"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

28 août 2009

Regrets et repentance (Dynamis, 2 Co 7,10-16)

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2 Corinthiens 7,10-16 – Épître pour le vendredi de la 12ème semaine après la Pentecôte
En effet, la tristesse selon Dieu produit une conversion salutaire qu'on ne regrette jamais, tandis que la tristesse selon le monde produit la mort. Voyez donc quel empressement cette tristesse selon Dieu a fait naître en vous. Que dis-je? Quelles excuses, quelle indignation, quelle crainte, quelle ardeur, quel zèle, quelle sévérité! À tous égards vous avez montré que vous étiez dans cette affaire exempts de reproches. Si donc je vous ai écrit, ce n'était ni à cause de celui qui a commis l'offense ni à cause de l'offensé; c'était pour que se manifestât chez vous, devant Dieu, votre dévouement à mon égard. Voilà ce qui nous a consolés. Mais, outre cette consolation, nous avons encore éprouvé une joie bien plus vive en constatant la joie de Tite, dont vous avez tous tranquillisé le coeur. Si devant lui je me suis montré quelque peu fier de vous, je n'en ai pas eu de confusion. Mais, de même que nous vous avons toujours dit la vérité, ainsi s'est trouvé véridique aussi l'éloge que nous lui avons fait de vous. Il éprouve pour vous un redoublement d'affection quand il se rappelle l'obéissance que vous lui avez témoignée, la déférence et le respect de votre accueil. Ce m'est une joie de pouvoir en tout compter sur vous.

Regrets et repentance : 2 Corinthiens 7,10-16, en particulier le verset 10 : "En effet, la tristesse selon Dieu produit une conversion salutaire qu'on ne regrette jamais, tandis que la tristesse selon le monde produit la mort."

Il est impossible d'avoir une relation authentique et guérissante avec le Seigneur Jésus, ou d'entrer en Sa présence, en dehors de la repentance. La nécessité de se repentir explique le cri qui retenti tout au long du Grand Carême : "Ouvre-moi les portes de la repentance, O Donateur de Vie."

La péricope que nous lisons parle de 2 types de regrets, de tristesse, chacun pouvant être décrit comme repentance (v. 10). Mais saint Paul affirme que c'est la tristesse selon Dieu qui guéri authentiquement les péchés, et elle diffère vraiment de ce que nous appelons la tristesse selon le monde, le regret mondain. Développant à propos de ce contraste, l'Apôtre montre ce qui découle de la tristesse selon Dieu en terme de guérison – l'obéissance au Seigneur Jésus. Une telle véritable tristesse nous guérira entièrement pour finir. Comme nous apprenons de l'Apôtre comment atteindre la pureté, inévitablement nous nous repentons, car, comme il dit, ".. la tristesse selon Dieu produit une conversion salutaire" (v.10) à savoir la repentance (metanoia). Mais notez bien ceci : notre première tristesse selon Dieu ouvrira en fait la voie à une oeuvre de repentance de toute une vie.

Saint Paul avait oeuvré pas mal de temps avec l'assemblée des Corinthiens avant d'établir leur relation avec le Seigneur, avant de voir la repentance émerger dans leurs vies. Et comme nous pouvons le voir dans ce passage, le but apostolique était de montrer des signes d'accomplissement. Examinez le processus par lequel sont passés les Corinthiens. La clé de tout, comme indiqué plus haut, c'est la tristesse selon Dieu (v. 10), que l'Apôtre met bien en contraste avec la tristesse mondaine. La véritable tristesse produit vie et guérison, mais la récolte de la tristesse mondaine est l'auto-satisfaction – "la mort." Regardez saint Paul établir la distinction entre ces 2 tristesses, et souligner pourquoi elles ont des résultats finaux différents.

La tristesse selon Dieu produit une volonté diligente de changer, mais la tristesse mondaine, malgré nombre de larmes et de regrets, ne pousse pas à une conversion fondamentale. La tristesse selon Dieu éclaire nos âmes, mais pas par une auto-satisfaction pour ce que nous aurons fait. Au contraire, nous luttons pour purifier nos pensées, attitudes et passions de toutes traces et désirs de péché, et la tristesse selon Dieu fait jaillir l'indignation. L'Esprit de Dieu illumine notre péché; nous percevons nos offenses "à travers les yeux de Dieu," et l'indignation suit, une réaction saine, donnée par Dieu. Dès lors, étant offensés par nos propres péchés, nous confessons naturellement nos fautes. Cependant, si nous savourons le plaisir que nous avions dans nos mauvaises actions, si le péché nous fait toujours délice, attire nos yeux, ou provoque nos émotions, alors nous devons nous confesser à nouveau, jusqu'à ce que l'indignation surgisse en nous.

