"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

17 juillet 2008

la preuve vivante de l'amour de Dieu pour les hommes


"La bière est la preuve vivante que Dieu nous aime et veut que nous soyons heureux"
Benjamin Franklin

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on regrettera cependant que tant les Orthodoxes du pays que les hétérodoxes ignorent que saint Arnould était un évêque et un saint Orthodoxe, même si effectivement et à juste titre saint patron des brasseurs et buveurs de bière, et dès lors, comme le disait fort à propos le sous-diacre Jean Hamblenne, saint patron par excellence pour les Belges!

16 juillet 2008

Un saint belge martyr à Jersey : saint Hélier de Tongeren

saint Helier de Jersey




chapelle & tombeau de saint Helier
source


Saint Hélier de Tongres & Jersey, Martyr
(Elier, Herlier, Helerous)
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6ième siècle. La ville de Saint-Hellier à Jersey porte ce nom d'après ce saint, mais tout ce que nous savons de lui provient d'une version corrompue d'un récit médiéval.

Hélier (en Latin: Helerius) naquit à Tongeren (Tongres), en Belgique, probablement entre 510 et 520 après Jésus-Christ. Il arriva probablement à Jersey vers 535-545. Il y fut martyrisé vers 550-560.

De la Vita latine tardive de saint Hélier, on apprend ceci :

Le père d'Hélier était un noble de Tongres, appelé Sigebert (ou Sigebard), qui épousa une femme Souabe appelée Lusegarde (ou Lusigarde). Après 7 ans de mariage, cependant, ils n'avaient pas d'enfant. Ils étaient païens, mais après que toutes leurs prières aux idoles aient échoué, ils se tournèrent vers un prédicateur Chrétien Orthodoxe appelé Cunibert. Il accepta d'intercéder, mais leur fit promettre qu'ils consacreraient leur enfant à Dieu, en faisant un bon Chrétien. Les prières de Cunibert furent exaucées, et Sigebert et Lusegarde eurent un fils.

Néanmoins, ils retournèrent aussitôt à leurs habitudes païennes, et oublièrent leur promesse. Quand l'enfant fut âgé de 7 ans, il tomba malade puis se retrouva paralysé. De désespoir, Sigebert finit par apporter son fils à saint Cunibert, et le fils fut guérit. Cunibert le renomma Hélier et le prit à l'église et l'éduqua. Hélier commença à accomplir des miracles (parmi ceux-ci : négocier avec les lièvres qui infestaient son jardin afin qu'ils partagent les légumes qui y poussaient; guérir un aveugle; retirer un serpent de la bouche d'un homme qui avait eu le malheur qu'un s'y glisse pendant qu'il dormait la bouche ouverte). Sigebert était furieux parce qu'il voulait récupérer son fils, il mit les miracles sur le compte de la sorcellerie, et il fit tuer saint Cunibert.

Hélier en eut le coeur brisé, et s'enfuit. Après nombre de pérégrinations ponctuées de miracles, il fut dirigé par Dieu pour s'en aller à Nanteuil, dans le Cotentin, et y trouver un saint homme appelé Marculf. Ce Marculf l'envoya sur une île appelée Gersut, ou Agna (c-à-d Jersey). On n'y trouvait qu'une trentaine d'habitants, à cause des attaques régulières des pirates Vikings. Hélier trouva un petit rocher où vivre, sur un ilot dans une baie sur la côte sud et y commença sa vie d'ermite, en compagnie d'un nommé Romard. Il reçut la visite de saint Marculf, et pendant que Marculf était là, les Vikings (ou pirates de mer) débarquèrent. Marculf et Hélier prièrent et firent le signe de la Croix, et Dieu fit se lever une terrible tempête qui détruisit les Vikings et leurs navires.

