"Ô étrange Église Orthodoxe, si pauvre et si faible, qui se maintient comme par miracle à travers tant de vicissitudes et de luttes. Église de contrastes, à la fois si traditionnelle et si libre, si archaïque et si vivante, si ritualiste et si personnellement mystique.
Église où la perle de grand prix de l'Évangile est précieusement conservée, parfois sous une couche de poussière. Église qui souvent n'a pas su agir, mais qui sait chanter comme nulle autre la joie de Pâques."
P. Lev Gillet ("Un moine de l'Eglise d'Orient)

07 novembre 2020

Appréciez la beauté et la liberté! (p. Alexey)

 Avez-vous déjà évalué toute la liberté que vous avez? Vous êtes-vous réjoui des splendides beautés de la nature que le Seigneur déploie devant vous à chaque pas? Avez-vous regardé avec amour dans les yeux de votre épouse ou enfant, et avez-vous rendu grâce au Seigneur que formiez une famille avec eux, et eux avec vous? Êtes-vous conscient et comprenez-vous la joie d'avoir votre propre église, sanctifiée par la prière, et d'être dans le sein de la véritable Église, et d'approcher en tremblant des Mystères de l'Église, étant unis en eux avec le Christ?

P. Alexey Young, Orthodox America Vol 3



“Have you ever stopped to value the freedom which you possess? Have you rejoiced at the wondrous beauties of nature set by the Lord before you at every step…Have you looked with love into the eyes of your wife or children, and have you thanked the Lord that you are one family with them, and they with you? Do you realize and understand the joy of having your own church, sanctified by prayer, and of being in the bosom of the true Church, of approaching with trembling the Mysteries of the Church, being united in them with Christ?”

(Fr Alexey Young, Orthodox America Vol 3)

06 novembre 2020

Être Chrétiens minoritaires (staretz Amphilochios)

 Ne vivez pas dans la peur à cause de votre Orthodoxie. En tant que Chrétien Orthodoxe en Occident, ne soyez pas effrayés parce que vous serez souvent isolé et toujours une petite minorité. Ne faites aucun compromis, mais n'attaquez pas les autres Chrétiens. Ne soyez ni défensifs ni agressifs; restez simplement vous-même.

Staretz Amphilochios Makris de Patmos




Do not be afraid because of your Orthodoxy; do not be afraid because, as an Orthodox in the West, you will be often isolated and always in a small minority. 

Do not make compromises but do not attack other Christians; do not be either defensive or aggressive; simply be yourself.

+Elder Amphilochios Makris of Patmos

05 novembre 2020

Pas de vie spirituelle authentique sans repentance permanente (p. Tryphon)

 Dans notre lutte sur le chemin vers Dieu, la repentance doit avoir sa place centrale. Ce n'est que dans ce repentir que nous trouvons le véritable sens de la vie, car là seulement on peut entrer en communion avec Dieu. Cette vie nous a été donnée pour un seul but, c'est que nous soyons déifiés, et unis avec Dieu, car tel était Son projet depuis le commencement. Dans notre état de déchéance, notre décrépitude nous garde séparés de Dieu, car notre âme enténébrée ne sait pas voir clairement. La repentance change notre âme, dégageant le chemin pour une union complète avec le Christ, et nous restaurant en plénitude.

"Dans votre prière, demandez le repentir, et rien d'autre, ni les lumières divines, ni les miracles, ni les prophéties, ni les dons spirituels - rien d'autre que le repentir. Car il vous amènera à l'humilité, et l'humilité vous attirera la Grâce de Dieu, et Dieu vous donnera par Grâce tout ce dont vous avez besoin pour votre Salut, ou tout ce dont vous avez besoin pour aider une autre âme." (saint Païssios l'Athonite)

Hiéromoine Tryphon




“In our struggle on the path to God, repentance must be the central theme. Only in repentance will we find the true meaning of life, for only in repentance can one enter into communion with God. This life has been given to us for one purpose, that we might be deified, and be united with God, as was His purpose from the very beginning. In our fallen state, our brokenness keeps us separated from God, for our darkened nous can not see clearly. Repentance changes our nous, clearing the way for complete union with Christ, and making us whole.

