Les régicides de France inspireront ceux de Russie. On retrouve les mêmes traits par la suite, avec les campagnes de dénigrement haineux, de diffamation post-mortem. Jusque dans nos manuels scolaires. Arracher tout ce qui est au Christ ici bas, tel est leur but.
« L’attentat contre la personne de Louis XVI vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. » (Albert Camus)
« Le 21 janvier, avec le meurtre du Roi-prêtre, s’achève ce qu’on a appelé significativement la passion de Louis XVI. Certes, c’est un répugnant scandale d’avoir présenté, comme un grand moment de notre histoire, l’assassinat public d’un homme faible et bon. Cet échafaud ne marque pas un sommet, il s’en faut. Il reste au moins que, par ses attendus et ses conséquences, le jugement du roi est à la charnière de notre histoire contemporaine. Il symbolise la désacralisation de cette histoire et la désincarnation du Dieu Chrétien. Dieu, jusqu’ici, se mêlait à l’histoire par les Rois. Mais on tue son représentant historique, il n’y a plus de roi. Il n’y a donc plus qu’une apparence de Dieu relégué dans le ciel des principes.
Les révolutionnaires peuvent se réclamer de l’Evangile. En fait, ils portent au Christianisme un coup terrible, dont il ne s’est pas encore relevé. Il semble vraiment que l’exécution du Roi, suivie, on le sait, de scènes convulsives, de suicides ou de folie, s’est déroulée tout entière dans la conscience de ce qui s’accomplissait. Louis XVI semble avoir, parfois, douté de son droit divin, quoiqu’il ait refusé systématiquement tous les projets de loi qui portaient atteinte à sa foi. Mais à partir du moment où il soupçonne ou connaît son sort, il semble s’identifier, son langage le montre, à sa mission divine, pour qu’il soit bien dit que l’attentat contre sa personne vise le Roi-Christ, l’incarnation divine, et non la chair effrayée de l’homme. Son livre de chevet, au Temple, est l’Imitation de Jésus-Christ. La douceur, la perfection que cet homme, de sensibilité pourtant moyenne, apporte à ses derniers moments, ses remarques indifférentes sur tout ce qui est du monde extérieur et, pour finir, sa brève défaillance sur l’échafaud solitaire, devant ce terrible tambour qui couvrait sa voix, si loin de ce peuple dont il espérait se faire entendre, tout cela laisse imaginer que ce n’est pas Capet qui meurt mais Louis de droit divin, et avec lui, d’une certaine manière, la Chrétienté temporelle. Pour mieux affirmer encore ce lien sacré, son confesseur le soutient dans sa défaillance, en lui rappelant sa « ressemblance » avec le Dieu de douleur. Et Louis XVI alors se reprend, en reprenant le langage de ce Dieu : « Je boirai, dit-il, le calice jusqu’à la lie ». Puis il se laisse aller, frémissant, aux mains ignobles du bourreau. »
Albert Camus in L’homme révolté, La Pléïade, p. 528-529
"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes.
Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)
21 janvier 2017
20 janvier 2017
Rendez grâce et faites de votre vie une prière incessante (saint Basile)
Alors que tu t'installe à table, prie. Au moment où tu saisis la miche de pain, rends grâce au Donateur. Quand tu viens soutenir ta faiblesse corporelle avec le vin, souviens-toi de Celui qui te fournit ce cadeau, pour rendre ton cœur heureux et pour te réconforter. Ton besoin de nourriture est passé? Que les pensées pour ton Bienfaiteur ne disparaissent pas. Quand tu enfile ton vêtement, remercie le Donateur. Quand tu revêts ton manteau, aie en toi un amour encore plus grand pour Dieu, Qui a veillé à ce qu'été comme hiver nous ne manquions d'aucun vêtement approprié, tant pour préserver notre vie que pour couvrir notre nudité.