Marculf laissa Hélier seul sur son rocher, et Hélier y demeura durant 15 ans, ne mangeant qu'une fois par semaine, jusqu'à ce qu'il soit si fatigué de faim et des rigueurs de la vie qu'il s'imposait qu'il arrivait à peine à bouger. Le Christ apparut enfin à Hélier, et lui annonça qu'il allait venir Le rejoindre. Hélier fit ses adieux et se prépara au martyre. Trois jours plus tard, un grand nombre de Vandales arriva sur une flotte de navires et se préparèrent à dévaster l'île. Un des Vandales trouva saint Hélier et lui coupa la tête. Une légende dit que le saint reprit sa tête, et marcha vers la rive, faisant ainsi fuir de terreur les Vandales, et ainsi l'île fut sauvée.

Le corps de saint Hélier fut ramené en France, et ses reliques dispersées entre diverses églises et monastères. L'îlot et le rocher sur lesquels Hélier vécut sont reliés à la terre ferme de Jersey par une chaussée qui est praticable à marée basse, mais recouverte à marée haute. La légende dit que cette chaussée indique la route parcourue par saint Hélier quand il porta sa tête. Une petite ville a grandit sur la côte et prit le nom du saint à qui fut attribuée, ensemble avec saint Marculf, la conversion de Jersey au Christianisme.

Dans le livre hétérodoxe "Court Ménologe de l'Ordre Cistercien", Claude Chalmot affirme que "les saintes reliques de saint Hélier sont conservées et honorées religieusement dans la chapelle de l'abbaye de Beaubec au diocèse de Rouen." Dean Falle l'a soutenu, mais dans les années récentes, on a découvert que les habitants de Bréville, en Normandie, ont toujours crû qu'initiallement, le corps d'Hélier avait été emporté par les courants de Jersey et jeté sur leur côte.

Le corps se trouvait dans un cercueil de pierre, disaient-ils, probablement placé dans un caisson en bois pour flotter, et quand il eut à être transporté de la plage, son poids devint beaucoup trop lourd pour les porteurs et ils durent le laisser tomber. Là où il tomba, une source jaillit, et à ce jour, on effectue toujours des pèlerinages à la Fontaine de Saint-Hellier, dont l'eau est utilisée pour des bains de guérison pour les yeux malades.

Il n'y a pas qu'à Jersey qu'on vénère et se souvient de saint Hélier. Des églises et des chapelles sont dédiées au saint à travers la Normandie, et aussi l'Est de la Bretagne. Par contre, en Belgique...

Les îles de Jersey et les autres Iles de la Manche représentent les derniers vestiges du duché médiéval de Normandie, qui fut tenu tant par la France que l'Angleterre. Aujourd'hui le Bailli de Jersey est une dépendance de la Couronne Britannique, dirigée par un lieutenant-gouverneur nommé directement par la Couronne, mais ne fait ni partie du Royaume-Uni, ni de la Communauté Européenne.

Tropaire de saint Hélier ton 5
O glorieux Saint Hélier,
tu oeuvras pour le Christ sur l'île de Jersey,
dans le jeûne, la vigile et la prière.
Tu quitta ton rocher
pour convertir les pirates qui s'étaient amarrés,
et ainsi obtint la couronne de la victoire.
O vaillant Martyr, nous louons Dieu Qui t'a glorifié.



source des photos ci-après



vitrail moderne, église Saint-Hélier, Beuzeville (F)




vitrail moderne, église Saint-Hélier, Rennes (F)


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14 juillet 2008

Poème pour des enfants disparus (A.S. Khomiakov)


la chambre et le lit de saint Alexis, le tsarévitch-martyr
source


A mes enfants

Souvent, à l'heure de la profonde nuit,
Chers petits, j'allais vous contempler avec amour;
Souvent, j'aimais vous marquer du Signe de la Croix,
Prier pour que sur vous demeurât la Grâce
Et l'amour du Dieu tout-puissant.

Veiller avec attendrissement sur votre repos enfantin,
penser combien vos âmes étaient pures,
Espérer de longs et heureux jours,
Pour vous, charmants enfants sans souci,
Quelle douceur et quelle joie c'était!

Quand j'entre maintenant, partout l'obscurité :
Plus de vie dans la chambre : le petit lit est vide;
Dans la lampe, devant l'Icône, la lumière est éteinte :
Je suis triste : mes enfants ne sont plus,
Et le coeur se serre si douloureusement!

