Orthodox Church, NJ:
http://www.stdgocunion.org/feastdays.html
"Le Vendredi Saint, nous lisons les Heures royales. A 15h, les Grandes Vêpres de l'Office de la Descente de la Croix ont lieu. Les hymnes sont chantées et l'Évangile est proclamé. Vers la fin de l'Évangile, les prêtres prennent un drap et descendent l'image du Corps crucifié du Christ. Ils l'enveloppent dans le drap et le déposent sur la table de l'Autel, puis ce tissus spécial appelé epitaphion ou "linceul du Christ" est porté en procession solennelle dans l'église et placé dans un baldaquin spécial orné de fleurs."


Prières à la Tombe et procession de l'epitaphion
Monastère de Decani, province du Kosovo, Serbie


http://diaspora-grecque.com/

[...] "La Communauté Orthodoxe Grecque de Nice, Côte d'Azur et Monaco offre la possibilité aux Orthodoxes qui restent à la maison et ne savent pas assister aux Offices, de suivre l'Office d'Epitaphios et l'annonce de la Résurrection en direct de Saint-Spyridon, l'Eglise Orthodoxe Grecque de Nice, comme si ils y étaient."
[...]

lire l'article complet en ligne
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Tout Chrétien qui croit... (La Croix et la guérison, Ephrem l'Athonite)

http://thehandmaid.wordpress.com/2008/04/22/every-christian-who-believes/



Golgotha
Mikhail Nesterov (1899)


"De même que Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi le Fils de l'Homme doit-Il est élevé" (Jn 3,14). Et exactement comme tous ceux qui avaient été mordus par les serpents regardaient vers le serpent d'airain qui était suspendu et s'en trouvaient guéris, ainsi tout Chrétien qui croit en notre Christ et a recours à Ses blessures vivifiantes, qui mange Sa Chair et boit Son saint Sang, est guéri des morsures du serpent spirituel du péché, et par cette très sainte nourriture, est amené à vivre dans le renouvellement d'une nouvelle Création, à savoir la vie en harmonie avec Ses vivifiants Commandements.

Ancien Ephrem l'Athonite
Ancien Ephrem l'Athonite, du monastère de Philotheou

Grand et saint Vendredi (p. Sergei Boulgakov, 1900)



Homélie de saint Léon le Grand sur la Passion du Seigneur:
http://homepage.mac.com/thm72/orthodoxievco/ecrits/peres/florileg/textes/passion.htm

Homélie de saint Épiphane de Salamine pour le Vendredi Saint :
"Éveille-Toi, ô Toi qui dors!"
http://crypte.fr/homelies/epiphanesalamine.html


La sainte Face
Russie, vers 1750, 30 x 25 x 2,7cm
L'Icône est peinte dans le style des armoiries du Kremlin de Moscou. Elle est stylistiquement proche de la célèbre sainte Face de Simon Ushakov, et apparemment, l'iconographe est sous son influence. Elle a été peinte au 18ème siècle sur une ancienne planche du 17ème siècle. Aux 18 & 19ème siècles, il était courant de réutiliser d'anciennes Icônes usagées et ayant été beaucoup priées, lorsqu'il fallait créer une image particulièrement priante.
Source & (c)




Tous les Offices liturgiques du Vendredi Saint sont consacrés à la pieuse et touchante mémoire de la salvatrice Passion et mort sur la Croix du Dieu-homme. Chaque heure de ce jour est une nouvelle souffrance et un nouvel effort dans les souffrances expiatoires du Sauveur. Et l'écho de cette souffrance s'entend déjà dans chaque parole de notre service liturgique – unique et incomparable à la fois par la puissance de sa tendresse et de sentiment et la profondeur de l'insondable compassion pour les souffrances du Sauveur. La sainte Église présente aux yeux des fidèles une image complète des souffrances rédemptrices du Seigneur, commençant par la sueur de sang au jardin de Getsémani et s'achevant à la Crucifixion sur le Golgotha. Nous ramenant en pensée des siècles en arrière, la sainte Église nous amène aux pieds de la Croix du Christ érigée sur le Golgotha, et nous rend présents parmi les spectateurs tremblants face à toutes les tortures du Sauveur. Les hymnes de la sainte Église lancent : "Un mystère terrible et paradoxal se révèle et s'accomplit aujourd'hui - L'Inaccessible se laisse prendre - Il est lié, Lui qui a délié Adam de la malédiction - Il est sondé injustement, Lui qui sonde les reins et les coeurs - Il est enfermé dans une prison, Lui qui à enfermé l'abîme - Il est mené devant Pilate, Lui devant qui les Puissances des Cieux vont en tremblant - Il est giflé par la main de la créature, Lui le Créateur - Il est condamné à la Croix, Lui qui juge les vivants et les morts - Il est enfermé dans un tombeau, Lui qui détruit l'Hadès - Toi qui supportes tout en Ta compassion et qui nous sauves de la malédiction, Seigneur patient, gloire à Toi."
"Le grand Vendredi Saint, nous célébrons la sainte, terrible et salutaire Passion du Seigneur notre Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ, les crachats, les coups, les gifles, les injures, les rires, le manteau de pourpre, le roseau, l'éponge, le vinaigre, les clous, la lance, et surtout la croix et la mort qu'Il a voulu souffrir pour nous, et la confession sur la croix du larron reconnaissant crucifié avec Lui."
"Il est injurié par Ses propres serviteurs, Lui le Créateur de l'univers - O l'Amour du Maître priant Son Père pour ceux qui Le crucifiaient - Pardonne leur ce péché - Car les iniques ne savent pas ce qu'ils font injustement."
"Christ, nous nous prosternons devant Ta Passion - Révèle nous Ta glorieuse Résurrection."

Tropaire, voir Jeudi Saint

Kondakion, ton 8
Venez, célébrons tous Celui qui fut crucifié pour nous - Marie le voyait sur la croix et disait - Quand bien même Tu supportes la croix - Tu es mon Fils et mon Dieu.

Exapostilaire
Seigneur, au larron le jour même - Tu as donné d'entrer dans le Paradis - Par l'Arbre de la croix, illumine moi et sauve moi.

Tropaire, ton 4 (après le "Notre Père")
Tu nous as rachetés de la malédiction de la Loi par ton sang précieux - Cloué à la croix et percé par la lance - Tu as donné aux hommes la source de l'immortalité - Notre Sauveur, gloire à Toi.



Le Christ devant Caïphe
N. P. Shakhovskoy, vers 1890
Mosaïque de Spas na Krovi, Saint-Petersbourg
source:
http://01varvara.wordpress.com/


