"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

07 avril 2012

Les Psaumes, citadelles contre le démon (saint Basile le Grand)


Un Psaume est une citadelle pour se réfugier des démons; un moyen pour attirer l'aide des Anges, une arme contre les craintes nocturnes, un repos dans les labeurs du jour, une protection des enfants, l'ornement de ceux qui sont dans la force de l'âge, une consolation pour les anciens, le joyau le plus approprié pour les femmes. Il peuple la solitude, il élimine les excès des places de marché; il est l'exposition élémentaire pour les débutants, il est le progrès pour ceux qui avancent, le ferme soutien de ceux qui sont parfaits, la voix de l'Église. Il illumine les jours de fêtes; il apporte une tristesse en accord avec Dieu. Car un Psaume tire des larmes même d'un coeur endurci. Un Psaume, c'est l'oeuvre des Anges, une institution céleste, un encens spirituel.
saint Basile le Grand

06 avril 2012

Nos 3 disciplines : la prière, le jeûne et l'aumône (hiéromoine Tryphon, EORHF)



Jésus Christ a appelé à une conversion radicale de nos coeurs et esprits, et à faire abandon total du vieil homme en nous, à savoir notre nature déchue. L'acte principal par lequel on entame cette conversion, c'est la metanoia, qui survient par un changement radical de notre esprit. Cela arrive lorsque nous prenons conscience que nous avons péché, et que nous avons besoin du pardon de Dieu, et que nous nous décidons, avec Son aide, de nous soumettre à Lui.

Parfois, nous voyons un usage équivalent de deux termes, pénitence et confession. Lorsqu'on se confesse, un prêtre peut parfois donner une pénitence, qui est une sorte de "discipline" spirituelle qui peut aider dans notre parcours vers Dieu. Nous recevons des directives qui peuvent mener à la croissance spirituelle, et à un changement du coeur.

Ces pénitences sont souvent sous forme de mesures destinées à aider à accroître le temps passé à la prière, au jeûne et à l'aumône. Ces 3 éléments nous aident à approfondir notre relation avec le Christ, et aident à l'acquisition du Saint Esprit. Parfois on se voit recommander de dire des hymnes acathistes, dans lesquelles on demande l'aide de saints ou de la Sainte Vierge, pour aider dans notre lutte ascétique dans notre quête spirituelle. On peut nous recommander des périodes supplémentaires de jeûne, afin qu'en nous privant de certains aliments, nous puissions regarder plus profondément en nos coeurs, et, avec l'aide de Dieu, être débarrassés de la souillure et de la poussière qui polluent notre être intérieur. D'autres fois, on peut nous demander des actes charitables, ou d'accroître notre aumône, une manière de nous détacher et de nous recentrer sur les besoins d'autrui.

Ces disciplines spirituelles qui mettent l'accent sur l'augmentation de la prière, du jeûne et de l'aumône, en plus de s'immerger dans les saintes Écritures, nous aident dans notre incessante quête pour mener une vie en totale soumission au Christ. Ces 3 catégories de discipline nous aident à acquérir le Saint Esprit et à vivre notre vie pour le Christ.

La prière, le jeûne et l'aumône ne sont pas une fin en soi, mais des exercices qui aident dans la guerre spirituelle contre les démons qui cherchent à nous écraser. Ces disciplines sont des aides pour faciliter notre effort de repentir, et amener à un profond changement mental (metanoia). Et cette repentance ne signifie pas que nous devrions nous sentir triste, mais que nous luttons pour nous débarrasser de tout orgueil et tout égoïsme, et remplaçons l'ego par de l'amour, la joie, la paix, la patience, la gentillesse, la bonté, la bienveillance, la délicatesse et le contrôle de soi.

Dans l'amour du Christ,
Hiéromoine Tryphon

05 avril 2012

Dieu, l'Essentiel, est invisible pour les yeux pécheurs (saint Syméon le Nouveau Théologien)

"Lorsque les hommes cherchent Dieu avec leurs yeux corporels, ils ne le trouveront nulle part, car Il est invisible. Mais pour ceux qui méditent dans l'Esprit, Il est partout présent. Il est en tout, et cependant au delà de tout. En cela, son Salut est proche de ceux qui Le craignent, mais loin des hommes pécheurs."
saint Syméon le Nouveau Théologien



"When men Search for God with their bodily eyes they can find him nowhere, for he is invisible. But for those who ponder in the Spirit, he is present everywhere. He is in all, yet beyond all. In this, his salvation is near to those who fear him, but far away from sinful men."
Saint Symeon the New Theologian

