"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

06 août 2008

Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ (Prologue d'Ochrid & historique)

paroisse Hagia Barbara, Chatelineau, 6 août 2008
Divine Liturgie, Évangile de la Transfiguration
en grec puis en français:



Contexte historico-liturgique de la Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ

Peu après que le saint Apôtre Pierre à Césarée, eut proclamé au nom de tous les disciples la divinité de Jésus-Christ, la Transfiguration survient, confirmant en quelque sorte cette acclamation. Sur la montagne, Jésus donna à Ses 3 disciples un avant-goût de la gloire définitive, avant les épreuves passagères de la Passion.
La Transfiguration est rapportée dans les Évangiles selon saint Marc (Mc 9,2-13), saint Matthieu (Mt 17,1-13) et saint Luc (Lc 9,28-36).
A la Divine Liturgie, nous proclamons le texte rapporté par saint Matthieu, alors voici la version de saint Marc:
"Six jours après, Jésus prend avec Lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène sur une haute montagne à l'écart, seuls; et Il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent éblouissants d'une blancheur telle que nul foulon sur terre ne peut blanchir ainsi. Puis Élie leur apparut, avec Moïse; et ils conversaient avec Jésus. Pierre prit la parole: "Rabbi, dit-il à Jésus, il est heureux que nous soyons ici; nous allons dresser trois abris, un pour Toi, un pour Moïse et un pour Élie." De fait, il ne savait que dire, tant ils étaient saisis de frayeur. Et voici qu'une nuée se forma qui les couvrit de son ombre et une voix s'éleva du sein de la nuée: "Celui-Ci est Mon Fils bien-aimé; écoutez-Le." Regardant aussitôt autour d'eux, ils ne virent personne, si ce n'est Jésus seul avec eux. Tandis qu'ils descendaient de la montagne, Il leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, si ce n'est lorsque le Fils de l'Homme serait ressuscité d'entre les morts. Ils retinrent cette recommandation tout en se demandant les uns aux autres ce que signifiait "ressusciter des morts." Puis ils L'interrogèrent: "Pourquoi, au dire des scribes, faut-il qu'Élie revienne d'abord?" - "Sans doute, leur dit-Il, Élie doit revenir d'abord et tout rétablir dans l'ordre. Mais alors pourquoi est-il écrit du Fils de l'Homme qu'Il doit souffrir beaucoup et être méprisé? Eh bien! Je vous le dis, Élie est déjà revenu, et ils lui ont fait subir tout ce qu'ils voulaient, selon ce qu'en dit l'Écriture."
Le Christ apparaît dans l'Évangile de saint Matthieu comme le nouveau Moïse, législateur de la Loi nouvelle. Dans l'Évangile de saint Luc, Il Se présente comme le nouvel Élie, témoin et instrument de l'Esprit parmi les hommes. Ainsi notre Sauveur, qui "récapitulait" en Lui toutes les grandeurs d'Israël, le peuple élu, S'entretenait avec les 2 hérauts qui avaient partiellement préfiguré Sa mission et L'avaient annoncé. A une heure décisive de leur existence, des saints ont entendu une voix divine, tel Paul près de Damas, ou ont eu des apparitions célestes, comme saint Seraphim de Sarov. Il y a ici quelque chose d'analogue. La scène glorieuse du Thabor est destinée à mettre dans sa vraie lumière la salutaire Passion du Calvaire. Comme Chrétiens Orthodoxes, notre vie quotidienne peut être une tunique de souffrances, mystérieusement, elle est déjà robe de gloire.
La fête de la "Métamorphose" (du grec "metamorphosis") du Christ a été placée au 6 août par les Grecs, commémorant probablement la fête de la dédicace des basiliques du Thabor. Vers la fin du 5ième siècle, les hérétiques nestoriens Sassinides l'adoptèrent, puis au 8ième siècle, elle était connue des Syriens jacobites sous le nom de "fête du Mont-Thabor". Vers cette époque, elle sera adoptée par les Églises locales de rite gallican dans les Gaules, en Hispanie et en Italie, dans les régions encore Orthodoxes de l'Europe en plein changement. La nouvelle religion catholique-romaine a décidé de l'utiliser pour son culte à partir du 6 août 1457, quand elle était dirigée par Calliste 3 de Rome.




à (re)lire :
La Transfiguration dans l'Orthodoxie d'Occident et d'Orient (textes & homélies & Synaxaire)

Transfiguration : "Dans Ta lumière, nous verrons la lumière" (Ps 35,10)



Prologue d'Ochrid : la Transfiguration
http://www.westsrbdio.org/prolog/prolog.htm


1. LA TRANSFIGURATION DE NOTRE SEIGNEUR, DIEU ET SAUVEUR JÉSUS-CHRIST
Au cours de la 3ème année de Sa prédication, le Seigneur Jésus parla souvent à Ses disciples de Sa proche Passion, mais en même temps de Sa gloire devant suivre Ses souffrances sur la Croix. C'est ainsi qu'afin que Sa Passion imminente ne puisse pas accabler Ses disciples et nul ne Le quitterait, plein de sagesse, Il voulut leur montrer en partie Sa gloire divine dès avant Sa Passion.
C'est pour cette raison qu'Il prit avec Lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena un soir sur le Mont Thabor, et là Il fut transfiguré devant eux : "Et Sa face brilla comme le soleil et Sa tunique devint blanche comme neige" (Mt 17,2). A Ses côtés apparurent Moïse et Élie, les grands prophètes de l'Ancien Testament. Et voyant cela, Ses disciples en furent émerveillés. Pierre dit : "Seigneur, il est bon pour nous d'être ici présents: si Tu le désire, nous monterons 3 tentes ici, une pour Toi, une pour Moïse et une pour Élie" (Mt 17,4). Alors que Pierre parlait encore, Moïse et Élie disparurent pendant qu'une nuée radieuse entourait le Seigneur et Ses disciples, d'où sortit une voix disant : "Celui-Ci est Mon Fils bien-aimé, écoutez-Le" (Mt 17,5). Entendant la voix, les disciples tombèrent face au sol, comme morts, et restèrent ainsi, de peur, jusqu'à le Seigneur approche d'eux et leur dise : "Relevez-vous et n'ayez pas peur" (Mt 17,7).
Pourquoi donc le Seigneur n'avait-Il pris sur le Thabor que 3 disciples et pas tous? Parce que Judas n'était pas digne de contempler la gloire divine du Maître qu'il allait trahir, et le Seigneur ne voulait pas le laisser seul au pied de la montagne, afin d'éviter que pour cette raison, le traître ne puisse justifier sa trahison future.
Pourquoi notre Seigneur a-t'Il été transfiguré sur une montagne et non pas dans la vallée? Afin de nous enseigner 2 vertus ; l'amour du travail et des pensées pieuses. Car gravir jusqu'au sommet requiert de l'effort et l'altitude représente la hauteur de nos bonnes pensées, à savoir les pensées pieuses.
Pourquoi la Transfiguration de notre Seigneur a-t'elle eu lieu de nuit? Parce que la nuit est plus favorable que le jour pour la prière et les pensées pieuses, et parce que la nuit, par sa ténèbre, cache toutes les beautés terrestres et révèle la beauté du firmament étoilé.
Pourquoi Moïse et Élie sont-ils apparus? Afin de détruire l'erreur des Juifs, comme si le Christ était un des prophètes, tels qu'Élie ou Jérémie ou quelqu'autre, c'est pour cela qu'Il apparaît tel un Roi au dessus des prophètes, et c'est pour cela que Moïse et Élie apparaissent comme Ses serviteurs. Jusqu'alors, notre Seigneur avait manifesté Sa puissance divine à bien des reprises devant les Apôtres, mais sur le Mont Thabor, Il manifesta Sa nature divine. Cette vision de Sa divinité et avoir entendu ce témoignage céleste Le concernant, Le présentant comme le Fils de Dieu, pouvait servir aux disciples aux jours de la Passion du Seigneur, afin de renforcer leur foi vacillante pour en faire une Foi invincible en Lui et en Sa victoire finale.