Le jour est-il fini? Rends grâce à Celui qui nous a donné le soleil pour notre travail quotidien, et nous a fourni un feu pour éclairer la nuit, et pour servir aux autres besoins de la vie. Que la nuit soit une autre occasion de prière. Quand tu regarde vers le ciel, la beauté des étoiles, prie le Seigneur du monde visible; prie Dieu le Grand Artificier de l'univers, Qui les a tous créées avec sagesse. Quand tu vois toute la nature assoupie, alors, à nouveau, célèbre Celui qui nous donne même contre notre volonté d'être libérés de ressentir sans cesse le poids du labeur, et par un court repos, redonne à nouveau vigueur à notre force.
Que la nuit ne soit pas laissée entièrement, en quelque sorte, la propriété spéciale et particulière du sommeil. Que la moitié de ta vie ne soit pas passée inutilement dans un sommeil sans raison. Divise le temps de la nuit entre sommeil et prière. Et même que tes sommeils soient accomplis dans la piété, car il est naturel que nos rêves durant le sommeil soient pour la plupart un grand écho des angoisses de la journée.
En fonction de ce qu'auront été notre conduite et nos activités, ainsi seront inévitablement nos rêves. Dès lors, tu priera sans cesse; si tu ne prie pas seulement en paroles, mais que tu t'unis toi-même à Dieu tout au long de ta vie, alors ta vie deviendra une prière incessante et ininterrompue."
Saint Basile le Grand, in : Homélie 5 sur le martyre de Julite
As thou takest thy seat at table, pray. As thou liftest the loaf, offer thanks to the Giver. When thou sustainest thy bodily weakness with wine, remember Him Who supplies thee with this gift, to make thy heart glad and to comfort thy infirmity. Has thy need for taking food passed away? Let not the thought of thy Benefactor pass away too. As thou art putting on thy tunic, thank the Giver of it. As thou wrappest thy cloak about thee, feel yet greater love to God, Who alike in summer and in winter has given us coverings convenient for us, at once to preserve our life, and to cover what is unseemly. Is the day done? Give thanks to Him Who has given us the sun for our daily work, and has provided for us a fire to light up the night, and to serve the rest of the needs of life. Let night give the other occasion of prayer. When thou lookest up to heaven and gazest at the beauty of the stars, pray to the Lord of the visible world; pray to God the Arch-artificer of the universe, Who in wisdom hath made them all. When thou seest all nature sunk in sleep, then again worship Him Who gives us even against our wills release from the continuous strain of toil, and by a short refreshment restores us once again to the vigour of our strength. Let not night herself be all, as it were, the special and peculiar property of sleep. Let not half thy life be useless through the senselessness of slumber. Divide the time of night between sleep and prayer. Nay, let thy slumbers be themselves experiences in piety; for it is only natural that our sleeping dreams should be for the most part echoes of the anxieties of the day. As have been our conduct and pursuits, so will inevitably be our dreams. Thus wilt thought pray without ceasing; if thought prayest not only in words, but unitest thyself to God through all the course of life and so thy life be made one ceaseless and uninterrupted prayer.”
St. Basil. the Great.from Homily V. In martyrem Julittam, quoted in the Prolegomena in Nicene and Post-Nicene Fathers Series II Volume 8
Le jour est-il fini? Rends grâce à Celui qui nous a donné le soleil pour notre travail quotidien, et nous a fourni un feu pour éclairer la nuit, et pour servir aux autres besoins de la vie. Que la nuit soit une autre occasion de prière. Quand tu regarde vers le ciel, la beauté des étoiles, prie le Seigneur du monde visible; prie Dieu le Grand Artificier de l'univers, Qui les a tous créées avec sagesse. Quand tu vois toute la nature assoupie, alors, à nouveau, célèbre Celui qui nous donne même contre notre volonté d'être libérés de ressentir sans cesse le poids du labeur, et par un court repos, redonne à nouveau vigueur à notre force.
Que la nuit ne soit pas laissée entièrement, en quelque sorte, la propriété spéciale et particulière du sommeil. Que la moitié de ta vie ne soit pas passée inutilement dans un sommeil sans raison. Divise le temps de la nuit entre sommeil et prière. Et même que tes sommeils soient accomplis dans la piété, car il est naturel que nos rêves durant le sommeil soient pour la plupart un grand écho des angoisses de la journée.
