"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

21 mai 2008

Saint Constantin et ses fils, thaumaturges

Saints Constantin (Yaroslav dans le baptême) et ses fils, Michaël et Théodore, thaumaturges de Murom
http://ocafs.oca.org/FeastSaintsViewer.asp?FSID=101454


synaxe des saints de Murom
synaxe des saints de Murom, détail – à gauche, saint Constantin et ses 2 fils


Les saints princes Constantin et ses fils Michaël et Théodore de Murom vécurent aux 11-12ème siècles.
Le prince Constantin, descendant de saint Vladimir, demanda à son père, le prince Svyatoslav de Chernigov, de lui donner la ville de Murom, qui était habitée par des païens, afin qu'il puisse illuminer cette terre de la lumière de la Foi Chrétienne.
Le prince envoya son fils Michaël comme émissaire auprès du peuple de Murom, mais les païens l'assassinèrent. Lorsque le prince Constantin arriva dans la ville avec sa suite, le peuple se calma et l'accepta, mais longtemps durant, ils ne voulurent pas abandonner le paganisme.
Un jour, alors que le prince rentrait à sa résidence, ils s'attroupèrent pour le tuer, mais le prince fit face à la foule en exhibant haut l'Icône Murom de la Mère de Dieu.
D'une manière inattendue, les émeutiers se calmèrent aussitôt, et acceptèrent même de recevoir le saint Baptême dans la rivière Oka.
A l'endroit du meurtre de son fils Michaël, saint Constantin construisit une église en l'honneur de l'Annonciation, et plus tard, une autre église dédiée aux saints porteurs de la Passion Boris et Gleb. Le prince Constantin aida avec zèle son autre fils, le prince Théodore, pour répandre la Foi Chrétienne dans le peuple de Murom.
Saint Constantin mourut en 1129 et fut enterré dans l'église de l'Annonciation, aux côtés de ses fils, saints Michaël et Théodore.


saint Michaël de Murom, martyr et thaumaturge


synaxe des saints de Murom – Icône complète avec scènes de vie
à droite, saint prince Pierre (David dans le monachisme), sainte princesse Febronia (Euphrosyne dans le monachisme) et sainte Juliana Lazarevskaia


Murom (Mourom), très ancienne ville de Russie
http://www.mivlgu.ru/eestec/town.html

[..] Il y a plus de 11 siècles d'ici, sur la rive droite de l'Oka, s'élevait l'ancienne Murom, patrie du héros épique Ilya Muromets tant loué dans les légendes et contes populaires. Mentionnée dans les Chroniques à partir de l'an 862, Murom est plus ancienne que Moscou, Vladimir et Suzdal. Entre les 6 et 9ème siècles, s'y installèrent les tribus Ugro-finlandaises "muroma," qui donnèrent leur nom à la ville. [..]


Saint Constantin et ses fils, mini-biographie en russe



synaxe des saints de Murom, 17ème siècle
source & (c)


Tropaires & kondakion des saints Constantin, Michaël et Théodore de Murom en russe (si un lecteur les avait en français, allemand, néerlandais ou anglais, merci d'avance)


Тропарь, глас 4:
Константин днесь весело ликовствует, предстоя престолу Святыя Троицы, видя отечествие свое, мастию духовною сияющее, емуже последоваша Михаил и Федор, сынове его, и молятся вси трие вкупе о душах наших.

Кондак, глас 8:
Изрядному воеводе и правоверному князю Константину с сынома его вкупе отечество его, хваляся, вопиет, имеюще его начальника и заступника, яко избавльшееся им от прелести и скверны идольския. Сего ради вопием ему сице: радуйся, княже Константине преблаженне.


très ancien crucifix de la région de Murom, "Godenovo"

19 mai 2008

saint Dimitri Donskoy: S'nami Bog! (Dieu est avec nous!)


saint Dimitri Donskoy auprès de saint Serge, à Radonezh, pour recevoir la bénédiction du "père de la Russie" avant la grande bataille contre les Tatars musulmans (cliquez sur les images pour un grand format)
source


Saint Dimitri Donskoy, grand prince de Moscou (1363-1389)
http://www.orthodox.cn/history/russia/trinitysergiuslavra/3_en.htm

