"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

24 juin 2011

Nativité de saint Jean le Baptiste et Précurseur (p. Robert M. Arida, OCA)



http://www.holytrinityorthodox.org/SERMONS/Nativity%20of%20St.htm


main droite de saint Jean le Baptiste, monastère de Dionysiou, Mont Athos


Stérilité et prophétie sont deux thèmes interconnectés qui imprègnent la fête de la nativité du Baptiste. La stérilité d'Elisabeth est utilisée par Dieu pour révéler Son amour envers la Création toute entière. Cet amour divin, exprimé dans la gloire et la puissance divine, permet que la cousine de la Vierge puisse enfanter. La conception et la naissance de saint Jean met non seulement un terme à la stérilité de Zacharie et Elisabeth, mais aussi à la stérilité cosmique. Le péché et la mort avaient rendu la Création incapable de nourrir et de soutenir la vie. Car le règne de la mort, qui remontait à la chute d'Adam, faisait avorter toute vie pourtant destinée depuis toute l'éternité à demeurer dans le sein de Dieu.
Aujourd'hui nous célébrons et rendons témoignage à la floraison du renouveau de la Création, à présent affirmé dans la naissance de Jean le Baptiste. Alors qu'elle était auparavant détenue captive de la mort, la Création commence à refléter sa véritable identité. De la stérilité d'Elisabeth émerge le Précurseur de Celui Qui est la Vie.
Célébrer la nativité de saint Jean devrait être une expression de notre gratitude envers Dieu, Qui nous a délivrés de l'horrible stérilité de la mort, qui non seulement nous dérobe notre existence biologique, mais s'efforce en plus d'altérer et finalement d'anéantir les forces créatives de l'esprit et du coeur.
Par conséquent, la créativité humaine, à présent imprégnée d'amour et de vie, est appelée par l'amour divin à transcender ses limitations inhérentes. En trouvant sa plus haute expression dans la véritable adoration, la créativité humaine s'unit à la vie divine. La personne humaine et son énergie unique, progressivement et par l'effort ascétique, parvient à l'harmonie avec la divine énergie, et dès lors atteint l'éternelle montée, celle qui mène au Royaume à venir.
Comme membres du Corps du Christ, nous sommes revêtus d'un appel prophétique. Nous avons à proclamer et à montrer que la stérélité de la Création a été remplie de la Vie. Au milieu de la désolation, Dieu a suscité Jean, le plus grand des prophètes, afin de préparer le chemin du Seigneur. Comme saint Jean, nous avons à continuer à proclamer la parole prophétique qui réveille la Création, la tirant de la fange stérile du péché. Comme saint Jean, nous sommes appelés à amener à la repentance une humanité anxieuse et en recherche, qui sera par là attirée vers le Donateur de Vie.
Saint Jean a préparé Israël pour la venue du Messie. Son appel à la repentance et au baptême a formé un reste de fidèles qui attendaient cette venue du Messie. C'est ce petit reste qui a aidé à fournir la partie humaine de l'Église. A présent, nous sommes responsables pour continuer l'appel à la repentance, qui mène au baptême d'eau et de l'Esprit. Cest ce baptême qui permet à l'humanité de devenir une, avec la sainte Pâques qui nous mène de la mort à la vie. C'est le baptême qui nous amène à prophétiser la seconde et glorieuse venue du Seigneur [Parousie].
La fête de la nativité du Baptiste affirme la victoire de la vie régénérée et transfigurée. La nouvelle vie émergeant de la stérilité du péché et de la mort est le joyeux coeur de notre fête. C'est ici qu'est le commencement et la fin de la mission de l'Église dans et pour le monde.
Amen.
P. Robert, doyen de la cathédrale Holy Trinity, Orthodox Church of America, Boston, USA

22 juin 2011

Pourquoi pas la Communion ouverte à tout le monde? (p. John Breck)

http://www.pravmir.com/why-not-open-communion/



Particulièrement lors de la fête de Pâques, des chrétiens non-Orthodoxes demandent pourquoi ils ne peuvent pas recevoir la sainte Communion dans les paroisses Orthodoxes. Aussi pénible soit le refus qu'ils reçoivent, il est basé sur notre compréhension de la véritable signification du Sacrement telle que révélée dans l'Écriture sainte et l'expérience ecclésiale.

Il y a quelques mois, quelqu'un m'a retransmis le contenu d'une discussion sur un forum internet à propos du problème de communion entre les diverses confessions chrétiennes. En réponse à la question de savoir pourquoi une fidèle Protestante se voyait refuser le sacrement à Pâques dans la paroisse catholique-romaine de son petit ami, l'intervenant déclara que les non-catholiques romains ne croient pas en "la présence du corps de Dieu dans l'hostie transsubstanciée" et dès lors "ils ne peuvent pas prendre la communion."