En fonction de ce qu'auront été notre conduite et nos activités, ainsi seront inévitablement nos rêves. Dès lors, tu priera sans cesse; si tu ne prie pas seulement en paroles, mais que tu t'unis toi-même à Dieu tout au long de ta vie, alors ta vie deviendra une prière incessante et ininterrompue."
Saint Basile le Grand, in : Homélie 5 sur le martyre de Julite
As thou takest thy seat at table, pray. As thou liftest the loaf, offer thanks to the Giver. When thou sustainest thy bodily weakness with wine, remember Him Who supplies thee with this gift, to make thy heart glad and to comfort thy infirmity. Has thy need for taking food passed away? Let not the thought of thy Benefactor pass away too. As thou art putting on thy tunic, thank the Giver of it. As thou wrappest thy cloak about thee, feel yet greater love to God, Who alike in summer and in winter has given us coverings convenient for us, at once to preserve our life, and to cover what is unseemly. Is the day done? Give thanks to Him Who has given us the sun for our daily work, and has provided for us a fire to light up the night, and to serve the rest of the needs of life. Let night give the other occasion of prayer. When thou lookest up to heaven and gazest at the beauty of the stars, pray to the Lord of the visible world; pray to God the Arch-artificer of the universe, Who in wisdom hath made them all. When thou seest all nature sunk in sleep, then again worship Him Who gives us even against our wills release from the continuous strain of toil, and by a short refreshment restores us once again to the vigour of our strength. Let not night herself be all, as it were, the special and peculiar property of sleep. Let not half thy life be useless through the senselessness of slumber. Divide the time of night between sleep and prayer. Nay, let thy slumbers be themselves experiences in piety; for it is only natural that our sleeping dreams should be for the most part echoes of the anxieties of the day. As have been our conduct and pursuits, so will inevitably be our dreams. Thus wilt thought pray without ceasing; if thought prayest not only in words, but unitest thyself to God through all the course of life and so thy life be made one ceaseless and uninterrupted prayer.”
St. Basil. the Great.from Homily V. In martyrem Julittam, quoted in the Prolegomena in Nicene and Post-Nicene Fathers Series II Volume 8
19 janvier 2017
La maladie éternelle (saint Macaire)
" L'âme est plus grande que le corps : le corps devient malade, et c'est ainsi qu'il est fini. Mais une maladie spirituelle s'étend dans l'éternité. Délivre-nous, ô Seigneur, de cette maladie, et accorde-nous la guérison."
Saint Macaire
Saint Macaire
18 janvier 2017
Nos relations et leur qualité (Evagre)
N'entrenez pas de relation avec trop de personnes, sinon votre intellect sera distrait, et perturbera le chemin de l'impassibilité.
Evagre le Solitaire
Evagre le Solitaire
17 janvier 2017
Introduction à la Prière (Origène)
Je pense que celui qui prie comme il faut et selon ses moyens retire de multiples avantages de la prière.
Et d’abord, il est de la plus grande utilité de disposer son esprit à la prière. Par cette préparation le fidèle se met en présence de Dieu. Il se dispose à Lui parler, comme à quelqu'un qui le voit et qui est présent. S'il est vrai que certaines images, certains souvenirs du passé demeurent présents à notre esprit au point de troubler nos raisonnements, à plus forte raison faut-il reconnaître les effets, bienfaisants de la pensée du Dieu présent, quand le fidèle prend conscience de ce regard qui pénètre le plus secret du cœur; et que l'âme cherche à plaire à ce Témoin, qui scrute tout esprit, qui sonde les reins et les coeurs.
Admettons même que celui qui dispose ainsi son âme à la prière n'en tire pas d'autre avantage, il ne faudrait pas sous-estimer le bénéfice spirituel de cet effort. S'il en prend l'habitude, combien il évitera de péchés, combien il progressera dans la vertu. Ceux-là le savent d'expérience, qui se vouent avec persévérance à la prière. Si déjà la mémoire et la pensée d'un homme illustre et sage suffisent à susciter l'émulation en nous et à freiner notre penchant au mal, combien plus le souvenir, dans la prière, de Dieu, le Père de l'univers, soutient-il ceux qui se rendent compte qu’Il est présent, qu'ils Lui parlent, que Dieu les voit et les entend.