En 1380, le prince Dimitry Donskoy de Moscou vint auprès de saint Serge (+ 5/9/1392) afin d'obtenir sa bénédiction avant de mener son armée, pour la Foi Orthodoxe et la libération de sa terre natale du joug des Mongols, qui opprimaient fortement la Russie depuis 1237.
Ayant reçu la bénédiction du saint pour se lancer contre les ennemis impies, le grand prince remporta une grande victoire sur l'armée des Tatars du Khan Mamai, à la Plaine de Kulikovo, le 8 septembre. Ce fut la première victoire majeure des Russes contre les Tatars. Après cela, les princes de Moscou devinrent les protecteurs du monastère de la Trinité-Saint-Serge.

icone orthodoxe de saint Dimitri Donskoy





Dmitry Donskoy (wikipedia)
http://en.wikipedia.org/wiki/Dmitry_Donskoy

Saint Dmitry Ivanovich Donskoy (russe: Дми́трий Донско́й) ou Dimitri du Don (12 Octobre 1350, Moscou – 19 Mai 1389, Moscou), fils d'Ivan II Krasnyi, régna comme prince de Moscou à partir de 1359 et grand prince de Vladimir de 1363 jusqu'à sa mort. Il fut le premier prince de Moscou à défier ouvertement l'autorité des Tatars en Russie. Son surnom de "Donskoy" (c-à-d "du Don") rappelle sa grande victoire contre les Tatars à la bataille de Kulikovo (1380), qui eut lieu sur le fleuve Don.


Dmitry monta sur le trône de la principauté de Moscou à l'âge de 9 ans. Pendant sa minorité, le gouvernement fut en réalité assumé par le métropolite Alexis (saint Alexis I de Moscou).


saint Alexis I de Moscou


En 1360, la plus haute dignité pour les princes russes, celle de grand prince de Vladimir, fut transférée par un Khan de la Horde d'Or à Dmitri Konstantinovich de Nizhny Novgorod. En 1363, après que ce prince-là eut été déposé, Dmitri Ivanovich fut finalement couronné à Vladimir. Trois ans plus tard, il fit la paix avec Dmitri Konstantinovich et épousa sa soeur Eudoxia. En 1376, ils unirent leurs armées pour ravager la Bulgarie de la Volga.
L'événement le plus important durant les premières années du règne de Dmitri Donskoy furent la construction du premier Kremlin de Moscou en pierre, achevé en 1367. La nouvelle forteresse résista à 2 sièges menés par Algirdas de Lituanie en 1368 et 1370. En 1375, Dimitri s'arrangea pour résoudre en sa faveur le conflit qui régnait avec Tver. D'autres princes du nord de la Russie reconnurent aussi son autorité, et contribuèrent avec leurs troupes à sa lutte en cours contre la Horde. Vers la fin de son règne, Dimitri avait plus que doublé le territoire de la principauté de Moscou.



Les 33 années du règne de Dimitri virent le début de la fin de la domination des Mongols sur des pans entiers de ce qui est l'actuelle Russie. La Horde d'Or fut fortement affaiblie par la guerre civile et les rivalités dynastiques. Dimitri tira parti de ce point faible dans l'autorité mongole pour défier ouvertement les Tatars.
Tout en conservant le titre de percepteur d'impôts dans toute la Russie pour le compte du Khan, Dimitri est aussi célèbre pour avoir mené à la première victoire militaire russe sur les Mongols. Mamai, un général Mongol et prétendant au trône, tenta de punir Dimitri pour sa montée en puissance. En 1378, Mamai, envoya une armée Mongole, mais elle fut battue par les forces de Dimitri à la bataille du fleuve Vozha. Deux ans plus tard, Mamai dirigea personnellement une grande expédition militaire contre Moscou. Dimitri vint à sa rencontre et en triompha lors de la bataille de Kulikovo.
Mamai vaincu, il fut détrôné par un général mongol rival, Tokhtamysh. Ce Khan réinstalla le règne mongol sur diverses parties de l'actuelle Russie et assiégea Moscou à cause de la résistance de Dimitri à Mamai. Cependant, Dimitri prêta serment de loyauté à Tokhtamysh et à la Horde d'Or et fut réinstauré comme principal collecteur d'impôts pour les Mongols et grand prince de Vladimir. A sa mort, en 1389, Dimitri fut le premier grand prince à transmettre ses titres à son fils Vasili, cela sans consulter le Khan.