Enfants, à l'heure de la profonde nuit,
Priez pour celui qui priait pour vous,
Pour celui qui aimait vous marquer du Signe de la Croix;
Priez pour qu'avec lui demeure aussi la Grâce
Et l'amour du Dieu tout-puissant.


Alexis Stepanovitch Khomiakov
théologien laïc, philosophe,
chantre du mouvement slavophile, propriétaire terrien de la petite noblesse rurale et opposant au servage.
lettres, Kh. 4,35

auto-portrait

13 juillet 2008

Autorité de la Foi ou autorité humaine? (Trinité 3, R.O.O Eorhf)

Le Bon Berger
fresque de la catacombe de Domitilla/Domatilla
Crypte de Lucina, vers 200


Matines :

Psaume 17 Diligam te, Domine
Je t'aime, Seigneur, ma force * Seigneur, mon roc, ma citadelle, mon libérateur.
Mon Dieu, tu es le roc où je trouve mon refuge * mon bouclier, mon sauveur tout-puissant, ma forteresse,
à peine ai-je invoqué le Seigneur de toute louange * que je suis délivré de mes ennemis.
Les eaux de la mort m'avaient environné * les torrents dévastateurs avaient fondu sur moi;
les chaînes du séjour des morts m'avaient enserré * la mort elle-même m'avait déjà pris dans ses filets.
Dans ma détresse alors, j'ai invoqué le Seigneur * j'ai crié vers mon Dieu;
et de sa demeure il a perçu ma voix * mon appel a frappé ses oreilles.
Alors la terre frémit et trembla, les fondements des montagnes furent ébranlés * car Dieu allumait sa colère.
Une fumée sortait de ses narines, de sa bouche des flammes dévorantes * et des éclairs jaillissaient de toutes parts.
Il descendit sur les cieux qui s'inclinaient * il avait les pieds sur de noires nuées.
Il volait, monté sur un chérubin * il planait sur les ailes du vent.
Il se drapait dans les ténèbres qui lui faisaient comme une tente * une couverture de sombres torrents et d'épaisses nuées;
devant l'éclat de sa présence * des éclairs s'allumèrent.
Et le Seigneur tonna dans les cieux * le Très-Haut fit retentir le fracas de sa voix.
Il lança ses flèches et dispersa mes ennemis * il déchaîna des foudres qui les mirent en déroute.
Alors apparut le lit de la mer * et la terre fut mise à nu jusque dans ses fondements,
lorsque retentit la voix menaçante du Seigneur * et que gronda l'ouragan de sa colère.
D'en haut, Dieu étendit la main pour me saisir * il me retira du sein des grandes eaux.
Il me délivra d'un ennemi puissant * et d'adversaires qui l'emportaient sur moi.
Ils voulaient m'assaillir en un jour néfaste * mais le Seigneur s'est fait mon appui,
il m'a mis au large * il m'a sauvé parce qu'il m'aime.
Le Seigneur m'a traité selon mon innocence * il a récompensé la pureté de mes mains;
car j'ai suivi les sentiers du Seigneur * et l'impiété ne m'a pas détourné de mon Dieu.
Car j'ai conservé sa loi devant les yeux * je n'ai point méprisé ses préceptes;
je suis resté intègre devant lui * et je me suis gardé de tout péché.
Vraiment le Seigneur m'a traité selon mon innocence * selon la pureté de mes mains à ses yeux,
car avec l'homme bon tu te montres bon * intègre avec l'homme intègre;
avec l'homme pur, tu te montres pur * mais avec l'homme retors, tu joues d'astuce.
Oui, tu portes secours aux gens de pauvre condition * mais tu rabats les regards des orgueilleux.
En vérité, tu es mon flambeau, Seigneur * mon Dieu, lumière de mes ténèbres.
Grâce à toi, je peux faire face à une bande d'ennemis * grâce à mon Dieu, j'escalade des murailles.
Les voies de Dieu sont parfaites, la parole du Seigneur est passée à l'épreuve du feu * il est le bouclier de ceux qui cherchent refuge en lui.
Qui donc est Dieu sinon le Seigneur * Qui est un roc sinon notre Dieu?
Ce Dieu qui me ceint de courage * qui me propose une vie droite;
qui rend mes pieds légers comme ceux des biches * qui m'établit sur les cimes;
qui exerce mes mains pour le combat * et mes bras pour bander l'arc d'airain.
Tu m'as couvert de ton bouclier sauveur * tu m'as soutenu de la main
tes soins m'ont fait grand * Sous mes pas tu as élargi la route afin que mes pieds ne bronchent point.
Quand je poursuis mes ennemis, je les atteins * je ne reviens pas sans les avoir anéantis.
Je les écrase au point que jamais ils ne se relèveront * ils sont tombés sous mes pieds.
Tu m'as ceint d'un courage guerrier * tu as fait ployer sous moi mes adversaires.
Tu as mis en fuite mes ennemis * ceux qui me haïssent tu les anéantis.
Ils avaient beau crier, il n'y avait personne pour leur porter secours * ils invoquaient le Seigneur, il ne leur a pas répondu.
J'ai pu les disperser comme la poussière dans le vent * comme la boue des chemins, je les ai piétinés.
Tu m'as délivré des discordes populaires * pour me placer à la tête des nations;
un peuple que je ne connaissais pas est devenu mon sujet * il s'est soumis à ma première sommation.
Les étrangers sont venus me faire la cour * les étrangers perdant courage sont sortis de leurs forteresses en tremblant.
Vive Dieu, et béni soit mon roc * et que soit couvert de louanges le Dieu qui m'a sauvé;
ce Dieu qui m'a permis de me venger * qui m'a soumis les peuples, qui m'a délivré de mes ennemis!
Tu m'as élevé au-dessus de tous mes adversaires * tu m'as fait échapper à l'homme de violence.
C'est pourquoi je vais te louer devant les nations * Seigneur, je vais chanter à la gloire de ton Nom.
Car tu as donné de grandes victoires à ton roi, tu as manifesté ta bonté envers celui qui t'est consacré * envers David et sa postérité pour toujours.
Gloire au Père et au Fils * et au Saint Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours * et aux siècles des siècles. Amen.