04 avril 2012

Se débarrasser du vieil homme en soi, recracher le fruit du mal (p. Tryphon, eorhf)


Dès l'instant où nous nous sommes consacrés à mener une vie en Christ, des changements surviennent. Nous commençons à marcher sur le chemin de la repentance, nous débarrassant du "vieil homme" et revêtant le Christ. Les eaux du Baptême ont entamé ce processus, les vivifiantes eaux de la régénération font de nous de nouvelles créatures. A son commencement, ce mouvement de conversion a un geste en quelque sorte de rejet, en ce qu'on se détourne des passions de ce monde qui dominaient auparavant nos vies. On renie son vieux "moi." on se détourne des anciennes habitudes, et on se décide à laisser le Christ nous changer.

Nous ne restons pas statiques mais progressons d'une manière dynamique, nous entrons dans une vie en Christ, nous soumettant à la grâce de Dieu. A ce stade-là, nous ne sommes plus en mode négatif, combattant le "vieil homme", mais entrant dans un mode positif. Elle devient nôtre, la joie de la rencontre avec le Dieu vivant. On devra éviter le "vieil homme", et on ne se souviendra plus de nos anciennes mauvaises habitudes que pour mieux éviter tout ce qui nous séparait de Dieu. Nous progressons loin de tout ce qui était une source de mort.

Dans l'amour du Christ,
Hiéromoine Tryphon

03 avril 2012

Le saint des saints dans une église chrétienne, orthodoxe (p. Tryphon, Eorhf)


Depuis l'Antiquité, les églises orthodoxes ont conservé la même structure et fonction. Se basant sur le modèle du Temple de l'Ancien Testament, les églises chrétiennes orthodoxes sont divisées en plusieurs parties ou espaces dépendant de leurs fonctions respectives. Le saint Autel, sur lequel est célébré l'Eucharistie, est situé dans l'extrémité orientale du bâtiment, derrière l'iconostase (séparation portant des icônes). C'est une continuité, cela correspond au saint des saints dans l'ancien Temple israélite à Jérusalem.

Tout l'espace derrière l'iconostase est appelé Autel, et considéré comme la partie la plus sacrée de l'église. Bien qu'il convienne de respecter profondément toute l'église, l'Autel est très particulier. C'est ici que le Saint Esprit descend (*), transformant l'offrande du pain et du vin en Corps et Sang du Christ.

Seuls ceux qui ont reçu une bénédiction particulière de l'évêque ou du prêtre peuvent y entrer, car nul n'a le droit de pénétrer derrière l'iconostase! L'Église n'y autorise l'accès qu'à ceux qui ont un motif précis pour s'y trouver, une tâche ou fonction spécifique. Même si quelqu'un sert régulièrement derrière l'iconostase, il faut à chaque fois demander la bénédiction. Nul ne devrait s'aventurer en ce lieu sans bénédiction pour le faire.

Le saint Autel, la table de préparation (proskomedia), la patène et le calice ne devraient jamais être manipulés par quiconque d'autre qu'un évêque, un prêtre ou un diacre. Le caractère sacré de ces objets mis à part pour le service divin est tel, car ils ont été tous bénis par l'Église pour le culte rendu à Dieu.

Nous nous approchons de notre Dieu avec crainte et respect, et pleins d'émerveillement, pendant le culte, nous nous prosternons devant Son Trône. Nous adorons la Sainte Trinité avec la même révérence que ne le faisaient les premiers Chrétiens. C'est le même Dieu Qui nous a créés, et Qui a condescendu à unir Sa divinité à notre humanité, Qui est adoré dans nos églises de manière aussi splendide que celle qu'Il avait ordonnée, lorsqu'Il demanda de construire le Temple dans la Ville Sainte, parce qu'Il nous a invités à entrer en communion avec Lui.

Dans l'amour du Christ,
Hiéromoine Tryphon

02 avril 2012

L'Église rassemble des gens de toutes origines et tous styles de vies (p. Seraphim)

Святая Мария Египетская


Hier (*), nous avons commémoré une ancienne prostituée. Aujourd'hui, une vierge-martyre. L'Église est remplie de gens très variés, et tous sont transformés par Dieu.
père Seraphim Graham Turland

(*) dimanche de sainte Marie l'Égyptienne

Aγία Θεοδοσία


Yesterday we commemorated a former prostitute; today a virgin-martyr. The Church is filled with diverse people, all being transformed by God.
Father Seraphim Graham Turland.