Il avait donc épousé Eudoxia de Nizhny Novgorod. Elle était la fille de Dmitry de Suzdal et Vasilisa de Rostov. De leur union naquirent au moins 12 enfants :

* Daniil Dmitrievich (vers 1370 - 15 Septembre 1379).
* Vasily I de Moscou (30 Septembre 1371 - 27 Février 1425).
* Sofia Dmitrievna. Elle épousa Fyodor Olegovich, prince de Ryazan (et régna de 1402 à 1427).
* Yury Dmitrievich, prince de Zvenigorod et Galice (26 Novembre 1374 - 5 Juin 1434). Prétendant au trône de Moscou contre son neveu Vasily II de Moscou.
* Maria Dmitrievna (+ 15 Mai 1399). Épousa Lengvenis.
* Anastasia Dmitrievna. Épousa Ivan Vsevolodich, prince de Kholm.
* Simeon Dmitrievich (+ 11 Septembre 1379).
* Ivan Dmitrievich (+ 1393).
* Andrei Dmitrievich, prince de Mozhaysk (14 Août 1382 - 9 Juillet 1432).
* Piotr Dmitrievich, prince de Dmitrov (29 Juillet 1385 - 10 Août 1428).
* Anna Dmitrievna (née le 8 Janvier 1387). Épousa Yuri Patrikievich. Son mari était fils de Patrikej, prince de Starodub et son épouse Helena. Son grand-père paternel était Narimantas. Le mariage consolida son rôle comme Boyard attaché à Moscou.
* Konstantin Dmitrievich, prince de Pskov (14 Mai/15 Mai 1389 - 1433).



affiche de mobilisation de la guerre 14-18 en Russie :
saint Dimitri Donskoy reprend du service pour sa patrie!


Saint Dimitri Donskoy et la numismatique
http://www.chicagocoinclub.org/projects/PiN/ecm.html


Ar denga, Moscou, Dimitri Donskoi (jusqu'en 1389)


Les premières pièces de monnaie de Moscou furent probablement frappées suite à la victoire de Dimitri Donskoy à Kulikovo. La bataille propulsa le prince de Moscou à l'avant-plan politique en Russie et suscita un désir de proclamer cette importance. Hélas, la mise à sac de Moscou en 1382 par Tokhtamysh restaura le joug Mongol sur la Russie, mais la victoire ne fut pas oubliée. Toutes les pièces de Dimitri Donskoy portent une inscription arabe au verso, habituellement avec le nom du Khan régnant, Tokhtamish, signifiant la continuité de la soumission. Cependant, il n'y a pas d'indication directe dans la moindre source qui atteste que cela fut fait en obéissance aux ordres du Khan. Il est probable qu'après l'invasion de 1382, Dimitri désira rendre hommage au Khan pour éviter de futures expéditions punitives contre la Russie. Malgré la victoire de 1380, les princes Russes n'étaient pas vraiment unis, pas même contre un ennemi commun. De plus, déjà avant les invasions des Mongols et la "Mort Noire" des années 1350, la population russe était déjà épuisée. L'avers des pièces de Dimitri consiste en une légende circulaire "sceau du grand prince Dimitri," entourant le dessin d'un coq ou d'une tête d'homme. Bien qu'aucune signification ne soit attachée au dessin, la légende affirme de manière claire son droit au trône de grand prince. Le fait que le Khan avait encore à approuver ce règne ne diminue en rien sa signification. Toutes les pièces de Dimitri sont rares.


Ar denga, Moscou, Dimitri Donskoi (jusqu'en 1389)






Le Kremlin de Moscou (Russe: Московский Кремль) est un complexe fortifié historique au centre même de Moscou, surplombant le fleuve Moskva au sud, la Place Rouge à l'est, et les Jardins Alexander à l'ouest. Il est le plus connu des kremlins (citadelles russes) et comporte 4 palais, 4 cathédrales, et les murailles du kremlin avec les tours du kremlin. Le complexe sert de résidence officielle au président de Russie.

