Un extrait de l'homélie du prêtre Nicolas Loudovikos,
donnée le 15 mars 2008 à l'école Diakideios à Patras.
original grec
http://manitaritoubounou.wordpress.com/2008/03/27/eley8eria-or8odoxia-loydobikos-1/
donnée le 15 mars 2008 à l'école Diakideios à Patras.
original grec
http://manitaritoubounou.wordpress.com/2008/03/27/eley8eria-or8odoxia-loydobikos-1/
En conclusion, je voudrais vous rapporter un événement dont j'ai été un jour le témoin oculaire..
J'étais un jeune prêtre officiant à l'époque, et je desservais quelques églises de villages dans les faubourgs de Thessalonique. En même temps, j'étais l'assistant d'un très important théologien de l'école de théologie. Ce qui m'arrivait été très contrasté, alors que j'étais occupé à rédiger mes sermons à l'école de théologie : d'un côté, à l'école, j'étais en contact avec tout ce que la théologie a de grand et d'étrange et d'incompréhensible, avec la profondeur de sa signification, etc, et de l'autre côté, j'étais prêtre champêtre pour 10 villages différents où mon évêque m'avait nommé en même temps... et aussi 3 ou 4 autres villages où je devais aller comme prédicateur.. Voilà ce que ma tâche de l'époque.. Je me sentais désespérément seul, car je sentais que personne ne me comprenais.. ou je devais être responsable de leur incapacité à me comprendre..
Alors je leur disais 4 ou 5 choses, je voyais comment les gens écoutaient, puis baissaient la tête, et ensuite s'en retournaient à leur routine, comme si rien ne s'était passé. Cette sensation de solitude m'écrasait... Je ne cessais de me demander "mais qu'est-ce que donc je fiche, comme prêtre, ici et maintenant? Qu'est-ce que ça veut dire de venir ici le dimanche, pour parler à ce village, si les gens eux ne..." Oui, je n'en pouvais plus. Je ne dis pas que c'est tâche facile, mais comme je vous l'ai dit auparavant, j'ai choisi de parler de quelque chose de difficile.. je crois que vous êtes un auditoire capable de saisir ces choses. Quoi qu'il en soit, à partir de ce jour-là, j'avais appris nombre de choses, malgré les difficultés rencontrées.
L'événement miraculeux dont j'ai été témoin dans ce village, c'était comme si Dieu m'accordait diverses leçons..
Un de ces dimanches, après la Divine Liturgie, le prêtre – un homme très simple – et deux acolytes, tout aussi simples – et illettrés – m'invitèrent au café du village afin de partager une tasse de café avec eux, avant de repartir. "Venez, ne partez pas ainsi," insistèrent-ils. C'est ainsi qu'après la Divine Liturgie, et me trouvant bien triste dans ma solitude, etc etc, nous partîmes vers le café. Alors que nous étions à déguster notre café, un des acolytes se tourna soudain vers moi, me regarda de face et me dit :
"Père, vous savez, moi et Ioannis (c'était l'autre acolyte illettré), nous avons une question. Notre église n'avait jamais été consacrée – ils n'avaient jamais fait "les choses" nécessaires pour ça – et nous nous étions demandés, puisqu'elle n'était pas consacrée par un évêque, si les sacrements et la Divine Liturgie qui y étaient accomplis étaient canoniques."
Waouh! Pensais-je en moi-même – dites donc alors! Quelle interrogation! J'étais impressionné. Mais il continua:
"Alors vous savez ce qu'on a fait? Nous avons tous décidé de jeûner pendant 3 semaines, dans l'espoir que Dieu nous montre la réponse. Alors nous avons jeûné. Et en fait, un dimanche, avant que l'évêque ne vienne pour faire "les choses" nécessaires, nous avons revu cette lumière pendant la Divine Liturgie."
J'ai commencé à bafouiller :
"La lumière? Quelle lumière?"
"Cette lumière – vous savez, celle qui brille toujours – quand vous regardez ensuite vers le soleil, que vous croyez que c'est noir – une lumière qui descend et vous voyez toutes sortes de choses – beaucoup, beaucoup de choses, de situations, du présent, du passé, du futur, etc, de tout dedans.."
J'ai vacillé.. j'étais confronté à des gens ici qui avaient eu la même expérience que saint Grégoire Palamas et saint Siméon le Nouveau Théologien!
Et le prêtre qui donnait ses bénédictions, etc, en rajoutait – oui, oui, .. et c'était comme si tous ces gens-là étaient dans la même "conspiration"! Cette expérience me bouleversait.. Bien entendu, les choses ne s'arrêtèrent pas là; je commençai à interroger en profondeur cette personne si simple.
"Dites-moi, comment vivez-vous," lui demandai-je (après le choc initial qui allait m'accompagner de longues années durant) – "Comment vivez-vous?"
"Comment je vis? Bien. Simplement."
"Et que faites-vous donc, comment se déroule exactement votre journée, que faites-vous pendant le jour?"
"Je ne fais absolument rien de spécial" (répondit-il). "Je n'ai pas de 'choses' spéciales à faire – j'aime simplement Dieu, mais je pratique un peu de patience. Je pratique la patience."
Cette personne avait la patience! Vous savez ce que "patience" signifie? "Patience," c'est ce crucifix de la liberté, par lequel nous étreignons les autres. C'est là que Dieu Se révèle Lui-même.
Et voilà la grandiose leçon : cet hésychasme est une expérience concrète, physique. Vous les théologiens, n'allez pas croire que c'est un accomplissement individuel (comme le professent les Hindouistes) ou quelque chose comme ceux qui abolissent leur volonté dans l'attente de voir quelque chose. C'est l'ouverture de soi-même vers la société, et c'est par là que des révélations majeures sont données à l'humanité... ce dont moi, candidat au doctorat, n'ai pas été honoré – ni ne l'ai été depuis...
Merci pour votre patience.
Note:
source
http://www.oodegr.com/english/asynithista/empeiries/xwrikoi1.htm
Par sa foi simple, le paysan Orthodoxe qui a été bien "nourrit spirituellement" sait fréquemment ressentir ce que les mots ne savent exprimer. D'où l'Histoire ecclésiastique nous rapporte bien des cas où a existé (et existe encore) un profond hiatus entre lui et certains hiérarques et théologiens, ces "modernistes" qui vivent loin de la mystique de l'Église, de ses enseignements apostoliques et patristiques, et n'ont que leurs opinions personnelles comme horizon...