Matines du Vendredi Saint
A la seconde heure du soir (20h selon notre temps) commence "L'Ordo de la Sainte et Salvatrice Passion de notre Seigneur Jésus-Christ" (1). De même que pour les disciples, qui accompagnèrent leur Maître et Seigneur depuis la Dernière Cène jusqu'au Jardin de Getsémani en chantant, les fidèles vivront la nuit du Vendredi Saint avec presque toutes les Matines, avec le chant des antiennes et Canons, et ils seront instruits en entendant les 12 récits évangéliques complets de la Passion du Christ, tirés des 4 Évangélistes et divisés en 12 lectures, comme pour se conformer aux 12 heures de la nuit (2). Jusqu'au Tropaire "quand les glorieux disciples," les Matines sont accomplies de la même manière que le jeudi de la 5ème semaine du Grand Carême. Il n'y a pas de cathismes, mais directement après le tropaire et la petite litanie, on entame la lecture des Évangiles. La lecture des Évangiles est arrangée avec certaines caractéristiques significatives. Avant la lecture de chaque Évangile, on fait sonner la cloche comme signe de la victoire sur l'Hadès et du Seigneur qui souffrit la mort pour nous : avant le premier Évangile, elle est sonnée une fois, avant le second, 2 fois, avant le 3ème, 3 fois, et ainsi de suite. Après chaque Évangile, en accord avec son contenu, on chante : "Gloire à Ta patience, Seigneur, gloire à Toi" (Notnago Peniia Obikhod). Tous écoutent la lecture des Évangiles avec un cierge allumé en signe de l'amour brûlant pour les souffrances du Seigneur, et comme les vierges de l'Évangile, qui partirent rencontrer leur Époux avec ferme confiance qu'Il ne les laisserait pas orphelines, "mais irait de la tombe à la sainteté." Les Évangiles de la Passion, selon une pratique maintenant presqu'omniprésente en Russie, ne sont pas lus dans le sanctuaire mais au milieu de la nef, devant l'analogion (pupitre), en faisant face à l'Autel, les Portes Royales n'étant pas fermées. Dans certains endroits, ils font l'élévation pour le pupitre et les desservants d'église (Tserkovnyi Vestnik / Messager de l'Église, 1890, 14, 27; cfr Rukovodstvo dlia Selskikh Pastyrei / Manuel pour les prêtres de village, 1894, 15). La partie composite de l'Office des Matines se déroule dans l'ordre suivant : après l'Hexapsalme et la Grande Litanie, l'Alléluia et le tropaire "quand les glorieux disciples" sont chantés 3 fois. Pendant ce chant, le marguillier (ou portiers) distribue des cierges à toute l'assemblée, "qu'ils allumeront avant chaque Évangile;" ensuite, si les Évangiles sont lus au centre de l'église, le prêtre prend l'Évangéliaire de l'Autel et s'avance par les Portes Royales et le place sur le pupitre, derrière lequel on place 2 chandeliers avec cierges allumés. Ensuite a lieu l'encensement; si les Évangiles sont lus à l'Autel, alors l'encensement de la sainte Table est fait en forme de croix, puis tout le sanctuaire, puis le clergé et le peuple; si la lecture des Évangiles a lieu au centre de l'église, cet encensement commence depuis le centre de l'église – de devant l'analogion. Le premier Évangile est lu après le tropaire "quand les glorieux disciples," la petite litanie et son exclamation (3). Trois antiennes, une petite litanie et une hymne sessionnelle sont ensuite placés avant chaque Évangile suivant, jusqu'au 6ème compris. Les événements du complot des grands prêtres jusqu'aux circonstances de la mort du Sauveur sont rappelées par ces antiennes et hymnes, et la trahison de Judas et les terribles transgressions des Anciens et de tout le peuple Juif, qui "clouèrent le Seigneur de Gloire sur la Croix." Avant chacun de ces Évangiles, jusqu'au 7ème compris, il y a encensement de l'Évangéliaire (4) durant le chant de l'hymne sessionnelle. Après le 6ème Évangile, on chante les Béatitudes, avec 8 stichères exprimant les souffrances du Christ, le prokimenon "ils ont partagé Mes vêtements," puis le 7ème Évangile est lu. Après cela est lu le Psaume 50 "O Dieu, ait pitié de moi."
A partir de ce point, le diacre part pour encenser, et on ne chante plus la litanie de l'hymne sessionnelle, seulement "afin que nous puissions être trouvés dignes" comme nous disons avant tous les Évangiles. Le 8ème Évangile est lu après le Psaume 50. Puis nous chantons les 3 Odes du Canon de Côme de Maïum et le touchant exapostilaire "Le bon larron." Après quoi on lit le 9ème Évangile. Ensuite le 10ème Évangile est lu, après la lecture des Louanges et de la stichère sur les Louanges. Le 11ème Évangile est lu après la Grande Doxologie – qui est lue et non pas chanté – et la Litanie de Supplication. Et finalement, on lit le 12ème Évangile après l'apostiche. Avant le 12ème Évangile, "le diacre encense toute l'église comme au commencement." La fin de la lecture des Évangiles est accompagnée d'un bref sonnement des cloches. Après la lecture des Évangiles (s'ils sont lus au centre de l'église), l'Évangéliaire est ramené dans le sanctuaire. Les Matines s'achèvent avec la Litanie Augmentée et le Congé spécial.



Les Évangiles de la Passion :

1) Jn. 13,31-18,1 (Conversation d'adieu du Sauveur avec Ses disciples et Sa prière Sacerdotale pour eux). (5)
2) Jn. 18,1-28 (Capture du Sauveur au Jardin de Getsémani et Ses souffrances dues au grand prêtre Hanne)
3) Mt. 26,57-75. (Souffrances du Sauveur des mains du grand prêtre Caïphe et reniement du Christ par Pierre)
4) Jn. 18,28-19,16 (Souffrances du Seigneur à la cour de Pilate)
5) Mt. 27,3-32 (Désespoir de Judas par les nouvelles souffrances du Seigneur chez Pilate et le jugement entraînant Sa Crucifixion)
6) Mc. 15,16-32 (Chemin du Seigneur vers le Golgotha et Ses souffrances sur la Croix)
7) Mt. 27,33-54 (Suite du récit des souffrances du Seigneur sur la Croix, les signes merveilleux accompagnant Sa mort)
8) Lc. 23,32-49 (Prière du Sauveur sur la Croix, pour Ses ennemis, et repentance du Bon Larron)
9) Jn. 19,25-37 (Paroles du Sauveur sur la Croix, adressées à la Théotokos et à l'Apôtre Jean, et répétition du récit de Sa mort et transpercement)
10) Mc. 15,43-47 (Descente du Corps du Seigneur de la Croix)
11) Jn. 19,38-42 (Participation de Nicodème et de Joseph d'Arimathie à l'inhumation du Sauveur)
12) Mt. 27,62-66 (Mise en place des gardes devant la Tombe du Sauveur et pose des scellés sur la Tombe).


Crucifixion
Théophane le Crétois
source

Vendredi Saint : Heures Royales
Puisque la célébration de la liturgie est une image du sacrifice du Golgotha ou la commémoration de la mort de notre Seigneur Jésus-Christ sur la Croix, dès lors, ce jour de la sainte commémoration de cet événement mondial, on ne célèbre pas de Liturgie complète (6), ni la Divine Liturgie, ni la Liturgie des saints Dons Présanctifiés, en signe de profonde lamentation et de fervente contrition des fidèles en ce jour. Les Heures Royales sont célébrées à la place de la Liturgie : Les Heures de Prime, Tierce, Sexte et None ensemble. Leur structure comporte Psaumes, lectures de l'Ancien Testament, Épître et Évangile, tropaires et stichères à propos des circonstances de la mort du Seigneur Jésus-Christ. Durant ces Heures, on ne recrée pas seulement le récit des événements de l'Évangile qui ont eu lieu ce jour, mais on regarde aussi en détail la comparaison entre les prophéties de l'Ancien Testament et les lectures sacrées du Nouveau Testament, l'enseignement Chrétien à propos de notre rédemption par la mort du Sauveur sur la Croix (7). Dans les hymnes des Heures Royales sont représentées la capture du Sauveur par les gardes, la fuite en désordre des disciples, la tentative zélée par l'Apôtre Pierre de défendre son Maître, son reniement du Sauveur, et son amer repentir après coup, la souffrance sur la Croix et la mort du Sauveur. On y entend les regrets du traître perfide et les Juifs impies. L'étonnement de tout le monde angélique et céleste devant la situation si abaissée du Dieu Incarné, Sa couronne d'épines, et la tunique souillée, sont aussi représentés. Tout cela est transmis afin qu'en présence du Seigneur même, en Sa position humiliée, Il souhaitait toucher les âmes humaines endurcies, de sorte qu'en présence des Apôtres Il accusa les Anciens, les Juifs et les Pharisiens, qui sans gratitude, inhumainement et cruellement torturèrent le Sauveur. Et pour finir, en présence de tous les fidèles que la sainte Église invite à cette vue terrifiante, interpellante et sans précédent : "Venez, peuples qui portez le Christ - voyons ce qu'avec les prêtres iniques - contre notre Sauveur a décidé Judas le traître - Aujourd'hui ils ont déclaré passible de mort le Verbe immortel - Ils L'ont livré à Pilate. Ils L'ont crucifié sur le lieu du crâne."
L'Office des Heures commence à la 2ème heure du jour, 8h du matin selon notre temps. Pour les Heures, il y a "2 sonneries, une prolongée," c-à-d d'abord une longue sonnerie d'une cloche, puis de 2, de manière à ce que l'impact de la seconde produise un son plus fort et plus long que celui de la première. Aux Heures, le prêtre ramène l'Évangéliaire au centre de l'église et le place sur l'analogion (pupitre) et, ayant entamé la lecture des Heures, il encense l'Évangéliaire, l'iconostase, toute l'église et l'assemblée. Les Portes Royales restent ouvertes jusqu'à ce que l'Évangéliaire soit ramené dans le sanctuaire après sa lecture durant None.