HYMNE DE LOUANGE – LA TRANSFIGURATION DE NOTRE SEIGNEUR
Là, où Israël avait vaincu Sisar,
Là aussi descendit le Roi des Cieux
Afin d'y prier et d'y veiller la nuit,
Et d'y manifester la gloire de Sa Transfiguration,
Et de renforcer la Foi de Ses disciples
Dans la victoire éternelle qu'Il obtiendra, Lui le Victorieux.
C'est là qu'Il rayonna de la Lumière divine,
Dispersant les puissantes ténèbres, et illuminant le Thabor;
La Lumière, qu'Il contenait en Lui depuis longtemps
Dont Il avait parcimonieusement donné à voir au monde,
A présent, Il en répandait d'abondants rayons,
Des rayons jubilants, des rayons si doux.
L'éclat de l'humanité, afin de révéler aux cieux,
A la terre et aux hommes, la Divine Vérité.
Que le firmament voie son Maître,
Que la terre reconnaisse Dieu, le Sauveur.


RÉFLEXION
Pourquoi notre Seigneur n'a-t'Il manifesté Sa gloire divine sur le Thabor qu'à 3 et pas à tous les disciples? Tout d'abord, parce qu'Il avait donné Lui-même la Loi par la bouche de Moïse : "L'on ne pourra statuer que sur la parole de deux ou de trois témoins" (Deutéronome 19,15). Dès lors, 3 témoins suffisaient. Ces 3 témoins représentent les 3 vertus principales : Pierre la Foi, car il fut le premier à confesser au nom de tous sa Foi en Christ en tant que Fils de Dieu; Jacques l'espérance, car avec la foi dans la promesse du Christ, il fut le premier qui donna sa vie pour le Seigneur, étant le premier Apôtre à être mis à mort par les Juifs; Jean l'amour, car il posa sa tête sur la poitrine du Seigneur, et resta aux pieds de la Croix du Seigneur jusqu'à la fin. Dieu n'est pas appelé le Dieu des multitudes, mais bien le Dieu des élus : "Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob" (Exode 3,6). Dieu a bien souvent plus apprécié un homme fidèle qu'une nation entière. C'est ainsi qu'en de nombreuses occasions, Il voulut détruire toute la nation juive, mais à cause de la prière du juste Moïse, Il l'épargna. Dieu écouta bien plus la prière du fidèle prophète Élie que celle de tout le royaume d'infidèles d'Achab. Par la prière d'un seul homme, Dieu épargne villes et peuples. C'est ainsi que la ville pécheresse d'Ustiug allait être détruite par le feu et la grêle, mais elle fut sauvée par les prières de l'unique saint et juste qui y vivait, saint Procope le Fol-en-Christ (8 juillet).

CONTEMPLATION
Contempler la Providence de Dieu, qui récompensa la vertu de Ruth et de Booz (Livre de Ruth):
1. Comment Ruth, se retrouvant veuve, resta fidèle à Naomi, sa belle-mère vieillissante, et par ses labeurs, put se nourrir et elle avec.
2. Comment le riche Booz fut miséricordieux et aida ces 2 pauvres femmes;
3. Comment Booz et Ruth se marièrent, et d'eux naquit Obed, le père de Jessé, qui fut le père de David.

Homélie – à propos de l'exaltation de l'Église de Dieu
"Dans l'avenir il adviendra que la montagne de la maison du Seigneur sera mise à la tête des montagnes, et dominera les collines. Toutes les nations y afflueront" (Isaïe 2,2).
Cette prophétie concerne l'Église du Christ. Cependant, autant cette prophétie pouvait paraître mystérieuse aux Juifs nés avant le Christ, autant elle est totalement claire pour nous aujourd'hui. Montagne ou hauteur : la maison du Seigneur est vraiment établie "au dessus des montagnes," à savoir dans les hauteurs des Cieux, car tout d'abord, l'Église du Christ n'est pas portée par la terre mais plutôt par les Cieux, et enfin, une partie des membres de l'Église – et actuellement la plus grande partie – se trouve au Ciel, alors que l'autre partie est encore sur terre.
De plus, l'Église du Christ est "à la tête des montagnes," exaltée au dessus des montagnes, c'est-à-dire qu'elle se trouve au dessus de toute grandeur terrestre et humaine. La philosophie humaine et l'art et la culture de tous les peuples, de même que toutes les valeurs humaines, tout cela ne représente que les basses collines en comparaison avec l'infinie hauteur de l'Église du Christ. Car il ne serait pas difficile à l'Église de créer toutes ces collines, alors qu'aucune d'entre elles, ni même elles toutes ensembles unies, au fil des millénaires, n'ont été capables de créer l'Église.
Pour finir, le prophète dit : "Toutes les nations y afflueront." En vérité, jusqu'à présent, vers quoi d'autres toutes les nations auraient-elles été, si ce n'est vers l'Église du Christ? Le Temple de Jérusalem était interdit d'accès aux non-Juifs sous peine de mort. Cependant, depuis le début, l'Église a appelé toutes les nations sur terre, en obéissance au commandement du Seigneur : "Allez, et enseignez toutes les nations" (Mt 28,19).
Telle est la leçon de la vision d'Isaïe, le fils d'Amos, une vision remontant à si loin déjà, une vision vraie et merveilleuse.

O merveilleux Seigneur, nous Te rendons sans cesse grâce parce que Tu nous a rendus dignes d'être les enfants de Ta Sainte et Véritable Église, qui est exaltée par dessus toutes les grandeurs de ce monde.