Histoire. Origine.
L'emplacement a été habité sans discontinuer depuis le 2ème millénaire avant Jésus-Christ, et son origine est une structure fortifiée de Vyatich sur la colline Borovitsky, là d'où la rivière Neglinnaya s'écoule dans la Moskva. Les Slaves occupaient déjà la partie sud-ouest de la colline au 11ème siècle, comme l'atteste un sceau métropolitain des années 1090, que les archéologues soviétiques ont découvert sur place.
Jusqu'au 14ème siècle, le lieu était appelé le "grad" de Moscou. Le terme "kremlin" est rapporté pour la première fois en 1331, et son étymologie est discutée. Le "grad" fut fortement agrandit par le prince Yuri Dolgoruky en 1156, détruit par les Mongols en 1237, et reconstruit en chêne en 1339.

Siège des grands princes
Les premières structures en pierre dans le Kremlin furent construites sur ordre d'Ivan Kalita à la fin des années 1320 et début des 1330, après que Pierre, métropolite de Russie, ait transféré son siège épiscopal de Kiev à Moscou. La nouvelle capitale ecclésiastique avait besoin d'églises durables. Ce furent la cathédrale de la Dormition (1327, avec la chapelle saint Pierre, 1329); l'église-beffroi de saint Jean Climaque (1329); l'abbatiale de la Transfiguration (1330); et la cathédrale de l'Archange (1333) – toutes construites en calcaire et décorées de sculptures élaborées, chacune couronnée par un simple dôme. De toutes ces églises, seule la cathédrale reconstruite du Christ Sauveur a survécu jusqu'au 20ème siècle, finissant par être rasée sur ordre de Staline en 1333.
Lorsque Dimitri Donskoy se prépara à défier l'autorité des Tatars, il remplaça les murailles de chêne par une solide citadelle de pierre blanche (1366-1368), qui soutint un siège du Khan Tokhtamish. Vasili I, fils de Dimitri, fit la paix avec les Tatars et reprit la construction d'églises et de monastères. La nouvelle cathédrale de l'Annonciation fut décorée par saint Théophane le Grec, saint André Roubliev et (saint?) Prokhor en 1405. Le monastère Chudov fut fondé par le tuteur de Dimitri, le métropolite saint Alexis I. Et sa veuve, Eudoxia, fonda le couvent de l'Ascension en 1397.


Kremlin à l'arrière-plan sur ce tableau de Vasily Surikov


plan du Kremlin avec l'église des Douze Apôtres (1654-56)





Contexte historique : Tatars, Mongols, Lituaniens et Polonais régnant sur une partie de la Russie.



Début du 13ème siècle : l'Église et les pays où elle pouvait encore répandre la grâce de Dieu, et en face, l'empire hétérodoxe, s'étendant sans cesse dans le sang et les flammes...
source & (c)


Au siècle précédant, le grand prince saint Alexandre Nevsky (+ 14/11/1263) avait finit par réussir à coaliser les petites principautés russes, à faire cesser un temps durant leurs ridicules et mortelles divisions, et à foutre hors de Russie les troupes sataniques du pape du vatican – Suédois, Chevaliers Teutoniques, etc, tous écrasés grâce à Dieu sur les rives de la Neva par une armée de paysans et de soldats mal formés mais motivés, et dirigés par ce saint prince Alexandre au courage à la hauteur de sa Foi. Son surnom "Nevsky" venant du lieu où s'est déroulée la bataille, sur la Neva.
Cependant, le territoire était quand même soumis à un autre ennemi, aussi impie, les Tatars (ou Mongols, c'est la même chose), et saint Alexandre dût traiter avec eux jusqu'au bout, s'offrant même en otage pour protéger son peuple. Comment la Russie, née de la dynastie de Rurik le Viking, en était-elle arrivée si bas? Et qu'est-ce qui était plus dangereux parmi tous ces envahisseurs semant la désolation dans le pays, ceux du vatican ou les musulmans? Ceux du vatican sèmeront la désolation, massacrant femmes et enfants comme tout le restant, tant qu'on ne se soumettait pas à leur pontife, à savoir tant qu'il n'y avait pas apostasie claire, reniement du Christ et adoration de leur chef à Rome. Cela en plus de la prise de pouvoir politico-économique. Les musulmans se contenteront du pouvoir économique. Ils n'exigeront pas même de conversion simulée pour être "sous-chef" (voïvode). Sous leur domination "technique," l'Église de Russie donnera cependant au monde nombre de grands saints théologiens et pasteurs, de prestigieux saints iconographes, etc. Sous le joug du vatican, il n'y aura que des martyrs, des légions de martyrs, des océans de sang versé, jeune et vieux. Et cette invasion-là, elle se reproduira régulièrement et avec les mêmes buts et effets jusqu'à la fin du 19ème siècle... Comment peut-on oublier ça de nos jours?