Avec l'indignation nous vient la crainte du Seigneur. D'un autre côté, la tristesse mondaine ne fait que déplorer les conséquences du péché, mais n'a aucune crainte de Dieu. Le roi-prophète David disait de son péché d'adultère et de meurtre : "Contre Toi seul j'ai péché, et j'ai commis ce mal devant Toi" (Ps 50,4). Saint Paul aussi partage sa joie de la crainte de Dieu qu'il a perçue parmi les Corinthiens à l'arrivée de l'Apôtre divinement choisi, Tite (v. 15).

La tristesse selon Dieu est zélée pour la justification; mais soyez prudents à cet égard. La justification, la disculpation, est habituellement pensée comme l'explication qui excuse le péché. Ca, c'est vraiment la tristesse mondaine, et pas ce que veut dire l'Apôtre. La tristesse selon Dieu mène aux amendements, confirme la vérité à travers diverses actions afin de corriger les effets du péché. Soyez un véritable pénitent : cherchez, à chaque fois que possible, le pardon de quiconque vous avez offensé. Nous devons nous efforcer de donner une nouvelle forme à nos habitudes et attitudes, de sorte que les conditions préparatoires à nos péchés soient déracinées en nous – éliminées. Celui qui est pris dans la tristesse mondaine continue, n'ayant pas de but fixé pour s'amender, ni d'effort concentré vers le changement.

Pour finir, observez que la tristesse selon Dieu est caractérisée par l'obéissance à l'autorité spirituelle établie. La tristesse mondaine continue fièrement à essayer de le faire par soi-même. Mais saint Jean Climaque disait : "l'obéissance est la tombe de la volonté, et la résurrection de l'humilité."

O Seigneur, Toi Qui a pris le bandit, le Bon Larron, comme compagnon, accorde-nous le don de la véritable repentance.


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27 août 2009

Se purifier soi-même (Dynamis - 2 Co 7,1-10)

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2 Corinthiens 7,1-10 – Épître pour le jeudi de la 12ème semaine après la Pentecôte
Dépositaires de telles promesses, mes bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, et achevons l'oeuvre de notre sanctification dans la crainte de Dieu. Donnez-nous place en vos coeurs. Nous n'avons fait de tort à personne, nous n'avons ruiné personne, nous n'avons exploité personne. Je ne dis pas cela pour vous condamner. Je vous l'ai déjà dit: vous êtes dans notre coeur à la vie et à la mort. J'ai une grande confiance en vous; j'ai tout sujet d'être fier de vous. Je suis rempli de consolation; je suis au comble de la joie au milieu de toutes nos afflictions. De fait, à notre arrivée en Macédoine, notre chair n'a pas eu de repos. En tout, c'était l'affliction: au dehors, des luttes; au dedans, des craintes. Mais Dieu, qui console les humbles, nous a réconfortés par l'arrivée de Tite; et non seulement par son arrivée, mais par le réconfort qu'il a lui-même reçu de vous. Il nous a dit votre ardeur, votre peine, votre sollicitude pour moi, et ma joie s'en est encore accrue. Si ma lettre vous a fait de la peine, je ne le regrette pas. Et si je l'ai regretté (car je vois que, sur le moment du moins, cette lettre vous a peinés), je m'en réjouis à présent. Non pas, assurément, de ce que vous ayez été attristés, mais de ce que cette tristesse vous a portés à la conversion. Car vous avez été attristés selon Dieu, en sorte que vous n'avez subi, de notre part, aucun dommage. En effet, la tristesse selon Dieu produit une conversion salutaire qu'on ne regrette jamais, tandis que la tristesse selon le monde produit la mort.



Purifiez-vous vous-mêmes : 2 Corinthiens 7,1-10, en particulier le verset 1 : "Dépositaires de telles promesses, mes bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, et achevons l'oeuvre de notre sanctification dans la crainte de Dieu."

Dans ce verset, saint Paul fait référence à une série de promesses divines qu'il avait citées auparavant (2 Co 6,16-18), promesses sur base desquelles Dieu dit en effet : "Soyez un peuple pur, mis à part pour Moi, et J'habiterai parmi vous comme votre Père et Dieu." Sur base de ces déclarations, l'Apôtre nous exhorte à nous purifier (v.1) de sorte que Dieu vienne demeurer parmi nous. Cependant, le prophète Job a enseigné : "Qui sera pur de toute souillure? Personne" (Job 14,4). Dès lors, puisque nous sommes tous impurs, est-ce que le conseil de l'Apôtre est futile?