A Toi soient éternellement gloire et action de grâce. Amen.

Saint Nicolas Velimirovitch, évêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958)



04 août 2008

Alexandre Soljenitsyne n'est plus, une conscience de l'humanité s'est éteinte


1944, en capitaine de l'Armée Rouge. (AP Photo)


1946, déporté. (AP Photo/File)

Soljenitsine dans le camp de concentration kazakh en 1950
Alexander Solzhenitsyn dans les années 1950, au camp de prisonniers Kazakh qui a inspiré son célèbre livre "Un jour dans la vie d'Ivan Denisovich," qui l'a révélé comme écrivain au monde entier


1953, libéré de sa première déportation. (AP Photo)



1962, en Russie. (AP Photo/File)


Solzhenitsyn en Allemagne en 1974, quelques jours après avoir été expulsé d'Union Soviétique et privé de sa nationalité. Depuis la publication de son livre "Un jour dans la vie d'Ivan Denisovich," la réputation de Soljénitsine s'était répandue dans le monde entier, grâce à ses récits de ses expériences de la dureté du régime totalitaire, récits tels que "Le Premier Cercle," et le célébrissime et historique "L'Archipel du Goulag," son chef d'oeuvre qui avait amené à son expulsion hors de sa terre natale.
Photo: Agence France-Presse -- Getty Images

source photos & commentaires : New York Times

Conscience vivante de ce monde sans morale ni justice, Alexander Soljénitsine s'est éteint ce dimanche 3 août 2008, à 89 ans, suite à une insuffisance cardiaque, a annoncé ce matin un de ses fils, habitant aux USA. Long article du NYT ci-dessous en cours de traduction.
En attendant, voyez quelques informations en français via ce lien vers Le Figaro, et en anglais sur yahoo

ses livres sur amazon.fr
en anglais
en français


Soljénitsine, le géant de la littérature qui défia les Soviétiques, est décédé à 89 ans
http://www.nytimes.com/2008/08/04/books/04solzhenitsyn.html



M. Solzhenitsyn à l'ouvrage, dans la bibliothèque Hoover, université de Stanford, 1976

Par Michael T. Kaufman
Publié: 4 août 2008

Aleksandr Solzhenitsyn, à qui ses luttes littéraires obstinées, solitaires et combatives valurent une force prophétique, quand il révéla la dure réalité du communisme soviétique dans des livres parmi les plus percutants du 20ème siècle, s'est éteint à 89 ans à Moscou. Son fils Yermolai rapporte qu'une insuffisance cardiaque en serait la cause.
M. Soljénitsine aura vécu près de 17 ans de plus que l'état soviétique et son système qu'il avait combattu au long de ses années d'emprisonnement, d'ostracisme et d'exil.
M. Soljénitsine avait été un obscur professeur d'âge moyen, enseignant les sciences dans une école supérieure, dans une ville de province russe, quand en 1962, il se retrouva projeté à l'avant-plan de la scène littéraire avec son livre "Un jour dans la vie d'Ivan Denisovich." Le livre, un roman innovateur parlant de la vie d'un prisonnier, fît sensation. Soudain, il fut comparé aux géants de la littérature russe, tels que Tolstoï, Dostoievsky et Tchekov.
Au cours des 5 décennies suivantes, la renommée de m. Soljénitsine s'agrandît dans le monde entier, alors qu'il couchait sur le papier ses expériences de l'âpre régime totalitaire, à travers des romans tels que "Le Premier Cercle," "Le pavillon des cancéreux," et des ouvrages historiques tels que "L'archipel du Goulag."
"Goulag" fut un récit monumental du système de camp de travail soviétique, une chaîne de prisons qui, selon les calculs de m. Soljénitsine, avait détenu quelque 60 millions de gens au cours du 20ème siècle. Ce livre mena à son expulsion et exil loin de sa terre natale. George F. Kennan, diplomate américain, le décrivit comme "la plus grande et plus puissante et unique dénonciation d'un régime politique à avoir été lancée à l'époque contemporaine."
M. Soljénitsine était l'héritier d'une tradition littéraire russe à orientation morale et souvent prophétique, et il en avait la tête de l'emploi. Avec son visage grave, son front haut et ferme, sa barbe de patriarche de l'Ancien Testament, il rappelait Tolstoi tout en suggérant un Jérémie des temps modernes, dénonçant les méfaits du Kremlin, et par la suite, les moeurs de l'Occident. Il rentra en Russie, et déplora ce qu'il considérait être un déclin spirituel, mais dans les dernières années de sa vie, il soutint le président Vladimir V. Poutine comme restaurateur de la grandeur de la Russie.
En près d'un demi-siècle, plus de 30 millions d'exemplaires de ses livres ont été vendus dans le monde entier, et traduits dans quelque 40 langues. En 1970, il reçut le Prix Nobel de Littérature.
M. Soljénitsine dû son succès initial à la décision de Kroutchev d'autoriser la publication de "Ivan Denisovich" dans un journal populaire. Kroutchev croyait que cette publication favoriserait la ligne libérale qu'il promouvait depuis son discours secret de 1956 contre les crimes de Staline.
Mais peu après que l'histoire ait été publiée, Kroutchev fut remplacé par des tenants de la ligne dure, et ils firent réduire l'auteur au silence. Ils firent arrêter la publication de ses nouveaux ouvrages, le dénoncèrent comme traître et confisquèrent ses manuscrits.

Un géant et une victime.
Leur poigne de fer ne réussira pas à freiner la diffusion de m. Soljenitsyne. Mais c'est alors par la parution de ses oeuvres hors d'Union Socialiste Soviétique, en de nombreuses langues, et c'est là qu'on le comparera non seulement aux géants de la littérature russe, mais aussi aux victimes littéraires de Staline, des auteurs tels qu'Anna Akhmatova, Osip Mandelstam et Boris Pasternak.
Sur place, le Kremlin accrut sa campagne en chassant m. Soljenitsyne. de l'Union des Écrivains. Il contre-attaqua. Il réussit à faire sortir clandestinement d'Union Socialiste Soviétique des microfilms de ses manuscrits interdits. Il adressa des plaintes aux organismes gouvernementaux, il écrivit des lettres ouvertes, il rallia le soutien d'amis et d'artistes, et entama une correspondance avec des gens à l'étranger. Ils transformèrent ses luttes en un des plus célèbres cas de la période de la "guerre froide."
Des centaines d'intellectuels renommés signèrent des pétitions contre la censure le concernant; des gens de gauche comme Jean-Paul Sartre eurent un certain impact avec Moscou. Parmi ses autres soutiens, on trouvait Graham Greene, Muriel Spark, W. H. Auden, Gunther Grass, Heinrich Boll, Yukio Mishima, Carlos Fuentes et, aux États Unis d'Amérique, d'Arthur Miller, John Updike, Truman Capote et Kurt Vonnegut. Ils se joignirent tous à un appel demandant un boycott culturel international de l'Union Socialiste Soviétique.
Cette position fut confirmée lorsqu'il reçut le Prix Nobel en 1970, un soufflet à la face de Moscou. Les jurés du Nobel le citèrent pour "la force éthique avec laquelle il a poursuivit l'indispensable tradition de la littérature russe."
M. Soljenitsyne. n'osa pas faire le voyage de Stockholm pour y recevoir le prix, de peur que les autorités soviétiques n'en profitent pour l'empêcher de rentrer au pays. Mais sa lettre d'acceptation fut largement diffusée.