L'invasion mongole de la Rus' kiévaine
Au début du 13ème siècle, la Rus' kiévaine était sur le déclin, ses villes principales s'opposant entre elles pour la domination et pour une plus grande autonomie face à Kiev. A cette époque, des groupes de maraudeurs Turkmènes commencèrent à franchir les frontières de la Rus', sans réaction concertée d'un quelconque pouvoir central ni même local. Il s'ensuivit une invasion par une grande horde de nomades Mongols & Turkmènes, en 1236, dirigés par le Khan Batu, petit-fils de Gengis Khan. Endéans quelques années, Kiev et les autres villes de la Rus' – sauf Novgorod – furent vaincues et réduites à n'être plus que des vassales soumises à la taxe par la Horde d'Or, qui avait sa capitale à Sarai, en bas du fleuve Don.

Le joug des Tatars
Au cours des 300 années suivantes, la plupart des terres russes demeurèrent soumises aux seigneurs Tatars. Heureusement pour les Slaves occidentaux, les Tatars n'occupèrent jamais le territoire russe, mais se contentèrent de poursuivre leur vie nomade hors de Russie et d'extorquer le tribut de la part des populations slaves soumises. Chaque année, les princes des villes & principautés russes faisaient le voyage vers Sarai afin d'y prêter le serment d'allégeance à leurs maîtres, et de payer le tribut calculé sur base de chaque habitant. Les révoltes, les récalcitrances et le refus de payer le tribut exigé amenait des expéditions punitives, et avec elles, pillages et réduction en esclavage des Russes capturés.


Kulikovo...


Qui étaient ces Tatars et cette Horde d'Or que saint Dimitri réussit à vaincre quelques années durant?


l'étoile indique la position de Sarai, capitale de la Horde


soldat Tatar, reconstitution d'époque
On est bien loin du descriptif populaire d'un nomade bon tireur, on est face à un soldat super-équipé, comme les samurai et autres troupes d'élites de l'extrême-Orient de l'époque



source





Les vainqueurs de la Rus' kiévaine étaient peut-être nomades et païens (avant de devenir musulmans), mais il ne faudrait pour autant pas en faire des arriérés. Car s'ils ont préféré soumettre la Russie à l'impôt plutôt que de l'envahir de manière permanente et ainsi tout détruire, c'est parce qu'ils avaient quelques raffinements dans les moeurs. Militairement très habiles, d'une phénoménale cruauté pour terroriser les vaincus, l'art et le luxe les intéressaient tout autant que le pouvoir.


Au 13ème siècle, la Bulgarie de la Volga souffrit de l'invasion du Khan Tatar Batu. En 1236, la Bulgarie de la Volga fut conquise et annexée à la Horde d'Or. Cette dernière était le plus grand État médiéval d'Eurasie, le coeur d'une riche civilisation, qui avait en quelque sorte digéré les cultures nomades turkmènes et les cultures citadines. C'est pendant cette civilisation que seront créées d'authentiques chefs d'oeuvres de littérature tatare, ainsi que de bijoux et autres artefacts.



Ce sont donc ces barbares-là qui avaient vaincu la Rus' kiévaine. L'état kiévain est considéré comme s'étant éteint avec la chute de Kiev. Mais les Mongols avaient poursuivit en soumettant la Galicie et la Volynie, avant d'envahir Hongrie et Pologne – les Russes avaient avertit et proposé une alliance stratégique contre les Tatars, mais elle avait été rejetée par les troupes du vatican. Suite à leur conquête, les envahisseurs s'étaient installés à proximité de la basse Volga, formant la partie de l'empire Mongol habituellement appelée "Horde d'Or." Les princes rurikides survivants avaient à se déplacer, comme nous l'avons vu, vers la Horde d'Or, afin de rendre hommage au Khan mongol. A l'exception du prince saint Michel de Chernigov, qui fut exécuté, le Khan confirma chacun de ces princes comme dirigeant de sa principauté. Il confirma en fait de la sorte la désintégration de la Rus' kiévaine.


prince saint Michel de Chernigov, futur martyr


En 1223, les armées de Gengis Khan, fondateur de l'empire Mongol, parvinrent pour la première fois dans la steppe au sud de la Rus' kiévaine. A la bataille de Kalka, elles battirent armée alliée composée des forces de Polovtsys et de Russes venant de Kiev, Chernigov et Volynia. Les Mongols revinrent en 1236, et là ils attaquèrent, comme déjà dit, les Bulgares de la Volga (à ne pas confondre avec les Bulgares actuels). En 1237–1238, ils montèrent une offensive contre Ryazan, puis contre Vladimir – Suzdal. En 1239, ils dévastèrent les villes du sud de Pereyaslavl et Chernigov, et en 1240, ils s'emparèrent de Kiev.


