Je crois que l'Église dans laquelle j'ai été baptisé et élevé "est" en vérité "l'Église", c'est-à-dire "la véritable" Église, et "la seule" vraie Église.. Dès lors, je suis forcé de regarder les autres églises chrétiennes comme étant déficientes, et dans bien des cas je suis en mesure d'identifier ces déficiences avec précision.
Dès lors, pour moi, la réunification Chrétienne, c'est tout simplement la conversion universelle à l'Orthodoxie. Je n'ai aucune loyauté confessionnelle; ma loyauté n'appartient qu'à l'Unam Sanctam. Sant aucun doute, la prétendue "théorie des branches" (ou l'ecclésiologie "des deux poumons") est inacceptable.
Cette théorie décrit les clivages du monde Chrétien d'une manière trop complaisante et confortable. Le spectateur peut ne pas immédiatement êre à même de discerner les branches schismatiques [hérétiques] du tronc Catholique. De plus, par essence, un schisme [corps hérétique] n'est pas juste une branche. C'est aussi une volonté pour le schisme [ou l'hérésie]. Le Christ a conquis le monde. Cette victoire consiste en Sa création de Sa propre Église. Au milieu de la vanité et de la pauvreté, de la faiblesse et de la souffrance de l'histoire humaine, Il a posé les bases d'un "nouvel être." L'Église est l'oeuvre du Christ sur terre. Elle est l'image et la demeure de Sa bienheureuse Présence en ce monde. Et au jour de la Pentecôte, le Saint Esprit descendit sur l'Église, qui était alors représentée par les onze Apôtres et ceux qui étaient là avec eux. Il est entré dans le monde afin de demeurer avec nous, et d'agir bien plus qu'Il ne l'avait fait auparavant, "car l'Esprit n'avait pas encore été répandu, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié" (Jn 7,39). Le Saint Esprit est descendu une fois pour toutes. C'est un mystère exaltant et insondable. Il vit et demeure sans cesse dans l'Église. Et dans l'Église, nous recevons l'Esprit d'adoption (Rom. 8,15). Par le fait d'atteindre et par l'acceptation du Saint-Esprit, nous devenons éternellement Dieu. Dans l'Église notre Salut va être perfectionné; la sanctification et la transfiguration, la déification (theosis) du genre humain sont accomplies. Extra Ecclesiam nulla salus: Hors de l'Église, il n'y a pas de Salut. Toute la force catégorique et le point central de cet aphorisme se trouvent dans sa tautologie. À l'extérieur de l'Église il n'y a aucun Salut, parce que le Salut est l'Église. Car le Salut est la révélation du chemin pour quiconque croit du Nom du Christ. Cette révélation ne se trouve que dans l'Église. Dans l'Église, comme dans le Corps du Christ, dans son organisme theanthropique, le mystère de l'Incarnation, le mystère "des deux Natures," indissolublement uni, est continuellement accompli. Dans l'Incarnation du Verbe se trouve la plénitude de la Révélation, une révélation non seulement de Dieu, mais aussi de l'Homme. "Car le Fils de Dieu est devenu le Fils de l'Homme," écrit saint Irénée, "afin que l'Homme aussi puisse devenir Fils de Dieu" (Contre les Hérésies 3,10, 2). En Christ, comme Homme-Dieu, la signification de l'existence humaine est non seulement révélée, mais accomplie. En Christ, la nature humaine est perfectionnée, renouvelée, reconstruite, recréée. La destinée atteint son but, et dès lors la vie humaine est, selon le mot de l'Apôtre, "cachée avec le Christ en Dieu" (Col 3,3). En ce sens, le Christ est le "Dernier Adam" (1 Co 15,45), l'homme véritable. En Lui se trouve la mesure et la limite de la vie humaine. Il S'est relevé comme "prémices de ceux qui se sont endormis" (1 Co 15,20-22). Il est monté aux Cieux, et siège à la droite du Père. Sa Gloire est la gloire de toute l'existence humaine. Le Christ est entré dans la gloire pré-éternelle. Il y est entré en tant qu'Homme et a appelé toute l'humanité à demeurer avec Lui et en Lui. "Mais Dieu, Qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos péchés, nous a fait revivre avec le Christ (..) avec Lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux Cieux, dans le Christ Jésus" (Eph 2,4-6). C'est là que réside le mystère de l'Église en plénitude (Τò πληρωμα),
c'est-à-dire son accomplissement, son achèvement (Eph 1,23). Voici comment saint Jean Chrysostome explique les paroles de l'Apôtre : L'Église est l'accomplissement du Christ, de la même manière que la tête complète le corps et que le corps est complété par la tête. C'est pour cela que nous comprennons pourquoi l'Apôtre voit que le Christ, en tant que Tête, a besoin de tous Ses membres. Parce que si nombre d'entre nous n'étaient pas l'un la main, l'autre le pied, et l'autre encore un autre membre, Son corps ne serait pas complet. Ainsi, Son corps est formé de tous ses membres. Cela signifie 'que la tête sera complète seulement lorsque le corps sera parfait, lorsque nous serons tous très fermement unis et affermis." (In Ephes. Hom. 3, 2 (Migne, P.G. Ixii. c. 26)).