[suite en travaux]

Depuis Moscou, Anne Barnard a contribué à cet article, de même qu'Ellen Barry depuis New York.



Aleksandr Solzhenitsyn et son épouse Natasha, à Vladivostok en 1994.
Michael Estafiev/Agence France-Presse -- Getty Images




M. Soljenitsyne réagit avant un concert donné en l'honneur de ses 80 ans à Moscou, en 1998.
Photo: Viktor Korotayev/Reuters


M. Soljenitsyne acceptant le Prix Nobel de Littérature à Stockholm, 4 ans après attribution, en 1974. Photo: UPI




M. Soljenitsyne saluant alors qu'il prenait le train en 1994 à Vladivostok, en direction de Khabarovsk. Grâce à la chute de l'Union Socialiste Soviétique, il était rentré en Russie en 1994, après 2 décennies d'exil.
Photo: Michael Estafiev/European Pressphoto Agency



A la conférence de presse à Vladivostok en 1994. A son retour en Russie, m. Soljenitsyne commença à exprimer son pessimisme, déplorant crimes, corruptions, effondrement des services publics, démocratie bafouée, et ce qu'il ressentait comme le déclin spirituel de la Russie. Durant ses 20 ans d'exil, jamais il ne douta qu'un jour il pourrait rentrer dans sa patrie.
Photo: Michael Estafiev/Agence France-Presse -- Getty Images

(article US copyright New York Times, traduction FR blog "Saint Materne")

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(agence Belga) : "L'écrivain russe Alexandre Soljenitsyne, 89 ans, grande figure de la dissidence sous le régime soviétique et prix Nobel de littérature, est décédé dans la nuit de dimanche à lundi à son domicile à Moscou, a annoncé l'agence de presse Itar-Tass, citant son fils Stepan.
Alexandre Soljenitsyne est décédé "à la suite d'une insuffisance cardiaque aigue" dimanche à 23h45 heure de Moscou, a déclaré son fils, cité par l'agence. Alexandre Soljenitsyne a révélé au monde la réalité du système concentrationnaire soviétique dans ses ouvrages "Une journée
d'Ivan Denissovitch", "Le premier cercle" et "L'Archipel du Goulag". Prix Nobel de littérature 1970, il a été privé de sa citoyenneté soviétique en 1974 et expulsé d'URSS. Il a alors vécu en Allemagne, en Suisse puis aux Etats-Unis, avant de revenir en Russie en 1994 après la chute de l'URSS. "A la fin de ma vie, je peux espérer que le matériel historique (...) que j'ai collecté entrera dans les consciences et la mémoire de mes compatriotes", avait-il dit en 2007 alors que le président Vladimir Poutine venait de lui remettre le prestigieux Prix d'Etat russe. (BVH)"

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source des photos ci-après
news.yahoo.com


Hommes, femmes et enfants déposent des fleurs aux portes de la maison d'Alexander Solzhenitsyn, dans la banlieue de Moscou, 4 août 2008. (Alexander Natruskin/Reuters)




Vladimir Poutine, président de Russie (R) et Alexandre Soljenitsyne en conversation, pendant une visite présidentielle à sa maison à Troitse-Lovo, Moscou, 12 juin 2007. (RIA Novosti/Kremlin/Reuters)

(AP Photo/RIA Novosti, service de Presse de la Présidence, Mikhail Klimentyev, File)



A domicile à Troitse-Lovo, Moscou, Soljenitsyne parle avec le président Poutine, après avoir reçu le Prix d'État pour ses oeuvres dans le domaine humanitaire, 12 juin 2007.
(ITAR-TASS/ service de Presse de la Présidence/Reuters)


12 juin 2007, au centre Natalya, l'épouse d'Alexander Soljenitsyne, entourée de ses fils Stepan (g) et Yermolai (d), pendant la cérémonie de remise du prix d'État, au Kremlin de Moscou. (AP Photo/RIA Novosti, service de Presse de la Présidence, Mikhail Klimentyev, File)




Soljenitsyne, en1998, au théâtre Na Taganke, Moscou. (AFP/File/Alexander Nemenov)



Un monastère des îles Solovestky, où se trouvait le plus célèbre des camps de travail soviétiques, décrit par la suite comme étant "la mère du Goulag" par l'auteur devenu dissident, Alexander Solzhenitsyn. (AFP/File/Dmitry Kostyukov)



10 juin 1991, Alexander Solzhenitsyn va recevoir le Doctorat en Lettres du Collège Dartmouth, à Hanover, N.H. (AP Photo/Toby Talbot, File)


24 mai 1994, Soljenitsyne plaisante avec les journalistes, en quittant ce qui aura été sa maison 18 ans durant, à Cavendish, Vermont (US), pour rentrer dans sa Russie natale. (AP Photo/Toby Talbot, File)
Commentaire NYT : "M. Soljenitsyne passa la majeure partie de son exil dans le hameau de Cavendish, VT. Là, il vécu dans la plus grande discrétion, protégé des curieux par ses voisins."


1994: Alexander Solzhenitsyn (g), avec son fils Stephan, parlant avec les journalistes devant sa maison de Cavendish, VT, où il passa 18 de ses 20 ans d'exil, dit qu'il ne recommanderait pas les États Unis d'Amérique comme modèle pour transformer l'Union Soviétique.
(AFP/File/Steve Rose)



Jeudi 10 décembre 1998, Soljenitsyne (g) discute à l'ambassade de Suède à Moscou, où il est fêté avec d'autres Prix Nobels. (AP Photo/ Alexander Zemlianichenko, File )


28 octobre 1994, Soljenitsyne parle à la tribune de la Douma, la chambre basse du Parlement russe à Moscou, avec le drapeau national en arrière-plan. Dans ce premier discours officiel depuis son retour en Russie après 20 ans d'exil, Soljenitsyne s'est exprimé sur la situation sociale russe. (AP Photo/Sergei Karkuphin, File)



Jeudi 10 décembre 1998, Soljenitsyne (g) discute avec l'ancien président soviétique Mikaïl Gorbatchev (d), pendant que l'ambassadeur suédois, m. Sven Hirdman, les observe. (AP Photo/Alexander Zemlianichenko, File)

(ndt : Soljenitsyne avait refusé la décoration que Gorbatchev voulait lui remettre, un "Gorbi" pourtant si courtisé par les "élites" occidentales..)