Si le Seigneur Jésus-Christ n'avait pas porté nos péchés (Is. 52,4-6) et nous avait purifiés par le lavement du saint Baptême (Eph. 5,26), ces déclarations divines mèneraient droit au désespoir. Cependant, en nous exhortant à nous purifier nous-mêmes, l'Apôtre révèle la grande espérance que nous avons en Jésus-Christ. Car le Seigneur a posé une fondation pour atteindre une pureté au delà de notre capacité, par Sa mort et Sa Résurrection. A présent, avec l'aide du Saint Esprit, nous avons un ferme espoir d'atteindre la véritable pureté dont saint Paul parle, en suivant les étapes de purification qui doivent être accomplies.

La pureté que cherche Dieu est d'abord morale. L'Apôtre le dit bien, "..purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit.." (v.1). Le terme "chair" est celui dont il fait usage pour parler des désirs humains, pensées, sentiments et actions quand ils ont lieu détachés de Dieu. La vie humaine séparée du Seigneur – quand nous n'en avons pas la crainte – ne mène qu'à l'amertume et à la souillure de la chair et de l'esprit. C'est pourquoi l'appel apostolique à vivre dans la pureté est d'abord orienté vers une conscience plus élevée des désirs, pensées et sentiments qui précèdent l'action.

Si nous voulons être purifiés, nous devons d'abord trouver et identifier le fonctionnement de la chair en nous-mêmes. Ensuite, avec l'aide du Saint Esprit, nous serons capables d'éliminer toute souillure de la chair et de l'esprit. Nous avons cette auto-purification en partage. L'ascèse de la prière, du jeûne et du culte liturgique est requise, de sorte que le Saint Esprit puisse illuminer nos coeurs avant toute action purificatrice. Cependant, comme le fait remarquer saint Grégoire Palamas : même lorsque cessent les mauvaises pensées, l'âme toute entière n'est pas encore pure. La vie intérieure toute entière, y compris l'esprit ou le coeur, doit être purifiée. "Toutes les autres puissances de notre âme" doivent être purifiées, ce qui requiert maîtrise de soi, amour, veille et vigilance.

Saint Paul déclare que vous et moi devons travailler à la purification morale "..achevant l'oeuvre de notre sanctification" (v.1) Le terme "achevant" dérive de "telos," la parole utilisée par notre Seigneur lorsqu'Il dit : "Vous serez parfaits, de même que votre Père dans les Cieux est parfait" (Mt 5,48). "Telos" fait référence à une fin atteinte. Dès lors, la purification est un processus vécu "dans la crainte de Dieu," son aboutissement étant la sainteté. La pureté à atteindre est établie par Dieu. Elle n'est pas aux normes que les hommes proposent ou définissent. Les normes de Dieu servent de mesure pour tout ce qui doit être ou expulsé ou conservé ou développé en nous.

Pour finir, l'Apôtre décrit les étapes qui doivent être franchies pour atteindre le "telos," la pureté finale définie par Dieu. Nous devons nous purifier en ouvrant nos coeurs aux enseignements des Apôtres (v.2), éveillant un "ardent désir" à être purifié (v.7), nous lamentant et regrettant suite à nos examens de conscience qui nous dévoilent notre impureté et notre péché (v. 7). Ce n'est qu'alors que nous serons capable de poursuivre avec zèle la purification (v. 7).

Suivi avec diligence comme programme de purification, ces étapes mènent naturellement à la repentance, à ce "sacrifice" qui est agréable à Dieu, à ".. un esprit brisé, un coeur qui est brisé et devenu humble.." (Ps 50,17). Un tel coeur, Dieu ne le méprise pas. Au contraire, Il oeuvre avec nous et en nous pour créer un coeur pur, et renouveler un esprit droit en lui – le principal désir de Dieu (Ps 50,10).

Ai pitié de moi, O Dieu, selon Ta grande miséricorde, et efface mes transgressions.



Dynamis est une méditation biblique quotidienne basée sur le lectionnaire de la sainte Église Orthodoxe. Dynamis est un projet du Comité d'éducation de la cathédrale Orthodoxe Saint-George, à Wichita, Kansas, USA.