L'erreur populaire du Salut universel final, malgré le libre-arbitre humain (Prof. Valery Dukhanin, p. Pomazanski)

http://02varvara.wordpress.com/2010/03/05/the-popular-idea-of-universal-salvation-denounced-as-heresy/

Le Jugement Dernier


De nos jours circule une idée populaire parmi les fidèles Orthodoxes, prétendant qu'il n'y aurait pas de punition éternelle. En clair, que tous les pécheurs quitteraient pour finir l'infernal Hadès et iraient au Paradis. Récemment, le professeur Valery Dukhanin, diplomé en théologie du séminaire de Nikkolo-Ugresh, a rappelé que l'Église considérait depuis les origines cette opinion comme une hérésie, rapporte le site internet Русской линии (Ligne Russe). Selon cette erreur, à un moment donné, l'amour de Dieu recouvrira tous les péchés de l'humanité et éteindra les flammes de l'Hadès. Selon cette opinion, le feu de l'Hadès est pour purifier les pécheurs de leurs péchés. En plus certains ajoutent qu'à la Parousie / Seconde Venue du Christ, en voyant le Seigneur paraître, tous les hommes L'accepterons dans leur âme, et serons éternellement sauvés. Selon le professeur Dukhanin, Origène d'Alexandrie serait l'auteur de cette hérésie, un auteur que les saints pères auraient anathémisé et considéré comme hérétique (*)

En 543, un Concile local à Constantinople anathémisa tous ceux qui ne croyaient pas que les tourments de l'Hadès sont bel et bien éternels. Les saints pères conciliaires décrétèrent que "quiconque dit ou pense que la punition des démons et des gens mauvais n'est que temporelle, qu'elle s'achèvera après un certain temps, et qu'il y aura une réhabilitation des démons et des gens mauvais, qu'il soit anathème."

L'idée d'un salut universel est très dommageable, parce que ceux qui y souscrivent s'affaiblissent, commencer à pécher, et sombrent dans les enfers. Le pr. Dukhanin insiste beaucoup pour prouver la fausseté de cette idée. En particulier, en nombre de passages des saintes Écritures, il est explicitement écrit que les mauvais endureront l'éternel tourment. Un jour, quelqu'un demanda à un staretz, "si Dieu est si miséricordieux, pourquoi ne sauve-t'Il pas tout le monde, afin que tous, bons et méchants, aillent au Ciel?" Le staretz répondit, "en réalité, l'Hadès est miséricordieux pour les pécheurs non-repentants. Si ils devaient se retrouver au Ciel avec les justes, ce serait pour eux de loin le pire lieu de punition éternelle. Au festin des noces de l'Agneau, les saints viendront avec la blanche tunique de sainteté, les pécheurs seront dans les noires et puantes tuniques du péché. Les uns glorifieront le Christ, leur Sauveur, et les autres, qui toute leur vie auront volé et tué, ont été vains et orgueilleux, avides et gloutons, eux, ils grinceront des dents, car ils ont crucifié le Christ en leurs âmes, et L'auront persécuté tout au long de leurs vies."

Le professeur Dukhanin l'explique ainsi: "l'âme qui, durant cette vie-ci, n'aura aspiré qu'aux plaisirs terrestres, qui débordait d'orgueil, de malice et d'envie, sera incapable de goûter au bénéfice de la vie éternelle au Ciel, ces bienfaits leur seraient incompréhensible et étrangers." Cependant, les saints pères ne nient pas la possibilité que certaines âmes puissent passer de l'infernal état vers le Ciel par l'intercession de la fervente prière Chrétienne de l'Église et de leurs proches.

3 mars 2010

ANN News

http://www.annews.ru/news/detail.php?ID=215582


====

(*) NDT: il s'agit de la notion grecque d'apokatastasis. Il est classique que des séminaires et école de théologie répètent aux élèves cette "condamnation" - on a aussi vainement tenté de m'y faire croire.