L'évêque Théophane reprend l'explication de saint Jean Chrysostome : "L'Église est l'accomplissement du Christ de la même manière que l'arbre est l'accomplissement de la graine. Tout ce qui est contenu dans la graine de manière condensée, reçoit son plein développement dans l'arbre.. De Lui-même, le Christ est absolument complet et parfait, mais cependant pas encore en ce qu'Il attire l'humanité à Lui pour l'accomplissement final. Ce n'est que progressivement que l'humanité entre dans la Communion avec Lui, et ainsi apporte une nouvelle plénitude à Son oeuvre, qui par là atteint sa pleine réalisation. L'Église est l'accomplissement en lui-même; elle est la prolongation et l'accomplissement de l'union théanthropique. L'Église est l'humanité transfigurée et régénérée. La signification de cette régénération et transfiguration, c'est que dans l'Églie, l'humanité devient une unité "un de corps" (Eph 2,16). La vie de l'Église est unité et union. Le corps est "tissé ensemble" et réalise ainsi sa "croissance en Dieu" (Col 2,19) dans l'unité de l'Esprit, dans l'unité de l'amour. Le royaume de l'Église est unité. Et bien entendu, cette unité n'est pas externe, mais interne, intime, organique. C'est l'unité du corps vivant, l'unité de l'organisme. L'Église est une unité non seulement dans le sens qu'elle est une et unique; elle est avant tout unité parce que son être même consiste à réunir l'humanité séparée et divisée. C'est cette unité qui est la "sobornost" ou catholicité de l'Église. Dans l'Église, l'humanité entre dans un nouveau niveau, elle commence une nouvelle manière d'existence. Une nouvelle vie devient possible, une vie vraie, entière et complète, une vie catholique "dans l'unité de l'Esprit, dans le lien de la paix" (Eph 4,3). Une nouvelle existence commence, un nouveau principe de vie "Comme Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en Toi, qu’eux aussi soient en nous (..) pour qu’ils soient un comme Nous sommes Un" (Jn 17,21-23). Ceci est le mystère de la réunion finale dans l'image de l'Unité de la Sainte Trinité. Elle est réalisée dans la vie et la construction de l'Église, c'est un mystère de sobornost, un mystère de catholicité.
Archiprêtre Georges V. Florovsky
Quelle est la différence entre l'Église et une secte?