Celui qui prie de la sorte reçoit tant de grâces, qu'il devient plus capable de s'unir à "l'Esprit qui remplit tout l'univers" (Sagesse 1, 7) et qui habite terre et ciel selon la parole du prophète : "Est-ce que le ciel et la terre Je ne les remplis pas? oracle du Seigneur" (Jérémie 23, 24).
En outre, par la purification dont il a été question, il participera à la prière du Verbe de Dieu, qui se tient même parmi ceux qui l'ignorent, et n'est absent à la prière de personne. Il prie le Père en union avec le fidèle dont Il est le médiateur. Le Fils de Dieu est en effet le Grand Prêtre de nos offrandes, et notre avocat auprès du Père: Il prie pour ceux qui prient, Il plaide pour ceux qui plaident. Mais Il refuse cette assistance fraternelle à ceux qui ne prient point par Lui avec assiduité. Il ne considère pas comme sienne la cause de ceux qui négligent Son précepte "prier sans cesse et ne pas se décourager" (Luc 18, 1).
Il est écrit en effet : "Et Il leur disait une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager. 'Il y avait dans une ville un juge , etc…(cf. Luc, 18, 1-8). Et un peu plus haut : Il leur dit encore : Si l'un de vous a un ami qui aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis m'arrive de voyage et je n'ai rien à lui offrir (Luc, 11, 6-7). Et un peu plus bas : Je vous le dis, même s’il ne se lève pas pour les lui donner en qualité d’ami, il se lèvera du moins à cause de son impudence et lui donnera tout ce dont il a besoin" (Luc 11, 8).
Qui donc croit à la parole infaillible de Jésus sans être enflammé pour une prière instante par ces mots : "Demandez et l'on vous donnera [..] Car quiconque demande reçoit" (Matthieu 7, 8). Notre Père qui est bon nous donne, à nous qui avons reçu l'esprit d'adoption, le pain vivant que nous lui demandons et non point la pierre que le Tentateur offre en nourriture à Jésus et à ses disciples. Il est écrit encore : "votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l’en prient." (Matthieu 7, 11).
Le Grand Prêtre n'est pas seul à s'unir aux fidèles prient vraiment, il y a encore les anges dont l’Écriture affirme qu'ils se réjouissent au ciel pour un seul pécheur qui se repent plus que pour 99 qui n'ont pas besoin de repentir (Luc 15, 7).
De même les âmes des saints qui se sont endormis... La principale de toutes les vertus, selon la parole divine, est la charité l'égard du prochain : il faut admettre que les saints qui sont déjà morts l’exercent plus que jamais à l'égard de ceux qui luttent en cette vie, bien plus que ne peuvent le faire ceux qui, tout en demeurant soumis à la faiblesse humaine, viennent au secours de plus faibles. "Un membre souffre-t-il? tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur? tous les membres se réjouissent avec lui" (1 Corinthiens 12, 26). Cela est réalisé par ceux qui aiment leurs frères.
Mais on peut appliquer aussi à l'amour qui s’exerce au-delà de la vie présente, le mot de l’Apôtre : "le souci de toutes les Églises! Qui est faible, que je ne sois faible? Qui vient à tomber, qu’un feu ne me brûle? " (2 Corinthiens, 11, 28-29). Le Christ Lui-même ne déclare-t-Il pas qu'Il est malade en chacun des saints qui sont malades, qu’'Il est en prison, qu'Il est nu, qu'Il est sans gîte, qu'Il a faim, qu'Il a soif? Qui ignore, de ceux qui ont lu l'Évangile, que le Christ faisait siennes toutes les souffrances de Ses croyants?
Comme les œuvres de la vertu et l'accomplissement des préceptes font partie de la prière, il prie sans cesse, celui qui unit la prière aux oeuvres nécessaires et les oeuvres à la prière. Ainsi seulement nous pouvons considérer comme réalisable le précepte de prier sans cesse. Il consiste à envisager toute la vie du saint comme une seule grande prière, dont ce que nous avons coutume de nommer prière n'est qu'une partie. Celle-ci doit se faire trois fois par jour, comme il ressort de l'exemple de Daniel, qui priait trois fois par jour, quand le grand danger le menaçait (Daniel 6, 15).