Job 19,1-fin
Job prit alors la parole en ces termes : Jusques à quand affligerez-vous mon âme et m'accablerez-vous de vos discours? Voilà dix fois que vous m'outragez, vous n'avez pas honte de m'insulter. Quand même j'aurais vraiment péché, ma faute ne regarderait que moi seul. Si vous voulez le prendre de haut,et me convaincre d'ignominie, sachez que c'est Dieu qui m'a fait tort, et qui m'a enveloppé de ses filets. Je crie à la violence et nul ne me répond, j'en appelle et il n'est point fait justice. Il a barré mon chemin pour que je ne puisse passer, il répand les ténèbres sur ma route, il m'a dépouillé de ma gloire, il a découronné ma tête. Il m'a démoli tout entier, je m'écroule, il a déraciné mon espoir comme un arbre, il a allumé contre moi sa colère, Il m'a traité comme un ennemi. Ses bandes se sont concentrées, elles ont construit des remblais pour m'assaillir, elles ont campé autour de ma tente. Mes frères se sont éloignés de moi, mes amis se sont détournés de moi. Mes proches et mes intimes ont disparu, les hôtes de ma maison m'ont oublié. Mes servantes me regardent comme un étranger, je suis pour elles un inconnu. J'appelle mon esclave, il ne répond pas, je dois de ma bouche le supplier. Mon haleine répugne à ma femme, je suis à charge à mes propres enfants. Les gamins même me raillent; quand je me lève, ils se moquent de moi. Mes intimes me prennent en horreur, ceux que j'aimais se tournent contre moi. Mes os sont collés à ma peau, à ma chair, je souffre jusque dans mes os. Pitié! Pitié pour moi, vous du moins, mes amis, car la main de Dieu m'a frappé. Pourquoi me poursuivre comme Dieu, et vous montrer insatiables de ma chair? Oh! si mes paroles pouvaient être écrites, consignées dans un livre, gravées au stylet de fer sur du plomb, sculptées pour toujours dans le roc! Je le sais, mon Vengeur est vivant, qui paraîtra finalement sur la terre. À mon réveil, je me tiendrai debout, de ma chair je verrai Dieu. C'est moi-même qui le contemplerai, mes yeux le verront, non ceux d'un autre; mes reins se consument au dedans de moi. Que si vous dites : "Comment le poursuivrons-nous, et trouverons-nous en lui une raison de le condamner?" Redoutez pour vous le glaive, car la colère de Dieu poursuit les méchants, et vous saurez qu'il y a une justice.

