"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

19 août 2011

Le Christianisme, l'histoire d'un miracle (saint Justin Popovic)

L'histoire entière du Christianisme n'est rien d'autre que l'histoire d'un miracle unique, à savoir la Résurrection du Christ, qui est le fil conducteur ininterrompu passant par le coeur des Chrétiens, jour après jour, année après année, tout au long des siècles, et jusqu'au Jugement Dernier.
Saint Justin (Popovic)

17 août 2011

La Loi de Dieu, une musique avec laquelle il faut entrer en harmonie (Origène)


Il sait que toute l'Écriture sainte est l'instrument de Dieu, parfait, harmonieux, mélangeant les différentes notes pour ceux qui aspirent à apprendre, en un cantique salvateur, et lorsque l'harmonie du bon sens est nécessaire il pince la corde apostolique, accordée pour correspondre avec ce qui précède, et similairement, les cordes apostoliques en harmonie avec les évangéliques.
Mais s'il survient un lecteur qui a été instruit à comprendre la musique de Dieu, quelqu'un qui est sage en parole et en acte, alors il produira une note de la musique divine. Car il aura appris de la musique de Dieu à garder le rythme, jouant ici sur les cordes de la Loi, là sur celles de l'Évangile, puis ici sur celles des prophètes, le tout en harmonie. C'est pourquoi ceux qui n'ont pas l'oreille pour détecter l'harmonie de Dieu dans les Écritures sacrées présument que l'Ancien Testament n'est pas en harmonie avec le Nouveau, ni les prophètes avec la Loi, ou les Évangiles l'un avec l'autre, ou un Apôtre avec l'Évangile, ou avec lui-même, ou avec les autres Apôtres. Car ainsi aussi les différentes cordes d'un psalterion ou d'une lyre, donnent chacune une note propre d'évidence différente de celle des autres cordes, c'est considéré par celui qui n'a pas l'oreille musicale et ne comprend pas la théorie de l'harmonie comme étant discordant à cause de la différence des notes:
"Ou bien méprises-tu ses richesses de bonté, de patience, de longanimité, sans reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse au repentir? Par ton endurcissement et l’impénitence de ton coeur, tu amasses contre toi un trésor de colère, au Jour de la colère où se révélera le juste jugement de Dieu" (Rom. 2,4-5)
Ces paroles séparent la colère et Dieu. Car en fait, la colère est quelque chose d'étranger à Dieu. Elle n'est pas liée à Lui comme quelque chose venant de Lui.
Origène, homélies sur Ezéchiel

15 août 2011

Dormition ou Assomption? (père Jean Breck / Pravmir)


Dormition de la Mère de Dieu - Успение Богородично


http://www.pravmir.com/article_713.html


Dans notre tradition Orthodoxe, nous distinguons généralement avec grand soin la "Dormition " de la Mère de Dieu et son "Assomption" au Ciel. La première notion est, selon nous, clairement Orthodoxe, tandis que la seconde nous apparaît comme une désignation purement occidentale, provenant d'une "incompréhension" catholique-romaine de la signification de cette fête, universellement célébrée le 15 août.

Il est vrai que certaines interprétations très sincères, mais erronées de la mort de Marie et de son exaltation se trouvent aussi bien dans les écrits spirituels catholiques-romains que dans des icônes occientales contemporaines : une tendance, par exemple, à exalter la Sainte Vierge à un niveau de "divinité" qui efface de manière effective la distinction essentielle et absolue entre la vie humaine et divine. Les théologiens Orthodoxes insistent pour que la "déification" (theôsis) qu'a connue la Mère de Dieu, n'implique en aucune façon une transformation ontologique de son être, de l'humanité créée à la divinité. Elle a été et restera toujours une créature humaine : la plus exaltée de toutes celles qui portent l'image de Dieu, mais cependant toujours un être humain, dont la gloire apparaît dans son humilité, dans son simple désir d'accepter "que cela soit", selon la volonté divine.



