"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

30 août 2008

Grèce: l'athéisme européen ne sera pas obligatoire à l'école


L'Église condamne une décision contre les cours de religion
http://www.ekathimerini.com/4dcgi/_w_articles_politics_100012_27/08/2008_99903


Hier [26/08/08], expliquant que c'était une violation de la Constitution, le Saint Synode de l'Église en Grèce a condamné une initiative du gouvernement donnant aux écoliers le droit de ne pas participer aux cours de religion sans que leurs parents aient à fournir une raison.
Entre-temps, une nouvelle circulaire du Ministère de l'Éducation et des Cultes stipulait que les élèves qui choisissaient de ne pas participer aux cours de religion seraient obligés de suivre des cours complémentaires de grec ou d'une autre matière dans laquelle ils auraient des faiblesses.
Mais le Saint Synode a appelé à la mise en application d'une circulaire du ministère de 2006, qui permet aux élèves d'être dispensés des cours de religion à condition que leurs parents fournissent une explication écrite. "Les cours de religion sont obligatoires pour les élèves grecs-orthodoxes, conformément à l'article 16 de la Constitution," a rappelé le Saint Synode dans sa déclaration.
L'initiative du ministère a aussi provoqué la colère du doyen de l'Institut de Théologie de l'université Aristote à Thessalonique, m. Ioannis Kogoulis. Dans une lettre adressée au minstre Evripidis Stylianidis, Kogoulis dit que cette initiative "contribue grandement aux efforts de tous ceux qui cherchent à ignorer, cacher voire déformer les sacrifices et la contribution de l'Église Orthodoxe à la nation."


m. Kogoulis

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Finalement, après un bras-de-fer d'un mois, le gouvernement se serait rangé ce 29 août aux arguments de l'Église. Seuls les rares élèves non-Orthodoxes pourront, sur demande écrite, être dispensés de l'enseignement religieux.
A l'origine de cette crise, on trouve une décision de la Cour européenne de justice, qui voulait que cette dispense des cours de religion soit accordée sans que les parents déclarent leur confession, une information considérée comme une donnée personnelle par les athées qui dirigent le Parlement Européen. Mais pas pour les citoyens Grecs : il y a 3 ans, une consultation publique lancée par l'Église, au sujet de la mention de la religion sur la carte d'identité, avait obtenu plus de 98% de partisans au maintien de cette mention...


Pages en anglais du Saint Synode de Grèce
http://www.ecclesia.gr/english/Enindex.html

29 août 2008

La vénération de saint Jean le Baptiste, prophète et Précurseur, et son martyre



http://www.orthodoxengland.org.uk/sermbjtb.htm


Au Nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit.

Pourquoi l'Église a-t'elle une si grande vénération pour saint Jean le Baptiste, établissant même un jour de jeûne strict en son honneur? Voici dix raisons :

1. Notre Seigneur Lui-même a dit que saint Jean était le plus grand des prophètes "parmi ceux nés d'une femme" (Lc 7,28). Entendant cette phrase, certains sont surpris. Ils demandent : n'est-ce pas plutôt le Christ Lui-même qui est le plus grand de ceux nés d'une femme? Cependant, le Christ n'était pas né d'une femme, à savoir une femme mariée, mais d'une Vierge. Dès lors, en obéissance aux paroles de notre Seigneur, disant que saint Jean est le plus grand d'entre ceux nés d'une femme, l'Église l'honore comme il convient. De fait, il n'y a pas moins de 6 fêtes de saint Jean dans l'année ecclésiale. La première, c'est sa Conception, le 23 septembre. Puis sa commémoration le 7 janvier, le lendemain de la Fête de la Théophanie, le Baptême du Christ. La troisième, c'est la seconde découverte de son chef le 24 février. La suivante, c'est la 3ème découverte de son chef, le 25 mai. La 5ème, c'est sa naissance ou nativité, le 24 juin, et enfin, la fête de ce jour, la dernière dans l'année ecclésiale, sa décollation, le 29 août.