Prime : tropaire, ton 1
Christ, quand Tu fus crucifié - la tyrannie fut détruite - la puissance de l'ennemi fut renversée - Car ce n'est pas un homme ni un Ange - c'est Toi même, Seigneur, qui nous as sauvés. Gloire à Toi.
Ancien Testament : Zach. 11,10-13
Épître : Galates 6,14-18
Évangile : Mt 27,1-56

Tierce: tropaire, ton 6
Les Juifs T'ont condamné à mort, Seigneur, la Vie de l'univers - Eux qui par la verge avaient marché dans la mer Rouge, ils T'ont cloué sur la Croix - Eux qui furent nourris du miel des rochers, ils T'ont offert le fiel - Mais Tu as voulu souffrir, pour nous délivrer de la servitude de l'ennemi - Christ Dieu, gloire à Toi.
Ancien Testament (Паремия - Paroemia): Is. 50,4-11
Épître : Rom. 5,6-10
Évangile : Mc 15,1-41

Sexte : tropaire, ton 2
Tu as porté le salut au milieu de la terre, Christ, Dieu - Tu as étendu sur la Croix Tes mains saintes - pour rassembler toutes les nations qui Te disent - Seigneur, gloire à Toi.
Ancien Testament : Is. 52,13-15, 53,1-12, 54,1
Épître : Héb. 2,11-18
Évangile : Lc 23,32-49

None : tropaire, ton 8
Le larron, voyant le Maître de la vie suspendu à la Croix, disait - Si Celui qui est crucifié avec nous n'était pas Dieu incarné - ni le soleil ne cacherait ses rayons, ni la terre ne tremblerait - Toi qui tiens l'univers, souviens Toi de moi, Seigneur, dans Ton Royaume.
Ancien Testament : Jér. 11,18-23
Épître : Héb. 10,19-31
Évangile : Jn 18,28-40, 19,1-37




Monastère Danilov: carillon


Vendredi Saint : Vêpres
A la "10ème heure du jour" (15h selon notre temps), il y a la sonnerie de la grande cloche (blagovest), et ensuite de toutes les cloches ensemble. Le prêtre, après son entrée dans le sanctuaire, se revêt entièrement et sert les Vêpres selon l'ordo du Triode. Après le Psaume d'introduction, les litanies, stichères et l'entrée avec l'Évangéliaire, on lit 3 lectures de l'Ancien Testament (a. Ex. 33,11-23; b. Job 42,12-16; c. Is. 52,13-54,1) et l'Épître (1 Co 1,18-31, 2,1-2) dans lequel est symboliquement exposé l'enseignement fort sur la puissance de la mort du Seigneur Jésus-Christ sur la Croix. Dans la lecture de l'Évangile, composée d'extraits de 3 Évangiles (Mt 27,1-38; Lc 23,39-43; Mt 27,39-54; Jn 19,31-37; Mt 27,55-61), est présenté le récit complet de la mort du Seigneur Jésus-Christ sur la Croix. Représentant la descente de la Croix du Corps immaculé du Seigneur, les desservants d'église enlèvent l'epitaphion (8), c-à-d l'image du Seigneur Jésus-Christ gisant dans la Tombe, du sanctuaire à la fin des Vêpres. Après l'apostiche, habituellement durant la lente hymne du dernier verset de l'apostiche, "Toi qui es revêtu de la Lumière comme d'un manteau - Joseph avec Nicodème Te descendit de la Croix," on ouvre les Portes Royales, des cierges sont distribués aux fidèles; le prêtre, précédé du diacre portant un cierge, comme se conformant aux paroles de la stichère "Toi qui es revêtu de la Lumière comme d'un manteau," représentant la stupéfaction de Joseph et Nicodème alors qu'ils inhument le Seigneur, L'enveloppant de fins draps; le prêtre encense à 3 reprises depuis les 4 côtés l'epitaphion qui se trouve sur l'Autel, et se prosterne à 3 reprises devant le Seigneur qui y est représenté. Au chant du tropaire (après "maintenant Tu peux laisser Ton serviteur s'en aller en paix" et le "Notre Père") : "Le noble Joseph descendit - de l'arbre de la croix Ton Corps sacré," les serviteurs d'église, par leurs propres actions représentant ce qui est chanté dans les paroles initiales du tropaire, enlèvent le Seigneur de la Croix, élèvent l'epitaphion sous lequel le prêtre se place, prenant l'Évangéliaire, le tenant contre sa poitrine (représentant ce qui est tissé de lin fin comme expliqué par le saint Évangéliste Jean le Théologien (1,1) "Dans le principe était le Verbe de Dieu," précédé des desservants d'Autel portant 2 chandeliers avec cierges allumés, et le diacre avec l'encensoir allumé, le prêtre prend l'epitaphion hors du sanctuaire à travers les Portes Nord (dans certains endroits, les Portes Royales), et le place sur une table préparée ou "tombe" (9) au milieu de l'église, puis place le saint Évangile dessus. Après cela, le prêtre avec le diacre encense à nouveau à 3 reprises, par les 4 côtés, l'epitaphion, tournant autour, et le choeur chante : "Gloire, maintenant et à jamais", "Aux femmes porteuses de myrrhe - l'Ange dit." Après le tropaire, il y a une homélie de circonstance pour le jour, suivie du baiser sur l'epitaphion, à hauteur des blessures des pieds du Sauveur (10). Ensuite le prêtre rentre dans le sanctuaire, achève les Vêpres et le Congé devant les Portes Royales. Puis les Portes Royales sont fermées et le rideau est tiré (11). Après les Vêpres suit la Petite Complie, durant laquelle on chante un touchant Canon : "De la Crucifixion du Seigneur et des lamentations de la très sainte Mère de Dieu." Il est approprié que le prêtre lise ce Canon devant l'epitaphion. Après le Congé, soit une veilleuse (lampada, kandillion) soit des cierges sont laissés à brûler devant l'epitaphion durant toute la nuit (et bien entendu, en prenant toutes les précautions nécessaires pour éviter un incendie).

Apostiche (après "Gloire, maintenant et toujours," ton 5)
Toi qui es revêtu de la lumière comme d'un manteau - Joseph avec Nicodème Te descendit de la Croix - Te voyant mort, dépouillé, sans sépulture, il compatit et douloureux disait : Hélas, très doux Jésus - Quand il T'a vu suspendu à la Croix le soleil s'est entouré de ténèbres - la terre a tremblé de peur, le voile du temple s'est déchiré - Maintenant je Te vois souffrir de Toi-même la mort pour moi - Comment T'ensevelirai-je, mon Dieu? - Comment Te roulerai-je dans un linceul? - Avec quelles mains toucherai-je Ton Corps très pur? - Que chanterai-je, Compatissant, pour Ton exode?- J'exalte Ta Passion, je célèbre Ta sépulture et Ta Résurrection - proclamant : Seigneur, gloire à Toi.