“Ask for repentance in your prayer and nothing else, neither for divine lights, nor miracles, nor prophecies, nor spiritual gifts—nothing but repentance. Repentance will bring you humility, humility will bring you the Grace of God, and God will have in His Grace everything you need for your salvation, or anything you might need to help another soul (Elder Paisios of Mount Athos).”

Abbot Tryphon

04 novembre 2020

Une maman Chrétienne Orthodoxe écrit aux évêques suite à leur absence dans la crise du Coronavirus (Orthodox Ethos)

C'est l'Appel du 18 Juin .. Chrétien... Cinq mois plus tard, la pandémie frappant à nouveau et plus fort encore, et le cruel silence restant le même, cet appel montre toute sa  triste actualité et permanence...


Lettre d'une maman Chrétienne Orthodoxe
Au sujet de la réponse de la hiérarchie et du clergé à la crise du Coronavirus

Je suis une maman Chrétienne Orthodoxe. Je suis Orthodoxe depuis 30 ans et mon mari est Orthodoxe "depuis le berceau", né et élevé dans l'OCA. Nous avons quatre enfants ici, et un au Ciel. 
Au cours des trois derniers mois, je n'ai pas entendu un seul évêque, ou une seule directive d'un évêque, parler de nos enfants. Pas un seul. La SEULE référence aux enfants a été que s'ils ne peuvent pas respecter la distanciation de sécurité, ils devront rester à la maison.

Je suis profondément affligée par cette situation et, très franchement, en colère, et je le crois à juste titre. Mon mari et moi, comme beaucoup d'autres parents Orthodoxes, avons lutté et accompli la difficile tâche, semaine après semaine, année après année, depuis douze ans maintenant, pour emmener nos enfants à l'église et leur enseigner notre Foi.
Et avec un virus, dont nous apprenons qu'il serait loin d'être aussi mortel qu'on le disait, ils ont détricoté non seulement de nos douze années de travail éducatif, mais de milliers d'années de travail combinées, par tous les parents Orthodoxes, tous travaillant avec diligence pour transmettre notre Foi précieuse et unique à nos enfants, comme nos parents et grands-parents nous l'ont fait. Tout cela est mal.

J'ai emmené mes enfants à l'église pendant les neuf mois qui ont précédé leur naissance. J'ai tracé le signe de la Croix sur mon ventre parce qu'ils ne pouvaient pas le faire par eux-mêmes. Ils étaient avec moi lorsque je me tenais dans la chorale pendant que je chantais. À travers moi, ils ont entendu les prières et ils ont participé à la Communion jusqu'à leur naissance, puis ils ont été baptisés dans une Église pleine de fidèles, entourés d'amour.

Après leur naissance, j'ai arrêté de chanter dans la chorale pour m'occuper d'eux. Quand ils étaient agités ou fatigués, je les suivais dans l'église où ils embrassaient les icônes sur les murs. Celles qu'ils ne pouvaient atteindre, je leur faisais embrasser leur main et je les faisais monter en haut pour qu'ils puissent mettre leurs baisers sur les icônes du dessus. Lorsqu'ils avaient grandi, ils grimpaient sur les grands porte-icônes et, bien qu'ils ne puissent pas atteindre les icônes du dessus, ils embrassaient la croix en bois, à leur niveau, celle que leur père avait construite de ses propres mains avant même leur naissance.

Je regarde encore les enfants faire cela parce qu'ils reconnaissent instinctivement les choses qui représentent Dieu et qu'ils les reconnaissent sans crainte. 
Dans les années qui ont suivi, semaine après semaine, notre famille arrêtait toute activité le samedi pour préparer les Vêpres. Nous les emmenions à chaque fois pour vénérer les icônes. Nous les emmenions à chaque fois à la Communion.

Nous nous sommes levés tôt dimanche après dimanche, avec non pas un, ni deux, ni trois, mais quatre enfants. Nous les avons habillés dans leurs habits d'église, nous les avons conduits à l'église et nous avons persévéré pendant les Offices, entrant et sortant de l'église avec eux, faisant des pieds et des mains pour les empêcher de courir vers l'Autel, les emmenant à la toilette, les faisant taire pendant l'Évangile et leur apprenant qu'ils ne doivent pas parler quand le prêtre parle. Les parrains les tenaient, sans crainte, les emmenant aussi embrasser les icônes pour me donner une pause. J'ai manqué des centaines d'homélies en me promenant dehors avec un bambin fatigué et je l'ai fait semaine après semaine.