Dès lors, les icônes orthodoxes traditionnelles de son "endormissement" se concentrent particulièrement sur sa mort et mise au tombeau. Les disciples, "rassemblés de toutes les extrémités de la terre", l'entourent, dans une attitude de douleur et de lamentation. Derrière le cercueil sur lequel elle repose, se trouve son Fils glorifié, tenant dans ses bras un enfant vêtu d'habits blancs radieux, c'est l'image de l'âme de Sa mère. C'est un thème inverse. Sur tous les iconostases orthodoxes, l'on trouve une image sacrée de la Mère de Dieu, tenant dans ses bras son enfant nouveau-né, l'Homme-Dieu qui "a pris chair" pour sauver et sanctifier une humanité déchue, pécheresse, brisée. Ici, dans l'icône de la Dormition, le Fils tient dans Ses bras et offre à ce monde Sa sainte Mère, comme elle le faisait avec Lui à l'époque de Sa Nativité. Lors de sa dormition, Il reçoit son âme, sa vie, afin de l'exalter en Lui et avec Lui, pour la gloire, la beauté et la joie de la vie éternelle.

Toutefois, dans de nombreuses icônes orthodoxes, cette image primaire est complétée par une autre : la représentation de la Mère de Dieu montant au Ciel, accompagnée par une foule d'anges. Nous trouvons ce double motif notamment dans les icônes post-byzantines telles que la Koimesis (Dormition) du monastère de Koutloumousiou au Mont Athos, datée d'environ 1657. (Vladimir Lossky signale d'autres représentations semblables dans son commentaire sur la Dormition, dans "the Meaning of Icons" (Signification des Icônes), Boston, 1969, p. 215.) Doit-on en conclure que ce double thème, qui représente à la fois la Dormition et l'Assomption de la Mère de Dieu, est simplement le résultat de l'influence occidentale?



En fait, peu importe que nous l'étiquetions "Assomption" ou "Ascension" de la Mère de Dieu, cette image complète celle de la "Koimesis" d'une manière qui est en parfait accord avec la théologie Orthodoxe. Tout comme le Christ est mort et reposait dans la tombe, pour être ressuscité et élevé au Ciel, ainsi Sa sainte Mère "s'endort", pour être élevée par son Fils et exaltée avec Lui dans le Ciel. Par Sa Résurrection et l'Ascension, Il fournit les moyens par lesquels la "Mère de la Vie", avec tous ceux qui demeurent en Lui, peuvent être ressuscités de la mort et élevés à la Vie transcendante.

Si nous comprenons "l'Assomption" de la Mère de Dieu à la lumière de l'Ascension de son divin Fils, nous pourrons alors apprécier cette double représentation de la Dormition et de l'Ascension que l'on retrouve dans nombres de nos icônes orthodoxes. La Sainte Mère de Dieu, la Théotokos ou "Enfantrice de Dieu", est le premier des fruits de l'accomplissement eschatologique qui amènera toute l'oeuvre créatrice et rédemptrice de Dieu à sa fin. Elle est le vase dans lequel la Deuxième Personne de la Sainte Trinité "a pris chair" et S'est fait homme, afin d'apporter le Salut à la race humaine. Son sein, "plus vaste que les Cieux", contenait Celui Que rien ne peut contenir. Il a pris d'elle Son existence humaine, et elle l'a accompagné avec amour et prière pendant toute la durée de Son ministère terrestre, jusqu'au pied même de la Croix. Elle partagea pleinement Sa souffrance, supportant Sa crucifixion et Sa mort dans les profondeurs de son âme. Par conséquent, elle est l'image parfaite de l'Église, la communion éternelle de tous ceux qui vivent et meurent dans le Christ.




Comme elle, ils seront ressuscités en Lui et exaltés à la même gloire à laquelle Il a élevé et transformé leur nature humaine déchue. Elle est ainsi un précurseur de leur Salut, une image prophétique de la vie glorifiée qui attend tous ceux qui portent le Christ dans les profondeurs intérieures de leur être, comme elle L'a porté au plus profond de ses entrailles.

Pourtant, elle est bien plus que cela. Elle n'est pas seulement un modèle de la destinée commune du peuple Chrétien. Elle l'accompagne également à toutes les étapes de son voyage, lui offrant - nous offrant - sa prière et son amour incessants. Dans sa Dormition et dans son élévation au Ciel, elle "n'abandonne pas le monde", mais, comme le proclament les hymnes liturgiques de la fête, elle reste la Mère de la Vie, qui est "constante dans la prière" et "notre ferme espérance," qui, par ses prières "délivre nos âmes de la mort!"