https://www.youtube.com/watch?v=ZTAaxSOvyeE
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I believe that the church in which I was baptized and brought up ‘is’ in very truth ‘the Church’, i.e. ‘the true’ Church and the ‘only’ true Church . . . I am therefore compelled to regard all other Christian churches as deficient, and in many cases can identify these deficiencies accurately enough. Therefore, for me, Christian reunion is simply universal conversion to Orthodoxy. I have no confessional loyalty; my loyalty belongs solely to the ‘Una Sancta’. Without a doubt, the so-called 'branch' theory [Or "Two Lungs" ecclesiology] is unacceptable. This theory depicts the cleavages of the Christian world in too complacent and comfortable a manner. The onlooker may not be able immediately to discern the schismatic [heretical] 'branches' from the Catholic trunk. In its essence, moreover, a schism [heretical body] is not just a branch. It is also the will for schism [or heresy]. Christ conquered the world. This victory consists in His having created His own Church. In the midst of the vanity and poverty, of the weakness and suffering of human history, He laid the foundations of a "new being." The Church is Christ’s work on earth; it is the image and abode of His blessed Presence in the world. And on the day of Pentecost The Holy Spirit descended on the Church, which was then represented by the twelve Apostles and those who were with them. He entered into the world in order to abide with us and act more fully than He had ever acted before; "for the Spirit was not yet given, because Jesus was not yet glorified" (John 7:39). The Holy Spirit descended once and for always. This is a tremendous and unfathomable mystery. He lives and abides ceaselessly in the church. In the Church we receive the Spirit of adoption (Rom. 8:15). Through reaching towards and accepting the Holy Ghost we become eternally God’s. In the Church our salvation is perfected; the sanctification and transfiguration, the theosis of the human race is accomplished. Extra Ecclesiam nulla salus: [Outside the Church there is no salvation]. All the categorical strength and point of this aphorism lies in its tautology. Outside the Church there is no salvation, because salvation is the Church. For salvation is the revelation of the way for every one who believes in Christ's name. This revelation is to be found only in the Church. In the Church, as in the Body of Christ, in its theanthropic organism, the mystery of incarnation, the mystery of the "two natures," indissolubly united, is continually accomplished. In the Incarnation of the Word is the fullness of revelation, a revelation not only of God, but also of man. "For the Son of God became the Son of Man," writes St. Irenaeus, "to the end that man too might become the son of God" (Adv. Haere. 3:10, 2). In Christ, as God-Man, the meaning of human existence is not only revealed, but accomplished. In Christ human nature is perfected, it is renewed, rebuilt, created anew. Human destiny reaches its goal, and henceforth human life is, according to the word of the Apostle, "hid with Christ in God" (Coloss. 3:3). In this sense Christ is the "Last Adam" (1 Cor. 15:45), a true man. In Him is the measure and limit of human life. He rose "As the first fruits of them that are asleep" (1 Cor. 15:20-22). He ascended into Heaven, and sitteth at the right hand of God. His Glory is the glory of all human existence. Christ has entered the pre-eternal glory; He has entered it as Man and has called the whole of mankind to abide with Him and in Him. "God, being rich in mercy, for His great love wherewith He loved us, even when we were dead through our trespasses, quickened us together with Christ ... and raised us up with Him, and made us to sit with Him in the heavenly places, in Christ Jesus" (Eph. 2:4-6). Therein lies the mystery of the Church as Christ's Body. The Church is fulness, (Τò πληρωμα) that is, fulfilment, completion (Eph. 1:23). In this manner St. John Chrysostom explains the words of the Apostle: "The Church is the fulfilment of Christ in the same manner as the head completes the body and the body is completed by the head. Thus we understand why the Apostle sees that Christ, as the Head needs all His members. Because if many of us were not, one the hand, one the foot, one yet another member, His body would not be complete. Thus His body is formed of all the members. This means, "That the head will be complete, only when the body is perfect; when we all are most firmly united and strengthened" (In Ephes. Hom. 3, 2 (Migne, P.G. Ixii. c. 26)). Bishop Theophanes repeats the explanation of Chrysostom: "The Church is the fulfilment of Christ in the same manner as the tree is the fulfilment of the grain. All that is contained in the grain in a condensed manner, receives its full development in the tree ... He Himself is complete and all-perfect, but not yet has He drawn mankind to Himself in final completeness. It is only gradually that mankind enters into Communion with Him and so gives a new fulness to His work, which thereby attains its full accomplishment. The Church is completeness itself; it is the continuation and the fulfilment of the theanthropic union. The Church is transfigured and regenerated mankind. The meaning of this regeneration and transfiguration is that in the Church mankind becomes one unity, "in one body" (Eph. 2:16). The life of the Church is unity and union. The body is "knit together" and "increaseth" (Col 2:19) in unity of Spirit, in unity of love. The realm of the Church is unity. And of course this unity is no outward one, but is inner, intimate, organic. It is the unity of the living body, the unity of the organism. The Church is a unity not only in the sense that it is one and unique; it is a unity, first of all, because its very being consists in reuniting separated and divided mankind. It is this unity which is the "sobornost" or catholicity of the Church. In the Church humanity passes over into another plane, begins a new manner of existence. A new life becomes possible, a true, whole and complete life, a catholic life, "in the unity of the Spirit, in the bond of peace (Eph. 4:3). A new existence begins, a new principle of life, "Even as Thou, Father, art in Me, and I in Thee, that they also may be in Us ... that they may be one even as We are one" (John 17:21-23). This is the mystery of the final reunion in the image of the Unity of the Holy Trinity. It is realized in the life and construction of the Church, it is the mystery of sobornost, the mystery of catholicity.
Fr. Georges V. Florovsky