Nous les avons également amenés à la Communion semaine après semaine, année après année. Avec patience, constance, fidélité, car c'est ainsi que vous transmettez notre Foi à la génération suivante. Ils apprennent de nous. Ils apprennent de tout ce qu'ils voient et de tout ce qu'ils font, plus que de ce qu'ils entendent, depuis des années.
Les parents ne font pas cela parce que c'est facile. Aucun parent ne fait cela pour le "plaisir" ou pour le spectacle. C'est trop de travail. C'est une tâche difficile, implacable et assidue. Donc, que nos évêques et nos prêtres, dans tant de juridictions, établissent tous les protocoles contradictoires imaginables est catastrophique.

Ils veulent maintenant que je m'inscrive pour amener MES enfants à l'église, où tous les adultes portent maintenant des masques, ce qui est très effrayant pour un enfant. Ils sont tenus de se désinfecter les mains à leur arrivée car ils sont considérés comme des usines à germes ambulantes si, Dieu nous en préserve, ils devaient tousser ou éternuer. Deux de mes enfants portent des masques et deux autres n'en portent pas en raison de leur âge. Aucun d'entre eux n'est autorisé à embrasser les icônes ou à recevoir un câlin de leurs parrains ou grands-parents ou de leurs amis, qui sont peut-être si effrayés par tout cela, pourraient même battre en retraite si mes enfants s'approchaient d'eux.

Ensuite, je les emmène à la Communion où le prêtre change de cuillère après qu'ils l'aient consommée, après l'avoir trempée dans LE Corps et le Sang du Christ, ce qui est la chose la plus purifiante à laquelle nous ayons accès en ce monde. Alors que nous quittons l'Église, sans parler à qui ce que soit, je me demande si c'est ce que je dois montrer à mes enfants après douze ans de travail et d'enseignement diligents.

Que Dieu ait pitié de tous ceux qui prennent ces décisions dévastatrices. Les dommages qu'ils causent à la Foi de nos enfants sont incommensurables. 
Si j'ai une "Foi déraisonnable", comme me l'a écrit un évêque en mars dernier, peut-être que ses grands-parents et ses parents avaient eux aussi une "foi déraisonnable", et c'est peut-être ce qui l'a conduit à la prêtrise et à des années de service dans notre église.

Pourquoi la Foi devient-elle soudainement si déraisonnable ? Et pourquoi réprimandent-ils les pieux Orthodoxes, nous qualifient de passéistes d'une manière désobligeante, laissant entendre que nous ne nous soucions pas de nos paroissiens si nous n'adhérons pas à leurs nouvelles directives ? S'ils pensent que c'est le cas, c'est un mensonge éhonté.
Au fil des ans, en tant que mère, j'ai manqué d'innombrables Offices parce que mes enfants étaient malades et devaient rester à la maison. Aujourd'hui, nous qui sommes en bonne santé et n'avons pas peur, on nous dit que nous devons renoncer à notre pratique de la Foi pour mettre à l'aise les personnes qui ont peur. Nous devons modifier notre Foi pour qu'ils puissent se sentir "en sécurité". Ma propre Foi, et celle de mes enfants, est négociable et irrecevable. Pourtant, c'est moi qui suis réprimandée pour mon manque d'amour.

Si ceux qui craignent la pratique de notre Foi veulent y prendre part, nos paroisses devraient leur faire des aménagements pour que nos prêtres puissent les servir là où ils sont à l'aise. Mais ils ne devraient pas réécrire la Foi à cause d'un virus qui se transmet. Ce n'est pas de l'amour. Je ne sais pas ce que c'est, mais ce n'est pas de l'amour.
C'est mal et j'espère que davantage de parents, de bons prêtres et de fidèles prendront la parole pour défendre nos enfants Orthodoxes et notre Foi et se battront pour ce que nous savons être pur, vrai et juste.