Méditons à présent la parole : "Demandez les grandes choses et les petites vous seront données de surcroît; demandez les biens du ciel et ceux de la terre vous seront accordés en sus" [*]. Toutes les images et toutes les figures comparées à la réalité des biens véritables et spirituels sont faibles et terre à terre. Or le Verbe de Dieu qui nous exhorte à imiter la prière des saints, afin que nous demandions dans sa réalité ce qu'ils obtenaient en figure, nous rappelle que les biens célestes et d'importance sont signifiés par des valeurs terrestres et modestes. Comme s'Il disait : vous voulez être spirituels ?
Demandez dans vos prières les biens du ciel et de conséquence, et les ayant reçus, vous hériterez du Royaume des cieux: devenus grands, vous jouirez de biens plus grands. Pour ce qui est des biens de la terre et quotidiens, dont vous avez besoin pour vos nécessités corporelles, le Père vous les donne par surcroît, dans la mesure du nécessaire.
Il me semble que celui qui se dispose à prier, doit se recueillir et se préparer quelque peu, pour être plus prompt, plus attentif l’ensemble de sa prière; il doit de même chasser toutes les anxiétés et tous les troubles de sa pensée, et s'efforcer de se souvenir de la grandeur du Dieu qu'il approche; songer qu'il est impie de se présenter à Lui, sans attention, sans effort, avec une sorte de sans-gêne. Enfin, rejeter toutes les pensées étrangères.
En venant à la prière, il faut présenter pour ainsi dire l'âme avant les mains; élever l'esprit vers Dieu avant les yeux; dégager l'esprit de la terre, avant de se lever pour l'offrir au Seigneur de l'univers. Et enfin déposer tout ressentiment des offenses qu'on croit avoir reçues, si on désire que Dieu oublie le mal commis contre lui-même, contre nos proches, ou contre la droite raison.
Comme les attitudes du corps sont innombrables, celle où nous étendons les mains et où nous levons les yeux au ciel doit être sûrement préférée à toutes les autres, pour exprimer dans le corps l'image des dispositions de l'âme pendant la prière. Nous disons qu'il faut agir de la sorte quand il n'y a pas d'obstacles. Mais les circonstances peuvent amener parfois à prier assis, par exemple quand on a mal aux pieds; ou même couché, à cause de la fièvre. Pour la même raison, si, par exemple, nous sommes en bateau ou que nos affaires ne nous permettent pas de nous retirer pour nous acquitter du devoir de notre prière, on peut prier sans prendre aucune attitude extérieure.
Pour la prière à genoux, elle est nécessaire lorsque quelqu'un s'accuse devant Dieu de ses propres péchés, en Le suppliant de le guérir et de l'absoudre. Elle est le symbole de ce prosternement et de cette soumission dont parle Paul, lorsqu'il écrit : "C’est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père, de Qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom" (Éphésiens 3, 14-15). C'est cela l'agenouillement spirituel, ainsi appelé parce que toute créature adore Dieu au Nom deJésus, et se soumet humblement à Lui. L'Apôtre semble y faire allusion, quand il dit : "Qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux sur la terre et sous la terre" (Philippiens 2, 10).
Au sujet du lieu, il faut savoir que tout lieu est propice à la prière pour celui qui prie bien. Cependant on peut, pour s'acquitter de ses prières avec plus de tranquillité et moins de distraction, choisir dans sa maison un endroit déterminé, si la chose est possible, l'endroit consacré, pour ainsi dire, et y prier.
Il y a une grâce particulière et une utilité dans le lieu de prière, je veux dire le lieu de l'assemblée des fidèles. Il est sûr que les puissances angéliques prennent part à l'assemblée des fidèles, et que la vertu de notre Seigneur et Sauveur y est présente, ainsi que les esprits des saints, à ce que je crois, ceux des morts qui nous ont précédés et évidemment aussi ceux des saints qui sont encore en vie, bien qu'il ne soit pas facile de dire comment.