La chute de Suzdal


Après quelques petites attaques sur Shirvan et Derbend, l'armée expéditionnaire mongole franchit le Caucase et, en 1222, déboucha dans la steppe du sud de la Russie, où vivait depuis le milieu du 11ème siècle la tribu turkmène des Kipchaks ou Cumans. En mai 1222, les généraux mongols Jebe et Sube'etei, avec leur cavalerie de 20.000 mongols, poursuivit les Kipchaks (ou Cumans) en fuite, depuis la rive occidentale de la Mer Caspienne jusque vers le nord, vers Kiev. Les Mongols affrontèrent les armées Russes et les Cumans, soit 30.000 hommes, sur les rives orientales du fleuve Dniepr. Sube'etei, avec à peine 2.000 cavaliers Tatars, trompa les Russes et les Cumans pendant 9 jours, les attirant vers le petit fleuve Kalka, qui s'écoule dans la mer d'Azov. Là attendait l'essentiel de la lourde cavalerie mongole, plus de 20.000 hommes. Dirigés par Jebe et Sube'etei, les Tatars attaquèrent fin mai, et détruisirent l'essentiel des forces opposées.


un Kipchak


D'après l'historien arabe Ibn al-Athir, la première victoire des Tatars est due à une stratégie : les Mongols avaient lancé un appel aux Kipchaks, qui étaient associés aux Alains. Ces Alains étaient cette tribu asiatique qui avait accompagné le Hun Attila Ier dans son invasion de l'Europe occidentale, et dont certains avaient trahi et rejoint le camp d'Aetsus, leur chef payant pour finir de sa vie sa trahison. Là, les Mongols dirent aux Cumans que "nous sommes de la même race, mais ces Alains ne sont pas vos parents," un argument que les Cumans acceptèrent. En janvier 1223, les armées tatares entrèrent dans Sudak (Soldaia), la principale place de marché de Crimée, une colonie de l'empire de Trébizonde, où ils rencontrèrent une population mélangée consistant principalement de Grecs et d'Arméniens. Ce khanat de Crimée ne redeviendra russe qu'au milieu du 18ème siècle.
Quant aux Cumans, leur traîtrise ne leur rapporta rien, car séparés des Alains, ils eurent à soutenir seuls le choc de l'assaut mongol. Battus, leur prince Koten (Kotien) chercha refuge auprès de son beau-frère Mistislav d'Halich, qu'il mit en garde en disant : "aujourd'hui, ils (les Mongols) se sont emparés de mon pays, et demain ils viendront s'emparer du tiens." Koten parvint à persuader quelques princes russes de prendre l'initiative et d'aller au devant des Mongols avant qu'ils n'aient réussi à atteindre le territoire russe.



Kalka
Les Tatars envoyèrent une ambassade de 10 hommes pour négocier soit une reddition, soit une alliance. Les Russes commirent une grosse erreur, ils exécutèrent toute l'ambassade, sans comprendre que leur non-respect de l'étiquette diplomatique mongole allait coûter très cher, tant aux princes qu'au peuple de Russie.
Au départ, cet acte apporta un succès aux armées russes et à leurs alliés Cumans. Cependant, cela ne parvint pas à empêcher le désastre qui arriva à la bataille principale, celle près de la rivière Kalka (actuellement Kalec, un affluent du Kalmius). Selon les sources, cela eu lieu le 31 mai ou le 16 juin 1223. Quelques troupes russes, commandées par le grand prince de Kiev, résistèrent dans un retranchement pendant 3 jours, puis se rendirent contre promesse de vie sauve. A peine entre les mains des Tatars que les conditions furent violées. La garde du prince fut massacrée, et lui et ses 2 beaux-fils furent écrasés sous des planches. Les Tatars organisèrent une fête et dansèrent sur les corps sans vie (1224).