Nous n'emmènerons pas nos enfants dans une église où ils verraient des adultes portant des masques, ne seraient pas autorisés à embrasser des icônes ou verraient différentes cuillères utilisées pour la Communion. Je n'ai aucune explication à donner à mes enfants à ce sujet. Aucune. Ce n'est pas de l'Orthodoxie. Ce n'est pas notre Foi..


Original anglais :
https://orthodoxethos.com/post/letter-from-an-orthodox-mom


Ndt : comme je l'ai exprimé par ailleurs, la Communion par intinction fait partie intégrante de la Tradition de l'Église Orthodoxe, et un peu de réflexion épiscopale aurait permis de contourner les interdits des pouvoirs publics prétextant la "santé publique" pour interdire la Communion en particulier, et la Liturgie en général.
Les autorités civiles ayant toutes joué à qui brouillerait le plus possible les consciences, et les "scientifiques" étant tous divisés, les fidèles ne savent plus quoi pour ces masques. Pourtant c'est efficace, objectivement. Mais il faut de la sagesse dans l'usage. Et là où on en a manqué, ça donne des paroisses affligées par nombre de victimes...
Quand à certains éléments à présent "interdits", bien entendu, quand on a grandit avec des gestes et objets, qui ont été répétés comme "théologiquement obligatoires", alors que l'Histoire ecclésiastique montre des siècles sans ces mêmes gestes et objets, je comprends qu'on puisse avoir cette vision étriquée de la Tradition. Reste que sa réflexion est bien argumentée. Sa conclusion est sévère. Et le silence épiscopal reste assourdissant.
Jérémie 23,1 "Malheur au berger qui perdra une de Mes brebis"...

03 novembre 2020

Maladies, pandémies (icône)

 

Icône : Christ bénissant, la Theotokos et saint Luc de Simféropol guident le médecin...


"Je le pansay, Dieu le guarist." 

(Je le pansai, Dieu le guérit)

Ambroise Paré
(1510, Bourg-Hersent, près de Laval - 20 décembre 1590, Paris)
Chirurgien et anatomiste français. Chirurgien du roi et des champs de bataille, père de la chirurgie moderne.


Ecclésiastique / Siracide 38,1-15
Fréquente le médecin selon tes besoins, car le Très-Haut l'a créé, (tout remède vient de Dieu), du roi il reçoit des présents; la science du médecin lui fait porter haut la tête, il est admiré en présence des grands. Le Seigneur a fait produire à la terre les médicaments; l'homme raisonnable ne les dédaigne pas. Une sorte de bois  n'a-t-elle pas adouci l'amertume de l'eau pour faire connaître aux hommes sa vertu? Le Très-Haut leur en a donné la science pour qu'ils Lui rendent gloire dans Ses merveilles; il s'en sert pour apaiser leurs douleurs et les guérir; le pharmacien en fait des remèdes parfumés, il en fait des onguents utiles à la santé; et son travail ne s'achèvera pas que la paix divine ne s'étende sur la face de la terre. Mon fils, si tu es malade, ne te néglige pas toi-même, mais prie le Seigneur, qui te guérira. Détourne-toi du péché, redresse les mains, et purifie ton coeur de tout péché; offre un encens suave, et un mémorial de fleur de farine, fais l'oblation d'une grasse victime; puis, fais place au médecin, car c'est le Seigneur qui l'a créé; qu'il ne te quitte point, car son art t'est nécessaire. Un jour viendra où tu tomberas en leurs mains, et ils invoqueront eux aussi le Seigneur afin qu'Il leur accorde de découvrir ce qu'ils cherchent et le traitement approprié, en vue de la guérison. Qui pèche en présence de Celui qui l'a créé tombera entre les mains du médecin. Au médecin rends les honneurs qui lui sont dus, en considération de ses services, car lui aussi, c'est le Seigneur qui l'a créé.