Tropaire, ton 2
Le noble Joseph descendit - de l'arbre de la Croix Ton Corps sacré - l'entoura d'un linceul pur - le couvrit de parfums - et l'ensevelit dans un sépulcre neuf. Aux femmes porteuses de myrrhe - l'Ange dit, qui était près du tombeau - la myrrhe convient aux mortels - Mais le Christ est étranger à la corruption.

L'ordo qui précède pour porter le linceul / epitaphion n'est pas partout suivit. Dans certains endroits, en célébrant l'Office des Vêpres du Vendredi Saint, la procession est adaptée, allant de l'église chaude à l'église froide [chapelle d'été & d'hiver], et à ce moment, l'epitaphion est transféré du sanctuaire chaud vers le milieu d'une église froide, et dans ce cas il est placé sur une table près des Portes Royales. En d'autres endroits, l'epitaphion sera préparé au milieu de l'église à proximité des Portes Royales, et les fidèles qui sont venus aux Vêpres le voient déjà gisant sur la table spéciale arrangée pour lui, l'embrassent et allument des cierges jusqu'à l'entrée du prêtre. Dans la cathédrale de la Dormition à Moscou (voir le pontifical de la grande cathédrale de la Dormition) le transfert de l'epitaphion a lieu avant le début des Vêpres: d'abord le hiérarque encense la tombe ou table préparée sous l'epitaphion, puis, entrant dans le sanctuaire, encense l'epitaphion sur la table de l'Autel, de face, 3 fois, puis les prêtres portent l'epitaphion depuis le sanctuaire à travers les Portes Royales et le placent sur la table préparée, avec triple encensement tout autour. Ensuite commencent les Vêpres, après le Congé desquelles les desservants d'église embrassent l'image du Sauveur sur l'epitaphion, n'embrassant que les blessures sur les pieds, le hiérarque embrassant les blessures du côté, des mains et des pieds. Dans le sud-ouest du pays, existe une autre coutume, l'epitaphion est porté autour de l'église lors des Vêpres du Vendredi Saint. Une telle variété de pratiques pour les divins Offices explique pourquoi le Typikon ne dit rien à propos du port de l'epitaphion aux Vêpres du Vendredi Saint. Le typikon ne parle que de le porter aux Matines du Samedi Saint. La coutume de porter l'epitaphion autour de l'église lors des Vêpres du Vendredi Saint n'ayant pas de base en elle-même dans le Typikon, n'est pas justifiée ni n'a le moindre fondement historique. A savoir que cette coutume n'existe pas non plus dans les manuels d'explication du Typikon d'église, ni dans la pratique d'églises faisant autorité (les cathédrales de certaines anciennes villes), rendant dès lors déplacé cette procession autour de l'église. La préparation de l'epitaphion directement après les Heures Royales ou au début des Vêpres sans toutes les prières vient de l'attachement à la lettre du présent Typikon, qui ne mentionne pas la procession de l'epitaphion lors des Vêpres du Vendredi Saint. Les prêtres ne souhaitant pas rompre le mouvement de l'Office des Vêpres par des coutumes et rites non stipulés par le Typikon, préparent ou ordonnent au clergé de préparer l'epitaphion sans la moindre cérémonie ou hymne, assumant que dans ce cas, ils suivent bien le Typikon. Ce qui pousse à la coutume de faire sortir l'epitaphion durant les Vêpres pendant le chant de l'apostiche est sans aucun doute l'influence de la pratique actuelle des Églises orientales (Grecque et Bulgare) où à l'heure actuelle, le port de l'epitaphion a lieu pendant les Vêpres du Vendredi Saint, pendant le chant de l'apostiche (12). Ce rite final du transport de l'epitaphion (durant les Vêpres au chant de l'apostiche) mérite toute l'attention de la part des actuelles autorités spirituelles et des prêtres, non seulement du fait de l'émouvante image de ce port de l'epitaphion au dessus de la tête des prêtres, durant l'harmonieux et mélodieux chant de la belle apostiche, causant une impression profondément religieuse sur ceux qui prient, jouant sur les mêmes fibres sentimentales dans leurs coeurs, et leur causant de sincères larmes, mais aussi parce que ce rite est en accord avec la pratique des Églises orientales de qui notre propre pratique liturgique était en complète dépendance durant toute l'histoire des divins Offices dans notre Église, et de qui l'influence, quoique tacite, n'était pas absente, comme le démontre la pratique décrite. Jusqu'à présent, la pratique en question, étant en nombre d'aspects en accord avec la pratique des Églises orientales, fut admise même le célèbre premier hiérarque de l'Église de Russie, feu le métropolite de Moscou, Philarète, (Moskovskiia Eparkh. Ved. / Nouvelle diocésaines de Moscou, 1876, 50), par nombre de hiérarques russes dans leurs instructions sur l'actuelle coutume, quant à la procession de l'epitaphion lorsque la fête de l'Annonciation a lieu le Vendredi Saint, et finalement, même officiellement autorisée avec certains détails par le Saint-Synode en 1855 par un décret spécial (voir plus loin). Il reste à souhaiter que cette pratique puisse être acceptée dans un proche avenir dans les pages de notre Typikon et que cela puisse en retirer les cas plutôt nombreux d'en diverger. Dans l'idée des liturges contemporains, le rite même de la procession de l'epitaphion devrait être rendu conforme avec la pratique des Églises orientales durant le chant de la stichère : "Toi qui es revêtu de la Lumière comme d'un manteau" ou comme dans la pratique déjà en cours en nombre d'endroits en Russie et approuvée par le Saint-Synode : durant le chant du tropaire "le noble Joseph." Dans ce cas, il est nécessaire de s'assurer que le chant du tropaire est étendu et que le prêtre achève le port de l'epitaphion et l'ai placé sur la table prévue avant le chant des paroles finales du tropaire : "et l'ensevelit dans un sépulcre neuf." Ce qui amène à envisager quelles portes devraient être utilisées pour cette procession de l'epitaphion, à savoir:
1) qu'il est plus conforme avec la signification de ce rite que l'epitaphion ne soit pas sorti par les Portes Royales par lesquelles il est amené à la table du saint Autel durant la nuit de Pâques, mais par la Porte Nord;
2) en l'absence de toute instruction dans notre Typikon concernant directement ce rite, nous y trouvons cependant certaines instructions pour le rite similaire du port de la Croix lors de la fête de l'Exaltation de la Croix et le Dimanche de la Croix, à voir sortir par la Porte Nord, et
3) le point principal, selon le Typikon des Églises orientales d'où nous avons emprunté ce rite, c'est qu'il est nécessaire de porter l'epitaphion non pas par les Portes Royales, mais par la Porte Nord.
Vu ces points fondamentaux, il faut donner l'avantage décisif à la procession de l'epitaphion par la Porte Nord. Ainsi, les lecteurs des Psaumes ou certains parmi les laïcs peuvent valablement aider le prêtre comme cela a lieu en nombre d'églises, et il n'y aura pas d'encouragement spécial pour le prêtre de réduire l'ancienne pratique, de porter l'epitaphion et l'Évangéliaire (Rukovodstvo dlia Selskikh Pastyrei / Manuel pour les prêtres de village, 1885, 9; Tserkovnyi Vestnik / Messager de l'Église, 1888, 2; Khristianskoe Chtenie / Lecture Chrétienne, 1888, vol. 2, pp. 561-570). Le "Tserkovnyi Vestnik (Messager d'Église 1897, 14) donne cette explication concernant la variété dans la pratique de cette procession de l'epitaphion : "nombre de pratiques locales durant le port de l'epitaphion ont leur propre prescription historique et ne sont pas accomplies avec la moindre idée connue; dès lors, il y aurait du bénéfice pour ceux priant en étant accoutumés à des gestes religieux connus, et aspirer à l'uniformité n'est pas toujours utile." Mais dans d'autres églises de village, il y a des variantes "non pas par souci de conserver d'anciennes coutumes,mais simplement par ignorance des desservants d'église sur la manière d'accomplir les divins Offices, quand il n'y a pas d'instruction précise dans le Typikon. Ils agissent selon leur propre logique, qui ne se retrouve pas dans la coutume plus générale de nombre des autres églises." Vu cela, le "Tserkovnyi Vestnik" (Messager de l'Église), à propos de la manière de porter l'epitaphion "selon sa propre logique," instruit aussi sur la manière dont ce transfert de l'epitaphion sera accomplie à Saint-Petersbourg. Ces instructions, avec quelques mises à jour, se retrouve dans le texte de notre livre (cfr Vêpres du Vendredi Saint et Matines du Samedi Saint).
Si le Vendredi Saint tombe le jour de l'Annonciation, il est appelé "Chapitre de l'Annonciation," les Vêpres sont célébrées avant la Divine Liturgie qui commence immédiatement après la lecture de l'Ancien Testament, et dès lors l'apostiche et tout ce qui vient après est omis. Dans ce cas, étant guidé par le décret du Saint-Synode (1855), il devient nécessaire de procéder au transfert de l'epitaphion pendant la Petite Complie. Dans ce Décret nous lisons : "Pour la Complie à 17h, le blagovest [ndt : appel préliminaire pour les Offices majeurs. Un coup sur la plus grosse cloche toutes les secondes, 12 coups en tout], le son de la grosse cloche, et une sonnerie complète [ndt: le son rythmique des cloches] de toutes les cloches. Le prêtre est entièrement revêtu mais le reste du clergé est revêtu du minimum. Avant cela, l'epitaphion est placé sur la table du saint Autel et les chandeliers sont positionnés. La Complie commence comme habituellement. Après la lecture du Credo, les Portes Royales sont ouvertes au chant du verset de l'apostiche "Toi qui es revêtu de la Lumière comme d'un manteau." Pendant ce temps, le prêtre, ayant distribué les cierges, encense le linceul sur la table du saint Autel, faisant 3 cercles. Après le chant de l'apostiche, ils élèvent l'epitaphion de la table du saint Autel pendant le chant du tropaire "le noble Joseph" et le portent comme il est prévu vers la table préparée au milieu de l'église ou dans une autre chapelle. Après avoir replacé l'epitaphion en place, le recteur l'encense à nouveau, faisant 3 cercles autour, pendant le chant de l'autre tropaire "Aux femmes porteuses de myrrhe - l'Ange dit." Après cela vient le baiser au linceul pendant lequel le Typikon prescrit de chanter le Canon de Complie : "De la Crucifixion du Seigneur et des Lamentations de la toute sainte Mère de Dieu." La Complie s'achève selon les instructions du Typikon (13). "En ce jour saint, aucun repas ne sera offert, ni nous ne mangerons, en ce jour de la Crucifixion. Si quelqu'un en est incapable ou est devenu très vieux et ceux incapables de jeûner, ils peuvent prendre du pain et de l'eau après le coucher du soleil. De la sorte nous suivrons le saint commandement des saints Apôtres de ne pas manger le Vendredi Saint (14)."