Les incursions mongoles continuèrent un temps durant, atteignant Novgorod au nord et la ligne du Dniepr à l'ouest. Une petite attaque sur les Bulgare échoua. Ibn al-Athir, qui rapporte l'événement, nota aussi que suite à cela, les Mongols retournèrent près de Gengis Khan, probablement fin 1223.
Apparemment, la force armée composite lancée vers les Mongols était faite de troupes venant de presque tous les petits royaumes et états-cités de la région. Les Tatars entrèrent dans le conflit par de petites escarmouches, avant de se retirer vers l'Est. Les Russes crurent qu'ils avaient repris la main, et les suivirent pendant 2 semaines. Les Mongols les amenèrent ainsi à l'endroit qu'ils avaient choisit, endroit propice pour eux. Les Russes s'étaient fatigués à chasser les Mongols et s'étaient dispersés. Ils s'élancèrent en rangs dispersés dans la bataille et furent battus à plate couture. Il est possible que les Mongols leurs présentèrent des conditions de reddition et que les Russes les acceptèrent car ils n'avaient pas d'alternative.
Les Mongols continuèrent à pourchasser et massacrer les Russes jusqu'à la Mer Noire, où la campagne avait commencé. Selon les mots de la Chronique de Novgorod pour l'année 1224, de la grande armée envoyée pour combattre les Tatars, "seul un homme sur 10 rentra chez lui."
Pour les Mongols, il était important que les Russes comprennent le prix élevé à payer pour avoir tué les 10 ambassadeurs, et pour les chefs Mongols, il était important de réaffirmer face à leurs propres hommes le prix qu'ils étaient prêts à faire payer pour venger la mort injuste d'un Mongol. Neuf Russes sur 10 payèrent ce prix...

Source 3 grands dessins ci-dessus


Religion des Tatars
Les envahisseurs originaux de la Rus' étaient animistes. Au cours du 14ème siècle, celui de saint Dimitri Donskoy, l'islam devint leur religion dominante. Ce fait n'eut que peu d'influence sur le sort des Slaves Chrétiens. Le paiement du tribut qui leur était imposé par les Tatars animistes se poursuivit avec la taxe "jizya" (humiliation) imposée par les Tatars musulmans, selon le coran, sourate 9,29. Au cours des siècles suivants, il y eu quelques changements significatifs, capitaux pour le futur des terres russes. Tout d'abord, la Horde d'Or se morcelât en plusieurs khanats, à savoir Kazan, Astrakhan, Crimée, Sibérie et Nogai. Cela offrit une plus grande possibilité de croissance aux villes & principautés russes, grandissant en population, et aussi en force militaire et économique. Moscou bénéficia particulièrement de cela, ainsi que de plusieurs dirigeants fort capables, et cela lui permit même de dominer les Tatars et les autres principautés russes. En 1378, les forces armées de Moscou arrêtèrent une grande expédition Tatar sur l'Oka, et 2 ans plus tard, comme nous l'avons vu, le grand prince Dmitri Donskoy de Moscou, avec la bénédiction de saint Serge de Radonezh, battait les Tatars à la bataille de Kulikovo, sur le Don, un événement fort célébré en Russie comme présageant le futur état russe. Cette victoire représenta le début de la fin de la domination islamique sur les terres russes. En 1476, le grand prince Jean III osa cesser de payer le tribut à la Horde d'Or. Quatre ans plus tard, il s'opposa avec succès contre une expédition punitive des Tatars dans ce qu'on a appelé "Le grand affrontement sur le fleuve Ugra." Les Tatars en furent forcés à la retraite. Au cours des décennies suivantes, les raids occasionnels des Tatars en terres slaves continuèrent, mais ne parvinrent plus à changer le cours de l'histoire.