2. Les parents de saint Jean étaient eux-mêmes de grandes et saintes personnes, et leur enfant était un don reçu dans leurs vieilles années, une réponse à la prière qu'ils avaient élevée. Son père était saint Zacharie, prophète, prêtre et martyr. Sa mère, sainte Élisabeth, était la soeur de sainte Anne, donc la tante de la Mère de Dieu. Cette relation entre la Mère de Dieu et son parent, saint Jean, se trouve exprimée dans l'Icône qui pend au dessus des portes saintes dans toute église Orthodoxe. Elle montre au centre le Christ, la Mère de Dieu à Sa droite, et saint Jean le Baptiste à Sa gauche. Cette Icône est appelée la Déisis, et elle signifie à quel point notre Salut n'est pas seulement lié à notre Sauveur, mais aussi à Sa sainte Mère et à saint Jean.

Deisis, mosaïque à Hagia Sophia (Sainte Sophie, Istanboul)


3. Pour cette raison, saint Jean, saint Jean a reçu le titre spécial de "Précurseur," ou "Prodromos" en grec, qui est devenu d'ailleurs un prénom Chrétien commun pour les Grecs. Saint Jean seul peut prétendre à être le Précurseur du Christ, et dès lors le pionnier de notre Foi. Dès lors, comment pourrions-nous manquer de lui rendre un honneur tout particulier?

4. Le saint Précurseur a aussi reçu le titre de "prophète." En fait, on peut dire qu'il a été le dernier prophète de l'Ancien Testament. Comme vous vous en souviendrez sûrement, les 17 derniers livres de l'Ancien Testament sont des livres de prophètes, depuis celui de saint Isaïe jusqu'à celui de saint Malachie. De la sorte, on peut aussi dire que saint Jean est le premier prophète du Nouveau Testament. Dès lors, saint Jean peut être considéré comme une charnière, qui relie l'Ancien au Nouveau Testament. Nous remarquons aussi que non seulement le premier prophète du Nouveau Testament était saint Jean, mais le dernier prophète du Nouveau Testament s'appelait aussi Jean. C'était saint Jean le Théologien, celui qui a écrit le dernier livre du Nouveau Testament et son unique livre prophétique, l'Apocalypse.



5. Saint Jean le Baptiste, le premier prophète du Nouveau Testament, fut aussi le premier martyr pendant la prédication publique du Christ, quelque 3 ans avant le saint diacre Étienne, qui fut le premier martyr après l'Ascension du Christ.

6. On peut aussi dire que saint Jean le Baptiste fut le premier moine, et c'est pour cette raison qu'il est le saint patron des moines et de la vie monastique. C'est bien la signification du premier Évangile de ce jour, dans lequel notre Seigneur dit au jeune homme qui souhaite Le suivre, de tout d'abord obéir aux Commandements, et ensuite d'abandonner toutes ses richesses. C'est ainsi que saint Antoine le Grand décida de partir au désert, après avoir entendu ce même Évangile, et imitant de la sorte saint Jean le Baptiste.
Nous nous souvenons de l'importance de la vie monastique dans l'Église Orthodoxe. Le monachisme est le baromètre de l'Église. Quand la vie monastique est florissante, toute l'Église l'est aussi. Quand la vie monastique est affaiblie, toute l'Église est faible. Et saint Jean est à la tête de cela.



7. Le premier pas vers la vie monastique, et en fait vers la vie Chrétienne en général, c'est la repentance. Et c'est bien la première parole lancée par saint Jean. C'est ainsi qu'il est grand, car il prêche la repentance. La repentance est la lettre A de l'alphabet Chrétien Orthodoxe. Elle est la marque de la vérité, la marque de la sobriété, l'absence d'état exalté, le sens de la réalité. Ainsi, les premiers disciples de saint Jean, André et Pierre, furent aussi les premiers disciples du Christ. Et nous ne devrions pas oublier que saint Jean prêcha la repentance sur terre, mais pas seulement, car il la prêcha aussi dans l'Hadès. Après sa décapitation, saint Jean descendit dans l'Hadès, où toute l'humanité défunte se trouvait captive, et là il prêcha à toutes les générations, depuis Adam et Ève, parlant de l'imminence de la venue du Christ, endéans les 3 ans.

8. Le premier pas dans la vie monastique, c'est l'obéissance. On peut voir cette obéissance dans la prière et le jeûne de saint Jean. Il priait au désert, et mangeait miel et sauterelles, vêtu d'une tunique en poils de chameau. Il était servi par les Anges. C'est pourquoi dans l'Église, on l'appelle "un homme céleste et un ange dans la chair." Son obéissance se remarque à son acceptation de baptiser le Fils de Dieu, Celui dont, selon ses propres paroles, il n'était pas digne de délier la courroie des sandales.