Évangile selon saint Marc 4,1-29
Jésus Se remit à enseigner au bord du lac. Une foule si dense se rassemble près de Lui qu'Il S'installe dans une barque, sur le lac, et toute la foule demeurait à terre. Et Il leur enseignait beaucoup de choses en paraboles. Il leur disait dans Son enseignement : "Écoutez : Le semeur sortit pour semer. Il advint, tandis qu'il semait, qu'une partie de la graine tomba le long du chemin; les oiseaux vinrent la manger. Une autre partie tomba aussi sur le sol pierreux, où elle ne trouva pas beaucoup de terre; elle germa aussitôt, parce que la terre était peu profonde, mais lorsque le soleil se leva, surchauffée, faute de racines elle sécha. D'autres graines tombèrent dans les épines; les épines montèrent, les étouffèrent et le grain ne donna pas de fruit. D'autres tombèrent dans la bonne terre et donnèrent du fruit en montant et se développant, et rendirent 30, 60, cent pour un." Et Il ajouta : "A bon entendeur d'entendre!"
Une fois seuls, Ses intimes ainsi que les Douze L'interrogèrent sur les paraboles. Il leur dit : "À vous est confié le mystère du Royaume de Dieu, mais pour ceux qui se trouvent au dehors, tout passe en paraboles; de la sorte ils regardent de leurs yeux sans y voir, ils entendent de leurs oreilles sans comprendre, de peur qu'ils ne se convertissent et qu'il ne leur soit pardonné." Et Il ajouta : "Vous ne comprenez pas cette parabole? Et comment saisirez-vous toutes les autres? Le
Semeur sème la parole. Certains se trouvent le long du chemin où elle est semée; à peine l'ont-ils entendue que Satan vient enlever la parole semée en eux. D'autres reçoivent la semence dans des endroits pierreux; quand ils entendent la parole, ils l'accueillent aussitôt avec joie; mais ils n'ont pas de racine en eux-mêmes, ils sont versatiles : survienne ensuite une épreuve ou une persécution provoquée par la parole, ils trébuchent. D'autres encore reçoivent la semence parmi les épines; ils entendent la parole, mais les soucis du monde, la séduction des richesses et les convoitises multiples qui les pénètrent étouffent la parole et la rendent stérile. Ceux qui reçoivent la semence dans la bonne terre écoutent la parole, l'accueillent, et portent du fruit, 30, 60 et cent pour un."
Il leur disait encore : "Apporte-t-on la lampe pour la poser sous le boisseau ou sous le lit? N'est-ce pas pour la mettre sur le lampadaire? Car il n'est rien de caché qui ne doive être découvert, rien de secret qui ne doive être produit au grand jour. A bon entendeur d'entendre!" Il leur disait encore : "Soyez attentifs à ce que vous entendez. On mesurera pour vous selon la mesure avec laquelle vous mesurez, et l'on y ajoutera encore pour vous, qui écoutez bien. Car à celui qui possède, on donnera; mais à celui qui ne possède rien, on ôtera même ce qu'il croit avoir."
Il disait encore : "Il en est du Royaume de Dieu comme d'un homme qui aurait jeté la semence en terre. Qu'il dorme ou se lève, la nuit et le jour, la semence germe et grandit sans qu'il sache comment. D'elle-même la terre produit d'abord l'herbe, puis l'épi, puis du grain plein l'épi. Dès que le fruit le permet, on y met la faucille, car la moisson est à terme."