11 décembre 1998, Soljenitsyne garde les yeux clos pendant son discours dans la salle de Moscou où il venait de refuser la distinction culturelle suprême que lui accordait le président Boris Eltsine. (AP Photo/Mikhail Metzel, File)



1993. (AFP/File/Joel Robine)


1974, Soljenitsyne parle avec les journalistes à Stockholm, Suède, venant y chercher le Prix Nobel de Littérature obtenu en 1970. (AP Photo/File)


16 novembre 1974. Soljenitsyne donne sa première conférence de presse en Occident après avoir été déporté hors de Russie plus tôt dans l'année, appelant à une campagne de résistance passive au régime communiste et à son idéologie, depuis sa maison à Zurich. (AP Photo/Bernhard Frye). Commentaire NYT : "En exil, il continua d'écrire et de parler de la Russie. Nombreux en Occident ne savaient que faire de l'homme. Il y était perçut comme un grand écrivain, indéniablement, et un héros qui avait voulut se dresser contre les dirigeants d'un État totalitaire. Cependant, il semblait vouloir se dresser contre un tas d'autres aussi – les démocrates, les sécularistes, les capitalistes, les gauchistes et le consumérisme."



30 juillet 1975. Soljenitsyne joue au tennis à l'université de Norwich, Northfield, Vermont, USA. L'auteur en exil passa 4 jours enfermé dans le campus pour écrire un article à propos de l'Église Orthodoxe en Russie. (AP Photo)


17 Septembre 1993, à Paris. (AP Photo/Jacques Brinon, File)



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"L'argent est devenu la principale valeur et au gouvernement on s'est désintéressé des arts et des sciences. Deux cents personnes, élus par les magnats du capitalisme, gouvernent la Russie ne pensant qu'à leurs propres profits, et vivant mieux que les tzars. Ce totalitarisme de l'argent est aussi destructeur que ceux que notre siècle a déjà connus."
Paroles fortes prononcées après son voyage de retour en Russie, après son exil forcé..

Oui, on fera bien de se souvenir aussi de son pessimisme exprimé pour le redressement de la Russie, le monstrueux passé des Républiques Socialistes Soviétiques n'étant pas clairement rejeté, ni par le pouvoir politique, ni par une partie importante de la population, ni - pire encore - par l'Église. Il faut l'écrire un peu partout, car maintenant qu'il s'est éteint, "on" va se le réapproprier et en faire un bon soutien politique grâce à l'une ou l'autre photographie.. C'est pratique, les photos, on peut leur faire dire ce qu'on veut.

Aleksandr Isayevich Solzhenitsyn, Prix Nobel de littérature, qui décrivit les horreurs du système du Goulag Socialiste soviétique, reçoit dans sa maison près de Moscou celui qui était alors le président russe, m. Vladimir Poutine, en 2007. Il venait lui remettre une distinction honorifique patriotique.
Photo: Ria Novosti/Reuters

Soljénitsine en disait :
"Poutine a reçu en héritage un pays pillé et à genoux, avec une majorité de la population démoralisée et tombée dans la misère. Et il a commencé sa reconstruction, (...) petit à petit, lentement."
Mais il n'était pas dupe sur la corruption qui continuait, le musellement de l'information et de bien des libertés...

Solzhenitsyn sera enterré dans le cimetière du monastère Donskoy à Moscou
http://www.interfax-religion.com/?act=news&div=5041

Moscou, 04 août 2008, 13:45, Interfax - Alexander Solzhenitsyn sera enterré mercredi dans le cimetière du monastère Donskoy, à Moscou.


"Alexander Isayevich [Solzhenitsyn] avait lui-même choisit le lieu de sa sépulture. Il y a 5 ans, en réponse à sa demande, le patriarche Alexis II donna sa bénédiction pour attribuer une parcelle du cimetière monastique de Donskoy comme futur lieu de sépulture pour Solzhenitsyn," a expliqué au correspondant d'Interfax-Religion l'archiprêtre Nikolai Balashov, secrétaire du département des affaires étrangères du patriarcat de Moscou.



Par les prières de saint Alexandre de Lyon (+ 178) et saint Alexandre Nevsky (+ 1263), Seigneur Jésus-Christ, ait pitié de Ton fils Alexander Soljénitsyne, et acceuille-le dans ton Royaume céleste, parmi Tes élus.




VETCHNAÏA PAMIAT - MÉMOIRE ÉTERNELLE !

03 août 2008

Le frère, le pardon et l'Autel: intimement liés (Trinité 6 R.O.O.)

Autel avec les âmes des martyrs
Fragment du Beatus de Silos, Bilioteca del Monasterio de Santo Domingo, frag. 4)
source wikipedia

Matines
Psaume 1 Beatus vir, qui non abiit
Heureux l'homme qui ne se conduit pas d'après les conseils des méchants * qui ne marche pas dans la voie des pécheurs, et qui ne siège pas en compagnie des railleurs.
Heureux qui se complaît dans la loi du Seigneur * et qui médite sa loi jour et nuit.
Il ressemble à l'arbre planté sur la rive des eaux courantes * Il donne son fruit en la saison,
son feuillage ne se flétrit pas * tout ce qu'il entreprend réussit.
Il n'en va pas ainsi des méchants, certes non * ils sont comme la paille qu'emporte le vent.
Aussi les impies ne soutiendront pas le jugement * ni les pécheurs ne se tiendront dans l'assemblée des justes.
Car le Seigneur veille sur la voie des justes * mais la voie des méchants ne conduit qu'à la perte.
Gloire au Père et au Fils * et au Saint Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours * et aux siècles des siècles. Amen.

Ps. 2 Quare fremuerunt gentes?
Pourquoi cette effervescence parmi les nations? * Pourquoi les peuples trament-ils de vains complots?
Les rois de la terre se dressent ensemble * et les princes se joignent pour conspirer contre le Seigneur et contre Son Christ.
"Brisons leur joug * et rejetons loin de nous leurs entraves!"
Mais celui qui réside dans les cieux sourit * le Seigneur les tourne en dérision.
S'adressant à eux dans sa colère * il les frappe d'épouvante par son courroux:
"C'est moi qui me suis sacré un roi * sur Sion, ma montagne sainte."
Je vais publier le décret du Seigneur * le Seigneur m'a dit : "Tu es mon fils, c'est moi qui t'ai engendré aujourd'hui.
Demande, et je te donnerai pour héritage toutes les nations * les confins de la terre seront ton domaine.
Tu les mèneras sous un sceptre de fer * tu les briseras comme un vase d'argile."
Et maintenant, ô rois, comprenez * instruisez-vous, ô juges de la terre.
Servez le Seigneur avec respect * apportez-lui vos hommages en tremblant,
de peur qu'il ne s'irrite et que vous n'alliez à votre perte * quand d'un coup flambera sa colère.
Heureux cependant * tous ceux qui se confient en lui.
Gloire au Père et au Fils * et au Saint Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours * et aux siècles des siècles. Amen.