En bref, Origène, génial chercheur en théologie, grand spirituel mais un peu excessif, a vécu avant les premiers Conciles généraux de l'Église. A ce titre, il ne saurait s'être trompé par rapport à un enseignement qui n'allait être précisé et formulé que 1 à 2 siècles après sa mort, selon les sujets abordés.
L'Écriture sainte aborde la question de ce genre de procès en l'absence de l'accusé : "Notre Loi juge-t-elle un homme sans d'abord l'entendre et savoir ce qu'il fait?" (évangile selon saint Jean 7,51)...
Ensuite, sa condamnation, 250 ans après son décès, se situait dans une période troublée pour la partie hellénistique de l'Église, qui avait la mainmise sur tout mais voyait le territoire d'influence se réduire rapidement sous les coups de butoirs des invasions barbares en Orient. Le même Concile condamnera autant les opinions coptes que syriaques ("trois chapitres").
Deux détails valant leur pesant de cacahouètes :
A. pour parvenir au quorum requis de votants, personne d'Occident ne voulant se prêter à la mascarade "oecuménique" cachant mal des conflits politiques, le Concile avait invité des évêques d'Afrique du Nord comme "votants occidentaux." Oui mais voilà, les souscriptions (signature marquant leur accord) ne laissent aucun doute: les évêques latins achetés pour la cause avaient été déposés pour .. hérésie..
Et sur les 15 points de doctrine origéniste condamnés, certains sont totalement absents de ses volumineux écrits.
B. Saint Grégoire de Nysse, un des nombreux grands amateurs de lectures origénistes, avait repris à son compte cette théorie de l'apocatastase! Certes pas comme une doctrine absolue, mais Origène non plus ne l'absolutisait pas, me semble-t'il. Et vu l'impact de ce géant théologique de Grégoire de Nysse en Orient, je serais surpris qu'aucun autre auteur Grec n'y ai aussi songé.
Or ce Concile ignore superbement l'erreur de son grand compatriote.
Sans commentaire :-)
Référence : saint Grégoire de Nysse, "La création de l'Homme", chapitre 21

====
Les fins ultimes (Archiprêtre Michael Pomazansky)
http://02varvara.wordpress.com/2011/10/09/9-october-2011-ultimate-things-whom-do-you-believe-the-blunder-or-fr-michael-pomazansky-there’s-no-contest/

Au sujet de l'état de l'âme après le "jugement particulier" (le Jugement d'une personne individuelle après que son âme aie quitté son corps), l'Église Orthodoxe enseigne ceci: "Nous croyons que les âmes des défunts sont dans un état de béatitude ou de tourment en fonction de leurs actes. Après séparation du corps, soit elles passent immédiatement vers la joie, soit vers la peine et le tourment. Cependant, elles ne ressentent pas la complète béatitude ou le tourment absolu. Ceux-là ne seront reçus qu'après la Résurrection Générale, lorsque l'âme sera réunie au corps dans lequel elle avait vécu dans la vertu ou dans le vice" (Épître des patriarches orientaux sur la Foi Orthodoxe, paragraphe 18). Ainsi l'Église Orthodoxe distingue 2 conditions différentes après le Jugement Particulier.. Une pour les justes, et une autre pour les pécheurs. En d'autres mots, paradis ou enfer. L'Église ne reconnaît pas les doctrines catholique-romaine et uniate qui affirment 3 conditions:
Béatitude
purgatoire
géhenne (enfer).

Les pères de l'Église utilisent habituellement le terme de "géhenne" pour se référer à la condition après le Jugement Dernier, lorsque mort et enfer seront précipités dans le "fleuve de feu" (Apocalypse de saint Jean, 20,15). L'Église, se basant sur la parole de Dieu, reconnaît les tourments de la géhenne comme éternels, sans fin, dès lors elle a condamné au 5ème Concile Oecuménique l'enseignement erroné des Origénistes (*) selon lesquels les démons et les impies ne souffriraient l'état infernal qu'un temps donné, et alors, seraient restarés dans leur condition originale d'innocence (apokatastasis, en grec). L'Apocalypse de saint Jean appelle la condamnation au Jugement Dernier / Universel la "seconde mort" (Apoc. 20,14). Cependant, il n'est pas de notre ressort de définir les frontières entre l'insondable miséricorde de Dieu et Sa justice. Nous savons que la volonté du Seigneur est que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité (1 Tim. 2,4). Mais par son propre mal, l'homme est capable de rejeter la miséricorde de Dieu et les moyens du Salut. A ce sujet, il vaut la peine de relire ce commentaire de saint Théophane le Reclus:

"Les justes entreront dans la vie éternelle, mais les pécheurs diabolisés iront dans les tourments éternels, en communion avec les démons."

L'Hadès ou Enfer
Herrade von Landsberg, vers 1185
Hortus Deliciarum (Jardin des Délices)
Abbaye du Mont Sainte-Odile (Abtei Hohenburg)
Mont Sainte-Odile (Odilienberg) (Département Bas-Rhin. Région Alsace), France

01 avril 2012

Argent, monde et religion

Ceux qui croient que l'argent fait tout sont, sans doute,
disposés à tout faire pour de l'argent.
Chauvot de Beauchène



"Quand il s’agit d’argent, tout le monde est de la même religion"
Claude Voltaire