COLLECTE POUR DIMANCHE TRINITÉ 3
O Seigneur, nous Te supplions de nous exaucer en Ta miséricorde; et puisque Tu nous as donné un ardent désir de Te prier, accorde-nous aussi Ton puissant secours, pour nous défendre dans tous les périls, et nous réconforter dans toutes les épreuves.
Par notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, Qui vit et règne avec Toi et le Saint Esprit, Dieu Un, pour les siècles des siècles.

Divine Liturgie (Sarum) :

Épître : 1 Pierre 5,5-11
De même, vous autres qui êtes plus jeunes, soyez soumis aux anciens. Tous, dans vos rapports mutuels, revêtez-vous d'humilité; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais Il donne Sa grâce aux humbles . Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'Il vous élève au temps voulu. Déchargez-vous sur Lui de tous vos soucis, car Il prend soin de vous.
Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde autour de vous comme un lion rugissant en quête d'une proie à dévorer. Résistez-lui, fermes dans la Foi. Vous savez que vos frères par le monde endurent les mêmes souffrances que vous. Le Dieu de toute grâce, qui vous a appelés dans le Christ à sa gloire éternelle, après une courte épreuve, vous perfectionnera Lui-même, vous affermira, vous fortifiera, vous rendra inébranlables. À Lui la puissance dans les siècles des siècles! Amen.

Évangile : Saint Luc 15,1-10
Les publicains et les pécheurs s'approchaient de Jésus pour l'entendre. Les pharisiens et les scribes murmuraient alors: "Cet homme accueille des pécheurs, disaient-ils, et il mange à leur table." Mais il riposta par cette parabole: "Quelqu'un d'entre vous possède cent brebis. S'il en perd une, ne laisse-t-il pas les 99 autres dans le désert, pour aller chercher celle qui est perdue jusqu'à ce qu'il la retrouve? Quand il l'a trouvée, il la met, tout joyeux, sur ses épaules; puis, de retour à la maison, il appelle ses amis et ses voisins et leur dit: Réjouissez-vous avec moi: j'ai retrouvé ma brebis qui était perdue. - De même, vous dis-je, il y aura plus de joie dans le ciel pour un pécheur pénitent que pour 99 justes qui n'ont pas besoin de repentance."
"Une femme possède dix pièces. Vient-elle à en perdre une, n'allume-t-elle pas sa lampe, ne balaie-t-elle pas sa maison avec soin jusqu'à ce qu'elle la retrouve? Et quand elle l'a retrouvée, elle appelle ses amies et ses voisines: Réjouissez-vous avec moi, dit-elle, car j'ai retrouvé la pièce que j'avais perdue. Ainsi, vous dis-je, il y a de la joie parmi les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent."



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HOMÉLIE DU DIMANCHE TRINITÉ 3