Origène, Traité de la Prière
https://www.editionsducerf.fr/librairie/auteurs/livres/3/origene
[*] "Agraphon" : une de ces quelques Paroles du Sauveur non retenues par les quatre Évangiles
Et d’abord, il est de la plus grande utilité de disposer son esprit à la prière. Par cette préparation le fidèle se met en présence de Dieu. Il se dispose à Lui parler, comme à quelqu'un qui le voit et qui est présent. S'il est vrai que certaines images, certains souvenirs du passé demeurent présents à notre esprit au point de troubler nos raisonnements, à plus forte raison faut-il reconnaître les effets, bienfaisants de la pensée du Dieu présent, quand le fidèle prend conscience de ce regard qui pénètre le plus secret du cœur; et que l'âme cherche à plaire à ce Témoin, qui scrute tout esprit, qui sonde les reins et les coeurs.
Admettons même que celui qui dispose ainsi son âme à la prière n'en tire pas d'autre avantage, il ne faudrait pas sous-estimer le bénéfice spirituel de cet effort. S'il en prend l'habitude, combien il évitera de péchés, combien il progressera dans la vertu. Ceux-là le savent d'expérience, qui se vouent avec persévérance à la prière. Si déjà la mémoire et la pensée d'un homme illustre et sage suffisent à susciter l'émulation en nous et à freiner notre penchant au mal, combien plus le souvenir, dans la prière, de Dieu, le Père de l'univers, soutient-il ceux qui se rendent compte qu’Il est présent, qu'ils Lui parlent, que Dieu les voit et les entend.
Celui qui prie de la sorte reçoit tant de grâces, qu'il devient plus capable de s'unir à "l'Esprit qui remplit tout l'univers" (Sagesse 1, 7) et qui habite terre et ciel selon la parole du prophète : "Est-ce que le ciel et la terre Je ne les remplis pas? oracle du Seigneur" (Jérémie 23, 24).
En outre, par la purification dont il a été question, il participera à la prière du Verbe de Dieu, qui se tient même parmi ceux qui l'ignorent, et n'est absent à la prière de personne. Il prie le Père en union avec le fidèle dont Il est le médiateur. Le Fils de Dieu est en effet le Grand Prêtre de nos offrandes, et notre avocat auprès du Père: Il prie pour ceux qui prient, Il plaide pour ceux qui plaident. Mais Il refuse cette assistance fraternelle à ceux qui ne prient point par Lui avec assiduité. Il ne considère pas comme sienne la cause de ceux qui négligent Son précepte "prier sans cesse et ne pas se décourager" (Luc 18, 1).
Il est écrit en effet : "Et Il leur disait une parabole sur ce qu’il leur fallait prier sans cesse et ne pas se décourager. 'Il y avait dans une ville un juge , etc…(cf. Luc, 18, 1-8). Et un peu plus haut : Il leur dit encore : Si l'un de vous a un ami qui aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Mon ami, prête-moi trois pains, car un de mes amis m'arrive de voyage et je n'ai rien à lui offrir (Luc, 11, 6-7). Et un peu plus bas : Je vous le dis, même s’il ne se lève pas pour les lui donner en qualité d’ami, il se lèvera du moins à cause de son impudence et lui donnera tout ce dont il a besoin" (Luc 11, 8).
Qui donc croit à la parole infaillible de Jésus sans être enflammé pour une prière instante par ces mots : "Demandez et l'on vous donnera [..] Car quiconque demande reçoit" (Matthieu 7, 8). Notre Père qui est bon nous donne, à nous qui avons reçu l'esprit d'adoption, le pain vivant que nous lui demandons et non point la pierre que le Tentateur offre en nourriture à Jésus et à ses disciples. Il est écrit encore : "votre Père qui est dans les cieux en donnera-t-il de bonnes à ceux qui l’en prient." (Matthieu 7, 11).
Le Grand Prêtre n'est pas seul à s'unir aux fidèles prient vraiment, il y a encore les anges dont l’Écriture affirme qu'ils se réjouissent au ciel pour un seul pécheur qui se repent plus que pour 99 qui n'ont pas besoin de repentir (Luc 15, 7).