9. Le second pas dans la vie monastique, c'est la pauvreté, non seulement en termes financiers, mais aussi en termes de pouvoir. Saint Jean dénonça sans crainte le pouvoir dont on abusait, qui était utilisé pour faire le mal. C'est la signification du second Évangile de ce jour, l'Évangile selon saint Jean. Cet Évangile nous dit comment saint Jean dénonça Hérode Antipas, le fils de cet Hérode qui avait massacrer les saints Innocents quelque 30 ans auparavant à Bethléem, cet Hérode qui, à l'époque de la prédication de saint Jean, était le chef de la Gallilée.

10. Et enfin, saint Jean est grand car il annonça la 3ème étape de la vie monastique, la chasteté. Saint Jean dénonça le péché de sensualité d'Hérode Antipas, il dénonça la primauté du corps sur l'esprit.
Hérode avait d'abord épousé la fille d'un prince arabe, appelé Aretas, puis il avait pris pour maîtresse sa propre belle-soeur, Hérodiade. D'elle, il eut une fille, Salomé. Puis Hérode eut une relation incestueuse avec cette fille, dont il avait fait sa maîtresse. Suite à la dénonciation de l'iniquité d'Hérode et d'Hérodiade par saint Jean, ce dernier fut décapité, sa tête étant apportée à Hérodiade sur un plateau. C'est pourquoi aussi les Orthodoxes sollicitent toujours la prière de saint Jean le Baptiste en cas de des tumeur au cerveau, migraine et autres maux de tête.

Comme nous l'avons entendu, c'était lors de la fête d'anniversaire d'Hérode que ce dernier, excité par la danse de sa fille, accéda à la demande de sa femme de décapiter saint Jean. C'est pourquoi nous les Orthodoxes ne faisons pas de grande fête lors de notre anniversaire, mais plutôt lors de la fête de notre saint patron. Car cet épisode avec Hérode est l'unique occurrence d'un anniversaire dans le Nouveau Testament, et un grand crime y fut commis.
La punition d'Hérode fut terrible. Tout d'abord, son royaume fut envahi par le prince arabe Aretas, qui était avide de venger l'honneur de sa fille. Ensuite, Hérode fut exilé avec toute sa famille par les Romains en colère. Exilé par eux à Lerida, en Espagne, Ce fut lors d'un terrible hiver que sa fille Salomé tomba dans un trou sur la glace, alors qu'ils traversaient une rivière gelée. Pendant qu'elle coulait dans la rivière, la glace se gela autour de son cou. Luttant pour se libérer, elle donna des coups de jambes, comme si elle dansait. A cause de ces mouvements, des morceaux de glace très acérés lui tranchèrent le cou et elle fut ainsi décapitée. Son corps pécheur et non-repentant disparu à jamais sous la glace. Les témoins oculaires virent sa tête décapitée sur la glace; ils la prirent et l'apportèrent à Hérode – sur un plateau. En ce qui concerne Hérode et Hérodiade, eux aussi disparurent, car ils chutèrent dans une crevasse qui s'ouvrit, suite à un tremblement de terre à Lerida. Ainsi donc, ils disparurent de l'histoire, sans même obéir à l'appel à la repentance lancé par saint Jean, avalés qu'ils furent par les feux de dessous la terre.
Mais en ce qui concerne le saint Précurseur Jean, qui appela et appelle encore toujours – son nom vit à jamais.

Saint Précurseur, Prophète et Baptiste Jean, prie Dieu pour nous!

Amen.
p. Andrew Philips, Felixstowe


Ag. Iannis Prodromos
village de Milia, district de Mani, sud de la péninsule du Péloponèse


26 août 2008

sainte Nathalie et saint Adrian, martyrs à Nicomédie, vers 305 (Prologue d'Ochrid)