homélie 2007/2008:
A première vue, l'Épître et l'Évangile de ce jour sont sans rapport entre eux, et la moindre relation qu'on pourrait établir est probablement très limitée. Cependant, tous 2 soulèvent quelques réflexions à propos d'aspects de la crise à laquelle le Christianisme en général est confronté, et partant, les Chrétiens en tant que tels. On a dit que la crise actuelle du Christianisme en Occident est une crise d'autorité. C'est un terme que beaucoup ont entendu, et que très peu ont cherché à comprendre sérieusement. Bien des livres ont été écrits sur le sujet, certains sérieux, d'autres pas vraiment. Ils semblent tous approcher le problème du point de vue suivant : que font les lecteurs et les conseilleurs – en quoi se trompent-ils? Je me demande plutôt si c'est bien une bonne approche d'un problème qui est bien plus basique que ça.
Au moins jusqu'à un certain point, nous sommes tous conscients des changements qui se sont abattus sur notre monde au cours de la centaine d'années écoulées. Tout amateur d'Histoire un tant soit peu averti pourrait réciter des complaintes écrites il y a 2.500 ans d'ici à propos de la chute du monde d'un état de bonne morale vers un état de décadence, chute qui aurait eu lieu dans l'espace de la génération précédente. Cependant, il semble que nous, au cours de nos 2 ou 3 dernières générations, nous avons été confrontés à un déluge de changements sociétaux qui vont bien plus loin que la définition d'une simple révolution. Alors que cette révolution est de toute évidence dans la technologie, l'organisation et la population, le fait est qu'elle a été encore bien plus profonde côté morale et religion. Les valeurs à tous les niveaux de la société ont été fondamentalement modifiées au cours du siècle écoulé, selon des manières que nous ne parvenons pas toujours à reconnaître, captifs que nous sommes au milieu de ce tourbillon en cours.
C'était face à quelque chose approchant une situation religieuse semblable qu'un prêtre vivant il y a quelque 1.500 ans d'ici sur une île au large du sud de la France exhorta les futurs Chrétiens Orthodoxes, expliquant qu'en cas d'un désastre jusqu'alors inconnu, un désastre d'hérésie s'emparant de l'Église, ils auraient à avoir recours aux Écritures, aux Conciles, et aux Pères, et s'en tenir exclusivement à cet enseignement qui a démontré être l'enseignement originel et entièrement accepté, celui de l'Église indivise. Il expliqua qu'il y avait une différence fondamentale entre "changement" et "développement" : alors que le véritable développement se déroule au sein de la Foi inaltérable, le changement transforme la Foi en quelque chose d'autre. Il avait prédit qu'une fois qu'un dogme de la Foi était abandonné, bien vite il serait suivi par un autre, puis encore un autre, et que cela deviendrait une affaire de "droit" d'apporter des changements unilatéraux à la Foi, au point d'en arriver au moment où la Foi entière serait perdue.
Le problème pour les Chrétiens dans notre société est que la situation prédite par saint Vincent de Lérins a déjà eu lieu, et quelles qu'aient pu être les structures de direction au sein des divers groupes chrétiens, elles ont toutes été impuissantes à empêcher la succession de changements et d'abandons. Le point commun de ces groupes est que durant fort longtemps, il n'y a pas eu d'autorité doctrinale. Le modèle légaliste romain qui a été repris d'une manière ou d'une autre par nombre de groupes chrétiens occidentaux repose sur l'autorité de la puissance hiérarchique plutôt que sur l'autorité intrinsèque de la Foi. Ceux qui ont le pouvoir ne sont pas liés par une allégeance commune à une Foi faisant autorité, d'où la nature atomisée de tant de chrétientés. Des désaccords doctrinaux amènent logiquement à des schismes face à un pouvoir centralisé. Dès lors, en réalité, leur doctrine n'a pas d'autorité indépendante, et cela fut finalement ouvertement reconnu, avec comme résultante le rejet par les groupes chrétiens européens et nord-américains modernes de presque tout ce qui restait du Christianisme original, à savoir l'Orthodoxe.
Il n'y avait pas soumission [communion] les uns aux autres pour maintenir l'autorité et l'intégrité d'une Foi commune, mais plutôt une imposition d'une opinion changeante par une puissante élite. Les dirigeants ne cherchaient pas après ceux qui s'égaraient loin de la Foi Chrétienne Orthodoxe, mais uniquement après ceux qui s'égaraient loin de leur autorité organisationnelle. Cette autorité des dirigeants de ce qui était devenu une religion séculière, en vint à être largement affirmée, et à grande échelle; à vue humaine, il est difficile de la voir remplacée par des pasteurs Chrétiens unis dans leur allégeance commune à la Foi Chrétienne Orthodoxe.
In fine, nous sommes entre les mains de Dieu, un fait que la plupart de ceux qui de nos jours s'appellent eux-mêmes Chrétiens ont oublié de vraiment reconnaître depuis fort longtemps. Dieu seul sait résoudre cette situation. Entre-temps, nous devons rester à notre place, et nous efforcer de discerner, et nous en tenir fermement à la Foi Chrétienne Orthodoxe, peu importe sa non-acceptation par la société environnante. Nous devons être Orthodoxes, et travailler à répandre l'Orthodoxie, et prier afin que Dieu utilise notre travail.
Amen.

p. Michaël, higoumène (abbé), Saint-Petroc monastery, EORHF/Rocor
http://www.orthodoxresurgence.com/petroc/index.htm
http://www.orthodoxresurgence.com


L'unique choix crucial & vital :

Dieu



ou César



un choix aux implications éternelles...

(cliquez sur l'image pour un grand format)

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