02 novembre 2020

Le début de la conversion au Christ (s. Ignace)

 Le début de la conversion au Christ consiste à en venir à connaître son propre état de pécheur et de déchéance. En ayant cette claire vision de soi-même, une personne reconnaît son besoin pour un Sauveur, et s'approche du Christ avec humilité, foi et repentir. Celui qui ne reconnaît pas son état de pécheur et de déchéance, et le danger où il se trouve, ne sait pas accepter le Christ ou croire au Christ; il ne saurait être Chrétien. A quoi pourrait lui servir le Christ s'il se croit sage et vertueux, se complaît en lui-même, et se considère digne de toutes les récompenses terrestres et célestes?

Saint Ignace Brianchaninov





The beginning of conversion to Christ consists in coming to know one’s own sinfulness and fallenness. Through this view of himself, a person recognizes his need for a Redeemer, and approaches Christ through humility, faith, and repentance (4:277). He who does not recognize his sinfulness, fallenness, and peril cannot accept Christ or believe in Christ; he cannot be a Christian. Of what need is Christ to the person who himself is wise and virtuous, who is pleased with himself, and considers himself worthy of all earthly and heavenly rewards? (4:378).

St. Ignatius Brianchaninov

01 novembre 2020

Eucharistie et "églises de maison" des premiers siècles (s-diacre Martini)

NDT : Comme nous sommes revenus aux temps des persécutions de moins en moins larvées, le retour aux catacombes et aux églises de maison "des origines" (donc Liturgie comprise) est une évidence. Il en est de même pour les périodes de pandémies, où les parcs d'attractions et lieux de restauration de masse en mode malbouffe peuvent rester ouverts (et contribuer largement à diffuser les virus), pendant que les petits commerces, restos', et églises, eux, se voient fortement limités voire fermés.
 




De nombreux groupes évangéliques proposent aujourd'hui que nous abandonnions les modèles traditionnels de se réunir en église, en remplaçant plutôt cette présumée erreur par ce qui est - selon eux - un modèle plus "Nouveau Testament" : les modèles de "l'église de maison" ou de l'église "de cellule".

Essentiellement, ils préconisent que l'église locale soit une assemblée décentralisée, se réunissant au domicile de diverses personnes et proportionnellement dispersée dans une ville (ou une ville ou une région). Présumant qu'il s'agirait là du modèle biblique de communion et d'associatoin de disciples, dérivé du Nouveau Testament lui-même.

Bien que l'on trouve des églises de maison dans le Nouveau Testament (par exemple 1 Cor. 1,11,16; Rom. 16,5; Col. 4,15), généralement des maisons de personnes riches avec suffisamment d'espace pour une grande assemblée de fidèles, les églises de maison/cellules des temps modernes ne ressemblent pas vraiment au culte ou à la piété associés à ces prototypes du Nouveau Testament.

En outre, les églises de maison du Nouveau Testament sont devenues des basiliques de l'empire romain post-Constantin, lorsque la foi n'a plus été forcée de rester dans la clandestinité en raison des persécutions impériales et judaïques. Les mêmes éléments présents dans les premières églises de maison se sont retrouvés dans les basiliques et les temples plus structurés du quatrième siècle et au-delà - ils ont juste reçu un contexte plus nouveau et plus libre pour prospérer.



Deux caractéristiques distinctes des plus anciennes églises de maison - en fait, des plus anciennes églises que l'archéologie a révélées - sont celles du baptistère et du lieu du sacrifice eucharistique.

En parlant de la controverse eucharistique à Corinthe, Jérôme Kodell décrit une maison-église chrétienne typique du premier siècle :

    "L'archéologie a montré que la grande maison typique de l'époque pouvait accueillir une cinquantaine de personnes pour un repas, dix dans le triclinium (salle à manger), où les invités s'allongeaient sur des canapés, et quarante dans l'atrium (cour), où les invités s'asseyaient autour d'une piscine centrale".
    -L'Eucharistie dans le Nouveau Testament, p. 75

Cette description correspond à celle des deux plus anciennes découvertes archéologiques d'antiques églises de maisons, celles de Megiddo (Palestine) et de Doura Europos (Syrie), qui datent toutes deux du troisième siècle après J.-C. (début ou milieu des années 200). Les deux églises de maison ont un lieu pour le baptême (comme la piscine centrale mentionnée ci-dessus), une zone pour l'assemblée générale des laïcs et une petite zone pour la célébration eucharistique (souvent une plate-forme surélevée avec une table ou un autel). Une grande inscription en mosaïque en grec se trouve à l'église de la maison de Megiddo : "L'ami de Dieu Aketous a offert cette table au Dieu Jésus-Christ, comme mémorial", une référence apparemment évidente à l'Eucharistie, étant donné les mots "table" et "mémorial".