Adrian et Nathalie étaient mari et femme, tous 2 d'une noble et riche famille de Nicomédie. Adrian était le chef du Prétoire, et païen, tandis que Nathalie était secrètement Chrétienne. Tout 2 étaient jeunes et ne vécurent mariés que 13 mois jusqu'au martyre. Quand l'abominable empereur Maximien visita Nicomédie, il ordonna que tous les Chrétiens soient saisis et soumis à la torture. Vingt-trois Chrétiens se cachaient dans une cave près de la ville. Quelqu'un les dénonça aux autorités et ils furent cruellement battus avec des fouets en nerf de boeuf et des bâtons, puis jetés en prison. Ensuite, ils furent extraits de prison et emmenés auprès du Préteur pour enregistrer leurs noms. Adrian observa ces gens, torturés mais patients, sereins et doux, et il leur fit jurer de lui dire ce qu'ils attendaient de leur Dieu pour tant de tortures endurées. Ils lui expliquèrent les bénédictions des justes dans le Royaume de Dieu. Écoutant cela, et observant à nouveau ces gens, Adrian, tout d'un coup, se tourna vers le scribe et lui dit : "Rajoute mon nom avec celui de ces saints, je suis aussi Chrétien". Quand l'empereur apprit cela, il demanda à Adrian : "As-tu perdu la tête?" Ce à quoi Adrian répondit : "Au contraire, j'ai enfin trouvé la voie de la raison." L'apprenant, Nathalie se réjouit grandement, et quand Adrian, avec les autres, se retrouva enchaîné en prison, elle vint et prit soin d'eux tous. Quand ils battirent et torturèrent son mari de diverses manières, Nathalie l'encouragea à endurer jusqu'au bout. Après de longues tortures et emprisonnements, l'empereur ordonna d'apporter une enclume à la prison, et de briser dessus leurs bras et jambes à coups de marteau. Cela fut accompli, et Adrian, avec les 23 honorables personnes, rendit l'esprit dans les plus grandes souffrances. Nathalie emporta leurs reliques à Constantinople (*) et les enterra avec les honneurs. Après quelques jours, Adrian lui apparut dans une lumière et en beauté, et l'appela à lui, qu'elle rejoigne aussi Dieu. Alors, elle s'endormit en paix et rendit son esprit à Dieu.

HYMNE DE LOUANGE - LE SAINT MARTYR ADRIAN ET SON ÉPOUSE, SAINTE NATHALIE, ET LES 23 MARTYRS.


Épineux est le chemin, au Paradis sont les roses,
Amères les souffrances, mais doux est le Christ
Qu'entend-t'on dans le noir dongeon?
Contre la rude enclume, frappe le marteau,
Mais ni fer ni plomb il ne forge,
Ce sont les jambes des martyrs qu'il brise,
Et les bras des martyrs, il en brise,
Martyrs, ces soldats du Christ.
Une blanche main, noble
Teintée de sang, sur le sable tombe,
C'est la main de saint Adrian.
Sainte Nathalie prit cette main
Et avec cette main, à travers le donjon elle court
Et lave la main et, de soie, elle l'enveloppe,
Embrasse et la mouille de ses larmes.
Partout où elle va, avec elle, la main, elle l'emporte.
Pendant qu'elle dort, sous son lit, elle la place,
A la main massacrée, doucement elle parle :
"O sainte main de mon Adrian,
Tu m'as tant aidée,
Encore une fois, aide moi, O main,
Jusqu'au Ciel, emmène-moi au plus tôt
Où Adrian vit avec les Saints.
Il ne fallut pas longtemps et même vite,
Adrian, à Nathalie apparu,
Il était plus que tous les empereurs, beau et radieux,
Et d'une voix céleste, il l'invita :
Viens à moi, Nathalie ma soeur,
Viens à moi, vis éternellement,
Dans le Royaume, le Roi éternel t'invite
.

Saint Nicolas Velimirovitch, évêque d'Ochrid, Serbie (+ 05 mars 1958)



(*) Note de traduction : erreur hagiographique byzantine classique: cette ville n'existait pas encore puisque l'empereur Constantin-le-grand n'est venu là pour sa réalisation que 10 ans plus tard. La Foi aime la rectitude, et la vérité convient mieux à l'Histoire ecclésiastique que le romantisme et les anachronismes.

24 août 2008

Prospérité et épreuves (s. Alfred le Grand)


"Quand il vit dans la prospérité, l'esprit est transporté de joie, et dans la prospérité, l'homme s'oublie lui-même; dans l'épreuve, il est forcé de penser à lui-même, quand bien même il ne le voudrait pas. Dans la prospérité, l'homme détruit très souvent ce qu'il avait réalisé de bien; au milieu des difficultés, il répare souvent les dégâts causés depuis longtemps, alors qu'il vivait sur le chemin du scandale."

saint Alfred le Grand, fondateur de la nation anglaise