Ps. 3 Domine, quid multiplicati
Seigneur, qu'ils sont nombreux mes persécuteurs * C'est une foule qui se dresse contre moi.
Toute une multitude s'écrie à mon sujet * "Non, point de salut pour lui en son Dieu!"
Pourtant, c'est toi, Seigneur, qui es mon bouclier * tu es ma gloire; tu me fais redresser la tête.
À peine ai-je élevé la voix vers le Seigneur * qu'il me répond de sa montagne sainte.
Moi qui m'étais couché, assoupi, * je me réveille, car le Seigneur me soutient.
Je n'ai rien à craindre devant cette multitude de gens * qui se dressent de tous côtés contre moi.
Lève-toi Seigneur! * Sauve-moi, mon Dieu!
Tu frappes au visage tous mes persécuteurs * tu brises les dents des pécheurs.
Oui, le salut vient de toi, Seigneur. * Que ta bénédiction descende sur ton peuple.
Gloire au Père et au Fils * et au Saint Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours * et aux siècles des siècles. Amen.

Ps. 4 Cum invocarem
Quand je t'invoque, réponds-moi, ô Dieu de ma justice * à l'heure de l'angoisse tu m'as réconforté. Aie pitié de moi; écoute ma complainte.
Fils des hommes, jusques à quand aurez-vous le coeur endurci * dans l'amour des vanités et la poursuite du mensonge?
Sachez que le Seigneur a choisi quelqu'un d'admirable * il m'a exaucé quand je l'ai invoqué.
Tremblez, mais ne péchez pas * réfléchissez sur votre couche; mais gardez le silence.
Offrez vos sacrifices avec sincérité * et mettez votre espoir dans le Seigneur.
Il en est tant qui disent "Qui nous fera voir le bonheur?" * Fais lever sur nous, Seigneur, la lumière de ta face.
Tu as mis dans mon coeur plus de joie * qu'aux temps où abondent le froment et le vin!
En paix, je me couche, pour dormir aussitôt * car la sécurité de mon repos vient de toi seul, Seigneur.
Gloire au Père et au Fils * et au Saint Esprit.
Comme au commencement, maintenant et toujours * et aux siècles des siècles. Amen.

2ème Livre de Samuel 1,1-27
Après la mort de Saül, David, qui revenait d'avoir battu les Amalécites, resta deux jours à Siclag. Le troisième jour, on vit paraître un homme venant du camp de Saül, les vêtements en lambeaux et la tête couverte de poussière. En arrivant auprès de David, il se jeta à terre et se prosterna. David lui dit : "D'où viens-tu?" Il répondit : "Je me suis sauvé du camp d'Israël." - "Qu'est-il arrivé? dit David, raconte-le moi." Il répondit : "Les troupes se sont enfuies du champ de bataille. Beaucoup d'hommes de l'armée sont tombés. Saül et Jonatan, son fils, ont péri." - "Comment sais-tu, demanda David au messager, que Saül et Jonatan sont morts?" Le messager répondit : "Je me trouvais sur la montagne de Gelboé, quand je vis Saül s'appuyer sur sa lance, tandis que chars et cavaliers s'acharnaient après lui. Il se retourna et, m'apercevant, il m'appela. Je dis : Me voici. - Qui es-tu? Dit-il. - Je suis un Amalécite. - Approche-toi, reprit-il, et donne-moi la mort, car le vertige me prend, quoique je sois encore plein de vie. - Je me suis donc approché et je lui ai donné la mort, car je voyais qu'il ne survivrait pas à sa défaite. J'ai pris le diadème qu'il avait sur la tête et le bracelet qu'il avait au bras. Voici : je les apporte à mon seigneur." Alors David saisit son vêtement et le déchira, et tous les hommes qui étaient avec lui l'imitèrent. Ils firent un deuil, pleurèrent et jeûnèrent jusqu'au soir à cause de Saül, de son fils Jonatan, de l'armée du Seigneur et de la maison d'Israël, qui étaient tombés par l'épée. David demanda au messager : "D'où es-tu?" - "Je suis fils d'un étranger, répondit-il, d'un Amalécite." David lui dit : "Comment n'as-tu pas craint de porter la main sur l'oint du Seigneur et de le faire périr?" Et faisant signe à l'un de ses hommes, David lui dit : "Viens! Tue-le!" Cet homme le frappa, et il mourut. David dit alors : "Tu es responsable de ta mort. Ta propre bouche a témoigné contre toi quand tu as dit que tu avais fait mourir l'oint du Seigneur."
Alors David entonna sur Saül et sur son fils Jonatan l'élégie suivante, qu'il ordonna d'enseigner aux fils de Juda. C'est le chant de l'Arc, qui se trouve écrit dans le Livre du Juste.
Ta fleur, Israël, a péri sur les hauteurs! Comment sont tombés les héros? N'allez pas l'annoncer dans Gat, ne le publiez pas dans les rues d'Ascalon, de peur que n'exultent les filles des Philistins, que ne se réjouissent les filles des incirconcis. Ô monts de Gelboé, qu'il n'y ait sur vous ni rosée ni pluie, campagnes meurtrières, où fut maculé le bouclier des héros! Le bouclier de Saül n'était pas oint d'huile, mais du sang des blessés, de la graisse des guerriers. L'arc de Jonatan jamais ne recula, ni l'épée de Saül ne revint sans succès. Saül et Jonatan, aimables et charmants, jamais ne furent séparés, ni vivants ni morts. Plus légers que les aigles, plus forts que les lions. Filles d'Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait de pourpre somptueuse, qui parait de bijoux d'or vos vêtements. Comment sont tombés les héros? En pleine bataille, Jonatan est tombé sur tes hauteurs. Jonatan, mon frère, j'en ai le coeur serré. Tu m'étais extraordinairement cher; plus précieuse m'était ton amitié que l'amour des femmes. Comment sont tombés les héros, comment furent détruits les foudres de guerre?