Ces structures substantielles n'étaient pas de simples maisons avec des offices simples, sans aucune notion d'ornement ou de beauté. En fait, note Hugh Wybrew :

    "Même si le culte se déroulait dans un cadre domestique, il ne manquait pas nécessairement d'une certaine splendeur. Paul, évêque de Samosate dans les années soixante du 3ème siècle, avait un trône élevé érigé sur une estrade dans la salle de réunion. Une salle d'audience y était attenante. Lorsqu'il entrait dans la salle pour les offices, il était acclamé par la congrégation comme un magistrat romain... La congrégation de Cirta, une petite ville d'Afrique du Nord, se réunissait dans une maison ordinaire. Mais elle possédait une riche collection de récipients en or et en argent, ainsi que des lampes et des chandeliers en bronze.

    En dépit de persécutions occasionnelles, l'Église se renforça rapidement tout au long du 3ème siècle, posant les bases de sa remarquable expansion au cours du siècle suivant". -La liturgie orthodoxe, p. 22

Cette église de Cirta, qui était en service sous l'empereur Dioclétien - l'un des plus impitoyables persécuteurs des chrétiens de l'histoire romaine - a été attaquée par les autorités impériales. Dans les registres officiels tenus par les fonctionnaires païens romains (écrits de la main d'un certain Munatius Felix), un inventaire de l'église est donné :

   " Victor, fils d'Aufidius, a fait le bref compte-rendu suivant : deux coupes d'or, également six coupes d'argent, six cruches d'argent, un récipient d'argent, sept lampes d'argent, deux chandeliers, sept petits candélabres de bronze avec leurs lampes, également onze lampes de bronze avec leurs chaînes, quatre-vingt-deux tuniques de femmes, trente-huit manteaux, seize tuniques d'hommes, treize paires de chaussures d'hommes, quarante-sept paires de chaussures de femmes, dix-neuf ceintures rustiques". -Beard et al, Religions de Rome : Volume 2, A Sourcebook, p. 112

C'est encore plus intéressant à Doura Europos, où la vaste découverte a non seulement donné des exemples abondants d'iconographie dans toute la structure de l'église de la maison (par exemple des fresques du Christ en bon pasteur, puis marchant sur l'eau, la Samaritaine au puits et les femmes portant de la myrrhe au tombeau vide), mais aussi quelques manuscrits fragmentaires en langue hébraïque qui montrent une continuité entre la liturgie eucharistique de la Didachè du premier siècle et les Constitutions apostoliques plus développées (quatrième siècle). Une harmonie des Évangiles en langue grecque (en fragments), distincte du Diatessaron de Tatien, a également été trouvée sur ce site.

On peut y lire l'anaphore eucharistique de la Didachè (ch. 10), datée dès 50-60 après J.-C :

    "C'est Toi, Maître tout puissant, qui a créé toutes choses à cause de Ton Nom, qui as donné la nourriture et le breuvage aux hommes pour qu'ils en jouissent, afin qu'ils te rendent grâces. Mais à nous tu as daigné accorder une nourriture et un breuvage spirituels et la vie éternelle par Ton Enfant. Avant toutes choses nous Te rendons grâces parce que Tu es puissant; à Toi la gloire pour les siècles".

Le fragment hébraïque découvert à Doura Europos comprend également une anaphore, et sa composition est étonnamment similaire :

    "Béni soit le Seigneur, Roi de l'Univers, qui a créé toutes choses, a réparti la nourriture, a donné à tous les enfants de la chair la boisson dont ils seront rassasiés; mais Il nous a donné à nous, êtres humains, de partager la nourriture des myriades de ses corps angéliques. Pour tout cela, nous devons rendre grâce avec des chants dans les assemblées du peuple". -Fragment A, Doura Europos (vers 235 ap. J.-C.)

