Isaïe 12,3-6, Lecture à la 6ème Heure Royale de la Théophanie. Troisième lecture à la Grande bénédiction des eaux à la Théophanie.
Vous puiserez de l'eau avec joie aux sources du Salut, et vous direz en ce temps-là: Louez le Seigneur, invoquez Son Nom, faites connaître parmi les peuples Ses exploits; proclamez que Son Nom est sublime. Chantez le Seigneur, car Il a fait merveille, qu'on le sache sur toute la terre. Poussez des cris de joie et d'allégresse, habitants de Sion, car Il est grand au milieu de vous, le Saint d'Israël.
Le Nom du Seigneur, Isaïe 12,3-6, en particulier le verset 4: "et vous direz en ce temps-là: Louez le Seigneur, invoquez Son Nom, faites connaître parmi les peuples Ses exploits; proclamez que Son Nom est sublime."
Saint Pierre Damascène fait remarquer que ".. à la fois dans l'Ancien et dans le Nouveau Testament, les noms donnés conviennent. Par exemple, Adam tenait son nom des 4 points cardinaux; car les 4 lettres de son nom sont les lettres initiales pour les mots grecs pour Est (Anatole), Ouest (Dusme), Nord (Apo bora) et Sud (Mesembria)", et en hébreux bien sûr, Adam est le mot qui veut dire homme.
L'Écriture nous rapporte que des noms étaient changés, Dieu donnant à quelqu'un une nouvelle direction de vie, comme dans le cas de Jacob qui est renommé Israël. Né accroché au talon de son frère jumeau Esaü, il fut appelé Jacob par ses parents : celui qui avait tenu ferme (Gen. 25,26). Cependant, après avoir lutté avec Dieu et avoir supporté, Jacob demanda une bénédiction de son Opposant, car Dieu l'avait rencontré comme homme à un bras de la rivière Jabbok, où ils avaient lutté. La réponse fut : "Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël, car tu as lutté avec Dieu comme avec des hommes, et tu l'as emporté" (Gen. 32,28).
Bien entendu, le Nom le plus significatif dans l'Écriture sainte, "..le Nom.. au dessus de tout nom" (Phil. 2,9), c'est Dieu. Moïse, désirant asseoir son autorité sur le peuple d'Israël, demanda à Dieu de lui révéler Son Nom, ce à quoi Dieu répondit "Je suis Celui Qui est" (Ex. 3,14) [Ehyeh asher ehyeh]. Côté conjugaison, ce terme en hébreux serait un présent continu, première et/ou troisième personne, singulier, du verbe "être"; mais en hébreux, les formes ne sont pas utilisées, étant sous-entendues : "le grand arbre" au lieu de "l'arbre est grand", par exemple. Dans notre grec, la version de la Septante pour Exode 3,14, le Nom de Dieu est "ego'ei- mi ho Ohn," ou "Celui Qui est," ce qui se retrouve dans les Icônes du Seigneur Jésus-Christ, dans les lettres sur la Croix du halo entourant Sa tête. On le dit à la bénédiction finale des vêpres, "Que le Christ notre Dieu, Celui Qui est, soit béni, dès maintenant et à jamais."
Saint Maxime le Confesseur disait que ".. le Nom du Père n'est pas quelque chose.. qu'Il aurait acquis.. Il n'a pas de commencement, il n'y a pas eu un moment donné où Il aurait commencé à être Père ou Roi, mais Il est éternel, et dès lors Il est éternellement Père et Roi." Dès lors, ".. le Nom de Dieu le Père existe substantiellement dans l'éternel Fils unique-engendré," Qui nous enseigne à appeler Dieu notre Père."
Dès lors, quand Isaïe nous dit "d'invoquer Son Nom" (Is. 12,4), le prophète nous montre notre dépendance à Dieu, notre incapacité et notre impuissance à nous sauver nous-mêmes. Nous avons à appeler Celui Qui sauve, notre Seigneur Jésus, dont le Nom signifie Sauveur (Mt 1,21). C'est une manière par excellence de le faire, quand nous le faisons à travers la Prière de Jésus, comme saint Théophane le Reclus le disait, ".. car elle unit l'âme à notre Seigneur Jésus, et le Seigneur Jésus est l'unique porte pour l'union à Dieu." Après tout, l'union au Christ est le but de la prière et de son usage continu parmi les Chrétiens Orthodoxes.
Isaïe nous dit de "..proclamer que Son Nom est sublime" (Is. 12,4). De la sorte, on s'assure que le Nom de Dieu ne soit jamais utilisé de manière irrespectueuse (Ex. 20,7), mais prononcé uniquement dans la prière, le culte liturgique, ou la confession de foi: "Dieu merci; Dieu le sait; que la volonté de Dieu soit faite; à Dieu ne plaise; gloire à Dieu."
Quelle bénédiction de "chanter le Nom du Seigneur" (Is. 12,5), de louer et d'adorer Son saint Nom. Il n'est pas surprenant que l'Orthodoxie aie une telle tradition de chant a capela, où seul la voix s'élève pour louer notre Créateur et Sauveur! Il n'est pas essentiel que qui que ce soit d'entre nous soit un grand musicien, mais bien que le chant soit entrenu et encouragé parmi nous – même pour le ton sourd, l'ison. Saint Romanos le Mélode était illettré, n'avait aucune formation musicale, et fut méprisé par une partie du clergé bien diplômé; mais par les intercessions de la Mère de Dieu, il composa plus d'un millier de nos plus beaux kondakia, alors qu'il était diacre de la Grande Église, Sainte-Sophie à Constantinople.
Chantez au Seigneur et bénissez Son Nom, annoncez chaque jour l'oeuvre de Son Salut. Racontez Sa gloire parmi les nations, et Ses merveilles parmi tous les peuples. (Ps. 95,2-3)
Théophanie 2010 en Belgique : Agia Barbara, Chatelineau (près de Charleroi)