Évangile selon saint Marc 7,24-8,10
Puis, quittant ce lieu, Jésus S'en fut au pays de Tyr et Sidon. Il était entré dans une maison, et désirait que personne ne l'apprît, mais Il ne réussit pas à passer inaperçu, car une femme, dont la fillette était possédée d'un esprit impur, n'eut pas plus tôt entendu parler de Lui, qu'elle vint se prosterner à Ses pieds. Cette femme était païenne, syrophénicienne d'origine. Or elle Le suppliait de chasser le démon de sa fille. Il lui dit : "Permets d'abord aux enfants de se rassasier; il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens." Mais elle répliqua : "Oui, c'est vrai, Seigneur; et alors les petits chiens mangent sous la table les miettes des enfants." Et Jésus de lui répondre : "Pour cette parole, va, le démon est sorti de ta fille." Et de retour chez elle, elle trouva son enfant reposant sur le lit. Le démon en était sorti. Et de nouveau, laissant le territoire de Tyr, Jésus vint par Sidon vers la mer de Galilée, au milieu du pays de la Décapole. On lui présente un sourd-bègue, et on Le prie de lui imposer la main. Et Jésus le prit à part, à l'écart de la foule, lui mit Ses doigts dans les oreilles et lui toucha la langue avec de la salive. Puis, les yeux levés vers le ciel, Il soupira et lui dit : "Ephphata", c'est-à-dire : "Ouvre-toi!" Ses oreilles s'ouvrirent et aussitôt le lien de sa langue fut délié, et il parlait convenablement. Il leur interdit de le révéler à qui que ce fût; mais plus Il le leur défendait, plus ils le publiaient. Et ils étaient saisis d'une immense admiration. "Il a bien fait toutes choses, disaient-ils; Il fait entendre les sourds et parler les muets!" En ces jours-là, comme il y avait de nouveau une foule nombreuse et que ces gens n'avaient rien à manger, Jésus appela les disciples : "J'ai pitié de ce peuple, dit-il, car voilà 3 jours déjà qu'ils s'attachent à Moi, sans rien avoir à manger. Si Je les renvoie chez eux à jeun, ils tomberont de faiblesse en chemin, et quelques-uns d'entre eux sont venus de loin!" Ses disciples Lui répondirent : "Comment pourrait-on jamais les rassasier de pain ici dans un désert?" Mais Lui de leur demander : "Combien avez-vous de pains?" - "Sept", dirent-ils. Alors Il fit accroupir la foule sur le sol; puis Il prit les 7 pains, rendit grâce, les rompit et les donna à Ses disciples pour les distribuer; et ils les servirent à la foule. Ils avaient aussi quelques menus poissons; Il les bénit, et les fit servir également. Ils mangèrent à satiété, et l'on emporta 7 paniers des morceaux qui restaient. Or ils étaient 4.000 environ. Ensuite Jésus les congédia. Et Se rembarquant avec Ses disciples, Il Se rendit au pays de Dalmanutha.

COLLECTE POUR DIMANCHE TRINITÉ 6
O Dieu, Qui as préparé pour ceux qui T’aiment, des biens qui surpassent l’entendement humain; répands en nos coeurs un tel amour pour Toi, que, T’aimant par dessus tout, nous obtenions le fruit de Tes promesses, qui excèdent tout ce que nous pouvons désirer.
Par notre Seigneur et Sauveur, Jésus-Christ, Qui vit et règne avec Toi et le Saint Esprit, Dieu Un, pour les siècles des siècles.


Divine Liturgie (Sarum)
Épître : Romains 6,3-11
Ignorez-vous que nous tous, qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, c'est en Sa mort que nous l'avons été? Nous avons été ensevelis avec Lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous vivions, à notre tour, une vie nouvelle. Si, par une mort semblable à la Sienne, nous sommes devenus un même être avec Lui, nous le serons aussi par une commune résurrection. Nous sommes conscients de ce que notre vieil homme a été crucifié avec Lui, afin que le corps de péché fût réduit à l'impuissance, si bien que nous cessions désormais d'être les esclaves du péché; car celui qui est mort est affranchi du péché. Or, si nous sommes morts avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec Lui, sachant que le Christ, une fois ressuscité des morts, ne meurt plus. Sur lui la mort n'a plus d'emprise. Mort, il l'est au péché, une fois pour toutes. Vivant, il l'est pour Dieu. Vous donc aussi, considérez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu dans le Christ Jésus.

Évangile : Saint Matthieu 5,20-26
Car, Je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le Royaume des cieux. Vous l'avez appris: il a été dit aux anciens: "Tu ne tueras pas (Ex. 20.13)" : tout meurtrier sera passible du tribunal. Mais moi je vous dis: Tout homme qui se met en colère contre son frère sera passible du tribunal; celui qui dit à son frère: Raca, sera passible du Grand Conseil; et celui qui lui dira: Fou, sera passible de la géhenne du feu. Lors donc que tu présentes ton offrande à l'Autel, si tu te rappelles que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'Autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; alors seulement, tu viendras présenter ton offrande. Accorde-toi promptement avec ton adversaire tandis que vous venez ensemble au tribunal, de peur qu'il ne te livre au juge, et le juge à l'huissier, et que tu ne sois mis en prison. Oui, te dis-Je, tu n'en sortiras pas que tu n'aies payé jusqu'au dernier sou.



"tabernacle" de style médiéval..
mais exposé dans un lieu de religion hétérodoxe
(voir présence & style de la statue à gauche)


ndt : Contrairement à ce qui est "enseigné" aux catholiques-romains, la boîte fixée à une table d'autel n'est pas de tradition apostolique, elle est l'invention de l'hétérodoxe Charles Borromée, au 16ème siècle, bref en détachement complet de la tradition ancienne. Idem pour la version "boîte encastrée" d'accès facile, à proximité de ce qu'on leur dit être un autel, ça non plus n'est pas d'origine apostolique.
On regrettera dès lors encore plus l'attachement, parfois jusqu'à l'acharnement, que certains de nos frères de rite orthodoxe occidental ont à cet objet incongru sur un Autel: il faut le dire et le redire, le romantisme les guide plus que la science religieuse; et l'absence de réel contrôle épiscopal (la plupart des hiérarques s'en fichent, comme du reste) mène à ce genre d'absurdité. Voire de dangereuse habitude : faire entrer dans l'Église du Christ, sous prétexte de "restauration," des pratiques et théologies étrangères à l'Église. Et le coup du tabernacle n'est qu'un parmi beaucoup d'autres, voir l'exemple en photo :

Autel avec tabernacle fixé dessus, crucifix "sulpicien", acolyte enfant revêtu d'un costume féminisé, banc de communion, toutes des inventions du catholicisme-romain du 16ème-17ème siècle. Même la cape liturgique du prêtre est bizarre par rapport à la pratique de l'Occident orthodoxe.. Passons..