Bien qu'elles soient séparées par au moins deux siècles, les anaphores de l'Église apostolique du premier siècle et celles de cette église de maison syrienne du troisième siècle partagent un certain nombre de similitudes. Elles reflètent certainement la même tradition de l'Eucharistie et, comme l'a affirmé saint Irénée, l'Eucharistie est le cœur de notre Foi et de notre théologie, là où elles commencent et où elles finissent. Il convient également de noter les similitudes avec les bénédictions judaïques pour la nourriture et le vin. Les chrétiens de la Didache et du 3ème siècle se rassemblaient certainement dans les grandes maisons des riches croyants, mais les instructions détaillées pour les rites du Baptême et de l'Eucharistie dans les deux sources indiquent un rassemblement communautaire dans un but bien distinct d'une simple étude de la Bible, d'une conférence et d'un chant.

Dès lors, pendant qu'actuellement des groupes évangéliques tentent d'imiter les églises de maison de l'époque dite du Nouveau Testament, il peut être démontré avec une grande clarté que ces anciennes communautés chrétiennes étaient rassemblées principalement pour la célébration des Mystères sacrés du Christ : le Baptême et l'Eucharistie. Je ne m'attendrais pas non plus à trouver beaucoup d'iconographie dans une église de maison actuelle.

Si un chrétien d'aujourd'hui veut se rassembler d'une manière comparable à ces églises de maison de l'Ancien et du Nouveau Testament, la meilleure façon de le faire est au sein de l'Église apostolique elle-même. Une Église au sein de laquelle ces vénérables traditions ont été préservées pendant des siècles. Et cette église est l'Église orthodoxe.


Sous-diacre Gabriel Martini
Saint-Sophia greek-orthodox church, Bellingham, WA, USA
http://onbehalfofall.org/the-eucharistic-liturgy-in-ancient-house-churches/



Many evangelical groups today are proposing that we abandon traditional models of doing the Church, instead replacing that presumed stodginess with what is—they claim—a more “New Testament” model: the “house church” or “cell” church models.

Essentially, they are promoting that the local church be a de-centralized assembly, meeting in the homes of various individuals and proportionally scattered throughout a city (or town or region). The presumption is that this is the Biblical model for both fellowship and discipleship, derived from the New Testament itself.

While we certainly read of house Churches in the New Testament (e.g. 1 Cor. 1:11,16; Rom. 16:5; Col. 4:15), usually being the homes of wealthy individuals with enough room for a large assembly of people, the house/cell churches of the modern day do not actually resemble the worship or piety associated with such New Testament prototypes.

Additionally, the house Churches of the New Testament developed into the basilicas of the post-Constantine Roman empire, when the faith was no longer forced underground as a result of both imperial and Judaic persecution. The same elements present in the earlier house Churches found their way into the more established basilicas and temples of the fourth century and beyond—they were just given a newer and freer context within which to thrive.



Two distinct features of the most ancient house churches—and in fact, of the most ancient churches that archaeology has unveiled—are that of the baptistry and the place of the Eucharistic sacrifice.

When discussing the Eucharistic controversy at Corinth, Jerome Kodell describes a typical, first century Christian house Church:

    "Archaeology has shown that the typical large home of the period could accomodate about fifty people for a meal, ten in the triclinium (dining room), where the guests reclined on couches, and forty in the atrium (courtyard), where the guests sat around a central pool."
    —The Eucharist in the New Testament, p. 75

This description corresponds with that of the two oldest archaeological finds of ancient house churches—those at Megiddo (Palestine) and Dura Europos (Syria), which both date to the third century A.D. (early or mid-200s). Both house churches have a place for baptism (like the central pool mentioned above), an area for the general assembly of laity, and a small area for the Eucharistic celebration (often an elevated platform with a table or altar). A large, mosaic inscription in Greek at the Megiddo house church reads: “The God-loving Aketous has offered this table to the God Jesus Christ, as a memorial,” a seemingly obvious reference to the Eucharist, given both the words “table” and “memorial.”