De même les âmes des saints qui se sont endormis... La principale de toutes les vertus, selon la parole divine, est la charité l'égard du prochain : il faut admettre que les saints qui sont déjà morts l’exercent plus que jamais à l'égard de ceux qui luttent en cette vie, bien plus que ne peuvent le faire ceux qui, tout en demeurant soumis à la faiblesse humaine, viennent au secours de plus faibles. "Un membre souffre-t-il? tous les membres souffrent avec lui. Un membre est-il à l’honneur? tous les membres se réjouissent avec lui" (1 Corinthiens 12, 26). Cela est réalisé par ceux qui aiment leurs frères.
Mais on peut appliquer aussi à l'amour qui s’exerce au-delà de la vie présente, le mot de l’Apôtre : "le souci de toutes les Églises! Qui est faible, que je ne sois faible? Qui vient à tomber, qu’un feu ne me brûle? " (2 Corinthiens, 11, 28-29). Le Christ Lui-même ne déclare-t-Il pas qu'Il est malade en chacun des saints qui sont malades, qu’'Il est en prison, qu'Il est nu, qu'Il est sans gîte, qu'Il a faim, qu'Il a soif? Qui ignore, de ceux qui ont lu l'Évangile, que le Christ faisait siennes toutes les souffrances de Ses croyants?
Comme les œuvres de la vertu et l'accomplissement des préceptes font partie de la prière, il prie sans cesse, celui qui unit la prière aux oeuvres nécessaires et les oeuvres à la prière. Ainsi seulement nous pouvons considérer comme réalisable le précepte de prier sans cesse. Il consiste à envisager toute la vie du saint comme une seule grande prière, dont ce que nous avons coutume de nommer prière n'est qu'une partie. Celle-ci doit se faire trois fois par jour, comme il ressort de l'exemple de Daniel, qui priait trois fois par jour, quand le grand danger le menaçait (Daniel 6, 15).
Méditons à présent la parole : "Demandez les grandes choses et les petites vous seront données de surcroît; demandez les biens du ciel et ceux de la terre vous seront accordés en sus" [*]. Toutes les images et toutes les figures comparées à la réalité des biens véritables et spirituels sont faibles et terre à terre. Or le Verbe de Dieu qui nous exhorte à imiter la prière des saints, afin que nous demandions dans sa réalité ce qu'ils obtenaient en figure, nous rappelle que les biens célestes et d'importance sont signifiés par des valeurs terrestres et modestes. Comme s'Il disait : vous voulez être spirituels ?
Demandez dans vos prières les biens du ciel et de conséquence, et les ayant reçus, vous hériterez du Royaume des cieux: devenus grands, vous jouirez de biens plus grands. Pour ce qui est des biens de la terre et quotidiens, dont vous avez besoin pour vos nécessités corporelles, le Père vous les donne par surcroît, dans la mesure du nécessaire.
Il me semble que celui qui se dispose à prier, doit se recueillir et se préparer quelque peu, pour être plus prompt, plus attentif l’ensemble de sa prière; il doit de même chasser toutes les anxiétés et tous les troubles de sa pensée, et s'efforcer de se souvenir de la grandeur du Dieu qu'il approche; songer qu'il est impie de se présenter à Lui, sans attention, sans effort, avec une sorte de sans-gêne. Enfin, rejeter toutes les pensées étrangères.
En venant à la prière, il faut présenter pour ainsi dire l'âme avant les mains; élever l'esprit vers Dieu avant les yeux; dégager l'esprit de la terre, avant de se lever pour l'offrir au Seigneur de l'univers. Et enfin déposer tout ressentiment des offenses qu'on croit avoir reçues, si on désire que Dieu oublie le mal commis contre lui-même, contre nos proches, ou contre la droite raison.
Comme les attitudes du corps sont innombrables, celle où nous étendons les mains et où nous levons les yeux au ciel doit être sûrement préférée à toutes les autres, pour exprimer dans le corps l'image des dispositions de l'âme pendant la prière. Nous disons qu'il faut agir de la sorte quand il n'y a pas d'obstacles. Mais les circonstances peuvent amener parfois à prier assis, par exemple quand on a mal aux pieds; ou même couché, à cause de la fièvre. Pour la même raison, si, par exemple, nous sommes en bateau ou que nos affaires ne nous permettent pas de nous retirer pour nous acquitter du devoir de notre prière, on peut prier sans prendre aucune attitude extérieure.