Christ portant la Croix
1750 – 1800. Saint-Petersbourg, 54,2 x 40,2 x 3,8cm
Icône fort rare, elle était propriété d'un officier d'un régiment du Tsar
source & (c)


1. Si les circonstances le demandent, alors le Vendredi Saint, avec la lecture des 12 Évangiles dans les mêmes églises, il est possible de célébrer à la fois la Vigile de toute la nuit et les Matines (commençant alors à célébrer à 18h). Il ne faut pas confondre avec ces circonstances où le même Office est répété, ce n'est pas prévu pour le même et unique pèlerin. Cela ne vient pas du fait que les gens qui travaillent sont occupés jusque tard le soir et sont privés de pouvoir entendre les 12 Évangiles (Tserkovnyi Vestnik / Le Messager de l'Église, 1889, 44).
2. La terrible nuit est recrée par l'Office du matin du Vendredi Saint. La nuit de la nature, la ténèbre de la rage noir des Juifs qui cherchaient à tuer le Sauveur, la mortelle affliction du Rédempteur dans la noire nuit au Jardin de Getsémani, puis l'extrême degré de Son humiliation, déjà trahi par le disciple et arrêté par les ennemis, - tout cela aggrave l'horreur de cette nuit-là. Devant le regard de l'esprit, dans l'église, sont présentés l'un après l'autre, toujours plus triste, toujours plus terrible, toujours plus étonnant. D'un côté, le Créateur et Sauveur de tous est vu partout brillant d'une Lumière céleste, ayant fait d'immenses biens à tous et partout tout au long de Sa vie, ayant rendu la vue à l'aveugle, guérit le malade, relevé le mort. Même maintenant, Il est Celui qui surmonte la torture pour en arriver non pas à pleurer sur Lui-même mais sur Ses bourreaux, non pas sur Ses blessures mortelles, mais sur les blessures morales de ceux qui L'humilient.
D'un autre côté, partout à présent Il leur rend le meilleur, eux qui dans leur rage infernale vont de toutes les manières possibles Le blesser et Le torturer, Lui Qui les a créés, et jusqu'à la fin leur aura fait tant de bien : pour la manne, ils Lui rendent de la bile; pour l'eau, du vinaigre; pour tout Son amour pour eux, la Croix et la mort.
Dans ses diverses hymnes, la sainte Église, perçant le coeur même de ce qu'elle a contemplé avec tristesse, comme si elle ne parvenait pas à regrouper ses pensées, en examine l'une ou l'autre. Où elle ne prêtera pas attention en pensée, elle orientera vers ailleurs l'attention du regard, et partout pour des occasions toujours nouvelles, vers les sons plaintifs, les larmes, les nouvelles sources de tristesse et de souffrance.
Le coeur s'indigne face aux Juifs, qui jusque si récemment encore chantait avec enthousiasme : "Hosanna au Fils de David!" Mais à présent crient avec une frénésie criminelle et perfide : "Crucifie-Le, crucifie-Le!" Le coeur tremble à la mémoire d'un des noirs et infernaux membres de cette élite, un bien-aimé disciple du Sauveur, ingrat et criminel, qui méprisa tout, qui oublia tout, et vendit tout pour une insignifiante poignée de "30 pièces d'argent." Cela reviendra au regard de l'esprit, le divin Souffrant Lui-même tourmenté par le fouet, ridiculisé avec la laide tunique de pourpre trempée du bain de Son sang immaculé, Sa tête couverte de blessures dues à une couronne d'épines, insulté sans pitié, brutalement battu, et pour finir, torturé à mort sur la Croix. Ce que les justes de l'Ancien Testament avaient prophétisé, et que les messagers de Dieu du Nouveau Testament qui ont prophétisé ou parlé de Ses souffrances, sont rappelés, et de toute la puissance de son coeur, le fidèle souffre avec Lui. Cette vision frappe au ciel et sur terre comme témoin de l'oblation du Golgotha, et eux, toujours calmes et tous paisibles, ne pouvaient le supporter : "le ciel s'assombrit, les fondements de la terre tremblèrent."
Par ce surprenant étalage de tout ce qui a été accomplit en ces heures du plus terrible sacrilège, sans précédent sur terre, la sainte Église étreint complètement l'âme du fidèle, la concentre et la dirige vers l'unique contemplation de la Croix du Christ, tentant de guider le Chrétien vers l'état bénéfique où se trouvait l'Apôtre, qui ne voulait rien connaître d'autre, "si ce n'est le Christ, et le Christ crucifié" (1 Co 2,2).
Mais celui qui, avec la participation vivante de son coeur aimant, peut soutenir en son esprit une telle condition, qui regarde vers la Passion volontaire du Sauveur du monde, qu'il évacue tout ce qui distrait l'attention des souffrances du Seigneur, remplit l'imagination d'images impures, excite l'esprit avec de vaines paroles, ou pollue le coeur avec des désirs malsains, - qu'il "descende" vraiment vers les souffrances du Sauveur, et "il sera percé et détruit pour Son amour par les plaisirs quotidiens." C'est pourquoi la sainte Église, juste après le début de son majestueux "Office de la Sainte et Salvatrice Passion" du Christ nous appelle tendrement : "Purifions nos sens, offrons les au Christ - sacrifions Lui nos âmes, par amour de Lui - N'étouffons pas sous les soucis de la vie, comme Judas - Mais prions en nos coeurs - Notre Père qui es aux Cieux, délivre nous du Malin."
Enténébré par les pensées impures et vaines, l'esprit ne sait pas contempler la Lumière de la gloire divine révélée dans la rédemption de la race humaine à travers les souffrances et la mort du Fils de Dieu. Embrouillés dans les passions et les désirs impurs, l'esprit n'est pas capable d'assumer et de refléter en lui-même l'image divine du Souffrant du Golgotha. Étant engraissée par les désirs charnels, le coeur ne ressentira pas et n'étreindra pas la majesté d'amour du Père Céleste, qui donna Son Fils Unique à la mort pour notre délivrance, - il ne s'adoucira pas par la rosée de la Grâce de Dieu et n'exhalera pas le parfum de la tendre prière des larmes, faisant notre âme une d'esprit avec le Seigneur. Ne s'étant pas sincèrement détournée de tout ce qui est pécheur et impur, l'âme se meurt et ne vit pas avec le Seigneur, et ne sera pas libérée des fers du désespoirs que Satan lui a attachés. C'est pourquoi, afin de "descendre et d'être crucifié" avec le Christ, il est nécessaire de purifier "nos sens," d'extirper de nos coeurs, de la mémoire et de l'imagination, tout ce qui est mal, impur et pécheur.