These substantial structures were not simple homes with simple services, lacking any notion of adornment or beauty. In fact, Hugh Wybrew notes:

    "Even if worship took place in a domestic setting, it was not necessarily lacking in a certain splendor. Paul, Bishop of Samosata in the sixties of the third century, had a lofty throne erected on a dais in the meeting-hall. Attached to it was an audience chamber. When he entered the room for services he was acclaimed by the congregation like a Roman magistrate . . . The congregation at Cirta, a small town in North Africa, met in an ordinary house. But it possessed a rich collection of gold and silver vessels, and bronze lamps and candlesticks.

    Despite occasional persecutions, the Church was growing rapidly in strength throughout the third century, laying the foundation for its remarkable expansion in the next." —The Orthodox Liturgy, p. 22

This church at Cirta, worshipping during the rule of the emperor Diocletian—one of the most ruthless persecutors of the Christians in Roman history—was raided by imperial authorities. In the official records kept by the pagan Roman officials (written by the hand of one Munatius Felix), an inventory of the church is given:

   " Victor, son of Aufidius, made the following brief record: two gold cups, also six silver cups, six silver jugs, a silver vessel, seven silver lamps, two candlesticks, seven small bronze candelabra with their lamps, also eleven bronze lamps with their chains, eighty-two women’s tunics, thirty-eight cloaks, sixteen men’s tunics, thirteen pairs of men’s shoes, forty-seven pairs of women’s shoes, nineteen rustic belts." —Beard et al., Religions of Rome: Volume 2, A Sourcebook, p. 112

It is even more interesting at Dura Europos, where the extensive discovery has yielded not only abundant examples of iconography throughout the house church structure (e.g. frescoes of Christ as the Good Shepherd, him walking on water, the Samaritan woman at the well, and the myrrh-bearing women at the empty tomb), but also some fragmentary manuscripts in the Hebrew language that show a continuity between the Eucharistic liturgy of the first century Didache and the more developed (fourth century) Apostolic Constitutions. A Greek-language harmony of the Gospels (in fragments), which is distinct from the Diatessaron of Tatian, has also been found at this site.

The Eucharistic anaphora in the Didache (ch. 10), which has been dated as early as AD 50–60, reads:

    "Thou, O Lord, Almighty, hast created all things for the sake of Thy name, hast given food and drink to the children of men for enjoyment, but to us Thou hast granted spiritual food and drink for eternal life through Jesus, Thy servant.
    For all these things we thankfully praise Thee, because Thou art powerful. Thine is the glory forever. Amen."

The Hebraic fragment uncovered at Dura Europos also includes an anaphora, and it has a strikingly similar composition:

    "Blessed be the Lord, King of the Universe, who created All things, apportioned food, appointed drink for all the children of flesh with which they shall be satisfied; But granted to us, human beings, to partake of the food of the myriads of his angelic bodies. For all this we have to bless with songs in the gatherings of [the] people." —Fragment A, Dura Europos (ca. A.D. 235)

Despite being separated by at least two centuries, the anaphoras of both the apostolic Church in the first century, and that of this Syrian house church in the 3rd century share a number of similarities. They certainly reflect the same tradition of the Eucharist, and, as St. Irenaeus has asserted, the Eucharist is the heart of where our faith and theology both begins and ends. Similarities between these and the Judaic blessings for food and wine should be noted, as well. The Christians of both the Didache and third century were certainly assembling in the large homes of wealthy believers, but the detailed instructions for the rites of Baptism and the Eucharist in both sources indicates a community gathering for a purpose that is quite distinct from a simple Bible study, lecture, and sing-along.

So while evangelical groups in our present day might be attempting to emulate the house churches of the so-called New Testament era, it can be demonstrated with great clarity that these ancient Christian communities were gathered together primarily for the celebration of the sacred mysteries of Christ: Baptism and the Eucharist. I wouldn’t expect to find much in the way of iconography in a present-day house church, either.

If a Christian today wants to assemble in a way that is comparable to these ancient and New Testament-era house churches, the best way to do so is within the apostolic Church itself. A Church within which these venerable traditions have been preserved for centuries. And that church is the Orthodox Church.

Sous-diacre Gabriel Martini
Saint-Sophia greek-orthodox church, Bellingham, WA, USA