Pour la prière à genoux, elle est nécessaire lorsque quelqu'un s'accuse devant Dieu de ses propres péchés, en Le suppliant de le guérir et de l'absoudre. Elle est le symbole de ce prosternement et de cette soumission dont parle Paul, lorsqu'il écrit : "C’est pourquoi je fléchis les genoux en présence du Père, de Qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom" (Éphésiens 3, 14-15). C'est cela l'agenouillement spirituel, ainsi appelé parce que toute créature adore Dieu au Nom deJésus, et se soumet humblement à Lui. L'Apôtre semble y faire allusion, quand il dit : "Qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux sur la terre et sous la terre" (Philippiens 2, 10).
Au sujet du lieu, il faut savoir que tout lieu est propice à la prière pour celui qui prie bien. Cependant on peut, pour s'acquitter de ses prières avec plus de tranquillité et moins de distraction, choisir dans sa maison un endroit déterminé, si la chose est possible, l'endroit consacré, pour ainsi dire, et y prier.
Il y a une grâce particulière et une utilité dans le lieu de prière, je veux dire le lieu de l'assemblée des fidèles. Il est sûr que les puissances angéliques prennent part à l'assemblée des fidèles, et que la vertu de notre Seigneur et Sauveur y est présente, ainsi que les esprits des saints, à ce que je crois, ceux des morts qui nous ont précédés et évidemment aussi ceux des saints qui sont encore en vie, bien qu'il ne soit pas facile de dire comment.
Origène, Traité de la Prière
https://www.editionsducerf.fr/librairie/auteurs/livres/3/origene
[*] "Agraphon" : une de ces quelques Paroles du Sauveur non retenues par les quatre Évangiles
16 janvier 2017
La vénération de la Vierge Marie dans le protestantisme originel
"La Vénération de Marie est inscrite au plus profond du coeur humain."
Martin Luther
"Nul ne pourrait nier qu'élisant et destinant Marie à être la mère de Son Fils, Dieu lui accorda le plus grand des honneurs."
Jean Calvin
"J'ai la plus grande estime pour la Mère de Dieu, la toujours chaste et immaculée Vierge Marie."
Ulrich Zwingli
Martin Luther
"Nul ne pourrait nier qu'élisant et destinant Marie à être la mère de Son Fils, Dieu lui accorda le plus grand des honneurs."
Jean Calvin
"J'ai la plus grande estime pour la Mère de Dieu, la toujours chaste et immaculée Vierge Marie."
Ulrich Zwingli
15 janvier 2017
L'urgence sociale est omniprésente - nourrir le Christ dans Ses pauvres
L'urgence sociale est omniprésente. On ne sait plus où donner la tête. 1% de la population qui possède 90% des richesses mondiales, et ce sont ceux qui ont peu qui partagent tout...
L'abbé Pierre ou saint Jean de Cronstadt ont commencé leur travail il y a longtemps, saint Basile de Césarée c'est au 5ème siècle carrément, et rien n'a changé...
Dans l'ancienne cathédrale bruxelloise de saint Jean Maximovitch, une superbe oeuvre caritative a été lancée en faveur de Haïti, toujours frappée par les catastrophes naturelles et toujours vite oubliée. Ouvrez grands vos coeurs et aidez-les!
http://www.egliserussememorial.be/Egliserusse/news.php?lng=fr&pg=509
http://www.egliserussememorial.be/Egliserusse/news.php?lng=fr&pg=516
L'abbé Pierre ou saint Jean de Cronstadt ont commencé leur travail il y a longtemps, saint Basile de Césarée c'est au 5ème siècle carrément, et rien n'a changé...
Dans l'ancienne cathédrale bruxelloise de saint Jean Maximovitch, une superbe oeuvre caritative a été lancée en faveur de Haïti, toujours frappée par les catastrophes naturelles et toujours vite oubliée. Ouvrez grands vos coeurs et aidez-les!
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