Si quelqu'un a de l'hostilité pour son prochain, il devrait l'arracher de son coeur pour l'amour de Celui Qui nous a enseigné "Faisons des reproches aux reproches, soyons vigilants et non pas menaçants," - si vous avez été vilipendé, vous devriez le pardonner de tout coeur, ainsi que toute offense et animosité, pour l'amour de Celui Qui n'a pas appelé le traître pour ami au moment de la trahison et qui pria pour ceux qui Le crucifiaient. Si l'esprit d'orgueil, de suffisance, d'exaltation de soi, de suffisance, possède quelqu'un, il devrait l'éradiquer de son coeur, s'humilier et s'abaisser lui-même tel un serviteur inutile, digne de tout déshonneur et toute humiliation pour Son amour, Lui Qui est en essence le Seigneur de gloire, et Qui "S'abaissa Lui-même, recevant l'image d'un serviteur", "S'humilia lui-même, étant obéissant même jusqu'à la mort, et la mort sur une Croix," l'humilité supporta toutes les humiliations, les crachats, la moquerie, et la plus honteuse des morts des mains des mauvais.
Si quelqu'un est tourmenté de l'esprit de cupidité, de convoitise ou d'avarice, qui l'extirpe de son coeur pour l'amour du seigneur, Qui naquit dans une mangeoire pour notre Salu, n'eut pas "d'endroit où reposer Sa tête," et mourrut sur la Croix, et ceux qui Le crucifiaient n'hésitaient même pas de nous priver même de Sa dernière tunique.
Si la bouche de quelqu'un est habituée à être ouverte aux vains bavardages et commérages méchants, la condamnation et la calomnie, au murmure et à l'indignation, qu'il la réduise au silence comme Celui Qui fut "tel l'agneau qui est mené à l'abattoir, tel l'agneau qui devant ses bouchers reste muet, n'ouvre pas la bouche" (Is. 54,7). Si quelqu'un est prit de l'esprit de volupté et de sensualité, qu'il est enflammé de n'importe lequel des feux des désirs charnels et passions, qu'il éteigne ce feu impur avec la vision de Celui Qui pour notre amour fut affamé et assoiffé, puis abreuvé de vinaigre et de fiel, Qui livra Son Corps immaculé à la souffrance et à la crucifixion, au fouet et aux blessures, à la torture et à être cloué sur la Croix.
Si l'âme de quelqu'un est prise par les soucis terrestres, de manière excessive et vaine, déplacée et inutile, alors il devrait en être libéré afin de ne pas profaner les saints jours avec des occupations professionnelles mais aussi avec du profane, afin de ne pas distraire l'esprit et le coeur des saintes pensées et des pieux sentiments, afin de ne pas devenir tel Judas, qui ne parvint pas à se séparer de sa bourse, qui ne pensait qu'aux achats et aux ventes au milieu de la Cène Mystique.
Pour cette raison, le Seigneur entrepris Sa Passion et mort volontaire, afin de nous purifier de tout péché, de faire de nous une nation sainte, un sacerdoce royal, un peuple renouvelé. Vainement, certains souhaiteraient que "la Croix du Christ soit vide" (1 Co 1,17) et pensent qu'ils pourraient "comprendre la puissance de Sa Résurrection" sans "partager Ses souffrances" (Phil. 3,10).
Si le Christ seul est à la fois "la Vie" et "le Chemin" (Jn 14,6) vers la vie, alors comment pourraient-ils réaliser la vie du Christ sans aller Ses "voies"? De tels membres, peuvent-ils être étroitement unis à ce Corps dont la "tête" est couronnée d'épines (Eph. 4,15-16). Est-il possible aux membres d'être en repos et de ne pas se soucier de la Tête qui est en travail, et dans les blessures et dans l'épreuve? D'être immergé dans les plaisirs bruyants quand Lui, Il est frappé de la maladie. De s'abreuver d'une coupe pleine des plaisirs temporels quand Lui, Il a soif et reçoit du vinaigre; d'être loué quand Il est courbé; de ne pas vouloir être malade ne fut-ce qu'une minute de ses propres péchés et iniquités, quand Il garde l'étranger et meurt? Serait-ce offensant pour notre Rédempteur si nous devions être exposés avec nos vieux péchés impurs devant Sa Croix et tombe, dans le sac de toile des désirs passionnels et des plaisirs quotidiens: si tous les actes de Son amour sans exemple et Sa condescendance pour nous, pécheurs pauvres et condamnés, si Ses souffrances et épreuves sont restés vains en nous?
Ne soyons pas la cause de nouvelles souffrances pour notre Sauveur et Seigneur, mis à mort pour nos péchés, à moins que pour Lui, nous ne voulions pas réduire et détruire toute passion nous possédant. Qu'avons-nous donc à pécher après le Baptême, après tout ce que Jésus-Christ a fait pour nous et nous a révélé? Selon les mots du saint Apôtre Paul, "nous crucifions le Fils de Dieu de notre faute pour une seconde fois" (Héb. 6,4-6).
Une seconde fois, nous changeons devant le Seigneur, nous Le renions, nous Le trahisons, nous Le condamnons à chaque fois que, connaissant Sa sainte volonté, nous l'enfreignons, nous rejetons Sa voix qui appelle à la repentance, nous piétinons notre conscience et nous la trahisons en nous livrant aux passions et désirs charnels. Une seconde fois, nous Le couronnons d'épines, quand nous trouvons grand intérêt dans les racontars criminels, quand nous sommes charmés par les pensées orgueilleuses et vaines, ambitieuses et convoitantes, folles et blasphématoires. Une seconde fois, nous clouons Ses mains à la Croix, quand nous laissons nos mains impures s'adonner à la corruption et à l'extorsion, au pillage et à l'injustice. Une seconde fois, nous Lui donnons du vinaigre et de la bile à boire, quand nos langues, sans honte, se laissent aller aux paroles vaines et mauvaises; au discours malveillant et chicanant, au sarcasme et aux reproches. Une seconde fois, nous raillons le Seigneur crucifié lorsque nous nous moquons et raillons, lorsque nous reprochons et condamnons, lorsque nous râlons et vilipendons contre notre prochain. Une seconde fois, nous perçons Son coeur quand nous souillons notre coeur avec les désirs et envies impurs, les convoitises, les sensations puantes et honteuses. Une seconde fois nous blessons, torturons et déchirons Sa chair immaculée, lorsque nous sommes insatiablement tournés vers les plaisirs et désirs charnels. En un mot : une seconde fois pour le Seigneur, nous Le renions, nous Le jugeons, nous Le crucifions, à chaque fois que connaissant Sa sainte volonté, nous enfreignons et rejetons Ses saints Commandements, que nous n'écoutons pas Sa voix qui nous appelle à la repentance, nous piétinons notre conscience et nous trahissons dans l'abandon aux passions et désirs.