Le grand affrontement sur l'Ugra



1401 – l'empire germanique, le khanat de la Horde d'Or, et l'émirat Timuride
Colin McEvedy's 'The Penguin Atlas of Medieval History', p. 81


On a vu que saint Dimitri avait résisté à 2 sièges de Moscou par Algirdas, roi de Lituanie. Beaucoup de confusion historique règne quant à la religion du Lituanien, et vu l'importance du fait religieux dans les affrontements de l'époque, il vaut mieux tirer les choses au clair. Le fait, c'est qu'il était païen de chez païen. Même ses funérailles seront selon le rite païen, avec incinération, comme le font tous les païens. C'est ainsi qu'Algirdas fut incinéré sur un "pyre," bûcher cérémoniel, avec 18 chevaux et nombre de ses biens en bois, près de Maišiagala, très probablement dans le sanctuaire forestier païen de Kukaveitis.
Wikipedia nous dit (en anglais) :
"Les historiens modernes affirment que 'pour Gediminas et Algirdas, conserver le paganisme fournissait un outil diplomatique et une arme efficaces... qui leur permettait d'utiliser les promesses de conversion comme moyen de préserver leur pouvoir et leur indépendance.' Selon Hermann von Wartberge et Jan Dlugosz, Algirdas resta païen jusqu'à sa mort pendant l'été 1377. Les récits byzantins contemporains confirment aussi ces informations occidentales : le patriarche Neilos décrivit Algirdas comme un prince adorateur du feu; un autre patriarche, Philotheos, excommunia tous les nobles Ruthènes qui aidaient l'impie Algirdas. Et la religion païenne d'Algirdas est aussi rapportée par l'historien byzantin du 14ème siècle, Nicephorus Gregoras."

D'où provient alors la confusion, certains le disant catholique-romain, d'autres même Orthodoxe?
1. Son royaume incorporera la Pologne, pays ayant apostasié et étant devenu catholique-romain 3 siècles auparavant.
2. Son fils Jogaila deviendra catholique-romain et entraînera tout son grand empire dans cette religion humaine.

Oui, mais tout cela est hors de l'Église, alors comment se fait-il que dans l'Église, certains auteurs postérieurs (= non-contemporains des faits, au contraire de ceux précités) iront jusqu'à en faire un souverain Orthodoxe?

3. La fameuse et tristement célèbre "captivité de l'Église"!!! Kiev sera aux mains des Lituaniens & Polonais jusque dans les années 1500. Les Chroniques de la Grande Laure de Kiev écrites pendant la période de captivité n'ont pas d'autorité. Elles n'hésitent pas à présenter, 2 siècles après les faits, le païen Algirdas comme un pieux souverain Chrétien. On retrouvera ces méthodes de réécriture de l'Histoire (prémices du marxisme, car l'athéisme est né du catholicisme-romain) au cours d'une autre occupation par les forces vaticanes d'une partie de la Russie, aux 17-18ème siècles. Là, pire encore, la sainte théologie sera violée, les séminaires des terres kiévaines seront aux mains des jésuites, qui, fort habilement, influenceront les futurs clercs Orthodoxes Russes pour les éloigner de la pure Foi de l'Église. Et ils y parviendront hélas bien souvent.. Il suffit de comparer les sources théologiques, c'est affligeant et éclairant à la fois.
C'est ainsi qu'on comprend mieux comment, alors que les sources de l'époque présentent l'opposant Lituanien à saint Dimitri comme un pur païen, les sources ultérieures originaires de Russie sous occupation lituanienne et / ou polonaise, le présentent comme un... bon Chrétien.




Святые Сергий Радонежский и Дмитрий Донской
saints Serge de Radonezh et Dimitri Donskoy
source



d'autres enluminures sur la bataille et l'équipement des soldats de l'histoire et de l'époque (en russe):
http://tochka.gerodot.ru/military/glava4_1.htm





Saint Dimitri Donskoy fut donc un grand défenseur et unificateur de son pays, ayant dû lutter à l'Ouest contre les troupes de païens et du vatican (Lituanie, Pologne et consorts) et à l'Est contre les Tatars musulmans - alliés objectifs des catholiques-romains contre la Russie, qui avait pourtant si souvent proposé une alliance tactique aux Européens occidentaux déchristianisés afin de battre l'islam. A l'intérieur, il dû lutter contre la stupide fierté des petites principautés et l'orgueil de leurs roitelets.
Bien logiquement, par la suite, son nom sera régulièrement donné à de grands bâtiments de la marine russe (dont la flotte principale vient de fêter ses 225 ans) :




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source


partition :
http://www.cpdl.org/wiki/index.php/S'nami_Bog_(Anonymous)





icone orthodoxe de saint Dimitri Donskoy
saint Dimitri Donskoy, prie Dieu pour nous!