Pour revenir au sujet, on retrouve cette "colombe-tabernacle" très tôt dans l'antiquité Chrétienne, pour la préservation des saints Dons. Anastase le Libraire, dans son "De vita Pontificum," écrivait que l'empereur Constantin-le-Grand avait donné à la basilique Saint-Pierre à Rome une "tour" et une "colombe" d'or pur, rehaussées de 250 perles blanches. L'évêque de Rome saint Innocent 1er fit réaliser une "tour" en argent et une "colombe" en or pour l'église des saints Gervais et Protais.
La "tour" et la "colombe" étaient conservées en divers lieux. En Occident gallican, la colombe se trouvait parfois au dessus de l'Autel, je ne sais pas en ce qui concerne la "tour," n'ayant rien vu sur le sujet. En Occident "romain," saint Jérôme parle de ce sacrarium comme lieu de conservation et lui donne le nom utilisé en Orient : "Quare 'sacrariu,' in quo iacet Christi corpus, qui verus est Ecclesiae et animarum nostrarum sponsus, proprie thalamus seu 'pastophorium' appellatur." En Orient, les "Constitutions Apostoliques" (4ème siècle) disent que cela se trouvait dans la partie la plus inaccessible de l'église : "Après que tout le monde ait communié, les diacres emportent ce qui reste au pastophorium." Dans tous les cas, la sainte Réserve, qui servait à la Communion des malades et à rien d'autre, était noblement conservée.



HOMÉLIE DU DIMANCHE TRINITÉ 6

homélie 2006/2008:
L'Évangile de la Liturgie de ce jour (Mt 5,20) est un de ceux qu'il faut écouter avec toute notre attention, car il comporte un certain nombre de points qui posent souvent question. Dès lors, je vais les aborder l'un après l'autre. En commençant avec le verset 20, nous trouvons le mot "justice" mis en contraste avec la justice d'un groupe précis au sein de la société dans laquelle les disciples de Jésus vivaient. Les pharisiens recommandaient un comportement qu'ils disaient juste et qui était le "bon" comportement – à savoir conforme à la lettre de la Loi divine, exprimée dans la Torah. Il n'y avait en fait que peu voire pas de place pour l'amour ou la compassion, dans leur concept de justice. Certes, ils luttaient cependant dur pour s'en tenir à la lettre de la Loi – à un degré que nous trouverions tout à fait incroyable.
La justice dont parle Jésus, de Sa propre autorité ("mais Moi Je vous dis..") commence par la relation de la personne individuelle avec Dieu. C'est une "vraie relation" avec Dieu, une relation juste qu'il faut commencer à avoir avec Lui. Par l'Incarnation du Fils, Dieu nous a donné la possibilité de recevoir la propre justice de Dieu directement du Christ. Sa justice – qui est la justice que nous devons acquérir, est résumée par Lui dans Son grand récapitulatif de la Loi (Mt 22,37-40; Mc 12,29-31): "Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur; et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là. À ces deux commandements se réduisent toute la loi et les Prophètes."
Ce qu'Il veut bien entendu dire par cela, c'est que si quelqu'un suit cette règle-là, et avec soin, alors d'office il accomplira le but de la myriade de petites règles légales qui sont reprises dans la Loi Mosaïque. C'est la justice de la règle de l'amour qu'enseigne le Christ, non pas la justice d'une froide conformité légaliste.
Le restant du chapitre, jusqu'au verset 48, est en fait une série d'illustrations concrètes de ce que cet amour, cette justice, signifie réellement. La colère pécheresse et injuste est mise à équivalence d'un meurtre – un fait qui devrait nous amener à nous calmer considérablement. C'est un de ces points que nous avons tendance à considérer comme juste une façon de parler – et pourtant, c'est un point terriblement important. Littéralement, il signifie qu'aux yeux de Dieu, chacun d'entre nous est aussi coupable que ceux qui sont en prison pour meurtre. Cela signifie que nous ne devrions pas oser nous considérer nous-mêmes comme des "gens ordinaires, bien," car nous ne le sommes pas du tout.
De nos jours, nous avons tendance à désapprouver toute velléité à se vautrer dans nos péchés, et c'est quelque chose qu'un sain Christianisme désapprouve en effet – mais pas au point d'exclure une juste reconnaissance de la totalité de ce que nous avons fait de mal – notre responsabilité, individuelle et en groupe, et l'absolue nécessité pour nous de rechercher le pardon complet. L'avertissement
suivant le montre bien : lors de la Divine Liturgie, nous ne devrions pas vouloir recevoir la sainte Communion si nous savons que quelqu'un a quelque chose contre nous. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle dans les antiques Liturgies, et dans le rite de Sarum, il y a l'échange du baiser de paix au début – un rappel que nous devons être réconciliés avant d'approcher de l'Autel.
Le verset 25, que saint Luc place dans son Évangile dans un contexte de la fin de ce temps, nous dit qu'il est urgent pour nous de résoudre tous nos désaccords et nos querelles, car qu'il s'agisse de la Parousie ou Seconde Venue du Christ, de notre repos individuel dans la mort, ou de la réception de la sainte Communion, nous ne pouvons pas nous permettre de nous y trouver sous le poids de disputes et de colère. Tout ceci, c'est la propre illustration donnée par le Christ à propos de la nécessité pour nous d'adopter une justice qui ne soit pas basée sur la lettre de la Loi, mais plutôt sur l'esprit tout entier de la Loi. Les mots "Loi" et "justice" sont toujours synonymes dans la relation entre nous et Dieu. Notre relation avec Dieu doit être faite d'humilité, d'obéissance, et d'un amour reçu, réciproqué et répandu par nous.

p. Michaël, higoumène (abbé), Saint-Petroc monastery, EORHF/Rocor
http://www.orthodoxresurgence.com/petroc/index.htm
http://www.orthodoxresurgence.com

note de traduction : Si c'est un étranger à l'Église qui nous en veut, vu qu'en dehors de l'Église ne règnent que ténèbres, il n'aura pas la capacité spirituelle de comprendre le pardon, le sens et le but - ni même ne sera capable de vraiment juger si la raison pour laquelle il nous en veut est bonne ou pas. Ce serait un problème insolvable que le Christ aurait posé sur les épaules des fidèles que d'imposer une réconciliation avec des non-croyants. Et même un impossibilité : Seuls les frères dans la Foi pouvant prendre part au Sacrement de l'Autel, c'est donc bien entendu de pardon entre frères en Christ qu'il s'agit ici. Cependant, je pense que cela ne nous dédouane pas de tenter des réconciliations avec nos connaissances vivant loin du Christ; mais leur refus ne nous liera pas comme le ferait celui d'un frère, c'est là toute la différence, amha.


Autel médiéval
Psautier gallican, ms Lewis E 181, folio 26v
Copie réalisée dans les Flandres vers 1270. Comporte cantiques, litanies et Office des défunts. L'initiale historiée D représente un saint devant un Autel. Il pointe du doigt vers son oeil, exprimant gestuellement le premier verset du Psaume 26 : "Le Seigneur est ma Lumière et mon Salut, qui pourrais-je craindre?"
Ce Psautier se trouve à la bibliothèque publique de Philadelphie (USA), Rare Book Department

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