Et d'ajouter : "il n'y a qu'une exception à cette règle. Les Chrétiens Orthodoxes (tels les Chrétiens Orthodoxes Grecs) peuvent prendre la communion dans toutes les églises catholiques romaines. La raison est que le Christianisme Orthodoxe enseigne aussi la présence réelle de Dieu dans l'hostie."

Ce point de vue largement répandu est inexact, et il doit être rectifié à plusieurs niveaux, théologiquement comme pastoralement. On pourrait écrire un volume entier d'explications, mais voici un aperçu de quelques uns des éléments les plus importants, et nous en explorerons d'autres dans les paragraphes suivants.

En premier lieu, il nous faut reconnaître que nombre de Protestants (y compris nombre d'Anglicans) croient que la sainte Communion leur apporte une véritable participation aux Corps et Sang du Christ. Ils n'expriment peut-être pas leur croyance comme les catholiques-romains ou les Orthodoxes le voudraient; mais leur foi en la "présence réelle du Christ dans l'Eucharistie" est véritable et ne devrait pas être écartée ou niée.

Ensuite, la théologie eucharistique Orthodoxe n'explique pas le changement du pain et du vin en Corps et Sang du Christ comme résultat d'une "transsubstanciation", ce principe expliquant que les propriétés visibles des éléments resteraient inaltérées, alors que leur "substance" ou essence intérieure deviendrait vrai Corps et Sang. La tradition Orthodoxe parle de "changement" ou "transformation" (metamorphôsis; dans la partie eucharistique de la Divine Liturgie c'est metabalôn, "en les changeant") mais toujours dans un souci de préserver le mystère des investigations de la raison humaine. Elle parle aussi du Corps et du Sang du Christ glorifié, exposant que notre communion est dans l'être personnel du Seigneur Ressuscité et Exalté, et pas dans la chair et le sang du Jésus incarné, déchirée et versé sur la Croix. Le Jésus incarné et le Christ ressuscité sont assurément la même Personne ("Jésus-Christ est Seigneur", déclare l'Apôtre Paul en Philippiens 2,11). Mais notre communion est dans la réalité radicalement transformée du Christ ressuscité, qui est monté aux Cieux et Se rend accessible à nous par la présence permanente du Saint Esprit au sein de l'Église.

Il faut aussi insister sur un autre point. Il est vrai que les Chrétiens Orthodoxes sont considérés par certains prêtres catholiques-romains comme ayant droit à recevoir la communion dans leurs paroisses; mais cette pratique n'est pas formellement autorisée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (Saint Office ou Magistère) [vatican].
De l'autre côté, les Églises locales Orthodoxes, unies par dessus tout par leur Foi et pratique eucharistique, n'acceptent à la Communion que les baptisés Chrétiens Orthodoxes, et encore, théoriquement uniquement s'ils s'y sont préparés par la prière, le jeûne, et – dans la plupart des traditions – par la confession des péchés. De plus, les évêques Orthodoxes et nombre de théologiens exposent clairement aux fidèles qu'ils ne sauraient recevoir valablement la Communion que d'un prêtre ou évêque canoniquement ordonné dans le contexte de la Divine Liturgie Orthodoxe traditionnelle (qui comprend aussi la Communion apportée aux malades).

Il est grandement suffisant, cependant, de simplement exposer que les Orthodoxes n'enseignent pas une "transsubstanciation" (malgré que le terme puisse apparaître dans les traductions de certains de nos livres liturgiques), et que si ils sont fidèles à leur tradition, ils ne reçoivent pas la Communion hors de leur propre Église. Ici l'on arrive aussi au problème crucial de "l'identité ecclésiale." Aucun Chrétien Orthodoxe ne reçoit la sainte Communion de manière isolée. Nous sommes incorporés dans une communauté universelle de personnes, tant de vivants que de morts, dont la Foi et la pratique commune les unissent au sein de l'Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique. Notre existence dans le Corps du Christ, notre identité ecclésiale comme Chrétiens Orthodoxes, est telle que nous représentons l'Église en tout ce que nous sommes et faisons. Si je méprise les règles de ma tradition ecclésiale et reçois la communion dans une autre confession chrétienne, ou si comme prêtre j'accepte un non-Orthodoxe pour recevoir l'Eucharistie dans ma paroisse, j'agis en violation de ma propre tradition, à laquelle je me suis consacré devant Dieu. Et du fait de ma solidarité avec tous les autres membres de l'Église Orthodoxe, je les implique implicitement dans mon acte de désobéissance.