Que sera notre péché? Que sentira notre coeur endurci quand l'Omniscient jugera notre secret? De quoi donc notre conscience mauvaise sera-t'elle absous devant le Juge voyant tout? Vraiment, "alors nombreux appellent montagnes et collines, afin qu'ils s'effondrent sur eux, pour les cacher de la face de Celui qui est assis sur le Trône!" (Apoc. 6,16).
Mais alors rien ni personne ne nous cachera de Son omniprésence si nous ne sommes pas dès maintenant couverts par ces mêmes blessures, que par nos péchés nous avons imposées à notre Seigneur. De Son jugement impartial, ni rien ni personne ne nous protégera, si nous ne nous tournons pas nous-mêmes maintenant vers la protection de cette même Croix sur laquelle nous avons crucifié le Seigneur par notre injustice. Pleurer amèrement nos péchés, repousser prestement en la regrettant notre ingratitude envers notre Rédempteur et Seigneur, unis par la ferme résolution de ne plus nous en aller sur nos chemins d'iniquité, d'aimer la pureté de la conscience et d'amender notre vie – voilà ce qui nous advient durant les saints jours de la Passion du Seigneur, quand nous nous tenons devant Sa Croix et Sa Tombe! Vers cette Croix du Fils unique de Dieu, nous avons élevé nos péchés, mais sur cette même Croix se trouve clouée la liste de tous nos péchés en présence de la vérité de Dieu. Dans cette Tombe, le Fils de Dieu a réduit la condamnation à mort qui pesait sur nous, mais dans cette même Tombe, la mort fut détruite, et de là une vie nouvelle nous a été envoyée. La Croix du Christ nous jugera si nous restons sans repentir et insensibles, mais la Croix du Christ nous absoudra si nous avons recours avec foi et repentance, avec larmes et componction du coeur, à Celui Qui est crucifié dessus. La Tombe du Seigneur nous jugera si nous demeurons dans la mort de nos transgressions, mais cette Tombe nous donnera la vie et nous relèvera si nous commençons à nous repentir et renouveler notre vie. (Pour les détails, voir dans "Poln. Sobr. Propov. Dimitriia, Archiep. Khersonskago / Collection complète des sermons de Dmitri, archevêque de Chersonese, Vol.4, pp. 383-419).
Saint Ephrem le Syrien enseigne : "Venez, vous les enfants de l'Église, rachetés par le précieux et saint Sang du tout Pur Maître. Venez, méditons Ses souffrances avec larmes et lamentations, avec crainte et tremblement, nous disant à nous-mêmes : 'Christ notre Sauveur est livré à la mort sur la Croix à cause de nous, les injustes.' Pensez-y fortement, frères, à présent que vous entendez que le Dieu sans péché, le Fils du Très Haut, a été trahi pour vous. Ouvrez votre coeur, pensez à Ses souffrances, et dites-vous à vous-mêmes : 'Aujourd'hui le Dieu sans péché est trahi, aujourd'hui Il est méprisé, aujourd'hui Il est insulté, aujourd'hui Ses yeux sont frappés, aujourd'hui Il supporte le fouet, aujourd'hui Il a porté la couronne d'épines, aujourd'hui l'Agneau Céleste est crucifié. Tremble, ô mon coeur, sois horrifiée, ô mon âme! Chaque jour je devrais verser des larmes en pensant aux souffrances du Maître. L'âme est illuminée par ces précieuses larmes, en méditant continuellement les souffrances du Christ.' Méditant ainsi tout le temps, s'affligeant chaque jour, et remerciant le Seigneur Qui a enduré les souffrances pour vous, de sorte qu'au Jour de Son Retour, vos larmes se seront transformées en louange et glorification devant le Trône de Son Jugement. Gardez-vous du mal, méditant les souffrances du Bon Maître. Endurez les tentations, rendant grâce à Dieu du fond du coeur pour elles. Béni est l'homme qui a le Maître céleste et Ses souffrances devant lui, qui a été lui-même crucifié à toutes les passions et à toutes les choses de ce monde, et qui devient un imitateur de son Seigneur. Là est la prudence; là est la position des serviteurs qui aiment Dieu, si ils sont toujours les imitateurs du Maître dans les bonnes oeuvres."
La sainte Église nous appelle dans ses hymnes : "Dès lors venez, avançons-nous avec un esprit purifié" vers le Seigneur,"ayant orné notre manière de vivre avec la couronne de la chasteté et ayant préservé notre Foi avec sagesse, cherchons les vérités morales afin que nous parvenions à Le suivre et à être crucifié avec le Christ," et "détruisons en nous la vie de débauche par amour pour Lui afin que nous renaissions en Lui"; "Mais purifions nous de toute souillure - et prions Le du fond du coeur - Lève Toi, Seigneur, sauve nous, dans ton amour de l'homme."
3. Les exclamations après les Petites Litanies ne sont pas écrites dans le Triode, mais sont présentes dans l'Ordo pour la Semaine de la Passion (un livret publié à cet effet) dans l'ordre suivant : après la première : "Car à Toi est la puissance et à Toi est le règne"; après la seconde : "Car à Toi est due toute gloire"; après la 3ème : "Car saint et glorifié est le tout vénérable et majestueux Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit"; après la 4ème : "Car Tu es notre Dieu, et nous Te rendons grâce"; après la 5ème : "Béni et glorifié soit Ton Règne"; après la 6ème : "Car béni est Ton Nom et glorifié est Ton Règne"; après la 7ème : "Car toutes les puissances des Cieux Te louent."