Le vrai problème n'est cependant pas une question d'obéissance ou de désobéissance à des règles et normes. Si l'Orthodoxe préserve la sainteté de l'Eucharistie comme une obligation suprême, c'est du fait de la vérité inlassablement répétée que la communion au Corps et au Sang du Christ est le sommet ou l'accomplissement de la vie Chrétienne. Elle ne peut pas, par exemple, être réduite à un moyen de parvenir à une "unité chrétienne." (En tout cas, l'histoire ecclésiale a clairement prouvé que partager la communion entre communautés ecclésiales ayant des enseignements théologiques en conflit ne résultait jamais en une durable unité).

L'Eucharistie est vie en elle-même. Elle est la vie du Christ qui nous permet de vivre notre vie en Christ. Pour participer à l'Eucharistie comme nous y sommes appelés, cela requiert notre acceptation d'une position doctrinale et un engagement qui est spécifiquement "orthodoxe," enraciné dans les Écritures et transmis à travers les siècles sous la guidance et l'inspiration du Saint Esprit. Cela requiert aussi l'acceptation d'une discipline ascétique, qui comporte la prière personnelle, la célébration liturgique, le jeûne, la confession des péchés, et les actes de charité : les éléments d'une vie de repentance et d'une quête incessante de la sainteté. Et cela requiert que nous honorions notre "identité ecclésiale" particulière, en même temps que la soumission à l'autorité ecclésiale représentée avant tout par nos évêques : des personnes canoniquement ordonnées et établies, qui sont appelées par leurs actions et leurs enseignements à préserver et transmettre la vérité de la Foi Orthodoxe tout en maintenant un lien d'unité au sein du Corps du Christ. Une unité qui n'est pas fondée sur la puissance mais sur le respect et l'amour fraternel mutuels, partagés par tous les membres de l'Église.

Dans cette perspective, la "communion ouverte" – l'accueil de non-Orthodoxes pour partager la célébration eucharistique – n'est tout simplement pas possible sans saper la signification même du Sacrement. Cela n'implique pas de jugement particulier sur les offices de communion des autres communautés ecclésiales. Cela reconnaît au contraire que pour l'Orthodoxe, la Divine Liturgie est ce que son nom implique. Elle est à la fois le moyen et le sommet de l'existence Chrétienne, une existence qui surgit de la Foi Orthodoxe, de la repentance permanente, de la discipline ascétique, de l'identité ecclésiale, et des oeuvres de charité. A ceux qui acceptent cette "voie Orthodoxe," l'Eucharistie offre une authentique participation à la Vie même du Christ Ressuscité et glorifié, de même qu'elle offre le pardon des péchés, la guérison de l'âme et du corps, et un avant-goût du Banquet céleste dans la présence éternelle de Dieu.

père Jean

20 juin 2011

Carême des saints Apôtres



Étant une des 4 périodes de carême, le carême des saints Pierre et Paul est un jeûne d'été qui commence 9 jours après la Pentecôte, et se prolonge jusqu'à leur fête commune du 29 juin.

voir aussi :
http://orthodoxie-libre.over-blog.com/article-le-jeune-des-apotres-52237379.html






QUELQUES APÔTRES & ÉVANGÉLISTES








Απόστολος Άγ. Θωμάς
Apôtre saint Thomas











Απόστολος Άγ. Ανδρέας
Apôtre saint André












Απόστολος Άγ. Φίλιππος
Apôtre saint Philippe









Απόστολος Άγ.Βαρθολομαίος
Apôtre saint Bartholomée










Απόστολος Άγ.Ιάκωβος
Apôtre saint Jacques le Majeur









Απόστολος Άγ. Ιωάννης
Apôtre saint Jean le Théologien










Απόστολοσ Άγ.Λουκάς
Évangéliste saint Luc









Απόστολος Άγ. Μάρκος
Évangéliste saint Marc










Απόστολος Άγ. Ματθαίος
Apôtre saint Mathieu







Απόστολος Άγ. Παύλος
Apôtre saint Paul









Απόστολος Άγ. Ανδρέας
Apôtre saint Pierre










Απόστολος Άγ. Σίμων
Apôtre saint Simon le zélote




19 juin 2011

Toussaint d'été (poème d'Alfred de Musset)

Geoff Kersey "Arbres à l'aquarelle", Fleurus ed.


Chers amis, quand je mourrai,

plantez un saule au cimetière.

J'aime son feuillage éploré;

la pâleur m'en est douce et chère

et son ombre sera légère

à la terre où je dormirai.


Alfred de Musset





nb : dans l'Église Orthodoxe, la majorité utilisant le rite oriental célèbre la Toussaint le 1er dimanche après la Pentecôte; les paroisses de rite occidental conservent la date traditionnelle du 1er novembre, qui est à l'origine une date Orthodoxe, comme le démontrent les calendriers liturgiques d'époque conservés, et cela même si les religions occidentales l'ont reprise à leur compte. Les 2 choix ont leurs avantages & inconvénients, et leurs fondements patristiques respectifs.