4. Pendant les Offices cathédrals, aux mots du diacre "afin que nous soyons trouvés dignes," le prêtre lisant la péricope suivante s'approche avec l'Évangéliaire de l'endroit où il est lu par le premier prêtre, et, ayant courbé la tête vers ce dernier, après la seconde exclamation du diacre, béni le peuple en disant : "Paix à tous" (Tserkovnyi Vestnik / Le Messager de l'Église, 1889, 14).
5. Dans l'Évangéliaire liturgique publié par la maison synodale de Moscou en 1862 (21ème édition), au premier Évangile de la Passion, l'ordre correct des mots est : "Que vos coeurs ne se troublent pas, et que vos esprits ne craignent pas. Vous M'avez entendu vous dire : Je vais partir, et Je reviendrai à vous."
6. Mais si l'Annonciation tombe le Vendredi Saint, alors c'est la divine Liturgie de saint Jean Chrysostome (cfr 25 mars) qui est célébrée.
7. A Prime : Les Psaumes 2 et 21 décrivent prophétiquement la vaine rébellion des princes terrestres contre le Sauveur et Ses souffrances sur la Croix. Dans la lecture d'Ancien Testament / Parémie, le prophète Zacharie annonce à l'avance la confirmation de la Nouvelle Alliance scellée sur la Croix et la trahison de Judas. L'Épître glorifie la Croix du Christ comme étant la plus grande puissance, gloire et bénédiction du Chrétien. A Tierce : Les Psaumes 34 et 108 prophétisent l'injuste procès contre le Sauveur et la perdition du traître. Dans la Parémie, le prophète Isaïe décrit prophétiquement le Serviteur Juste du Très Haut, Qui va incontestablement vers Sa mort volontaire comme l'agneau suit le boucher, et Qui "présenta Son dos au fouet, Ses joues aux coups, ne cachant pas Sa face de la honte et des crachats." L'Épître nous en découvre la raison, le but et les fruits de cette mort du Fils de Dieu sur la Croix. A Sexte : Les Psaumes 53 et 139 prophétisent les souffrances sur la Croix et la prière du Sauveur. Dans la Parémie, le prophète Isaïe dépeint prophétiquement Celui qui est "extrêmement méprisé par les fils des hommes," Qui "est blessé par nos iniquités." L'Épître dévoile le mystère de l'Incarnation du Fils de Dieu. A None : les Psaumes 68 et 69 décrivent prophétiquement les actions du Crucifié et la prière à l'agonie du Sauveur. La Parémie est la même qu'à Prime du Jeudi Saint. L'Épître montre le chemin à l'ouverture renouvelée "dans le sanctuaire" par le Sang du Christ. Les Évangiles des Heures répètent ceux lus pour les Matines de l'Annonciation, avec cette différence significative qu'à ces Matines, la séquence temporelle des événements étaient observée, tandis qu'ici pour les 4 Heures, avec la narration des 4 Évangélistes l'un après l'autre, ils agissent comme témoins directs et irréfutables des même événements, qui sont de la plus grande importance et d'immense signification.
8. Le Vendredi Saint, avant les Vêpres, les desservants d'église enlèvent l'epitaphion de la tombe où il était placé, soit dans le sanctuaire ou ailleurs dans l'église, et le placent sur la table du saint Autel. Ensuite la tombe est installée au centre de l'église en face de l'Autel (Tserkovnyi Vedomosti / Nouvelles de l'Église, 1897, 14).
9. Le saint Linceul / Epitaphion est placé au centre de l'église en face des Portes Royales de telle sorte que le Seigneur qui est représenté dessus, ayant la tête vers le côté nord et les pieds immaculés au sud, fait face au sud. Le saint Linceul / Epitaphion est une Icône, et dès lors il n'est pas placé avec le côté latéral opposé aux Portes Royales, mais directement contre elles, de sorte qu'il pourrait être accroché aux portes royales (Tserkovnyi Vedomosti/ Nouvelles de l'Église, 1888, 16).
10. Dans la plupart des églises, l'epitaphion n'est pas recouvert (à l'exception d'une petite bande sur la partie avant de la table pour éviter qu'il ne soit endommagé par le frottement et que l'epitaphion n'en soit abîmé). Dans certaines églises, l'epitaphion est couvert, et fréquemment tellement qu'il est absolument impossible de regarder l'image du Sauveur qui repose. Mais la face du Sauveur est déjà complètement recouverte par l'Aer, et dès lors est complètement invisible. On aimerait que cette coutume de couvrir l'epitaphion avec un linge et la face du Sauveur avec l'Aer soit abandonnée, et que la représentation de l'image du Sauveur dans la Tombe puisse être imprimée de manière vivace et claire dans les coeurs des fidèles (Tserkovnyi Vedomosti/ Nouvelles de l'Église, 1897, 14).
11. Selon une explication du "Tserkovnyi Vestnik / Le Messager de l'Église," le Vendredi Saint et également le Samedi Saint, il y a attroupement massif autour de l'epitaphion par les gens venant l'embrasser et personne ne sait s'y trouver, y compris le prêtre et le diacre (Tserkovnyi Vestnik / Le Messager de l'Église, 1890, 27). Il est clair que le prêtre devrait instruire tout le monde pour éviter cette cohue.
12. Dans le Moskva Tserkovnyi Vedomosti [Nouvelles de l'Église de Moscou] en 1896 (No. 25-27) on trouve l'article spécial dans lequel l'auteur a expliqué les positions suivantes au sujet du port de l'epitaphion :
a) ce rite est indubitablement d'origine grecque. Ayant reçu depuis le départ les caractéristiques connues des Offices des patriarches de Constantinople, ce rite de Constantinople est entré dans la pratique de l'Église de Russie aux 15-16èmes siècles, et naturellement, fut avant tout dans la pratique des cathédrales et des grands monastères. Dans notre pratique russe, ce rite a changé dans ses détails et n'a pas de pratique uniforme.
b) Dans la pratique ecclésiale générale, ce rite est déjà entré après la publication du présent Typikon, à savoir après la fin du 17ème siècle.
c) Dans sa terre natale à Constantinople, ce rite n'est actuellement (16ème siècle) plus pratiqué tel qu'il l'était dans l'antiquité.
d) la coutume actuelle de certaines paroisses russes de porter l'epitaphion pendant les Vêpres du Vendredi Saint au cours du chant du tropaire de Congé "le noble Joseph" n'est pas justifiée dans le présent Typikon ni dans l'ancienne pratique d'Église. Cette coutume est proche de l'actuel Typikon de Constantinople, dans lequel l'epitaphion est porté aux Vêpres au début du chant de l'apostiche.
e) La coutume de la place de la tombe et de l'epitaphion au centre de l'église avant les Vêpres ne trouve pas de justification dans le présent Typikon qui est en accord avec l'ancienne pratique des Églises de Russie (Typikons de Novgorod et de la cathédrale de la Dormition).
f) la coutume de porter l'epitaphion autour de l'église pendant les Matines du Samedi Saint est en accord avec la pratique du 17ème siècles des cathédrales et avec la pratique contemporaine du Typikon de Constantinople, mais est en désaccord avec notre présent Typikon, et avec la plus ancienne pratique des cathédrales tant russes que grecques.
13. En considérant ce qui a été mêlé et ce qui s'est enraciné dans notre pratique ecclésiale des divins Offices, certains considèrent l'instruction de Philarète, métropolite de Moscou (cfr Moskovskiia Eparchialniia Vedomosti [Nouvelles diocésaines de Moscou] 1870, 50), publiée en 1855, selon laquelle si le Vendredi Saint tombe le jour de l'Annonciation, "il est nécessaire (de même que pour la Complie lors de la Théophanie du Seigneur) de chanter l'apostiche du Vendredi Saint devant l'Ambon, et puis durant le chant du tropaire 'le noble Joseph,' d'effectuer la procession de l'epitaphion, de le vénérer et l'embrasser, et de suivre avec le Congé de la Divine Liturgie; la Petite Complie avec le Canon devra être lue à 17h" (Khristianskoe Chtenie [Lecture Chrétienne] 1888, vol. 2, p. 570).
14. Saint Jean Damascène rend témoignage à ses contemporains : "Regardez tout le cercle de l'univers : combien y-a-t'il d'installations, combien de cités et de lieux habités, combien d'habitants, combien de nations et de peuples variés, et tous à présent jeûnent par amour pour la Croix, surmontant leurs passions par sa puissance."
S. V. Bulgakov, Manuel pour serviteurs de l'Église, 2ème éd., 1274 pp. (Kharkov, 1900), pp 0543-0551.
Translated by Archpriest Eugene D. Tarris © February 25, 2007. All rights reserved.

Golgotha ou la Crucifixion du Christ
Ilya Repin, 1869
(
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source
http://thehandmaid.wordpress.com


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